Résumé : Une jeune fille de province ambitieuse traverse guerre, révolution et épidémie avec toujours le même but : revenir vers sa famille auréolée de gloire.
Alors que les combats font rage aux frontières du royaume, elle s’introduit auprès des puissants d’une grande ville concurrente de la capitale et participe à un complot contre le roi.
D’amis en ennemis, d’espoirs en désillusions, elle se lancera par amour au cœur d’une insurrection, affrontera les préjugés pour sauver sa vie, connaîtra la traîtrise et l’amitié, sans jamais oublier son objectif : rentrer au pays et y être adulée.
Un royaume désenchanté qui n’est pas sans rappeler la Renaissance italienne et la Révolution française.
Une ville qui tente de sauvegarder sa grandeur en s’enivrant de théâtre et d’opéra.
Edition : Éditions du Riez
Mon Avis : La première chose qui m’a attiré vers ce livre, je dois bien l’avouer, c’est sa couverture que je trouve vraiment magnifique, malgré un aspect c’est vrai un peu chargé au premier plan. C’est bien simple, j’ai aperçu ce roman lors de mes nombreux détours aux dernières Imaginales et l’illustration de Vincent Devault n’arrêtait pas de m’attirer vers lui. J’ai donc décidé de me pencher dessus et, après la lecture de la quatrième de couverture ainsi qu’une discussion avec l’auteur pour en apprendre plus, j’ai décidé de me laisser tenter et le faire rentrer dans ma bibliothèque.
Ce roman nous propose donc de découvrir la fresque historique de la ville de Chaconne, ville de culture, d’art et de musique qui est dirigée une intendante avide de pouvoir et qui va passer du joug de la royauté et de la guerre à la révolution, le sang et la souffrance, le tout à travers les yeux de l’héroïne, Aldire, qui se retrouve emportée en plein milieu de toutes ces changements et qui va même y jouer un rôle important. L’idée de départ se révèle intrigante, décider de reprendre la révolution française et y ajouter le charme et l’insouciance des villes érudites italiennes se révélait très tentant. L’auteur développe aussi pas mal de bonnes idées qui changent profondément de la Fantasy classique, il y avait donc potentiellement de quoi me captiver et me passionner. Pourtant je dois bien avouer qu’une fois la dernière page tournée, je ressors de ma lecture avec un sentiment mitigé, l’impression d’avoir une histoire à fort potentiel, mais pas totalement maîtrisée.
Première chose qui peut surprendre dans le récit, mais que j’ai trouvé pourtant attrayant et original, c’est que l’auteur n’offre pas vraiment d’intrigue globale à son histoire. L’héroïne vient initialement à Chaconne pour essayer d’y retrouver son fiancé, mais son ambition va alors la faire rester menant différentes petites missions pour le compte de l’intendante. L’auteur évite ainsi de baliser une histoire avec une introduction, un objectif et une conclusion, offrant une tranche de vie de l’héroïne, de la ville et du pays. Un véritable voyage initiatique d’une jeune fille déracinée qui découvre une façon de vivre complètement différente. Cela permet aussi à l’auteur de développer de façon plus dense sa toile de fond qui est finalement le point important du récit.
Car oui le véritable point fort et ce qui m’a le plus attiré dans ce livre c’est tout le background qui est présenté et travaillé au fil des pages. La quatrième de couverture parle d’influence de la révolution française et la renaissance italienne et elle n’a pas vraiment tort, tant l’ensemble sent la poudre et la subversion, avec une aristocratie décadente et futile qui préfère se lancer à corps perdu dans l’art et la culture que de se pencher sur les problèmes qui délitent la société. Entre manipulation, intrigue, conquête, jeux de pouvoir et bouleversement politique, le monde qui se dévoile se révèle vraiment, dense, complexe et ne demande qu’à être découvert en profondeur s’offrant aussi quelques réflexions intéressantes et toujours d’actualité. L’ensemble est aussi mâtiné d’un léger vernis de magie et de mystère qui apporte un plus, je trouve, et permet de développer d’autres sous-intrigues. Mais voilà c’est un peu là le problème, l’histoire se développe dans beaucoup de directions et, ce qui au début offrait un agréable sentiment d’épaisseur et de foisonnement, offre peu à peu une légère impression de cafouillis et de frustration. Cela donne un peu l’impression que l’auteur a trop voulu en faire, apportant trop d’idées et de développements, se sentant obligée de tous les développer et par conséquent délaissant des passages importants qui auraient mérité plus de travail. Par exemple la révolution tient sur à peine un chapitre et le lendemain tout parait presque rentré dans l’ordre. C’est dommage car ça gâche un peu le rythme tant à certains moments on a l’impression d’aller trop vite et à d’autres de trop prendre son temps. Peut-être que Maelig Duval aurait du développer son univers sur plusieurs tomes.
Il faut aussi bien avouer qu’on n’est pas toujours aidé par l’héroïne Aldire. C’est bien simple je n’ai jamais vraiment pu m’accrocher, ni m’attacher à elle. Pourquoi ? Car je n’ai jamais réussi à comprendre sa logique, sa façon de réagir. À chaque fois qu’elle devait prendre une décision elle arrivait à faire le choix le plus improbable qui soit. Un exemple, notre héroïne, qui a 16 ans doit, au début du récit, libérer son fiancé qui est en prison. Pour cela il lui faut de l’argent ; elle se retrouve donc à faire la manche. Un inconnu va lui proposer de la payer en échange d’une mission secrète. Il l’emmène donc en discuter dans un lieu discret qui se révèle être une maison close. Il a besoin d’elle pour voler un personnage important, mais vu qu’il n’a encore rien dit à ce moment-là, la confusion est de mise avec ce qui pourrait passer être un intérêt pour son corps. Et là, tout de go, elle annonce qu’elle accepte de coucher avec lui, le tout pour sauver un fiancé qu’elle avoue ne pas aimer deux pages plus loin. Car oui, elle ne cherche pas vraiment a le libérer par amour, elle espère juste ressortir auréolée de gloire d’avoir ramené son compagnon qui est ici, aussi, pour sauver leur région d’un complot. Quelle gloire elle pourrait en tirer? Si elle était désespérée encore, je pourrai le comprendre, mais plus tard on apprend qu’elle pouvait demander l’argent chez elle et se le faire rapporter, mais elle trouvait ça trop long ; il aurait pu être racheté par quelqu’un d’autre. Puis ça dénote complètement avec la présentation de l’héroïne dans une grande partie du roman qui est montrée comme assez prude et réservée.
Et franchement là, je ne montre qu’un exemple, cela va se reproduire deux ou trois fois dans le récit où elle va réussir à faire quelque chose qui va complètement me sortir de mon immersion dans le livre. Même la conclusion, qui est pourtant intéressante avec cette plongée dans la folie et la fin d’une époque, repose sur des actions de l’héroïne et de son amant que j’ai du mal à vraiment comprendre tant elles paraissent mal amenées, comme s’il manquait des passages et des réflexions pour vraiment bien les appréhender. Ensuite, niveau attachement, elle est très égocentrique, espérant que tout le monde tombe à ses pieds et quand ce n’est pas le cas se réjouissant intérieurement de leur malheur, ce qui fait que j’ai eu du mal à l’apprécier complètement. Dommage, car elle possédait un vrai potentiel, l’auteur nous offrant une sorte de mélange entre Milady de Winter et de symbole féminin de la révolution, elle aurait mérité un développement peut-être différent, voir même d’être plus impliquée dans les différents mouvements de révolutions et de manipulations, car parfois elle reste franchement trop en retrait des évènements à mon goût. Les personnages secondaires qui gravitent autour d’elle ne sont pas mauvais, loin de là, entre romantiques, artistes, hommes de l’ombre et hommes du peuple ils représentent panorama assez vaste de cette ville.
Le style de l’auteur se révèle en tout cas agréable, efficace et soigné, mais elle se perd parfois un peu trop dans de longues descriptions, qui par moment, alourdissent un peu la lecture. C’est assez regrettable car elle arrive clairement à rendre vivant son monde, à rendre saisissantes certaines scènes que ce soit dans l’aspect violent, comme dans la beauté. Au final je ressors donc de ma lecture avec une impression de n’être que moyennement convaincu, il y a énormément de potentiel, pas mal de bonnes réflexions, de très bons passages, mais voilà l’ensemble perd de sa saveur devant un trop grand foisonnement d’idées qui les empêchent de bien se développer et devant une héroïne qui ne m’a jamais convaincu ni attaché. Le Goût des Cendre se révèle indépendant, mais la conclusion laisse énormément de questions en suspens, de quoi sûrement écrire un autre roman dans le même univers. Je ne sais pas si je le lirai, à voir si l’auteur change son héroïne, mais en tout cas je serai bien tenté de découvrir sa plume dans une histoire différente.
En Résumé : Je ressors donc de ma lecture avec un sentiment assez mitigé, l’impression d’avoir un roman entre les mains avec beaucoup de potentiel mais parfois mal maîtrisé. L’histoire pourtant se révélait originale, ne possédant pas vraiment de trame globale, mais mettant plus en avant l’évolution d’une ville et d’un pays face aux changements politiques qui apparaissent. Une intrigue pleine de trahisons et de manipulations. Mais voilà l’auteur cherche parfois à trop en faire, ce qui fait que certains lignes d’intrigue paraissent à peine esquissées là ou certaines traînent en longueur. De plus je n’ai jamais complètement réussi à m’attacher ni à comprendre l’héroïne principale qui arrive toujours à faire le choix le plus improbable et illogique selon moi. Dommage, car elle possédait du potentiel et se révélait bien entourée par des personnages secondaires hétéroclites et efficaces. Le style de l’auteur se révèle agréable, efficace et plutôt entrainant malgré parfois quelques longueurs au niveau des descriptions. La conclusion reste assez ouverte pour permettre de revenir dans cet univers, mais pas sûr que je me laisse tenter sauf si changement d’héroïne peut-être. Par contre je ne suis pas contre découvrir la plume de l’auteur dans d’autres écrits.
Ma Note : 5,5/10
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