Résumé : 14 nouvelles,14 univers qui se télescopent.
Et si les nuages possédaient une forme d’intelligence ? Que faire lorsqu’on découvre un satellite artificiel qui a la texture d’une grosse grenade ? Comment agir lorsque l’on est un vampire en mission dans l’espace ?
L’anthologie officielle des Utopiales 2013 réunit, cette année encore, auteurs étrangers et francophones, pour défricher les possibles et explorer le futur. Pour être, en somme, au coeur même de notre vocation : la science-fiction.
Edition : Actu SF
Mon Avis : Comme l’année dernière je me suis rendu aux Utopiales et j’en suis reparti avec l’anthologie du festival. Il faut dire que le sommaire d’auteurs présent se révélait vraiment intéressant et donner envie de découvrir ce recueil. Ajouter à cela une couverture, reprenant l’illustration du festival de Vincent Callebaut, qui se révèle magnifique et vous comprendrez que ce livre ait rapidement rejoint ma bibliothèque. À noter qu’on retrouve ici 14 nouvelles.
Dougal Désincarné de William Gibson : L’auteur nous offre ici une courte nouvelle qui revisite le mythe du fantôme, offrant quelques idées vraiment intéressantes comme par exemple l’apparition du fantôme après une overdose, mais qui, à mon goût, peine à décoller, n’arrivant jamais à me marquer, à m’attacher ou à me surprendre. La nouvelle, au final, ne se révèle pas mauvaise non plus, mais elle rentre dans les textes qui sont vite lus et vite oubliés ce qui est dommage car il y avait un certain potentiel, principalement dans la banalité de la vie de spectre que retranscrit l’auteur, ainsi que par le jeu d’identité entre corps et esprit.
Trois Relations de la Fin de L’Écrivain de Jean-Louis Trudel : L’auteur nous propose à travers cette nouvelle un univers où écrire est devenu une banalité, sans impact, ni revendication, tout le monde pouvant s’implanter le logiciel adéquat. Jusqu’au jour où le héros va découvrir une phrase écrite sur sa nouvelle chemise. Clairement les idées sont là, mais comme le texte du dessus cette nouvelle a eu du mal à complètement m’emporter, mais pas pour les mêmes raisons. Ici j’ai eu l’impression que l’histoire manquait de liant, passant d’une scène à l’autre de façon brusque comme si l’auteur manquait de place et, de plus, j’ai trouvé la conclusion plutôt moyenne. Une nouvelle sympathique sans plus au final.
Les Fleurs de ma Mère de Andreas Eschbach : Cette nouvelle nous propose de plonger dans le quotidien d’un jeune handicapé mental qui est effrayé de voir les fleurs, que sa maman lui avait demandé de surveiller, mourir. Ce qu’il ne comprend pas, et qu’on découvre petit à petit en toile de fond, c’est qu’un scientifique a libéré un poison qui tue la flore entière. Un texte nous dévoilant une idée de fond certes classique, mais qui va se révéler poignante et m’a emportée, principalement grâce à son personnage principal attachant qui vit un peu dans son monde, mais aussi par ses réactions face aux problèmes qui se révèlent pleines d’émotions et de mélancolie. Un très joli texte.
Nöel en Enfer de Orson Scott Card : Cette nouvelle nous plonge dans la vie d’un homme qui vient de mourir et découvre que pour rentrer au paradis ou en enfer il faut remplir certaines conditions. Il va donc errer, jusqu’à sa rencontre avec le Père Noël. Autant le dire tout de suite je n’ai jamais accroché à ce texte, l’auteur cherche à nous offrir une critique sur l’humanité et sa façon de vivre, mais le tout dégouline trop de cet aspect religieux et de bons sentiments pour vraiment m’accrocher et encore moins me convaincre. Pourtant on sent bien que l’auteur veut faire de cette fable une mise en avant des bonnes actions, principalement vis-à-vis des enfants. Mais voilà entre accumulation de guimauve et de clichés, l’auteur prouve qu’il est meilleur auteur de SF que de fable de Noël. Dommage.
La Main Tendue de Norman Spinrad : Avec cette nouvelle, l’humanité va découvrir qu’elle n’est pas seule dans l’univers. Un contact qui va lui faire ouvrir les yeux sur sa folie destructrice et qui va amener les Hommes à changer de vie radicalement. Un texte présenté de façon original à travers des extraits de journaux, de transmissions et d’interview qui se trouve bien porté par un style acerbe et percutant nous offrant des axes de réflexion intéressants sur nous et notre façon d’évoluer. Puis arrive les dernières pages et là, désolé, le soufflé s’effondre. Je suis peut être devenu pessimiste, mais les conclusions où on se prend tous dans les bras en se faisant des poutous et où tout fini en rose bonbon car tout le monde aime et aide tout le monde, oui, je n’accroche pas du tout.
Grenade au Bord du Ciel de Sylvie Lainé : Avec ce texte l’auteur nous plonge à la découverte d’un astéroïde, sorte d’attrape-rêve, qui va transformer les émotions et les ambitions des gens qui entrent en contact avec son cœur. Une nouvelle que j’ai trouvé très réussie, sûrement une des meilleurs de l’anthologie, qui est parfaitement portée par une plume soignée et magique ainsi que par des personnages cohérents et efficaces. On y trouve aussi des idées vraiment originales comme cette réflexion sur la cupidité percutante. Cela me donne envie d’en découvrir plus sur les écrits de l’auteur.
Vert Dur de Stéphane Beauverger : Imaginez un avenir où le féminisme et l’écologie deviennent liés, ce qui a pour conséquence de provoquer de profond changements dans la façon de gérer aussi bien les pays que les entreprises. Une inversion des rôles dans un monde qui cherche la neutralité qui se révèle vraiment intéressant et pousse le lecteur à réfléchir. Surtout que tout n’est pas non plus ce que l’on croit aux premiers abords. Le style de l’auteur est vraiment plaisant, dommage que la conclusion se soit révélé, à mon goût, en demi-teinte, mais rien de gênant. Une nouvelle vraiment agréable.
Comment je suis Devenu un Biotech de Lucas Moreno : Une nouvelle qui va nous faire découvrir la naissance et l’évolution d’une Intelligence Artificielle. Une IA qui va très vite chercher à améliorer la condition humaine. Un texte plein de bonnes idées, avec cette phase ascendante technologique qui va remettre en cause totalement l’humanité et pousser les IA à s’adapter de façon vraiment intéressante et surprenante. La plume de Lucas Moreno se révèle vraiment dense et intelligente et le tout donne bien envie de découvrir plus de textes d’un auteur que je ne connaissais pas vraiment.
Dans les Mines de Mars de Jean-Pierre Andrevon : Cette nouvelle est un texte écrit dans les années 70 par l’auteur, qu’il a repris et réécris pour cette anthologie. Au final je n’ai que très moyennement accroché à cette nouvelle, les messages que cherche à faire passer l’auteur sont forts et clairs, mais voilà malgré le travail d’actualisation le tout parait démodé, que ce soit dans la construction du récit, le style, l’aventure, l’action ou encore même les rebondissements. De plus la conclusion qui se veut surprenante se trouve être devinée au bout de quelques pages ce qui est frustrant. Si j’avais lu ce texte comme un texte écrit dans les années 70 mon avis aurait peut-être été différent, m’amusant du côté suranné, mais là, présenté comme un texte de 2013, je n’ai pas plus accroché que cela.
J’ai eu Trente Ans de Thierry Di Rollo : L’auteur nous propose ici une courte nouvelle qui nous fait suivre comme personnage principal un nanti qui ne fait rien de ses journées à part regarder un monde virtuel. Un texte court qui se révèle sombre, noir et qui vaut le coup d’être lu pour sa conclusion vraiment percutante et pleine de surprises. Mon seul regret et que l’auteur se laisse un peu trop aller dans les descriptions technologiques, ce qui plombe un peu le rythme de son récit.
Trois Futurs de Ian McDonald : A travers trois textes l’auteur nous construit ici une nouvelle vraiment réussie et prenante, sur des avenirs possibles, mais surtout sur la capacité des hommes à réagir et à se rebeller selon les situations. Des récits vraiment contemporains, qui mettent en avant, peut être même parfois de façon trop prononcée, la force de la technologie, d’internet et des réseaux de communications dans l’embrasement des foules et leur façon à gérer les informations. Dans tous les cas des textes qui font réfléchir. L’auteur arrive toujours aussi bien à mélanger les aspects technologiques à des futurs vraiment cohérents et fascinants à découvrir.
La Femme aux Abeilles de Thomas Day : Encore une très bonne nouvelle où l’on suit une jeune femme picte qui voit passer chez elle des mercenaires. Une rencontre qui ne va pas se révéler sans soucis. Un texte choc, sombre, sanglant, percutant mais qui n’oublie pas non plus de nous offrir des personnages forts et charismatiques aux relations souvent ambigus et surprenantes. Un récit qui ne m’a pas laissé indifférent. Le tout est peut-être un peu trop froid, ce qui empêche parfois de pleinement appréhender les émotions, mais rien de bien gênant.
Nimbus de Peter Watts : Une courte nouvelle qui nous dévoile un avenir où les nuages ont pris vie et les catastrophes qui étaient naturelles s’abattent maintenant sur la terre pour éliminer. Un texte vraiment intéressant avec une idée de départ originale, mais qui, selon moi, aurait mérité d’être plus développé. En effet il m’a paru bien trop court pour complètement appréhender l’ensemble des conséquences de cette évolution, mais aussi pour s’attacher aux personnages et vraiment être ému par cette conclusion. Un texte tout de même agréable à lire et à découvrir.
La Fontaine aux Serpents de Jeanne-A Debats : Il s’agit de la plus longue des nouvelles de ce recueil, qui nous replonge dans l’histoire du vampire Navarre qu’on retrouve avec plaisir se révélant toujours aussi charismatique, sans gêne et efficace. Cette fois-ci on le retrouve dans l’espace, dans un futur apocalyptique. Comme à son habitude l’auteur cherche à surprendre et à bousculer le lecteur dans ses convictions, soit par le sexe et sa diversité ou encore par ses idées, comme la naissance, qui ne laissent jamais indifférent et poussent à la réflexion. Mais voilà j’ai trouvé que parfois le tout partait un peu trop dans tous les sens, surtout au début, ce qui fait que j’ai eu un peu de mal à rentrer complètement dans l’histoire. Il faut aussi ajouter un bond temporel, suite à sa dernière aventure, qui a faussé un peu mes repères. Une bonne nouvelle, toujours aussi cynique et percutante, mais un cran en dessous, pour moi, de ce que j’ai lu précédemment sur Navarre.
Au final je dois bien avouer que je ressors un peu moins enthousiasmé par cette anthologie que celle de 2012. Il y a bien quelques textes qui arrivent à sortir du lot, mais la plupart oscille entre le bon moment de lecture et les textes qui ne m’ont pas accroché. Dommage, car le sommaire, avec tous ses jolis noms, laissait présager de bonnes choses. Cette anthologie de Utopiales reste toute de même sympathique à découvrir.
En Résumé : Je ressors de ma lecture de cette anthologie des Utopiales 2013 avec le sentiment d’avoir moins accroché que celle de l’année dernière. La faute à des nouvelles beaucoup trop hétéroclites, allant de celles qui ne m’ont pas accrochées aux nouvelles vraiment passionnantes et fascinantes. Au final l’anthologie reste tout de même sympathique à lire, mais voilà au vu des noms présents dans le sommaire et des attentes que j’avais après ma découverte de l’anthologie 2012, je m’attendais à mieux de ce recueil. Cela m’empêchera sûrement pas de lire le recueil de l’année prochaine.
Ma Note : 6,5/10
Autres avis : Vert, …
Challenge JLNN 25ème lecture