substance mortRésumé : Dans une Amérique imaginaire livrée à l’effacement des singularités et à la paranoïa technologique, les derniers survivants de la contre-culture des années 60 achèvent de brûler leur cerveau au moyen de la plus redoutable des drogues, la Substance Mort.
Dans cette Amérique plus vraie que nature, Fred, qui travaille incognito pour la brigade des stups, le corps dissimulé sous un «complet brouillé», est chargé par ses supérieurs d’espionner Bob Actor, un toxicomane qui n’est autre que lui-même.
Un voyage sans retour au bout de la schizophrénie, une plongée glaçante dans l’enfer des paradis artificiels.

Edition : Denoël

Poche : Folio SF

 

Mon Avis : Je continue ma lente replongée dans la bibliographie ainsi que dans l’univers de Philip K. Dick, un des grands auteurs de la Science-Fiction. Je suis tombé un jour sur ce livre et j’ai décidé de le faire rejoindre ma PAL, ayant vu vaguement le film et n’ayant pas complètement accroché je voulais voir ce que pouvait donner le livre dont il était tiré. Je dois bien avouer que je ne suis pas fan de la couverture qui ne reprend qu’une image du film, mais il faut dire que celle avant la sortie du film ne me plaisait pas non plus.

Finalement, ne cherchez pas trop de Science-Fiction dans ce livre, il y en a très peu, même si on trouve quelques idées intéressantes comme le costume brouillé. Ce roman est surtout une plongée pleine de souffrance et de vulnérabilité dans le monde de la drogue, mais aussi de la folie. On se retrouve dans cette histoire emporté par ce tourbillon de trips, de schizophrénie, de dédoublement de personnalité ce qui fait que très vite l’intrigue se retrouve au second plan devant le développement des personnages. Ce roman est surtout un roman poignant sur la descente aux enfers des consommateurs de drogues. On est mal à l’aise devant la folie qui guette et pourtant on ne peut s’empêcher de continuer à lire pour en savoir plus. L’auteur continue aussi à traiter de façon pertinente, efficace et captivante des thèmes qu’il affectionne comme la paranoïa, les hallucinations, l’identité ou encore la critique de la société consumériste.

Ce roman se révèle être en fait une sorte de photo d’une époque que l’auteur a connu, vécu et cherche à nous dévoiler sans véritable morale ou leçon, même si on se fera nos propres avis une fois la dernière page tournée. C’est un roman qui joue énormément avec le lecteur sur la folie et la psychédélique, le genre de roman qu’on accroche ou qu’on déteste et qu’il est vraiment dur de conseiller, mais aussi de parler; chacun devant se faire son avis. Je dois dire que moi, je me suis vraiment laissé emporter par cette plongée dans la drogue et la folie, mais aussi dans la manipulation par les autres, par leurs regards, leurs gestes, leurs paroles qui font qu’on se remet toujours en question au point de pouvoir en perdre la raison. Si on arrive à se laisser porter par ce livre c’est un peu comme entrer dans un monde barré, dont on n’a pas la clé de la compréhension, mais qui pourtant reste logique et compréhensible. Surprenant.

Les personnages sont véritablement humains, que ce soit Bob/Fred le paranoïaque qui se perd, dont au final on ne sera pas grand-chose, mais qui cherche à mener sa vie, ou encore Luckman le calme et posé ou bien Barris le surdoué complètement barré. Donna sort plus du lot, la belle Donna qui va se dévoiler au fil des pages être un personnage surprenant et plein de souffrances. Mais surtout ils sont portés par des dialogues qui sont vraiment déjantés, des véritables trips qui offrent une véritable dimension à ces personnages et cet univers. Des personnages qui vont se
révéler attachant malgré eux mais surtout plein de sentiments.

La plume de l’auteur se révèle simple et parfois même trop simple à mon goût, voir même trop descriptive par moment ce qui donne l’impresion que l’auteur en fait trop, mais rien de bien dérangeant car finalement l’auteur arrive à nous entrainer dans son histoire avec facilité. Ce qui n’empêche à ce livre d’être un très bon roman, surprenant, loin de la SF mais qui nous plonge dans un univers assez spécifique. La conclusion, d’ailleurs, va se révéler vraiment surprenante et aussi un pied de nez à tout le roman. La note de l’auteur se révèle assez bouleversante nous expliquant que Philip K. Dick a connu ce milieu et il y a perdu des amis, voilà pourquoi il a écrit ce livre, car il est le livre. Un roman poignant qu’on accroche ou qu’on déteste.

En Résumé : Un roman de Philip K. Dick un peu moins SF mais peut être plus intimiste et poignant d’une certaine façon. On se laisse entrainer dans cette plongée en enfer dans l’univers de la drogue des différents protagonistes à travers trips, paranoïa ou encore hallucination. L’intrigue passe un peu au second plan mais reste vraiment intéressante et efficace jusqu’à cette conclusion prenante et surprenante. Les personnages, loin d’être des héros, qui se révèlent attachants, réalistes et surtout humains. La plume de l’auteur est entrainante, mais je l’ai trouvé par moment trop simple et parfois trop descriptive, mais rien de bien dérangeant. Un livre qu’on aime ou qu’on déteste, moi j’ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre.

 

Ma Note : 8/10