Mon Avis : Je continue ma lecture des différents Bifrost qui se promènent dans ma PAL depuis quelques temps, avec cette fois ce numéro consacré à Michel Pagel auteur français dont j’avoue ne pas avoir encore lu un seul écrit. Il faut bien un début à tout, surtout que le dossier est en soi assez complet permettant ainsi de se faire un avis sur l’auteur. En tout cas je dois dire que la couverture, illustrée par David Lecossu, est vraiment magnifique. Ce 71ème Bifrost est composé de trois nouvelles d’auteurs différents.
Cosplay de Michel Pagel : À travers cette nouvelle l’auteur nous propose de plonger dans un monde futuriste où la télé réalité, ainsi que le Cosplay, sont poussés à son paroxysme. Un univers où chaque personne se choisit un personnage à vivre toute sa vie et où les plus proches de leurs rôles sont élus par le public. Un texte qui se révèle glaçant et qui happe rapidement et facilement le lecteur dans cette histoire, mais qui fait aussi réfléchir le lecteur sur la popularité ainsi que sur le paraitre que chacun cherche à renvoyer. On suit la trajectoire diamétralement opposée de deux personnages qui nous offrent une vision complètement différente de ce monde et des besoins de chacun. Les personnages se révèlent travaillés avec une plongée dans la vision qu’ils montrent aux caméras, mais aussi leur ressenti intérieur qu’ils se doivent de cacher. Un style qui se trouve être vraiment simple, efficace et entrainant. Les jeux de pouvoir se révèlent eux aussi passionnants. Mon seul problème, qui m’a empêché de trouver cette lecture excellente, je n’ai jamais, de mon point de vue personnel, complètement accroché à l’univers. Un monde où on a tous la tête d’un « personnage » m’a paru trop improbable. Ajouter que j’ai trouvé les héros cosplay un peu vieillots (Zorro, Barbie, Ken, Superman, Spirou, …) il manquait des héros plus récents.
Le Choix du Quêteur de Thierry Di Rollo : Cette nouvelle nous plonge dans un univers futuriste où un second dans un vaisseau spatial menace sous la folie de tout faire exploser. Une nouvelle qui m’a bien accroché et dont je ne vais pas trop en révéler pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture, ce qui serait dommage. Une histoire qui se révèle dans une première partie vraiment efficace, technologiquement accrocheuse et bien porté par des personnages qui nous dévoilent les conséquences du mal de l’espace. Entre folie et raison dur de déterminer qui a véritablement raison de qui a tort. Dans la seconde partie on rentre dans un processus plus émotionnel avec la découverte de la vérité sur ces holums et surtout un personnage, qui prend de l’ampleur et nous dévoile un monde assez aseptisé. Mais c’est surtout ce message sur les holums qui se révèle intéressant, avec cette question de leur existence et leur devenir. Une bonne nouvelle mais qui se révèle être un peu trop linéaire et qui surtout est peut-être légèrement trop longue sur la fin à mon goût.
L’Homme de Paul McAuley : Cette nouvelle nous plonge dans la vie de Ziyi, une femme qui a quitté la Terre pour vivre dans un nouveau monde colonisé, fuyant ainsi une crise mondiale destructrice. Elle se retrouve à survivre en fouillant une plage à la recherche d’artefact, jusqu’au jour où un homme, nu, vient frapper à sa porte. C’est cette rencontre qui fait la force du texte, une rencontre forte, pleine d’émotion et de sentiment, mais qui va surtout nous dévoiler une humanité qui se révèle toujours aussi égoïste, avare et insensible qui ne cherche qu’à détruire plutôt qu’à se découvrir et à partager. Une rencontre pleine de non-dits sur la force de l’amitié et de la simplicité. Viens aussi me mystère que porte cet inconnu dont on ne sait rien et qui va se dévoiler au fur et à mesure des pages. Un inconnu aux valeurs simples et intéressantes, qui vit sa vie comme elle vient, n’ayant peut-être pas non plus le choix. Le tout est bien porté par un style efficace et soigné. La conclusion se révèle enlevé et entrainante. Avant ce texte je ne connaissais pas l’auteur, mais je lirai sans soucis d’autres textes de lui.
Concernant le reste du magazine, une introduction vraiment intéressante nous offre une vision de la littérature du genre pas toujours resplendissante, mais qui laisse présager, pourquoi pas, de bonnes choses dans l’avenir. Comme je l’ai dit le dossier sur Michel Pagel est vraiment intéressant. Les conseils pour survivre à un contact alien se révèlent plein d’humour et l’interview de la libraire de L’Antre Monde est vraiment intéressante. Au final un bon Bifrost que j’ai trouvé aussi un peu plus équilibré que celui sur George R.R. Martin, les chroniques prenant un peu moins de place. Il me reste encore à lire le dernier magazine sorti, celui consacré à Ray Bradbury.
Ma Note : 8/10 (Note ne reposant que les nouvelles)