Résumé : Capitale portuaire des États libres, Havrefer était jadis un symbole de puissance. Mais le roi est parti en guerre et la ville pourrit de l’intérieur. Profitant de la fragilité du pouvoir, le seigneur de guerre Amon Tugha approche. Son héraut s’est infiltré dans la cité pour recruter une pègre redoutable, tandis qu’un mystérieux sorcier terrorise la population en commettant d’atroces sacrifices.
Alors que l’ombre du chaos se profile, un groupe inattendu se forme : un mercenaire, une jeune mendiante, un apprenti magicien, une princesse et un assassin vont s’allier ou s’affronter au sein des murs de la cité… sans savoir encore que chacun d’eux a un rôle-clé à jouer dans le destin de Havrefer, qui s’annonce sanglant.
Edition : Bragelonne
Mon Avis : La première fois que j’ai entendu parler de ce livre c’était il y a quelques mois quand Bragelonne a décidé de communiquer dessus et d’en faire une des grosses sorties de l’année, présentant Richard Ford comme un jeune auteur à suivre et à découvrir dont il présente son intrigue comme un mélange entre Légende et la série The Wire, ce qui a eu le don de m’intriguer. Ajouter à cela un résumé, classique mais efficace, et une couverture illustrée par Benjamin Carré, assez réussie selon moi, je me suis donc rapidement laissé tenter par ce roman.
La référence à The Wire trouve très vite sa confirmation puisqu’on plonge dans Havrefer, ville de plus en plus pourri par la pègre dominer par la Guilde qui a un oeil sur tout ce qui se passe. On se retrouve ainsi à suivre sept personnages (voir huit si on considère le héraut) complètement différents qui offrent ainsi différentes intrigue qui parfois se croisent. Sauf que voilà, une fois la dernière page tournée je dois bien avouer que je ne ressors pas convaincu par ma lecture de ce roman. Déjà premier point, l’ensemble se révèle très classique, voir même trop classique, franchement chaque personnage et chaque intrigue parait déjà vu et revu. Alors attention être classique n’est pas un mal en soit, de nombreux auteurs ont réussi à offrir des récits qui ne révolutionnaient rien mais se révélaient divertissants, mais ici Richard Ford m’a paru ne jamais réussir à insuffler un tant soit peu de personnalisation, voir d’intérêt à son récit. On a plus l’impression d’avoir un patchwork d’idées prisent à droite à gauche, mais auquel il manque un peu de vie pour que le soufflé prenne et m’emporte. Alors après je lis énormément de Fantasy, cela joue obligatoirement dans mon ressenti.
Ensuite le soucis vient que gérer sept personnages n’est pas toujours chose aisée, soit ils sont charismatiques et il nous captivent soit c’est l’intrigue de chacun, avec en filigrane un fil rouge qui fait qu’on se laisse happer, sauf qu’ici les personnages m’ont paru plats, mais j’y reviendrai, et l’histoire a eu du mal à vraiment m’intéresser, mais surtout ne possède pas vraiment de fil rouge sauf dans la dernière page, et encore il est très ténu. C’est bien simple il faut attendre la moitié du bouquin pour voir enfin quatre intrigues se dessiner et arriver à la fin on se demande bien pourquoi on les suivait tant je n’ai pas eu l’impression d’avoir un tome d’introduction dans les mains, mais une introduction d’un tome d’introduction. Franchement si l’auteur cherche à construire une trilogie, il aurait mieux fait d’oublier, couper son premier tome de moitié et lancer l’intrigue principal tout de suite ça m’aurai plus intéressé.
Autre point qui m’a aussi dérangé, c’est l’absence totale de surprise, pas que l’auteur ne cherche pas en mettre en place, juste qu’ils sont trop facilement devinable, a tel point que les rebondissements perdent de leurs intérêts. Franchement que ce soit l’amoureux caché, le mage noir ou d’autres tentatives je les voyais venir beaucoup trop rapidement, principalement par la trop faible présence de personnages « secondaires », mais aussi par la difficulté de l’auteur d’être subtil. Ensuite dernier point qui me titille toujours c’est le hasard maîtrisé, oui un récit possède toujours son taux de « chance » pour faire avancer l’intrigue, mais là c’est juste trop flagrant. Ajouter à cela aussi quelques incohérences et des scènes d’actions assez incohérentes et je dois bien avouer que l’histoire me laisse un sentiment plus que mitigé.
Concernant les personnages justement, parlons-en, voilà les sept personnages que l’on rencontre : un forgeron détruit ancien soldat sur le retour, une princesse égocentrique qui ne veut pas devenir reine et va apprendre la dure loi du pouvoir, un assassin à capuche qui va découvrir que la mort n’est pas que la seule voie, une jeune voleuse qui cherche à s’élever dans la guilde, une femme guerrière, un ivrogne, menteur, dragueur, voleur mais qui finalement a bon fond. Tous les archétypes de la Fantasy que l’auteur pousse au maximum de la caricature, comme par exemple cet assassin qui se retrouve être le fantasme d’une idée tant il en fait trop comme par exemple : il saute de deux étages en ne faisant pas plus de bruit qu’une goutte d’eau sur le sol, il se glisse entre les portes aussi discret et invisible que le vent, il s’absorbe dans les ombres et personne ne le voit. Oh, faut se calmer et arrêter Assassin’s Credd, certes il faut romancé, mais à ce point c’est trop, je levais les yeux au ciel à chaque fois. Alors après tous les personnages ne sont pas non plus à jeter j’avoue avoir trouver un intérêt pour le forgeron, Marcus, ou encore l’ivrogne Merrick, mais plus, finalement, parce-qu’ils se dénotent des autres par une certaine ambiguité et complexité qu’autre chose.
La ville en elle-même, qui est quand même l’élément central de l’intrigue et doit donc prendre une place importante, j’avoue que là aussi elle a eu un peu de mal à vraiment me passionner. Elle n’est pas inintéressante à découvrir en soit, même si comme le reste du récit elle se révèle très stéréotypée, et les descriptions que met en place l’auteur la rend vraiment sombre, poisseuse, violente, décadente, sauf que voilà il n’est jamais arrivé à faire d’elle un personnage à part entière, à lui offrir une véritable identité et une véritable force selon-moi, ce qui est un peu dommage. Elle ne sert finalement que d’image de fond, car il en faut bien une. Concernant l’univers, l’aspect magie, appelée ici malégie, se révèle intéressant et possèdent quelques idées originales, même si trop peu sont misent en avant et concernant l’aspect politique et guerrier j’avoue que j’ai eu un peu de mal tant l’ensemble manquait de complexité.
Pourtant en soit le récit ne fut pas non plus catastrophique, loin de là, l’ensemble est bien porté par une plume simple, percutante et efficace qui fait qu’on se laisse gentiment entrainé à tourner les pages du livre, mais voilà ce ne fut pas suffisant pour moi qui ressort finalement un peu déçu de ma lecture et je ne lirai sûrement pas la suite. Après je pense clairement que le ressenti des uns et des autres sur ce livre dépendra des attentes ,mais aussi, et surtout, du bagage que chacun possède en Fantasy. Un novice devrait sûrement être plus emballé par ce récit que quelqu’un qui a l’habitude d’en lire.
En Résumé : Finalement je ressors pas très convaincu de ma lecture de ce premier tome du cycle Havrefer. L’histoire proposée se révèle très classique, voir trop classique, et surtout a eu du mal à me convaincre par un certain manque de souffle, trop de personnages offrant trop d’intrigues qui ont du mal à cohabiter tant aucun fil rouge ne se dégage et surtout des twists et des rebondissements beaucoup trop prévisibles. L’univers, sans être mauvais, a du mal à se dégager tant cette ville, qui devrait prendre une grande importance dans l’histoire, a du mal a devenir justement cet élément central, limite un personnage à part entière tant elle manque d’identité. Les personnages sont trop stéréotypés, voir trop fantasmé pour vraiment me captiver mis à part un ou deux qui sortent du lot. Pourtant, l’ensemble n’est pas non plus catastrophique, j’avoue que la plume de l’auteur, simple et entrainante, fait qu’on se laisse un minimum porté par le récit, mais voilà ce n’est largement pas suffisant pour me donner envie de lire la suite.
Ma Note : 4,5/ 10
Autres avis : Igguk, ImagIn, MarieJuliet, Sia, Phooka, …