Résumé : THIS IS THE WAY THE WORLD ENDS… FOR THE LAST TIME.
The season of endings grows darker as civilization fades into the long cold night. Alabaster Tenring – madman, world-crusher, savior – has returned with a mission: to train his successor, Essun, and thus seal the fate of the Stillness forever.
It continues with a lost daughter, found by the enemy.
It continues with the obelisks, and an ancient mystery converging on answers at last.
The Stillness is the wall which stands against the flow of tradition, the spark of hope long buried under the thickening ashfall. And it will not be broken.
Edition : Orbit
Mon Avis : Après The Fifth Season, premier tome du cycle, qui m’avait offert un excellent moment de lecture (ma chronique ici), je me suis rapidement lancé dans la lecture de cette suite, The Obelisk Gate qui est nominée aux Hugo Awards de cette année. J’avoue que j’avais hâte de savoir ce qu’allait proposer l’auteur dans ce second tome. Concernant l’illustration de couverture elle est dans la même lignée que le premier tome et je la trouve sympathique. Alors par contre, je vous préviens tout de suite, je pense que je vais devoir spoiler le premier tome donc évitez peut-être de vous lancer dans la lecture de cette chronique avant d’avoir lu le précédent roman.
On avait quitté à la fin du premier tome Essun qui, a défaut d’avoir pu retrouver sa fille et se venger de son mari, avait été accueilli au sein d’une communauté qui cherche à vivre de façon égalitaire avec les orogènes. Elle y avait aussi retrouvé Albaster, très mal en point, qui lui avoue que c’est lui qui a lancé la dernière grande catastrophe qui a plongé la terre dans cette nouvelle saison apocalyptique et qui lui demande de poursuivre son œuvre qui aurait un but plus grand. Alors que dire de ce second tome. Il ne manque clairement pas de qualités et se révèle encore plus dense, je trouve, que le premier tome à travers les nouveaux personnages présentés ou bien encore dans les développements de l’intrigue. Pourtant, je dois bien admettre que j’ai trouvé ce second tome un chouïa moins prenant que le précédent, souffrant très légèrement de la malédiction du second tome qui fait qu’il m’a paru un peu trop attentiste à certains moments histoire de garder encore plus de mystères pour la suite. Cela n’empêche pas pour autant l’intrigue de gagner en intérêt et en complexité, principalement avec le développement de personnages secondaires absents du premier tome comme Schaffa ou encore Nassun la fille d’Essun.
Concernant l’univers, même s’il perd un peu de son aspect nouveauté, il reste franchement captivant à découvrir et surtout il gagne encore un peu en densité dans cette suite tout en offrant quelques révélations sur les buts de certains camps. Je trouve que ce tome joue aussi plus sur les genre, donnant l’impression que ce monde à l’agonie pourrait être un avenir possible du nôtre. L’insouciance de l’Homme aurait-elle amené peu à peu le monde à sa perte, rien n’est clairement défini, l’auteur restant exprès dans le flou, mais en tout cas ce doute questionne le lecteur, comme par exemple sur l’idée de ce que nous faisons de notre planète. On en apprend aussi un peu plus sur la conséquence de ces instabilités géologiques, sur les obélisques, mais aussi sur les orogènes, les Stone Eaters et leur importance. Les pions se mettent en place et Essun va devoir faire un choix, entre devoir apprendre le maximum d’Alabaster pour tenter un dernier geste de folie et de génie ou bien simplement retrouver sa fille dans une quête de pardon et de vengeance.
L’univers présenté s’avère aussi encore un peu plus sombre. Il faut dire qu’il va entrer dans une ère obscure, une des plus longues saisons ou l’humanité n’est pas sûre de s’en sortir au vu des dernières prévisions. Cela exacerbe obligatoirement les tensions, mettant hors-jeu toutes les règles qui existaient et offraient un vernis de moral, pour ne se concentrer que sur la survie. Les communautés doivent donc se souder, mais ne peut empêcher les guerres d’autres communautés jalouses ou moins préparés, les pillages et le conflit liés aux dernières ressources. Mais même en interne des tensions ne peuvent qu’apparaitre, il faut que tout le monde œuvre pour la survie de la communauté sinon des choix devront être fait. La politique évolue donc vers quelque-chose de plus centré sur les congrégations et aussi plus directe, plus vraiment de lois, mais des choix à prendre et parfois rapidement. C’est ce que va découvrir Essun qui va surtout devoir faire face à de nombreux péripéties et parfois devoir entrer en conflit pour mieux avancer même si elle ne souhaiterait finalement que vivre une vie paisible.
Le récit nous pousse ainsi à nous questionner, nous offrant des réponses à des actes et des actions menés par certains tout en nous faisant réfléchir sur les choix que l’on aurai pu faire à leur place. Il nous questionne aussi, d’une certaine façon, sur quels sont nos réponses à une planète qu’on laisse s’éteindre de plus en plus vite, d’année en année et dont on préfère peut-être croire des faits alternatifs. Tout du moins c’est ce que m’a fait ressentir ce roman. Mais la réflexion principale vient clairement de cette notion de discrimination des orogènes, qu’on ressent principalement au niveau de la narration qui tourne autour de Nassun et surtout de sa relation étrange avec son père qui la pousse à changer, à abandonner sa différence, ce qu’elle est, pour le simple fait de la rendre comme les autres et ainsi pouvoir l’aimer à nouveau. C’est abject, mais pourtant ça sonne tellement juste et on peut y trouver de nombreux parallèles avec notre société. Alors oui, l’auteur nous propose un récit plein de réflexions, engagé, mais elle le fait de façon raisonnée et intelligente ce qui rend l’ensemble encore plus saisissant à mon avis.
Concernant les personnages, ils s’avèrent toujours aussi denses et intéressants à découvrir et surtout ils doivent évoluer, faire des choix devant un monde en plein bouleversement. J’avais un peu peur que des nouveaux protagonistes principaux viennent diluer l’intérêt du récit et pourtant, même si le démarrage casse un peu le rythme je trouve, ils viennent s’insérer de façon plus qu’efficace dans le récit. Schaffa et Nassun viennent ainsi offrir une nouvelle vision de l’intrigue, de ce monde et, en plus de s’avérer être des personnages intrigants, entrainants et soignés, ils apportent ainsi quelque chose de neuf, de différent. Essun, elle, nous happe facilement par les changements auxquels elle va devoir faire face, elle va devoir apprendre rapidement et surtout s’imposer dans ses actes. Sa relation avec Albaster est toujours aussi intense et percutante. Mais surtout ce qui se démarque c’est la diversité des personnages présentés, chacun d’entre eux ayant une personnalité et une vie propres. L’intrigue voit aussi les fils rouges s’éclaircir, les « clans » se dessinent peu à peu et les objectifs des uns et des autres deviennent ainsi plus claires. Les pièces se mettent doucement en place et on a l’impression de voir commencer à se dessiner les choses, même si de nombreux mystères restent encore voilés.
Alors après, comme je l’ai dit, on sent un peu que ce roman est un second tome, comme par exemple dans le rythme qui se veut par moment légèrement attentiste, ainsi que dans certaines révélations qui prennent un peu trop leur temps je trouve. Il n’y a rien de franchement bloquant là-dedans, mais cela m’a donné l’impression d’un second tome un petit peu moins prenant que le premier. J’ai tout de même passé un très bon moment de lecture avec ce roman, toujours porté par une plume efficace, soignée et entrainante. A noter aussi que la narration à la seconde personne prend tout son sens dans ce second tome. Je pense me lancer rapidement dans le troisième tome qui devrait sortir en VO le 15 août 2017.
En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec la suite de ce cycle, malgré le fait que je l’ai trouvé un peu moins prenant que le premier. Oh rien de très dérangeant, mais il subit un peu la malédiction du tome deux, avec sur certains aspects un sentiment attentiste peut-être un chouïa trop poussé. Cela n’empêche pas pour autant l’univers de gagner en densité et intérêts, les fils rouges commencent à se révéler, les camps à se dévoiler ainsi que les buts de chacun. Le monde dévoilé continue à jouer, je trouve, avec les genres et les lecteurs , mais surtout il continue à nous faire réfléchir sur de nombreux points que ce soit dans la façon dont nous voyons notre terre, mais aussi sur le rejet des différences principalement à travers la narration sur Nassun qui ne laisse pas indifférente. Concernant les personnages ils continuent à se développer à se densifier et l’arrivée des nouveaux protagonistes principaux vient apporter quelque-chose de neuf. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste et leur diversité vient aussi apporter un plus à l’ensemble. Les héros vont devoir faire des choix dures, dans un univers sombre et sans pitié et on se retrouve facilement happé par ce récit. Au final même si sur certains aspects le côté attentiste se fait ressentir, ce second tome m’a tout de même fait passé un très bon moment de lecture bien porté par une plume efficace, soignée et entraînante. Je lirai la suite, qui sortira en VO le 15 août 2017, avec grand plaisir.
Ma Note : 8/10
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