Résumé : Voici l’histoire d’une épée qu’on dit capable de trancher jusqu’aux racines mêmes d’Yggdrasil, l’Arbre du Monde. Une épée dont on dit qu’elle fut brisée par Thor en personne. Maléfique. Forgée dans le Jotunheim par le géant Bölverk, et appelée à l’être à nouveau. Une épée qui, une fois dégainée, ne peut regagner son fourreau sans avoir tué. Voici l’histoire d’une vengeance porteuse de guerre par-delà le territoire des hommes. Un récit d’amours incestueuses. De haine. De mort. Une histoire de destinées inscrites dans les runes sanglantes martelées par les dieux, chuchotées par les Nornes. Une histoire de passions. Une histoire de vie…
Edition : Le Bélial’
Mon Avis : L’Épée Brisée n’est pas n’importe quel roman puisqu’il fait partie des classiques de la fantasy qui ont fortement influencé le genre depuis sa sortie VO en 1954, soi la même année que le premier tome du Seigneur des Anneaux pour information. Il a pourtant fallu attendre près de 60 ans avant de voir ce livre publié en France grâce aux éditions Le Bélial’ et à la traduction de Jean-Daniel Brèque. C’est donc sans surprise tant j’ai entendu parler de ce roman qu’il a terminé rapidement dans ma PAL, bien porté aussi par une couverture, illustrée par Nicolas Fructus, que je trouve très réussie et qui colle bien à l’ambiance de l’histoire. On notera aussi une préface de Michael Moorcock qui, de mon point de vue, ne me parait pas obligatoirement nécessaire, cherchant à faire un parallèle avec l’oeuvre de Tolkien là où il n’y a pas lieu d’être vu que les deux auteurs ne paraissent pas cherche à offrir la même chose. Par contre si vous souhaitez la lire, je vous la conseille plutôt en postface pour éviter d’avoir les grandes lignes du récit résumés, ce qui peut gâcher un peu le plaisir de la découverte.
On se retrouve donc ici plonger dans une histoire de vengeance, dans une histoire de conquêtes viking qui va amener de nombreuses violences ainsi que de nombreuses souffrances. On va aussi se retrouver plonger dans un monde de Faërie qui se retrouve en guerre et au milieu de tout cela se trouve un artefact oublié qui est, vous vous en doutez, l’épée brisée. Voilà ce que nous propose ce roman et bien plus encore. Mais alors vaut-il les éloges que j’entends sur ce roman depuis quelques années maintenant? Clairement oui. On se retrouve ici plonger dans un roman de Dark fantasy de haut niveau, qui se révèle maîtrisé, dense, efficace malgré c’est vrai de nombreux aspects qui sont devenus classiques. On se retrouve alors facilement captivé dans un maelström de manipulations, de vengeances, de haine, de jeux de pouvoir que ce soit entre les dieux, les hommes et les êtres féeriques, mais aussi dans un mélange de sentiments, souvent puissants et percutants, qui happent très facilement et rapidement le lecteur. Un récit qui se révèle intense, sans temps morts, soigné où viennent se croiser de façon cohérente et fascinante larmes, cris, sang et aussi espoir, amour maudit, offrant ainsi au fil des pages une plongée en abîme des héros. Chaque chapitre parait ainsi minutieusement travaillé pour toujours emmener le lecteur plus loin.
L’univers qui nous est proposé se révèle aussi être une grande réussite. Certes il ne révolutionne pas le genre, mélangeant Histoire, différentes mythologies et divinités ainsi que le travail d’imagination de l’auteur, mais voilà il se révèle pourtant clairement captivant, collant parfaitement à l’époque qui nous est présenté et oscillant ainsi en beauté et magie, mais aussi violence, mort et manipulations porté par des descriptions soignées. On y retrouve ainsi aussi bien un travail sur l’époque avec toute cette violence et ces conquêtes, qu’un travail sur la domination de plus en plus flagrante de la religion chrétienne, le tout mâtiné de ces aspects mystérieux qui viennent du peuple des Faëries. Mais attention on parle des peuples mystiques dans le sens premier du terme, des êtres immortels à la fois fascinés et déconnectés des humains, qu’ils voient plus comme des êtres peureux, éphémères de peu d’intérêt, mis à part pour certains aspects bien précis. Des êtres imbus de leurs pouvoirs et de leurs grandeurs qui pourtant d’une certaine façon jalousent certains aspects de l’humanité. On retrouve donc ici un foisonnement de peuples, de mythes, de légendes, de vies, mais aussi de sociétés complexes que l’auteur arriver à retranscrire tout en conservant cette densité. Car oui c’est là un des gros point fort du récit arriver sur à peine un peu plus de 300 pages à conserver tout le travail mythologique effectué sans jamais perdre le lecteur ni influencer sur le rythme du récit. Certes je ne vais pas le nier certains point auraient mérité peut-être un travail légèrement plus conséquent, rien que pour le plaisir, mais franchement l’oeuvre dans son état actuel se suffit à elle-même.
On découvre tout au long du récit un panel de héros tous plus fascinants les uns que les autres, avec leurs forces et leurs faiblesses, qui se révèlent souvent charismatiques, travaillés, profonds et ne laissent pas le lecteur indifférent, qu’ils soient bons ou mauvais. Ils se révèlent ainsi tous humains, manipulés souvent par des forces qu’ils ne maîtrisent pas, mais aussi par leurs émotions, loin de tomber aussi dans le manichéisme tant même le personnage le plus sombre du récit possède une sensibilité intéressante et ses propres motivations. Les personnages féminins ne sont pas en reste non plus, avec des héroïnes qui se révèlent intéressantes au fil du récit, même si elles ont parfois du mal à sortir de certains stéréotypes d’époques je trouve, surtout chez les elfes. Chacun des protagonistes nous offre ainsi une facette intéressante à découvrir et ne manque pas non plus de nous entraîner de plus en plus loin et de plus en plus vite dans cette fresque passionnante. Il faut aussi bien avouer que la dualité entre le changelin et Skafloc ainsi que leurs quêtes de repères et d’identité ne manque pas d’intérêt et, d’une certaine faon, de philosophie.
La plume de l’auteur se révèle soignée, entraînante, dans et efficace amenant ainsi facilement le lecteur dans ce mélange de vengeance et de mythologie des plus réussie nous offrant même des poèmes que j’ai trouvé réussis et qui s’intègrent parfaitement. Mes seuls regrets avec ce livre sont que, d’une, certaines répétitions se font ressentir selon moi, principalement vers la fin du récit, et ensuite que ce récit de Fantasy se révèle classique, rien de rédhibitoire surtout pour un livre paru pour la première fois 60 ans après sa sortie en VO, mais certains aspects possèdent cette légère impression de déjà-vu, mais franchement rien de non plus très dérangeant tant j’ai été happé par cette Fantasy sombre, sanglante et pourtant haletante et passionnante. Je ne peux que conseiller ce livre pour peu que vous recherchiez ce genre de récit. Je lirai donc sans soucis d’autres écrits de l’auteur qui me font de plus en plus envie.
En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous offre une Fantasy, certes classique, mais qui se révèle sombre, entraînante et passionnante avec son lot de manipulations, de trahisons, de vengeances et de souffrance le tout aussi porté par des sentiments forts et efficaces. L’univers développé au fil des pages se révèle ainsi dense, solide, captivant, mélange d’histoire et de mythologie, bien porté par des descriptions efficaces et soignées. Le panel de personnages qu’on découvre au cours du récit s’avère fascinant, possédant leurs forces et leurs faiblesses, se montrant humain, entraîné plus souvent par leurs émotions que ce soit l’amour ou la haine. La plume de l’auteur est soignée, dense et nous plonge facilement dans ce monde à la fois féerique, sombre et pourtant haletant et intense. Ce roman répond en tout cas pleinement aux nombreuses éloges que j’avais entendues, certes vers la fin certaines longueurs se font ressentir et certains aspects se révèlent devinables, mais franchement rien de non plus gênant tant je me suis retrouve à lire ce livre quasiment d’une traite avec l’envie d’en apprendre plus à chaque page tournée. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur qui m’attendent dans ma PAL.
Ma Note : 8,5/10