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Les Attracteurs de Rose Street – Lucius Shepard

Résumé : Londres, fin du XIXe siècle.
Une métropole enfumée, étouffant sous le smog et les remugles de l’industrialisation en pleine explosion… Samuel Prothero est aliéniste. L’un des meilleurs de sa profession. Membre du sélect Club des Inventeurs, jeune homme respecté, son avenir est tout tracé dans cette société victorienne corsetée. Jusqu’à ce que Jeffrey Richmond, inventeur de génie mais personnage sulfureux, sollicite son expertise sur le plus étrange des cas. Troublante mission, en vérité, pour laquelle le jeune Prothero devra se résoudre à embrasser tout entier l’autre côté du miroir, les bas-fonds de la ville-monde impériale et ceux, bien plus effrayants encore, de l’âme humaine…

 

Edition : Le Bélial

 

Mon Avis : Pour ceux qui suivent ce blog depuis le début, vous devez avoir compris que je suis un admirateur des écrits de Lucius Shepard, avec un vrai coup de coeur pour ses écrits tournant autour de Griaule. Concernant cette dernière novella, j’ai aussi été rapidement intrigué par le résumé qui laissait présager un fantastique qui me paraît de moins en moins présent dans les publications. Ajouter à cela le fait que je ne rate jamais une publication de la collection Une Heure Lumière du Bélial’, cette novella ne pouvait donc que terminer dans ma PAL. Concernant la couverture, illustrée par Aurélien Police, je la trouve superbe.

Louisiana Breakdown – Lucius Shepard

Résumé : « Si d’aventure vous allez faire une balade dans le sud-ouest de la Louisiane et que vous tombez sur une station-service délabrée où quelques vieux portant bretelles écoutent du base-ball à la radio en crachant leur jus de chique dans un pot, que vous passez ensuite devant une gargote et que vous apercevez après cela une fenêtre décorée de symboles occultes, un conseil : méfiez-vous et levez le camp au plus vite. Car si ce n’est sans doute pas la ville de Graal, c’est manifestement un endroit tout aussi bizarre, un de ces endroits où il est préférable de ne pas s’attarder. Ignorer ce conseil, c’est au mieux courir le risque de réaliser combien il demeure fort peu de magie dans ce monde, et combien elle est employée à des fins misérables. Au pire, c’est tomber amoureux. Et il ne faut surtout pas tomber amoureux dans pareil lieu. Croyez-moi sur parole et lisez donc ce qui est arrivé à Jack Mustaine… »

Edition : Le Bélial’
Poche : J’ai Lu

 

Mon Avis : Lucius Shepard est l’un des auteurs dont j’apprécie beaucoup la plume, les histoires qu’il raconte, ainsi que les univers qu’il crée et le travail d’imagination dense et captivant qu’il propose. J’avais ainsi été emporté par ces textes sur Griaule comme par son recueil de nouvelles Sous Des Cieux Étrangers. Pourtant, cela fait un bon moment que je ne me suis pas lancé dans un roman de l’auteur, trop emporté par le rythme des nouveautés j’ai un peu oublié certains livres dans le fond de ma PAL. J’ai donc décidé de changer cela et de faire ainsi sortir de ma pile ce Louisiana Breakdown au résumé intrigant et à la couverture, illustrée par Philippe Gady, que je trouve assez accrocheuse.

Le Calice du Dragon – Lucius Shepard

le calice du dragonRésumé : « Le soir, les rues sinueuses de Matinombre résonnaient de rires, de cris et de musiques antagonistes, grouillaient de poivrots, de bagarreurs, de vendeurs, de putains, de vide-goussets, de pickpockets et de leurs rares et précieuses victimes ; tout ce monde-là se pressait, se poussait, se bousculait sous une chape de fumée, fleuve paresseux d’humanité en haillons et en pauvres nippes bariolées coulant entre deux rives de tavernes et de troquets, d’auberges et de lupanars interlopes — des bâtisses branlantes qui se soutenaient les unes les autres comme des vieux oncles blafards titubants, coiffés de galures en papier goudron. Et, les dominant de toute sa masse, cette immense enflure de ténèbre absolue que formaient le ventre et le flanc de Griaule, où pendouillait un rideau effrangé de lianes et d’épiphytes en chapelet, si bas qu’il en frôlait les toits, découpés en ombres chinoises sur le ciel d’un indigo luisant. »

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : Il y a quelques années je découvrais Griaule, le dragon, grâce au recueil regroupant toutes les nouvelles le concernant paru chez Le Bélial’. Il faut bien le dire je ne fus  pas déçu du voyage, ce livre offrant des textes denses, complexes au message souvent efficace (ma chronique ici). Je n’ai donc pas mis longtemps à me laisser tenter par ce premier roman se situant dans l’univers de Griaule. De nouveau un très bel objet qui nous est proposé, avec une couverture et des illustrations intérieures, réalisées par Nicolas Fructus, toujours aussi magnifiques.

Ce qui me fascine toujours dans les écrits de Lucius Shepard, et plus particulièrement dans les écrits concernant Griaule, c’est sa capacité à captiver le lecteur, à le happer dans son histoire, son récit qui se révèle fascinant et envoutant. Les intrigues ont beau paraitre parfois simples ou classiques, on se retrouve toujours absorber par, finalement, la complexité et la densité sous-jacente qu’on retrouve au fil des pages.

Rien n’est jamais vraiment statique ni balisé dans la narration de ses textes, jouant habilement et sans aller trop vite sur les tensions, les révélations et les surprises. Mais aussi une des force c’est aussi le fait que l’auteur ne met jamais en avant Griaule; il influence, il modifie, il change, mais c’est toujours dans l’ombre. Le dragon n’est pas vraiment un personnage central et pourtant il a tellement d’importance qu’il ne peut être oublié ou effacé, c’est cela qui fait que je suis fasciné par ce dragon, sa façon d’agir de façon latente et dissimulée sur des années voir des siècles.

Autre point qui fait la qualité de ce roman c’est le travail de l’auteur sur son monde, son univers. Il nous offre des descriptions vraiment efficaces, envoutantes, parfois même magiques et on se retrouve souvent fasciné par les lieux, la faune ou même la flore qu’il nous propose. Il y a aussi tout ce qui concerne Griaule, sa position figée et immobile dans le paysage, les sociétés influencées par sa présence, mais aussi la façon de vivre autour du dragon voir même sur le dragon, car l’auteur ne néglige rien. De plus il nous offre au final un monde proche du nôtre, avec cette forte ressemblance à certaines régions sud-américaines, comme lieu de positionnement pour le dragon, ce qui permet presque d’offrir à l’histoire un pied dans le réel, on pourrait presque s’imaginer qu’il existe vraiment. Un univers qu’on aimerait découvrir, palper, ressentir.

Autre point qui se révèle toujours intéressant à travers ces récits c’est aussi que l’auteur ne nous offre pas qu’une simple histoire d’aventures et de rebondissements pour le plaisir, il va plus loin. Il y a toujours une critique  acérée et intéressante des aspects de la société, que ce soit justement concernant des luttes de pouvoir, les manipulations, les influences entre les dirigeants et les marchés noirs ou bien encore aussi sur la religion ou même sur la vie des gens dans leur environnement, il nous offre des axes de réflexions vraiment soignés et intelligentes sans jamais non plus les imposer ou les abattre telle une vérité. Finalement mon seul léger regret dans l’histoire ce sont les ellipses temporelles dont j’aurais aimé qu’elles soient un peu plus développés. Mais rien de bien gênant.

Concernant les personnages l’auteur nous offre, comme à son habitude, un panel de protagonistes vraiment soignés, travaillé et efficaces que ce soit Rosacher qui, à travers son évolution, sa façon de gérer les choses, son intelligence font qu’on s’attache facilement à lui et son histoire de personnage un peu désabusé qui cherche la fortune; ou encore Brèque qui nous offre un personnage avide de pouvoir qu’il cache à travers toutes ces manipulations et son aspect sympathique. Même les personnages secondaires viennent aussi apportent leur impact à l’histoire ce qui ajoute au fait que le lecteur est véritablement happé à travers les aventures et les différentes influences du dragon sur les uns et les autres.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi soignée, détaillée et captivante au fil des pages, ce qui fait que le lecteur ne s’ennuie jamais, pour peu qu’il se laisse influencer par Griaule. Il y a peut-être une ou deux légères longueurs, et encore, je chipote un peu. Non mon seul regret, hors ces ellipses temporelles, c’est que finalement ce texte dure plus longtemps tant j’ai été et je reste passionné par Griaule. Dans tous les cas, une excellente lecture et si jamais l’auteur pense écrire d’autres écrits dans l’univers de Griaule je les lirai sans soucis et avec grand plaisir. À noter que ce texte est un récit parallèle aux nouvelles déjà parus et qu’on y retrouve même certains personnages.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce premier véritable roman dans l’univers de Griaule qui nous offre une histoire vraiment dense, complexe et soignée qui permet toujours à l’auteur de mettre en avant des axes de réflexions ainsi que quelques critiques sur certains aspects de notre société vraiment intéressants et travaillés. L’univers développé se révèle toujours aussi fascinant et toujours porté par de magnifique descriptions. Les personnages sont vraiment denses, complexes et on suit avec plaisir leurs aventures. La plume de l’auteur est toujours aussi soignée et captivante, facilitant vraiment la plongée du lecteur dans l’histoire. Mon seul regret et la présence de certaines ellipses temporaires mal explicités et le fait, qu’au final, j’aurais aimé que ça continue. Si jamais d’autres textes devaient sortir dans l’univers je les lirai par l’auteur sans problème.

 

Ma Note : 9/10

 

Autres avis : Nymeria, Vert, Lhisbei, …

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