Résumé : Portraitiste de talent, dandy, bel esprit, mauvais garçon… et le plus irrésistible des agents secrets de Sa Majesté. Lorsque les meilleurs scientifiques du royaume sont mystérieusement assassinés, Lucifer se lance dans une enquête trépidante, des clubs de gentlemen londoniens aux bas-fonds volcaniques de Naples, tout en déterminant la façon la plus seyante de porter un œillet blanc à sa boutonnière. Une immersion étourdissante dans les arcanes d’un ordre occulte aux pratiques décadentes – et de ses secrets les plus sulfureux.
Edition : Bragelonne
Mon Avis : J’avoue que je me suis laissé tenter par ce roman pour la simple et bonne raison que l’auteur est Mark Gatiss. Pour situer un peu cette personne, pour ceux qui ne le connaitrait pas, il est Mycroft dans la série Sherlock Holmes ainsi que son co-créateur et son co-producteur, il a aussi écrit des épisodes de Doctor Who, des livres, et y a même joué quelques rôles. Deux séries que je suis assidûment. J’étais donc assez curieux de savoir ce qu’il allait bien pouvoir nous proposer en tant qu’auteur. Bon, je ne vais pas le nier non plus, je pense que je me serai tout de même penché sur ce livre, publié lors du mois du cuivre de Bragelonne, qui se révèle un magnifique objet et possède une couverture, illustrée par Noëmie Chevalier, que je trouve vraiment joli et des illustrations intérieures qui apportent un plus.
Une chose est sûre les premières pages démarrent sur les chapeaux de roues, il faut dire que le personnage de Lucifer Box se révèle quand même fascinant par son côté irrévérencieux, dandy, imbu de lui même et de son talent d’artiste. Il nous happe ainsi dans son histoire tant le début est nerveux, cynique, sans concession et efficace. Puis on découvre qu’en fait notre héros est un agent secret et qu’il se retrouve à devoir enquêter sur la mort mystérieuse de brillants savants. Et à partir de là, je dois bien avouer que le soufflé retombe un peu, car sans non plus se révéler mauvais, je n’ai pas non plus été complètement embarqué par le récit. L’intrigue repose sur des meurtres mystérieux qui aurait franchement mérité un peu plus d’aspect dramatique, plus d’intensité et surtout plus de complexité. Car c’est un peu finalement le gros soucis que je reproche à l’intrigue, elle parait par certains moments caricaturale, trop simpliste parfois dans sa résolution et repose un peu trop sur quelques deus ex machina frustrants. Alors certes, l’auteur compense cela par une débauche d’énergie et un personnage totalement décalé et impertinent, mais bon ça a du mal à complètement compensé les lacunes de l’enquête.
Cela n’empêche pas ce roman d’offrir quelques surprises et quelques bons rebondissements, offrant un complot qui ne manque pas non plus d’attrait, mais voilà parfois un peu de difficulté est toujours bienvenue. Pareil concernant l’ambiance « légère » et pleine d’humour que cherche à mettre en avant l’auteur, j’ai qu’à moitié accroché. Alors après l’humour comme je l’ai déjà dit, ça dépend vraiment de chacun, mais là, certains aspects certes m’ont fait sourire, mais certains passages m’ont paru tellement éculé qu’ils perdaient de leurs charmes. Par contre on sent bien la douce ironie du super agent qui doit sauver le monde face au méchant psychopathe, l’auteur s’amuse clairement à retourner les codes de roman d’agent secret et le fait clairement ressentir au lecteur.
Concernant l’univers, déjà on va être clair, Bragelonne a proposé ce roman dans son mois du cuivre, on pouvait donc espérer du Steampunk, ce qui n’est pas tout à fait le cas. Certes on se retrouve bien plongé durant la période de l’Angleterre Victorienne, que ce soit dans les décors comme dans la façon de s’habiller, par contre on ne retrouve pas l’apparition prématurée de technologies futuristes ou différentes comme on pourrait s’y attendre. Au final on a plus un roman d’espionnage oscillant entre Londres et Naples à ce qui parait être l’époque du 19ème siècle, ce qui change quand même un peu la donne et pourrait surprendre quelques lecteurs qui chercheraient un roman Steampunk. Si on en revient à un polar, le Londres Brumeux qui nous est proposé offre un cadre assez intéressant pour les aventures de notre héros, et l’aspect décalé permet de s’y intéresser un minimum facilement. Je regretterai par contre un certain manque de profondeur, je ne sais pas trop comment le définir, mais même si le background n’est pas non plus mauvais, je ne l’ai pas non plus trouvé énormément palpable comma pu l’être la ville de Londres dans d’autres romans. En gros il ne sert finalement que de simple image de fond, sans en chercher plus, alors qu’il se dégage un certain potentiel.
Concernant les personnages c’est peut-être là que tout risque de se jouer avec le lecteur. En effet le héros principal qu’est Lucifer est construit de telle façon pour, on va dire, s’imposer, éclipser les autres points ainsi que leurs lacunes. L’auteur construit ainsi un véritable personnage sans véritable morale, charismatique, percutant par ses visions et ses prises de positions. On sent clairement l’influence d’Oscar Wilde dans l’image de ce Dandy, auquel on a ajouté une grosse pincée de James Bond et une légère pincée d’irrévérence et d’humour, sauf que voilà, le personnage a bien réussi à m’intéresser, mais ne m’a pas non plus attaché ou fasciné et cela pour deux raisons. La première vient que j’ai trouvé que le héros finalement cabotinait de trop, c’est purement personnel mais là ou certains trouveront sûrement ça drôle et différent, j’ai simplement eu l’impression que parfois il en faisait des tonnes pour pas grand-chose. Le second point vient que finalement, et cela se ressent sur l’ensemble des personnages, ils manquent quand même un peu de profondeur. Qui est Lucifer Box? C’est un dandy libertin, agent secret et mauvais garçon, voilà c’est tout. Quid de ses sentiments, de ses envies, de sa vie, de son passé de ses émotions? Il faudra peut-être attendre la suite pour en apprendre plus, mais je trouve cela dommage.
La plume de l’auteur se révèle énergique, simple et assez efficace, on ne peut pas nier que l’ensemble possède un certains punch qui fait qu’on se laisse tout de même un minimum emporter par le récit malgré sa simplicité. Je ne nie pas que mettre ce livre en série ne manquerait pas non plus d’attrait et surtout permettrait de rendre l’ensemble plus « intense », masquant par la même occasion certaines lacunes ressenties, mais voilà je n’attends pas obligatoirement les même choses d’un roman que d’un épisode d’une série télé. Cela ne veut pas dire que l’ensemble est mauvais, il reste divertissant, mais voilà j’avoue que j’en espérais quand même plus. La suite, si jamais elle est publiée, ne fera pas parti de mes priorités de lectures je pense, même si, un jour je pourrai me laisser tenter tout de même pour voir si l’auteur fait évoluer son personnage principal.
En Résumé : Je ressors de ma lecture avec un sentiment mitigé, certes l’ensemble se lit assez facilement possédant une énergie telle qu’on s’intérese aux aventures du héros, mais voilà j’en attendais plus. L’intrigue, déjà, m’a paru un peu trop simpliste, voir par moment caricaturale, avec quelques deus ex machina frustrants. Certes elle reste fun et entrainante et surtout possède un côté décalé et cynique intéressant, mais cela n’arrive pas à cacher complètement les lacunes de l’histoire à mon goût. L’univers, déjà pour clarifier les choses, n’est pas stempunk, ensuite même s’il reste plaisant, je trouve que son potentiel n’est pas assez exploité à mon goût. Concernant les personnages, soit on s’accroche totalement à Lucifer Box et on oublie le reste, soit comme moi on n’est pas complètement fasciné par le personnage. Oh attention il est charismatique, sans morale et percutant, mais voilà j’apprécie les personnages avec un minimum de profondeur et là j’avoue que les protagonistes du roman en manque. La plume de l’auteur se révèle simple, assez efficace et entrainante. La suite ne fait pas parti de mes priorités, même si pourquoi pas un jour me laisser tenter pour savoir comment l’auteur fait évoluer son héros.
Ma note : 6/10