Résumé : À l’aide d’un astronef de la milice, Ambre et ses compagnons ont pénétré les défenses du Grand Arc, Kalaân l’Ancien, et ils ont atterri à son bord. Pour les scientifiques, la surprise est totale : forêt primaire et océan à perte de vue…
Le Grand Arc est un vaisseau-monde.
Il est bien plus encore. Ne dit-on pas dans le mythe «qu’il ouvre et qu’il choisit le lieu comme le destin?»
Cette fois, les aventuriers ont troqué la glace et le froid de Gemma contre la mer et la chaleur. Ils croient avoir laissé derrière eux l’espace-temps d’AltaMira et la colère du Dévoreur…
Ils se trompent.
Ioun-ké-da a vu le jour sur Timhkâ, dans les profondeurs abyssales qui plongent sous Naha’netché, la Conque du Sud, gigantesque ascenseur spatial d’où sont jadis partis les Ouvreurs – les vaisseaux d’exploration timhkâns.
Au contact de Tokalinan, Ambre se transforme peu à peu. Elle revit son passé et renoue avec ses origines. Elle redevient Kantikâ, la petite-fille de Shânti Divakarûnî.
Mais sa métamorphose l’emmènera plus loin encore. Bien au-delà de l’humain.
Edition : L’Atalante
Mon Avis : Ce troisième tome de la trilogie Quantika, je l’attendais avec impatience. En effet, après un premier tome qui m’avait offert un très bon moment de lecture, offrant un planet-Opera efficace, complexe et entrainant (ma chronique ici) et un second tome, certes un peu de transition, mais qui se révélait prenant à travers un rythme plus nerveux et quelques révélations percutantes (ma chronique là), j’avais hâte de voir comment l’auteur allait terminer son cycle. C’est donc sans surprise que ce livre a rapidement terminé entre mains. À noter la couverture, illustrée par Manchu, que je trouve vraiment magnifique. Pour ceux qui le souhaitent vous pouvez retrouver un résumé des deux premiers tomes sur le site internet Quantika ici.
La conclusion du second tome m’avait laissé dans l’expectative, en effet nos héros avaient fui Gemma en plein anéantissement, par la faute de Ioun-Ké-Da, pour rejoindre le Grand Arc, dernier rempart face à la puissance du destructeur. Après un tome 2 tendu, il faut bien avouer que ce troisième tome va se révéler un peu plus calme, moins porté par l’adrénaline, permettant ainsi de prendre son temps pour découvrir le Grand Arc et tout ce qu’il recèle comme surprises, mais aussi de découvertes. Attention cela ne veut pas dire que l’on s’ennuie à travers cette histoire, loin de là, mais l’action et le côté nerveux sont remplacés par une menace qui se révèle plus diffuse, plus pernicieuse, faisant monter la tension, mais aussi une légère angoisse au fil des pages devant l’ampleur et la difficulté de la mission de nos héros.
Un récit que j’ai trouvé aussi plus intimiste, où chaque protagoniste va devoir clairement donner de lui-même et se découvrir pour pouvoir s’en sortir et avancer. On sent tout du long que l’auteur maitrise bien son intrigue, offrant ainsi de nombreux rebondissements et révélations pour mieux happer le lecteur et lui faire tourner les pages sans jamais l’ennuyer, même si c’est vrai, parfois, elles se révèlent un peu convenues et prévisibles. La conclusion se dessine alors, et avec elle, les nombreuses réponses aux questions que je me posais et je dois bien avouer que l’auteur y répond de façon efficace et parfois surprenante. J’avais un peu peur que le cycle tombe dans la facilité d’un simple combat entre Ioun-Ké-Da et le Dieu Sombre, mais Laurence Suhner a vraiment réussi à me surprendre en élargissant le point de vue, en offrant quelque chose de plus « entier » et de plus réfléchi. Car oui on se retrouve aussi à se poser de nombreuses questions que ce soit sur nous-mêmes, notre individualité et toutes les conséquences qu’elles peuvent engendrer comme par exemple sur la communication ou sur notre évolution.
L’intérêt du récit vient aussi, en plus de l’intrigue, de l’univers qui est construit au fil des pages. En effet on se retrouve ici à quitter la froide et glaciale Gemma pour découvrir un climat beaucoup plus chaud, empli de forêts et de mystères. On va aussi découvrir Timhkâ, planète où tout a débuté, un monde chatoyant qui possède ses propres règles et qui donne envie, d’une certaine façon, d’en apprendre plus malgré les nombreux dangers qui y rôdent. Un changement brutal de décor qui ne va pas se révéler sans conséquences pour nos personnages. Se dévoile aussi un peuple différent du nôtre, malgré un certain anthropomorphisme, avec ses propres us et coutumes et qui surtout n’a pas la même vision du monde que la nôtre, plus spontanée, plus instinctive là où de notre côté l’on est réfléchi, où on dissèque et théorise tout. Deux visions complètement différentes et pourtant pas si éloignée que cela. L’aspect scientifique y est toujours présent, mais ne tombe jamais dans le côté Hard Science, l’auteur prenant clairement le temps de bien expliquer les concepts qu’elle utilise, même si parfois cela crée quelques longueurs quand on les connait déjà, mais rien de gênant. L’auteur continue aussi à saupoudrer un fond de culture hindou qui, je trouve, apporte un plus et se révèle vraiment intéressant, donnant envie de mener des recherches sur certains aspects. Elle cherche aussi à nous faire réfléchir sur notre façon de voir et traiter la Nature.
Concernant les personnages, je dois par contre avouer que j’ai eu un peu de mal avec certains d’entre eux, la faute à certains traits de caractère qui m’ont paru un peu trop poussés à l’extrême pour vraiment réussir à m’accrocher. Je pense ainsi à Haziel et Ambre qui se révèlent par moments égoïstes à un point tel qu’ils donnent l’impression de complètement déconnecter et se lancer à corps perdu sans jamais vraiment réfléchir et, pire, amener le danger vers leurs amis. Alors certes, on peut considérer qu’ils ont des circonstances atténuantes, mais parfois non. Heureusement cela se calme au fil des pages et on se rapproche ainsi un peu plus d’eux. C’est légèrement dommage, car on ne peut pas nier que les personnages se révèlent denses, soignés, efficaces et entrainants, possédant leurs propres émotions, leurs propres histoires, leurs propres besoins et leurs propres envies. Je regretterai peut-être aussi un ou deux personnages un peu trop stéréotypés, mais là rien de très bloquant.
La plume de l’auteur se révèle toujours aussi efficace, soignée, dense, faisant plonger le lecteur aisément dans son récit et son univers des plus passionnants. La conclusion répond de façon passionnante et intelligente aux nombreuses questions que le lecteur se pose, même si j’ai trouvé dommage que soit traité un peu trop rapidement l’aspect qui concerne la milice et Boubakine. Au final un cycle qui m’a offert un très bon moment de lecture, je lirai sans souci d’autres écrits de l’auteur.
En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec le troisième et dernier tome de ce cycle qui offre offrir une histoire efficace et qui vient répondre de façon intelligente aux nombreuses questions que l’on se pose, le tout à un rythme, certes un peu plus lent, mais tendu offrant de nombreuses menaces et rebondissements. L’univers se révèle toujours aussi intéressant à découvrir, on se retrouve ainsi à quitter la glaciale Gemma pour de nouveaux horizons chatoyants et qui donne envie d’être découvert, permettant aussi d’ouvrir une réflexion sur la façon dont on traite la nature. On découvre aussi Timhkâ, avec ses us et coutumes et ses traditions complètement différentes des nôtres. L’aspect scientifique est toujours présent et se révèle toujours aussi accessible par des explications claires et précises, même si parfois j’ai trouvé que cela offrait quelques longueurs vu que je connaissais déjà les théorèmes. Concernant les personnages, ils se révèlent denses, soignés et travaillés même si j’ai eu un peu de mal au début avec Haziel et Ambre qui m’ont paru trop poussés à l’extrême, mais cela se calme au fil des pages. Je regretterai peut-être un ou deux personnages stéréotypés, mais rien de bien gênant. La plume de l’auteur est efficace, entrainante et soignée. Au final une trilogie qui m’a offert un bon moment de lecture. Je lirai sans souci d’autres écrits de l’auteur.
Ma Note : 8/10