parmi les tombesRésumé : Londres, 1862. Une ancienne prostituée nommée Adelaïde frappe à la porte de John Crawford, dont elle a croisé la route autrefois. La fillette née de leur brève union aurait survécu. . . mais son âme est prisonnière d’un spectre vampirique.
Ce monstre assoiffé de sang n’est autre que John Polidori, jadis médecin de Lord Byron, le scandaleux poète. Le passé de Crawford et d’Adelaïde est lié au monde des ombres, faisant de leur enfant un trophée convoité par l’esprit maléfique.
Déterminé à sauver sa fille, le couple maudit s’allie à la poétesse Christina Rossetti et à son frère, le peintre Dante Gabriel Rossetti, eux aussi tourmentés par Polidori depuis l’enfance.
Chacun devra choisir entre la banalité d’une existence humaine et l’immortalité sacrilège…

Edition : Bragelonne

 

Mon Avis : Je ne me suis pas laissé tenter par ce livre par hasard, en effet j’avais déjà lu deux des romans de Tim Powers, Sur Des Mers Plus Ignorées (chronique ici) ainsi que Les Voies d’Anubis (chronique ), qui m’avaient fait passer de bons moments de lecture, se révélant bien rythmés et efficaces. Ce fut donc sans surprise que je me suis laissé tenter, il y a quelques mois, par ce roman et, aussi il faut bien l’avouer, attiré par la couverture que je trouve sobre et efficace. Par contre, sot que je suis, je ne me suis rendu compte qu’à la fin de ma lecture que ce livre était la suite d’un autre roman, Le Poids de son Regard, qui d’ailleurs m’attend aussi dans ma PAL. Heureusement ils peuvent se lire indépendamment.

J’avoue j’ai eu un peu de mal à me lancer dans cette histoire et les 100 premières pages se sont révélées assez laborieuses. Je ne savais pas vraiment où je mettais les pieds, l’histoire me donnait un peu l’impression de partir dans tous les sens sans véritable logique, ni fil conducteur. De plus comme l’auteur changeait de point de vue à chaque chapitre j’avais un peu l’impression de piétiner, de ne pas avancer, tout en donnant le sentiment de découvrir une nouvelle histoire à chaque fois. Au final le démarrage débouchait sur la sensation d’entrer dans une histoire fermée dont il me manquait les clés pour l’assimiler. Puis peu à peu j’ai retrouvé ce qui faisait les qualités de l’auteur, une fois que les intrigues et les personnages commencent à s’entrecroiser l’ensemble se met alors à offrir une aventure efficace, pleine de rebondissements et de retournements de situations qui font qu’on se met à tourner les pages, pris par le rythme soutenu, dynamique et sans temps morts à travers cette course-poursuite qui va entrainer nos héros dans des périples qu’ils n’imaginaient même pas et dans conspirations qui se révèlent complexes.

Pourtant, malgré cette impression d’avoir quelque chose de plus fluide et de plus entrainant je n’ai jamais non plus réussi à m’immerger complètement dans le récit, l’ensemble me paraissant par certaines perspectives très bancal. Le principal soucis vient de la gestion des coups de théâtre que propose l’auteur. Au niveau timing pas de soucis tout s’enchaîne bien, mais au niveau cohérence là on repassera quand même pour quelques-uns. En effet certaines des réactions des personnages paraissent clairement manquer d’intelligence et de logique, je ne peux pas trop en dévoiler sans spoiler, mais on sent bien que l’auteur cherche trop à se garder des portes ouvertes pour prolonger son récit et remplir les pages le plus longtemps possible. C’est dommage car je me suis ainsi retrouvé à décrocher à chaque point que je trouvais aberrant et, par conséquent, perdre du temps à replonger dans l’histoire. Je reproche aussi à l’auteur une certaine fascination pour les Deus Ex Machina qui en devenait, à force, ennuyeuse. Non, cela n’a rien d’intéressant selon moi que régulièrement, dès qu’un personnage se retrouve bloqué, un élément venu d’on ne sait où, et le plus souvent fantastique, vienne le secourir. C’est trop facile. Enfin un dernier point qui m’a dérangé, cette fin en forme de Happy-End un peu trop simpliste par certains aspects, même si explosive. Dommage.

L’univers qui est construit ici est par contre assez fascinant. Il arrive, comme souvent, à nous plonger dans une Londres ambigu où se côtoie le lumineux et l’obscur et où le lecteur va découvrir les plus hauts lieux comme les plus sombres bas-fonds. Un Londres où la magie et le surnaturel y sont très présents avec des mystères remontant jusqu’à des périodes très lointaines. L’auteur se révèle posséder une imagination débordante avec pas mal de bonnes idées comme sa façon de traiter les vampires ou encore tout ce qui tourne autour des fantômes. Il y a une vraie densité et une vraie complexité qui se dégage de cet univers, mais qui, pourtant, n’a pas réussi à complètement me convaincre. On a parfois un peu l’impression que l’auteur le garde un peu pour lui, il parait, sur un ou deux aspects, assez hermétique, comme si l’auteur cherchait à jouer sur le côté mystérieux, mais ratait son coup rendant simplement le tout fermé. Ensuite, j’ai trouvé que ce soit-disant monde magique était un peu trop connu, chaque personne qu’on rencontre ou qu’on croise au fil des pages parait au courant et possède sa propre idée, ce qui est assez déroutant. Par contre j’ai apprécié l’inclusion de poètes et de poésie, nous faisant découvrir ce monde, mais sous une point de vue différent de ce qu’on connait.

Concernant les personnages ils se révèlent clairement énergiques, vivants et donnent envie de suivre leurs aventures avec un minimum d’envie et de plaisir tant on sait qu’elles vont se révéler un minimum percutante et entrainante. Que ce soit la famille Rosetti, Adelaïde, John Crawford, Johana ou bien même le sombre et fougueux Trelawny, chaque personnage arrive à apporter son dynamisme et sa force pour faire avancer l’intrigue et faire qu’on tourne les pages pour essayer de voir ce qui va leur arriver. Mais voilà là où les personnages pêchent, selon moi, c’est concernant l’aspect plus émotionnel. C’est bien simple j’ai eu l’impression qu’il était proche du néant. Chaque personnage avance en fonction de ses objectifs et des besoins de l’histoire, mais ils ne donnent jamais l’impression de complètement s’accrocher entre eux. Le seul lien empathique que j’ai ressenti c’est entre Johana et son père John Crawford où on sent qu’il y a un quelque chose de fort entre eux. Pour les autres, qu’ils soient frères ou sœurs ou bien qu’ils doivent se lancer dans des combats qui peuvent les amener à la mort, l’ensemble m’a paru rester assez froid et terne. Ce qui est assez frustrant finalement vu qu’on est quand même un minimum intéressé par leurs aventures.

Concernant la plume de l’auteur elle se révèle soignée, dense et efficace, plongeant le lecteur dans cet univers et ce Londres captivant qu’il construit au fil des pages. Dommage finalement que l’ensemble ne suive pas complètement, certes on retrouve le côté foisonnant de l’intrigue, mais l’ensemble manque de cohérence et a du mal à démarrer. Une lecture plutôt mitigé, mais qui ne m’empêchera pas de lire d’autres romans de l’auteur dont Le Poids de son Regard dont j’ai entendu de meilleurs échos et qui m’attend dans ma PAL.

En Résumé : Je ressors de ma lecture de ce livre avec le sentiment mitigé d’un roman qui possède pourtant du potentiel et un aspect entrainant et haletant, mais dont le reste ne suit pas toujours. L’histoire a déjà du mal à démarrer, je me suis senti perdu sur les 100 premières pages, avant d’enfin rentrer dans une intrigue pleine d’action et de surprises. Et pourtant malgré une certaine fluidité qui apparait alors, j’ai trouvé que certains rebondissements manquaient de cohérence, que l’auteur abusait un peu trop de Deus Ex Machina ainsi qu’une conclusion légèrement trop happy-end et reposant sur quelques facilités. L’univers que construit l’auteur se révèle dense et complexe, offrant une ville de Londres fascinante par son ambiguïté, par les mystères et les aspects surnaturels qu’elle y cache. L’auteur possède quelques bonnes idées comme ses vampire ou encore ses fantômes, mais je trouve dommage cette impression que tout le monde est au courant d’un soit-disant monde surnaturel caché. Concernant les personnages ils sont énergiques et entrainants, mais j’ai trouvé qu’ils manquaient un peu trop d’empathie ce qui est légèrement frustrant. La plume de l’auteur se révèle fluide, soignée et entrainante. Finalement j’ai l’impression d’être passé légèrement à côté de ce roman, ce qui ne m’empêchera pas de me laisser tenter par d’autres livres de l’auteur.

 

Ma Note : 5,5/10

 

Autres avis : Boudicca, Dup, Nymeria, Tesrathilde, …