Résumé : Sept hommes, une femme et une enfant.
Ce sont les derniers compagnons qu’il reste au barde Fintan Calathynn pour mener à bien la quête du Roi-diseur, à travers une forêt boréale plus menaçante que jamais. Neuf survivants aux abois, retranchés dans la grotte des Teules, encerclés par l’ennemi. À l’heure où la gabarre livre ses derniers secrets, et où les arbres tremblent de la colère des géants, les fugitifs devront jouer cartes sur table et révéler les ombres issues de leur passé. À commencer par l’énigmatique Shakti…
Edition : Les Moutons Electriques
Mon Avis : Ah, ce livre je l’attendais avec impatience. Il faut dire que le premier tome de ce cycle, Manesh, m’avait offert un excellent moment de lecture offrant un récit dense, magnifique et foisonnant, avec des personnages captivants (ma chronique ici). Ensuite l’auteur a publié, toujours dans le même univers, une sympathique et agréable mise en bouche avec Le Dévoreur (ma chronique là), histoire de patienter, mais j’avais clairement hâte de voir ce que l’auteur allait nous proposer avec ce second tome. A noter de nouveau une très belle couverture, illustrée par Melchior Ascaride, ainsi que, comme toujours avec l’éditeur, un très bel objet.
On avait ainsi laissé nos héros en bien fâcheuse posture à la fin du tome précédent, encerclé et poursuivi par l’ennemi, les enfants de l’hermine et leurs géants, ils avaient dû quitter le fleuve pour se cacher dans une grotte de la forêt du Vyanthryr. Ils vont alors devoir trouver un plan pour s’enfuir. Je dois bien avouer qu’on replonge finalement facilement dans le récit, surtout que la première partie va se révéler furieusement entraînante. En effet, on va se retrouver véritablement happé par cette course poursuite entre nos héros et leurs ennemis, cette traque sanglante qui va offrir son lot d’action et de bataille épiques. Un démarrage énergique qui nous plonge aussi dans cette forêt mystérieuse et vient rapidement répondre au cliffangher de la fin du tome précédent concernant Manesh. Le danger est présent, la tension monte au fil des pages pour ainsi offrir une première partie percutante et vivante, avec pour point d’orgue le barde Fintan qui va se dévoiler pour aider les siens d’une façon vraiment surprenante et envoûtante. La seconde partie va se révéler plus calme, plus lente mais tout aussi prenante, reprenant la construction du tome précédent avec un personnage qui va conter sa vie, et son histoire : Shakti la courtisane.
On se retrouve ainsi de nouveau plongé dans ce qui apparaît comme un conte dans le conte, qui va ainsi offrir un dépaysement complet au lecteur. On se retrouve à quitter la forêt du Vyanthryr pour la forêt de l’enfance de Shakti, tout aussi luxuriante et mystérieuse, mais totalement différente dans sa beauté et dans sa représentation. On plonge dans un pays ou la forêt possède ses lois et ses traditions, ses guerres souterraines et mystiques et dont la courtisane en est une chamane. Elle en connaît ainsi les clés, les paroles de passage, d’hommages et d’apaisement. Ici, contrairement à Manesh ou notre héros était à la recherche de son identité et de la vérité sur son côté féérique, le récit de Shakti va tourner plus sur son enfance, la difficulté de l’adolescence, la faute, le rejet face aux traditions qui ont détruit sa famille, mais aussi face à l’amour aveugle. Un récit tout en nuance, où l’héroïne va devoir faire face à ses peurs, ses failles, ses forces et le tout conté par le regard adulte qu’est maintenant la Courtisane, avec ce ton de désillusion. Le passage ainsi d’une adolescente vers l’âge adulte qui ne se fera pas sans sacrifices, sans souffrances ni sans difficultés. L’auteur nous offre aussi quelques réflexions intéressantes sur le fond que ce soit sur la position de la femme, le respect des traditions anciennes ou encore de la famille.
L’univers que développe l’auteur autour de son récit se révèle toujours aussi fascinant et prenant. Il possède toujours cette beauté sauvage qui rend ce monde attirant, tout en conservant cette part sombre, angoissante, cette part mystérieuse, ce qui lui offre quelque chose de magique. On quitte par contre le fleuve pour en découvrir plus sur la forêt qui en devient alors la toile de fond du récit. Que ce soit Vyanthryr ou la forêt de la courtisane, chacune va ainsi se révéler plus qu’une simple forêt, que ce soit à travers la magie, êtres mystiques ou encore par son aspect, on va dire, « surnaturel », féérique. Chacune d’entre elle va ainsi s’imposer dans la lecture. On traverse ainsi des lieux à la fois luxuriants, mais qui cachent une zone d’ombre, une zone d’angoisse. L’auteur continue aussi au fil du récit à travailler sa mythologie que ce soit, dans un premier temps concernant les anciens, les solaires et tout ce qui tourne autour de notre héros, puis ensuite à travers le peuple de Teules qui va se révéler un peuple fascinant, original dont je ne dévoilerai rien pour éviter de spoiler et qui m’a offert de très belles surprises et ouvre pas mal de questionnements, et enfin dans cette nouvelle mythologie liée à la courtisane qui devrait prendre de l’ampleur dans le prochain tome et se rattacher, je pense, à l’intrigue principal. De nouveau on sent tout le soin qu’apporte l’auteur à travailler sur cet univers, où le moindre détail va se révéler avoir son importance et offrant ainsi quelque chose de dense, de complexe et d’envoutant qui donne envie d’y plonger à nouveau et d’en découvrir encore plus.
Le travail sur les personnages n’est pas non plus en reste, outre la courtisane dont j’ai déjà pas mal parler et qui captive, on retrouve avec plaisir les autres protagonistes qui continuent à se densifier au fil des pages. Certains sortent ainsi du lot, comme Fintan la barde qui va nous révéler pas mal de surprises, mais aussi d’autres héros comme Brun dont on va nous dévoiler une partie de son passé des plus divertissant, offrant une légère dose d’humour au milieu du récit épique. Dans tous les cas on découvre des personnages humains, denses, complexes et touchants, avec leurs envies, leurs quêtes, entre trahisons, solidarité, mensonges et passions ils vont facilement nous happer dans leurs aventures, leurs quêtes de survie. On est aussi loin des grands héros aux grandes destinées, plus des hommes lancés dans une mission dont ils n’imaginaient pas les tenants et les aboutissants, ce qui, je trouve, les rends encore plus attachants. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste, comme principalement les Teules qui nous offrent une vision de société complètement différente.
Alors après je dois bien avouer un point m’a tout de même légèrement frustré, le fait de me sentir dans ce que j’appellerai un tome de transition, avec simplement une introduction à la vie de Shakti. J’avoue, je ne m’étais pas renseigné ni vraiment suivi la communication sur le cycle, je n’ai pas non plus tilté en remarquant que ce second tome faisait une centaine de page de moins que le premier, mais une fois la dernière page tournée et quelques recherches effectuées j’ai appris que la trilogie était devenue tétralogie. Ce second tome est ainsi coupé en deux ce qui crée ainsi, je trouve, un léger décalage au niveau du récit de vie de la courtisane qui parait légèrement séparé de l’intrigue principal. Attention, cela n’enlève en rien les qualités du récit, mais me laisse un sentiment de trop peu devant le cliffangher dévoilé et l’esquisse de vie de la courtisane qui va devoir plonger dans des villes qui vont, selon moi, la transformer. Dans tous les cas ce second tome se révèle réussi, toujours porté par une plume aussi soignée, dense, poétique et captivante, qui plonge facilement le lecteur dans cette histoire pleine d’aventures et de surprises. Je lirai la suite avec plaisir.
En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec le second tome de ce cycle qui offre une première partie captivante, suite direct de la fin du premier tome avec cette traque. Une course poursuite entraînante, prenante, pleine de tension qui happe rapidement le lecteur pour connaître un point d’orgue vraiment surprenant et envoutant avec le barde Fintan. La seconde partie va se révéler plus calme avec Shakti qui va conter sa vie, se révélant tout aussi fascinante, nous dévoilant de nouvelles contrées dépaysantes et nous montre une héroïne adolescente qui va découvrir que tout n’es pas blanc ou noir et va difficilement entrer dans l’âge adulte. L’auteur n’hésite pas non plus a offrir quelques réflexions sur l’amour, la famille ou encore la position de la femme. L’univers construit se révèle toujours aussi fascinant et magique, avec cette fois comme image de fond la forêt qui va se révéler bien plus qu’un décor à la fois accueillante et sombre. Les personnages, outre la courtisane, se révèlent toujours aussi soignés, complexes et attachants, offrant au fil des pages des héros humains, face à leurs envies et leurs doutes. Mon seul regret et que finalement le découpage de la trilogie en tétralogie fait que ce tome m’a paru un peu de transition, n’offrant finalement que l’introduction de la vie de la courtisane. Cela n’enlève rien à la qualité du texte, mais m’a paru légèrement frustré. L’ensemble est toujours porté par une plume travaillée, dense, poétique et captivante et je lirai la suite sans soucis et avec grand plaisir.
Ma Note : 8/10
Autres avis : joyeux drille, …