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Fées & Automates – Anthologie 2016 des Imaginales dirigée par Jean-Claude Vantroyen

fees & automatesRésumé : Le thème de l’anthologie des Imaginales 2016 ose le face à face entre deux personnages archétypaux provenant de mondes différents. La fée, figure principale de la rêverie médiévale, du fantastique, de la fantasy, et l’automate, un produit de la culture quasi industrielle, de la pensée scientifique, de la science-fiction. Deux univers qui s’opposent sans doute, mais dont la rencontre est propice à l’imagination et fait jaillir des étincelles. Cette anthologie va vous étonner et vous passionner.

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Si vous suivez régulièrement mon blog, vous commencez sûrement à connaître la musique. Chaque année je vais au festival des Imaginales et je repars avec son anthologie que je lis en Lecture Commune avec d’autres lecteurs. Sauf que cette année on a décidé de faire les choses en grands, puisqu’en plus de Snow, et Mariejuliet nous ont aussi rejoint PetiteTrolle et Rose. Concernant la couverture, illustrée par Hélène Larbaigt, je la trouve superbe donnant envie de la découvrir. Cette anthologie comporte treize nouvelles, ainsi qu’une préface qui, j’avoue, ne m’a pas accroché plus que cela ne retrouvant pas obligatoirement ce que j’espère et j’attends dans une préface.

Smoke et miroirs d’Estelle Faye : Cette nouvelle se décompose en trois scénettes. Trois héroïnes qui ont comme ambition de réussir dans le show-business. J’ai bien aimé cette nouvelle, toujours bien porté par une plume efficace et poétique, elle nous happe ainsi facilement. L’histoire ne manque pas d’intérêt avec cette notion, selon moi, de l’oubli du merveilleux pour un monde plus terre-à-terre voir égoïste dans cette chute assez cynique et percutante. Le récit est aussi très typé cinéma que ce soit dans sa construction, comme dans certains clin d’œil comme, je pense, l’automate qui me fait penser à celui du film Big avec Tom Hanks. Pas obligatoirement la meilleure nouvelle de l’auteur, mais un texte réussi et efficace qui ouvre bien l’anthologie.

Le Rouet Noir de Charlotte Bousquet : Cette seconde nouvelle nous plonge dans l’univers de Jadis que je n’ai pas encore lu et qui m’attend dans ma PAL. La plume de l’auteur est toujours aussi dense et soignée et l’univers construit autour donne vraiment envie d’être découvert, mais, je ne sais pas trop, je n’ai jamais réussi à rentrer complètement dans le texte. Je ne sais pas si c’est le fait de ne pas avoir lu Jadis ou pas, mais j’avais l’impression d’être spectateur d’une histoire dont il me manquait certaines clés. Chronique peut-être à rediscuter une fois lu Jadis.

Le crépuscule et l’Aube de Fabien Cerutti : Cette nouvelle nous plonge dans l’univers du Bâtard de Kosigan et nous fait découvrir le destin des fées. J’ai bien aimé cette nouvelle, on sent bien la maîtrise de l’auteur nous proposant un texte pleine de rebondissements et de surprises qui nous happe facilement. L’ensemble se lit vite et avec un minimum de plaisir et d’envie d’en apprendre plus. Je regretterai juste une présence de trop de personnages, principalement chez les antagonistes, ce qui fait qu’ils ont du mal à vraiment « exister », ainsi qu’une ou deux facilités. Rien de bien bloquant tant l’ensemble s’avère divertissant et plutôt efficace.

Le comte et l’horloger de Benoit Renneson : Cette nouvelle nous fait suivre un horloger qui va être mandaté par un comte de venir réparer son automate. Il va alors découvrir quelque-chose de surprenant. Bon, j’avoue, ce récit ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. L’ensemble m’a paru vraiment trop convenu et manquer de surprises pour vraiment arriver à me captiver. L’ensemble manque je trouve d’émotions et de peps, même si sur l’ensemble elle n’est pas non plus mauvaise. Le récit est ainsi plutôt bien maîtrisé et la plume de l’auteur simple et efficace. Au final un texte qui me laisse sur ma faim avec une fin un peu trop happy-end à mon goût.

L’énergie du désespoir d’Adrien Tomas : On suit ici Kimba, chasseuse professionnelle, avec son automate et un apprenti. Leur quête est simple, chasser et ramener des fées pour pouvoir nourrir en énergie la ville qui a subi un attentat. L’auteur nous offre une histoire efficace, bien rythmé, offrant rebondissements et surprises qui possède même le luxe de nous proposer quelques réflexions intéressantes. L’ensemble se révèle fluide et entraînant, bien porté par des personnages hauts en couleurs et percutants, même si parfois il en fait un peu trop. Par contre je regrette une certaine linéarité dans le récit, ainsi que certains rebondissements facilement devinables, mais rien de non plus trop bloquant. Au final une nouvelle agréable et plus que sympathique.

L’étalon de Paul Béorn : Une nouvelle qui nous fait suivre notre héros, enfermé par une fée depuis tout petit et qui va se rebeller. Bon j’avoue ce texte, en soit, n’est pas mauvais, il se laisse lire facilement, l’histoire s’enchaîne bien et ne manque ni de fluidité, ni de rythme . Les idées sont là, mais voilà il lui manque un petit quelque-chose pour se révéler marquant. L’ensemble m’a paru trop classique et manque de surprises, la conclusion je l’ai vu venir assez rapidement et un des rebondissements m’a paru trop facile. Au final une nouvelle que je classe dans le vite lu, apprécié, vite oublié.

Magie de Noel de Gabriel Katz : Cette nouvelle nous fait suivre un père de famille qui décide de braver la loi pour ramener une fée automate interdite de vente. Concernant ce texte il y a pour moi du bon et du moins bon. J’ai beaucoup aimé l’univers avec tout ce no man’s land du seize à la fois étrange, sombre, angoissant, mais aussi un peu le quartier où on trouve de tout. Le principe de la fée automate interdite par la loi apporte aussi quelques réflexions intéressantes et l’ensemble repose sur un rythme vraiment entrainant et haletant. Mais voilà, la conclusion ne m’a pas accroché, trop bordélique, voulant trop en faire et donnant l’impression de contredire les propres bases de son univers. La chute ainsi que le choix final du héros m’ont aussi surpris par une certaine facilité et une non remise en question. Au final une nouvelle avec du potentiel qui aurait, je trouve, mérité un traitement plus long.

Al’Ankabût de Nabil Ouali : De nouveau une nouvelle qui me laisse un sentiment légèrement mitigé. Franchement, l’auteur nous plonge clairement dans un récit à forte connotation sur notre monde actuel, suivant le destin d’une jeune fille qui va voir sa ville se retrouver plonger d’un coup en pleine guerre et va se retrouver à fuir. On ne reste pas indifférent devant ce destin, le tout porté par une plume efficace et poétique, malgré, j’avoue quelques lignes au début qui ne m’ont pas plus accroché que cela. Sauf que, pour moi, là où l’auteur a manqué le coche c’est dans la tentative de son parallèle entre l’art et la guerre, qu’on retrouve régulièrement, mais qui ici n’a pas la force nécessaire pour marquer vraiment et parait même un peu déconnecté du récit. L’ensemble manque aussi d’explication, de liant, ce qui donne une impression à la fin de manquer de cohérence. Par contre l’auteur offre une conclusion complètement ouverte qui s’avère marquante dans son aspect visuel je trouve.

Le tour de Vanderville de Pierre Gaulon : Cette nouvelle nous fait suivre un inventeur qui va, pour la première fois, dévoiler sa dernière trouvaille dans une foire. Il va alors rencontrer un autre forain. J’avoue cette nouvelle démarrait bien, se dirigeant vers le fantastique jouant sur l’étrangeté des foires même si cela manquait de Freak Show. Mais voilà plus j’avançais dans le récit, plus je trouvais que l’auteur avait peur de vraiment se lancer, restant dans un aspect un peu trop classique. Cela a pour conséquence de rendre finalement l’ensemble facilement devinable et linéaire, le tout dans un univers où il manque un petit truc pour vraiment captiver. Dommage, car l’ensemble avait du potentiel. Là je ressors avec le sentiment d’une nouvelle vite lue, un minimum apprécié, mais vite oublié.

AuTOMate de Pierre Bordage : Cette nouvelle nous fait découvrir une fée qui est tombée amoureuse d’un homme, mais dont le couple va très vite tomberdans la routine. De nouveau une nouvelle qui me laisse un petit sentiment mitigé, les idées sont là dans la tentative de dénonciation sur la dérive de l’Homme concernant la nature, ou encore une dépendance accrue à la technologie, mais voilà j’ai trouvé que l’ensemble manquait de finesse et paraissait mal amené. Le récit va trop vite et cherche trop à imposer ses idées j’ai trouvé. De plus, l’auteur tombe un peu dans des clichés caricaturaux. Dommage, car l’ensemble possédait du potentiel.

Son dernier coup d’échec de Jean-Claude Dunyach & Mike Resnick : Cette nouvelle nous fait suivre un automate champion d’échec qui se lie d’amitié avec une humaine et va se retrouver au milieu d’un conflit d’échec que je vous laisse découvrir. J’ai bien aimé cette nouvelle, la construction est efficace, le message se veut simple et percutant et les personnages sont intéressants à suivre dans leurs aventures. La conclusion offre une surprise efficace tout en ayant en fond une légère pointe de mélancolie. Je ne dirai pas que cette nouvelle est révolutionnaire, mais elle est réussie et offre un bon moment de lecture dont, finalement le seul point qu’on pourrait lui reprocher et la très faible présence de la fée.

Tsimoka de Cindy Van Wilder : Comme toujours avec l’auteur on se retrouve avec un texte bien construit, dense et avec des héroïnes et des personnages secondaires qui ne manquent pas d’attrait et marquent assez facilement le lecteur dans leurs quêtes. L’ensemble se situe ainsi dans l’univers des Outrepasseurs, mais voilà j’ai trouvé l’intrigue un peu convenu et manquant d’un peu de force pour franchement nous offrir plus qu’un simple récit très sympathique et agréable. Par contre, j’ai bien aimé la mythologie que construit l’auteur derrière, avec en message sous-jacent l’esclavage, mais il aurait, je pense, mérité d’être encore plus présent.

Le plateau des chimères de Lionel Davoust : On termine cette anthologie avec un auteur habitué, puisqu’il s’agit de la nouvelle Lionel Davoust qui nous revient dans son univers Evanégyre. J’ai bien aimé cette nouvelle, que ce soit dans sa construction comme dans la confrontation des deux personnages qui se révèlent bien plus que de simples protagonistes, avec, en fond, une confrontation entre la Nature et la Technologie. L’ensemble est ainsi très bien maitrisé, j’ai très vite été happé par ce texte offrant de nombreux rebondissements et quelques surprises tout en nous faisant réfléchir sur nos actes. je regretterai peut-être juste que le retournement de situation sur le fin se révèle facilement devinable. Au final un dernier texte qui conclut de très bonne façon cette anthologie.

En Résumé : J’avoue je ressors moins enthousiasme que les années précédentes avec ma lecture de cette anthologie. L’ensemble n’est pas non plus mauvais, mais j’ai trouvé que, mis à part quelques exceptions, les textes sont moins marquant que les années précédentes, avec des hauts et des bas. Après il faut aussi bien admettre que le thème n’était pas non plus des plus facile, l’association automates et fées tombant au final ici facilement dans le convenu ou dans le mal amené. L’anthologie reste tout de même sympathique à découvrir et à lire et quelques textes sortent assez du lot pour donner envie, mais voilà rien de vraiment mémorable, elle ne dépasse pas le sympathique et divertissant à lire. Cela ne m’empêchera pas pour autant de faire rentrer la version 2017 dans ma PAL.

 

Ma Note : 6/10

Avis de mes collègues de LC : Snow, Mariejuliet, PtiteTrolle, Rose

Autres avis : Boudicca (Bibliocosme), Celindanaé, …

Dangerous Women, Part 2 – Anthologie dirigée par George R.R. Martin & Gardner Dozois

Dangerous WomenRésumé : All new and original to this anthology, the twenty-one stories in Dangerous Women include work by twelve New York Times bestsellers, and seven stories set in the authors’ bestselling continuities-including a new « Outlander » story by Diana Gabaldon, a tale of Harry Dresden’s world by Jim Butcher, a story from Lev Grossman set in the world of The Magicians, and a 35,000-word novella by George R. R. Martin about the Dance of the Dragons, the vast civil war that tore Westeros apart nearly two centuries before the events of A Game of Thrones.
Also included are original stories by Brandon Sanderson, Joe Abercrombie, Sherrilyn Kenyon, Lawrence Block, Carrie Vaughn, S. M. Stirling, Sharon Kay Penman, and more.

Edition : Tor Books

 

Mon Avis : Après vous avoir fait découvrir mon avis sur les onze premiers textes de cette anthologie (ma chronique ici), je vous propose maintenant de nous lancer dans la découverte des dix dernières nouvelles.

The Girl in the Mirror de Lev Grossman : Cette nouvelle se situe dans l’univers des Magiciens, dont j’ai pas mal entendu parlé, publié en VF, mais qui ne m’a pas encore convaincu de lui laisser une chance. J’espérais que cette nouvelle jouerait le rôle de déclencheur, et il a presque failli réussir. En effet le démarrage de cette nouvelle se révèle vraiment intéressante par son ton, le style de l’auteur qui se révèle efficace et percutant, proposant de nombreuses références à la Harry Potter, tout en les prenant à contre-pied ainsi qu’une intrigue plutôt intéressante et pleine d’humour. L’héroïne que l’on suit possède un petit quelque chose d’attrayant qui donne envie d’en apprendre plus sur elle. Sauf que voilà l’ensemble se révèle clairement linéaire et surtout la conclusion tombe à plat et m’a légèrement déçu. Dommage, car il y a du potentiel.

Second Arabesque, Very Slowly de Nancy Kress : De Nancy Kress j’ai lu quelques nouvelles et novella qui m’ont plus ou moins convaincu. Je me lançais donc dans ce texte avec réserve, ne sachant pas à quoi m’attendre. Et finalement je ressors plus qu’agréablement surpris et convaincu. L’auteur nous plonge dans un univers futuriste, où suite à un évènement les femmes fécondes se font de plus en plus rare. Le reste de l’humanité se déplace alors en pack et possède une philosophie qui va clairement à l’essentiel et à la survie, avec des castes. Un avenir fascinant et dérangeant où la sauvagerie reste présente. Sauf que voilà lors d’un arrêt près d’un Opéra, la notion de beauté va bouleverser le pack que l’on suit et notre héroïne. Un récit qui se révèle réussi, que ce soit au niveau de son univers, ou vient se mélanger fin du monde, violence et beauté du ballet. Les personnages ne manquent pas non plus d’attraits, se révélant humains, complexes et intéressants, où même les plus discrets surprennent. Les réflexions soulevées ainsi que les intrigues secondaires s’avèrent aussi entraînantes et ne laissent pas indifférent. Un très bon moment de lecture à la conclusion plus que percutante.

City Lazarus de Diana Rowland : Cette nouvelle nous plonge dans la ville de La Nouvelle d’Orléans où l’on suit un flic désabusé et pourri, qui va faire une rencontre qui va l’amener à changer. J’avoue j’ai bien aimé cette nouvelle, sur l’intrigue elle ne paraît pas révolutionner le genre et reste facilement prévisible, mais elle possède une ambiance efficace, des rebondissements et s’avère bien écrite pour captiver assez rapidement. La Nouvelle Orléans est une ville toujours autant énigmatique, qui donne envie d’en apprendre plus, qui se relève toujours fascinante malgré tout ce qu’elle a subi, même si elle possède une sacrée zone d’ombre et de violence. Les personnages, même s’ils sont un peu caricaturaux, ne manquent pas d’attraits et donnent envie de suivre leurs aventures. Mon seul petit regret et que le twist final est prévisible dès le début. Au final une nouvelle sympathique et divertissante, qui offre un agréable moment de lecture, même si loin de s’avérer la plus marquante.

Virgins de Diana Gabaldon : Cette nouvelle se situe dans l’univers d’Outlander que je ne lis pas et dont je ne suis pas non plus la série TV. Elle se situe, si j’ai bien compris les explications de la Marmotte, avant le premier tome et l’on suit Jaime et Ian à Bordeaux. Je dois bien avouer que ce texte est bien écrit, qu’il possède un travail historique soigné et des personnages convaincants, touchants et entraînants. L’auteur s’adapte même au niveau de l’accent Ecossais (je me demande d’ailleurs ce que cela doit donner en VF), qui montre bien le soin qu’elle porte à l’ensemble. La relation entre Jamie et Ian s’avère intéressante, offrant même quelques scènes pleine d’ironie et d’humour. Mais voilà l’intrigue manque franchement de force à mon goût pour vraiment marquer. Peut-être que les fans de la série seront plus happés, mais moi je la classe dans le vite lu, apprécié et vite oublié.

Hell Hath No Fury de Sherrilynn Kenyon : Alors je n’ai jamais rien lu de l’auteur qui, si j’ai bien compris, est une habituée de la romance paranormale. On plonge ici avec une équipe de jeunes qui décident d’aller en expédition dans une région maudite. Bon autant être clair, je n’ai pas aimé cette nouvelle, pas parce-qu’il s’agit d’une romance fantastique, mais parce que l’intrigue est cousue de fil blanc, les personnages sont plats et manque d’intérêts et les rebondissements sont prévisibles au possible avec une conclusion trop rapide qui parait un peu bâclée. On évitera aussi de parler de la morale qui est juste enfantine au possible. Je ne sais pas ce que vaut l’auteur dans un format plus long, mais cette nouvelle ne m’a pas vraiment donné envie de la découvrir. De plus, ce texte tombe dans de nombreux clichés sexiste, ce qui est franchement dommage pour une anthologie sur les femmes dangereuses.  Après je suis peut-être passé à côté de quelque-chose aussi.

Pronouncing Doom de S.M. Stirling : On plonge ici dans un monde post-apocalyptique où plus aucune technologie ne parait fonctionner, on ne sait pas trop pourquoi, et où l’humanité a dû s’adapter et s’est tournée vers des croyances et une justice différente. On va suivre ici le procès d’un homme qui a agressé sexuellement une jeune femme dans un village. L’intérêt de ce texte vient des questions qu’il soulève que ce soit sur la notion de justice, de culpabilité, de présomption d’innocence ou bien encore de morale. Cette justice dérange d’un côté, mais offre ainsi de nombreuses réflexions au lecteur qui font aussi écho à notre société. Sauf que voilà de l’autre côté j’ai trouvé que tout ce que construit l’auteur sur le monde post-apo ou encore sur l’idée de religion et de mythe se révèlent un peu lourd, n’apportant pas non plus grand-chose à l’intrigue et donnant plus l’impression de remplir les pages. De plus, la morale sur laquelle se basent le récit m’a par très US m’a paru s’être imposé trop rapidement et facilement. Dommage, car il y avait du potentiel pour tellement plus. Au final une nouvelle tout de même sympathique.

Name the Beast de Sam Sykes : Une mère et sa fille vont en forêt apprendre à cette dernière à traquer et tuer la Bête. D’un autre côté on suit une famille. Une nouvelle que j’ai trouvée très réussie, qui joue parfaitement sur deux lignes d’intrigues différentes et sur les ellipses pour amener le lecteur de façon surprenante à une conclusion liant les deux récit qui se révèlent marquante, troublante et percutante. L’auteur en quelques mots brosse des personnages captivants et intéressants et offre un aspect émotionnel efficace et touchant. Une nouvelle plus que réussie, jouant avec le lecteur sur un rythme lent, l’angoisse montant au fil des pages et happant très rapidement.

Caretakers de Pat Cadigan : Cette nouvelle nous propose un récit contemporain où l’on suit deux sœurs dont l’une d’elle, après avoir regardée une émission sur les tueuses en séries et s’être rendu compte qu’elles travaillaient souvent dans le social, devient volontaire dans le centre où est traité leur mère. Une histoire somme toute très sympathique, mais qui manque d’un petit quelque-chose pour s’avérer marquante. J’avoue ainsi m’être assez rapidement attaché à ses deux sœurs et aux problèmes qu’elles rencontrent. L’auteur nous offre aussi quelques réflexions sur les centres de traitement et sur la maladie d’Alzheimer qui, certes, se révèlent moins percutante que celles de Hobb, mais ne manquent pas de faire réfléchir. Dommage que l’ensemble soit un peu convenu, ce qui fait que l’ensemble m’a paru manquer d’un peu de peps avec une fin facilement devinable. Au final une nouvelle qui m’a tout de même offert un agréable moment de lecture.

Lies My Mother Told Me de Caroline Spector : Cette nouvelle se situe dans l’univers Wild Card, dont j’ai le premier recueil dans ma PAL qu’il faudrait que je fasse sortir un de ces jours. L’auteur nous propose une nouvelle de super-héros, où l’on suit la superhéroïne Bubbles à la Nouvelle Orléans dont on va chercher à manipuler. J’ai trouvé la nouvelle réussie dans son genre, ne cherchant pas obligatoire à révolutionner le genre et possédant un côté très comics, mais s’avérant prenante avec une bonne dose d’humour et une ambiance sombre et violente qui lui colle bien. Les personnages se révèlent efficaces et possèdent ce qu’il faut d’émotion pour s’avérer attachants. L’univers de super-héros se révèle un peu binaire, mais au fil des pages parait plus complexe qu’on peut le penser. L’auteur construit ainsi un récit solide et prenant qui me donne envie d’en découvrir plus.

The Princess and the Queen de George R.R. Martin : On termine avec le gros morceau de cette anthologie, la nouvelle de George R.R. Martin dans l’univers du Trône de Fer se situant 200 ans avant le début du cycle. Les dragons sont toujours présents et les Targaryan règnent sur Westeros. A la mort du Roi une guerre va alors éclater pour le trône. L’auteur présente ainsi son texte comme une chronique historique, ce qui pourra en surprendre plus d’un, offrant une narration assez détachée et distante, mais permet d’ajouter une pierre supplémentaire à son univers. Je dois bien avouer que ce texte pourra surprendre de par sa densité, en effet il y a énormément de personnages, d’informations et il n’est pas facile de s’y retrouver. De mon côté j’ai trouvé ce texte clairement réussi, nous offrant vraiment une part historique passionnante de Westeros, avec de nombreux passages fascinants et épiques. La guerre du trône n’est pas sans rappeler certaines ayant existé, et le jeu d’alliance et de trahison se révèle fascinant. La plume de l’auteur, que je ne connaissais pas en VO, est entraînante et efficace. Au final une nouvelle efficace, qui certes déroute par sa multitude de personnages et son côté un peu austère, mais qui m’a offert un très bon moment de lecture.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec cette anthologie qui nous propose 21 nouvelles de genres différents, allant du polar à l’imaginaire, sur le thème des femmes dangereuses. Alors certes, tous les textes ne sont pas au même niveau et je suis passé à côté de quelques uns, ce qui n’a rien de surprenant avec 21 auteurs différents, mais dans l’ensemble j’ai plus qu’apprécié ces récits. Certains sortent même vraiment du lot, offrant des intrigues et des héroïnes vraiment fascinantes. Concernant le thème, il m’a paru par moment pas toujours respecté, je cherche encore pour certains la Dangerous Women, mais rien de vraiment dérangeant ou bloquant. La variété des univers présentée permet aussi à des lecteurs différents de s’y retrouver et, qui sait, permet ainsi de découvrir de nouveaux auteurs (je lorgnerai bien vers certaines auteures historiques). Au final une anthologie qui, je pense, mérite d’être découverte.

 

Ma Note : 8/10

Dangerous Women, Part 1 – Anthologie dirigée par George R.R. Martin & Gardner Dozois

Dangerous WomenRésumé : All new and original to this anthology, the twenty-one stories in Dangerous Women include work by twelve New York Times bestsellers, and seven stories set in the authors’ bestselling continuities-including a new « Outlander » story by Diana Gabaldon, a tale of Harry Dresden’s world by Jim Butcher, a story from Lev Grossman set in the world of The Magicians, and a 35,000-word novella by George R. R. Martin about the Dance of the Dragons, the vast civil war that tore Westeros apart nearly two centuries before the events of A Game of Thrones.
Also included are original stories by Brandon Sanderson, Joe Abercrombie, Sherrilyn Kenyon, Lawrence Block, Carrie Vaughn, S. M. Stirling, Sharon Kay Penman, and more.

Edition : Tor Books

 

Mon Avis : Cette anthologie, je dois bien avouer que je la traine depuis un petit moment dans ma PAL en VO. Pourtant, le sujet a de quoi se révéler vraiment intrigant sur les femmes dangereuses, les auteurs au sommaire ne manquent pas non plus de me donner envie de la découvrir, mais voilà il s’agit quand même d’un beau pavé et ma lecture en Anglais était plutôt lente ces derniers mois. J’ai donc décidé sur un coup de tête de finalement me faire mon avis sur ce livre qui sort actuellement en VF en deux parties. Ce livre comporte 21 nouvelles, exceptionnellement je vais donc scinder ma chronique en deux et sur deux jours, sinon le pavé de ma critique serait ingérable à lire.

Some Desperado de Joe Abercrombie : Cette nouvelle est très typée western où l’on se retrouve à suivre Shy, une jeune femme poursuive par des chasseurs de primes et qui va se battre pour survire. L’histoire en soit n’a rien de révolutionnaire, mais Joe Abercrombie la rend efficace par un traitement haletant, percutant, sauvage et tendu du début à la fin. On y retrouve clairement la patte de l’auteur dans la construction de cette héroïne à la fois sombre et complexe, même si l’intensité du récit fait qu’on en sait peu sur elle, proposant en contrepartie une bonne dose d’action terriblement efficace. Une nouvelle réussie et entrainante qui ouvre l’anthologie de façon efficace.

My Heart is Either Broken de Megan Abbott : Celle nouvelle contemporaine nous plonge dans le quotidien d’un couple, à travers le regard du mari, après la disparition de leur enfant dans des circonstances mystérieuses. Ce texte j’avoue je l’ai trouvé très intéressant et solide dans sa faon de malmener les normes et la morale de notre monde, dans la façon dont les gens vont juger cette femme qui ne parait pas avoir des réactions considérées comme « logiques » suite à la perte de son enfant. Le mari, au milieu de tout cela, qui aime sa femme et la connait, va pourtant peu à peu sous la pression se retrouver à douter. Un texte qui marque vraiment dans la vision de l’humanité et de son besoin de se mêler de la vie des autres. Je regretterai juste une fin peut-être un peu convenue et facile et un léger manque d’émotion qui vient, je dirais, du fait que le texte est un peu court à mon goût.

Nora’s song de Cecelia Holland : Ce texte nous propose un récit historique puisqu’on on plonge à l’intérieur de la famille du roi Henri II. On suit Nora, une des filles du Roi et d’Aliénor d’Aquitaine, et jeune sœur de Richard connu comme le futur roi Richard 1er, Cœur de Lion. On plonge dans un univers familial tendu, empli de mensonges et de trahisons où la jeune Nora va découvrir que le monde des adultes n’est pas si magnifique ni aussi simple qu’elle le croit. Sauf que voilà je n’ai jamais réussi à complètement entrer dans ce récit, l’auteur cherche à trop en faire que ce soit dans les personnages comme dans les informations qu’elle transmet et surtout le récit demande clairement une bonne connaissance de l’aspect historique je trouve, malgré quelques erreurs assez surprenantes. J’ai aussi eu l’impression que ce texte se glissait dans un récit plus grand, comme si l’auteur proposait plus un synopsis d’un roman qu’elle comptait écrire. Cela n’empêche pas ce récit d’avoir des aspects intéressants, comme ce jeu de manipulation ou cette conclusion percutante, mais je reste plutôt mitigé.

The Hands that are not There de Melinda Snodgrass : On quitte l’historique pour de la SF, ce texte nous plongeant dans un avenir lointain. L’espace a été conquis et une jeune recrue qui se trouve mal considérée par ses camarades va finir dans un bar où un homme va lui raconter une histoire étrange. J’avoue je suis mitigé avec ce texte. D’un point de vue construction il est solide évitant de trop en faire. Au niveau des idées, que ce soit sur la position de la femme comme de la façon dont nous traitons les autres il y a de quoi offrir quelques réflexions efficaces et pourtant, même si j’ai plutôt bien apprécié ma lecture il lui manque un petit quelque-chose pour se révéler plus percutant et plus marquant. Peut-être un peu trop old school et trop linéaire à mon goût, je ne saurais dire. Au final un récit sympathique mais qui rentre dans le vite lu, apprécié, mais vite oublié.

Bombshells de Jim Butcher : Ah, alors cette nouvelle se plonge dans l’univers de Dresden et je vais vous offrir deux points de vue de ma lecture. La première, du lecteur lambda, j’ai trouvé cette lecture terriblement fun et entrainante, offrant une histoire efficace, percutante avec des héroïnes intéressantes. L’image de fond, que ce soit dans la magie comme dans les système de cour, s’avère franchement solide et efficace. C’est un texte que je qualifierai de pop-corn, détente, mais qui remplit parfaitement son rôle rythmé, trouvant le ton juste selon moi. Maintenant mon point de vue de lecture de la série Dresden en VF, qui sait que la suite ne verra jamais le jour chez nous et dont j’ai la VO dans ma PAL que je n’ai pas encore lu. C’est simple je me suis fait spoiler à mort. Il faut dire aussi qu’un texte qui se situe entre le tome 13 et 14 du cycle alors que j’en suis au tome 5, je ne peux que m’en mordre les doigts et je suis le seul à blâmer. L’effet positif c’est que ça me motive à me bouger pour enfin relire cette série en VO et découvrir rapidement la suite.

Raisa Stepanova de Carrie Vaughn : Cette nouvelle nous plonge en plein conflit de la seconde guerre mondiale où l’on suit Raisa Stepanova, une femme pilote Russe. J’avoue cette nouvelle je l’ai apprécié, l’auteur nous propose un sujet originale avec l’histoire de cette femme dans l’aviation Russe tout en offrant en toile de fond une image de ce pays assez rude et intéressante se révélant à la fois avancé sur certains aspects et tellement conservateurs sur d’autres. On y retrouve aussi deux ou trois aspects sur la position de la femme à l’époque qui ne manquent pas d’attraits et de réflexions. Mon seul regret et que l’ensemble est, je dirai, un peu trop académique. L’histoire est bonne, mais voilà elle a un petit convenue, comme si elle manquait d’un peu de folie, de liberté. Bon après je chipote un peu, le texte reste efficace et je pense mérite d’être découvert.

 Wrestling Jesus de Joe R. Lansdale : Ici pas vraiment d’héroïne présente au premier plan. Lansdale comme à son habitude, nous dépeint une Amérique loin des clichés et de ses idées reçues de grandeur. La « femme dangereuse » est plus ici une femme fatale, entre deux hommes amoureux, présence qui sert ainsi à faire avancer l’intrigue. Au final une nouvelle plus que sympathique, principalement à travers son panel de personnages qui se révèle vraiment complexe et intéressant ainsi que pour son image de fond. Sauf que voilà j’ai trouvé que l’ensemble manquait peut-être un peu de marquant et aussi de surprises, l’ensemble se révélant tout de même assez linéaire. Cela n’enlève en rien la quête initiatique du jeune héros qui devient adulte qui se révèle efficace. Un texte agréable et divertissant.

Neighbors de Megan Lindholm : Cette nouvelle nous plonge dans le quotidien d’une femme âgée qui voit le monde changer autour d’elle et traite de la vieillesse, la façon dont on la gère, la démence ou encore Alzheimer. Un excellent texte selon moi, que j’ai trouvé parfaitement maîtrisé sachant jouer avec le lecteur pour faire monter la tension jusqu’à la révélation finale. L’auteur s’amuse ainsi entre réalité et fantastique pour mieux nous faire réfléchir sur la maladie et offre aussi des personnages qui sonnent juste, que ce soit la vieille dame qui se sent perdue ou bien ses enfants qui l’aiment, mais veulent la faire entrer dans une maison spécialisée pour personnes âgées pour éviter de s’inquiéter. Un texte humain, intelligent et étrange qui ne laisse pas indifférent.

I Know how to Pick ‘Em de Lawrence Block : Cette nouvelle nous fait découvrir un homme dans un bar, qui va rencontrer une magnifique jeune femme et va repartir avec elle. S’ensuit alors un jeu psychologique où vont se dévoiler de nombreuses révélations. L’auteur joue clairement sur le côté récit noir, avec un soupçon d’élément dérangeant, cherchant clairement à marquer le lecteur. C’est bien écrit, je ne le nie pas, mais voilà le texte en soit n’a pourtant pas réussi à me captiver plus que cela. Je l’ai trouvé très prévisible et cherchant à trop en faire dans le troublant pour vraiment me happer. De plus il m’a paru vraiment court et la conclusion manque un peu de mordant.

Shadows for Silence in the Forests of Hell de Brandon Sanderson : Cette nouvelle nous plonge dans un univers où la nuit, si on ne respecte pas certaines règles simples on peut très mal finir face aux ombres. Silence va devoir briser les règles pour sauver sa famille. La grande force de Sanderson vient quand même régulièrement de ses univers, et de nouveau il fait mouche. Certes l’ensemble peut paraitre simple, jouant sur la terreur du noir, le remplaçant ici par des ombres meurtrières, mais l’ensemble se révèle solide, efficace et percutant. Un univers qui donne clairement envie d’en apprendre plus, proposant une mythologie intéressante. Il vient alors construire une histoire très western avec bandits, chasseurs de primes, armes à feu et violence qui s’avère entrainante et bien porté par des personnages efficaces et prenants. Je pourrai reprocher une intrigue un peu convenue, mais franchement rien de dérangeant tant j’ai lu l’ensemble d’une traite.

A Queen in Exile de Sharon Key Penman : On replonge ici dans la nouvelle historique avec le destin de la reine Constance de Sicile donnée en mariage au prince allemand. Sauf que la mort prématurée et sans descendant du roi de Sicile va pousser son mari à un conflit pour récupérer ce trône et y mettre Constance. Franchement, d’un point de vue historique j’ai apprécié cette nouvelle qui se révèle dense et solide, offrant de nombreux détails et me faisant découvrir une époque que je connais peu. Sauf que voilà, tous ses détails n’apportent pas toujours grand chose au récit, et le fait que l’héroïne manque un peu de force pour une « femme dangereuse » font que ce récit n’a pas non plus réussi à me happer complètement. Ce n’est en soit pas une mauvaise nouvelle, qui se laisse lire facilement, mais qui aurait pu offrir beaucoup plus selon moi. Qui sait, peut-être sur un format plus long si un jour l’auteur a envie de développer.

 

Retrouvez la suite de ma chronique ici concernant les 10 dernières nouvelles.

Antiqu’Idées – Anthologie 2016 des Imajn’ère

antiqu'ideesRésumé : Que pouvons-nous trouver comme idées neuves en refouillant l’Antiquité ? Revisiter un passé déjà connu, imaginer un futur plus rose ou tout simplement plonger dans l’Histoire antique pour le plaisir desyeux et des sens, voilà le programme d’Antiqu’idées. Quinze auteurs ont imaginé des histoires originales mettant en scène des éléments ou des personnages antiques, pour bousculer nos connaissances etrappeler que l’Histoire peut être vue autrement, voire même revécue.
De la Guerre de Troie à la Cimmérie, en passant par l’Égypte, Carthage et les confins bien connus de notre héritage gréco-latin, ces quinze nouvelles s’attachent à nous conter gaiement notre besoin decombat épique, de voyage au lointain et de quête de nos racines.

Edition : ImaJn’ère

 

Mon Avis : En 2015, on m’a proposé de découvrir l’anthologie du festival ImaJn’ère, Star Ouest, qui m’avait offert un assez sympathique moment de lecture, même si j’avoue le recueil manquait de textes marquants (ma chronique ici). Pour cette nouvelle édition 2016 du salon de l’Imaginaire et du Polar d’Angers, il m’a de nouveau été proposé de découvrir l’anthologie dont le thème était l’antiquité et j’avoue m’être assez facilement laissé tenter. Il faudrait par contre qu’un jour j’aille un jour faire un tour à ce festival, mais le manque de temps n’aide pas beaucoup. A noter que ce recueil comporte 15 nouvelles.

La Maison des Vignes d’Estelle Faye : On suit ici une jeune femme qui voit un de ses amis complètement changer et s’éloigner suite à sa mutation. L’auteur décide ici de travailler le mythe de Dionysos, déjà un peu présenté dans sa série La Voie des Oracles, et elle fait de façon très réussie offrant un texte efficace, captivante et plein d’émotions. La plume de l’auteur est toujours aussi prenante et envoûtante, plongeant facilement le lecteur dans ce récit étrange et surprenant. Mon seul regret est une fin que j’ai trouvé un peu convenu, mais rien de bien dérangeant.

Rivages d’Eva Simonin : Cette nouvelle nous fait suivre une jeune femme qui teste pour son entreprise une simulation de réalité virtuelle sur la guerre de Troie. Le texte en soit se lit facilement, il y a une certaine fluidité dans la construction et dans la plume, mais voilà il est loin de se révéler marquant. Il lui manque un petit quelque-chose je trouve qui le ferait gagner en intensité. De plus, il s’agit d’une nouvelle à chute et autant, j’avoue, je ne l’avais pas complètement venu venir, autant elle a eue du mal à vraiment me convaincre. Je ne vais pas spoiler la conclusion, ce serait dommage, mais j’ai lu d’autre nouvelles sur le même thèmes qui m’ont beaucoup plus touché, mon ressenti vient peut-être aussi de là.

Deux fois vainqueur traverser l’Achéron de Fabien Clavel : Cette nouvelle se présente sous la forme d’un poème qui revisite le mythe d’Orphée avec une petite touche de Fantastique vraiment intéressante. Un texte que j’ai trouvé réussi sur la forme, qui se laisse lire avec plaisir sur le fond, mais qui m’a paru un peu froid. Je ne sais pas, c’est peut-être moi, mais j’ai trouvé que ça manquait d’un peu d’émotions. Ce récit reste tout de même très sympathique à lire et à découvrir.

Le rêve du pont Milvius d’Olivier Boile : Cette nouvelle, je ne vais pas trop en dévoiler pour éviter de spoiler, mais il s’agit d’une uchronie dans la tradition de Philip K. Dick et de son Maître du Haut Château. Je dois bien avouer qu’il s’agit ici d’une belle réussite, que ce soit dans son background que dans son récit j’ai trouvé ce texte marquant et intelligent. Il nous offre aussi de nombreux axes de réflexions sur notre société avec cette idée, certes classique, du Et si…? Une excellente nouvelle qui, je pense mérite d’être découvert et m’a donné envie d’en découvrir plus sur l’auteur..

Ponce, Pilate, ponce ! de Justin Hurle : Cette nouvelle nous plonge dans l’humour et le burlesque, nous proposant de revisiter les dix plaies d’Egypte. Bon, j’avoue je suis passé à côté de ce texte. L’humour dépend vraiment de chacun et je pense ne pas être obligatoirement fait pour ce genre d’humour, tout du moins dans ce format de nouvelles. Sur l’ensemble le texte est pourtant fluide, entrainant et les idées sont là bien porté par une plume efficace, mais voilà je ne pense pas être le public adéquat.

Le tombeau de Calypso de Brice Tarvel : L’auteur nous propose ici de revisiter l’épisode de Calypso dans l’odyssée d’Ulysse. J’avoue cette nouvelle est loin de m’avoir marqué. L’histoire donne l’impression de partir dans tous les sens manquant d’explications, on ne sait pas trop ou l’auteur nous emmène malgré pourtant des personnages intéressants. Au final, je suis peut-être passé à côté de certains éléments de compréhension, mais pour ma part au final une nouvelle qui me laisse un sentiment plus que mitigé.

Chez Lucius, Dieux, Lares et Génies de Myrtille Bastard : Cette nouvelle nous fait suivre un reporter qui décide, dans un univers uchronique, de faire découvrir à son public une nouvelle échoppe qui annonce vendre des dieux, déesses et autres divinités. J’ai bien aimé cette nouvelle, l’idée de départ est vraiment intéressante et offre de nombreuses possibilités avec cet aspect de pouvoir acheter son embryon divin et le faire grandir. L’idée d’utiliser un membre de la presse offre aussi une bonne dose d’ironie ainsi que quelques réflexions intéressantes. Par contre, l’ensemble reste finalement assez linéaire, mais rien de non plus trop dérangeant. Une très bonne nouvelle, très intéressante.

Aheli ou la mémoire enfouie d’Isa3elle Arnoult : Une nouvelle assez surprenante, jouant sur plusieurs époques et dont il est difficile de la présenter sans trop en dévoiler. J’ai plutôt bien aimé cette nouvelle, écrite de façon efficace, mystérieuse et entraînante, jouant avec le lecteur pour mieux tenter de le surprendre sur la fin, même si certains points sont facilement devinables. Mon seul léger regret est que la nouvelle est très courte, ce qui fait que certains points sont à peine esquissés, mais rien de non plus trop gênant. Au final une nouvelle plus que sympathique, fluide et agréable.

Quid Novi Medice ? de Jean-Hugues Villacampa : Cette nouvelle tente de répondre à la question de savoir comment César a pu battre Vercingétorix malgré un rapport de force les déclarant perdant. L’idée de départ se révèle intéressante, de plus l’auteur l’amène de façon plutôt efficace et intéressante. Le texte ne révolutionne pas le genre, mais se révèle efficace, divertissante et facile à lire. Là où par contre je suis resté bloqué c’est sur le choix des noms des personnages, l’auteur paraît proposer une certaine ironie qui m’a laissé perplexe.

Carthage ! d’Arnaud Cuidet : Cette nouvelle nous offre une relecture de la bataille de Carthage entre les romains adeptes du dieu de la lumière et les adeptes de Baal, sauf que l’auteur plonge sont récit dans un univers différent mélange de technologies avancées et de bio-technologies. Clairement le texte en lui-même n’a rien de révolutionnaire, nous proposant une simple bataille, sauf que voilà il y a une certaine flamboyance qui se dégage de ce récit ainsi qu’un sentiment épique. Un texte qui en met plein les yeux et que j’ai trouvé divertissant et percutant.

Boadicée de Pierre-Marie Soncarrieu : Cette nouvelle nous fait découvrir un devin qui va lire l’avenir d’une futur reine. Le texte en soit ne manque pas d’attrait que ce soit dans les personnages qu’il développe, comme dans le traitement que propose l’auteur. On suit avec un minimum d’intérêt le destin de cette reine qui va être loin de se révéler idyllique et dont elle va devoir faire des choix pas toujours facile. Sauf que voilà j’ai trouvé l’ensemble trop court, ce qui fait que les développements proposés vont trop vite et rendent ainsi la chute un peu convenu et trop rapide. Cela reste un texte agréable à lire, mais qui avait le potentiel pour être plus.

Discorde de Patrice Verry : L’auteur nous propose de revisiter le mythe de Pâris et de la fameuse pomme de la discorde. L’idée de départ est intéressante, mais voilà j’ai trouvé que le traitement du texte se révélait un peu simpliste et surtout beaucoup trop prévisible pour vraiment m’emballer. Je ne vais pas dire que le texte est mauvais, mais il rentre dans ma catégorie vite lu, un minimum apprécié et vite oublié.

Une histoire Tauride de Romuald Herbreteau : L’auteur propose avec cette nouvelle de se servir du lient de Tchernobyl pour amener le monde de Conan le Barbare dans notre univers. Franchement l’idée de départ est accrocheuse, j’aurais aimé apprécier ce texte, sauf que voilà j’ai trouvé que l’auteur en faisait trop ce qui fait que le récit bascule trop rapidement d’un récit dense vers un récit trop lourd avec beaucoup trop d’idées qui se télescopent. Peut-être sur un format plus long ce texte aurait marché, en tout cas là je suis sorti de ma lecture avec un sentiment mitigé de trouver de bonnes idées, mais qui auraient mérité un autre traitement.

L’Immortel et l’Assassin de Jérôme Verschueren : Cette nouvelle nous propose de revisiter un des plus célèbres mythes du cinéma de science-fiction, tout en y ajoutant une pointe d’ironie et de Fantasy. Je dois bien avouer que ce texte se révèle plutôt amusant et divertissant. Il se lit d’ailleurs assez facilement, sauf que voilà il n’a rien de non plus très marquant à mon goût et manque peut-être aussi d’un peu d’originalité, ce qui est le soucis des reprises. L’idée de base n’est pourtant pas mauvaise, la chute se révèle surprenante, mais voilà je trouve qu’il manque un petit quelque chose pour vraiment élever ce texte.

Faisabilité et intérêt zootechniques de la métamorphose de masse de Lionel Davoust : Cette nouvelle a déjà été publiée dans un autre recueil qui est dans ma PAL : Fragments d’une Fantasy Antique. Elle nous propose ainsi de découvrir une étude très intéressante qui revisite le mythe de Circée et lui offre de nouvelles applications. Une très bonne nouvelle qui nous offre quelque chose de différent, plein d’ironie et de second degré et que j’ai trouvé vraiment réussie et efficace. L’auteur construit son récit comme une étude scientifique rend l’ensemble plus concret et aussi un peu plus décalé. Un récit qui clôture de fort belle manière ce recueil et qui m’a offert un très bon moment de lecture.

En Résumé : J’ai de nouveau passé un moment de lecture assez sympathique avec ce recueil de nouvelles qui nous propose un panel de textes assez large revisitant l’antiquité. Alors certes, tout les textes ne sont pas au même niveau et certains m’ont laissé plus que perplexes voir je suis complètement passé à côté, mais ils sont contrebalancés par des textes que j’ai trouvé très réussi et qui méritent d’être découverts. Au final une anthologie 2016 agréable et plus que divertissante.

 

Ma Note : 6,5/10

Autres avis : Ours inculte, Apophis, Lorhkan, …

CRAAA

Challenge CRAAA 20ème lecture

Infinités – Vandana Singh

infinitesRésumé : Dans ce recueil de dix nouvelles et un essai se déploie la sensibilité à part d’une auteure de science-fiction spéculative qui n’a de cesse de remettre l’Homme au centre du récit. On y observe un professeur de mathématiques qui aimerait comprendre les tensions interreligieuses qui déchirent son pays, un étrange tétraèdre subitement apparu dans les rues de New Delhi, une femme convaincue d’être une planète.

Edition : Denoël Lunes D’Encre

 

Mon Avis : Bon, je dois bien l’avouer, la première chose qui m’a attiré vers ce livre c’est sa couverture, illustrée par Aurélien Police, que je trouve franchement magnifique. Oui, je sais, j’ai l’impression de me répéter au fil des bouquins, mais je trouve son travail impressionnant. Bon après je ne m’arrête pas que sur ce point là non plus, un recueil de nouvelles a toujours le don de m’attirer, ajouter à cela une auteur dont j’entends de plus en plus parler en bien, il n’a donc pas fallu longtemps pour qu’il rejoigne ma PAL. A noter que ce recueil comporte dix nouvelles et un essai et qu’il a été lu en lecture commune avec MarieJuliet.

Faim : Cette nouvelle nous plonge au milieu d’une famille aisée en Inde. L’héroïne s’apprête à recevoir le président de son mari pour un repas, mais ressent un drôle de pressentiment. Une nouvelle qui nous met directement dans l’ambiance, l’auteur va manier l’imaginaire avec finesse et surtout va nous pousser à réfléchir. Ainsi le point le plus intéressant de cette nouvelle vient clairement de la vision de la femme que nous propose l’auteur, ainsi qu’une critique sociale percutante sur l’Inde. On ne peut pas se sentir indifférent envers ce qui touche ce pays que ce soit dans ses luttes de classes comme dans sa gestion du peuple qui n’est pas non plus sans rappeler celle occidentale. L’héroïne se révèle très intéressante à découvrir, personnage amoureux de lecture SF, qui parait perdue dans un « univers » qu’elle ne contrôle et dont elle peine à trouver sa place. Pourtant il m’a manqué un petit quelque chose, un travail peut-être plus poussé sur l’émotion, pour complètement me sentir emporté par ce récit. Cela reste tout de même une très bonne lecture.

Delhi : Une nouvelle étrange qui nous fait découvrir un héros qui gravite dans la ville avec un but précis et surprenant, tout en aidant les désespéré comme il l’a un jour été. J’avoue j’ai énormément apprécié cette nouvelle, à la fois étrange et envoûtante. L’ensemble est surtout porté par un personnage principal très bien construit et touchant que ce soit dans sa quête comme dans ses blessures, mais aussi et toujours par cette ville que ce soit dans son ambiance comme dans les réflexions qu’elle soulève. De nouveau une véritable critique sociale sur un pays qui a démographiquement explosé mais où les inégalités sont fortes, poussant à la dépression voir au suicide. Au final un texte fort, poétique et captivant.

La Femme qui se Croyait Planète : On découvre ici une femme mariée, d’une classe sociale aisée, qui se réveille un jour en croyant être devenue une planète ce qui dérange fortement son mari, principalement sur ce que pourrait en penser les voisins. Le texte démarre de façon forte, prenant le côté humour et cynique pour nous offrir de nombreuses réflexions sur la position de la femme en Inde ainsi que sur l’importance du mariage dans la société, tout en y ajoutant une dimension fantastique et aussi angoissante avec un mari dépassé par les évènements qui va vouloir faire un choix. L’auteur joue aussi habilement entre folie et réalité, sauf que voilà une fois que l’auteur a répondu à la question de savoir si l’héroïne est vraiment une planète ou pas, j’ai moins accroché, j’ai trouvé que ça n’apportait pas grand-chose et enlevait un peu le côté mystérieux. Dommage, jouer avec le lecteur jusqu’au bout m’aurait plus fasciné. Un texte que j’ai trouvé aussi peut-être plus linéaire dans sa construction. Moins marquant, même s’il reste plaisant à lire.

Infinités : Alors voilà sûrement une des nouvelles, voir la nouvelle, que j’ai préféré du recueil. On découvre un professeur de Mathématiques qui a toujours été fasciné par les chiffres et surtout, principalement, par les infinités qui va, au fil des pages, se rendre compte des combats entre religions sanglants de son pays. Un texte que j’ai trouvé à la fois fort, avec un petit côté sens of wonder simple et captivant, et à la fois intelligent dans la façon dont il traite avec finesse du conflit entre les musulmans et hindous. Un texte sombre, violent, qui ne laisse pas indifférent et m’a passionné. L’aspect fantastique vient s’inscrire de façon réussi et intéressante avec ses fantômes, ses anges, qui servent un peu de muse au héros, mais qui surtout permettent de jouer clairement avec le lecteur (à la fois métaphore de la folie, mais aussi du génie), ce qui m’avait frustré dans le texte précédent. La tension monte ainsi au fil des pages, avec une souffrance qui s’exacerbe, mais qui trouve, d’une certaine façon une conclusion qui ouvre, je l’espère, à l’espoir.

Soif : Soif est une nouvelle qui sonne en écho avec Faim, avec une héroïne qui va découvrir que les femmes de sa famille subissent une malédiction liée à l’eau. Une nouvelle qui se veut à la fois légèrement fantastique, angoissante et toujours clairement intelligente. L’ambiance liée à l’eau offre une sorte d’oppression et se révèle très bien écrite et prenante. On y retrouve aussi cette critique sociale liée à la position de la femme, principalement vis-à-vis du mariage, qui tend parfois plus vers une sorte d’obligation, de prison. Un texte plein de surprises, qui possède aussi une petite touche poétique vers la fin, mais aussi une petite touchant angoissante dans sa conclusion. De nouveau on découvre aussi en toile de fond une ville surprenante, vivante voir même « explosive ». Au final une nouvelle plus que réussie et efficace.

Les Lois de la Conservation : Cette nouvelle se veut plus Science-Fiction , se déroulant sur la Lune avec un groupe de personne qui se retrouve régulièrement pour débattre et discuter. Un jour un débat sur les mondes miroirs va amener l’un d’entre eux à raconter une expérience qu’il a vécu sur Mars. Je dois bien avouer que cette nouvelle n’a rien de franchement marquant, je n’ai jamais réussi à rentrer complètement dedans, comme si l’auteur en quittant l’Inde avait un peu perdu son côté percutant et marquant. L’histoire reste sympathique, mais possède un côté SF classique. De plus la construction ne m’a pas paru  permettre au texte de s’élever, mais je ne saurai trop l’expliquer, comme si l’aspect conté manquait de force. Au final un texte vite lu, mais vite oublié à mon goût, surtout en comparaison des autres.

Trois contes de la Rivière du Ciel. Mythes de l’ère des astronautes : Voilà un autre texte qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. L’auteur construit ici trois contes, qui se veulent un peu création d’une mythologie et futuriste, mais qui m’ont paru assez quelconques que ce soit dans leurs constructions comme dans le fond. De plus, pour des contes j’ai trouvé qu’il manquait légèrement de poésie. Cela reste sympathique à lire, mais rien de très captivant. Seul le premier conte sort légèrement du lot, mais n’arrive pas non plus à rendre l’ensemble convaincant. Après, je suis peut-être passé à côté.

Le Tétraèdre : On retrouve, avec cette nouvelle, l’auteur dans un registre qui me parait plus à son aise avec l’Inde et la société en toile de fond. D’un point de vue construction le texte parait classique, avec l’irruption d’un objet inconnu et étrange qui va bouleverser la population. Mais voilà c’est de nouveau dans le constat social et dans la réflexion que l’auteur arrive à élever franchement le récit, nous offrant une héroïne en plein doute face à un mariage qui approche avec un mari hautain, et qui va alors voir le monde différemment face à l’arrivée du tétraèdre qui va devenir pour elle une obsession. On ne peut pas rester indifférent devant la façon dont est mené le mariage en Inde avec l’influence de la position sociale, l’importance de la famille que ce soit dans le choix comme des « cadeaux » ou encore toujours avec idée de voir le mariage comme une sorte d’emprisonnement. La touche SF offre aussi une couche clairement intéressante au récit, devant la réaction de chacun face à cette intrusion, mais aussi dans les idées scientifiques qu’elle soulève. Un texte très réussi.

L’Epouse : Avec cette nouvelle l’auteur quitte l’Inde pour les USA, avec une héroïne indienne déracinée pour suivre son mari, qui est aujourd’hui en pleine séparation. Le gros point fort avec cette nouvelle vient, comme souvent avec l’auteur, de son personnage principal, cette femme qui ne s’est jamais sentie chez elle dans ce nouveau pays, mais qui n’est plus non plus chez elle en Inde après tant d’années d’exil et qui se retrouve aujourd’hui perdue ; n’ayant plus rien à quoi se raccrocher. En effet ses enfants son devenus grands et son époux la quitte. Le côté fantastique permet aussi d’offrir une image de cette « folie », voir de cette libération, de façon tout à fait prenante et entraînante.  De nouveau, en tant que lecteur, on ne peut s’empêcher de se questionner et de s’ouvrir sur la culture Indienne, ses contraintes, principalement vis-à-vis de la femme. Sauf que voilà, elle m’a parue moins percutante que d’autres sur le même thème dans le recueil. Une nouvelle qui reste tout de même très sympathique.

La Chambre sur le Toit : Cette nouvelle traite de la vengeance, celle d’une femme qui voit son amie dépérir suite à sa mise en couple avec un artiste connu. J’avoue je suis mitigé avec cette nouvelle, je l’ai trouvé agréable et sympathique, mais je n’ai pas obligatoirement bien compris où l’auteur voulait nous emmener entre cette vengeance et le lien de l’héroïne avec les enfants de sa logeuse. Comme si deux histoires différentes se télescopaient et cherchaient à se trouver des éléments en commun. Par contre, j’ai énormément apprécié la conclusion que ce soit dans son côté poétique, émotionnel mais aussi fantastique.

Un Manifeste Spéculatif : Il ne s’agit pas ici d’une nouvelle, mais d’un essai de l’auteur qui montre, au cas où on ne l’aurait pas encore compris, la passion de celle-ci pour l’Imaginaire et plus principalement l’imaginaire spéculatif, qui fait réfléchir. J’avoue m’y être retrouvée complètement dans ce qu’elle écrit, excepté sur le fait qu’elle se permet de cliver le secteur considérant une partie des publications comme ne méritant pas d’être lu. C’est un choix, parfois il y a du vrai, mais qui me laisse un peu perplexe.

 

Je me permets une analyse plus globale car je trouve que chroniquer nouvelle par nouvelle ne permet obligatoirement de bien mettre en avant mon ressenti (même si c’est très difficile pour chaque livre de trouver les mots et surtout une analyse reste obligatoirement subjective). Vandana Singh offre ici un recueil de nouvelles que je considère comme franchement très réussi. Certes, certains textes ont eu du mal à m’accrocher, ou j’ai pu passer à côté, principalement j’ai trouvé dans son côté SF le plus pur, mais une fois la dernière page tournée mon ressenti global est plus que positif tant j’ai passé un bon moment de lecture. Le mariage entre « imaginaire », réalité, critique social et poésie se révèle clairement maîtrisé, discret, tout en finesse et permet en fond, et de façon subtile, de mettre en avant l’Inde, sa culture et ses coutumes loin d’être idylliques. L’auteur parle ainsi de son pays de façon détournée et pourtant terriblement percutante, faisant réfléchir le lecteur. Elle n’est pas non plus que critique, on sent toujours derrière ces mots une certaine beauté, une certaine poésie qui s’en dégage. Une lecture que je ne regrette pas et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce recueil de nouvelles qui nous plonge dans un imaginaire subtil et percutant qui cherche à nous faire réfléchir sur l’Inde, ses coutumes, ses contraintes, sa beauté, ses souffrances et d’autre sujet encore. L’auteur nous propose ainsi une dizaine de récits d’une grande finesse et soignés qui, même si quelques-uns n’ont pas réussi à m’accrocher, se révèlent dans l’ensemble marquant. L’aspect imaginaire possède, comme souvent, présent pour dissimuler et accentuer le message de fond, mais l’ensemble se révèle clairement maîtrisé. Il est difficile de résumer cette lecture, mais je ne peux que vous conseillez de vous laisser tenter pour vous faire votre propre ressenti tant je pense que ce recueil le mérite, sans non plus se révéler trop ardu je trouve. En tout cas je ressors de ma lecture avec un sentiment plus que positif et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

 

L’avis de MarieJuliet

Autres avis : Lune, Apophis, Vert, Koré, …

CRAAA

Challenge CRAAA 19ème lecture

Cru – Luvan

cruRésumé : Des cris étranges sur un brise-glace en pleine mer, une morsure fatale en Afrique, la disparition de Maria du côté de Kiruna, les loups, les ours, les morts qui attendent dans les bois, le… courbe dans le noir, ou encore ce jeu de l’oie bizarre auquel joue Selma, à la recherche de son anneau dans Paris, et qui finit toujours par tomber dans le puits.
Cru c’est le bruit que fait un glacier quand il craque. C’est une fissure qui s’ouvre dans la glace, et qui dit que ça bouge en dessous.

Edition : Dystopia

 

Mon Avis : J’avoue, je me suis laissé tenter par ce petit livre il y a un long moment déjà, un peu sur un coup de tête, un peu suite à différents avis plus que positif que j’ai vu passer. Il faut dire que, comme toujours avec Dystopia, j’ai aussi rapidement été attiré par le travail graphique du livre, réalisé par Stéphane Perger, qui attire vraiment le regard par son côté un peu étrange et attirant. Cru est ainsi un recueil de 11 nouvelles (10 assez courtes et une de près de 80 pages) et, contrairement à mes habitudes, je ne vais pas chroniquer chaque texte, mais plutôt faire une chronique d’ensemble tant elles forment d’une certaine façon un ensemble cohérent et aussi pour éviter de dénaturer chaque histoire.

Entrer dans Cru n’est pas obligatoirement chose aisée aux premiers abords, car il faut dire que l’auteur a un univers fantastique qui lui est propre. Il faut ainsi complètement lâcher prise et se laisser porter par chaque texte, qui oscille entre réel et imaginaire, construisant une mythologie dense et propre à chaque texte et qui ne laisse pas indifférent. Les nouvelles du livre sont ainsi déroutantes, offrant plus des écrits brisés dans la construction, des images, de sensations, des émotions qui prennent peu à peu forme, se révélant au fil des récits pour offrir quelque chose de complexe, de marquant voir même de touchant. L’ensemble possède aussi une ambiance froide, détachée, qu’on pourrait trouver légèrement austère mais qui finalement en grattant un peu et en se laissant happer offre finalement une poésie étrange. C’est à la fois fascinant et perturbant tant j’ai été fasciné par ces textes, happé par eux, tout en constatant une fois la dernière ligne atteinte qu’ils restaient, par certains aspects, abstraits, ouverts. Dans ce recueil il y a ainsi un vrai échange entre l’auteur et le lecteur, où chacun fournit sa part pour ainsi construire un récit qui est à chaque fois unique.

L’aspect fantastique n’est pas non plus anodin chez l’auteur, on a ainsi clairement l’impression de jouer un jeu d’équilibriste entre réalité et fantastique. Chaque héros donne ainsi l’impression de pouvoir basculer à tout instant, voir à même pu déjà basculer, sans que le lecteur le sache, où ne puisse le juger. Le surnaturel est ainsi, d’une certaine façon, insidieux et pourtant tellement naturel et présent, il se montre sans vraiment complètement se dévoiler et donne l’impression de jouer avec le lecteur. On y retrouve ainsi des images qui peuvent paraître connus, mais que l’auteur amène avec originalité et pas mal de surprises. On sent aussi les connotations du nord, de la Suède dans sa mythologie, on se rend compte que l’auteur a l’air, soit de bien connaître, soit de s’être fortement documenté pour construire ses écrits. Dans tous les cas chaque texte, qu’il soit court ou long, offre au final un dépaysement efficace et d’une certaine façon marquant, le tout avec finalement parfois peu de description. Chacun d’entre eux possède ainsi son atmosphère propre, unique et qui donne envie d’en apprendre plus.

Le panel de personnages qui est développé par l’auteur ne manque clairement pas d’intérêt que ce soit dans leurs constructions, leurs visions de leur monde ou encore dans leur façon de l’appréhender. Entre amnésique, radio opératrice d’un brise-glace, chanteuse etc… l’auteur offre ainsi différents portraits à la fois fascinants et déroutants qui devraient ne pas laisser indifférent. On accroche ainsi très rapidement à leurs histoires, leurs aventures et leurs quêtes qui sont à la fois étranges et envoûtantes. Au milieu de tout cela l’auteur nous offre aussi de nombreux axes de réflexions que ce soit sur l’amour, la folie, l’amour qui ne se révèlent pas anodins, efficaces et s’avèrent parfois marquantes.

Comme je l’ai dit chaque nouvelle nous plonge dans un univers propre à l’auteur, qu’on découvre au fil des pages, où au final on découvre que la fin n’est qu’un commencement, ou l’ensemble possède de multiples couches et dont il faut relire pour bien en comprendre toutes les nuances. La Dernière nouvelle, qui est la plus longue du livre, joue ainsi avec tout cela développant et densifiant de nombreux aspects de façon efficace, mais j’ai par contre trouvé qu’il tirait peut-être légèrement trop en longueur. Alors après, certains textes m’ont trop dérouté pour que je rentre complètement dedans, voir parfois m’ont perdu, mais cela n’enlève en rien la qualité globale plue que positive de ce recueil. La plume de l’auteur colle finalement bien à cet univers, à la fois simple et pourtant percutant par ses phrases courtes, et efficace. Dans tous les cas je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : Cru se révèle un livre difficile à chroniquer, mais aussi à appréhender finalement. Il propose ainsi 11 nouvelles qui vont nous plonger dans l’univers assez unique de l’auteur, où il faut se laisser porter par ces récits déstructurés, mélange d’émotion, de rebondissements, d’images qui viennent ainsi assaillir le lecteur et former au final un tout cohérent et ouvert. Il y a un vrai échange entre l’auteur et le lecteur, ou chacun doit faire sa part de travail pour aboutir à une histoire unique. On a clairement l’impression d’osciller entre réalité et surnaturel, offrant ainsi un fantastique surprenant, insidieux, à la fois présent et pourtant qui ne se dévoile pas vraiment, pas complètement. On plonge ainsi dans une atmosphère unique, froide, déroutante et entrainante qui donne envie d’en découvrir plus. Au milieu de tout cela on découvre un panel de personnages uniques qui nous font réfléchir sur l’amour, la folie, l’Homme qui ne laissent pas indifférent. La plume de l’auteur a un côté simple et pourtant percutant, d’une certaine façon poétique et efficace. Alors certes, il est arrivé qu’un ou deux textes me déroutent de trop, voir m’ont perdu, mais dans l’ensemble un recueil de textes fantastiques que je suis content d’avoir découvert. A chacun de voir si vous vous laissez tenter.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Vert, julien le naufragé, Lune, …

CRAAA

Challenge CRAAA 17ème lecture

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