Vox – Christina Dalcher

Résumé : Jean McClellan est docteure en neurosciences. Elle a passé sa vie dans un laboratoire de recherches, loin des mouvements protestataires qui ont enflammé son pays. Mais, désormais, même si elle le voulait, impossible de s’exprimer : comme toutes les femmes, elle est condamnée à un silence forcé, limitée à un quota de 100 mots par jour. En effet, le nouveau gouvernement en place, constitué d’un groupe fondamentaliste, a décidé d’abattre la figure de la femme moderne. Pourtant, quand le frère du Président fait une attaque, Jean est appelée à la rescousse. La récompense ? La possibilité de s’affranchir – et sa fille avec elle – de son quota de mots. Mais ce qu’elle va découvrir alors qu’elle recouvre la parole pourrait bien la laisser définitivement sans voix…

Edition : Audible

 

Mon Avis : Vox est un roman qui a énormément fait parler de lui, profitant de la vague de popularité suite à La Servante Écarlate (et clairement annoncé par l’éditeur), le roman a connu un certain succès. J’ai ainsi vu passer de nombreux avis dessus en Anglais qui ont fait que je me suis dis qu’un jour je me laisserai tenter par ce dernier. Le résumé est en soit intéressant, mais j’avais un peu peur de tomber dans un redite du roman de Atwood. Profitant, il y a quelques mois, de nombreux déplacements, j’ai décidé de me laisser tenter par ce roman en audiobook. Concernant la narration de Gaëlle Savary je dois admettre que je suis un peu sur la réserve. Certes elle arrive à offrir au roman cette colère présente dans le roman. Pour autant j’ai trouvé qu’à chaque fois que la narratrice essaye de « jouer » un accent, elle offrait quelque-chose limite de plus dérangeant qu’entraînant. Certes j’ai connu pire, mais il vaut mieux parfois ne pas tenter de faire d’accent que d’aboutir à cette impression frustrante.

Le roman nous plonge dans un futur pas si lointain que cela, à suivre le quotidien de Jean McLellan, mère au foyer, non par choix, mais par obligation. En effet le nouveau gouvernement américain, tendant vers l’extrémisme religieux, a fait passer une loi qui interdit aux femmes de dire plus de 100 mots par jours, de plus selon eux la place de la femme est au foyer, à quelques exceptions près. Sauf que voilà, Jean est la meilleure spécialiste américaine concernant le syndrome de Wernicke, syndrome que va subir le frère du président suite à une attaque. Elle se voit donc rappeler pour soigner ce dernier et, peut-être, trouver un vaccin. Franchement, Vox fût une lecture étrange. Après 20% où, clairement, l’autrice offrait une récit qui jouait énormément sur la colère, l’incapacité à agir, etc.. tant le quotidien de l’héroïne ne laisse pas indifférent dans cet avenir bouleversé, je m’attendais alors à une lecture un minimum marquante. Pourtant, les vingt premiers % du récit sonnaient la limite, ensuite le « soufflé, va peu à peu redescendre pour s’effondrer complètement et me laisser une impression de déception, de me dire que le roman aurait pu être tellement meilleur si l’autrice ne s’était pas perdue dans son envie de construire, pour moi, un « mauvais » Thriller/récit d’espionnage.

Je vais essayer de vous expliquer en fonction de l’évolution de mon ressenti pourquoi j’ai malheureusement déconnecté de ce roman. Comme je l’ai dit j’ai trouvé le début marquant, offrant quelque-chose de percutant, d’un minimum puissant à travers la présentation du quotidien de l’héroïne. On se rend assez rapidement compte d’une amertume, de ne pas avoir cru que le monde pouvait changer, « régresser » d’une certaine façon, de ne pas s’être battu. On découvre aussi une certaine colère qui l’habite, dans la façon dont elle doit maintenant vivre dans la société, passer d’une scientifique reconnue à mère au foyer, mais aussi dans le regard que porte sur elle son mari et, pire, son fils qui commence à se faire « embringuer » dans les idéaux gouvernementaux marteler à l’école sans qu’elle puisse franchement lutter, vu qu’elle ne peut qu’à peine parler. Cette première partie m’a clairement accroché, se révélant saisissante, perturbante et entraînante. Mais voilà, à partir du moment où le gouvernement vient chercher Jean pour aider le frère du président j’ai commencé lentement à décrocher.

Le premier soucis vient clairement de l’envie à l’autrice de vouloi expliquer l’aspect politique de son univers. On est clairement dans une Amérique, aux vues des nombreux éléments et références de pop culture annoncé, dans un futur très proche, 5 à 10 ans maximum. Sauf que dans la façon dont est présenté l’avancée politique, avec la disparition complète des femmes dans les deux chambres d’état suite aux élections, l’absence de véritable contestation alors que certains états US sont complètement à l’opposée de cette vision, ou bien encore par exemple l’absence totale de réaction internationale, font qu’à vouloir amener trop de détails l’univers devient de plus en plus bancal. Surtout que Christina Dalcher tombe dans le piège de trop en mettre, ainsi dans ses USA d’ici 5-10 ans les femmes seront renvoyées à la maison, les homosexuels et autres « déviants » seront envoyés dans des camps ainsi que tout ceux qui cherche à fuir le pays ou encore les comptes-mots envoient des décharge électrique, franchement ça manquait de crédibilité. De toute façon l’autrice parait n’avoir que peu de notion politique, économique et sociale du moment que son univers suit son propos.

Prenons l’exemple du monde du travail si j’en crois l’autrice « renvoyer » toutes les femmes à la maison n’a que peu impacté le Pays, vu qu’il y avait plein d’hommes prêt à prendre le boulot. Il faut arrêter avec ça, non retirer la moitié de la population de l’équation ne va pas être sans conséquences, il n’y a que le film Avengers pour y croire, sinon à partir de là je propose de remplacer les physiciens quantiques par mes ratons tant qu’on y est, ça devrait superbement bien fonctionner, surtout celui qui se tape la tête contre le mur en pensant qu’il va traverser ce dernier. C’est pareil pour tout que ce soit politique intérieure, extérieur, l’économie et autre. Plus on avance plus les « rouages » de ce monde deviennent de plus en plus incompréhensibles et illogiques. L’autre point qui a continué à me faire déconnecter après le premier quart de ce roman, c’est le choix laissé à l’héroïne. Alors qu’on lui laisse vaguement le choix pour aider le frère du président, je le comprends, on veut jouer la fausse démocratie, mais que cette dernière ait finalement vraiment le choix et qu’elle s’en sert pour faire monter les enchères, j’ai du mal à y croire. On nous parle quand même d’un univers où les gens sont arrêtés voir violentés sans raisons, où des camps de travaux forcés existe et où on parle de « remettre dans le droit chemin » des gens qui se sont perdues et on voudrait nous faire croire que l’héroïne a du pouvoir dans ce monde à l’instant T ? Difficile à avaler, surtout que bon il faut 3 pages pour comprendre quel est sont les points faibles de l’héroïne.

Déjà là, j’avoue, je suis resté plutôt incrédule, mais la suite ne va pas m’aider. En effet le récit décide de basculer dans un récit d’espionnage/thriller qui veut que l’héroïne va se lancer dans l’échafaudage de plans pour changer les choses. Outre le fait que l’aspect scientifique, que l’autrice aurait pourtant dû maîtriser, se vautre complètement (non après 1 test, sur 1 animal, on ne lance pas les tests sur les humains), on a aussi l’impression que la dernière fois qu’elle a lu un Thriller cela doit remonter à 20 ans et c’est le genre « Thriller qui tâche » ne cherchant pas la finesse, tant ici tout est calibré non pas selon une logique, mais pour que l’héroïne réussisse tout ce qu’elle entreprend. A partir de là, j’avoue, le moindre détail a commencé à me sauter aux oreilles, au point que je pestais contre le moindre petit détail du genre un moment l’agent de surveillance qui est présenté comme un chat, voir un ninja, car ils ne l’ont pas entendu arriver alors qu’ils sont dans un pièce avec une machine qui fait du bruit jusqu’à 120 décibels. Pour info 120db c’est l’équivalent d’un circuit de F1, donc oui si tu l’avais entendu, à mes yeux, c’était toi la Ninja. Le roman est plein de petites erreurs comme cela qui sont sûrement là pour tenter d’ajouter une tension, mais de mon côté sont tombés à plat. Enfin dans le dernier quart c’est la foire aux deus ex machina, aux non-sens et aux improbabilités qui font que j’ai complètement déconnecté.

Concernant les personnages, je dois bien admettre que j’ai bien accroché à l’héroïne, que ce soit dans son ressenti, sa colère, comme dans sa complexité. Ce qui est dommage c’est que les autres personnages ne suivent pas du tout, tombant soit dans le personnage sans aucune consistance, le stéréotype, la caricature voir le George Clooney italien. Car oui, en retrouvant son travail l’héroïne retrouve aussi son amant italien à la voix sensuelle, qui la fait jouir avec son petit doigt et prépare le café comme un dieu. Pourquoi n’a-t-il pas fui le pays ? On ne sait pas trop et tout le monde à l’air de ne pas s’y intéresser donc on ne va pas chercher trop loin, ce serait dommage. Surtout que bon Lorenzo lui c’est un mec, un vrai, qui sait se battre quand la cause le demande, ce qui n’est pas le cas du mari de l’héroïne, Patrick, qui n’a rien fait. D’ailleurs Lorenzo le prouvera aux trois-quarts du roman qu’il a envie de se battre pour changer les choses … il va proposer à l’héroïne de s’enfuir tous les deux et laisser les USA se démerder. Ah, ce vrai mec. Alors j’en fais peut-être un peu trop avec Lorenzo, mais, pour moi, il y avait mieux à faire que ce fantasme sur jambes. Autre personnage qui avait du potentiel mais s’effondre tout seul, c’est Jackie une ancienne amie de l’héroïne, féministe, qui s’est battue jusqu’au bout, sauf qu’on se rend rapidement compte qu’elle est une caricature, sans aucune profondeur autre que jouer une conscience pour nous dire qu’il faut parfois se battre pour ses idéaux. C’est dommage car le message on l’avait compris, là vu que Jackie n’a aucun autre intérêt, on a l’impression d’un message marteler au lecteur avec un marteau.

Au final Vox partait d’une bonne idée, démarrait fort, mais une fois la dernière page tournée je dois bien admettre que je suis déçu de ma lecture. On a l’impression d’un roman écrit vite, sans finesse, cherchant plus à surfer sur le moment qu’à vouloir construire une histoire un minimum logique et cohérente. Après si vous cherchez un roman avec des idées, peut-être que vous accrocherez plus que moi. Le style de l’autrice est simple, mais m’a paru par moment trop en faire, cherchant des analogies et des métaphores sans raisons et sans que cela apporte grand intérêt au récit.

En Résumé : Je ressors de ma lecture de Vox plus déçu que franchement emporté. Ma lecture démarrait pourtant de façon percutante, avec des premières pages qui s’avéraient marquantes, pleines de colère et nous brossant un monde qui ne laissait pas indifférent. Sauf que plus j’avançais dans le récit, plus je m’en déconnectait. L’autrice cherchait trop à développer un univers qui manquait à chaque nouveau détail de cohérence, à vouloir construire son récit comme un Thriller / récit d’espionnage mais sans savoir comme faire ce qui donne l’impression d’une mauvaise intrigue et aussi à amener des personnages qui tombent toujours soit dans la caricature, soit dans le personnage vide d’intérêt. C’est dommage le récit avait du potentiel pourtant.

 

Ma Note : 3,5/10

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Je suis de retour … Enfin presque…

  1. Le même ressenti que toi. Le thriller est à chier, le background intéressant.

  2. Ah ouais quand même… je l’ai dans ma pal, j’étais vraiment curieuse de le lire.

  3. Vert

    « je propose de remplacer les physiciens quantiques par mes ratons tant qu’on y est »
    Méfie-toi, c’est comme ça qu’on en arrive à des Minus et Cortex après 😀
    (sinon je dois dire qu’au début j’étais intriguée par ce livre, mais pas sûre d’avoir envie d’un « sous » Servante écarlate en fait…)

  4. Ce ne sera pas pour moi!

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