Résumé : Le temps de lire cette anthologie, vous serez parti sur la Lune où survit la dernière colonie humaine après que la Terre s’est retrouvée sous la glace, vous aurez discuté de l’égalité hommes-femmes sur un sujet qui vous surprendra, vous vous serez opposé à un texte sur l’avortement, vous aurez renoué avec la légende arthurienne, vous aurez attendu le retour de l’amour de votre vie, découvert en avantpremière une auteur chinoise, et affronté la cruauté des follets et des gnomes.
Edition : ActuSF
Mon Avis : C’est maintenant devenu une tradition depuis quelques années, à chaque fois que je passe dans un festival et qu’il en existe une anthologie associée je repars avec l’édition de l’année et, si possible, dédicacée. Concernant l’anthologie des Utopiales c’est aussi pouvoir se lancer dans une Lecture Commune avec d’autres lectrices et lecteurs. Cette année changement, en plus de MarieJuliet ce recueil a été lu avec Ptitetrolle qui s’est jointe à notre petite « secte ». Sauf que, pour cette fois, je risque d’être le seul à publier mon avis, sauf si mes collègues de LC trouvent de la motivation. Pour cette saison 2017 le thème était le temps et ce livre est composé de 12 nouvelles. Concernant la couverture, illustrée par Laurent Durieux, elle s’avère très sympathique et répond au thème contrairement, comme assez souvent, à une majorité des textes de l’Anthologie. On notera aussi avec étonnement la disparition de la préface qui était pourtant annoncé sur le site de l’éditeur ainsi qu’un petit panel de texte primés dont un prix hugo de la meilleur nouvelle pour Pékin Origami.
43 200 secondes de Jean-Laurent Del Socorro : Cette nouvelle nous fait découvrir une sénatrice qui s’apprête à se lancer dans un marathon et parler pendant 11 heures, bloquant ainsi la tenue du vote d’une loi lors d’une session parlementaire. Il est à noter que cette nouvelle est tirée d’une histoire vraie. Je dois bien admettre que je suis sorti déçu de cette nouvelle, l’auteur ne faisant finalement que romancer un fait réel, cherchant une accroche émotionnelle en montrant une sorte de combat épique contre une loi. Sauf que voilà au final il ne fait que se concentrer sur la performance de cette sénatrice sans jamais clairement approfondir. On a franchement l’impression de toujours rester en surface et l’aspect SF, avec ces hommes augmentés n’apporte rien, pire, il parait tellement binaire en montrant finalement que ceux qui veulent une telle loi ne sont que des machines que ça ne m’a pas paru pertinent. La construction avec les Tweet de soutien donne aussi une impression de remplissage, je trouve. Dommage, car il y avait la possibilité pour tellement plus.
La place d’une femme de Emma Newman : Une nouvelle qui nous plonge dans un futur lointain, revisitant Sherlock Holmes, avec un personnage, peu souvent mis en avant, qui ici prend de l’importance. Au final on a là une histoire divertissante dans la création de son univers et son intrigue, plutôt bien écrite et qui se lit facilement. Quelques thématiques aussi se dégage de l’univers qui est construit en toile de fond et qui ne manquent pas de faire réfléchir sur la notion sociale, d’aide et de famille. L’intérêt principal vient de son héroïne, dont je ne dirai rien, mais qui offre une perspective et une construction intéressante selon moi. Maintenant le récit souffre un peu trop de son côté court, avec une enquête traitée trop rapidement, quelques facilités et une envie d’aller trop vite qui est parfois légèrement frustrante. Au final une lecture sympathique, apprécié, mais loin d’être non plus marquante.
Huit siècles sur une échelle de temps d’Olivier Gechter : Cette nouvelle nous plonge dans un avenir lointain qui a vu la planète Terre devenir inhabitable. Des survivants, sur une base sur la Lune, se relaient tous les siècles, pendant 30 jours, en espérant qu’ils puissent retourner un jour sur la planète bleue tout en effectuant la maintenance nécessaire de leur base. Une nouvelle très réussie qui nous plonge dans un jeu du chat et de la souris qui m’a paru très bien mené. Les réflexions qui sont développées tout du long sont très intéressantes et bien amenées. Une tension monte ainsi au fil des pages, bien porté par des personnages intéressants et un minimum soigné. Alors après, l’ensemble reste quand même prévisible, mais dans l’ensemble ça fonctionne très bien et offre une conclusion intéressante, même si je l’aurai vu différente (mais c’est mon côté pessimiste qui parle).
Le sphincter de l’œsophage de Nabil Ouali : Bon autant être clair, je n’ai pas accroché à cette nouvelle. Vous connaissez ce genre de soirées ou un oncle/grand-père/cousin/voisin ayant bu quelques verres et qui se lance alors dans un débat politique teinté d’extrême, avec des arguments très BFM TV ou TF1 . Bah ici l’auteur a voulu leur répondre je pense. Sauf que voilà, j’ai trouvé l’ensemble mauvais. Vouloir offrir une réflexion sur les problèmes actuels est une bonne idée, se plonger dans de nombreuses réflexions, amener ses arguments sans aucune finesse et les tambouriner au lecteur dans un débat qui tourne au « j’ai raison, non c’est moi, non c’est moi » oui, j’avoue, ça m’a laissé de marbre. Le pire c’est que je ne suis pas réfractaire aux arguments de l’auteur, je serai même plutôt d’accord avec lui, mais voilà cette nouvelle est trop brouillonne, manichéenne et sans subtilité ne m’a pas accroché. C’est bien beau de penser avoir raison, encore faut-il convaincre les autres et là, autant je pense que l’auteur dans les grandes lignes à raison, autant il ne m’a pas convaincu du tout dans son argumentaire et obligatoirement ça bloque. De plus l’aspect SF n’apporte rien au récit, paraissant plus faire plaisir à l’auteur que construit sur un base solide et ne sert qu’une conclusion qu’on voit venir dès l’apparition du premier argument.
Pékin origami de Hao Jingfang : Cette nouvelle nous plonge dans un futur ou Pékin sera devenue une ville qui bouge littéralement, en rotation, ou chaque partie de la ville est cloisonnée et vit a des horaires différents. Un peu comme si la ville vivait en 3×8, sauf que là on est sur des phases des 24h, 16h et 8h. Franchement une des meilleurs nouvelles du recueil selon moi, principalement dans la présentation et construction de son personnage, mais aussi dans les nombreuses problématiques qu’elle soulève de façon intelligente. Elle offre des idées que j’ai trouvé très originales comme cette ville en rotation, mais aussi sur les différentes « villes » dans la ville. Elle nous fait aussi réfléchir sur la notion de travail, sur la notion de classes, de différences sociales et le tout traité avec justesse. Elle s’avère être aussi une nouvelle assez sombre et dure, qui offre un plus au récit. Alors après, c’est vrai, on peut lui reconnaitre un côté un peu froid dans son traitement, mais cela ne l’a pas empêché de réussir à m’emporter.
Les Anges tièdes d’Estelle Faye : Cette nouvelle nous entraîne dans un futur proche qui a vu une majorité de la population plonger dans l’univers virtuel parfait d’Arcadia. Une nouvelle intéressante et très sympathique, même si pas obligatoirement la plus marquante de l’autrice selon moi. Elle nous offre ainsi une réflexion intéressante sur la notion d’Utopie, le tout porté par une héroïne très intéressante à découvrir, à suivre et à voir évoluer et avancer. On y retrouve une plume toujours aussi soignée, envoûtante avec cette pointe de poésie et de magie qui accroche assez rapidement je trouve. Le soucis de ce texte c’est que finalement certaines informations, qui me paraissent importantes, sont traitées un peu trop rapidement et appelle à en découvrir plus, ce qui m’a parfois légèrement frustré.
Les cristallines d’Ariane Gélinas : Voilà une nouvelle assez étrange, qui a eu du mal à me convaincre et dont, j’avoue, je suis passé à côté. Pourtant elle démarrait gentiment et sympathiquement, mais voilà tout va se retrouver à basculer beaucoup trop rapidement entre drogue, sexe, haine, violence et mort et je ne suis pas sûr de bien comprendre ce qu’elle a cherché à faire passer. Il m’a paru aussi manquer énormément d’informations pour clairement bien appréhender ce que construit l’autrice. De plus l’évolution de l’héroïne est un peu bizarre, je n’ai pas réussi à bien comprendre ce qui fait avancer et évoluer l’héroïne de la première page à la dernière page. Alors il y a bien cette notion sur les hommes modifiés, les cristallines et la notion de différence, mais cela reste, selon moi, un peu simpliste. Au final une nouvelle qui m’a laissé de côté, dommage.
Les arbres sont des gens comme les autres de Timothée Rey : De Thimothée Rey je n’ai finalement lu que quelques nouvelles, ici ou là, dans différentes anthologies. J’avoue, j’ai toujours envie de découvrir plus de l’auteur et je pense qu’un jour je me laisserai tenter par un de ces romans. Concernant cette nouvelle elle nous fait découvrir un avenir lointain ou un homme, pour attendre le retour de sa femme partie dans l’espace, va faire transplanter son cerveau dans un arbre et survivre ainsi de nombreuses années. Alors, l’idée de base est intéressante, décalée, et surtout l’auteur offre une approche plutôt efficace, reposant sur un concept solide même si complètement barré. Le soucis c’est que j’ai trouvé que l’auteur se perdait dans trop de circonvolutions pour ma part comme, s’il fallait remplir des pages. J’ai aussi trouvé la conclusion trop bancale, cherchant un effet de surprise qui m’a laissé perplexe et ne m’a que moyennement accroché. Au final un texte pas inintéressant, mais qui n’a pas non plus complètement réussi à me convaincre.
Les oiseaux lunaires de Michael Moorcock : Une nouvelle qui nous plonge dans la quête d’un homme qui a vu sa famille disparaitre. Il cherche à reproduire les évènements survenus à l’époque à l’identique pour espérer les retrouver. Alors oui, il y a une ambiance intéressante dans ce roman, de plus l’auteur brasse de nombreuses mythologies, principalement Arthurienne, mais je ne sais pas si c’est moi, j’avoue ne pas avoir compris la moitié du récit. Il m’a paru manquer de nombreuses clés pour comprendre ce qui arrivait dans cette nouvelle et pourquoi de tels évènements survenaient. Je ne sais pas trop si cette nouvelle est rattachée à d’autres romans de l’auteur qui permette de mieux la comprendre, mais là dans l’état j’ai l’impression d’avoir en grande partie été laissé de côté. C’est dommage car il y a du potentiel.
Poèmes de Guy Gavriel Kay : Je vais aller vite, il s’agit de deux poèmes de l’auteur. Étant plus un habitué des romans, l’auteur n’a quasiment aucune nouvelle à son actif. Il a donc fourni ces deux poèmes. Comme toujours avec la poésie je ne me sens pas complètement à même d’en faire une critique, en lisant très très peu et surtout la traduction d’un poème en modifie quand même assez souvent sa rythmique. Là pour moi on a deux poèmes qui se lisent facilement, m’ont paru sympathiques, mais sans non plus être révolutionnaires. Vite lu, apprécié, mais rien de marquant.
L’Île close de Lionel Davoust : Alors cette nouvelle est un peu la nouvelle globe-trotter de l’auteur. Je crois qu’elle connait, avec sa publication ici, sa quatrième ou cinquième anthologie. Une nouvelle qui nous plonge en pleine légende Arthurienne qui tourne en rond au point d’en devenir fou. J’ai bien aimé l’idée de la geste qui se répète, la notion de travail sur les archétypes, les changements et les évolutions qu’elle offre. L’ensemble est toujours aussi bien écrit, mais voilà je n’ai pas été autant emporté que certains autres nouvelles de l’auteur. Je ne suis pas sûr que la narration multiple apporte toujours beaucoup, certains personnages étant moins intéressants que d’autres, et la toute fin m’a paru un peu de trop. Au final reste une bonne nouvelle, intéressante et efficace.
Le gnome qui voulut être fée d’Audrey Alwett : Dernière nouvelle de cette anthologie, et encore une fois je suis passé à côté. J’ai été déconnecté quasiment dès le début, dés la note en bas de page humoristique. L’humour, on accroche, ou pas, là pour ma part je n’ai pas accroché du tout, c’est ainsi. Concernant l’intrigue en elle-même de ce gnome qui se voit fée, je l’ai trouvé un peu trop simpliste à mon goût et, même si les réflexions sont un minimum là, elle n’a pas réussi à m’accrocher. Au final je n’ai jamais réussi à entrer dans ce texte, dommage.
En Résumé : Je ressors déçu de ma lecture de cette anthologie 2017 des Utopiales qui n’a pas réussi à complètement me convaincre. Il y a bien quelques textes qui arrivent tout de même à sortir du lot, je pense à Lionel Davoust, Estelle Faye, Hao Jingfang et Olivier Gechter, oscillants entre le sympathique et le très bon. Pour le reste soit je n’ai jamais réussi à entrer dans le récit, soit la nouvelle m’a paru trop simpliste, trop brouillonne, soit je n’ai tout simplement pas réussi à m’y retrouver. Pourtant l’anthologie brasse de nombreux genres, offrant des récits variés, mais voilà peu ont réussi à me convaincre. C’est dommage car, mes compagnes de Lecture Commune et moi, ressortons finalement plus frustrés que véritablement emballés et, pour ma part, je ne sais pas encore si je me laisserai tenter par celle de l’année prochaine tant, pour ma part, j’ai l’impression que les auteurs n’ont pas eue le temps de complètement travaillée leurs récits. Je me trompe peut-être après.
Ma Note : 4/10
Autres avis : Vert, Shaya, Le Comptoir de l’Ecureuil, …
c'era una volta
Ouch. Tu me fais peur! C’est la 1ère anthologie des Utos que j’achète et si vous êtes 3 à en sortir frustrés, ça ne présage rien de bon… Je ne suis déjà pas une grosse habituée de lecture de nouvelles. Bon on verra.
(J’ai déjà eu la déception de recevoir cette antho non dédicacée par la plupart des principaux auteurs qui étaient présents…)
BlackWolf
Après ça dépend vraiment de chacun, je sais que pour d’autres blogueurs elle a de très bon échos. Tout dépendra maintenant de tes attentes.
Vert
Et bien nous ne sommes pas d’accord 😀
Pour ma part j’ai aimé la plupart des textes. Je me doute bien que comme d’habitude j’aurais tout oublié d’ici la parution de la prochaine anthologie mais en attendant je guette la parution du recueil de Jingfang Hao.
BlackWolf
Ça arrive, on avait peut-être pas les mêmes attentes 🙂
J’avoue que, pour ma part, j’attends aussi la parution du recueil de Jingfang Hao dont sa nouvelle m’a fait forte impression.