Résumé : Eleanor West’s Home for Wayward Children
No Solicitations
No Visitors
No Quests
Children have always disappeared under the right conditions; slipping through the shadows under a bed or at the back of a wardrobe, tumbling down rabbit holes and into old wells, and emerging somewhere… else.
But magical lands have little need for used-up miracle children.
Nancy tumbled once, but now she’s back. The things she’s experienced… they change a person. The children under Miss West’s care understand all too well. And each of them is seeking a way back to their own fantasy world.
But Nancy’s arrival marks a change at the Home. There’s a darkness just around each corner, and when tragedy strikes, it’s up to Nancy and her new-found schoolmates to get to the heart of the matter.
No matter the cost.
Edition : Tor
Mon Avis : Il faut savoir, même si ce n’est pas obligatoirement évident, que j’ai déjà lu des romans de Seanan McGuire. En effet je m’étais laissé tenter, il y a quelques années, par sa trilogie Newsflesh, écrite sous le pseudonyme Mira Grant, composée de Feed, Deadline et Red Flag. J’avoue que j’avais passé un très bon moment de lecture avec le premier tome. Les deux suivants, par contre, m’ont paru moins intéressants, plus dispensables comparé à la qualité du premier tome (chronique Tome 1, Tome 2, Tome 3). Pour autant je n’étais pas plus tenté que cela par ses autres séries, même si elle a l’air de publier une série de Fantasy Urbaine qui marche très bien, puis elle a sorti cette novella. Elle a ainsi rapidement rejoint ma PAL, car j’étais intrigué aussi bien par le sujet du récit, que par tout l’aspect communication de l’éditeur qui a terminé de me convaincre de lui laisser une chance. Bon comme souvent, cette novella a joué à cache-cache dans ma bibliothèque, ce qui fait que j’ai mis un peu de temps avant de me laisser tenter. Concernant la couverture, je la trouve jolie. Il est à noter que ce livre a réalisé le triplé en gagnant le prix Hugo, Nebula et Locus de la meilleure novella.
Cette novella va ainsi nous faire découvrir Nancy, qui va intégrer un foyer pour enfants, pour l’aider à gérer les problèmes survenus après sa « disparition » de plusieurs mois. En effet elle a complètement changé, se refermant sur elle-même, ce qui inquiète ses parents qui souhaiteraient retrouver « leur » petite fille. Sauf que voilà Nancy n’a pas clairement disparue, elle a découvert une porte qui l’a menée dans le Hall des Morts et elle rêve d’y retourner. Bien entendu personne ne la croit, excepté Eleanor la directrice du foyer et les enfants qui en sont les pensionnaires. Mais son arrivée va amener des bouleversements, en effet des meurtres vont être commis. J’ai finalement apprécié cette novella, elle m’a offert un bon moment de lecture, mais elle aurait pu être, je trouve, encore meilleure. Certes, ce n’est peut-être pas obligatoirement ce qu’on pourrait attendre d’une novella avec un tel palmarès, mais pour autant il y a quelque-chose qui se dégage de ce récit je trouve et qui rend ce récit prenant et touchant. Alors oui, certains points ne m’ont pas complètement convaincu, mais elle offre des aspects intéressants. Le souci de ce récit vient du fait, à mon avis, qu’on trouve une sorte de scission dans l’histoire, où tout ce qui paraissait intéressant et prenant est mis de côté et perd ainsi dans l’ensemble un peu de son charme. Ainsi alors qu’au début je me suis retrouvé captivé, et bien que j’aie trouvé la toute fin intéressante même si convenue, le dernier tiers m’a un peu moins convaincu, mais j’y reviendrai.
Ainsi j’ai trouvé cette novella très intéressante dans un premier temps pour son traitement des personnages et aussi, d’une certaine façon, pour la vision proposée et les thématiques qui tournent autour de notre société et principalement les difficultés de l’adolescence. Il y a une certaine sensibilité, un certain travail dans le traitement des problématiques qui, on peut le dire, m’a touché. On sent clairement que l’autrice a voulu mettre en avant, à travers un traitement Fantasy, les difficultés d’être adolescent, le clivage qui se crée. En effet en reprenant l’idée de monde « magiques » différents, un peu à la Narnia, Alice et autres, et en imaginant qu’on puisse s’en faire « rejeter », elle va ainsi tenter de faire réfléchir sur les différences de chacun, les difficultés de vivre dans ce monde quand on a découvert la magie et surtout la capacité à retrouver une vie normale. Ainsi d’une certaine façon apparait en fond une scission entre le monde merveilleux de l’enfance et celui, on va dire, plus complexe de l’adulte. Obligatoirement, il y a une adaptation. Mais d’une certaine façon elle traite aussi des sujets vastes tels que les soucis de compréhension, d’acceptation, la vision qu’ont les autres de nous, celle qu’on donne, ou bien encore le fait de devoir grandir, ce que cela amène comme conséquences, comme problématiques, comme défiances. Le récit est ainsi traité de façon réussie, sensible et vient toucher le lecteur, qu’il soit adolescent ou non. Je me suis en partie reconnu dans certains aspects. J’ai ainsi été touché par cette école dans son ensemble, par ses personnages, leurs blessures, leurs envies, leurs quêtes, leurs peurs ou encore leurs souffrances.
L’autre point fort de ce livre vient de l’ambiance du récit en lui-même, ce côté un peu fragile, un peu envoûtant, magique, sombre et onirique qui ne m’a pas laissé indifférent. L’autrice a une vraie capacité à créer une atmosphère efficace, qui colle parfaitement au récit et qui nous happe assez rapidement à travers un travail de descriptions et de non-dits captivant. L’univers développé en toile de fond ne manque pas non plus d’intérêt, en effet chaque élève ayant découvert sa propre porte, son propre univers, il en existe de nombreux et, même s’ils peuvent se classer selon certains critères, ils sont tous différents. Cela permet alors à Seanan McGuire d’avoir la possibilité de développer de nombreux mondes au gré de son imagination. Alors certes, ils ont tous un petit air de déjà-vu, mais c’est finalement dans la construction globale qu’ils gagnent en intérêt, quand ils viennent ainsi se raccorder à chaque adolescente et chaque adolescent, même si les garçons sont énormément moins touchés par ce phénomène, mais je vous laisse découvrir pourquoi. Là où je suis un peu frustré, c’est l’impression qu’on se disperse un peu justement dans les univers, le livre faisant environ 170 pages et mettant en valeur plusieurs adolescents on a parfois l’impression de rester en surface de ces mondes féeriques, même si ce n’est en rien bloquant tant ce n’est pas le but de ce récit, juste peut-être une attente personnelle. Puis, vu que l’autrice est déjà revenue et va continuer à revenir dans cet univers à travers d’autres novellas, il risque de se développer encore plus. Au final un univers intrigant, captivant, qui offre également une réflexion humaine et intelligente sur les personnages et colle parfaitement à l’histoire.
Maintenant parlons du point qui m’a un peu dérangé durant ma lecture, c’est le besoin de nous mettre en avant une histoire de meurtres. J’ai trouvé que cet aspect thriller n’apportait au final que peu de choses au récit, mettait un peu de côté toute la sensibilité, tout le côté émotionnel et touchant du récit pour se lancer dans une sorte de chasse au coupable. Certes, cela amène un intérêt dans la révélation finale et surtout à travers l’exploration de la notion de folie, mais pour autant cela ne m’a que moyennement accroché. Il faut dire que quand le premier meurtre n’apparait qu’à environ 50% du récit, cela amène pour conséquence un traitement de cet aspect un peu rapide. Ajoutez à cela qu’il est prévisible au possible, vu que j’avais tout de suite deviné l’identité du tueur et qu’il amène une ou deux facilités ainsi que certaines scènes un peu surréalistes d’un point de vue logique, j’avoue je ne suis pas sûr de l’intérêt autre que de faire plaisir aux lecteurs habituels de l’autrice pour éviter, peut-être, de les perdre. Attention cet aspect policier ne gâche pas pour autant complètement le récit, mais pour moi en mettant légèrement de côté les points forts de la première partie, il empêche cette novella d’être meilleure alors qu’il y avait encore la possibilité d’offrir tellement plus sur l’adolescence et ses soucis. Je regrette aussi le fait que l’héroïne donne l’impression d’être totalement spectatrice de tout ce qui se passe. Maintenant malgré ces deux points j’ai passé un bon moment de lecture avec ce texte, bien porté par une plume soignée, sensible et envoûtante et je lirai la suite sans soucis.
En Résumé : J’ai passé un bon voir un très bon moment de lecture avec cette novella qui traite de façon intéressante et efficace de l’adolescence. Seanan McGuire part ainsi de l’idée de l’existence d’un monde imaginaire que certains enfants atteignent. Par la suite ils s’en trouvent rejetés et doivent réapprendre à vivre dans notre monde. Elle vient ainsi traiter de nombreuses thématiques comme par exemple le passage du monde merveilleux de l’enfance, à celui plus complexe de l’adulte, cet entre-deux compliqué, où parfois on se sent perdu, incompris. Elle traite aussi de la différence, du besoin de la société de nous normer, de la notion d’acceptation, de compréhension de l’autre, le fait de devoir grandir, devoir évoluer et trouver sa propre voie même si elle ne plait pas. Ainsi de nombreux sujets sont traités de façon sensibles, touchants et efficaces et, d’une certaine façon, je m’y suis retrouvé. L’autre point fort vient de l’ambiance qui se dégage de ce récit, l’atmosphère sombre, envoutante, onirique, décalée que vient construire l’autrice. Le fait aussi d’avoir un univers lié à chaque adolescent permet de développer finalement plusieurs mondes parallèles, même si de ce point de vue j’ai trouvé que l’autrice restait un peu en surface, ce qui est obligatoire avec un format novella. Par contre, j’avoue que le côté policier avec l’apparition de meurtres m’a paru ne pas apporter grand-chose au récit outre un simple côté divertissant et entraînant. Mais comme l’ensemble est traité rapidement et de façon prévisible j’ai trouvé cela dommage, alors que le simple aspect spéculatif et le traitement sur l’adolescence suffisait. J’ai aussi trouvé que l’héroïne était un peu trop spectatrice du récit. C’est dommage, car même si la lecture reste plus que plaisants et m’a offert de bons voire de très bons moments, sans ces meurtres elle aurait pu être encore meilleure. La plume de l’autrice est sensible, efficace, entraînante et je lirai la suite avec plaisir.
Ma Note : 7,5/10
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