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Lucifer Box Tome 1, Le Club Vesuvius – Mark Gatiss

le club vesuviusRésumé : Portraitiste de talent, dandy, bel esprit, mauvais garçon… et le plus irrésistible des agents secrets de Sa Majesté. Lorsque les meilleurs scientifiques du royaume sont mystérieusement assassinés, Lucifer se lance dans une enquête trépidante, des clubs de gentlemen londoniens aux bas-fonds volcaniques de Naples, tout en déterminant la façon la plus seyante de porter un œillet blanc à sa boutonnière. Une immersion étourdissante dans les arcanes d’un ordre occulte aux pratiques décadentes – et de ses secrets les plus sulfureux.

Edition : Bragelonne

 

Mon Avis : J’avoue que je me suis laissé tenter par ce roman pour la simple et bonne raison que l’auteur est Mark Gatiss. Pour situer un peu cette personne, pour ceux qui ne le connaitrait pas, il est Mycroft dans la série Sherlock Holmes ainsi que son co-créateur et son co-producteur, il a aussi écrit des épisodes de Doctor Who, des livres, et y a même joué quelques rôles. Deux séries que je suis assidûment. J’étais donc assez curieux de savoir ce qu’il allait bien pouvoir nous proposer en tant qu’auteur. Bon, je ne vais pas le nier non plus, je pense que je me serai tout de même penché sur ce livre, publié lors du mois du cuivre de Bragelonne, qui se révèle un magnifique objet et possède une couverture, illustrée par Noëmie Chevalier, que je trouve vraiment joli et des illustrations intérieures qui apportent un plus.

Une chose est sûre les premières pages démarrent sur les chapeaux de roues, il faut dire que le personnage de Lucifer Box se révèle quand même fascinant par son côté irrévérencieux, dandy, imbu de lui même et de son talent d’artiste. Il nous happe ainsi dans son histoire tant le début est nerveux, cynique, sans concession et efficace. Puis on découvre qu’en fait notre héros est un agent secret et qu’il se retrouve à devoir enquêter sur la mort mystérieuse de brillants savants. Et à partir de là, je dois bien avouer que le soufflé retombe un peu, car sans non plus se révéler mauvais, je n’ai pas non plus été complètement embarqué par le récit. L’intrigue repose sur des meurtres mystérieux qui aurait franchement mérité un peu plus d’aspect dramatique, plus d’intensité et surtout plus de complexité. Car c’est un peu finalement le gros soucis que je reproche à l’intrigue, elle parait par certains moments caricaturale, trop simpliste parfois dans sa résolution et repose un peu trop sur quelques deus ex machina frustrants. Alors certes, l’auteur compense cela par une débauche d’énergie et un personnage totalement décalé et impertinent, mais bon ça a du mal à complètement compensé les lacunes de l’enquête.

Cela n’empêche pas ce roman d’offrir quelques surprises et quelques bons rebondissements, offrant un complot qui ne manque pas non plus d’attrait, mais voilà parfois un peu de difficulté est toujours bienvenue. Pareil concernant l’ambiance « légère » et pleine d’humour que cherche à mettre en avant l’auteur, j’ai qu’à moitié accroché. Alors après l’humour comme je l’ai déjà dit, ça dépend vraiment de chacun, mais là, certains aspects certes m’ont fait sourire, mais certains passages m’ont paru tellement éculé qu’ils perdaient de leurs charmes. Par contre on sent bien la douce ironie du super agent qui doit sauver le monde face au méchant psychopathe, l’auteur s’amuse clairement à retourner les codes de roman d’agent secret et le fait clairement ressentir au lecteur.

Concernant l’univers, déjà on va être clair, Bragelonne a proposé ce roman dans son mois du cuivre, on pouvait donc espérer du Steampunk, ce qui n’est pas tout à fait le cas. Certes on se retrouve bien plongé durant la période de l’Angleterre Victorienne, que ce soit dans les décors comme dans la façon de s’habiller, par contre on ne retrouve pas l’apparition prématurée de technologies futuristes ou différentes comme on pourrait s’y attendre. Au final on a plus un roman d’espionnage oscillant entre Londres et Naples à ce qui parait être l’époque du 19ème siècle, ce qui change quand même un peu la donne et pourrait surprendre quelques lecteurs qui chercheraient un roman Steampunk. Si on en revient à un polar, le Londres Brumeux qui nous est proposé offre un cadre assez intéressant pour les aventures de notre héros, et l’aspect décalé permet de s’y intéresser un minimum facilement. Je regretterai par contre un certain manque de profondeur, je ne sais pas trop comment le définir, mais même si le background n’est pas non plus mauvais, je ne l’ai pas non plus trouvé énormément palpable comma pu l’être la ville de Londres dans d’autres romans. En gros il ne sert finalement que de simple image de fond, sans en chercher plus, alors qu’il se dégage un certain potentiel.

Concernant les personnages c’est peut-être là que tout risque de se jouer avec le lecteur. En effet le héros principal qu’est Lucifer est construit de telle façon pour, on va dire, s’imposer, éclipser les autres points ainsi que leurs lacunes. L’auteur construit ainsi un véritable personnage sans véritable morale, charismatique, percutant par ses visions et ses prises de positions. On sent clairement l’influence d’Oscar Wilde dans l’image de ce Dandy, auquel on a ajouté une grosse pincée de James Bond et une légère pincée d’irrévérence et d’humour, sauf que voilà, le personnage a bien réussi à m’intéresser, mais ne m’a pas non plus attaché ou fasciné et cela pour deux raisons. La première vient que j’ai trouvé que le héros finalement cabotinait de trop, c’est purement personnel mais là ou certains trouveront sûrement ça drôle et différent, j’ai simplement eu l’impression que parfois il en faisait des tonnes pour pas grand-chose. Le second point vient que finalement, et cela se ressent sur l’ensemble des personnages, ils manquent quand même un peu de profondeur. Qui est Lucifer Box? C’est un dandy libertin, agent secret et mauvais garçon, voilà c’est tout. Quid de ses sentiments, de ses envies, de sa vie, de son passé de ses émotions? Il faudra peut-être attendre la suite pour en apprendre plus, mais je trouve cela dommage.

La plume de l’auteur se révèle énergique, simple et assez efficace, on ne peut pas nier que l’ensemble possède un certains punch qui fait qu’on se laisse tout de même un minimum emporter par le récit malgré sa simplicité. Je ne nie pas que mettre ce livre en série ne manquerait pas non plus d’attrait et surtout permettrait de rendre l’ensemble plus « intense », masquant par la même occasion certaines lacunes ressenties, mais voilà je n’attends pas obligatoirement les même choses d’un roman que d’un épisode d’une série télé. Cela ne veut pas dire que l’ensemble est mauvais, il reste divertissant, mais voilà j’avoue que j’en espérais quand même plus. La suite, si jamais elle est publiée, ne fera pas parti de mes priorités de lectures je pense, même si, un jour je pourrai me laisser tenter tout de même pour voir si l’auteur fait évoluer son personnage principal.

En Résumé : Je ressors de ma lecture avec un sentiment mitigé, certes l’ensemble se lit assez facilement possédant une énergie telle qu’on s’intérese aux aventures du héros, mais voilà j’en attendais plus. L’intrigue, déjà, m’a paru un peu trop simpliste, voir par moment caricaturale, avec quelques deus ex machina frustrants. Certes elle reste fun et entrainante et surtout possède un côté décalé et cynique intéressant, mais cela n’arrive pas à cacher complètement les lacunes de l’histoire à mon goût. L’univers, déjà pour clarifier les choses, n’est pas stempunk, ensuite même s’il reste plaisant, je trouve que son potentiel n’est pas assez exploité à mon goût. Concernant les personnages, soit on s’accroche totalement à Lucifer Box et on oublie le reste, soit comme moi on n’est pas complètement fasciné par le personnage. Oh attention il est charismatique, sans morale et percutant, mais voilà j’apprécie les personnages avec un minimum de profondeur et là j’avoue que les protagonistes du roman en manque. La plume de l’auteur se révèle simple, assez efficace et entrainante. La suite ne fait pas parti de mes priorités, même si pourquoi pas un jour me laisser tenter pour savoir comment l’auteur fait évoluer son héros.

 

Ma note : 6/10

Les Enfants de L’Eau Noire – Joe R. Lansdale

les enfants de l'eau noireRésumé : Texas, années 1930.
Élevée dans la misère au bord de la Sabine, qui s’écoule jusqu’aux bayous de Louisiane, May Linn, jolie fille de seize ans, rêve de devenir star de cinéma. Un songe qui s’achève brutalement lorsqu’on repêche dans le fleuve son cadavre mutilé. Ses jeunes amis Sue Ellen, Terry et Jinx, en rupture familiale, décident alors de l’incinérer et d’emporter ses cendres à Hollywood. May Linn ne sera jamais une star, mais au moins elle reposera à l’endroit de ses rêves…
Volant un radeau mais surtout le magot d’un hold-up, la singulière équipe s’embarque dans une périlleuse descente du fleuve, le diable aux trousses. Car non seulement l’agent Sy, flic violent et corrompu, les pourchasse, mais Skunk, un monstre sorti de l’enfer, cherche à leur faire la peau. Quand vous décidez de faire vôtres les rêves d’un autre, ses pires cauchemars peuvent aussi profiter du voyage…

Edition : Denoël Sueurs Froides (paru le 03/09/2015)
Traducteur : Bernard Blanc

 

Mon Avis : J’ai découvert cet auteur il y a peu, en lisant un recueil de nouvelles en anglais, où il proposait un texte fantastique accrocheur, simple et légèrement dérangeant, qui m’avait offert au final un bon moment de lecture. Puis, par hasard, quelques jours plus tard on m’a proposé de découvrir il y a peu son dernier roman publié en VF. Je n’ai donc pas mis longtemps avant d’accepter, histoire de me rendre compte de ce que pouvait proposer l’auteur dans un plus grand format.

On plonge ainsi dans ce récit en plein Texas des années 30, après la grande dépression, où un groupe de trois jeunes ont l’idée un peu folle d’incinérer une de leur amie, qui vient de se faire assassiner de façon tragique et dans l’indifférence totale, et d’amener ses cendres à Hollywood, elle qui toujours rêvé d’être une star. Cela va surtout permettre à ces trois adolescents de fuir une région mortifère ainsi que leurs soucis familiaux. J’avoue qu’une fois la dernière page tournée, j’ai trouvé ma lecture assez sympathique, mais il lui manquait quelque chose pour vraiment se révéler marquante, comme si les idées de l’auteur manquait de développement pour vraiment me toucher. Je m’explique. L’histoire reprend un peu les classiques du roman noir cherchant, à travers la fuite en avant de ces adolescents, à nous offrir une vision acerbe et sans concession de cette société. Surtout on peut remarquer que l’auteur se plait à s’amuser avec le lecteur, construisant finalement de façon discrète son histoire comme un « conte » avec ses rebondissements et ses rencontres marquantes, qui possède pourtant un fond un minimum profond et vient amener ainsi cette évolution, cette quête initiatique qui va transformer les héros que ce soit en bien ou en mal et qui n’est pas sans rappeler, de façon ténue je l’avoue, Huckleberry Finn. On se laisse ainsi porter par ce récit qui, certes, n’oublie pas non plus comme tout roman noir d’offrir rebondissements, rythme nerveux et sombre ainsi qu’un road trip qui fait que le lecteur tourne les pages avec un minimum d’envie d’en apprendre plus sur nos héros et sur leurs aventures, le tout porté par une ambiance d’époque prenante et légèrement dérangeante à souhait.

Mais voilà ce qui m’a empêché d’être vraiment captivé et happé par ce récit, c’est que l’auteur ne m’a jamais paru aller au bout de ce qu’il met en avant. Pourtant il y a de quoi faire avec cette Amérique en pleine dépression, où la police fédérale n’en est qu’à ses balbutiements et où la justice se limite à un shérif local faisant régulièrement ses propres lois. On parle d’une période où les minorités ethniques sont à peine tolérées, où la position de la femme tourne autour de « sois belle et tais-toi » avec toutes les violences que ça peut engendrer, surtout que la vie n’est pas rose, le crash de 1929 est passé par là, les gens ont à peine de quoi survire et sombrent souvent dans la violence, l’alcool ou encore l’oubli. On ressent tous ces éléments dans ce roman, mais on l’impression que l’auteur ne fait que les survoler, entre l’homosexualité, le manque de respect entre les noirs et les blancs principalement au Texas ou encore la relation familiale dans son ensemble ça m’a paru manquer de profondeur. Comme je l’ai dis ce n’est pas mauvais, mais il y avait la place pour faire tellement plus que, même si je ne regrette pas ma lecture qui se révèle divertissante, j’en suis quand même légèrement frustré. Je fais un peu le même constat concernant les ressorts narratifs qui doivent apporter leurs lots de stress, de nervosité et d’intensité qui, sans se révéler plats, manquent quand même de force pour vraiment marquer le lecteur. Je prend l’exemple de Skunk qui nous est quand même présenté comme limite un démon, sauf qu’une fois la dernière page tournée, bah bof, j’ai connu des méchants beaucoup plus charismatiques et qui donnent plus le frisson, même si par fulgurance Skunk ne laisse pas le lecteur non plus de marbre.

Concernant les personnages il se révèle intéressant à découvrir au fil du récit, ils arrivent à toucher le lecteur, dévoilant leurs faiblesse et leurs forces plus on avance dans l’histoire. Ils collent parfaitement à l’ambiance et à l’époque, nous offrant des héros en pleine mutation dans une époque qui va finalement connaitre de grands changements, que ce soit vis-à-vis de la foi, de leurs visions du monde, mais aussi de leurs rêves et de leurs envies. Simple besoin d’être acceptés tels qu’ils sont, d’être écoutés, d’être entendus ou de ne pas subir, ils possèdent tous d’une certaine façon leurs propres voix ce qui fait qu’on s’intéresse assez facilement un minimum à eux, malgré, c’est vrai, une légère proportion à tomber dans la caricature pour certains. La narration à la première personne, au plus proche de Sue Ellen joue aussi beaucoup dans l’attrait qu’on ressent pour les protagonistes, et sa façon de les voir, de les définir de façon pourtant très simple, mais efficace. Alors après c’est dommage que certains soient un peu sous-exploités à mon goût, ou auraient mérité un travail plus complet, je pense principalement à Skunk ou au prêcheur, mais rien de non plus dérangeant.

La plume de l’auteur se révèle finalement simple, efficace, collant parfaitement à l’époque avec ses tics de langage et son manque d’éducation et permet, je trouve, une immersion facile et rapide dans ce récit. Au finale un récit pas mauvais, qui m’a tout de même diverti, mais dont je pense, au vu du sujet, que j’attendais peut-être plus. Je lirai autre chose de l’auteur car il y a tout de même quelque chose qui s’en dégage et j’ai envie de voir ce qui ressort dans d’autres écrits.

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture assez sympathique avec ce roman qui nous plonge dans une histoire aux sud des États-Unis, post krash, en pleine dépression des années 30 qui se replie sur elle-même, où les minorités sont encore rejetés et haïs. Une histoire sombre, et plutôt efficace qui se laisse lire et dont on tourne les pages assez facilement pour en apprendre plus. Mais voilà j’avoue que j’attendais plus de ce récit, principalement devant tous les axes de développement qu’il y avait que ce soit sur l’époque, le racisme, le rejet, la violence ou encore la pauvreté qui, sans dire que l’auteur ne les développe pas, me paraissent ne rester qu’en surface à chaque fois. Les USA développées dans le fond se révèlent en tout cas intéressantes, offrant un background dense et sombre, qui se marie bien avec ce récit en forme de conte qui nous est présenté. Concernant les personnages, ils se révèlent intéressants à découvrir, l’auteur proposant un panel de personnages complexes, avec leurs forces et leurs faiblesses, même si certains auraient peut-être mérité plus comme le Prêcheur ou Skunk. La plume de l’auteur se révèle simple, efficace, collant au plus près des personnages et de l’époque. Au final un récit pas mauvais, divertissant, mais qui, pour moi, aurait pu proposer quelque chose de plus profond. Je lirai en tout cas d’autres écrits de l’auteur pour me faire un autre avis, car il y a du potentiel rien que dans l’ambiance et le style.

 

Ma Note : 6,5/10

Yellowstone – L. Albar

yellowstoneRésumé : Dans une Europe gangrénée par des états-policiers, les fascismes ethniques, la déroute citoyenne, recruté par le Bureau des enquêtes fédérales, Frank Malissol devient un flic d’élite. Envoyé à Paris, il est chargé d’une mission à haut risque : enquêter sur les dérives du Département de contrôle des Zones, ces no man’s lands où s’entassent les « Feujs », les « Barbus », les « Niaks » et les « Slavos ». Mais traquer les origines de l’explosion sociale a un prix : accepter d’être le poing de l’État ou son cerveau malade.
Et si cette apocalypse était pour demain, vous, vous qui n’êtes pas des flics, que feriez-vous à leur place ?

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Ce livre a un peu terminé sa course dans ma PAL par hasard, un peu sur un coup de tête. Lors de mes nombreux passages dans la librairie lors des Utopiales, j’ai été rapidement intrigué et attiré par la couverture de ce livre qui se révèle pourtant sobre. Après la lecture du résumé, accrocheur, qui annonçait un thriller futuriste, sombre, ainsi qu’une discussion avec l’auteur pour essayer de mieux situer le livre, j’ai donc décidé de tenter ma chance en le faisant rentrer dans ma bibliothèque.

Ce livre va alors nous plonger sur une terre futuriste où l’humanité et les nations s’entredéchirent de plus en plus, que ce soit pour leurs différences, comme pour leur besoin de montrer qu’ils sont les meilleurs. On se retrouve ainsi à suivre Frank Malissol, flic manipulé par les hautes instances, qui est obligé, pour sauver sa carrière, d’infiltrer la police française. J’avoue avoir finalement eu un peu de mal au début à me laisser happer par ce roman. C’est pas mauvais, mais je me sentais un peu perdu. Il faut dire que les cent premières pages ne laissent rien présager de l’intrigue, je n’arrivais pas vraiment à situer l’importance des personnages, ni les fils d’intrigues que cherchait à mettre en avant l’auteur. Certes ça permet clairement de mettre en avant l’univers et les héros, mais voilà j’avais l’impression que l’auteur cherchait à m’asséner ses idées sur les possibilités futurs de nos choix actuels, me matraquant à chaque page un univers sombre, violent, haineux et en pleine déliquescence, ce qui fait que par moment c’était tellement oppressant que j’en étais dérangé. Surtout que je suis le genre de lecteur qui aime réfléchir un minimum seul, pas besoin de jouer la surenchère pour tenter de me faire réagir ou pour m’ouvrir les yeux, c’est plutôt le genre à me bloquer, hors parfois c’est clairement ce que proposait cette première partie. Je comprends que l’auteur cherchait à planter la base de son histoire, mais plus dilué aurait sûrement, je pense, évité ce démarrage en dent de scie.

La suite va par contre se révéler beaucoup plus réussie et efficace. Notre héros va enfin se lancer dans son enquête et doucement, au fil des pages, les pièces du puzzle vont commencer à se mettre en place pour nous dévoiler une intrigue sociale, environnementale et politique de grande ampleur, le tout mené sans temps morts. On se retrouve ainsi plongé dans une enquête tentaculaire, mélange de thriller, de science-fiction voir même par moment de métaphysique, qui ne va pas manquer de happer le lecteur, le plonger avec un certain plaisir au milieu de jeux de manipulations, de pouvoir et de survie. Le tout est porté par des personnages réussis, denses, ambigus, ce qui empêche peut-être de complètement s’attacher à eux, mais on les comprend et d’une certaine façon les voir tenter de nager à travers toutes les horreurs et les mensonges qu’ils rencontrent cela les rend, d’une certaine façon, fascinants à suivre. Des personnages humains, qui font par moments des choix discutables et ont des visions liés à leurs évolutions, mais qui se révèlent toujours cohérents. Mon seul regret et qu’au départ on suit trois personnages Vlad, Frank et MC, très vite Vlad et Mc vont peu à peu être moins présent, ce qui est dommage, car il y avait peut-être le potentiel pour faire plus.

L’univers qui est développé ici est, comme je l’ai déjà dit, sombre, oppressant, voir même pessimiste. L’auteur est parti des pires tournants possibles de l’histoire pour nous dévoiler un avenir où la planète s’est peu à peu déchirée, consumé par une haine sans raison, qu’elle soit raciale, politique ou encore religieuse. Les clivages n’ont jamais été aussi importants, au bord de la rupture vers ce qui parait une nouvelle guerre. À côté de cela la planète continue à mourir, consumée par l’Homme et seule la conquête de l’espace offre un espoir. Un mince espoir tant les attentats gangrènent ces chantiers spatiaux et la course poursuite entre la Chine et les USA pour terminer son vaisseau le premier amène de nombreux coups bas. Voilà la Terre qui nous est présentée, une Terre sous respirateur artificiel qu’on continue à détruire sans réfléchir, un avenir sans espoir. L’auteur a-t-il raison? Je ne sais pas et vu l’actualité je ne répondrai pas, d’ailleurs là n’est pas, je pense, le propos. Non le propos de l’auteur est de retourner le lecteur, de le pousser à réfléchir, à essayer de se poser des questions, d’imaginer quel avenir on recherche. Après comme je l’ai dit, parfois l’auteur parait chercher plus le conflit que le débat, certaines idées paraissent un peu trop exacerbés, et parfois on peut tout simplement ne pas être d’accord, mais ça n’empêche pas de trouver des échos de la réalité dans ce futur sans espoir. À chaque lecteur de voir s’il accroché ou pas à la réalité de cet univers, ce qui influencera obligatoirement la lecture. J’aurai juste peut-être souhaite des aspects géopolitiques plus complets, l’auteur ne s’attardant finalement qu’en grande partie sur l’UE et un peu sur les USA et la Chine. Par contre, l’aspect technologique se révèle solide, plein de bonnes idées, même si un peu trop dense aussi, comme par exemple cet IRIA ou ce Quan qui ne paraissent qu’esquisser.

Après malgré les qualités de cette seconde partie j’ai quand même ressenti quelques imperfections comme par exemple parfois la facilité dont les informations arrivent jusqu’à notre héros, à croire qu’il n’a pas besoin d’enquêter ça lui tombe directe dans la main. Certains passages que l’auteur développe pour ne quasiment plus en parler par la suite, comme par exemple ce reportage TV qui va couler la couverture du héros mais qu’on oublie. Certains passages un peu trop bavards par moments ce qui crée quelques petites longueurs. Enfin j’ai eu aussi l’impression que l’auteur cherchait un peu par moment à trop en faire que ce soit dans le familier, les idées ou dans les anecdotes, à croire qu’il avait énormément de choses à mettre, mais pas toujours le liant pour parfaitement l’intégrer dans le récit.

La plume de l’auteur se révèle vraiment percutante, incisive et entrainante, malgré parfois un langage parfois un peu trop familier, avec son lot d’insultes facile, mais qui nous plonge facilement dans son récit. J’avoue au final avoir bien accroché à ce livre qui, certes, est loin d’être parfait, mais a réussi au moins à me faire réfléchir sur notre avenir, même si la vision qui nous est dévoilée ici est peut-être un peu trop pessimiste à mon goût sur certains points. À chacun de se faire son avis. En tout cas ce roman m’a donné envie de me laisser tenter par la trilogie Quantex de l’auteur pour voir ce qu’elle propose.

En Résumé : J’ai passé un plutôt bon moment de lecture avec ce roman et cela malgré un démarrage un peu laborieux, la faute à une centaine de pages dont on ne comprend pas bien les tenants et les aboutissants, plongé dans un monde sombre et sans espoir, cherchant plus à nous secouer qu’à vraiment offrir le débat. Puis l’intrigue commence à se mettre en place avec son lot de manipulations et de mensonges et je me suis retrouvé alors happé par cette enquête policière sans temps morts, efficace et prenante. Les personnages se révèlent cohérents, humains, ambigus et même s’il est parfois difficile d’être d’accord avec eux, ils sont efficaces. Je trouve juste dommage que deux des héros soient moins présents au fil des pages malgré leurs potentiels. L’univers présenté par l’auteur se révèle très sombre, violent, rempli de haines et de clivages sur une planète à bout de souffle. Un monde pessimiste qui fait qu’on se pose énormément de questions sur l’avenir, ce qui parait être le but premier du livre. Après je regrette quand même certaines facilités, quelques sous-intrigue mal gérées ainsi qu’une impression que parfois l’auteur cherche à trop en faire. Rien de bien gênant tant le livre remplit son rôle de nous faire réfléchir le tout porté par une plume incisive et entrainante. Maintenant j’ai bien envie de me laisser tenter par Quantex.

 

Ma Note : 7/10

L’Homme-Soleil – John Gardner

l'homme-soleilRésumé : Dans la petite ville de Batavia, en 1966, un homme partiellement défiguré inscrit AMOUR en lettres gigantesques sur le macadam d’Oak Street. À l’arrivée de la police, il réussit à détruire ses papiers d’identité. Emprisonné, l’inconnu se fait appeler l’Homme-Soleil. Après une évasion spectaculaire, il revient délivrer un de ses codétenus, mais un drame a lieu : un policier trouve la mort. Commence alors une chasse à l’homme au cours de laquelle, contre toute attente, la proie va devenir le chasseur. Qui est l’Homme-Soleil? Un étudiant anarchiste comme il le prétend? Un magicien fou qui voit le futur? L’incarnation du mal, comme le croit le chef de la police Fred Clumly?

Edition : Denoël Lunes D’Encre

 

Mon avis : J’ai découvert John Gardner il y a un an environ avec la lecture de Grendel, livre qui m’avait offert un excellent moment de lecture, offrant une perspective du monstre du poème de Beowulf assez fascinante, déroutante, étrange et même cynique, le tout à travers une plume superbe et entrainante (ma chronique ici). C’est donc sans surprise que ce roman, réédité en début d’année 2014, ait terminé son chemin dans ma PAL assez rapidement. Il faut aussi avouer que je trouve la couverture accrocheuse par son aspect finalement sombre et intriguant.

On se retrouve ici à suivre l’enquête du chef de la police, Fred Clumly, qui cherche à arrêter un homme qui se fait appeler l’Homme-Soleil, qui a déjà été emprisonner une première fois pour avoir tenter de peindre AMOUR en majuscule sur la route, mais qui a réussi à s’évader, avec un autre prisonnier, ce qui a causé la mort d’un policier. Alors autant le dire tout de suite ce roman parait se présenter, aux premiers abords, comme un Thriller mais finalement se révèle bien plus que cela. L’auteur, à travers un long travail dense, complexe et soigné sur près de 800 pages qui se révèlent touffus, nous offre finalement une vision d’une humanité en pleine transition entre les années 60 et les années 70, en plein doute face à l’avenir. À la fois drame familial, enquête policière, roman contemporain, introspection des personnages, réflexion philosophique et subtilités, l’auteur brasse les genres pour offrir ainsi une histoire qui ne se laisse pas facilement apprivoiser, le tout sur un rythme extrêmement lent, offrant finalement que peu de rebondissements, mais qui pourtant a réussi à me captiver.

Que ce soit par ses nombreuses réflexions, aussi bien sur la position des hommes et des femmes, sur le couple, sur la vie, mais aussi sur la guerre, plus précisément celle du Vietnam, sur le racisme ou bien encore sur la religion, mais également par son ambiance à la fois pesante, stressante, dévoilant des drames humains et qui restent d’actualité, ce roman ne laisse pas indifférent pour peu qu’on se laisse entrainer. Il se révèle sans concession, offrant ainsi une vision de l’Homme sans aucun artifice qui voit le monde changer autour de lui, mais qui pourtant possède encore en lui de nombreuses peurs ainsi que de nombreux doutes. Un travail soigné sur la société qui est clairement toujours d’actualité dans la façon par exemple d’imaginer les lois ou encore le pouvoir et l’influence des religions sur notre vie, ou bien sur le mariage. On a finalement ici un roman qui parait intemporel devant pas mal d’idées qui nous sont offerts, poussant le lecteur à se questionner, à se remettre en question et à remettre en question le monde actuel. Une vision qui est parfois peut-être un peu trop sombre, comme si l’auteur était lui-même possédé par des démons qu’il cherche à exorciser dans ses romans, mais rien de vraiment dérangeant non plus.

Ce roman n’est, selon moi, pas à mettre entre toutes les mains. Si vous cherchez du Thriller, une histoire qui possède un minimum de rythme ou qui se révèle plus qu’un simple constat humain et profond, oscillant entre loi et anarchie, alors passer votre chemin. Se lancer dans l’Homme-Soleil n’est pas chose aisée, même moi qui d’habitude possède un rythme de lecture soutenu, j’ai mis plus de temps à finir ce roman que d’autres de même taille, pas parce qu’il est lourd ou long, simplement car il demande une certaine assimilation. Il me parait impossible de lire ce livre d’une traite, voir en quelques jours à peine, régulièrement l’histoire demande à être « digérée », à être réfléchi. Certains trouveront sûrement cela indigeste, j’avoue que ça ne m’a pas le moins du monde dérangé.

Le point fort du récit, celui qui m’a véritablement fasciné, ce sont les personnages qui nous sont dessinés au fil des pages. Chacun possède une psychologie propre qui se révèle vraiment dense, profonde et soignée, lié autant à leurs environnements qu’à leurs propres évolutions. Il est assez fascinant de les voir changer, de voir leurs visions se transformer suite à l’apparition de cet Homme-Soleil, un peu comme un caillou qui fait des vagues quand on le lance dans l’eau ; il va clairement bouleverser la ville entière. L’ensemble est porté par deux personnages forts que sont le shérif Clumly et, justement, l’Homme-Soleil, principalement à travers leur dualité, représentant les deux faces d’une même pièce l’un représentant « L’ordre et la Loi » là où l’autre représente plus la subversion, d’une certaine façon le chaos. Deux visions complètement différentes, mais pas si idiotes, de notre monde, mais surtout, finalement, deux déments. Entre la folie déjà bien présente de cet inconnu qui cherche à se venger et à réveiller les consciences et cette lente plongée du shérif qui découvre que son monde, d’une certaine façon, s’effondre et ne sera plus jamais le même, ces deux héros passionnent et dérangent. Les autres personnages ne sont pas non plus en reste avec une mention spéciale pour Millie, présenté comme la garce, qui n’est finalement qu’une femme qui cherche a être libre dans une époque où c’est terriblement compliqué. Chaque personnage représente en fait l’une des nombreuses faces de l’humanité. Je regrette juste que un ou deux personnages secondaires paraissent ne pas servir à grand-chose mis à part développer des idées propres à l’auteur, qui certes ne manquent pas d’attrait, mais ont un peu de mal à vraiment s’imbriquer dans le récit.

L’ensemble possède tout de même quelques défauts, la frontière est mince entre un rythme très lent et des longueurs, une frontière que l’auteur quelques fois franchit, mais qui reste tout de même passager. Certains morceaux, je pense, auraient pu être condensés ce qui aurait permis à l’ensemble d’y gagner un peu plus en fluidité. Comme je l’ai dit les idées qui sont développées ne manquent pas de fasciner et restent surtout contemporaines, mais il arrive que certaines réflexions aient un peu vieillis, paraissent un peu obsolètes par rapport aux différents changements survenus depuis des années, ce qui rend alors le propos un peu désuet. Mais bon rien de non plus bloquant ou dérangeant.

La plume de l’auteur se révèle clairement dense, fascinante, riche, soignée, vivante, jouant avec différents styles et présentations pour mieux surprendre le lecteur, offrant ainsi un travail intelligent et empli de réflexions qui ne manquent pas de faire réfléchir. L’homme-Soleil se révèle être un roman dur à classer et encore plus dur à conseiller. J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman, qui ne se laisse pas si facilement amadouer, mais dont j’ai trouvé une certaine force et surtout une certaine beauté dans ce qu’il offre. Maintenant je laisse au lecteur de cette chronique décider s’il se trouve tenter ou non par la découverte de ce livre, j’aurai du mal à le conseiller à moins de bien vous connaitre. Par contre, je me pose la question du parti pris de publier ce récit chez Lunes D’Encre qui me parait plus être le label Imaginaire de l’éditeur, alors qu’il n’y en a finalement pas. En tout cas je lirai sans soucis d’autres textes de l’auteur.

En Résumé : L’Homme-Soleil fait partie de ces romans qu’il est difficile de conseiller et de chroniquer, offrant quelque-chose de complètement différent qu’un simple thriller, cherchant ainsi à soulever de nombreuses réflexions sur une humanité en perpétuel changement, pleine de contradiction et aussi à offrir une image, parfois glaçante, de la société. Un roman au rythme particulièrement lent, qui ne cherche pas à surprendre son lecteur, mais plus à le faire raisonner, à l’obliger à se questionner continuellement, offrant au fil des pages, et sans aucune fioriture, de nombreux drames humains le tout porté par des personnages qui se révèlent fascinants et soignés. J’ai passé un bon moment de lecture avec ce livre, mais si vous cherchez un récit un minimum énergique, ou si les romans aux idéologies denses et complexes vous rebutent je pense que vous pouvez passer votre chemin. Alors tout n’est pas parfait non plus, l’auteur tombe parfois dans les longueurs, certaines réflexions ont un peu vieilli, ou encore certains personnages secondaires ont du mal à complètement captiver, mais rien de très bloquant non plus. La plume de l’auteur se révèle riche et fascinante, jouant avec les styles pour mieux dérouter le lecteur et, d’une certaine façon, le happer. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

Goodbye Billy – Laurent Whale

goodbye billyRésumé : 14 juillet 1881, Old Fort Sumner. Lorsque la nuit tombe sur ce coin perdu du Nouveau-Mexique, l’Ouest américain ne le sait pas encore, mais on va l’amputer d’une légende. Tapi dans l’ombre, Billy the Kid attend son heure. Dans quelques secondes, ses actes changeront à jamais le cours de l’Histoire.
Décembre 2012, Washington, bibliothèque du Congrès. Un archiviste examine un exemplaire du Miami Chronicle daté de 1934. Soudain, une photo retient son attention : les revenants existeraient-ils ?
Tandis que les sbires d’un candidat à la présidence suppriment les dossiers compromettants de leur employeur, un groupe d’historiens de choc, dirigé par Richard Benton, se met en quête de la vérité. Quel lien unit donc un jeune hors-la-loi du XIXe siècle à un requin politique de l’ère spatiale ?
Dick Benton et son équipe feront l’impossible pour le savoir.

Edition : Critic

 

Mon Avis : De Laurent Whale j’ai à peu près lu tous ses romans, il ne me manque que la lecture du livre Le Chant des Psychomorphes pour que ce soit le cas, et je dois bien avouer que je n’ai jamais été déçu tant il offre des histoires énergiques et entrainantes. D’ailleurs ce livre manquant m’attends dans la PAL de la Marmotte, je ne devrais donc pas trop tarder. C’est donc sans surprise que je me suis laissé tenter par son dernier roman qui, en plus, change des habitudes, puisqu’il ne s’agit pas ici de Science-Fiction, mais de Thriller historique. J’avais donc hâte de voir ce qu’allait bien pouvoir proposer l’auteur. En tout cas l’illustration de couverture met directement dans l’ambiance ; cela va être western. Attention par contre au risque de spoiler.

L’idée de construire son récit sur le fait que Billy the Kid ne serait finalement pas mort sous les balles du shérif Garrett en 1881, ce qui aurait alors engendré un lien avec la famille d’un homme politique américain en 2013 candidat aux élections américaines, s’annonçait comme quelque chose d’intrigant et de très intéressant. Pourtant j’ai eu du mal à complètement m’accrocher au démarrage de cette histoire. Autant la partie historique, très western, se révèle entrainante et énergique avec son lot de fusillade et d’action, autant la période contemporaine avec la présentation de l’équipe d’historiens et de Dick Benton m’a paru trop caricaturale.

Pour présenter les choses Dick Benton est un ancien du FBI mis au placard qui se retrouve à diriger une équipe de rats de bibliothèque composé d’une génie de l’informatique à qui aucun système ne résiste (bien entendu), une punkette dont il ne faut pas se fier aux apparences et un ancien, roi de la fouille sur archives. Dans les années 90 ce mélange de X-files et de Lone Gunmen, la SF en moins, m’aurait accroché, aujourd’hui je trouve que cela fait un peu caricatural, surtout que l’auteur vient nous sortir LA révélation qui pose l’équipe ; elle a résolu le meurtre de Kennedy le tout en toute discrétion, car une telle bombe ne peut être révélée au public. Trop dangereux. Bon ok, ça démarre fort, j’en suis à la page 40. J’avoue que là, personnellement je me suis senti dans le syndrome de trop de révélations et de complots tue la révélation.

Heureusement tout cela va rapidement passer au second plan et j’ai alors retrouvé dans cette histoire ce que j’étais venu chercher. Une intrigue bourré adrénaline et d’action, qui ne prend pas le temps de laisser souffler le lecteur, de réfléchir et encore moins de se reposer. On y retrouve d’ailleurs la patte de l’auteur nous proposant des chapitres courts, énergiques, efficaces et qui font que le lecteur se trouve à tourner les pages alignant rebondissements, révélations, courses poursuites et fusillades le tout de façon percutante et sans fioritures. L’auteur joue d’ailleurs facilement avec son lectorat entremêlant ces deux histoires de façon captivante, pour ne jamais trop en dévoiler sans non plus perdre son lecteur.

On voit d’ailleurs qu’il connait parfaitement les règles du thriller, les retranscrivant de façon réussie et performante, même si je lui reprocherai peut-être d’un peu trop les user par moment, cherchant à prendre trop de temps pour dévoiler certains plans ou certaines révélations. De plus l’auteur s’offre aussi quelques facilités, que j’ai déjà aussi retrouvé dans d’autres romans, comme par exemple la présence du génie en informatique qui peut aller partout, espionner partout ce qui débloque bien trop facilement certaines situations avec juste son petit PC, mais qui parallèlement n’arrive pas à retrouver l’IP cachée d’un mail. Mais ce ne sont que des détails qui sont finalement balayés tant je me suis retrouvé emporté. On y retrouve aussi une critique de la société souvent acerbe et percutante, même si parfois ce sentiment de colère et d’injustice que retranscrit l’auteur au travers de ses lignes est un peu trop présent.

Concernant les personnages, malgré comme je l’ai dit un démarrage un peu compliqué, je les ai trouvé clairement vivants, prenants et entrainants. On se retrouve à suivre avec envie les nombreuses péripéties et aventures qui leurs tombent dessus. L’équipe va finalement se dévoiler plus complexe que le début le laisser présager et même si certains héros ont un air de déjà-vu l’auteur arrive à faire qu’on s’intéresse à eux. Le personnage qui sort, selon moi, du lot c’est Billy le Kid, présentant un protagoniste plus futé et intelligent qu’on le croit. Le héros, Richard Benton, se révèle aussi très intéressant à suivre, possédant ses forces et ses faiblesses et devant effectuer des choix pas toujours faciles. Par contre je n’ai jamais réussi a accrocher à Antonia, mis à part sa capacité à pirater les PC et apporter des informations j’ai trouvé que l’auteur cherchait à la rendre trop mystérieuse sans jamais, justement, lui offrir assez de profondeur pour captiver.

L’atmosphère nerveuse et bourré d’adrénaline qui est construite au fil du récit est bien porté par des dialoguer percutants et vif, malgré parfois c’est vrai un peu trop de tout de passe-pas pour ne pas trop dévoiler d’informations. On retrouve aussi dans ce roman une passion de l’auteur, les avions, que j’avais déjà remarqué dans Les Étoiles s’en Balancent, et qui se révèle toujours aussi intéressante à découvrir, apportant un plus à l’ensemble, le tout sans non plus perdre le lecteur dans trop d’explications ou de descriptions. L’ambiance western se révèle elle aussi réussie, on a l’impression de s’y retrouver plongé, entourer de fusillades, de saloon et d’alcool.

Je regrette par contre que l’auteur en fasse parfois un peu top dans les scènes qu’il met en place, je pense principalement à la scène de diversion qui m’a paru quand même manqué clairement de crédibilité, ce que j’ai trouvé dommage. Ensuite le jeu de piste concernant Billy le Kid à l’air de mettre en jeu plusieurs acteurs, je ne comprends donc pas pourquoi l’auteur nous rajoute une sous-intrigue secondaire concernant un détenu condamné à mort. Certes elle va influencer un personnage, mais franchement elle n’a jamais réussi à me captiver, surtout qu’elle n’apporte rien à l’intrigue principale, linéaire et facilement devinable. Peut-être que l’auteur voulait offrir une critique sur la peine de mort aux USA, mais franchement, l’ensemble n’a jamais réussi à me toucher. Dommage. Heureusement que cette intrigue secondaire soit assez court au final.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi entrainante, explosive et vivante, offrant ainsi ici un thriller des plus haletant, certes qui possède ses défauts, mais qui se lit facilement et sans temps morts. Une lecture qui colle aussi parfaitement avec la période de « lecture d’été, très divertissante. Si l’auteur décide de construire une suite à cette équipe de « Rats de bibliothèque » je la lirai aussi sans soucis en sachant que je ne devrai pas m’ennuyer.

En Résumé : J’ai donc passé un moment de lecture sympathique et efficace avec ce roman qui, malgré un démarrage un peu caricatural à mon goût, nous offre une intrigue entrainante, explosive, bourrée d’adrénaline et sans temps morts. L’auteur connait parfaitement les codes du Thriller et les réutilise de façon réussie, même si parfois, c’est vrai, il en fait un peu trop dans les rebondissements et les surprises, tout en offrant une critique de la société percutante. Les personnages, malgré un démarrage un peu compliqué, se sont révélés intéressant à suivre même si je n’ai pas réussi à accrocher à Antonia. Je regrette juste une courte intrigue secondaire auquel je n’ai jamais accroché et certains passages qui me paraissaient manque de crédibilité. L’univers western sur la partie de Billy The Kid se révèle immersive et la passion de l’auteur pour les avions apporte un véritable plus. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi vive, explosive et captivante, happant le lecteur entre courses poursuites et explosions. Au final on a là un Thriller historique qui remplit de façon efficace son rôle de divertissement et si l’auteur propose d’écrire une suite sur cette équipe de « rats de bibliothèque » je la lirai sans soucis en sachant que je ne m’ennuierai pas.

 

Ma Note : 7/10

 

Autres avis : Les Mandragores, Boudicca, Dup, …

Cent Visages – Thomas Geha

cent visagesRésumé : 2025, aux environs d’Évry. Adolescent, Gregor appartient à la frange marginalisée de la population. Alors qu’il pénètre dans un entrepôt en quête de nourriture, il surprend le criminel Cent Visages et est agressé par un inconnu qui lui injecte un produit dans le bras. Gregor s’échappe grâce à une clandestine qui lutte contre le pouvoir autoritaire en place et l’entraîne à Paris chez les militants de la Capucine. Mais ne cherchent-ils pas à l’instrumentaliser ? Et quels liens les relient à Cent Visages ?

Edition : Rageot

 

Mon Avis : Si vous suivez régulièrement mon blog, vous avez dû vous rendre compte que j’apprécie énormément les écrits de Thoma Geha qui a toujours su m’emporter par des récit entrainants, efficaces et souvent sans temps morts. Ce n’est donc pas une surprise si le dernier roman de l’auteur a rejoint ma PAL il y a peu, surtout que le quatrième de couverture laissait entrevoir une histoire haletante et pleine de péripéties, tout en espérant que l’aspect jeunesse ne soit pas trop bloquant. À noter une couverture assez intrigante avec ce visage masqué qui donne envie d’en apprendre un peu plus. Pour information concernant le blog il s’agit de mon 600ème article et, pour être précis, ma 530ème chronique.

Thomas Geha nous plonge ici dans un roman jeunesse mélange, de Thriller et de Science-Fiction, qui nous fait suivre la course poursuite de Grégor, jeune réfrac, rejeté par la société, après avoir croisé le chemin du plus grand criminel : Cent Visages. À partir de là tout va s’enchaîner et la vie du héros va se retrouver complètement chambouler. Une chose est sûr c’est que dès la première page le lecteur se retrouve complètement happé, embarqué, captivé et se met à tourner les pages avec plaisir et envie d’en apprendre plus. En effet l’auteur nous offre une histoire qui se révèle explosive, haletante, sans temps morts où il maîtrise à la perfection l’art de la surprise et du rebondissement pour ne jamais ennuyer où perdre le lecteur. Entre survie, complots, jeux de pouvoir et courses-poursuites explosives, on sent bien qu’il contrôle parfaitement son intrigue, jouant aussi avec le lecteur à travers des fausses pistes ou des retournements de situations qui viennent remettre en cause sa vision de l’histoire. Rien n’est laissé au hasard.

Concernant l’univers, l’auteur nous offre clairement un monde futuriste loin d’être rose et pourtant terriblement réaliste, surtout avec un fort aspect social qui devrait faire réfléchir plus d’un lecteur. Entre le rejet de certaines minorités, l’obligation d’accepter la biométrie sous peine d’être banni ou bien encore l’importance du vote, l’auteur brasse énormément d’idées de façon efficace, facile d’accès et qui font forcément un rappel à notre monde actuel. Un univers choc et vraiment efficace où les dérives politiques ont créé un clivage entre les populations les plus aisées qui continuent à s’enrichir et les autres complètement à la marge et invisibles qui doivent subir sans que jamais personne ne s’interroge vu que, légalement, ils n’existent pas. L’ensemble est aussi bien porté par l’aspect futuriste qui nous offre énormément de nouvelles inventions technologiques tel que les ordinateurs holographiques, les nanotechnologies, les clés usb à reconnaissances tactiles etc… Un univers qui possède une certaine densité et une certaine richesse même si, roman court oblige, j’aurai aimé en apprendre plus sur certains aspects, principalement politiques, dont le sujet est parfois juste survolé; des questions restant en suspend. Je reprocherai par contre peut-être juste certaines technologies un peu trop « pratiques » et qui aident un peu trop parfaitement nos héros.

Concernant les personnages l’auteur nous offre un panel de protagonistes qui sont loin d’être caricaturaux, se révélant même régulièrement complexes. Ils se révèlent tous soignés et travaillés et surtout nous entraînent de façon prenante et visuelles dans leurs péripéties. Entre Grégor qui ne cherchait qu’à survivre tranquillement avec sa mère adoptive et qui va se retrouver mêler à quelque chose qui le dépasse complètement, mais qui, pourtant, va tout faire pour s’en sortir, ou encore Koudelc pour qui la vengeance contre Cent Visages est son seul objectif et elle fera tout pour l’obtenir ou bien aussi Cent Visages, justement, criminel énigmatique qui porte un masque et dont les actions amènent énormément de questions. À noter d’ailleurs le jeu de mot qu’on retrouve de temps en temps justement sur « cent » (« sans ») visages qui est lié aussi, selon moi, une réflexion sur l’identité de chacun. Les différents personnages sont loin d’être manichéens mettant parfois facilement en avant leurs envies personnelles et leurs jeux de pouvoirs sans se soucier de la situation et des autres, ce qui les rend intéressants et surtout légèrement complexes à juger.

Alors après, j’avoue, j’ai trouvé quelques défauts ici ou là. Si on oublie le côté jeunesse qui fait que certaines révélations se révèlent trop simplistes et certaines rencontres un peu trop faciles, j’avoue j’ai surtout quelques regrets concernant la conclusion. Elle se révèle trop rapide, avec son Deus Ex Machina un peu trop flagrant et aussi peut-être un peu trop bavarde à mon goût. Attention, elle n’est pas non plus mauvaise, collant parfaitement à cet aspect nerveux et entrainant présent depuis le début du livre, mais voilà une fois la dernière page tournée j’étais tout de même légèrement frustré, car j’attendais peut-être un peu plus. Malgré cela j’ai tout de même passé un bon moment de lecture et ne suis pas déçu de ce roman.

La plume de l’auteur se révèle vraiment simple, fluide et dynamique venant vraiment happer le lecteur pour ne plus le lâcher. Surtout, comme je l’ai dit, il plonge littéralement jeunes et moins jeunes dans un univers qui ne peut que faire réfléchir et réagir, tout en maintenant en alerte le lecteur à coup d’explosion et de scènes d’action. Au final j’ai donc passé un bon moment de lecture avec ce roman, malgré certes une conclusion qui ne m’a pas totalement accrochée, et c’est de nouveau sans soucis et avec grand plaisir que je me lancerai dans la lecture d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui nous plonge dans une histoire haletante, sans temps morts et rempli d’explosion et de courses-poursuites. L’auteur maîtrise parfaitement bien ses surprises et ses rebondissements ce qui fait que le lecteur se retrouve rapidement happé par le livre pour ne plus le lâcher. Mais surtout l’auteur nous offre aussi un univers SF vraiment efficace et qui pousse énormément à la réflexion, aussi bien les jeunes que les moins jeunes, que ce soit sur l’identité, la politique, le rejet des autres, le clivage des communautés etc… Un univers choc vraiment réussi même si certaines inventions favorisent un peu trop nos héros je trouve. Concernant les personnages ils se révèlent vraiment complexes, soignés et surtout évitent tout manichéisme mettant en avant des héros face à des décisions compliquées et pas toujours à l’avantage de la situation, ce qui les rend vraiment intéressants. Mon seul regret concernant ce récit vient de la conclusion que je trouve un peu trop rapide, bavarde et repose sur un Deus Ex Machina un peu trop flagrant. Mais franchement rien de non plus gênant tant j’ai été pris par le récit bien porté par une plume simple, dynamique et entrainante. Je lirai sans soucis d’autres romans de l’auteur.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Lune, Phooka, etc…

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