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Incubes – Anthony Holay

incubesRésumé : Ce couple, qui vient tout juste de perdre leur enfant, décide d’aller passer une semaine isolés du monde dans un charmant chalet de montagne.
Tandis que la femme fait son deuil tant bien que mal, lui aperçoit des formes qui rôdent autour de la maison en pleine nuit.
Un huis-clos térrifiant qui confronte l’Homme à ces ombres incertaines que la nuit fait danser devant ses yeux…
Une novella d’horreur qui ravira les amateurs du genre.

Edition : House Made Of Dawn

 

Mon Avis : Cela fait bien longtemps que je ne me suis plus laissé tenter par des textes qui lorgnent du côté de l’angoissant. Quand on m’a proposé de découvrir cette nouvelle, j’avoue m’être facilement laissé tenter par un quatrième de couverture qui se révélait accrocheur ainsi que par une illustration de couverture que je trouvais plutôt réussi. Avant de me lancer dans la lecture de ce texte je dois avouer que je ne connaissais rien concernant l’auteur, d’ailleurs je crois qu’il s’agit même d’un de ses premiers écrits publié.

Je dois bien admettre, une fois ma lecture terminée, que pour un premier texte il y a clairement du potentiel. Il connait ses classiques de l’horreur et sait les réutiliser, plongeant alors le lecteur dans ce huit-clos sombre, perdu en plein milieu de cette montagne avec ce couple en pleine reconstruction. La tension monte crescendo au fil des pages pour happer le lecteur dans un récit où l’irrationnel se retrouve à se mélanger à la réalité, où horreur et l’angoisse se mettent alors à gagner lentement le lecteur. L’auteur arrive vraiment à retranscrire cette ambiance sombre et glaçante, nous plongeant dans la douce folie qui se met à prendre le narrateur, qui va alors tout faire pour tenter de s’en sortir, sans non plus plonger dans l’accumulation ou le gore gratuit. C’est vraiment le point fort de cette nouvelle, ce malaise qui est distillé lentement au cours de la lecture, même si c’est vrai l’ensemble reste tout de même assez linéaire et sans véritable surprise pour peu qu’on ait un minimum de bagage dans ce genre de littérature. Cela n’empêche pas l’ensemble de se révéler un minimum prenant.

Malgré cet aspect horrifique vraiment captivant et passionnant je trouve par contre que l’ensemble pêche par certains autres aspects. En effet j’ai trouvé qu’il se consacrait trop à son aspect horrifique, à faire monter la tension et à essayer de surprendre le lecteur au point qu’il en oublie un peu le reste, ce qui est quand même dommage. Pour moi une nouvelle horrifique se construit par palier, des passages angoissants qui vont faire frissonner le lecteur, mais aussi des passages plus calmes qui offrent un peu de répit permettant de développer et densifier l’ensemble, que ce soit aussi bien l’univers que les personnages. Ici l’auteur oublie clairement ces passages plus explicatifs, plus calmes, plus constructeurs, ce qui fait que les personnages manquent clairement de consistances pour accrocher le lecteur. L’ensemble parait manquer surtout par moments de cohérence, justement parce que l’auteur ne cherche pas toujours à y apporter des clarifications ce qui est frustrant. Quelques pages de plus pour épaissir les héros, les rendre plus humains et permettre de mieux comprendre quelques actes auraient vraiment permis à l’ensemble d’être beaucoup plus efficace.

Concernant le style de l’auteur il se révèle simple, plutôt entrainant et épuré même si on sent clairement qu’il doit encore être travaillé, principalement sur certains passages où il en fait un peu trop comme certaines métaphores légèrement pompeuses ou certaines expressions qui passent mal à l’oreille. Un meilleur travail d’édition aurait peut-être permis une meilleure fluidité dans l’écriture. Autre point qui m’a légèrement dérouté c’est que l’auteur ne donne pas l’impression de s’être vraiment imprégné de son personnage, il y a un certain décalage entre ce qu’il écrit dans sa narration en forme de journal, principalement sur la relation entre sa femme et lui, et le traumatisme qu’ils ont l’air d’avoir vécu. Au final une nouvelle comme je l’ai dit avec du potentiel, qui arrive à captiver par son ambiance et son aspect horrifique, mais qui aurait mérité plus de pages et d’être plus travaillé sur la forme pour vraiment captiver.

En résumé : Je ressors donc de ma lecture avec un léger sentiment mitigé. Il y a clairement du potentiel dans cette nouvelle, principalement dans la mise en place de cette ambiance assez angoissante et horrifique, ainsi que dans la capacité de l’auteur à faire monter la tension au fil des pages. Le problème c’est que, pour moi, une nouvelle dans le genre de l’horreur doit être un peu plus que de simples passages angoissants. Ici il manque clairement une certaine densité, que ce soit dans l’univers comme dans les personnages, ce qui est dommage et offre même certaines fois une impression d’incohérence. Alors on se laisse tout de même porter par ce texte, par son côté efficace, malgré un aspect, c’est vrai, linéaire et prévisible pour peu qu’on s’y connaisse, mais voilà il manque de la profondeur pour qu’il passe un cran au-dessus. Le style de l’auteur se révèle simple, entrainant même si on le sent encore jeune cherchant à trop en faire, principalement par des métaphores un peu guindés ou des phrases qui passent mal à l’oreille. L’auteur a en tout cas piqué assez ma curiosité pour me laisser, pourquoi pas, tenter par ses prochains textes.

 

Ma Note : 6/10

Galaxie(s) n°25

galaxies 25Edition : Galaxies

 

 

 

 

 

Mon Avis : Je continue ma découverte des revues consacrées à l’imaginaire et, après avoir bien entamé les Bifrost et débuter la nouvelle édition de Fiction, je me lance cette fois dans les Galaxie(s). J’avoue que ce magazine je ne le connais pas vraiment, malgré le fait d’en avoir entendu parler à droite à gauche. J’ai donc décidé de faire rentrer quelques numéros dans ma PAL pour pouvoir me faire un avis plus complet. À noter que ce numéro fête aussi les 60 ans de Galaxie (toutes éditions confondues) et offre un dossier consacré à Pierre Stolze dont j’avoue ne connaitre que sa rubrique dans Bifrost. Ce numéro comporte cinq nouvelles d’auteurs différents.

L’Enfant qui S’avance vers Nous de Gulzar Joby : Je ne connaissais pas l’auteur avant de lire cette nouvelle, ce fût donc une première découverte. J’avoue, une fois le récit terminé je suis loin d’être convaincu. L’auteur nous propose ici pourtant de traiter d’un sujet intéressant qu’est la mère porteuse, dans un futur où la scission des classes sociales atteint un haut niveau et où les technologies ont énormément évolué et se révèlent limite invasives. clairement les idées sont là que ce soit sur l’exploitation des pauvres, de la recherche de l’enfant parfait, l’ingérence des parents, ou encore de la surutilisation de technologies le tout dans un monde qui parait post-apocalyptique. Dommage que le reste ne suit pas, l’auteur nous proposant des personnages tellement froids et peu consistants qu’on ne s’accroche jamais vraiment à eux, certaines scènes n’apportent rien à l’histoire, le style de l’auteur m’a paru manqué de force et d’intérêt, novice, se cherchant encore et voulant trop en faire et le chapitre de conclusion, pour moi, est de trop. J’ai l’impression d’être passé à côté, dommage.

L’Erreur de Rosa Montero : Tout comme la nouvelle précédente je ne connaissais rien de l’auteur avant de me lancer dans la lecture de ce texte. On retrouve ici une nouvelle à chute, cherchant à emmener le lecteur vers une conclusion qui doit normalement le surprendre, le tout dans un univers futuriste totalement automatisé, où les machines ont pris une importance démesurée. Mais que se passe-t-il quand un soucis apparait? Une nouvelle que j’ai trouvé agréable et divertissante, mais qui a du mal à être plus que cela. Il faut dire que la conclusion, malgré quelques axes de réflexions classiques et efficaces, n’a justement pas vraiment rempli son rôle de me surprendre. De plus, il ne faut pas le nier, cette nouvelle en soit n’a rien de révolutionnaire, une impression de déjà-vu m’est resté tout le long de ma lecture. Cela ne l’empêche pas d’être plutôt bien écrite et efficace à découvrir. Je la classe dans la fameux, vite lu, bien apprécié, vite oublié.

Mono no Aware de Ken Liu : J’ai découvert mon premier texte de Ken Liu dans le dernier Bifrost, consacré à Poul Anderson, qui m’a offert un bon moment de lecture. J’avais donc hâte de savoir ce qu’allait bien proposer l’auteur ici. Cette nouvelle nous plonge dans un avenir où une météorite va bientôt percuter la terre et où la population cherche à fuir. Je n’en dévoile pas plus sous peine de trop spoiler, mais pour moi il s’agit du meilleur texte du recueil par son aspect poignant, humain, porté par des personnages désabusés, plein d’espoirs et d’envies d’un futur meilleur tout en cherchant à ne pas oublier le passé. L’auteur nous offre aussi un avenir très contemporain où, malgré toutes les évolutions technologiques, l’Homme restera toujours fidèle à lui-même ce qui est en total contradiction avec la nationalité japonaise du héros; qui recherche la cohésion au point de tout perdre. La fin a beau être logique, elle a réussi à me toucher. Je regrette juste par contre l’aspect un peu caricatural lié à la nationalité du héros, comme si le japon se limitait au Go, à ses kanjis et ses mangas. Mais rien de non plus trop dérangeant. Un très joli texte.

Vaisseau Sœur d’Aliette De Bodard : J’ai lu plusieurs écrits de l’auteur et pour le moment j’avoue que je n’ai jamais été déçu. J’attends d’ailleurs la suite du cycle Les Chroniques Aztèques depuis plusieurs mois maintenant avec impatience. Cette nouvelle nous plonge au milieu d’une famille où un frère et une sœur s’entredéchirent depuis la naissance de cette dernière dont l’accouchement a affaibli leur mère. Sauf que sa sœur n’est pas n’importe qui, elle est l’IA d’un vaisseau spatial avec tout ce que cela implique. Une nouvelle que j’ai trouvé réussi, touchante, sur les éléments de la famille, les bouleversements qu’elle peut connaitre avec l’arrivée d’un nouvel élément. L’ensemble gagne aussi en profondeur et en intérêt avec le background que construit l’auteur, que ce soit aussi bien dans cet avenir futuriste où les IA sont misent au monde naturellement mais aussi dans tout cet aspect culturel et traditionnel qui vient du Vietnam. Un texte profond, entrainant, avec une conclusion efficace.

Taï Chi Chuan à Tchernobyl-sur-Moselle  de Pierre Stolze : Cette nouvelle est la première que je découvre de l’auteur et, j’avoue, je l’ai trouvé très sympathique. L’auteur place son récit à Thionville, ville que je connais bien, dans un futur proche suite à une catastrophe nucléaire qui a vidé les lieux. Pourtant quelque chose détruit les technologies envoyées là-bas. Mis à part la catastrophe qui m’a paru basé sur des aspects un peu facile, même si se basant sur des faits concrets, le reste m’a paru efficace. Ce récit offre au lecteur une réflexion intéressante sur notre monde, l’environnement et les risques qu’il encourt même certains aspects m’ont paru simple, comme celle sur les scientifiques. Un texte nerveux, qui se lit rapidement et se révèle vraiment divertissant avec une conclusion qui offre de l’espoir pour l’avenir même si ce n’est pas gagné. Les personnages se révèlent intrigant et leurs développements réussis. J’ai bien envie de découvrir d’autres écrits de l’auteur maintenant.

 

Le reste du magazine nous propose un long entretien avec Pierre Stolze qui s’est révélé très intéressant, même si je n’ai pas toujours le même point de vue que lui, et qui m’a donné envie de découvrir un peu plus sa bibliographie, même si je pense que certains de ses écrits me paraissent trop barrés pour moi à première vue. Le principe du Projet équateur, travail de l’auteur sur la vision qu’il a de son passé et de son avenir d’écrivain, est intriguant et prenant. On retrouve un article, peut-être un peu court, sur les 60 ans de Galaxie (toutes formules confondues), un article pour nous faire découvrir ou redécouvrir Noëlle Roger, ainsi que le traditionnel cahier critique qu’on retrouve dans tous les magazines. Au final une première plongée intéressante dans cette revue, il ne me reste plus qu’à découvrir les autres qui attendent dans ma PAL.

 

Ma Note : 7/10 (Note ne reposant que sur les nouvelles)

Bardes et Sirènes – Anthologie 2014 des Imaginales dirigée par Sylvie Miller & Lionel Davoust

bardes et sirènesRésumé : Ensorceleuses précipitant les marins à leur perte, ou symboles d’un amour inaccessible, les sirènes fascinent autant que les abysses dont elles sont issues. Pour ces maîtresses du chant, la rencontre du barde est inévitable ; artisans des mots et de la musique, usés par la route et les tragédies, ils tissent eux même sur le cœur des hommes leurs propres enchantements… Toutes les nuances de la fantasy sont au rendez-vous de Bardes et Sirènes : des racines médiévales du genre à notre époque désenchantée, onze rencontres épiques, émouvantes, drôles ou cruelles vous attendent !

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Depuis 2011 environ j’ai l’habitude de craquer, assez facilement c’est vrai, pour l’anthologie des Imaginales. D’une cela me permet de faire le tour des auteurs présents (d’ailleurs dommage que tous les écrivains au sommaire ne soient pas toujours présents) et de deux elle permet de découvrir une variété de textes, souvent plaisants, sur un thème bien précis. Cette année le thème choisi m’a surpris, j’avoue, il s’agit de Bardes et Sirènes. J’avais donc hâte de découvrir ces différentes nouvelles. Comme l’année dernière cette lecture a bénéficié d’une LC avec Snow et Mariejuliet, aux emplois du temps de Ministres, mais qui c’est révélé très agréable avec de bonnes discussions. À noter que ce recueil comporte au sommaire 11 nouvelles, ainsi qu’un préface qui effectue un peu le bilan de l’anthologie depuis ses débuts ; un passage de flambeau pour les prochains anthologistes .

La Boite à Musique de Carina Rozenfeld : On se retrouve dans cette nouvelle à suivre un barde qui commence à se faire une réputation grâce principalement à sa boite à musique qui reproduit le chant d’une sirène. J’avoue que j’ai trouvé cette nouvelle assez sympathique, nous proposant un récit plutôt efficace et charmant, avec aussi quelques réflexions sur le besoin de l’homme de ne pas reconnaitre le bonheur là où il est, mais plutôt passer son temps à chercher la gloire et la reconnaissance. Dommage que l’ensemble soit peut-être un peu trop gentil, surtout pour la conclusion. Je trouve que cette nouvelle ouvre bien ce recueil, offrant un texte assez doux, agréable et calme.

Plaie Etoilée de Samantha Bailly : Ce texte nous fait découvrir un barde qui possède une drôle de plaie étoilée sur le front. Je suis plutôt mitigé sur ce texte, pourtant dans l’ensemble je l’ai apprécié, mais voilà pour moi il y avait énormément de potentiel que l’auteur ne fait finalement qu’esquisser, comme par exemple cette plaie sur le front ou encore les fameuses « histoires » misent en flacons, l’ensemble aurait pu apporter tellement plus que ça en est légèrement frustrant. Maintenant cela n’empêche pas ce texte de se révéler sympathique à lire, bien rythmé et quand même efficace, amenant le lecteur vers une conclusion certes sans surprise mais intéressante.

Tant que nous Demeurons Ensemble de Yann de Saint-Rat : Cette nouvelle se révèle assez intéressante sur certains points, nous faisant découvrir des sirènes guerrières qui kidnappent régulièrement des humains pour en faire des esclaves ou comme réserve de nourriture. J’avoue que l’idée de transformer les sirènes en monstre guerrier plutôt qu’en tentatrice par leurs charmes ou leurs voix m’a paru intéressant, faisant des humains du bétail apeuré, mais le reste se révèle très (trop) classique j’ai trouvé, avec une conclusion qu’on voit venir dès le début. Un texte tout de même agréable, mais qui, comme les précédents, a du mal à complètement m’emporter et à se dégager.

La Tête de Singe d’Estelle Faye : J’ai énormément apprécié cette nouvelle, sûrement selon moi une des meilleures du recueil, nous proposant de découvrir la fuite d’une jeune fille qui va faire face à de nombreux obstacles. La force du récit est, cette fois, de ne pas mettre le barde et la sirène au milieu de l’intrigue, mais comme simple élément d’évolution pour l’histoire. L’intrigue joue avec le lecteur, l’amenant vers des fausses pistes, des rencontres déroutantes, pour mieux rebondir et happer le lecteur. L’univers mis en place par son aspect mythologique est clairement dense et soigné, avec cette originalité sur les sirènes, et le tout est magnifiquement porté par une plume que j’ai trouvé superbe et sensuelle. Les personnages se révèlent intéressants et surprenants par bien des aspects. Certes l’ensemble reste, sur certains aspects, ouvert, mais je trouve que cela ajoute du charme au récit et à l’imagination. Une nouvelle réussie.

Au Bar des Sirènes de Frédéric Petitjean : J’avoue, je n’ai pas du tout accroché à ce texte. Il nous fait découvrir un barde solitaire dans un univers ou les êtres de légende disparaissent de plus en plus. Le début se révélait pourtant sympathique, proposant une vision du monde féérique pleine d’ironie et de perdition, mais l’ensemble se révèle très rapidement trop simpliste et surtout un peu trop guimauve et rose bonbon à mon goût. De plus j’avoue que certaines réactions de personnages m’ont paru des plus étonnantes et déroutantes. L’univers décrit par l’auteur m’a aussi paru un peu trop surfait, un peu trop cinéma hollywoodien je pense, ce qui n’est pas illogique vu que l’auteur a travaillé sur des séries américaines, mais qui ne m’a pas accroché plus que cela. Dommage.

La Mise en Pièces de Maïa Mazaurette : Comme souvent l’auteur nous propose une nouvelle qui se révèle efficace, entrainante, sanglante, sombre et pleine de surprises et de rebondissements. On suit ici un barde, amant d’une reine sanguinaire et décadente, qui lui conte une histoire sur les sirènes, mais qui est dans l’attente de quelque chose de bien particulier. La tension monte lentement au fil des pages, de l’attente du héros et des révélations qui se dévoilent, pour mieux captiver le lecteur, le dérouter, et même si la conclusion est devinable dans les grandes lignes ça ne l’empêche pas de se révéler percutante et surprenante. La caractérisation des personnages est bien réussie, qu’on les apprécie ou pas on tourne les pages avec envie de savoir ce qui va leurs arriver. Un texte que j’ai trouvé au final très réussi, bien porté par une plume vive et efficace.

Tant qu’il y Aura des Sirènes de Régis Goddyn : Cette nouvelle m’a un peu dérouté par certains aspects et, j’avoue, au final j’en ressors avec un sentiment mitigé même si plutôt positif. En fait j’ai trouvé que les idées sont là avec ce concept de nous présenter les sirènes comme en voie d’extinction dans un monde futuriste qui se délétère, mais voilà la présentation, sur trois lignes temporelles, m’a paru par moment trop brusques, manquant parfois de logique et le style ainsi que la narration m’ont paru par moment un peu trop hachés pour complètement m’accrocher. Au final un texte pas mauvais, plein de potentiel, mélange des genres, avec de bonnes idées et des réflexions intéressantes sur l’écologie, mais qui sur la forme m’a parue un peu trop bancal pour complètement me happer.

Le Chant des Autres de Mélanie Fazi : L’auteur, comme à son habitude, nous propose ici un texte que j’ai trouvé excellent et magnifique. Une nouvelle clairement originale, principalement par sa représentation du barde et de la sirène qui se révèle franchement surprenante, accrocheuse et passionnante dans un univers de fantasy urbaine qui se révèle passionnant et très intéressant à découvrir avec ses règles et ses limitations. Surtout une nouvelle poignante, touchante portée par des personnages qui se révèlent profondément humains avec leurs joies et leurs souffrances, souvent remplis de colère et de douleurs, qui doivent faire des choix. J’ai de nouveau été emporté par la plume poétique, pleine de finesse et sensible de l’auteur. Elle rentre clairement dans les meilleures nouvelles du recueil.

Le Chant du Solstice de Pierre Bordage : On retrouve ici une nouvelle que j’ai trouvé très intéressante, où on découvre un barde en manque d’inspiration, qui doit pourtant effectuer le grand chant du solstice. Mais tout va changer pour lui quand les villageois vont capturer une sirène. Un texte simple et qui se révèle efficace avec son lot de rebondissements et de retournements de situation qui font qu’on tourne les pages pour découvrir la suite même si dans l’ensemble il se révèle assez linéaire. La plume de l’auteur se révèle entrainante et efficace et les personnages offrent leur lots de surprises. Par contre, ce qui dessert un peu cette nouvelle c’est son positionnement dans l’anthologie, elle aurait gagné à être plus vers le début selon moi, et aussi, peut-être, un léger manque de profondeur dans l’ensemble.

Ci-gît mon Cœur d’Anne Fakhouri : Une nouvelle que j’ai trouvé réussie, qui nous propose de découvrir un barde qui par « chevalerie » va se retrouver à aider une sirène dont il est tombé amoureux. Mais tout n’est pas toujours ce que l’on croit. L’ensemble se révèle très bien rythmé, haletant, qui se lit assez facilement, rapidement et avec plaisir, qui happe doucement le lecteur au fil des pages pour lui donner l’envie d’en savoir plus aboutissant alors à une conclusion qui risque d’en surprendre plus d’un tant j’ai trouvé que la révélation finale était inattendue, décalée, cruelle et surtout terriblement efficace. L’ensemble se révèle maîtrisé et bien porté par une plume rythmée et haletante et où les personnages ne sont pas toujours ce qu’ils paraissent être.

Le Guetteur de Nuages de Thomas Geha : Cette nouvelle nous plonge dans un univers où les nuages sont des ennemis envahisseurs et où un barde utilise son chant pour les faire disparaitre. Mais un jour un nuage différent et beaucoup plus résistant apparait. Un texte qui m’a paru intéressant, vif et entrainant à travers cette possibilité, en méditation, de pénétrer dans les nuages et alors les faire résonner grâce au chant pour les dissoudre. L’idée de la sirène se révèle clairement originales et surprenante. Le texte possède aussi une certaine musicalité qui m’a bien accroché, ainsi qu’une légère dose d’ironie avec ce passage sur la sagesse des anciens et la fougue des plus jeunes. Là où j’ai un peu décroché c’est dans la conclusion, l’auteur ayant pris le parti pris d’offrir une sorte de happy-end, c’est un choix, mais je me dis qu’au vu du récit un final peut être un peu nuancé aurait apporté un plus à l’ensemble. Au final un texte agréable et efficace qui se lit bien.

 

Je dois bien avouer que j’ai trouvée cette cuvée 2014 un peu en dessous que celle des années précédentes. Il y a bien quelques textes qui sortent du lot mais les autres se révèlent soit simplement sympathiques sans être vraiment marquants, soit ne m’ont pas complètement accroché. Il faut aussi dire que le sujet était peut-être un peu particulier, pas obligatoirement le premier qu’on pense en parlant Imaginaire. Alors attention la lecture de ce recueil se révèle tout de même agréable et m’a aussi permis de découvrir de nouvelles plumes, juste que dans l’ensemble je l’ai trouvé un petit peu moins accrocheuse que les années précédentes.

En Résumé : J’avoue que j’avais hâte de voir ce que la cuvée 2014 allait bien proposer avec ce sujet sur Bardes et Sirènes, mais voilà, une fois la dernière nouvelle terminée je dois bien avouer que je l’ai trouvé légèrement en-dessous des années précédentes. Alors attention l’anthologie ne se révèle pas mauvaise pour autant et se révèle agréable à lire, avec quand même la présence de quelques textes qui sortent franchement du lot, mais le reste se révèle soit juste sympathique sans non plus être très marquant, soit ne m’ont pas complètement accroché malgré la variation d’idées sur le sujet. Cela vient peut-être aussi justement du choix du sujet. Cela ne m’empêchera de faire entrer dans ma PAL l’anthologie l’année prochaine.

 

Ma Note : 6,5/10

 

Les avis de mes collègues de LC : Snow, Marijuliet.

L’Opéra de Shaya – Sylvie Lainé

l'opera de shayaRésumé : So-Ann, née dans un vaisseau spatial, a du mal à s’habituer aux coutumes étranges et contraignantes des mondes où se sont établis les humains. Alors quand elle entend parler de Shaya, cette planète où la faune et la flore sont en totale empathie avec ses visiteurs, elle n’hésite pas une seule seconde. Mais en vérité, qui s’adapte à qui ? Quels mystères se cachent dans ce monde qui semble idéal ?
L’Opéra de Shaya est un space opera envoûtant et magique, accompagné de trois autres nouvelles tout aussi fortes et sensibles.

Edition : ActuSF

Mon Avis : Sortant tout juste de ma lecture de Marouflages, autre recueil de nouvelles de Sylvie Lainé, qui m’a fait passer un bon moment de lecture offrant des textes souvent humains, poignants et remplis d’émotions (chronique ici), je me suis rapidement décidé de découvrir le dernier recueil en date de l’auteur. Il faut aussi dire que la couverture, illustrée par Gilles Francescano, est vraiment superbe et donne envie de lire ce livre. À noter que ce recueil comporte une préface de Jean-Marc Ligny, quatre nouvelles ainsi qu’une interview de l’auteur.

L’Opéra de Shaya : Cette nouvelle, qui tend finalement plus vers la novella, nous plonge dans le quotidien So-ann qui est née dans l’espace et qui est à la recherche de la planète qui lui correspond, mais elle a du mal à s’intégrer face aux différentes lois et normes qui s’imposent à elle à chaque fois. Un jour elle va entendre parler de Shaya, planète qui s’adapte à l’arrivant et non l’inverse. Ce texte démarre de façon conventionnelle sur le thème du space-opéra avec des réflexions classiques mais solides sur le rapport à l’autre, mais c’est une fois sur Shaya qu’il prend clairement son envol. En effet le texte va se révéler alors passionnant à travers cette planète, que ce soit aussi-bien au niveau de cette flore et de cette faune qui s’adapte à l’ADN de l’héroïne, mais aussi à travers les habitants de la planète, leurs cultures, leurs traditions et leurs visions de la vie. Shaya se révèle tout d’abord, à travers les yeux de So-ann, fascinante et merveilleuse, un paradis, mais petit à petit l’auteur  va agrandir le spectre de sa vision et très vite on va se rendre d’un décalage, que quelque chose n’est pas tout à fait normal. La tension et le doute vont alors se glisser insidieusement au fil des pages et faire monter la tension pour offrir un final surprenant (et pourtant si logique), émouvant et poignant que je vous laisse découvrir. L’auteur nous offre ici des axes de réflexions captivants et réfléchis sur la possibilité ou non à deux cultures différentes, d’une de se comprendre, de deux de s’accepter et comme à son habitude elle le fait à travers des personnages attachants et touchants, mais qui ne possèdent pas obligatoirement le même prisme, ni la même vision de la vie venant d’idéologies différentes. Un texte magnifique, qui vaut à lui seul, selon moi, la lecture de ce recueil.

Grenade au Bord du Ciel : J’ai déjà lu ce texte, qui était initialement publié dans le recueil Utopiales 2013. Cette nouvelle lecture n’a modifié en rien mon appréciation de l’époque que vous pouvez retrouver ici.

Petits Arrangements Intra-galactiques : Cette nouvelle nous fait suivre un convoyeur spatial qui, lors d’une livraison de myrtille, tombe en panne ce qui l’oblige à rejoindre la planète la plus proche en attendant les secours. L’auteur décide de traiter cette découverte d’une nouvelle planète par l’humour, nous plongeant dans un univers chatoyant et absurde avec une faune et une flore complètement décalée. Notre héros va alors devoir donner le maximum de lui-même pour survivre. J’avoue cette nouvelle m’a fait sourire, mais c’est un récit que j’ai trouvé gentillet et qui sur l’ensemble du recueil me parait juste anecdotique et très courte. Elle reste plutôt sympathique à lire.

Un Amour de Sable : Cette nouvelle revient aussi sur la rencontre avec l’autre, mais de nouveau sur un angle complètement différent, en effet cette fois l’autre c’est un sable multicolore tout ce qu’il y a de plus basique. Ici la grande force du récit et de clairement jouer sur deux cultures, deux êtres différents qui sont totalement opposés et n’ont pas la compréhension ni le niveau nécessaire pour voir l’existence de l’autre, mais aussi le fait que l’auteur arrive à donner une voix différente à chaque entité, les hommes et le sable, le tout avec de l’humour et qui aboutit peu à peu à une conclusion glaçante, qui repose justement sur cette absence de capacité à communiquer et à se comprendre. Un très joli texte, réfléchi et efficace qui montre aussi que l’analyse scientifique ne fait pas toujours tout dans la découverte.

 

J’ai de nouveau trouvé la plume de l’auteur très poétique et surtout terriblement efficace pour attacher le lecteur à ses personnages ou pour lui offrir de nombreux axes de réflexions. J’ai aussi trouvé que ce recueil était plus scientifique que le précédent, les personnages restent très présents et importants, mais ne sont ici pas toujours le moteur du texte malgré qu’ils soient toujours attachants. Au final un excellent recueil qui mérite d’être découvert, il ne me reste plus qu’à me procurer les autres recueils qui me manquent.

En Résumé : J’ai passé de nouveau un très bon moment de lecture avec ce recueil de quatre nouvelles qui nous font réfléchir de façon passionnante sur le regard sur l’autre, les différences de cultures et leurs acceptations, mais aussi sur la communication et le langage. L’Opéra de Shaya est le gros morceau de ce livre, mais, rien que pour ce texte il mérite vraiment d’être découvert tant, malgré un démarrage assez classique, j’ai été touché par cette histoire, ses idées et ses personnages. Concernant les autres textes même si un m’a paru anecdotique les deux autres se révèlent efficaces et intelligents. Le style de l’auteur est toujours aussi poétique, soigné et brillante,  proposant des personnages attachants. Un recueil à découvrir selon moi. Il ne me reste plus qu’à faire entrer dans ma bibliothèque les autres recueils de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Mariejuliet, Vert, Lorkhan, Tiger Lilly, Jeanne-A Debats, …

Marouflages – Sylvie Lainé

marouflagesRésumé : Sylvie Lainé se sert de la science-fiction pour décrire comment, avec brutalité ou avec bonheur, en jouant avec le mensonge ou avec notre propre vérité, nous inventons notre rapport à l’autre et notre propre vie.
À travers les trois nouvelles de ce recueil, elle nous rappelle que le chemin importe parfois plus que le but, qu’on peut vivre avec un amour perdu en apprenant simplement à marcher à la bonne cadence. Ses personnages nous enseignent de l’intérieur comment on construit ses vérités, couche après couche, comment s’enchaînent les conséquences… et à quoi peuvent conduire les meilleures résolutions.

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : Je dois bien avouer que j’ai découvert la plume de Sylvie Lainé sur le tard, puisque le premier texte que j’ai lu de l’auteur fut la nouvelle publiée dans le recueil des Utopiales de l’année 2013 que j’avais considéré comme l’un des meilleurs du recueil. Au départ j’avais décidé de me lancer dans la découverte de nouveaux textes de l’auteur par ma lecture de L’Opéra de Shaya qui est entré dans ma PAL il y a quelques semaines, mais mon passage sur le stand ActuSF lors des dernières Imaginales a fait que je suis aussi repart avec ce recueil. Vu que j’ai un esprit cartésien et tordu qui aime faire les choses de façon chronologique j’ai donc décidé finalement de lire Marouflages. Ce court recueil comporte trois nouvelles.

Les Yeux d’Elsa : Cette histoire nous propose de plonger dans un monde futuriste ou les dauphins ont été modifiés génétiquement. Un échange apparait alors, si les dauphins ont besoin de l’aide des hommes ils devront alors en contrepartie travailler pendant une durée déterminée sur des chantiers qui se situent sur ou sous l’eau. Mais le contrat est bien entendu vicié. Charlie fait partie d’une équipe de secours de dauphins et sa vie va changer quand il va rencontrer Elsa. Sûrement la plus belle nouvelle de ce recueil, elle nous fait découvrir un amour impossible et obligatoirement tragique entre un homme et un dauphin, magnifiquement porté par la plume de l’auteur qui arrive à rendre cette relation étrange en quelque chose de touchant, fascinant et de poignant. Mais surtout on y retrouve une réflexion très intéressante sur la vision que chacun a de l’amour, de sa complexité et des concessions qu’il faut parfois faire pour réussir, Charlie fantasmant par exemple ici une relation parfaite se mettant des œillères dès les premières contrariétés et préférant fuir la réalité. Un amour doit être vécu dans les deux sens pour exister sous peine de s’étioler. Autre point que j’ai trouvé captivant c’est l’univers que construit l’auteur en toile de fond, un monde impitoyable qui nous fait réfléchir sur les conditions de travail et sur ce qu’est parfois prêt à faire l’Homme pour sa survie et son bien être, voir même pour conserver son travail. Au final une nouvelle clairement réussie et fascinante.

Le Prix du billet : Cette nouvelle nous fait découvrir Hera, prête à tout quitter pour rejoindre une communauté, qui va voir sa vision de l’avenir bouleverser par sa rencontre avec une jeune fille. Ce texte nous amène à réfléchir sur la position de chacun et surtout sur le besoin des autres pour exister et vivre, mais doit-on pour cela tout rejeter pour espérer une vie meilleure ? Nouvelle initialement publié dans le calendrier de l’avent de Reims, elle colle bien à la thématique de noël, avec cette remise en cause de soi, l’héroïne va alors se retrouver complètement chamboulée par une rencontre limite « magique » d’une personne aux visions complètement différentes. Hera se retrouve alors entre colère et soulagement et va se rendre compte que parfois le bonheur n’est pas là où on le croit. Mais voilà j’ai trouvé ce texte peut-être un peu court et surtout anecdotique, encore plus vu son positionnement dans le recueil après l’excellent Les Yeux d’Elsa, ce qui fait qu’il a eu un peu de mal à me marquer, même si je l’ai trouvé sympathique. Un texte vite lu, apprécié et tout de même vite oublié selon moi.

Fidèle à ton pas Balancé : Cette nouvelle nous plonge dans le quotidien d’un homme qui vient de rompe avec sa copine, Lou, et qui a du mal à s’en remettre se mettant alors à vivre la vie de son ex par procuration à travers des enregistrements de mouvements et de perceptions qu’elle a publiée sur le réseau. On se retrouve ici plongé dans une histoire de reconstruction, d’un homme qui a du mal à avancer, à évoluer, recherchant à ne retrouver que son ex sans se rendre compte de ce qui gravite autour de lui. C’est finalement à travers sa quête, condamnée d’avance, son besoin de changer pour retrouver ce qu’il a perdu, qu’il va finalement évoluer et se reconstruire effectuant des rencontres et des choix qui vont l’amener à retrouver la vie et le sourire, sans non plus oublier le passé. Un texte bien construit, que j’ai trouvé poétique et prenant, le tout magnifiquement porté par la plume superbe de l’auteur tout en nuance et en finesse. L’aspect technologique se révèle aussi intéressant par la réflexion qu’il apporte, montrant un besoin de s’identifier à d’autres, que ce soit humains ou animaux, à travers ses enregistrements qui permettent de ressentir au plus profond les mouvements. Un fort joli texte agréable, mais légèrement court peut-être.

 

Ce qui m’a marqué une fois la dernière page de ce recueil tourné, c’est la plume de l’auteur qui se révèle touchante et remplie d’émotion qu’elle arrive à partager au lecteur. En plus de nous proposer des textes où la technologie et l’imaginaire sont présents, elle nous offre aussi clairement des personnages qui se révèlent profondément humains et attachants que ce soit aussi bien dans leurs forces que dans leurs failles et leurs faiblesses, ce qui les rend attendrissant et fascinant ; on s’accroche à eux. Je trouve par contre dommage que la préface ne soit pas finalement une postface tant elle développe trop les textes qu’elle présente, ce qui peut légèrement gâcher le plaisir de la lecture et de la découverte. En tout cas je m’en vais de ce pas lire L’Opéra de Shaya qui m’attend dans ma PAL.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce recueil de nouvelle qui nous fait découvrir trois textes, pas tous au même niveaux, mais se révèlent tous profondément humains et touchants. Ce recueil mérite d’être découvert, selon moi, rien que pour Les Yeux d’Elsa qui se révèle être un texte magnifique et émouvant sur une relation impossible, tragique et improbable, même si au final il fait un peu d’ombre justement aux deux autres nouvelles. Au final ce recueil m’a aussi permis de découvrir la plume de Sylvie Lainé que j’ai trouvé clairement poétique et pleine de sentiments, mélangeant à la fois les aspects personnels avec des aspects technologiques et futuristes qui offrent aux lecteurs, premièrement, des réflexions vraiment intéressantes et passionnantes et deuxièmement des personnages terriblement attachants et poignants. Je m’en vais donc me lancer dans la lecture de L’Opéra de Shaya qui est dans ma PAL.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Vert, Julien le Naufragé, Efelle, Shaya, …

Bloodsilver – Wayne Barrow

bloodsilverRésumé : 1691 : un bateau transportant de mystérieux passagers aborde la côte est du continent nord-américain. Les vampires viennent de débarquer de la vieille Europe. Ils forment bientôt le Convoi, longue colonne de chariots recouverts de plaques de plomb, et se lancent à la conquête de l’Ouest, anticipant le trajet du chemin de fer dans une lente et implacable progression…
1692 : à Salem, une poignée d’hommes impitoyables fonde la confrérie des Chasseurs, bien décidés à stopper l’avancée du Convoi et à en découdre avec les créatures des ténèbres.
De Fort Alamo aux territoires sioux, de Wounded Knee à Silver City, les hommes du Nouveau Monde, Billy the Kid, les frères Dalton ou encore Doc Holliday mêlent le sang à l’argent, luttant sans merci contre les vampires, ou formant avec eux d’improbables alliances…

Edition : Mnémos
Poche : Folio SF

 

Mon Avis : Ce roman avait commencé à me tenter au moment de sa sortie, ce qui remonte à quelques années déjà, mais n’a jamais au final rejoint ma PAL, d’une parce que à l’époque je lisais beaucoup moins d’histoires de vampires et de deux mon budget livre n’était pas le même. Il a donc logiquement disparu de ma vue. Il a fallu attendre les Imaginales 2013 pour que ce livre se rappelle à moi et que je décide de le faire rentrer dans ma bibliothèque. Vu que les Imaginales 2014 approchent, pour rester dans le thème,  j’ai donc décidé de me faire un avis sur ce livre. Concernant la couverture, illustrée par Didier Graffet, elle possède un côté sauvage et western qui colle finalement bien au récit. À noter que Wayne Barow est un pseudonyme derrière lequel se cache deux auteurs français, Xavier Mauméjean et Johan Héliot.

J’avoue aussi que je me suis lancé dans la lecture de ce livre sans aucun retour ni avis de l’extérieur que ce soit sur internet ou autre, donc première surprise, ce que je pensais être un roman est en fait un recueil de nouvelles. En effet les auteurs ont décidé de se servir de l’arrivée de vampires sur le continent américain en 1691 pour réécrire l’histoire des États-Unis et ainsi offrir au lecteur une certaine uchronie qui s’étend sur plus de deux siècles. Autre surprise, si vous vous attendiez à une histoire  de vampires pur et dur passez votre chemin, en effet ils ne servent ici que de façon latente pour vraiment mettre en avant l’évolution du pays d’une nation sauvage vers une des plus grandes nation, ce qui peut légèrement frustrer le lecteur à la recherche de trash lié aux suceurs de sang, surtout après la lecture du quatrième de couverture. Mais voilà une fois l’ensemble de ses surprises assimilées je me suis retrouvé à me plonger avec envie et plaisir dans ces différentes courtes histoires.

Car en effet au fur et à mesure de la lecture de cette fresque chronologique j’y ai trouvé quelque chose de vraiment fascinant et intéressant, pour peu qu’on connaisse un minimum l’histoire des États-Unis, à voir évoluer ce pays passant d’un aspect western qui se révèle sauvage, sanglant avec aussi la conquête de l’ouest, évoluant un aspect considéré comme plus civilisé avec le temps et les années. Passer d’un pays complètement désuni à quelque chose de plus cohérent, cette mutation se faisant dans les cris, le pleurs et le sang. On y retrouve aussi au fil des pages plusieurs personnages importants de l’époque, allant de Marc Twain au Dalton en passant Billy the Kid ou encore Jesse James, mais aussi des évènements tout aussi marquants pour le pays comme Fort alamo, le massacre de Wound Knee ou encore la mystérieuse maison Winchester. On sent bien que les auteurs se sont fortement documentés et ont effectué un travail vraiment dense et saisissant pour plonger le lecteur dans ces différentes histoires, ces différentes rencontres, ces différentes époques. On se retrouve happé. La reprise des faits réels tout en modifiant certains aspects, y apportant leurs propres idées, collent à cette uchronie de façon vraiment efficace. Dommage que parfois les auteurs oublient complètement les vampires pour se consacrer qu’à cette fresque western.

L’autre aspect aussi intéressant c’est qu’on se retrouve avec un roman clairement western avec tout ce qu’il faut pour se laisser entrainer entre aventures, courses poursuites et fusillades, le tout bien rythmé. On y retrouve clairement au fil des pages ce sentiment de liberté, de folie et de violence qui découle de cette époque où la loi dépendait principalement du plus fort vu que chaque état, chaque ville faisait comme il voulait. La présence des Brooke (le nom des vampires) n’est pas non plus qu’anecdotique, on y retrouve clairement le vampire sauvage qui se nourrit de sang humain poussant les Américains à se défendre en premier lieu avant de changer. Les différentes rencontres qu’ils vont faire vont se révéler vraiment intéressantes, même si je trouve qu’ils restent trop dans l’ombre, on ne sait au final pas grand-chose d’eux. On retrouve aussi dans ces différents textes pas mal d’axes de réflexions vraiment attrayants que ce soit par l’évolution des gens, qui après avoir encensé les chasseurs de vampires se mettent à la rejeter devant la puissance, à la fois par la menace et aussi par leurs fortunes, des vampires, mais aussi par ce fameux convoi des vampires (La Famille) qui sillonnent le pays pour y trouver un endroit où vivre. Les différents personnages rencontrés offrent  des portraits à la fois riches et variés, allant du faible au fort, du lâche au téméraire, de l’érudit ou fou ; des personnages à la fois complexes et soignés qui vont devoir s’adapter ou disparaitre. J’ai trouvé aussi que la conclusion, en forme de cycle avec l’introduction, se révélait percutante.

Malgré cela il y a tout de même quelques points qui m’ont dérangé. Les auteurs nous proposent, comme je l’ai dit, une uchronie, puisque l’arrivée des vampires sur le continent va bouleverser énormément de choses jusqu’à la guerre de l’indépendance, et pourtant la vie des personnages historiques n’a pas tant changé que cela dans l’ensemble. Mis à part Mark Twain qui subit quelques variations notables on a l’impression que les autres connaissent quasiment la même destinée, ce que j’ai trouvé légèrement dommage. Ensuite, il faut bien l’admettre, vers la fin, j’ai ressenti un certain essoufflement, sentant bien où voulez nous mener les auteurs. Rien de bien méchant non plus, mais voilà je me suis retrouvé à moins accrocher à un ou deux textes. Après, dernier point mais qui se retrouve souvent dans les recueils de nouvelles, certains textes sortent plus facilement du lot et marquent plus que d’autres qui ne sont qu’anecdotiques.

La plume des auteurs se révèle vraiment soignée, dense et efficace plongeant pleinement le lecteur dans l’histoire et l’époque par des descriptions précises et entrainantes et aussi avec des personnages humains et plus que convaincants. J’ai donc passé un plutôt bon moment de lecture avec ce livre qui, certes, au début  m’a surpris mais s’est révélé au final dans l’ensemble captivant et intrigant.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce livre qui, certes m’a dérouté au début, m’attendant à un roman sur des vampires et me retrouvant avec des nouvelles où les vampires ne sont que secondaires se consacrant plus à une fresque uchronique sur la naissance des États-Unis, mais qui finalement offre un travail vraiment intéressant et fascinant. Le côté western apporte aussi vraiment un plus, offrant une ambiance sauvage, violente où le mot liberté dépend de chacun et où, justement, la présence des vampires vient accentuer tout cela. Dommage que parfois justement les auteurs oublient un peu les suceurs de sang. Pour peu qu’on s’intéresse à cette période de l’Amérique on se retrouve emporté par cette réécriture de l’histoire dont mon seul regret et que, sur certains aspects, reste quand même trop proche de l’histoire. Le background ainsi que les différents personnages, qu’il soit fictifs ou ayant existé, se révèlent vraiment denses, travaillé, humains et soignés. Une histoire qui nous dévoile que les convictions du début ne sont pas celles de la fin, où l’humanité peut aimer ce qu’elle a rejeté et inversement. Le style des auteurs se révèle vraiment efficace et entrainant. Après comme à chaque recueil de nouvelles certains textes arrivent à happer plus le lecteur que d’autres, mais dans l’ensemble je ne me suis pas ennuyé, même si j’ai ressenti une très légère lassitude sur la fin.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : kactuss, julien le naufragé, Spocky, Olya, Sayaelis, etc…

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