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Star Ouest – Anthologie 2015 des Imajn’ère

star ouestRésumé : Les cowboys, les Indiens, les shérifs, les hors-la-loi, les saloons, les colts, les duels, les fils qui chantent et le cheval de fer, le désert et la poussière, les villes fantômes, la ruée vers l’or, vers l’Ouest, les règlements de compte dans un coral ou dans un autre, les chevaux qui galopent, la cavalerie qui arrive au dernier moment, les cactus… Pas de doute nous sommes dans un western.
Pourtant, en ouvrant ces pages, il vous faudra abandonner vos idées préconçues sur ce folklore. S’il est bien présent dans cet ouvrage, ses auteurs ont pris plaisir à la détourner pour nous offrir des textes originaux se rattachant au polar, à la science-fiction ou au fantastique, et quelques inclassables qui raviront les amateurs de littérature populaire.
Bienvenue dans le monde de Star Ouest.

Edition :

 

Mon Avis : Ah ! La conquête de l’Ouest, avec ses cow-boys, ses indiens, ses déserts, ses saloons, ses colts ou encore ses fameuses scènes de duels avec ses virevoltants, un univers que tout le monde connait un minimum. C’est donc sur ce postulat de base que le festival Imajn’ère a décidé de construire son anthologie. À défaut d’avoir pu aller à ce festival (mais un jour j’irai), il m’a été proposé de découvrir son anthologie à la couverture, illustrée par Gilles Francescano, qui se révèle, je trouve, sympathique même si un peu trop chargé à mon goût. À noter aussi que plusieurs illustrations d’illustrateurs différents sont aussi présents et viennent égayer la lecture. Ce recueil contient ainsi 19 textes.

Juarez 1911 de Marc Villard : Cette nouvelle nous fait découvrir Jim Parker qui, pour payer une dette de jeu, va accepter d’aller libérer la femme de son débiteur au Mexique en pleine révolution. Un texte plutôt sympathique, qui se lit facilement et avec un minimum de plaisir, mais qui se révèle un peu trop prévisible, linéaire et contenant parfois quelques clichés faciles. Un texte que je classe dans le vite lu, divertissant, vite oublié, mais qui permet d’ouvrir en douceur cette anthologie et de rappeler vers quoi on se dirige.

Du grabuge sur Montana de Romuald Herbreteau : On suit à travers cette nouvelle Claudia, sur une planète surnommée Montana, qui est à la recherche de papiers importants. Sa quête va l’amener à rencontrer de nombreux problèmes. Une nouvelle efficace, nerveuse, qui pose rapidement son univers pour après permettre de faire parler la poudre et les colts pour le grand plaisir du lecteur. Certes ça ne révolutionne pas le genre, mais ça se lit bien et facilement. Dommage que le dernier chapitre tombe dans le twist trop facile.

Mosquito Toast de Jeanne-A Debats : Cette nouvelle nous propose de découvrir un nouveau fragment de la vie du vampire Navarre, que je retrouve toujours avec grand plaisir. Cette fois il part en chasse de Gilles son ancien maître. Une nouvelle qui se révèle vraiment efficace, toujours bien porté par le charisme et la répartie de Navarre, un univers efficace avec son lot de magie et de divinités et à la conclusion, je trouve, pleine d’humour. Alors après, ce n’est peut-être pas la meilleure histoire du cycle de Navarre, mais elle se révèle captivante et entrainante, offrant un très bon moment de lecture.

Regarde au coin de la rue, fiston, si le clebs à trois pattes cavale à reculons de Justin Hurle : On suit dans cette nouvelle deux hommes qui débarquent dans une petite ville pour faire fortune aux cartes. Bon, je dois bien l’avouer je ne suis jamais rentré dans ce texte. L’auteur cherche à jouer la carte du texte décalé, voir absurde, sauf que voilà l’absurde, l’accroche se fait souvent selon les affinités de chacun et j’avoue que, de mon côté, je suis resté à quai ; surtout que l’épilogue me laisse plus que perplexe. Dommage.

Le shérif de Slone Street City de Francis Carpentier : Cette nouvelle nous plonge au milieu de Slone Street City à la découverte de son shérif et de ses compagnons. Une nouvelle que j’ai trouvé réussie, offrant un rythme lent et jouant sur les révélations et les twists pour mieux tenter de surprendre le lecteur le tout avec humour et ironie. L’auteur s’amuse aussi, d’une certaine façon, à prendre à contre-pied la fameuse scène de duel. Un bon moment de lecture efficace.

Bounty Hunter de Patrice Verry : Une nouvelle plus classique, qui nous fait suivre la traque menée par un chasseur de prime. Sauf qu’on va rapidement se rendre compte que quelque chose de louche se passe. Un texte pas mauvais, qui se laisse lire, mais qui a du mal à se sortir de ses archétypes et qui, en plus, offre une conclusion un peu trop facile à mon goût.

Mars prey de Jean-Hugues Villacampa : Une courte nouvelle qui se révèle très sympathique, cherchant à jouer avec le lecteur pour tenter de mieux le surprendre sur la fin, offrant un mélange habile de SF et de . Dommage que de mon côté j’avais deviné la conclusion un peu trop rapidement. Cela n’empêche pas à ce texte d’offrir un sympathique moment de lecture.

Duel à Keralam de Jérôme Nédélec : Une nouvelle vraiment intéressante qui se propose déjà de modifier le cadre en offrant une ambiance western à une histoire médiévale, tout en y ajoutant une pointe de fantastique des plus savoureuses. Un texte qui se révèle tendu, au rythme efficace et offrant des personnages intéressants qui aboutit à une conclusion des plus mordante et ironique. Un très bon texte.

Cahen crépuscule de Yaël-July Nahon : Cette nouvelle nous fait suivre Myra, qui part à la recherche de son père parti vivre dans le grand Ouest. Un texte que j’ai trouvé très réussi, plus intimiste avec cette relation tendue et ombrageuse entre une fille et son père, mais  qui n’oublie pas pour autant tout l’aspect western en offrant de nombreuses scènes de fusillades. La conclusion se révèle surprenante mais qui, finalement, colle parfaitement au récit.

Éclair Noir d’Arnaud Cuidet : Cette nouvelle va nous plonger au milieu de la transe de Nuwanda, le tout dans un univers futuriste. Un texte pas mauvais, mais comme plusieurs dans cette anthologie, a du mal à vraiment se départir de ce côté classique, malgré l’univers SF que cherche à mettre en avant l’auteur. Cela n’empêche pas ce texte de se révéler un minimum divertissant, mais rien de non plus marquant.

San City de Sylvie Jeanne Bretaud : Une nouvelle où vient se mélanger le fantastique et le western de façon assez sympathique, offrant une lecture agréable et divertissante tout en cherchant à prendre à contre-pied le lecteur sur l’intrigue. Sauf que j’ai eu du mal à voir l’intérêt de l’aspect fantastique qui, certes joue sur l’histoire, mais n’apporte pas obligatoirement grand-chose à l’ensemble.

L’aurore nous attend de Pierre Gardier : Une nouvelle qui va se révéler efficace, certes de nouveau sans surprises, mais offrant un rythme nerveux et sans temps mort où Jack, notre héros, se lance dans une vengeance. Une lecture entrainante et fluide qui se lit avec plaisir, bien porté par une ambiance sombre et captivante.

Chasseur de légende de Pierre-Marie Soncarrieu : Cette histoire nous fait découvrir un nécromant en pleine chasse d’un monstre. Un texte qui vient mélanger mythe et magie de façon intéressante et entrainante, mais qui tombe un peu trop dans la facilité. Reste la conclusion, en forme de clin d’œil que je vous laisse découvrir, mais dont il faut avoir un minimum de connaissance de la période ou western, ou faire quelques recherches sur internet.

Pique-nique chez les Indiens de Brice Tarvel : Ce texte nous fait suivre un groupe de voyageurs coincé par la faute d’une panne de leur diligence à vapeur. La variante Steampunk n’ayant pas encore été utilisée, c’est maintenant chose faite avec ce texte qui aurait pu se révéler sympathique, n’eut été ces nombreuses facilités, voir ces anomalies qui m’ont à chaque fois déconnecté du récit.

La dernière cible de Claude Jégo : Une nouvelle qui nous envoie à Quimper où de nombreux assassinats sont commis. Ce récit se veut, si j’ai bien compris, un hommage à Clint Eastwood, le tout avec une bonne dose d’ironie, sauf que j’ai trouvé que l’ensemble faisait un peu trop cliché, ce qui fait que j’ai que moyennement été emporté. Dommage, car il y avait un certain potentiel.

La cité des ombres de Patrick Ferrer : Une nouvelle qui vient lorgner vers le fantastique, légèrement angoissant, le tout avec un certain intérêt, mélangeant mythe et monstres. Un texte qui se laisse lire facilement, se révélant prenant et entrainant.

Inadaptée de Jérome Verschueren : Ce récit nous propose de suivre Kaitlin, une inadaptée de la technologie, qui avance vers l’Ouest. Un texte que j’ai trouvé très réussi et surtout original, apportant quelque chose de différent à la thématique du Western et offrant même quelques axes de réflexions qui se révèlent vraiment intéressants.

Les marionnettes de la mort d’Irène Maubreuil & Robert Darvel : Cette nouvelle nous propose de plonger au cœur d’une vengeance qui va se révéler captivante, bien portée principalement par son atmosphère tendue et nerveuse, qui fait que le lecteur se retrouve à tourner les pages avec plaisir pour en apprendre plus.

La nuit de la Calamitaine de Sarah Doke & Ayerdhal : Une nouvelle étrange que celle-ci, à la fois poétique et envoutante, nous plongeant dans un univers SF hétéroclite à suivre le destin d’une héroïne aux nombreux atouts, souvent violents. Un texte qui aussi, selon moi, cherche à offrir une réflexion sociale intéressante même si je ne suis pas sûr d’avoir tout compris.

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture assez sympathique avec cette anthologie de 19 textes qui nous propose de revisiter le grand Ouest et le Western. Tous les textes ne sont pas au même niveau, certains m’ayant même laissé de marbre, mais dans l’ensemble elle se révèle plutôt équilibrée et surtout offre un panel assez large de thèmes pour contenter tout lecteur qui voudrait se lancer dans la lecture. Je regrette par contre qu’il n’y ait pas de textes véritablement marquant, même si cela n’enlève en rien l’aspect divertissant de cette anthologie.

 

Ma Note : 6,5/10

 

Autres avis : Ours Inculte, …

La Ménagerie de Papier – Ken Liu

la menagerie de papierRésumé : « Elle plaque la feuille sur la table, face vierge exposée, et la plie. Intrigué, j’arrête de pleurer pour l’observer. Ma mère retourne le papier et le plie de nouveau, avant de le border, de le plisser, de le rouler et de le tordre jusqu’à ce qu’il disparaisse entre ses mains en coupe. Puis elle porte ce petit paquet à sa bouche et y souffle comme dans un ballon.
“Kan, dit-elle. Laohu.” Elle pose les mains sur la table, puis elle les écarte.
Un tigre se dresse là, gros comme deux poings réunis. Son pelage arbore le motif du papier, sucres d’orge rouges et sapins de Noël sur fond blanc.
J’effleure ce qu’a créé Maman. Sa queue bat et il se jette, joueur, sur mon doigt… »

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : De Ken Liu j’avais précédemment lu deux nouvelles, Faits pour être Ensemble qui était initialement publié dans le Bifrost consacré à Poul Anderson et Mono no Aware qui était initialement publié dans le Galaxie(s) n°25. À travers ces deux textes, l’auteur a réussi à me convaincre d’en découvrir plus de sa bibliographie, offrant des récits soignés, humains et intelligents. C’est donc sans surprise, quand j’ai appris qu’une recueil de nouvelles de l’auteur était publié, que je l’ai rapidement fait entrer dans ma PAL. Il faut dire aussi que la couverture, illustrée par Aurélien Police, se révèle magnifique et donne tout autant envie de le lire. Ce livre est ainsi composé de 19 nouvelles, dont les deux déjà lu.

Renaissance : Ce texte nous dévoile un avenir où l’humanité, après une guerre sanglante avec une race alien, vit maintenant en quasi symbiose avec elle. Une nouvelle que j’ai trouvé très réussi, nous offrant une réflexions efficace sur le travail et l’importance que l’on donne à la mémoire, mais aussi sur l’influence qu’elle peut avoir sur notre façon d’évoluer et d’avancer. Un véritable travail de fond sur ce qui, finalement nous définit, bien porté par un héros efficace et travaillé. Je trouve juste légèrement dommage que l’ensemble soit finalement un peu trop, par moment, prévisible, mais rien de bien bloquant non plus.

Avant et après : Ce très court texte se révèle être un véritable travail stylistique, puisque l’ensemble est écrit en une seule phrase, mais qui surtout arrive à ne pas alourdir le récit, voir ennuyer ou perdre le lecteur. Le travail de fond, en à peine deux pages se révèle aussi vraiment intéressant et soigné, mais je vous laisse le découvrir pour éviter de trop spoiler.

Les Algorithmes de l’amour : Cette nouvelle nous fait suivre Elena, qui est créatrice de poupées réalistes et avec un processeur leur permettant d’interagir et d’apprendre. Je préfère ne pas trop en dévoiler pour éviter de trop vous spoiler, mais l’auteur offre ici un texte vraiment réussi, premièrement à travers son travail de réflexion sur la conscience, voir l’intelligence, mais aussi sur notre réalité. Le sens point bien du travail de construction des personnages. En effet les héros se révèlent ici profondément humains, touchants et poignants, à travers les nombreux drames qui vont survenir et qui ne laissent pas le lecteur indifférent. Une nouvelle passionnante, émouvante et d’une grande justesse.

Nova Verba, Mundus Novus : Une nouvelle qui nous fait suivre une expédition en ballon qui va se rendre compte que le monde est plat, posé sur dos d’éléphants, eux-mêmes sur la carapace d’une tortue (référence à Terry Pratchett) et qui vont descendre puis remonter. On y retrouve les réflexions de l’auteur sur ce qui nous caractérise, avec cette fois en ligne de mire le langage, mais voilà j’ai trouvé le texte peut-être un peu trop court pour vraiment réussir à m’emporter. Les idées sont là, mais je ne sais pas j’avais l’impression qu’il manquait un petit quelque chose. Cela reste tout de même très sympathique à lire.

Faits pour être ensemble : J’avais déjà chronique cette nouvelle ici. Cette nouvelle lecture ne change pas mon point de vue, que ce soit dans ses qualités comme ses défauts.

Emily vous répond : Cette courte nouvelle décide de traiter de la possibilité d’effacer la mémoire, le tout à travers un échange type courrier des lecteurs de certains magazines. Une idée traitée avec un cynisme qui se révèle efficace et percutante, et même si les arguments sont légèrement simplistes elle a parfaitement fonctionné avec moi.

Trajectoire : Cette nouvelle nous fait découvrir la vie d’une jeune femme au parcours chaotique dans un monde en pleine évolution technologique et qui découvre l’immortalité. Un texte percutant et efficace, pas tant par l’aspect technologique, mais plutôt par son côté profond et humain, offrant au lecteur une réflexion ouverte sur la vie, entre ses hauts et ses bas, ses envies et ses pertes. Un texte touchant, bien porté par une héroïne attachante, avec ses forces et ses faiblesses, le tout porté par une plume que j’ai trouvé ici sensible et poétique.

Le Golem au GMS : On retrouve ici une nouvelle un peu plus légère puisqu’on découvre Rebecca, qui est un jour est contacté par Dieu pour une mission capitale, fabriquer un Golem pour attraper 150 rats. Un texte qui m’a fait rire du début à la fin avec une histoire, certes un peu linéaire, mais qui se révèle percutante, pleine d’entrain, mais aussi de finesse à travers les nombreuses réflexions qu’on dévoile que ce soit aussi bien sur la religion comme sur la famille et son importance. Un divertissement réussi qui offre un moment de détente bienvenu au milieu du recueil.

La Peste : Cette nouvelle nous fait suivre la rencontre entre un homme et une jeune fille contaminée dans un monde qui est complètement bouleversé. Un texte sympathique, qui cherche à nous faire réfléchir sur la capacité de communiquer, mais surtout de se comprendre, nous montrant que parfois les drames peuvent simplement survenir d’un manque de tolérance et d’explication. Sauf que voilà même si le texte se laisse lire et se révèle divertissant il m’a paru un peu trop classique dans sa construction.

L’Erreur d’un seul bit : Peut-être le texte qui m’a le moins accroché du recueil, pas qu’il soit mauvais, mais comparé aux autres textes de ce livre il m’a paru clairement un cran en dessous. Sur le fond les idées sont là, cherchant à nous ouvrir une réflexion sur la religion, la foi, le bonheur et la liberté, mais sur la forme j’ai trouvé l’ensemble brouillon avec un démarrage un peu « bordélique », puis une alternance pas toujours percutante. On y retrouve pourtant la qualité de style de l’auteur, mais voilà, je ne sais pas, je n’ai pas complètement réussi à accrocher.

La Ménagerie de papier : Au contraire du texte précédent, cette nouvelle fait partie de celle qui m’a le plus touchée, nous dévoilant la vie de Jack, jeune sino-américain, fils d’une mère dont son père est tombé amoureux sur catalogue et qui en grandissant va se rendre compte de sa différence et la rejeter pour s’intégrer. Un texte vraiment poignant qui fait réfléchir le lecteur aussi bien sur l’adolescence, des difficultés liées au regard des autres quand on grandit, mais aussi sur l’acceptation et le racisme. La plume de l’auteur colle parfaitement bien au texte pour happer le lecteur dès la première, offrant une touche de fantastique des plus originale. Une excellente nouvelle.

Le Livre chez diverses espèces : Un texte vraiment agréable à lire, qui n’est peut-être pas le plus marquant du recueil, mais qui se révèle tout de même efficace, l’auteur offrant ici un large panel sur différents peuples aliens et leurs relations avec le livre. On découvre ainsi une réflexion efficace sur l’importance de la communication à travers le livre et cela quel que soit le format et la façon de l’écrire. On notera aussi, je trouve, une imagination débordante de l’auteur à travers les nombreuses descriptions.

Le Journal intime : Cette nouvelle nous fait rencontrer une femme qui va commencer à ne plus pouvoir lire après avoir eu le journal intime de son mari entre les mains ; les mots s’échappant à chaque fois qu’elle cherche à le faire. De nouveau un texte qui se révèle efficace et abouti, avec comme axe de réflexion la communication, celle entre un mari et une femme qui après des années ne paraissent plus se comprendre, ni vivre pleinement leur couple, le tout à travers une lente plongée dans la folie des plus tendue et captivante.

L’Oracle : Cette nouvelle nous fait découvrir une technologie qui permet de voir, de façon très aléatoire, un moment arbitraire de son avenir. Certes le thème de pouvoir voir l’avenir est connu, mais je trouve que l’auteur s’en sort très bien, nous offrant un texte prenant et qui nous fait réfléchir sur la vie, sa spontanéité et surtout le besoin de la vivre pleinement, sans s’enfermer dans une vision d’avenir qui pourrait se révéler bloquante. De nouveau les personnages sortent du lot, sonnant juste et se révélant soignés, humains.

La Plaideuse : Cette nouvelle nous plonge dans une Chine du passé, où une jeune femme décide de reprendre le rôle de plaideuse laissé vacant suite à la mort de son père, pour sauver une servante accusée de meurtre. Franchement concernant le texte il n’y a pas grand-chose à souligner, l’ensemble est maîtrisée, offrant une enquête policière courte et soignée, mais voilà l’ensemble m’a paru rester très convenu et sans surprises ce qui est dommage je trouve.

Le Peuple de Pélé : Un texte qui nous plonge en pleine conquête spatiale avec l’arrivée d’un vaisseau colonisateur humain sur la planète de Pelé. Un texte surprenant qui cherche à nous offrir des réflexions sur la vie tout en nous offrant un contexte politique des plus fascinant puisqu’il y a un décalage de 28 ans entre les deux planètes. À partir de là comment pleinement obéir à des ordres qui ont plusieurs années. Comme je l’ai on réfléchit aussi sur le principe de la vie puisque la révélation sur le peuple de Pelé va se révéler captivante, même si c’est vrai déjà traité aussi dans d’autres textes d’autres auteurs. Au final un texte bien rythmé et qui offre un très bon moment de lecture

Mono no aware : J’ai déjà chroniqué cette nouvelle lors de ma lecture d’un Galaxie(s) et dont vous pouvez retrouver ma chronique ici.

La Forme de la pensée : Cette nouvelle nous dévoile le premier contact entre des humains et une race extra-terrestre qui n’est pas sans rappeler certaines colonisations de notre passé, dévoilant une incapacité à communiquer et à se comprendre face à la différence et l’incompréhension. Un texte qui  nous montre aussi l’importance du passé et de l’Histoire dans sa façon de voir la vie et les changements. Il s’agit aussi clairement d’un texte d’espoir et de sentiments qui a clairement réussi à me happer.

Les Vagues : Avec ce texte l’auteur reprendre l’idée déjà développé dans Trajectoire concernant l’immortalité, mais le tout traité de façon complètement différente en offrant ainsi une réflexion plus importante sur par exemple notre évolution, ou encore notre capacité à accepter le changement, sur fond de mythes et de légendes sur la création. L’auteur n’oublie pas pour autant le côté humain qui est toujours présent et efficace. Un très joli texte qui ne manque pas d’attrait et d’intérêt.

Ce recueil de nouvelles confirme tout le bien que je pensais de Ken Liu et me donne clairement envie de découvrir d’autres de ses textes, voir pourquoi pas de ses romans. Ce qui marque, je trouve, c’est sa capacité à ne pas se figer dans un genre tout en offrant des histoires qui se révèlent profondément humaines et sensibles, n’oubliant pas pour autant de faire réfléchir le lecteur et d’offrir un background solide, soigné jusque dans les moindres détails, le tout parfois en quelques pages à peine. Alors certes, tous les textes ne m’ont pas touché de la même façon et un ou deux m’ont même paru un cran en dessous, mais franchement rien de dérangeant tant j’ai apprécié la lecture de ce livre.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce recueil de 19 nouvelles qui nous propose de découvrir des textes soignés et percutants qui font réfléchir, le tout à travers des personnages sensibles, touchants et dans un background qui se révèle travaillé. Alors certes, toutes les histoires ne sont peut-être pas au même niveau, mais cela n’enlève en rien des nombreuses qualités que possède ce recueil et que je ne peux que conseiller de lire, si vous appréciez les Nouvelles, surtout que l’auteur ne reste jamais figé dans un seul genre, ce qui permet de varier clairement les univers. En tout cas de mon côté je lirai sans soucis d’autres écrits de Ken Liu et pourquoi pas un de ses romans.

 

Ma Note : 8,5/10

 

Autres avis : Dup,

Utopiales 2014, Anthologie – Collectif

utopiales 2014Résumé : Donnez « Intelligences » comme thème à des auteurs d’imaginaire et vous obtiendrez des résultats géniaux, fous et déconcertants. Préparez la révolution avec Jo Walton, ressuscitez une momie avec Sylvie Denis, enquêtez avec un célèbre albinos et Michael Moorcock, plongez dans le monde des échecs avec Léo Henry, découvrez les dernières volontés un peu folles d’un père avec K. W. Jeter ou bien sortez en plein cauchemar post-apocalyptique avec Dmitry Glukhovsky.

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : C’est maintenant devenu une tradition inscrite dans le marbre, à chaque fois que je fais un festival je fais rentrer dans ma PAL l’anthologie consacrée. Alors j’avoue, celle de l’année dernière ne m’avait pas complètement accroché, j’espérais donc que le cru 2014 serait meilleur, surtout que le thème de l’intelligence ne manque pas d’attrait. Par contre, changement par rapport aux années précédentes puisque j’ai effectué la lecture en Lecture Commune avec Mariejuliet. Une LC très agréable avec pas mal de discussions, de débats fascinants et que je referai avec plaisir. Ce livre comporte 11 nouvelles ainsi qu’une préface vraiment intéressante et complète de Yannick Rumpala sur l’intelligence.

Chaperon de Laurent Genefort : L’auteur nous plonge ici dans une nouvelle qui cherche à faire réfléchir sur l’intelligence, qu’est-ce qui la définit et son échelle, à travers le regard d’aliens. La grande force de l’histoire est d’ailleurs de ne jamais parler de l’Humanité. Un texte qui se révèle agréable, qui se lit facilement et s’avère sympathique, offrant une « mise en bouche » à l’anthologie plaisante, mais voilà elle reste peut-être un peu trop gentillette, un peu comme si elle s’imbriquait dans quelque chose de plus grand. Cela n’empêche pas quelques originalités que je vous laisse découvrir et qui m’ont paru intéressantes.

Fe6 !! ou La Transfiguration de Bobby J. Fischer de Léo Henry : L’auteur nous propose ici de découvrir un texte qui tourne autour du monde des échecs et plus précisément autour de l’un des plus grands joueurs, marquant l’histoire de son intelligence et de sa folie Bobby Fisher. Un texte qui mélange réalité et fantastique, où la folie se mélange au rationnel et qui, j’avoue, m’a bien accroché que ce soit à travers ces complots, ces non-dits, mais aussi toute la construction que fait l’auteur de son récit. On sent d’ailleurs bien qu’il s’est fortement renseigné, principalement sur le monde des échecs. Une ambiance étrange se dégage de ce texte, dont quelques points restent nébuleux. Une nouvelle réussie selon moi.

En sommeil de Jo Walton : On plonge ici dans une nouvelle où une biographe construit une simulation de la personne sur laquelle elle écrit, pour pouvoir l’interroger. J’avoue qu’on a là un texte qui se révèle intelligent, nous dévoilant un monde loin d’être lumineux, où la liberté a pris un grand coup. L’auteur nous fais réfléchir sur l’avenir qu’on cherche mais aussi sur l’idée de changement. L’ambiguïté sur la simulation, reposant à la fois sur l’historique du personnage mais aussi sur son ressenti, apporte aussi une certaine originalité au récit. Mon seul regret est que cette nouvelle manque un peu de puissance, comme s’il ne s’agissait que d’une introduction à une histoire plus grande.

L’Évangile selon Artyom de Dmitry Glukhovsky : Cette nouvelle nous offre finalement une petite suite à Metro 2033, reprenant le personnage principal et dévoilant ce qui est survenu par la suite. Donc clairement le ressenti ne sera sûrement pas le même si vous avez lu ou non le roman. L’ayant lu, j’ai bien apprécié ce texte, apportant des informations supplémentaires, dévoilant de nouvelles personnalités du personnage principal et se révélant efficace et haletant avec une conclusion ouverte que je trouve intéressante.

Pas de deux sur la planète des ombres de Dominique Douay : Ce texte nous plonge dans un vaisseau spatial où les deux membres d’équipage vont faire une découverte qui va les changer. Dans l’ensemble le texte se laisse lire et ne manque pas d’intérêt mais il manque clairement de profondeur. Je ne suis pas sûr que l’aspect nouvelle soit la meilleure idée pour ce texte, principalement dans les aspects angoissants et stressants qui manquent de force. De plus il se dégage un sentiment que certains aspects manquent de développement et que la conclusion va trop vite. Texte sympathique mais sans plus qui rentre dans les vite lu, apprécié et vite oublié.

Les Dracula anonymes de Barbara Sadoul : Cette nouvelle décide, d’une certaine façon, de revisiter le mythe du vampire dans un futur proche et le tout façon pièce de théâtre. Franchement j’ai jamais réussi à accrocher à ce texte, l’histoire donnant l’impression de partir dans tous les sens et dans de nombreux délires pas toujours intéressants et surtout la construction dans une sorte de pièce de théâtre pastiche m’a laissé de marbre. Dommage.

L’Affaire du Bassin des Hivers de Michael Moorcock : Une nouvelle qui nous plonge dans un Paris parallèle où un enquêteur se retrouve à devoir résoudre le meurtre d’une jeune fille. Un texte agréable, même si construit de façon classique, qui se révèle intéressant par l’ambiance qu’il met en place et par l’univers qu’il construit. On sent que l’auteur s’est fortement renseigné, nous offrant un récit dense en informations. J’ai eu par contre un peu de mal avec les dialogues qui m’ont paru par instant légèrement « ampoulés ». La fin ouverte laisse présager des suites. Par contre j’ai eu un peu de mal à faire le lien avec le thème de l’intelligence.

L’Esprit de la roche de Jean-Marc Ligny : Cette nouvelle nous plonge au milieu d’un groupe de chercheurs qui souhaitent élucider le mystère qui se dégage de certaines pierres sur une planète morte. Un texte vraiment sympathique, qui se lit facilement, on sent que l’auteur a effectué des recherches pour offrir une histoire solide. On pourrait lui reprocher son côté extrêmement positif, mais franchement je trouve que ça colle parfaitement au récit.

Le Sage qui entre dans la paix de Sylvie Miller & Philippe Ward : On retrouve ici le célèbre détective des dieux, Jean-Philippe Lasser, qui va de nouveau se plonger dans une enquête divine. On ne change pas une équipe qui gagne, cette nouvelle enquête se révèle toujours agréable, entrainante, efficace et sans temps mort, à l’humour toujours aussi percutant. Notre héros va devoir donner beaucoup de lui-même entre manipulations et mensonges. On retrouve avec plaisir nos héros qui nous offrent ainsi une attente agréable avant la sortie prochaine du nouveau roman.

Le court roman de la momie de Sylvie Denis : Cette nouvelle nous propose de découvrir un homme qui tombe amoureux d’une momie et qui, par un miracle de la technologie va la ramener à la vie. Très vite il va se rendre compte que rien ne se passe comme prévu. J’avoue que j’ai beaucoup aimé ce texte qui essaie finalement de traiter de l’intelligence sans conscience, ni base avec cette momie millénaire qui va se retrouver a faire des choix extrêmes dans ce futur. Le texte se révèle aussi intéressant par les nombreuses réflexions écologiques que cet univers nous dévoile. Au final une histoire d’amour platonique captivante et qui nous fait réfléchir, une nouvelle réussie.

Dernières volontés de K. W. Jeter : Cette nouvelle nous plonge dans les derniers instants d’un homme qui sait qu’il va mourir et demande à sa fille de mourir à une date bien précise. De nouveau un texte réussi, entrainant, sensible sur une relation pas toujours facile entre un père et son enfant. L’ensemble se révèle vraiment fascinant, efficace, bien amené, avec son lot de surprises, d’humour et de sentiments. Par contre dur de classer ce récit dans l’Imaginaire. En tout cas ce texte m’a donné envie de découvrir d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : Une anthologie des Utopiales 2014 qui se révèle vraiment sympathique et qui m’a offert un agréable moment de lecture, même si c’est vrai tous les textes ne sont pas au même niveau. En tout cas un meilleur cru que l’année 2013 avec des récits variés, efficaces et entrainants. Mis à part peut-être un texte qui m’a laissé complètement de marbre, les autres oscillent entre plutôt sympathique et fascinant. J’ai peut-être eu un peu de mal à toujours voir le lien entre les textes et le thème de l’intelligence, mais rien de vraiment dérangeant. Une anthologie plus que plaisante et je lirai avec plaisir celle de l’année prochaine.

 

Ma Note : 7/10

 

Avis de Mariejuliet
Autre avis : Vert, Boudicca, …

Galaxie(s) n°26 – Spécial Italie

galaxies 26Edition : Galaxies

 

 

 

 

 

Mon Avis : Je continue donc à me laisser tenter régulièrement par la le lecture de revues consacrées à l’imaginaire, avec cet fois un nouveau numéro de Galaxie(s). Après un numéro 25 qui se révélait plutôt sympathique dans l’ensemble, le numéro 26 à décidé de nous faire découvrir l’imaginaire Italien. Je dois bien avouer que je ne connais quasiment rien de ce point de vue là, mis à part peut-être deux trois auteurs,ce numéro avait la possibilité de se permettre de m’offrir ainsi un petit tour d’horizon des auteurs de ce pays. Ce numéro comporte ainsi 13 nouvelles.

Alors, contrairement à mes habitudes, je ne vais pas faire une chronique de chaque texte, mais tenter une chronique plus générale pour la simple et bonne raison que je n’ai pas été complètement emballé par ce numéro. Pourtant le numéro démarrait de façon plutôt sympathique avec Et la Mort dansait sur un Air de Valse qui, sans révolutionner le genre, se laissait lire facilement, nous offrant une enquête mystérieuse. Dommage que la conclusion manque de force. Puis on se retrouve plonger dans DET qui, mis a part un côté esthétique assez intéressant, a eu du mal à complètement m’emporter. La Plus Belle façon de Mourir cherche à nous faire réfléchir sur la religion et notre avenir, mais manque clairement de finesse et d’arguments percutants. Je ne parlerai pas vraiment de A.D. 3013 qui ne m’a jamais accroché cherchant le côté choc, mais qui, pour moi, tombe plus dans le saugrenu.

Arrive ensuite La Recrue qui nous offre un texte sur les voyages temporels plutôt sympathique, mais qui de nouveau a du mal à vraiment s’élever ou apporter quelque chose de plus au genre, tombant dans le vite lu, apprécié, vite oublié. Le Réparateur m’a plus accroché, offrant un texte plutôt intelligent sur l’obsolescence programmé et la surconsommation qui, malgré quelques légères incohérences, se révèle clairement efficace et plaisant à lire. La nouvelle Collateral Dammages nous plonge dans une Venise post-apocalyptique, qui joue efficacement avec le lecteur et offre son lot de surprises. Les Égaux nous propose de traiter de la différence avec le rejet d’une jeune fille clonée, un texte qui se révèle sobre, mais plutôt efficace et fait réfléchir le lecteur malgré un petit manque d’émotion au niveau des personnages.

Voici venir le texte le plus réussi, selon moi, du recueil : Le Jongleur. On suit les pas d’un homme à la recherche d’un ami sur la planète Elinora, monde de tous les plaisirs, où les hommes et les femmes viennent s’y perdre pour ne plus penser à l’avenir et à leurs soucis. L’auteur construit ainsi un texte qui, au fil des pages, accroche de plus en plus son lecteur pour lui offrir une conclusion des plus surprenantes. Dommage que le début soit un peu contrasté par certains aspects assez dérangeants, même si l’auteur les nuance par la suite, car ça l’empêche de se révéler plus réussi encore.

Terreur à Luna City nous fait suivre un scientifique, enquêteur, qui doit faire face à une crise à coup de missiles nucléaires, problème ce texte possède tous les poncifs ainsi que le vernis d’une époque de SF un peu trop vieillotte et révolue pour vraiment accrocher, où les militaires sont bien entendus des gros bourrins et les scientifiques des héros géniaux. Le texte Les Rouges Collines de la Terre nous fait découvrir un monde qui va se retrouver complètement bouleversé suite à la chute d’une comète, et d’un professeur qui, dans l’avenir, cherche à étudier notre génération. Un texte qui a eu beaucoup de mal à m’accrocher, c’est bien simple pour en parler ici j’ai été obligé de me replonger dedans tant il ne m’a pas marqué, alors que je l’ai lu il y a 15 jours. L’Homme de Main lui nous fait plonger dans une Italie futuriste où la mafia possède encore plus de pouvoir, un texte qui se lit bien, mais qui ne se révèle en rien non plus marquant ou original. Vite lu, vite oublié. Vient enfin le dernier récit avec Histoire d’un Homme, qui cherche à nous faire réfléchir sur la conscience, sur l’avenir de l’homme, qui se révèle intéressant, mais donne l’impression de perdre légèrement de point de vue son idée de départ. Dommage.

Au final donc, si je compte les récits qui se révèlent juste sympathiques, sur 13 nouvelles seulement un peu plus de la moitié arrivent un peu à se démarquer, sans non plus offrir un véritable texte majeur qui pourrait se détacher. Là où je reste le plus perplexe c’est quand dans le cahier sur l’histoire de l’imaginaire Italien, outre l’attaque gratuite et acerbe sur l’internet voleur , nous annonce que cet imaginaire est loin d’être transcendant depuis ces 50 dernières années, on se demande alors pourquoi avoir décidé de faire un numéro spécial Italie alors.  Le magazine nous offre aussi pour finir un cahier de critiques cinéma signé J.-P. Andrevon qui me fait dire qu’on n’a pas obligatoirement les mêmes goûts.

Un numéro 26 de Galaxie(s) qui cherche à nous faire découvrir le monde de l’Imaginaire Italien mais, qui finalement ne fait que dévoiler, au vu des textes que j’ai lu, qu’il manque clairement d’auteur marquant et parait donc ne pas remplir vraiment son objectif, malgré quelques textes sympathiques. Dommage.

 

Ma Note : 5/10

Dernières Nouvelles D’Œsthrénie – Anne-Sylvie Salzman

dernieres nouvelles d'oesthrenieRésumé : À travers six textes, six destins différents situés entre 1880 et la fin du 20ème siècle venez découvrir ce petit pays d’Europe qu’est l’Oesthrénie, plaque tournante des Balkans et pourtant invisible aux yeux de ceux qui le cherche. Anne-Sylvis Salzman l’a visité et nous dévoile ici une part de son histoire.

 

 

Edition : Dystopia

 

Mon Avis : Ce roman a un peu fini son chemine par hasard dans ma PAL. C’est bien simple je ne connaissais rien de l’auteur avant de me laisser tenter par ce livre qui est, au final, un recueil de nouvelles qui nous propose donc de découvrir différents héros et surtout ce pays qu’est l’Oesthrénie. Qu’est ce qui m’a fait craquer alors ? C’est bien simple, c’est la magnifique couverture, illustrée par Laurent Rivelaygue, qui a fait que ce livre a terminé dans ma PAL, lors des dernières Utopiales, malgré l’absence, comme toujours avec Dystopia, de résumé. D’ailleurs j’étais tellement intrigué qu’il a aussi rapidement terminé entre mes mains.

Comment ça, vous ne connaissez pas l’Oesthrénie ? Vous ne savez même pas situer cette région à part sur une carte ? Alors ce recueil est fait pour vous, qui souhaitez en apprendre plus sur ce petit pays bien mystérieux. Bien lancé par une préface intrigante à souhait, rédigé par Yves et Ada Rémy, laissez-vous donc porter par les six récit qui composent ce livre, qui vont dépeindre ainsi l’histoire, la vie d’un pays à la fois contemporain et un peu hors norme. L’ensemble se révèle ainsi vraiment dense, soigné et terriblement efficace nous plongeant avec plaisir dans cette nation à la fois si différente et pourtant si proche de nous. On sent que l’auteur a fortement travaillé son univers nous offrant ainsi un état à la fois magnifique, violent, sauvage, contemporain et surprenant, où la révolution et les guerres grondent régulièrement aux portes. L’ensemble est aussi magnifiquement porté par des descriptions très détaillées, minutieuses, qui offrent au lecteur un visuel assez marquant des lieux, des bâtiments, des personnages et autres. Rien n’est laissé au hasard. On passe ainsi au cours des récits d’une baronnie paysanne lumineuses, aux rues désertes angoissantes de la capitale, en passant par des montagnes menaçantes et meurtrières. On se retrouve véritablement emporté cet état qui oscille entre beauté, souffrance, désenchantement et mélancolie qui se dessine devant nos yeux, dont les affres de l’histoire ne vont pas non plus le laisser intact.

L’auteur n’oublie pas non plus de travailler avec précision un vernis de mythologie, de tradition, de religion et aussi social pour son pays, qui se révèle vraiment intéressant et surtout original, offrant aussi par moments de nombreuses réflexions que ce soit sur le nationalisme, la rébellion, la discordes liés aux différentes variations du cultes, sur la facilité des Hommes à faire la guerre ou bien encore sur le pouvoir et ses révolutions. Là-dessus l’auteur y ajoute une touche de mystère et de fantastique qui, je trouve, apporte un véritable plus à l’histoire, principalement au niveau de l’atmosphère qui s’en dégage. On oscille entre lieux interdits, brume mystérieuse ou encore apparition de fantômes, le tout sans jamais tomber dans la surenchère, gardant ainsi tout son côté énigmatique. On se retrouve ainsi à varier entre une ambiance angoissante, rassurante, fantastique, inquiétante que l’auteur arrive à transmettre en quelques mots à peine et qui joue facilement avec le lecteur pour mieux le surprendre. Avoir placé son pays dans les Balkans n’est pas non plus anodin tant les références sont nombreuses. En tout cas l’Oesthrénie n’est pas un pays qui laisse indifférent et qui donne surtout envie d’en apprendre plus.

Le côté humain n’est pas non plus mis de côté. On découvre ainsi six destins, si héros, différents que ce soit socialement ou par leurs visions, mais six destins qui se révèlent souvent tragiques. Des personnages ambigus qui ne savent pas où se situer, qui se cherche et cherche à donner le meilleur d’eux-mêmes. Que ce soit la jeune fille d’un baron, deux frères aux idées politiques différentes, un soldat d’un pays ennemi ou encore une jeune montagnarde, chaque personnages qu’on rencontre se révèle travaillé, dense et ne laisse pas indifférent par son côté terriblement humain, que ce soit en bien ou en mal, face à leurs doutes et leurs questionnements, mais aussi face aux choix qu’ils vont devoir faire. Des personnages qui se retrouvent ballottés face à des évènements qu’ils ne maîtrisent pas, mais qui vont ainsi d’une certaine façon bouleverser le pays. Les personnages secondaires viennent ajouter une couche à cette ambiance délétère, entre méfiance et surveillance ils se révèlent soit accueillants, soit fourbes dans un étant où la trahison peut être aisée.

Alors après autant le dire tout de suite, si la construction d’un pays complet, qui prend son temps, le tout de façon dense, riche et détaillée ne vous intéresse pas, où que vous préférez les récits d’aventures et d’action alors je pense que vous pouvez passer votre chemin. Pour les autres, si vous êtes intrigué, alors laissez-vous tenter par ce recueil, réussi et fascinant dont mon seul regret au final vient que tous les récits ne sont pas aussi addictifs et surtout que, pour moi, le premier texte place la barre très haut, ce qui fait que les suivants n’ont pas toujours eu la même efficacité, ni le même attrait. Mais rien de bien gênant non plus au final tant l’ensemble se révèle cohérent et fluide.

La plume de l’auteur se révèle magnifique, soignée, dense, efficace et nous entraine dans son monde avec facilité pour peux qu’on se laisse emporter. Un recueil qui demande tout de même une certaine concentration pour bien apprécier l’ensemble des textes. Au final un moment de lecture envoutant, riche, fascinant et même si tous les textes ne sont pas au même niveau j’ai passé un excellent moment  avec ce recueil qui nous fait découvrir l’Oesthrénie. Je lirai sans soucis d’autres textes de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce recueil de nouvelles qui nous propose de découvrir ce petit pays fascinant qu’est l’Oesthrénie. Une région qu’on découvre au fil des pages, qui se révèle ambigue, à la fois lumineux et mystérieux, dévoilant ses nombreuses facettes au fil des histoires et le tout bien porté par des descriptions riches, soignées et détaillées. Elle n’oublie pas d’y ajouter un vernis intéressant que ce soit sur les mythes, les religions, le social ainsi qu’une petite touche de fantastique qui, je trouve, apporté un plus à l’ensemble offrant ainsi une ambiance légèrement dérangeante et offrant aussi de nombreuses réflexions construites et intéressantes. Le côté humain n’est pas non plus oublie, ce recueil nous proposant si destins, six héros qui se révèlent humains, avec leurs failles et leurs faiblesses. Si les histoires où l’univers prend une place importante à travers sa construction et son histoire ne vous accroche pas, passez votre chemin, pour les autres laissez-vous tenter par ce recueil réussi. Mon seul commentaire serait que tous les textes ne sont pas au même niveau, surtout suite au premier qui place la barre très haut je trouve. Mais bon rien de bloquant ou de dérangeant. La plume de l’auteur se révèle riche, soignée et efficace. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8,5/10

Autres avis : Efelle, …

Interférences – Yoss

interferencesRésumé : Deux voisins bien différents : un grand pays, un petit pays. L’un est démocratique et développé. L’autre est gouverné par un Dictateur affable…
Trois événements incongrus viennent bousculer les relations déjà tendues de ces deux voisins-ennemis : une curieuseinterférence perturbant les émissions télévisées, un rayon étrange aux effets inattendus, et des cheminées s’élevant rageusement vers les cieux.
Le propos, jamais ouvertement politique, dessine un portrait au vitriol de la société cubaine. C’est truculent, hilarant, divertissant. Entre ce petit pays et son grand voisin, tout est prétexte à des interférences !

Edition : Rivière Blanche
Poche : Hélios

 

Mon Avis : J’ai découvert Yoss il y a quelques années lors de son passage aux Imaginales où il était venu présenter son recueil de nouvelles, Planète à Louer, qui a l’époque avait fini entre mes mains avec et qui m’avait offert un bon moment de lecture avec des textes marquants, efficaces et clairement engagés (retrouvez ma chronique ici). C’est donc sans surprises que lors de son passage aux Imaginales 2014 je suis reparti avec cet autre recueil de nouvelles qui profitait de cette occasion pour s’offrir sortie en format poche. À noter aussi la couverture que je trouve vraiment intrigante par son jeu d’images et de couleur. Ce livre comporte trois textes qui forment un « roman-novelliste », une interview de l’auteur menée par Sylvie Miller sa traductrice ainsi que deux textes bonus.

Ce qui m’avait marqué dans le précédent recueil que j’avais lu de Yoss c’était justement sa capacité à construire des textes qui se révélaient intelligents tout en y ajoutant une dose de Science-Fiction, d’intelligence et offrant un ensemble qui se révèle rythmé et engagé. On retrouve nettement cette tendance avec Interférences qui nous propose alors trois textes, liés entre eux, et traitant de  deux pays voisins, un grand pays qui se veut démocratique et un petit pays totalitaire, mais dirigé par un dictateur qui se veut guide de son peuple (toutes ressemblances avec les USA et Cuba n’est pas fortuite je vous rassure). Une fois le cadre posé l’auteur se met alors à nous décrire de façon passionnante la réaction de ces deux pays devant des phénomènes, souvent inexpliqués, qui vont profondément les bouleverser et surtout les révéler. On se retrouve alors avec une critique acerbe, souvent pleine d’ironie, de deux nations aux visions totalement opposés et qui, officiellement, ne peuvent pas s’entendre et font tout pour se pourri l’un l’autre.

Que ce soit dans le premier récit Les Interférences, où une télévision, dans le petit pays, se met à annoncer le futur où l’auteur se met alors, en plus de construire son univers barré et pourtant si réaliste, à traiter de la façon dont une dictature pourrait se servir d’une telle technologie pour asseoir sa légitimité et supériorité grâce, par exemple, à la revente d’informations connues à l’avance. Plus on avance plus le sujet devient grave et pourtant totalement délirant, arrivant à osciller avec les deux notions sans jamais tomber dans l’excès. On rigole tout en se posant des questions sur ce petit pays si fermé et contrôlé qui cherche une reconnaissance. Le second texte, Les Pièces, lui, nous propose de voir comment vont réagir le grand pays et le petit pays face à, ce qui parait être, un virus ou une invasion alien incontrôlée transformant une partie de la population en « objets ». De nouveau l’auteur pousse son sujet à son paroxysme et toujours dans l’humour noir, nous démontrant que le grand pays face à sa taille et son aspect démocratique plonge plus facilement dans l’angoisse de masse, le repli et la peur là où le petit pays lui risque de mieux s’en sortir tant il contrôle et censure son peuple. Il offre aussi par la même occasion une belle critique des armes à feux et des soins pour finir dans une conclusion totalement mystique et extravagante. La dernière nouvelle, Les Cheminées, va pousser la folie et l’incongru à son paroxysme en dévoilant une guerre d’égo, une compétition entre le grand pays et le petit pays pour savoir qui aura la plus grande cheminée du monde, soutenu par un peuple qui ne cherche qu’à voir qui est le meilleur sans chercher à comprendre les conséquences et qui aboutit à une conclusion absurde et pourtant tellement marquante. Ce texte offre aussi une critique assez efficace sur ce qui se passe depuis quelques années au niveau des gratte-ciel.

Au final ces trois textes se révèlent savoureux que ce soit dans la dérision efficace qu’il propose au fil des pages, mais aussi dans la critique acerbe, et pourtant si réaliste, qui est à peine voilée que ce soit aussi bien au niveau de Cuba (le petit pays) qu’au niveau des USA (le grand pays) qui est loin, lui aussi, d’être parfait. Surtout on sent bien que l’auteur aime son pays, que malgré ses nombreux points critiquables et ses défauts il est loin d’être l’enfer, que ce soit par la vision de la population qui nous est présenté, ou encore par cet accent de nostalgie que j’ai trouvé qui se dégageait des différents textes. Trois nouvelles intelligentes, traitées avec finesse, fantaisie et que j’ai lu avec grand plaisir. Si l’auteur veut revenir dans cet univers c’est avec plaisir que je me laisserai tenter.

Concernant le reste des livres la suite nous propose une interview de l’auteur qui nous permet d’en apprendre plus sur lui, que ce soit dans ses influences comme dans sa façon, ainsi que celle de Cuba, de voir la SF, mais aussi sur la perception de ses textes dans son pays (Interférences n’étant pas publié à Cuba). Un échange entre Yoss et Sylvie Miller qui se révèle vraiment intéressant à découvrir. Vient ensuite deux nouvelles bonus, la première Ils Étaient Venus permettant à l’auteur de revisiter le principe du premier contact, toujours avec un certain humour, mais qui m’a paru un peu long et plutôt anecdotique dans ce livre. La seconde Seppuku nous propose un texte à l’ambiance asiatique, et plus précisément sur les samouraïs, dont je reconnais les attraits stylistiques, on sent que l’auteur à travailler sa plume, mais qui m’a paru légèrement brouillonne et surtout dénote totalement avec le reste des écrits du livre. Au final un petit livre qui m’a offert une bonne lecture et me donne envie d’en apprendre encore plus sur les autres textes de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce petit livre qui nous propose trois nouvelles imbriqués les une dans les autres et proposant une critique acerbe, efficace et pleine d’humour sur la situation entre un petit pays et un grand pays qui n’est pas sans rappelé Cuba et les USA. Rien que pour ces trois nouvelles ce texte mérite d’être découvert où se dévoile un petit pays loin de la dictature et la tyrannie qu’on connait et où le grands pays et loin d’être le paradis. On sent d’ailleurs une certaine nostalgie et un certain amour de l’auteur pour sa nation malgré ses innombrables défauts. Le recueil nous fait aussi découvrir une interview de Yoss menée par Sylvie Miller et qui se révèle vraiment intéressante ainsi que deux nouvelles considérées comme « bonus » qui se révèlent sympa mais un cran en-dessous des trois premiers récits. Au final un recueil qui mérite d’être découvert et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

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