Résumé : My name is Oichi Angelis, and I am a worm.
They see me every day. They consider me harmless. And that’s the trick, isn’t it?
A generation starship can hide many secrets. When an Executive clan suspects Oichi of insurgency and discreetly shoves her out an airlock, one of those secrets finds and rescues her.
Officially dead, Oichi begins to rebalance power one assassination at a time and uncovers the shocking truth behind the generation starship and the Executive clans.
Edition : Tor
Mon Avis : Ce roman n’a pas terminé dans ma PAL par hasard. J’en entends parler depuis quelques mois maintenant, tout simplement depuis que Tor a annoncé la couverture sur son blog courant 2017. J’avoue j’ai rapidement été attiré par le résumé qui, je trouve, s’avère efficace, sans trop en dévoiler, tout en restant assez mystérieux pour titiller ma curiosité. Surtout que, avant de me lancer dans la lecture de ce livre, je ne connaissais rien de l’autrice. Par conséquent c’était quand même un peu un pari de faire entrer ce livre dans ma PAL. Concernant la couverture, illustrée par Sam Weber, je la trouve très sympathique.
Ce roman nous fait suivre Oichi un ver (worm) considérée comme la classe sociale la plus basse du vaisseau générationnel Olimpia. Sauf que depuis que le vaisseau générationnel Titania dans lequel vivaient ses parents a été abattu, elle se retrouve seule. Un jour elle va se retrouve par hasard au milieu d’une rixe entre deux Familles exécutives qui va la mener au bord de la mort, depuis elle n’a plus qu’une idée en tête se venger. Sauf que voilà rien ne va se passer comme prévu et plus elle va creuser pour assouvir sa vengeance plus elle va découvrir de nombreux secrets. Franchement, je dois dire que j’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman, principalement à travers la richesse et la construction de son univers, mais aussi dans son intrigue complexe et que j’ai trouvé intéressante. Après tout n’est pas parfait et certains aspects m’ont frustré, mais j’y reviendrai. Déjà il faut savoir qu’Emiliy Devenport construit, selon moi, son intrigue un peu comme ses vieux films japonais, à la Akira Kurosawa par exemple, où de nombreuses familles et de nombreux niveaux de manipulations s’imbriquent pour offrir un récit à « tiroirs » dense et complexe. Ajoutez à cela un univers que l’on découvre, cela fait qu’il y a énormément d’informations à assimiler, principalement dans le premier tiers et cela peut donner une impression de récit trop touffu, voir peut-être qu’il pourrait perdre certains lecteurs devant le nombre d’informations à assimiler. Entre les noms des familles, les liens entre les uns et les autres, les frictions, les jeux de pouvoir le premier tiers peut demander une bonne dose de concentration.
Le gros point fort de ce roman vient ainsi clairement comme je l’ai dit de l’univers qui est construit tout du long, mais aussi de tout ce qui est aspect social, politique ou bien encore culturel. Il y a une vraie richesse dans ce qui est proposé dans ce roman, le tout amené de façon efficace, fluide et intéressante que ce soit dans tout le background de l’existence de ses vaisseaux générationnels, dans la découverte de ces derniers et aussi à travers l’aspect technologique. On sent bien que l’autrice a longtemps travaillé son monde et le décrit avec maîtrise. Les idées peuvent pourtant paraitre déjà-vu, que ce soit les vaisseaux générationnels, les IA et autres, mais c’est dans la façon efficace dont l’autrice construit son récit, et en lien avec l’intrigue développée que l’ensemble gagne en intérêt. L’autre point fort vient des mystères que va peu à peu soulever l’héroïne, dans un premier temps les jeux de pouvoir des Familles « dirigeantes » de la haute société pour rester au sommet ou tenter de grappiller de l’influence. L’aspect politique est d’ailleurs très intéressant, très froid, très réfléchi, attention ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de violence, ou d’impulsivité, ou d’erreurs, mais on sent que chaque engagement a un but parfois calculé depuis longtemps et amenant une complexité supplémentaire. Le rythme du récit est assez posé, ce qui permet à l’autrice de prendre le temps de construire son univers, d’amener les personnages, tout en jouant sur les questions soulevées et des passages plus tendus pour garder l’intérêt du lecteur.
Mais là où il gagne en intérêt c’est dans sa capacité, dans un second temps, à justement ne pas être qu’une simple bataille de clans, d’offrir des thématiques de développements et de constructions plus profondes, plus captivantes et plus globales. Je ne vais pas trop en dévoiler sous peine de spoiler, mais ce roman va plus loin qu’une simple histoire de vengeance et plus on va en découvrir sur l’Histoire, sur ce qui cache ces vaisseaux, sur la destination, plus on va passer d’une histoire intimiste à quelque-chose de plus emmêlé. On y trouve aussi de nombreuses thématiques, que ce soit sur la lutte des classes, la position sociale de chacun avec les puissant qui ne regardent jamais « en bas », considérant les classes sociales du vaisseau les plus basses comme des vers, la notion de liberté, l’éducation et la façon d’apprendre ou encore le contrôle. Alors, parfois c’est amené de façon assez classique, mais dans l’ensemble cela fonctionne et offre des réflexions intéressantes et solides. Au final Emiliy Devenport offre ici un univers que je trouve ambitieux, dense, donnant envie d’en apprendre plus, laissant de nombreux points qui restent encore ouverts pour de prochains romans.
Concernant les personnages, j’ai trouvé Oichi accrocheuse. Certes elle repose sur une construction assez classique, mais elle a réussi assez rapidement à me donner envie de la suivre et de la découvrir, s’avérant intelligente, complexe. Elle va ainsi devoir trouver sa place dans cet univers et faire face à ses choix et les meurtres qu’elle mène tout en conservant sa personnalité. Alors parfois les réflexions sont un peu trop simples face à sa culpabilité, mais dans l’ensemble cela fonctionne. Son côté froid, un peu renfermé colle finalement bien aussi à sa personnalité de « ver » bâtie depuis des années, même si parfois il crée une légère distance entre l’héroïne et le lecteur. À propos des personnages secondaires je les ai trouvés solides avec un minimum de complexité et d’intérêt. Là où par contre je suis un peu plus réservé c’est dans les liens qui se tissent et principalement dans la façon dont l’héroïne donne sa confiance et trouve des alliés, surtout sans que jamais elle ne soit trahie. Je ne dis pas que tout le monde trahi obligatoirement dans la vie, non, mais là par moment j’ai trouvé ça un peu facile surtout quand on parle de deux inconnus. La conclusion, sans trop en dire, m’a paru très intéressante dans les révélations qu’elle offre et les questions qu’elle soulève.
Là où par contre j’ai moins accroché et qui, pour moi, sont des aspects qui desservent un peu le récit, c’est que dans un premier temps on n’est jamais inquiété face aux péripéties de l’héroïne. On n’est jamais un tant soit peu anxieux tant on sait que depuis qu’elle a croisé Médusa toutes les situations à risques sont désamorcées très, voir trop rapidement. On ne s’affole ainsi jamais pour elle et cela enlève aussi une partie de la peur et de la tension qui est pourtant une caractéristique de ce genre de récit. C’est plutôt frustrant. L’autre point vient de cet aspect Pop Culture qui en fait un peu trop. L’autrice m’a paru vouloir partager sa passion pour la musique classique et le cinéma, sauf que, d’une, parler de cinéma et de musique de notre époque en tant que référence dans un futur lointain me laisse toujours perplexe, car on a l’impression qu’il n’y a rien eu depuis. Comme si la culture s’était arrêtée. Ensuite, de ce point de vue là, je l’ai trouvé beaucoup trop présente dans le récit, amenant par moment quelques longueurs. Amené avec plus de parcimonie cela aurait, je trouve, été plus efficace. La plume est simple et efficace, ce qui fait que j’ai tourné les pages assez facilement histoire d’en apprendre plus. Au final Medusa Uploaded m’a offert une bonne lecture, intéressante, avec assez de points positifs pour me donner envie de lire la suite.
En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce Medusa Uploaded, même si tout n’est pas, selon moi, parfait il y a des choses très intéressantes dans ce roman. Le premier point vient de l’univers que construit Emiliy Devenport offrant une toile de fond dense, et qui se complexifie de pages en page à chaque nouvelle découverte que ce soit d’un point de vue social, culturel ou technologique. Chaque élément peut paraitre déjà vu avec les vaisseaux générationnels, les IA et autres technologies, mais c’est dans la construction maîtrisée et intéressante de l’autrice que l’ensemble gagne en intérêt. On y trouve aussi des thématiques intéressantes, sur l’apprentissage, la position de chacun dans la société, ce que cela amène ou encore le contrôle. L’autre point fort vient, je trouve de l’intrigue. Certes elle peut dérouter tant elle s’avère dense, parfois peut-être un peu trop dans le premier tiers avec en plus l’obligation de s’intégrer dans cette toile de fond, mais je l’ai trouvé très intéressante. Elle part d’une simple vengeance pour finalement offrir plus que cela à chaque nouveau secret dévoilé. Concernant l’héroïne je l’ai trouvé intéressante, complexe dans son évolution et sa vision face à ses actes, même si parfois c’est amené de faon un peu simpliste. Son côté un peu froid, distant, analytique colle parfaitement à sa psychologie de « ver », même si cela la rend par moment un peu distante. Ce qui m’a un peu dérangé c’est une certaine facilité qu’a l’héroïne à donner par moment sa confiance sans que ce ne soit jamais problématique. Je regretterai une absence d’inquiétude face au combat de l’héroïne tant, aidée par Medusa, elle ne parait jamais franchement rencontrer de difficulté, mais aussi une abondance de références culturelles sur la musique classique et le cinéma qui apportent par moment, je trouve, des longueurs et surtout donnent l’impression que la culture s’est arrêtée à notre époque. La plume s’avère simple, efficace et prenante et je lirai avec plaisir la suite.
Ma Note : 7,5/10
Autres avis : The French Reader, …
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