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Bifrost n°74 – Spécial Léo Henry

bifrost 74 leo henryEdition : Le Bélial

 

 

 

 

 

Mon Avis : Je continue ma découverte du magazine Bifrost avec, cette fois, la lecture du dernier magazine en date consacré à Léo Henry. De l’auteur je n’avais lu que son recueil de nouvelle Le Diable est au Piano (chronique ici) que j’avais trouvé plutôt sympathique mais qui n’a pas réussi à me convaincre complètement, ainsi que Sur le Fleuve (ma chronique ) court roman qui, lui, m’avait happé dès les premières pages pour ne plus vraiment me lâcher. Ce 74ème numéro du magazine m’a donc permis de continuer ma découverte d’un auteur au style unique et dense, proposant souvent des histoires uniques et parfois déroutantes. À noter la couverture, illustrée par Stéphane Perger, que je trouve vraiment sympathique par son aspect légèrement kitsch. Ce recueil contient deux nouvelles inédites de Léo Henry ainsi que deux autres textes de Olivier Caruso et Daryl Grégory.

Le Cas Julien Declercq-Costa de Léo Henry : Cette nouvelle nous plonge dans un univers qui n’est pas sans rappeler des univers télévisuels connus des années 90, je pense principalement à la série X-Files ou encore les films MIB. Un texte qui va nous plonger dans une enquête un peu spécial et nous faire découvrir un personnage solitaire, morne mais qui au final paraît loin de ce qu’on peut supposer et qui cache bien des choses. Un texte sympathique, où le surnaturel prend son temps pour se révéler, laissant monter l’ambiance et la tension au fil des pages. L’ensemble se lit facilement et se révèle agréable, mais voilà il lui manque un petit truc pour se révéler marquant, car au final on a là un texte divertissant, mais qui rentre dans le vite lu, apprécié, vite oublié.

Pantin de Olivier Caruso : Concernant cette nouvelle j’avoue que je reste réservé et ne sait toujours pas vraiment quoi penser de ce texte. Après l’explosion d’une bombe, deux pouvoirs gouvernent la ville ; les Russes et les Invisibles. Le héros en a marre de sa vie et décide de trouver un boulot peinard et qui rapport. Il veut être cadre, mais se retrouve à masturber de pantin. Niveau barré rien à dire, l’auteur connait bien son sujet et l’ensemble devrait accrocher pour peu qu’on apprécie ce genre d’histoire qui part dans tous les sens sans aucune limite. Le problème selon moi vient de tout le reste qui est à peine esquissé alors qu’on sent bien que l’auteur cherche à offrir pas mal de réflexions, que ce soit par exemple sur la place dans la société ou encore sur la nature humaine. Mais voilà le tout n’est pas assez développé selon moi et surtout le peu qui est travaillé se retrouve étouffé par cette ambiance bizarre et un peu glauque, ce qui m’a empêché d’accrocher. Reste un certain potentiel je trouve.

Dead Horse Point de Daryl Grégory : Cette nouvelle nous fait découvrir Venya qui part retrouver son ancienne coloc Julia  et son frère Kyle, après un appel désespéré de celle-ci. On découvre alors que Julia est une scientifique de renom, mais que pour résoudre ses nombreuses équations elle s’enferme dans son propre monde et devient ainsi complètement fermée aux autres. Surement le meilleur texte du recueil, pour moi qui nous plonge, dans une histoire poignante, pleine de sentiments et de surprises avec des personnages vraiment attachants et prenants. La conclusion m’a véritablement surpris. Une nouvelle qui me donne vraiment envie de découvrir plus de textes de l’auteur.

Le Major dans la Perpendiculaire de Léo Henry : Cette nouvelle rentre un peu dans les nouvelles « hommages » dont j’ai parfois du mal à accrocher offrant ici comme personnage principal Boris Vian. Au final, j’avoue, j’ai bien accroché à ce texte qui nous propose une version alternative modifiée par une technologie inconnue où la SF serait devenue le genre de référence en France et aurait changé la vie entière de la planète. Un texte assez étrange, cyclique qui se laisse lire avec plaisir et qui se révèle vraiment divertissant où les héros deviennent des aventuriers. On y retrouve aussi des éléments importants de la vie de Boris Vian. Mais voilà , j’avoue, je ne connais pas vraiment Vian autrement que par ses romans et quelques controverses, ce qui joue quand même un peu sur ma vision de ce texte car c’est, selon moi, un texte agréable pour tout lecteur, mais qui gagne peut-être encore plus en intérêt si on connait bien cette époque et les personnages.

 

Concernant le reste du magazine on y retrouve comme d’habitude le cahier des critiques à la fois de livres et de magazine, Pierre Stolze qui nous plonge dans l’univers de Stefan Wul à travers ses adaptations récentes en BD ; auteur dont il faut d’ailleurs que je pense à rentrer certains de ses écrits dans ma PAL. Parole de libraire offre une interview intéressante aux libraires de chez Charybde. Concernant le dossier sur Léo Henry, le long échange se révèle vraiment intéressant et permet de mieux découvrir l’auteur, le portrait fait par Alain Damasio se révèle aussi attrayant même si peut-être un peu long et parfois un peu redondant avec des aspects déjà énoncés. Léo henry offre aussi un hommage à Jacques Mucchielli avec qui il a écrit pas mal de textes en collaborations et qui a  disparu il y a peu. Enfin l’article scientifique décide de se pencher sur Gravity. Un numéro de Bifrost agréable et qui permet de découvrir un auteur singulier, même si j’ai un peu moins accroché aux nouvelles que dans les numéros précédents.

Ma Note : 7/10 (Note ne reposant que sur les nouvelles)

Lancelot – Zone Franche L’Anthologie

lancelotRésumé : Lancelot est le plus grand des chevaliers de la Table ronde mais aussi celui dont le destin est le plus tragique lorsqu’il trahit Arthur, son roi, en tombant amoureux de Guenièvre.
Loyal, pur et traître, il ne cesse de nous interroger depuis des siècles, se réinventant à chaque époque.
Neuf auteurs confirmés de l’imaginaire se sont emparés de sa figure pour lui inventer de nouvelles aventures, donnant un éclairage nouveau à ce personnage résolument moderne. Neuf éclats de son âme. Et un peu de la nôtre.

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : Comme d’habitude, à chaque fois que je participe à un festival, je repars sous le bras avec l’anthologie associée, si elle existe. Zone Franche n’a pas manqué à la règle et l’anthologie a donc rejoint ma PAL. Il faut dire aussi que le sujet se révélait vraiment intéressant sur le personnage de Lancelot, un des héros les plus complexes du cycle arthurien selon moi et mes petites connaissances sur le sujet. Il faut aussi ajouter à cela une couverture, illustrée par Ryohei Hase, qui se révèle vraiment magnifique. Au final beaucoup d’arguments qui ont fait que ce livre est rapidement entré ma bibliothèque. À noter que ce livre est composé de neuf nouvelles.

Le Donjon Noir de Nathalie Dau : Cette nouvelle ouvre de façon vraiment intéressante et efficace ce recueil, déjà par son intrigue qui reprend un peu dans sa globalité la complexité du chevalier dans le cycle arthurien principalement par sa relation avec Guenièvre, mais aussi par la façon dont l’auteur traite du sujet. En effet elle met en avant l’influence importante du monde d’en dessous sur les humains qui, d’une certaine façon à travers des manipulations et trahisons, joue avec les hommes, et met en avant aussi que la relation ambigue entre Lancelot et la Reine est peut-être beaucoup plus complexe qu’on le croit. L’ensemble offre ainsi une nouvelle Fantasy comme sait si bien l’offrir l’auteur à travers une plume efficace, poétique et soignée.

Lancelot-Dragon de Fabien Clavel : L’auteur nous offre ici une nouvelle plus théologique avec l’aspect chrétien de la quête du Graal confrontés avec des mythes plus païens qui remettent en cause la forme même de ce Graal et le but de sa conquête. On retrouve ainsi ici un Lancelot, rejeté, banni par les siens qui cherche à disparaitre et à oublier, mais qui se retrouve justement poursuivi par cette quête qui le hante. Un mélange complexe de rédemption et de souffrance qui va pousser notre héros dans ses ultimes retranchements, dans ses plus sombres folies et le pousser ainsi à voir ses plus grandes forces, mais surtout ses plus grandes faiblesses. Un récit vraiment efficace et intéressant.

Le Meilleur d’Entre Eux de Lionel Davoust : Cette nouvelle nous présente un Lancelot de retour chez lui, les mains vide de sa quête du Graal en Palestine. Pour ce texte l’auteur a décidé de mettre en avant la quête même, loin du mythe qu’on connait, nous présentant quelque chose de beaucoup plus humain où Arthur et ses chevaliers s’en servent simplement pour amener l’espoir dans le cœur de la population qui vit une période sombre entre épidémies et guerres. On est donc loin du mythe chrétien avec toute sa mythologie et ses influences magiques et mystiques. Mais voilà le tout s’étiole devant le peu de résultats obtenus, le peuple commence a déprimer et à râler ; il manque un point important à toute légende et Lancelot sait lequel. Une nouvelle vraiment accrocheuse par la façon dont l’auteur traite au final de la foi et de ce qu’elle peut pousser à faire, mais aussi de son utilité dans la manipulation pour l’unification de tous face aux désagréments du destin, offrant ainsi une réflexion vraiment intéressante sur le pouvoir de la conviction et de la spiritualité, mais remettant aussi Lancelot au centre même du mythe. Un texte que j’ai trouvé réussi et captivant.

Le Vœu d’Oubli de Armand Cabasson : Je ne connaissais pas l’auteur avant de lire ce texte. Une nouvelle qui nous présente un Lancelot qui, ayant décidé de tout oublier pour éviter toute tentation et toute trahison, vagabonde dans le monde entier, offrant son épée pour continuer à avancer, mais qui doit respecter certaines règle pour ne jamais se souvenir sous peine de grands malheurs. Mais comment faire quand tout joue pour l’obliger à se rappeler. Ce texte nous présente Lancelot sous son personnage épique et guerrier qui cherche à lutter contre ses désirs et finalement contre lui-même, mais on ne peut jamais vraiment remporter ce genre de combat, tout du moins jamais seul. L’auteur nous offre d’ailleurs une scène de combats vraiment magistrale et entrainante. Un texte que j’ai trouvé au final très sympathique mais frustrant car, je trouve, qu’il aurait mérité d’être plus développé.

Je Crois que Chevalerie y Sera de Anne Fakhouri : L’auteur a décidé de mélanger, à travers cette nouvelle, le cycle arthurien à son propre univers déjà développer dans Le Clairvoyage. On se retrouve ainsi à suivre ici Gauvain à la recherche de Lancelot qui a disparu et qui va se retrouver confronter à de nombreux périples et de nombreuses rencontres déroutantes. On trouve ici un texte qui se révèle vraiment dense, complexe et que j’ai trouvé vraiment réussi. Une nouvelle qui nous propose en premier lieu de découvrir, à travers Gauvain et ses rencontres, Lancelot par la façon dont chacun le voit, mais aussi dont lui se voit. Une quête identitaire par le prisme du regard d’autrui, où on ne voit d’ailleurs jamais vraiment le chevalier, qui va dévoiler un héros torturé, adulé et aimé des autres mais qui au fond de lui cache de sombres secrets et de sombres pulsions. Mais c’est aussi un texte sur l’imagination, qui démontre que finalement le mythe et la chevalerie existent par le rêve des uns et des autres, principalement de celui des enfants dans toutes leur innocence et leur folie. Un texte profond, surprenant et qui possède aussi ses pointes d’humours fantasques.

La Tête qui Crachait des Dragons de Thomas Geha : Cette nouvelle propose un texte mélange de Fantasy et d’onirisme dans un monde où les dragons ont envahi le pays et où le seul espoir est de retrouver Lancelot. Un Lancelot en-dehors des réalités depuis ses lourdes pertes, qui s’auto-détruit dans des transes et qui ne va peut-être pas se révéler le héros que tout le monde attendait. Un texte efficace, prenant, sans temps-morts et rempli de rebondissements, mais qui offre aussi une réflexion intéressante sur la folie ainsi que sur le pouvoir de l’esprit, mais qui aurait sûrement mérité, selon moi, une conclusion un peu plus longue peut-être. Je me suis senti légèrement frustré devant ses quelques lignes d’explications finales, même si elles remplissent parfaitement leurs rôles.

Les Gens des Pierres de Franck Ferric : La postface met en avant que l’auteur nous offre ici une variation du poème The Lady of Shalott, où l’héroïne est obligée de vivre recluse dans une tour sans possibilité de voir la réalité, excepté à travers un miroir placé dans sa chambre, sous peine de le détruire. Je ne connaissais pas du tout ce poème ce qui a peut-être influencé ma vision de ce texte car J’avoue j’ai eu un peu de mal à complètement accrocher. Il n’est pas mauvais, principalement sur le travail sur les chevaliers de Camelot épuisés,  aigris et jaloux qui essaient de maintenir debout un château qui tombe en ruine et de trouver l’espoir. Leurs visions de la vie va se retrouver alors complètement bouleverser le jour où Taliesin va leur rendre visite. Là où j’ai moins accroché c’est l’imbrication de la Dame de Shalott dans tous cela, les deux histoire ayant, selon moi, du mal à vraiment se rejoindre malgré une fin pleine d’espoir de rédemption. Comme si l’auteur racontait deux histoire différentes et pouf elles se rejoignent à la fin comme par enchantement. Dommage j’ai l’impression d’être un peu passé à côté.

Lance de Jeanne-A Debats : Avec cette nouvelle on revient dans le plus contemporain, en 1937 pour être précis. Navarre le vampire (déjà présent dans Métaphysique du Vampire et d’autres nouvelles) part en mission pour aller réveiller Lancelot pour qu’il tue un Dragon avec la Sainte Lance. On retrouve avec plaisir notre vampire à la sexualité débridé dans une histoire toujours aussi efficace, pleine d’action, de rebondissement et de surprises l’ensemble toujours aussi bien porté par des dialogues percutants et des personnages hauts en couleur. Mais surtout l’auteur nous offre une réflexion intéressante sur la chevalerie et la perception qu’on en a, Lancelot se révélant aux premiers abords un être magnifique, empli d’honneur, mais qui au fil des pages va se révéler complètement différents, hors du temps et bourré de principes, souvent sectaires, d’une époque révolue et qui n’auraient jamais dû ressortir. Au final le héros, le chevalier, n’est pas toujours qui l’on croit ni celui dont on a besoin. L’ensemble est toujours présenté sur un ton drôle, décalé et cynique qui fait qu’on se laisse toujours aussi facilement emporter par cette aventure.

Pourquoi dans les Grands Bois, Aimé-je à M’égarer de karim Berrouka : De nouveau cette nouvelle plonge Lancelot dans un univers contemporain récent et, comme la nouvelle précédente, l’auteur situe le chevalier dans son propre univers d’enquêteurs déjà présenté dans le roman Fées, weed & guillotines. L’équipe de la BCE va enquêter  après un massacre en forêt bretonne et vont y trouver un ermite qui se trouve être Lancelot, à la recherche de tranquillité dans son immortalité, que vient déranger fréquemment Gauvain qui cherche à se venger. De nouveau sur le ton de l’humour, j’ai trouvé cette nouvelle sympathique, même si elle ne m’a pas complètement convaincue la faute, selon moi, au déséquilibre entre les enquêteurs déjanté aux profils si différents et Lancelot. Le chevalier se révèle être limite que secondaire, sauf dans ce duel de conclusion plein de gouaille avec Gauvin qui se révèle complètement délirant et efficace. En tout cas les personnages, ainsi que l’humour de l’auteur et le ton léger m’ont donné envie de lire son roman pour découvrir ses héros dans une histoire qui leur est propre.

 

Lancelot est un personnage vraiment complexe dans sa façon d’être appréhendé par chacune à la fois noble et traitre, aimé et déteste, héroïque et fourbe, un héros aux multiples visages dont les neufs textes de cette anthologie nous proposent une variation à chaque fois différente et finalement nous présente un protagoniste souvent simplement humain. Des nouvelles qui, dans l’ensemble, même si elles ne m’ont pas toutes accrochées de la même façon et avec la même intensité, se révèlent intéressantes et m’ont offert un bon moment de lecture et de découverte aussi sur le cycle arthurien.

En résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec cette anthologie qui nous propose neuf textes différents sur Lancelot, un personnage haut combien complexe et compliqué. Qu’il se retrouve dans un univers d’époque où un univers contemporain, dans l’ensemble ces neufs nouvelles se sont révélées vraiment intéressantes et efficaces même si elles ne m’ont pas toutes accrochées de la même façon. Entre humour, fantasy, onirisme ou magie chaque texte apporte sa propre pierre à la légende ainsi qu’au personnage et mérite d’être découvert pour peu qu’on s’intéresse à Lancelot. Je suis content d’avoir pu découvrir cette anthologie qui m’a aussi permis de découvrir des auteurs dont je n’avais encore lu aucun texte.

Ma Note : 8/10

Au Nord-Nord-Ouest d’Eden – Gabriel Eugène Kopp

au nord nord ouest d'edenRésumé : Un cadavre dans un glacier…
Ce n’est pas le bouleversement du Landerneau archéologique consécutif à la découverte qui m’a gêné. C’est le portrait du bonhomme… « Tronche de Gargouille », je l’ai appelé. Et je l’oublierais volontiers. En tant qu’anthropologue, j’en ai pourtant vu d’autres…
… dans un monde où l’expression «  tout fout le camp  » s’applique jusqu’aux étoiles.
«  Regardez mon gosse de onze ans, il me dit l’autre soir : « Dis, papa, pourquoi la Grande Ourse, on la voit plus normalement ? » J’ai vérifié : il n’a pas besoin de binocles, mon gamin, le grand chariot, il est assez raplapla…  »
Ce n’était peut-être pas le moment idéal pour ouvrir la boîte de Pandore…

Edition : Griffe d’Encre

 

Mon Avis : Les écrits de l’auteur ne me sont pas inconnus puisqu’il y a quelques temps déjà j’avais lu La Dernière Nécropole (ma chronique ici), un texte de hard science que j’avais bien apprécié et qui m’avait donné envie de, pourquoi pas, relire d’autres écrits de lui. Cette nouvelle, dont le résumé me paraissait accrocheur, a donc rejoint ma PAL il y a quelques mois et j’ai décidé de la sortir il y a quelques jours histoire de me faire mon avis. Concernant la couverture, illustrée par Magali Villeneuve, je la trouve intrigante et réussi par son aspect froid qui colle parfaitement à l’histoire.

Il va être compliqué d’écrire cet avis car, j’avoue, dans l’ensemble j’ai apprécié cette lecture qui m’a véritablement surpris, et pourtant, pas mal de petits points m’ont tout de même déranger. L’intrigue commence par alterner deux histoires distinctes. Une qui m’a paru intéressante sur la découverte de ce qui ressemble fortement à un homme congelé sans l’être non plus totalement ; il y a là un vrai mystère et une vraie interrogation qui tourne autour de cette découverte avec une véritable enquête qui va aller très loin. La seconde histoire, elle, m’a moins accrochée, on suit un journaliste qui nous annonce à quel point la planète terre est en train de mourir, qu’on l’a détruit de plus en plus, mais, qu’en plus de tout cela, lui, journaliste, aggrave cette psychose dans ses articles pour vendre son papier. Je n’ai rien à dire sur le fond de cette histoire qui pourrait amener une réflexion intéressante, mais sur la forme ça se limite à une accumulation de fait sans liens, froids et balancés comme cela au lecteur sans comprendre pourquoi. J’ai trouvé cela assez frustrant, déroutant et parfois même ennuyeux.

Il faut attendre 40% de cette novella pour que les deux histoires se rejoignent et que je me retrouve plus happé par ce récit qui va tendre lentement, de nouveau, dans un aspect scientifique pointu avec pas mal d’idées originales sur les différentes expériences que vont mener nos héros vis-à-vis de cet homme congelé. La tension monte lentement au fil des pages devant le besoin des héros d’obtenir des réponses qui va ainsi amener de nombreuses révélations et ainsi aboutir à cette conclusion, surprenante, que je n’ai pas vu venir et qui m’a vraiment accroché. Une fin, mélange de mystique, d’investigation et de technologie, qui vient percuter le lecteur et apporter une idée originale et troublante sur la vision du monde. Mais voilà on retrouve tout de même de nouveau ce soucis de style de l’auteur qui tend souvent vers le listing ou l’accumulation de faits, d’explications ou d’informations qui donnent l’impression que l’auteur ne construit pas un récit normal, mais un simple ensemble d’éléments associés les uns les autres pour simplement amener cette conclusion, cette claque de fin. C’est peut-être un choix de l’auteur d’offrir quelque chose de différent, un patchwork, mais j’avoue que personnellement je suis resté perplexe devant cette construction.

Concernant les personnages il est difficile de vraiment en parler, car, comme dans La Dernière Nécropole que j’avais lu, ils ne sont que de simples marionnettes que l’auteur manipule pour faire avancer son histoire, ils manquent donc, je trouve, de profondeurs, mais aussi de sentiments, ce qui est parfois dérangeant, même si dans le cœur de l’histoire ils se révèlent convaincants dans leurs façons de faire avancer l’histoire. Alors c’est vrai après que c’est une courte nouvelle et que la narration est assez chorale, il est donc difficile de vraiment développer cet aspect, mais bon je trouve cela dommage de ne pas avoir minimum un personnage attachant.

Concernant la plume de l’auteur elle se révèle toujours agréable et efficace même s’il faut bien l’avouer on sent bien qu’il s’agit ici d’une première histoire publiée, déjà par la présence de beaucoup de dialogue que je trouve de « remplissage », et par certains aspects un peu plat, mais rien de bien non plus gênant. L’idée de mélanger la narration traditionnelle par des coupures de presse et des rapports m’a paru intéressante par contre. Voilà donc où j’en suis avec ce roman, j’ai trouvé la seconde moitié vraiment efficace avec une conclusion qui vient littéralement secouer le lecteur, mais la première partie m’a paru légèrement laborieuse et l’ensemble m’a paru construit de façon un peu trop « listé » ce qui ne m’a pas toujours complètement accroché. À vous de voir maintenant ce que vous recherchez. Pour ce qui concerne les aspects scientifiques ils m’ont paru accessibles et sont souvent plutôt bien expliqué.

En Résumé : Globalement, une fois la dernière page tournée, j’ai plutôt bien apprécié cette lecture, même si certains aspects ne m’ont que moyennement accrochés. J’ai eu un peu de mal avec le début, offrant deux histoires distinctes, une qui m’a intéressé et l’autre que j’ai trouvé laborieuse étant simplement une accumulation de fait sur notre planète. Une fois que les deux histoires se rejoignent je me suis alors retrouvé happé, la tension montant lentement au fil des pages pour aboutir à une conclusion véritablement surprenante que je n’ai pas vu venir. Reste que cette seconde partie possède aussi ses aspects accumulation et listing qui m’ont dérangé. Il est difficile de s’accrocher aux personnages, n’étant que de simples pions pour faire avancer l’intrigue, mais ça ne les empêche pas de se révéler efficaces. On sent bien qu’il s’agit d’un premier roman de l’auteur, la plume offrant parfois trop de dialogues ou encore quelques aspects mal gérés, mais dans l’ensemble elle se révèle efficace et entrainante. L’aspect scientifique est bien travaillé et m’a paru accessible. Un premier écrit loin d’être parfait, mais qui possède tout de même des aspects vraiment originaux et dont la conclusion, petite claque, est vraiment efficace et pleine d’idées.

 

Ma Note : 6,5/10

 

Autres avis : Lhisbei, Cornwall, etc…

Bifrost n°73 – Spécial H.P. Lovecraft

bifrost 73 HP LovecraftEdition : Le Bélial’

 

 

 

 

 

Mon Avis : Encore un nouveau numéro de Bifrost, il s’agit du dernier publié, sorti au mois de janvier et qui cette fois se lance dans le décryptage d’un auteur connu pour ses récits, mélange de fantastique et de terreur, je parle bien entendu de H.P. Lovecraft. Un auteur qui a toujours réussi à me captiver et me faire frissonner en jouant plus sur l’imagination et l’ambiance que la description et le sanglant. Alors j’avoue, je suis légèrement déçu, le magazine a beau être consacré à l’auteur aucune nouvelle de lui n’est présente, choix de l’éditeur car tous les textes sont encore disponibles, ce qui est compréhensible, mais une lettre ou deux de l’auteur aurait pu être sympathique. On retrouve donc des textes de Thomas Day, Claude Ecken, Céline Zufferey et China Miéville. À noter la couverture, illustrée par Nicolas Fructus, qui est vraiment magnifique selon moi.

Forbach de Thomas Day : Une nouvelle très Lovecraftienne dans son univers, mais aussi dans sa construction, qui nous plonge dans une histoire d’héritage qui cache de lourds secrets. L’un des points les plus intéressants de cette nouvelle est sa narration à rebours qui part du présent et remonte dans le passé pour dévoiler au lecteur l’origine du mystère et des horreurs qui se cachent à Forbach. Mais surtout l’auteur a vraiment réussi à rendre cette ambiance angoissante, sombre avec son lot de puissance qui dépasse l’entendement qui sied si bien à Lovecraft, même dans la mythologie, et laisse une fin ouverte qui fait froid dans le dos. Un texte réussi qui m’a accroché dès le début et m’a fait tourner les pages pour en apprendre plus même si, j’avoue, je l’ai trouvé un tout petit peu moins incisifs que les dernières nouvelles que j’ai lu l’auteur.

Une Épouvantable Odeur de Lavande de Claude Ecken : Cette nouvelle est plus fantastique que terrifiante, difficile de la lier complètement à Lovecraft. En tout cas elle se révèle plaisante à lire. On suit un homme qui a été agressé et qui a perdu la mémoire. Pour l’aider à la retrouver il va suivre une thérapie olfactive, la mémoire étant liée aux odeurs. Un récit qui ne manque pas de charme et offre son lot de mystères et de rebondissement. C’est sur la construction du personnage que l’auteur m’a captivé, certes l’amnésie est courante dans l’écriture, mais à travers ses flashbacks il a tout de même réussi à me surprendre et à me donner envie d’en savoir plus. Dommage que le lecteur se rend un peu trop rapidement compte de la conclusion qui se dessine, peut-être que le texte est trop long. Malgré cela l’ensemble reste sympathique à lire.

Géomorpho de Céline Zufferey : Cette fois on rentre dans le cyberpunk, genre qui est encore plus éloigné de Lovecraft, mais surtout, je dois l’avouer, ce texte ne m’a pas accroché du tout. Bifrost cherche sûrement à mettre en avant de nouveaux écrivains et propose, ce qui parait être, le premier texte de cet auteur, mais voilà ça se sent clairement. Je pense qu’un véritable travail de fond aurait dû être mené, car entre un style un peu mou, une histoire de vengeance classique et pas mal d’aspects qui tombent dans la caricature et ne sont jamais expliqués, comme par exemple les riches en haut et pauvres en bas, le bad-boy ou encore la jeune bourgeoise qui cherche à se faire dévergonder, je n’ai jamais réussi à rentrer dans ce texte. Pourtant, l’auteur a l’air de posséder une imagination débordante. Dommage.

Les Détails de China Miéville : L’un des meilleurs textes du recueil avec celui de Thomas Day, cette nouvelle revient vers une ambiance à la Lovecraft pour nous plonger dans le quotidien d’un jeune garçon qui va tous les jours apporter à manger à Mme Miller qui vit recluse dans son appartement. Un texte qui joue fortement sur la vérité, qui se dévoile lentement au fil des pages et des indices que l’auteur distille au fur et à mesure, mais aussi sur les genre, comme souvent avec l’auteur, se situant entre thriller, fantastique et frisson. L’ambiance proposée se révèle vraiment moite, oppressante avec dès le départ ce sentiment de tension, de frisson qui monte au fil des pages pour aboutir à cette conclusion percutante. Un texte qui fait aussi réfléchir sur ce qu’on voit, qu’on imagine et ce qui est caché. L’auteur joue justement entre folie, vérité et maladie pour laisser ouverte certaines questions, que ce soit sur Mme Miller elle-même ou encore sur l’ivrogne, ce qui oblige le lecteur à se faire sa propre idée, sa propre croyance même si l’auteur en dit parfois un peu trop selon moi.

Dans la suite du magazine on retrouve, comme d’habitude, les critique des livres ainsi qu’un article intéressant sur deux livres de SF écrits pas des dames qui m’a donné envie d’en apprendre plus sur ces textes. On n’oublie pas la parole donnée à un libraire, cette fois le Libraire de Scylla et Charybde qui offre une interview vraiment captivante aussi bien sur son travail que sur l’avenir du métier. Vient ensuite le gros morceau, le dossier sur Lovecraft qui se révèle vraiment réussi, complet, passionnant et qui vient justement tordre le cou à certaines fausses idées qui restent accrochées à l’auteur, nous dévoilant sa vie, ses influences, une analyse de ses écrits ou encore une explication sur les mythes que l’auteur a développé. L’article scientifique vient analyser de façon pertinente le film Pacific Rim  et pour finir on retrouve les gagnants du prix des lecteurs 2013. Un numéro de Bifrost très intéressant pour bien démarrer l’année.

 

Ma Note : 7,5/10 (Note ne reposant que sur les nouvelles)

Demain le Monde – Jean-Pierre Andrevon

demain le mondeRésumé : « C’est un cercle vicieux. Toi, tu te trouves au centre de ce cercle, avec tes quatre milliards de frères qui seront bientôt, si vite, six milliards, tu es au centre de ce cercle debout dans ton jardin mouillé, les pieds dans les feuilles de l’automne pourrissant, et tu lèves la tête vers le ciel bouché, muet, inutile, et tu cries au-dedans de toi il n’y a rien à faire ? Et comme, malgré tout, la translucide main d’espérance s’accroche encore à toi, tu répètes et tu répètes encore et encore… il n’y a rien à faire ? »

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : Jean-Pierre Andrevon fait partie des auteurs SF connu et reconnu avec plus de 600 textes publiés depuis 1968. Ce recueil nous propose donc de découvrir 22 textes, considérés comme représentatifs de la carrière de cet auteur. De lui j’ai déjà lu deux romans qui m’avaient bien accrochés, mais aussi quelques nouvelles dont la dernière, dans le recueil des Utopiales 2013, m’avait plutôt laissé de marbre, étant une nouvelle des années 70 et paraissant dépassé au jour d’aujourd’hui. Je me demandais donc ce qu’allait bien pouvoir me proposer ce recueil. En tout cas concernant la couverture, illustrée par Caza, je la trouve vraiment magnifique et elle donne envie de se plonger dans ce livre.

La Réserve : Une nouvelle d’introduction au message fort, qui nous plonge dans un futur post-apocalyptique où les humains ne sont plus les êtres au top de la chaine alimentaire, ils ne sont plus que des animaux. Je n’en raconte pas trop pour pas trop gâcher la chute, mais c’est un texte percutant même si je trouve qu’il porte un peu son âge, étant le tout premier texte publié par l’auteur en 1968.

Un Nouveau Livre de la Jungle des Villes : Nouvelle en forme de conte initiatique où un enfant humain se retrouve élevé par des robots et rêve d’en devenir un aussi. L’auteur nous offre de nouveau un monde post-apo où les hommes, dans leurs envies de conquêtes, se sont quasiment annihilés et qui offre une réflexion intéressante sur l’identité et ce qui la façonne entre son ADN ou son éducation. Un texte qui est toujours d’actualité offrant aussi un léger message d’espoir à la fin.

Un Petit Saut dans le Passé : Un texte vraiment intéressant et poétique sur la possibilité de voyager dans le temps, plus principalement dans le passé. L’auteur traite ici de l’idée, classique, du paradoxe temporelle avec comme réflexion la généalogie et son origine qui parait être un thème important pour l’auteur. Problème, j’avais deviné la fin dès les premières pages ce qui fait que l’ensemble m’a paru trop prévisible.

L’Arme : Voilà un texte vraiment cynique et rempli d’humour noir qui nous présente une terre ou des extra-terrestres laissent, par hasard, une arme puissante qui sera alors découverte par un sans-abri. Un récit qui nous rappelle qu’un homme une arme à la main ne sait faire qu’une seule chose : détruire. Un texte court, sympathique à lire sans non plus se révéler révolutionnaire ; vite lu vite oublié.

L’Homme qui Fût Douze : Une nouvelle intrigante qui va nous plonger dans la colonisation d’une planète par un équipage humain et qui va, au fil de la mission, dégénérer et révéler ainsi tout le sens du titre. L’auteur nous offre des idées intéressantes sur l’immortalité par le renouvellement, la chirurgie ou encore l’écologie que l’homme ne peut s’empêcher de détruire, mais j’ai trouvé l’ensemble un peu mal rythmé et possédant ce vernis suranné de ces nouvelles efficaces à une époque et qui ont un peu de mal aujourd’hui. Cette nouvelle reste sympathique et offre de bonnes réflexions.

La Bête des Étoiles et L’Empathe : L’auteur le dit clairement, pour cette nouvelle il s’est inspiré d’Alien, ce qui se ressent à travers cette chasse d’un ET meurtrier par un empathe. Une nouvelle aux réflexions intéressante de l’auteur sur l’environnement et l’impact de l’Homme sur la faune et la flore qui arrive toujours avec ses gros sabots, mais qui n’a pas réussi, tout du moins avec moi, à m’angoisser ou me faire frissonner.

Manuscrit d’un Roman de SF Trouvé dans une Poubelle : A travers cette nouvelle l’auteur a décidé de se lâcher, se moquant d’une certaine SF d’aventure en poussant l’absurde à son paroxysme dévoilant alors des humains lâches et faibles, et des femmes en tenues minimalistes. On accroche, ou pas, moi je suis resté de marbre à cette nouvelle. Dommage.

Le Château du Dragon : Cette nouvelle, mélange de Fantasy et de SF, nous offre ici une histoire d’aventures qui permet à l’auteur de prolonger son immersion dans l’univers gandaharien. Un texte qui se lit bien au rythme haletant et sans temps morts avec son lot d’action et de rebondissements nous présentant un monde où la République a mis à mal la Royauté et où des groupes de brigands, à la Robin des Bois, cherchent à remettre le Roi sur son trône. C’est très divertissant.

Régression : Dans cette nouvelle l’auteur traite de nouveau du paradoxe temporelle, une famille voulant fuir la seconde guerre mondiale décide de revenir dans le passé, mais la machine s’emballe. Une histoire qui nous offre le portrait d’un jeune homme traumatisé et humain qui va, avec sa famille, se rendre compte que tout retour est impossible et qui offre ainsi des réflexion intéressantes sur les relations humaines ainsi que sur la science et ses conséquences.

L’Anniversaire du Reich de Mille Ans : Ce texte, uchronique, nous présente un monde qui a vécu 1000 ans de Reich comme le rêvait Hitler, mais que se passe-t-il après? Un texte plutôt sympathique et agréable, même si je l’ai trouvé un peu long, qui nous montre un monde sans évolution qui va se retrouver perdu et qui nous rappelle qu’une seule idée, qu’une seule vision n’aboutit pas toujours à quelque chose.

La Porte au Fond du Parc entre le cèdre et les chênes : De nouveau l’auteur traite du paradoxe temporelle et nous offre ici un texte poétique sur la relation ponctuelle, au fil des ans, entre un voyageur du futur et une fille qu’il croise lors de ses voyages. La construction du récit offre son lot de rebondissements, mais cette nouvelle est trop redondante avec Un Petit Saut dans le Passé ce qui l’empêche de s’épanouir. Dommage.

Rien qu’un Peu de Cendre et une Ombre Portée sur un Mur : Un texte poignant et glacial sur une petite fille qui a le pouvoir particulier, en se concentrant, de faire disparaitre ce qui lui fait peur. Un texte fort avec toujours en toile de fond cette capacité bien humaine de faire la guerre, détruire et où le sacrifice d’une inconnue va tout changer. La conclusion est vraiment réussie.

… Il Revient au Galop : Une nouvelle intéressante sur un sujet qui est important pour l’auteur, l’écologie, et qu’on retrouve régulièrement dans ses textes. Un récit qui nous dévoile un monde subissant une pluie torrentielle qui ne s’arrête jamais et où on suit une humanité impuissante qui se débat vainement. Un texte fort qui fait clairement réfléchir et bien porté par des personnages intéressants, dommage que certains aspects, justement dû à une forte montée des eaux, ne soit pas traités du tout.

Salut, Wolinski ! : Cette nouvelle nous plonge dans un monde ou la Liberté est devenue le nouveau créneau, ou chacun fait ce tout qu’il veut. Le héros de cette histoire, qui n’est autre que l’auteur, a donc décidé de tuer les gens qu’ils n’aiment pas et il n’aime personne que ce soit les riches, les pauvres, les étrangers, les intellos… Un texte cynique, violent, sanglant qui possède un message fort, mais qui m’a moyennement accroché, cherchant trop le côté choc.

Tout à La Main : La fin du monde est survenue et seul survivant probable l’auteur qui se terre chez lui entouré de coulées de boues brûlantes. Le héros se remémore alors les femmes qu’il a connues et ce qu’il a manqué, une sorte d’ode à la femme mais version trash, car notre héros se souvient d’elles surtout à travers la baise. Un texte qui, comme le dit l’auteur dans son explication, a fait un choc à l’époque traitant de la baise et de la masturbation, mais qui aujourd’hui se révèle, pour moi, juste sympathique principalement devant cette routine et finalement cette légère folie du héros, seul survivant qui classe sa vie comme on classe une bibliothèque.

Halte à Broux : Ce texte traite de soldats qui ont décidé de se poser dans un village et qui vont finalement regouter à la vie et la routine. Une nouvelle intéressante qui traite de la guerre, mais aussi des manipulations lors de l’entrainement des armées pour éviter que nos héros réfléchissent de trop, car finalement la réflexion est le pire mal d’une guerre pour un militaire.

Comme un Rêve qui Revient : Cette nouvelle traite d’un autre sujet qui est cher à l’auteur : les Dinosaures. Imaginez qu’ils reviennent? Un texte qui rappelle que nous ne sommes pas seuls sur cette planète, ce qu’il serait bon de ne pas oublier, surtout  si on remonte dans le temps,  qu’on n’est pas non plus l’espèce la plus haute dans la chaine alimentaire. Un texte efficace et surprenant.

Sur la Banquette Arrière : De nouveau l’auteur reprend le thème du paradoxe temporelle sur les origines et la généalogie déjà traité dans deux autres nouvelles précédemment ce qui donne, même si c’est traité de façon légèrement différente, de nouveau une impression de redondance surtout que ce texte me parait le moins bon des trois tout en étant situé à  la suite des deux autres.

Comme une Étoile Solitaire et Fugitive : Cette nouvelle m’a paru être le stéréotype des histoires d’une certaine catégorie de SF des années 80 et 90, entre catastrophe nucléaire qui aboutit à des mutations génétiques et bien entendu à son lot de pouvoir psi. Je ne sais pas pourquoi j’ai un peu de mal à accrocher à ce genre de récits. Heureusement le tout est sauvé par un style plutôt efficace et par un rêve d’étoiles vraiment intéressant.

En Route pour la Chaleur ! : Après un texte qui nous présentait une Nature reprenant ses droits en faisant chuter des trombes d’eau cette fois c’est le froid qui vient attaquer les hommes. L’auteur nous présente donc une humanité à bout qui va, au fil du temps, devenir de plus en plus violente, perdant ainsi ses normes éducatives, une sorte de retour à l’état sauvage. Une nouvelle sympathique mais qui parfois, selon moi, manquait d’informations sur certains points.

Épilogue Peut-être : Une nouvelle qui aurait pu servir de conclusion au récit où l’auteur nous présente la finalité de l’espèce humaine, de la Terre qui est en définitive, quoi qu’il arrive, de s’éteindre de se déchirer. Un texte intéressant, mais qui est, selon moi, un peu trop long.

Le Monde Enfin : Cette nouvelle nous fait suivre une vieil homme se déplaçant à cheval dans un monde où les hommes disparaissent et la nature reprend doucement ses droits. Un ultime voyage d’un vieillard vers son « cimetière des éléphants ». Sûrement la meilleure nouvelle du recueil selon moi, porté par des descriptions magnifiques d’une planète renaissante et qui offre une critique toujours aussi efficace et acerbe sur l’utilisation de la technologie par les hommes qui, au lieu de savoir profiter, en abusent. Une histoire qui prend son temps à travers ce vieillard qui profite de chaque instant. Un récit mélancolique et pourtant poignant et passionnant.

 

La plume de l’auteur se révèle vraiment simple, parfois crue et souvent captivante et prenante cherchant à faire passer son message de façon surprenante entre sexe, violence et apocalypse. Il réussit vraiment à happer le lecteur à travers la mise en place de son histoire, son univers et aussi dans ses descriptions, par contre j’ai trouvé qu’au niveau des dialogues il a un peu de mal se révélant souvent un peu plat servant plutôt de simple moyen d’informations. Les différents récits sont portés clairement par une imagination souvent débordantes et traitants de sujet qui, encore aujourd’hui, se révèlent d’actualité montrant clairement que l’auteur était parfois un peu visionnaire. Les explications de l’auteur en fin de texte apporte aussi une lumière intéressante sur chaque nouvelle. Dans l’ensemble un bon recueil représentatif des nouvelles de l’auteur même si c’est vrai certaines ne m’ont pas accrochées. Je regrette par contre cette impression de répétition donnant l’impression, parfois, de lire la même nouvelle plusieurs fois, mais de façon légèrement différente.

En Résumé : J’ai passé un bon moment avec ce recueil de 22 nouvelles de Jean-Pierre Andrevon qui présente un large panel de ce que peut proposer l’auteur au niveau de la SF. Des textes souvent forts, percutants qui traitent de sujets qui sont chers à l’auteur tel que l’écologie, les dinosaures ou encore la politique. Alors certes, toutes les nouvelles ne m’ont pas autant accrochées, mais dans l’ensemble je suis plutôt content de ma lecture. Je trouve juste dommage par contre la répétition de certaines idées, ce qui rend certaines nouvelles un peu trop redondantes. Une lecture efficace pour les lecteurs qui pourraient être intéressés par une SF engagée et percutante du début à la fin, même si parfois quelques textes ont mal vieillis selon moi, et un recueil intéressant pour qui veut découvrir l’auteur.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : koré, …

Réalité 5.0 – Collectif

realite 5.0Résumé :  Cinq textes, comme autant d’éclats qui reflètent chacun une vision singulière. Qu’ils soient débutants ou confirmés, cinq auteurs se sont prêtés au jeu de l’écriture autour du thème de la réalité. D’un Paris futuriste sous un Dôme, à un environnement virtuel, d’une station touristique – où la réalité augmentée est prédominante, à une attaque de mannequins en plastique jusqu’au dialogue entre un sexbot et son propriétaire… autant de version d’une réalité, d’échos des possibles.

Edition : Goater

 

Mon Avis : La première chose qui a fait que mon intérêt s’est porté vers cette anthologie ce sont les deux têtes d’affiches que sont Aliette de Bodard et Thomas Geha ; tous deux m’ayant déjà convaincu avec leurs autres écrits. La nouvelle de Aliette de Bodard ayant, en plus gagné, le prix Locus et Nebula a aussi clairement jouer sur mon envie de découvrir ce recueil, espérant par la même occasion, pourquoi pas, découvrir de nouveaux auteurs. Ce recueil comporte donc cinq nouvelles de science-fiction écrites par cinq auteurs différents sur le thème de la réalité.

Ma Douce Colombine de Thomas Geha : Cette nouvelle nous plonge dans la vie d’un homme qui a toujours vécu dans la richesse et qui a toujours profité des bonnes choses, mais en n’ayant connu aucun véritable contact humain. Un texte vraiment intéressant, qui nous offre le portrait d’un personnage, pacha, que son éducation a rendu totalement solitaire, égoïste et vivant sa vie complètement par procuration, le plus souvent de façon virtuel. Un homme détaché de tout et de tout le monde dont la vie va un jour basculé. Une quête du bonheur tout en cherchant à comprendre le bonheur. Un récit humain plein de surprise qui nous rappelle que les technologies ne font pas tout dans la vie et que, parfois, de véritable émotions, factices ou pas, manipulés ou pas, peuvent changer la vie d’un homme.

Les Passerelles d’Elena Avidja : Ce texte nous plonge dans un Paris post-apocalyptique dont une partie de la population s’est retrouvé forcée à vivre sous un dôme pour éviter les radiations qui ont transformées la population extérieure en mutants. Un texte construit de façon intéressante et captivante, offrant plusieurs points de vue qui nous montrent que la vérité n’est pas toujours ce que l’on croit. Une histoire efficace sur  les inégalités toujours présentes, sur les manipulations, mais aussi sur la façon de chacun de survivre et s’adapter dans ce monde. Un univers totalitaire ou la réalité et la vérité sont cachées derrières des mensonges et du cinéma qui, parfois, rappelle clairement notre réalité. Dommage que le récit manque un peu d’émotion, à mon goût, la faute justement à cette multiplication des points de vues dans un texte court ce qui limite l’aspect sentiments.

Immersion de Aliette de Bodard : Cette nouvelle nous plonge à l’intérieur de la station Longevity où la vie est autant réelle que semi-virtuelle grâce à une technologie galactique. Un texte que j’ai trouvé vraiment intelligent et intéressant, principalement dans les problématiques avancées, que ce soit l’acceptation de soi et des autres ou encore les améliorations qu’on cherche à amener sur soi pour aboutir à une perfection aussi bien intellectuelle que physique, qui sont aussi des sujets d’actualités et qui se révèlent traités ici de façon efficace. L’auteur utilise d’ailleurs un jeu de narration réussi entre une présentation à la troisième personne classique et une autre à la deuxième personne plus détachée jouant ainsi fortement sur l’influence de cette technologie normative. Un texte qui m’a vraiment bien accroché dont mon seul regret vient de l’univers qui aurait mérité d’être plus développé à mon goût, mais rien de bien gênant.

Plastique de Sébastien Degorce : Une nouvelle qui nous plonge dans un Paris où une épidémie fait des ravages, obligeant la ville à se retrouver couper en deux, cloisonnant ainsi les malades sous surveillance. On se retrouve alors à suivre un couple d’activiste le jour d’une élection. Un texte vraiment sympathique qui nous offre des réflexions intéressantes sur le pouvoir politique, son image, son importance et son influence ou encore sur la contestation. L’auteur nous offre même une scène haletante qui fait clairement penser à Doctor Who et où on se pose clairement la question de qui est en plastique et qui ne l’est pas, le tout pour aboutir à une conclusion choc et surprenante. Mais voilà selon moi ce texte aurait gagné à être un peu densifié, certains passages se révélant trop rapides et les dialogues m’ont paru parfois un peu plat. Dans l’ensemble tout de même une découverte agréable.

Une Petite Mayonnaise de Pur Plaisir de Jean-Marc Agrati : Cette nouvelle nous plonge dans la vie d’un homme vivant chez lui avec une sexbot, une IA et passant son temps à espionner le voisinage qui respecte de moins en moins la loi. Alors, je l’avoue, je n’ai pas vraiment accroché à ce texte, mais cela vient clairement de mes attentes personnelles. J’en vois pourtant bien les idées, nous présentant une société qui se révèle de plus en plus délétère, où le respect des lois et des autres a complètement disparu, cherchant ainsi à faire réfléchir le lecteur, mais voilà l’auteur utilise une plume assez trash qui a est le genre d’aspect qui a du mal à vraiment m’accrocher. Le côté électrochoc me rentrant dedans, par la violence et la vulgarité, pour me faire visualiser une idée plutôt que d’essayer de me la faire comprendre et accepter ne marche pas avec moi, ce qui a donc fait que je ne suis jamais rentré dans cette nouvelle. Dommage, même si je ne doute pas que sur d’autres lecteurs cette présentation aura plus d’effet.

 

Finalement, je suis bien content de m’être laissé tenter par ce recueil de nouvelles qui m’a offert cinq textes complètement différents en nous présentant des points de vue complètement différents et, souvent, efficaces sur ce qu’est la réalité et ce qu’on est capable d’en faire ou encore de s’en cacher. Même si tous les textes ne sont pas au même niveau, ce recueil m’a aussi permis de découvrir de nouveaux auteurs intéressants.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce recueil de nouvelles qui nous propose de plonger le lecteur dans cinq récits présentant clairement une vision de la réalité complètement différente, souvent intéressantes et palpitantes. Alors, certes tous les textes ne sont pas au même niveau, mais dans l’ensemble ils se révèlent captivants, réfléchis, souvent bien traités avec de bonnes idées et des histoires intéressantes. Je suis bien content de m’être laissé tenter par ce livre qui m’a permis aussi de découvrir des auteurs que je ne connaissais pas.

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Lune,…

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