Résumé : À Panam, le Paris à la fois steampunk et fantasy imaginé par Raphaël Albert, Sylvo Sylvain, le fameux elfe détective privé, est en proie au spleen. Dans une fumerie de lotus, hébété, allongé sur une natte usée, de pipe en pipe, il se perd dans les souvenirs de son enfance…
La Grande Forêt des Elfes se déploie, cruelle et merveilleuse et, dans la fumée épaisse du lotus, l’existence féérique de son peuple reprend vie. L’avenir, croyait Sylvo à cette époque, était tracé comme la hampe d’une flèche : il serait le prochain champion de la Grande Forêt.
Mais le sort prendra une toute autre tournure. Face à son destin, Sylvo deviendra son pire ennemi…
Edition : Mnémos
Mon Avis : La sortie de ce troisième tome je l’attendais avec impatience depuis maintenant un peu plus de deux ans. Il faut dire que les deux premiers tomes m’avaient offert de très bons moments de lecture, pleins de rebondissements et de surprises avec des personnages hauts en couleurs et complexes (ma chronique Tome 1, Tome 2). J’avais donc hâte de savoir ce qu’allait proposer la suite, surtout qu’elle s’annonçait complètement différente. Donc, quand j’ai vu qu’il était disponible en avant première aux Imaginales, il a tout naturellement rapidement rejoint ma PAL. À noter aussi la couverture, illustrée par Aurélien Police, que je trouve vraiment magnifique avec son côté un peu éthérée.
Alors attention, comme je l’ai dit, ce troisième tome est complètement différent des deux précédents, point d’intrigue policière ou d’enquête, on laisse aussi de côté Panam et ses intrigues. En effet ce tome va se révéler beaucoup plus intimiste et va surtout nous permettre de découvrir le passé du héros principal, de savoir enfin ce qui l’a poussé à quitter sa forêt et aussi d’en apprendre plus sur sa fameuse relation avec Fraxinelle. Donc ici pas vraiment d’action effrénée, ni de rythme trépidant, mais plutôt une histoire plus calme, plus personnelle, plus profonde, un kaléidoscope de souvenirs que nous livre le héros sur sa vie au travers de ses rêves opiacés présenté un peu comme un conte. Ce qui n’empêche pas ce tome de se révéler vraiment fascinant, magique et entrainant. Je me suis vraiment retrouvé emporter par la vie de Sylvo, que j’ai eu du mal à lâcher le livre, tournant les pages pour essayer de mieux le comprendre, le découvrir.
C’est surtout la capacité de l’auteur à nous immerger dans la vie de l’elfe que j’ai trouvé fascinante . On le découvre de la naissance, jusqu’au moment où il quitte la forêt découvrant ainsi les grands moments de sa vie, ses joies, ses pertes, ses amours, ses rencontres, tout ce qui a fait qu’il est Sylvo. Une certaine innocence se dégage de cette histoire qui, au fil des pages, va commencer à dévoiler les blessures et les faiblesses du héros, ses incertitudes, ses peurs, mais aussi ses convictions, ses plaisirs et ses envies ainsi que ce qui va l’amener à trahir et à se trahir lui-même. On découvre un héros profondément attaché à la forêt, à ses traditions et à sa survie dans un monde en perdition et qui va, pas les épreuves qu’il va rencontrer se mettre à douter. L’ensemble se révèle vraiment cohérent et possède une certaine magie et aussi une certaine mélancolie, surtout que le lecteur sait qu’à un moment tout va basculer. Le héros s’offre aussi quelques apartés sur sa vie qui se déroule devant ses yeux où on y retrouve un peu le cynisme désabusé du personnage qu’on a connu dans les deux premiers tomes se jugeant lui-même. L’auteur nous offre donc une histoire qui se révèle profondément humaine, pleine de sentiments et d’émotions, mais aussi de fêlures et de douleurs, un voyage initiatique dans le passé et la vie du héros dont le lecteur en sort à la fois emporté et sensibilisé.
Autres aspect vraiment fascinant c’est l’univers que tisse l’auteur, nous dévoilant le monde des elfes. Alors certes dans l’ensemble on retrouve ce qu’on connait déjà sur eux et leurs traditions, mais il arrive vraiment à rendre l’ensemble fascinant, logique et entrainant. On découvre ainsi un peuple profondément lié à la nature et à tout ce qui l’entoure, lié par la naissance, mais aussi par un aspect musical que j’ai trouvé vraiment original et intéressant. C’est une véritable ode à la nature, à sa beauté, à sa fraicheur et sa vitalité que nous offre l’auteur et dont le lecteur, s’il se laisse aller, se trouve touché, absorbé. On découvre une forêt qui vie en autarcie mais qui, pour continuer à vivre en paix, doit payer un tribut tous les dix ans aux humains. Mais voilà on se rend compte aussi que les naissances diminuent au sein de la communauté, que les Humains empiètent un peu plus chaque jour et que la forêt perd doucement de son rythme face aux attaques. On se rend compte aussi que les Elfes ont des ennemis bien plus puissants que sont les ombres, même si je trouve qu’ils sont peut-être sous-utilisés ici. On apprend aussi que la haine entre les humains et les elfes est très présente et repose principalement sur des incompréhensions et une guerre ancienne. C’est ainsi avec fascination que l’auteur dévoile tout un peuple à travers sa vie, ses mœurs, ses traditions, ses mythes. Un univers à la fois mystérieux, féérique et magique qui m’a vraiment emporté tout au long du récit et qui m’a donné envie d’en découvrir plus, d’y habiter.
Concernant les personnages, je ne reviendrais pas sur Sylvo, auquel je me suis vraiment lié du début à la fin, qui se révèle dense et complexe. Concernant les personnages qui gravitent autour de lui, ils se révèlent eux aussi soignés et vraiment efficaces. Chaque personnage à son importance, influençant la vie du héros, lui offrant des moments de joie ou de peine et ayant une grande importance dans la façon dont il évolue et va évoluer. Mais surtout on en apprend plus sur des personnages qu’on a déjà soit croisé, soit entendu les noms, on découvre ainsi le lien entre le détective avec Pixel ou encore Mélios, mais surtout Fraxinelle, protagoniste haut combien importante dans sa vie et dans sa déchéance. J’ai juste trouvé qu’il y avait par moment beaucoup de personnages, il était parfois légèrement difficile de s’y retrouver, mais rien de non plus vraiment gênant.
Puis arrive cette conclusion, cette terrible révélation que le lecteur attendait, cette action inavouable et inexcusable qu’a réalisé l’elfe et qu’on espérait pouvoir lui pardonner cette faiblesse, mais voilà l’auteur a bien fait les choses de telle sorte que même si on accroche énormément au personnage, on l’apprécie, cette faute est impardonnable et que, d’une certaine façon, il mérite son rejet. Au final il rend ainsi Sylvo humain, avec ses faiblesses, et c’est à lui de montrer qu’il mérite d’être pardonné par ses futurs actes, ce qui me donne encore plus envie de lire la suite.
Concernant la plume de l’auteur j’avoue qu’il nous offre ici une autre facette de son écriture avec un récit beaucoup plus posé, plus poétique, humain et enchanteur avec ses personnages ambigus et ses zones d’ombres, tout en plongeant le lecteur dans un univers à la fois féérique et sublime. Au final un tome, certes différent, à un rythme plus lent et plus posé, mais qui se révèle fascinant, nostalgique et entrainant nous dévoilant le passé tant attendu de Sylvo. Je lirai le quatrième et dernier tome avec grand plaisir pour retrouve aussi Panam et tout ce qui reste en suspend.
Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui se révèle différent des précédents, l’aspect enquêtes laissant la place à une histoire plus intimiste et mélancolique, dévoilant la vie de Sylvo de sa naissance jusqu’au moment de sa fuite de la forêt. L’histoire se déroule donc à un rythme plus lent, mais se révèle vraiment attachante, poignante et empreinte d’émotion où on découvre un héros avec ses forces et ses faiblesses, jusqu’à cette conclusion où il commet la faute impardonnable qui l’a poussé à l’exil. l’univers construit par l’auteur se révèle vraiment riche, luxuriant et fascinant, offrant une véritable ode à la nature, tout en nous dévoilant une société elfique, certes par certains aspects classique, mais vraiment solide, complexe et soignée. Concernant les personnages qui gravitent autour de Sylvo ils se révèlent vraiment intéressants, attachants et travaillés et on en découvre plus sur Pixel, Mélios et Fraxinelle ; même si par moment on s’y perd un peu devant tous ses protagonistes. La plume de l’auteur s’adapte au récit, se révélant conteuse, pleine de poésie et de richesse et happe le lecteur pour ne plus le lâcher. Je lirai la suite avec grand plaisir.
Ma Note : 8,5/10