Résumé : Mycroft Canner is a convict. For his crimes he is required, as is the custom of the 25th century, to wander the world being as useful as he can to all he meets. Carlyle Foster is a sensayer–a spiritual counselor in a world that has outlawed the public practice of religion, but which also knows that the inner lives of humans cannot be wished away.
The world into which Mycroft and Carlyle have been born is as strange to our 21st-century eyes as ours would be to a native of the 1500s. It is a hard-won utopia built on technologically-generated abundance, and also on complex and mandatory systems of labeling all public writing and speech. What seem to us normal gender distinctions are now distinctly taboo in most social situations. And most of the world’s population is affiliated with globe-girdling clans of the like-minded, whose endless economic and cultural competition is carefully managed by central planners of inestimable subtlety. To us it seems like a mad combination of heaven and hell. To them, it seems like normal life.
And in this world, Mycroft and Carlyle have stumbled on the wild card that may destabilize the system: the boy Bridger, who can effortlessly make his wishes come true. Who can, it would seem, bring inanimate objects to life…
Edition : Tor Books
Mon Avis : On continue dans les chroniques de mes lectures de romans liés à mon challenge personnel qui m’a ainsi permis de voter pour le prix Hugo du meilleur roman de l’année. Il s’agit, si je ne me trompe pas, du premier roman classé dans la catégorie Imaginaire de l’auteur, qui a plutôt publié avant cela des travaux historiques sur la renaissance C’est donc une totale découverte pour moi. Concernant l’illustration de couverture, je la trouve clairement réussie et elle donne envie de plonger dans le livre.
Ce roman nous plonge dans un avenir lointain, le récit se situant en 2424, où l’on se retrouve à suivre Mycroft Canner, un célèbre criminel qui pour expier sa faute doit de proposer ses services à quiconque qui le demande en échange de sa nourriture. Cela l’a amené à aider Bridger, un jeune garçon qui a le pouvoir de donner littéralement vie à ce qu’il souhaite. Sauf que voilà le vol d’une liste, qui pourrait remettre en cause le système politique en place, va aussi amener Mycroft à mener l’enquête ce qui va amener de nombreux bouleversements. Franchement, je dois bien avouer qu’une fois la dernière page tournée j’ai passé un excellent moment de lecture avec ce livre, même si certains points m’ont tout de même légèrement dérangé. L’intrigue s’avère entraînante, offrant de nombreux mystères ainsi que sont lot de révélations, de rebondissements et de surprises.
Déjà il faut le savoir, Ada Plamer nous propose un roman qui brise d’une certaine façon le quatrième mur, puisqu’il s’agit de Mycroft, le héros, qui nous écrit l’histoire, il sait qu’il va être lu et par conséquent il interagit avec le lecteur en lui parlant, lui expliquant son procédé d’écriture et son époque. Cela peut surprendre, mais j’ai trouvé que cela offrait aussi une narration plus prenante, premièrement par le fait que le récit n’étant pas omniscient on est obligé de croire ce qui nous est raconté. Ensuite, il est clairement précisé que ce récit a été validé par les sept, ce qui rajoute encore une couche de doute et de réflexion. La narration offre ainsi quelque chose d’intéressant, à la fois confidente, complice avec nous, mais plus on avance plus les secrets sont révélés plus on commence alors à se questionner aussi bien sur le narrateur, sur l’univers développé, mais aussi par les nombreux changements survenus dans ce futur. Je prends comme exemple l’utilisation des pronoms genrés qui ne sont plus utilisés en 2424, mais que pourtant le narrateur pour éviter de nous perdre, essaie d’utiliser.
C’est d’ailleurs l’un des points forts de ce roman pour moi, l’univers. Ada Palmer nous propose un futur complètement différent, original et qui pourtant y trouve ses racines dans notre présent. On y retrouve ainsi une union européene, un roi d’Espagne, etc …. et pourtant tout est divergent, le pouvoir n’appartient plus aux différents pays, mais plutôt à différents groupes ou factions, qu’ils soient classiques comme l’union Européenne, où bien encore certaines familles influentes, mais aussi surprenantes comme cette nation basée sur le volontariat. Chaque zone de pouvoir à ses règles, ses lois, sa propre vision du monde et de l’avenir et pourtant cela ne les empêche pas de cohabiter d’une façon pacifique qui se base sur les échanges. On sent clairement que tout cela n’est pas arrivé facilement, il a fallu de nombreux évènements catastrophiques obscurs et de nombreuses guerres pour qu’un tel avenir puisse prendre forme. Le récit donne aussi l’impression de plonger dans une Utopie tant le taux de criminalité parait extrêmement faible et les délits graves quasiment disparu, sauf que plus on avance plus on se rend compte que cette Utopie a ses failles et caches des secrets. On plonge dans un univers complexe, dense qu’on sent que l’auteur travaille depuis un certains temps et qu’elle a réussi à lui donner vie et à le rendre cohérent.
Il m’est d’ailleurs compliqué de parler de cet univers sans trop en dire et sans non plu trope vous perdre dans une chronique qui deviendrait rapidement trop longue. Pourtant il s’agit d’un univers qui donne envie d’en apprendre plus, ne jouant pas sur le surplus d’information pour noyer le lecteur, mais en montrant clairement les choses au fur et à mesure des évènements. Certes au début on peut se sentir un peu perdu dans ce monde, mais plus on le découvre, plus on le comprend plus, je trouve, qu’on se laisse porter par lui. Il donne clairement envie d’en apprendre plus, surtout qu’il est loin de s’être complètement dévoilé et garde encore de nombreux mystères à offrir. On se rend aussi compte que malgré cette croyance de perfection et d’idéal cet avenir montre aussi une certaine ambiguïté, un visage caché moins parfait, plus pervers qui offre une complexité supplémentaire à l’ensemble.
Même les religions ont changé, on le voit clairement avec le fait que les religions sont maintenant interdites et que tout ce qui concerne l’aspect spirituel passe par les Sensayer. Dieu est ainsi mis de côté pour un travail plus psychologique et métaphysique des questions d’ordres morales et spirituelles. Les technologies aussi ont avancé, ont changés et même elles restent classiques pour un lecteur habitué, elles paraîtront peut-être parfois un peu obscur pour quelqu’un qui voudrait se lancer dans la SF avec ce roman. Enfin je trouve, comme dans d’autres romans nominés cette année aux Hugo, que l’univers mélange les genre avec cet aspect futuriste que ce soit dans la technologie, la société ou encore la politique, mais en parallèle il y a de la magie avec Bridger.
Autre point intéressant du roman vient des nombreuses réflexions et questions, justement philosophiques, que soulève Ada Palmer tout du long. De nombreux philosophes sont ainsi cités, en grande majorité français d’ailleurs, comme Diderot, Sade ou bien encore Voltaire. Cela peut clairement en déranger certains, les points étant fortement débattus, mais j’ai trouvé cela très intéressant et surtout s’intègre parfaitement dans le récit et la narration. Il y a aussi de nombreuses autres réflexions, que ce soit sur la censure, la sexualité l’importance de la technologie dans notre vie, la façon dont on traite les prisonniers, l’avenir de notre planète, mais aussi la notion de genre qui est très présente. En effet comme je l’ai dit la narration nous montre que dans le futur les pronoms genrés n’existent plus, pourtant le narrateur fait l’effort d’en utiliser, mais au fur et à mesure qu’on avance dans le récit on se rend compte qu’il mélange les genres souvent en fonction des situations. Cela perturbe, dérange même parfois dans la fluidité, mais montre clairement, je trouve, que cela importe peu sur le charisme et l’important de tel protagoniste. Que je le prenne pour un garçon ou une fille cela ne le rend pas moins intéressant à suivre et à découvrir. Alors parfois, c’est vrai, elle en fait peut-être un peu trop, mais bon rien de bien dérangeant. L’auteur nous offre aussi une réflexion intéressante sur la notion de groupe, de famille avec les Bash’ qui ne reposent pas obligatoirement sur la notion de lien génétique, mais plus sur des choix et des acceptations.
Concernant les personnages, j’avoue, ils ont clairement un côté étrange. Tous autant qu’ils sont, ils sont loin de rentrer dans les normes que l’on connait et pourtant avec moi cela a fonctionné. Je me suis ainsi facilement laissé porter par eux, par leurs évolutions au fil des pages. Plus on les découvre, plus, je trouve, ils surprennent dans leurs actes, leurs envies ou encore leurs motivations. Certains donnent aussi l’impression de dégager une certaine folie qui peut bloquer, mais qui est contrebalancé par la capacité de l’auteur à les rendre intéressants et charismatiques. Le personnage le plus ambigu, c’est Mycroft le narrateur. Il arrive clairement à allier le héros attachant et entraînant, avec le héros plus sombre et dérangé. Plus on le découvre au fil du récit plus on se rend compte qu’il est loin d’être le chevalier blanc et qu’il possède une part sombre, voir même très sombre. Pourtant, je me suis laissé porté par lui, par son histoire, par l’envie de le comprendre, de comprendre ses motivations et de voir ce qu’il cherche à obtenir. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste, offrant des protagonistes solides, voir mystérieux qui donne envie d’en apprendre plus sur eux par la suite comme J.E.D.D. Mason.
Alors après, malgré toutes les qualités que possède ce livre, certains points m’ont quand même légèrement dérangé. J’ai trouvé le démarrage du roman peut-être un peu trop dense, il donne énormément d’informations et présente pas mal de personnages en peu de pages, ce qui fait qu’il y a énormément à assimiler. Parfois je me suis ainsi senti légèrement perdu. Ensuite j’ai trouvé que l’auteur en faisait parfois un peu trop, cherchant un peu trop à travailler la construction au profit du rythme et de l’émotion. J’ai aussi trouvé les passages où Mycroft fait parler le lecteur frustrants, car finalement pas en accord avec mon questionnement justement. Que le narrateur parle au lecteur cela apporte un plus ici, que le narrateur fasse parler le lecteur c’est à double tranchant et ça ne marche pas toujours. Enfin Ada Palmer, dans son univers futuriste, ramène le Latin comme langue vivante. Pourquoi-pas ! L’idée n’est pas mauvaise, par contre un chapitre entier où tous les dialogues sont en latin (traduit en anglais entre parenthèse à côté) j’ai trouvé cela un peu lourd, voir un peu trop théâtral. Après rien de non plus bloquant tant je me suis laissé porter par l’intrigue et l’univers. La plume est dense, soignée, entraînante et je lirai la suite qui est sortie il y a quelques mois sans soucis et avec plaisir.
En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous plonge dans un avenir lointain complètement différent, étrange, original et entraînant. On sent ainsi clairement que l’auteur maîtrise son univers, qui s’avère du dense, complexe et captivant. Que ce soit à travers l’aspect politique, l’aspect social, les religions, ou encore les langues beaucoup de choses ont changés, et pourtant l’ensemble reste lié à notre présent ce qui rend l’ensemble encore plus prenant. Elle nous offre aussi de nombreuses réflexions, ainsi qu’un travail philosophique un minimum soigné qui en dérangera peut-être certains mais qui, j’ai trouvé, s’intégrait parfaitement bien dans le récit. Elle questionne ainsi le lecteur sur la sexualité, la famille, la notion de genre, la politique etc… L’intrigue est efficace, bien porté par révélation et rebondissements, offrant de nombreux mystères et donnant envie d’en apprendre plus. Les personnages sont vraiment intéressants à découvrir, s’avérant étranges, entraînants et prenants. Mycroft sort vraiment du lot, tant on s’attache un minimum à lui, mais plus on le découvre plus on se rend compte qu’il se révèle ambigu. Alors après tout n’est pas parfait le démarrage m’a paru trop dense, j’ai trouvé que par moment l’auteur en faisait un peu trop, ensuite le narrateur brise le quatrième mur et parle au lecteur sauf que quand il fait parler le lecteur je n’ai pas toujours accroché, enfin les dialogues en latins traduit m’ont paru un peu lourds et théâtraux. La plume de l’auteur est entraînante, dense et soignée et je lirai la suite sans soucis.
Ma Note : 8/10
Lianne
On m’avait prévenu que c’était une lecture qui représentait un challenge avec plein de bonnes idées et ton avis à l’air d’aller dans ce sens !
Il est dans ma PAL et je compte bien le lire un de ses jours =)
BlackWolf
N’hésite pas à venir me dire ce que tu en auras pensé.