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Nous qui n’existons pas – Mélanie Fazi

Résumé :« Est arrivé un jour où la fiction n’a pas suffi. »
Aussi curieux que cela puisse paraître, il me semble qu’une des forces de l’œuvre de Mélanie Fazi est que précisément la fiction n’a jamais suffi. Qu’elle a toujours su trouver d’autres biais pour exprimer cette tension personnelle, intime, dont elle nous fait part dans ce livre, et qui est matière de toute sa création.

Extrait de la postface de Léo Henry

Edition : Dystopia

 

Mon Avis : Comme vous le savez, si vous suivez ce blog depuis un certain temps, je suis un grand admirateur des écrits de Mélanie Fazi qui est un peu une voix à part, je trouve, dans l’imaginaire français. Plus novelliste que romancière (elle n’a que deux romans de publiés si je ne me trompe pas), elle a toujours réussi à me captiver et me toucher à travers des textes humains, prenants, étranges d’une certaine façon, à travers un fantastique que j’ai toujours trouvé captivant. Mais cette fois l’autrice revient avec, non pas avec une nouvelle ou un roman, mais un texte de non-fiction. Concernant la couverture, elle a un petit je ne sais quoi que je trouve très accrocheur.

Bifrost n°77 – Spécial Mélanie Fazi

Edition : Le Bélial’

 

 

 

 

 

Mon Avis : Cela faisait un long moment que je ne m’étais pas plongé dans la lecture d’un Bifrost, voir même dans un magazine de l’imaginaire tout court. C’est bien simple après vérification ça remonte tout simplement à plus de deux ans avec le numéro spécial Tolkien. J’ai donc du retard à rattraper, beaucoup de retard même. Je reprends donc là où je m’étais arrêté avec ma lecture du numéro 77 consacrée à Mélanie Fazi, une auteure dont j’apprécie beaucoup le travail et qui offre toujours un fantastique qui ne me laisse pas indifférent. Concernant la couverture, illustrée par Bastien Lecouffe Deharme, elle a du mal à me convaincre j’avoue. Comme d’habitude je me consacrerai principalement sur les nouvelles présentes dans ce recueil.

Le Jardin des Silences – Mélanie Fazi

le jardin des silencesRésumé : Un bal secret au coeur de l’hiver, une violoniste dont les notes soulèvent le voile des apparences, une dresseuse d’automates dépassée par sa création : à travers ces douze textes ciselés, découvrez ou retrouvez l’univers envoûtant de Mélanie Fazi, auteure rare à la plume délicate, qui joue des mots émotions avec une justesse bouleversante.

Edition : Bragelonne

 

Mon Avis : Comme vous le savez, si vous suivez ce blog régulièrement, je suis tombé sous le charme de la plume de Mélanie Fazi dès ses premiers écrits, que ce soit à travers ses travaux de novelliste, avec les recueils Serpentine (chronique ici) et Notre Dame aux Écailles (chronique ), mais aussi avec son roman Arlis des Forains (chronique ici). C’est donc sans surprise que, quand j’ai appris qu’un nouveau recueil était publié, alliant différentes nouvelles déjà publiés dans des anthologies ou magazines et des inédits, je n’ai pas mis longtemps à le faire entrer dans ma PAL. Il faut aussi souligner l’illustration de couverture que je trouve vraiment magnifique et qui donne envie de le découvrir. Ce recueil comporte ainsi 12 textes, mais contrairement à mes habitudes je vais faire une chronique globale tant la cohérence des récits fait qu’il me parait difficile de parler de chaque texte séparément.

Une chose est sûre, j’ai de nouveau été rapidement emporté par les différents textes que nous propose l’auteur tout au long de ce recueil, au point d’avoir eu du mal à lâcher la lecture et même concernant les textes que j’avais déjà lu, que je redécouvrais avec plaisir, leur découvrant ainsi de nouvelles subtilités et de nouvelles possibilités. Ce qui fait la force de ces textes c’est qu’ils se révèlent complètement maîtrisés du début à la fin, tant par leur cohérence que par leur force et leur ambiance, et surtout ils arrivent à toucher, je trouve, le lecteur à travers les émotions et les sentiments qu’ils dégagent. On ne ressort jamais vraiment le même après chaque nouvelle. Mélanie Fazi nous plonge, je trouve, dans la source même du fantastique, ne cherchant pas obligatoirement les grands effets marquants, mais plus en y intégrant en douceur et parfois de façon insidieuse et étonnante un élément, souvent banal, qui va venir bouleverser l’ensemble et amener les personnages et le lecteur à se remettre en cause. Ce n’est d’ailleurs jamais cet aspect magique qui crée les changements, mais plus la réaction des héros qui se révèle importante et passionnante. Chacun va ainsi traiter ces évolutions à sa façon, va se retrouver changer que ce soit en bien ou en mal.

On se retrouve ainsi captiver avec fascination, féérie et magie par des récits, mélange à la fois de conte, de fantastique et de passages intimistes, qui oscillent entre sombre et lumière, entre regret et désir, entre amour et jalousie et qui se révèlent surtout justes, percutants et sensibles. C’est d’ailleurs cette sensibilité à fleur de peau, cette ambiguïté qui fait un peu la force des écrits de l’auteur, bien porté aussi par des personnages qui se révèlent travaillés, subtils, profondément humains, qui se dévoilent lentement pour mieux nous surprendre et dont on s’accroche assez facilement et rapidement que ce soit à travers leurs côtés positifs comme dans leurs zones d’ombres. Chaque personnage est unique et pourtant on arrive à s’y retrouver dans chacun d’eux, dans leurs façons de voir les choses, dans leurs sentiments ou encore dans leurs réactions. On est ainsi emporté dans un maelström d’émotions, souvent sombres, tristes, parfois même violentes, où la douleur est régulièrement présente, traitant de sujets qui se révèlent souvent d’actualité comme la famille, le couple, l’identité, le déchirement et d’autres encore, mais dont l’auteur n’oublie pas non plus l’espoir, ni une certaine tendresse qui s’en dégage. C’est d’ailleurs cette complexité, cet enchevêtrement réussi de disparités, de changement, qui offre des textes à la fois unique et marquant.

Chaque texte possède ainsi sa propre voix, sa propre histoire, son propre corps, évitant ainsi de tomber dans la répétition, car même si on y retrouve régulièrement des grands thèmes récurrents, le traitement donné à chaque récit fait qu’on les redécouvre avec plaisir et intérêt à chaque fois. Rien n’est d’ailleurs clairement écrit dans ces récits, tout est à venir, à construire et on se laisse ainsi porter vers chaque conclusion qui se révèle réussie, à la fois mélancolique, percutante et passionnante. Chaque nouvelle possède aussi son propre cadre, son propre background qui ne manque pas d’émerveiller par ses nombreuses subtilités, mais aussi par l’imagination débordante et le mystère qui s’en dégage. On se retrouve emporté par la façon dont sont revisités les contes comme Swann le bien nommé, on se laisse fasciner par l’arrivée des éléments fantastiques, souvent acceptés, qui viennent y ajouter ce sentiment d’étrangeté, y intégrer ainsi cette ambiance envoutante, féérique et parfois même très sombre, mais qui pourtant colle toujours parfaitement à l’histoire et se révèle captivante. Des univers souvent très visuels et marquants, qui ne devraient pas laisser indifférent le lecteur.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi fascinante, délicate à la fois poétique, soignée, dense, remplie de sentiments et de mystères, happant le lecteur dès les premiers mots pour ne plus le lâcher, oscillant entre angoisse, amour et réalité, avec des personnages en plein changement, en plein doute, en pleine évolution, offrant ainsi douze textes d’une grande réussite qui, je le pense, méritent d’être découverts. Je me rends bien compte, au travers de cette chronique, qu’il est difficile de parler de ce recueil sans trop en dévoiler, et qu’il est aussi difficile d’y faire passer clairement mon ressenti sans m’embrouiller moi-même, mais en tout cas pour moi Mélanie Fazi fait partie des plus belles plumes du fantastique français, des plus touchantes, et il serait dommage de passer à côté.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce recueil de 12 nouvelles de Mélanie Fazi qui a de nouveau réussi à me happer de la première à la dernière page avec des textes qui se révèlent sensibles, touchants, oscillant entre ombre et lumière, amour et douleur et où l’espoir n’est jamais non plus très loin. Le cadre de chaque nouvelle se révèle magnifique, envoutant, féérique qui se révèle subtil et intriguant avec son lot de surprises. L’auteur nous dépeint comme toujours des personnages qui sont profondément humains, avec leurs faiblesses et leurs forces, dont on s’attache assez facilement tant on peut s’identifier un minimum à eux. La plume de l’auteur est toujours aussi poétique, délicate, entrainante et dense, plongeant de façon rapide et efficace le lecteur dans des récits fantastiques dont il ne ressort jamais vraiment le même. Il est difficile de vraiment mettre en avant mon ressenti, mais en tout cas Mélanie Fazi fait clairement parti, selon moi, des plus belles plumes du fantastique français et mérite d’être découverte.

 

Ma Note : 8,5/10

 

Autres avis : Boudicca, Lorhkan, Efelle, Lhisbei

Bardes et Sirènes – Anthologie 2014 des Imaginales dirigée par Sylvie Miller & Lionel Davoust

bardes et sirènesRésumé : Ensorceleuses précipitant les marins à leur perte, ou symboles d’un amour inaccessible, les sirènes fascinent autant que les abysses dont elles sont issues. Pour ces maîtresses du chant, la rencontre du barde est inévitable ; artisans des mots et de la musique, usés par la route et les tragédies, ils tissent eux même sur le cœur des hommes leurs propres enchantements… Toutes les nuances de la fantasy sont au rendez-vous de Bardes et Sirènes : des racines médiévales du genre à notre époque désenchantée, onze rencontres épiques, émouvantes, drôles ou cruelles vous attendent !

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Depuis 2011 environ j’ai l’habitude de craquer, assez facilement c’est vrai, pour l’anthologie des Imaginales. D’une cela me permet de faire le tour des auteurs présents (d’ailleurs dommage que tous les écrivains au sommaire ne soient pas toujours présents) et de deux elle permet de découvrir une variété de textes, souvent plaisants, sur un thème bien précis. Cette année le thème choisi m’a surpris, j’avoue, il s’agit de Bardes et Sirènes. J’avais donc hâte de découvrir ces différentes nouvelles. Comme l’année dernière cette lecture a bénéficié d’une LC avec Snow et Mariejuliet, aux emplois du temps de Ministres, mais qui c’est révélé très agréable avec de bonnes discussions. À noter que ce recueil comporte au sommaire 11 nouvelles, ainsi qu’un préface qui effectue un peu le bilan de l’anthologie depuis ses débuts ; un passage de flambeau pour les prochains anthologistes .

La Boite à Musique de Carina Rozenfeld : On se retrouve dans cette nouvelle à suivre un barde qui commence à se faire une réputation grâce principalement à sa boite à musique qui reproduit le chant d’une sirène. J’avoue que j’ai trouvé cette nouvelle assez sympathique, nous proposant un récit plutôt efficace et charmant, avec aussi quelques réflexions sur le besoin de l’homme de ne pas reconnaitre le bonheur là où il est, mais plutôt passer son temps à chercher la gloire et la reconnaissance. Dommage que l’ensemble soit peut-être un peu trop gentil, surtout pour la conclusion. Je trouve que cette nouvelle ouvre bien ce recueil, offrant un texte assez doux, agréable et calme.

Plaie Etoilée de Samantha Bailly : Ce texte nous fait découvrir un barde qui possède une drôle de plaie étoilée sur le front. Je suis plutôt mitigé sur ce texte, pourtant dans l’ensemble je l’ai apprécié, mais voilà pour moi il y avait énormément de potentiel que l’auteur ne fait finalement qu’esquisser, comme par exemple cette plaie sur le front ou encore les fameuses « histoires » misent en flacons, l’ensemble aurait pu apporter tellement plus que ça en est légèrement frustrant. Maintenant cela n’empêche pas ce texte de se révéler sympathique à lire, bien rythmé et quand même efficace, amenant le lecteur vers une conclusion certes sans surprise mais intéressante.

Tant que nous Demeurons Ensemble de Yann de Saint-Rat : Cette nouvelle se révèle assez intéressante sur certains points, nous faisant découvrir des sirènes guerrières qui kidnappent régulièrement des humains pour en faire des esclaves ou comme réserve de nourriture. J’avoue que l’idée de transformer les sirènes en monstre guerrier plutôt qu’en tentatrice par leurs charmes ou leurs voix m’a paru intéressant, faisant des humains du bétail apeuré, mais le reste se révèle très (trop) classique j’ai trouvé, avec une conclusion qu’on voit venir dès le début. Un texte tout de même agréable, mais qui, comme les précédents, a du mal à complètement m’emporter et à se dégager.

La Tête de Singe d’Estelle Faye : J’ai énormément apprécié cette nouvelle, sûrement selon moi une des meilleures du recueil, nous proposant de découvrir la fuite d’une jeune fille qui va faire face à de nombreux obstacles. La force du récit est, cette fois, de ne pas mettre le barde et la sirène au milieu de l’intrigue, mais comme simple élément d’évolution pour l’histoire. L’intrigue joue avec le lecteur, l’amenant vers des fausses pistes, des rencontres déroutantes, pour mieux rebondir et happer le lecteur. L’univers mis en place par son aspect mythologique est clairement dense et soigné, avec cette originalité sur les sirènes, et le tout est magnifiquement porté par une plume que j’ai trouvé superbe et sensuelle. Les personnages se révèlent intéressants et surprenants par bien des aspects. Certes l’ensemble reste, sur certains aspects, ouvert, mais je trouve que cela ajoute du charme au récit et à l’imagination. Une nouvelle réussie.

Au Bar des Sirènes de Frédéric Petitjean : J’avoue, je n’ai pas du tout accroché à ce texte. Il nous fait découvrir un barde solitaire dans un univers ou les êtres de légende disparaissent de plus en plus. Le début se révélait pourtant sympathique, proposant une vision du monde féérique pleine d’ironie et de perdition, mais l’ensemble se révèle très rapidement trop simpliste et surtout un peu trop guimauve et rose bonbon à mon goût. De plus j’avoue que certaines réactions de personnages m’ont paru des plus étonnantes et déroutantes. L’univers décrit par l’auteur m’a aussi paru un peu trop surfait, un peu trop cinéma hollywoodien je pense, ce qui n’est pas illogique vu que l’auteur a travaillé sur des séries américaines, mais qui ne m’a pas accroché plus que cela. Dommage.

La Mise en Pièces de Maïa Mazaurette : Comme souvent l’auteur nous propose une nouvelle qui se révèle efficace, entrainante, sanglante, sombre et pleine de surprises et de rebondissements. On suit ici un barde, amant d’une reine sanguinaire et décadente, qui lui conte une histoire sur les sirènes, mais qui est dans l’attente de quelque chose de bien particulier. La tension monte lentement au fil des pages, de l’attente du héros et des révélations qui se dévoilent, pour mieux captiver le lecteur, le dérouter, et même si la conclusion est devinable dans les grandes lignes ça ne l’empêche pas de se révéler percutante et surprenante. La caractérisation des personnages est bien réussie, qu’on les apprécie ou pas on tourne les pages avec envie de savoir ce qui va leurs arriver. Un texte que j’ai trouvé au final très réussi, bien porté par une plume vive et efficace.

Tant qu’il y Aura des Sirènes de Régis Goddyn : Cette nouvelle m’a un peu dérouté par certains aspects et, j’avoue, au final j’en ressors avec un sentiment mitigé même si plutôt positif. En fait j’ai trouvé que les idées sont là avec ce concept de nous présenter les sirènes comme en voie d’extinction dans un monde futuriste qui se délétère, mais voilà la présentation, sur trois lignes temporelles, m’a paru par moment trop brusques, manquant parfois de logique et le style ainsi que la narration m’ont paru par moment un peu trop hachés pour complètement m’accrocher. Au final un texte pas mauvais, plein de potentiel, mélange des genres, avec de bonnes idées et des réflexions intéressantes sur l’écologie, mais qui sur la forme m’a parue un peu trop bancal pour complètement me happer.

Le Chant des Autres de Mélanie Fazi : L’auteur, comme à son habitude, nous propose ici un texte que j’ai trouvé excellent et magnifique. Une nouvelle clairement originale, principalement par sa représentation du barde et de la sirène qui se révèle franchement surprenante, accrocheuse et passionnante dans un univers de fantasy urbaine qui se révèle passionnant et très intéressant à découvrir avec ses règles et ses limitations. Surtout une nouvelle poignante, touchante portée par des personnages qui se révèlent profondément humains avec leurs joies et leurs souffrances, souvent remplis de colère et de douleurs, qui doivent faire des choix. J’ai de nouveau été emporté par la plume poétique, pleine de finesse et sensible de l’auteur. Elle rentre clairement dans les meilleures nouvelles du recueil.

Le Chant du Solstice de Pierre Bordage : On retrouve ici une nouvelle que j’ai trouvé très intéressante, où on découvre un barde en manque d’inspiration, qui doit pourtant effectuer le grand chant du solstice. Mais tout va changer pour lui quand les villageois vont capturer une sirène. Un texte simple et qui se révèle efficace avec son lot de rebondissements et de retournements de situation qui font qu’on tourne les pages pour découvrir la suite même si dans l’ensemble il se révèle assez linéaire. La plume de l’auteur se révèle entrainante et efficace et les personnages offrent leur lots de surprises. Par contre, ce qui dessert un peu cette nouvelle c’est son positionnement dans l’anthologie, elle aurait gagné à être plus vers le début selon moi, et aussi, peut-être, un léger manque de profondeur dans l’ensemble.

Ci-gît mon Cœur d’Anne Fakhouri : Une nouvelle que j’ai trouvé réussie, qui nous propose de découvrir un barde qui par « chevalerie » va se retrouver à aider une sirène dont il est tombé amoureux. Mais tout n’est pas toujours ce que l’on croit. L’ensemble se révèle très bien rythmé, haletant, qui se lit assez facilement, rapidement et avec plaisir, qui happe doucement le lecteur au fil des pages pour lui donner l’envie d’en savoir plus aboutissant alors à une conclusion qui risque d’en surprendre plus d’un tant j’ai trouvé que la révélation finale était inattendue, décalée, cruelle et surtout terriblement efficace. L’ensemble se révèle maîtrisé et bien porté par une plume rythmée et haletante et où les personnages ne sont pas toujours ce qu’ils paraissent être.

Le Guetteur de Nuages de Thomas Geha : Cette nouvelle nous plonge dans un univers où les nuages sont des ennemis envahisseurs et où un barde utilise son chant pour les faire disparaitre. Mais un jour un nuage différent et beaucoup plus résistant apparait. Un texte qui m’a paru intéressant, vif et entrainant à travers cette possibilité, en méditation, de pénétrer dans les nuages et alors les faire résonner grâce au chant pour les dissoudre. L’idée de la sirène se révèle clairement originales et surprenante. Le texte possède aussi une certaine musicalité qui m’a bien accroché, ainsi qu’une légère dose d’ironie avec ce passage sur la sagesse des anciens et la fougue des plus jeunes. Là où j’ai un peu décroché c’est dans la conclusion, l’auteur ayant pris le parti pris d’offrir une sorte de happy-end, c’est un choix, mais je me dis qu’au vu du récit un final peut être un peu nuancé aurait apporté un plus à l’ensemble. Au final un texte agréable et efficace qui se lit bien.

 

Je dois bien avouer que j’ai trouvée cette cuvée 2014 un peu en dessous que celle des années précédentes. Il y a bien quelques textes qui sortent du lot mais les autres se révèlent soit simplement sympathiques sans être vraiment marquants, soit ne m’ont pas complètement accroché. Il faut aussi dire que le sujet était peut-être un peu particulier, pas obligatoirement le premier qu’on pense en parlant Imaginaire. Alors attention la lecture de ce recueil se révèle tout de même agréable et m’a aussi permis de découvrir de nouvelles plumes, juste que dans l’ensemble je l’ai trouvé un petit peu moins accrocheuse que les années précédentes.

En Résumé : J’avoue que j’avais hâte de voir ce que la cuvée 2014 allait bien proposer avec ce sujet sur Bardes et Sirènes, mais voilà, une fois la dernière nouvelle terminée je dois bien avouer que je l’ai trouvé légèrement en-dessous des années précédentes. Alors attention l’anthologie ne se révèle pas mauvaise pour autant et se révèle agréable à lire, avec quand même la présence de quelques textes qui sortent franchement du lot, mais le reste se révèle soit juste sympathique sans non plus être très marquant, soit ne m’ont pas complètement accroché malgré la variation d’idées sur le sujet. Cela vient peut-être aussi justement du choix du sujet. Cela ne m’empêchera de faire entrer dans ma PAL l’anthologie l’année prochaine.

 

Ma Note : 6,5/10

 

Les avis de mes collègues de LC : Snow, Marijuliet.

Kadath, Le Guide de la Cité Inconnue – David Camus & Mélanie Fazi & Raphaël Granier de Cassagnac & Laurent Poujois & Nicolas Fructus

kadathRésumé : David Camus, Mélanie Fazi, Raphaël Granier de Cassagnac et Laurent Poujois, quatre auteurs pour rendre hommage au talent et à l imagination fondatrice du grand écrivain américain Howard Philip Lovecraft.Dans un guide magnifiquement illustré par Nicolas Fructus, ils nous font partager quatre récits se déroulant à Kadath, la ville mythique rêvée, mais très peu décrite par Lovecraft dans ses nouvelles parlant des Contrées du Rêve.À travers les quatre nouvelles, le lecteur suivra les péripéties de plusieurs héros dont Randolph Carter, héros des romans de Lovecraft, tous à la recherche et à la découverte de Kadath.

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Je dois bien l’admettre cela fait quelques temps que ce livre-objet traine dans ma PAL, pour être exact depuis les Imaginales de 2012. Pourtant, ce livre me faisait vraiment envie et je dois bien avouer que je suis un fan de l’univers de Lovecraft, mais voilà ce n’est pas le genre de livre qui peut se transporter facilement sans avoir peur de l’abîmer, ce qui serait vraiment dommage. J’ai donc attendu de pouvoir en profiter pleinement et voilà pourquoi je l’ai ressorti il y a peu de ma PAL.

Au final je suis bien content d’avoir sorti ce livre, car j’ai passé un excellent moment. Il faut dire que le livre se révèle vraiment réussi, mêlant des illustrations magnifiques à des courtes histoires, digne de Lovecraft et saisissantes. Ce livre nous propose donc de découvrir la cité mystérieuse qu’est Kadath à travers la plongée de cinq rêveurs qui vont ainsi nous dévoiler les secrets de la ville. Ce récit nous propose au final quatre textes qui oscillent de façon vraiment passionnante entre folie, magie, mystère et divinité le tout dans une ambiance sombre et énigmatique. Cette douce plongée en abysse où l’angoisse s’élève lentement au fil des pages à travers le voyage de Randolph Carter, Aliénor, L’Innomé ainsi que le Saigneur qui n’est autre que Abd Al-Azard l’arabe dément lui-même.

Les récits se révèlent vraiment efficaces, prenants, alternant l’aspect découverte de cette cité des rêves avec quête initiatique comme par exemple celle d’Aliénor et son besoin de faire retrouver la foi dans les dieux. Mais surtout chaque récit apporte à son héros une certaine frénésie et une certaine folie que, parfois, il ne peut pas contrôler et qui s’insinue lentement. Mon récit préféré est celui d’Aliénor qui se révèle un profond mélange de questions et de mysticisme où elle découvre la vérité sur les dieux, leurs multitudes, leurs oublies. Un récit rempli de nostalgie et d’espoir. Ceux de L’Innomé et du Saigneur se révèlent aussi réussis et vraiment intéressants entre voyage et manipulation. L’innomé servant au final de lien de cohésion entre les différents récits et celui du Saigneur nous présentant l’histoire de Abd entre tragédie, manipulation et amour perdu. Mais j’avoue, le texte de Carter mettant en scène Lovecraft m’a paru un ton en dessous des autres, un peu plus fade. Peut-être la faute au fait justement que ce soit HPL le héros, trop changeant à mon goût, principalement vis-à-vis de ses émotions et de ses réactions. Tous ses textes sont aussi densifiés par des annotations vraiment intéressantes dans les marges, qui permettent de développer et de mieux comprendre certains lieux ou certaines races de cette ville magique.

Concernant la ville de Kadath elle se révèle vraiment magnifique et saisissante entre émerveillement et démence elle accroche rapidement le lecteur fan des écrits de Lovecraft. Elle est aussi superbement portée par les illustrations de Nicolas Fructus qui sont vraiment splendides, sombres, entre beauté et angoisse et ajoute une certaine fascination à ce guide. On se promène avec grand plaisir au fil des aventures des héros à travers ses rues, ses allées, ses lieux de mystères, de cultes, de repos ou encore de folie. Une ville tentaculaire, labyrinthique qui varie parfois en fonction des rêveurs avec en point de mire le château d’onyx, résidence des dieux reclus. La mythologie se révèle aussi soignée, dense et vraiment passionnante entre les Dieux et les Anciens. Il ne reste maintenant plus qu’à nous, rêveur, de rejoindre ce lieu improbable qui nous attire tel un aimant malgré tous les risques, les violences et les manipulations possible. D’ailleurs un guide pratique se trouve en fin de ce livre pour vous aider à vous en sortir.

Les différents personnages secondaire sont loin de se révéler insignifiants, les auteurs s’en servant au fil des pages, les faisant croiser, de façon ingénue, les différents héros apportant leurs lots d’indices, de mystères et de surprises. Rien n’est laissé au hasard et on sent un véritable respect de l’œuvre de Lovecraft que ce soit dans les écrits comme dans les représentations, même si cela n’empêche pas certaines libertés que j’ai trouvé intéressantes. À noter que la présentation des récits, saccadés, alternant chaque personnage peut dérouter le lecteur mais c’est à lui de choisir s’il se laisse porter par lire chaque récit en entier ou se laisser porter au fil des pages, découvrant au fur et à mesure chaque personnage et chaque mystère.

En revanche, ce livre est plus à réserver pour ceux qui connaissent déjà l’œuvre de Lovecraft et qui l’apprécient, les autres risquant sûrement d’être surpris voir même de ne pas obligatoirement accrocher. Au final un guide qui se révèle abouti, vraiment efficace, passionnant et magnifique et qui vaut le détour pour tous les amoureux de HPL malgré son prix qui pourrait en rebuter quelques-uns (il est dernièrement à 36,50€). J’avoue ne pas avoir accroché plus que cela aux notes de Folie et de Mythe qui, clairement sert plus à ceux qui font des jeux de rôles qu’au lecteur, mais ce n’est que broutille car n’empêchent en rien la lecture et la fascination qui découle de ce livre.

En Résumé : Voilà une belle réussite que ce guide de Kadath qui se révèle être un livre vraiment magnifique, oscillant entre des histoires sombres, captivantes et efficaces ainsi que des images, plans de la ville ainsi que des représentations de ses habitants qui se révèlent de toute beauté. Comment ne pas être fasciné par cette cité, entre son côté splendide et sa folie qu’on peut retrouver à chaque coin de rue. La mythologie des dieux se révèle vraiment dense et intéressante. Les héros qu’on découvre au fil des pages nous offre des aventures passionnantes même si j’avoue j’ai un peu moins accrocher à l’histoire de Randolph Carter. Mais rien de bien dérangeant tant le tout se révèle réussi. Par contre un livre qui devrait plaire principalement à ceux qui connaissent et apprécient l’œuvre de Lovecraft. Au final un pari risqué que ce guide, mais une belle réussite.

 

Ma Note : 9/10

Ainsi Naissent les Fantômes – Lisa Tuttle

ainsi naissent les fantomesRésumé : « En 2004, j’ouvrais mon recueil Serpentine sur cette dédicace : À Lisa Tuttle, dont les livres m’ont appris que les plus effrayants des fantômes sont ceux qu’on porte en soi. Ils étaient toujours là, ces fantômes : entre les pages des textes que je découvrais en cherchant la matière qui composerait ce recueil. »
Mélanie Fazi

Edition : Dystopia

 

Mon avis : La première fois que j’ai entendu parler de Lisa Tuttle c’est justement par la dédicace de Mélanie Fazi dans son recueil Serpentine, mais je n’ai jamais eu la chance de pouvoir lire un texte de cette auteur. Il a fallu attendre que la maison d’édition Dystopia publie un recueil de nouvelles pour qu’enfin je franchisse le pas et que je fasse entrer ce livre dans ma PAL. Surtout qu’il faut aussi admettre que la couverture, illustrée par Stéphane Perger, est vraiment magnifique, je trouve, et donne encore plus envie de faire entrer ce livre dans sa bibliothèque. On retrouve dans ce livre six nouvelles.

Rêves Captifs : Ce texte, qui vient ouvrir le recueil, met tout de suite dans l’ambiance. Il s’agit d’un texte, fort, percutant et surprenant qui vient nous conter la vie d’une jeune fille qui a été séquestrée et qui a réussi à s’évader de façon surprenante. L’auteur fait monter lentement la tension au fil des pages, joue avec le lecteur et arrive à nous plonger efficacement dans l’histoire de cette fillette ce qui fait qu’on s’accroche vraiment à elle, à ses espoirs, ses envies et dont la conclusion vient nous percuter, nous ramener sur terre avec force. Une conclusion bouleversante, perturbante, mais parfaitement maîtrisée et qui montre directement au lecteur à quoi il doit s’attendre à travers ce recueil. Pour les contes de fées faut aller voir ailleurs. Un texte sombre, accrocheur et qui piège efficacement le lecteur dans sa toile.

L’Heure en Plus : Cette nouvelle part d’un postulat que tout le monde rêve d’avoir, une heure en plus dans une journée sans que cela ne lui coute rien. Ici la nouvelle nous raconte l’histoire d’une jeune femme qui va découvrir un pièce secrète où elle peut gagner cette heure en plus pour écrire. Mais voilà rien n’est jamais gratuit et cette pièce possède son propre univers. Un texte vraiment surprenant qui vient justement mettre en dualité le besoin de temps personnel et le temps pour les tâches quotidiennes et le tout de façon fantastique et intelligente. On a vraiment l’impression que l’auteur s’est vraiment impliqué dans ce texte, nous offrant peut être son expérience ce qui donne l’impression d’ajouter une touche de véracité dans cette nouvelle. Une nouvelle intimiste, efficace et qui se révèle passionnante et à la conclusion surprenante.

Le Remède : Le remède est une nouvelle qui se base sur le postulat de départ de la découverte d’un médicament qui guérit toutes les maladies, mais va aussi, on ne sait pas comment, détruire le langage des générations futures. Cette nouvelle se révèle vraiment intéressante principalement sur tout ce qui concerne la langue, la parole comme par exemple la façon dont l’héroïne va découvrir qu’il peut exister une façon de parler dans le silence. Ce récit vient aussi nous faire réfléchir sur certains aspects comme « Le langage est-il une maladie? ». Un texte qui possède une certaine poésie, mais aussi qui se révèle intimiste à travers justement l’incompréhension qui apparait dans ce couple entre une qui peut parler et l’autre qui ne peut pas. La conclusion vient offrir d’ailleurs une réponse intéressante aux questions que se pose le lecteur même si elle était attendue.

Ma Pathologie : Sûrement l’un des textes les plus malsains du recueil, et pourtant j’ai été passionné par ce récit. Il nous offre une histoire qui vient mélange amour, alchimie et maternité, mais le tout de façon parfois sombre, angoissante et surprenante. Et pourtant ça n’empêche pas ce texte de se révéler intriguant et intéressant, nous montrant à quel point une personne peut parfois s’offrir à l’autre par amour et ainsi sombrer. Autre point qui ajoute à ce côté un peu sombre c’est aussi le choix de la banlieue triste de Londres qui, je trouve, vient coller parfaitement à cette histoire hors-normes. Au final un texte, peut être déroutant, qui vient glacer le lecteur, mais qui se révèle vraiment captivant et parfaitement porté par des personnages efficaces et une histoire qui mélange horreur et fantastique de façon habile.

« Mezzo-Tinto » : C’est la nouvelle que j’ai le moins apprécié de ce recueil, pas qu’elle soit mauvaise, elle reste agréable à découvrir, mais voilà elle se révèle très classique à mon gout et vraiment sans surprises. L’auteur cherche ici à offrir un hommage à un texte écrit par M.R. James, auteur que j’avoue ne pas connaitre. Au final ce texte est porté principalement par son ambiance que l’auteur retranscrit avec des descriptions et un travail sur les personnages vraiment efficace, angoissant et captivant. Dommage au final que l’intrigue manque un peu d’originalité, car le travail d’écriture est vraiment saisissant et aurait pu, et dû, plus me toucher.

La Fiancée du Dragon : Il s’agit ici du plus long texte de ce recueil et j’avoue j’en ressors avec un sentiment certes positif, mais je n’ai pas été complètement conquis. Le texte n’est pas mauvais du tout, on retrouve bien cette ambiance fantastique qui peut se déchirer à tout instant et faire tomber le lecteur dans un univers malsain et sombre, mais voilà j’ai trouvé que l’auteur partait un peu dans tous les sens, comme si elle hésitait entre l’aspect roman ou nouvelles. De plus la conclusion manque un peu de clarté et de précision je trouve. Ce qui ne veut pas dire que le texte est complètement mauvais, car on retrouve toujours cette ambiance qui caractérise les différents textes de l’auteur, le lecteur est vraiment happé par les lieux et les régions que nous fait découvrir l’auteur. De plus l’histoire se révèle vraiment intéressante et le lecteur tourne tout de même facilement les pages pour en connaitre la fin.

 

Autre point qui rend ce recueil intéressant c’est aussi le travail qu’à fourni Mélanie Fazi pour nous faire découvrir une auteur qui l’a marqué et qui a influencé sa façon d’écrire, que ce soit à travers la préface, mais aussi avec une interview de Lisa Tuttle qui nous permet de mieux comprendre ainsi ses textes et ses thématiques. Au final je suis bien content d’avoir découvert ce recueil de nouvelles fantastiques qui est porté par une plume vraiment efficace et angoissante et qui plonge facilement le lecteur dans des récits efficaces et qui basculent lentement, au fil des pages, tout en offrant des thématiques intéressantes et soignées. LA force de l’auteur est aussi de faire basculer ces récits dans le fantastique et le malsain de façon intelligente et cohérente. En effet chaque récit a pu ou pourrait exister. Je lirai d’autres textes de l’auteur sans soucis.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce recueil de six textes qui m’a permis de découvrir Lisa Tuttle. Tous les récits ne sont pas au même niveaux, mais ils se révèlent vraiment tous intéressants à découvrir mêlant habilement et intelligemment fantastique et angoisse pour le plus grand plaisir des lecteurs. On se retrouve vraiment happé par chaque texte souvent passionnants, souvent marquants, parfois malsains, parfois intimistes, mais toujours captivants. Le travail de Mélanie Fazi pour nous faire découvrir cette auteur apporte aussi un plus. Au final un recueil de nouvelles qui mérite d’être découvert, pour peu qu’on apprécie le genre. Si je peux je lirai sans soucis et avec grand plaisir d’autres textes de l’auteur.

 

Ma Note : 8,5/10

 

Autres avis : Mariejuliet, Ptitetrolle, Tigger Lilly, Lune, …

 

chalengeChallenge JLNN 10ème lecture

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