Résumé : Djiminn’do. Pas de chair et de sang pour la constituer, pas de figure humaine. C’est une entité à part entière pourtant, une ville aux poumons ennemis, machine de fer qui broie, où l’Art est interdit.
Niüt, orpheline échappée du Castel de Londinium à l’âge de douze ans, rejoint la célèbre Métropole pour y percer le mystère des Enfants des Sables. En proie à des images obsessionnelles, crainte et rejetée par la Sphère, l’entité politique qui régit la Capitale, la petite fille marche de révélations en révélations aux côtés d’un Privilégié obscur, d’une Veilleuse muette et d’un dandy ambigu. Commence alors pour elle un itinéraire entre rêve et réalité, où se mêlent conspirations, mensonges et secrets. Un aller au cœur de l’Onirisme…
…qui pourrait bien ne pas avoir de retour.
Edition : Ceol Bosca Productions
Mon Avis : Ce roman est rentré dans ma PAL un peu par hasard. En fait tout a commencé par ma rencontre avec l’auteur lors du dernier festival Zone Franche, début 2013, dont le quatrième de couverture de son roman m’intriguait avec cet univers despotique et sans art, mais, dans le doute, il n’a pas rejoint ma PAL et je suis simplement rentré avec un fascicule d’extraits. Après lecture de ces extraits j’ai été convaincu de tenter ma chance avec ce livre. Concernant l’illustration de couverture je la trouve vraiment sobre et intrigante.
J’avoue, je suis tout de même rester perplexe après la lecture du premier paragraphe, se révélant trop classique dans sa présentation avec prophétie et enfant élu. J’avais peur que l’ensemble manque de souffle et d’originalité, ce que laissait pourtant présager les extraits que j’avais lu, mais très vite la suite m’a fait changer d’avis. En effet l’auteur nous offre alors une histoire vraiment agréable, mené à un rythme certes lent, lui permettant ainsi construire quelque chose de vraiment solide, riche et intéressant. Le côté prophétie dont j’avais peur se révèle finalement bien mené, apportant tout de même son lot de révélations et de rebondissements. L’histoire ressemble vraiment à un conte, un très joli conte avec ses passages de bonheurs et de découvertes, mais aussi des passages plus sombres de douleurs et de souffrances. L’auteur offre aussi, à travers une héroïne, une quête initiatique aboutie et captivante, une quête de maturité d’une jeune fille avec ses rites de passages et ses évolutions.
Le gros point fort de ce roman vient de son univers que j’ai trouvé vraiment fascinant et poétique, que ce soit dans ses idéaux comme dans sa construction qui offre des décors vraiment superbes. L’idée d’un monde où l’art est banni, rejeté et d’une certaine façon se révèle meurtrier est vraiment intéressante et surtout présentée de façon vraiment efficace. On sent bien d’ailleurs que l’auteur aime l’art à travers le rendu captivant et attachant qu’elle offre, mais aussi à travers des hommages réguliers à la musique, au cinéma, à l’image ou encore la littérature. Les différentes castes présentés par l’auteur se révèlent solides et soignées, dans un monde ou la domination de la sphère est totale et où seule les Ipsoï paraissent se rebeller, avec aussi une caste plus discrète qui se dévoile sur la fin. On retrouve aussi plusieurs races ayant leurs propres caractéristiques, leurs propres défauts et leurs qualités tel que le peuple des pluies, les enfants des sables etc… Elle a vraiment réussi à construire un univers riche, palpitant, soigné et on sent bien que tout est maîtrisée, que cela fait sûrement des années qu’elle travaille dessus. Concernant la ville de Djiminn’do elle donne vraiment envie d’être découvert par ses lieux souvent magiques, éclatants, le tout aussi légèrement mâtiné de Steampunk. Un univers oscillant entre SF et Fantasy qui donne envie d’en apprendre plus c’est certain.
Concernant les personnages ils se révèlent vraiment denses, soignés et complexes que ce soit à travers Niüt l’enfant maudite en pleine quête identitaire, à la lourde quête qui passe aussi de l’enfance à l’âge adulte ou encore les Watchmakër, père et fils, personnages troubles, entre deux eaux, qui sont aussi à la recherche de quelque chose de plus profond ou bien aussi Tekla la Veilleuse muette au lourd secret. Tous les personnages se révèlent d’une certaine façon vraiment intéressants à découvrir et à en apprendre plus au fil des pages même si j’avoue certains m’ont dérangés tout de même. Déjà concernant Niüt elle m’a paru trop mature, trop réfléchie pour ses 12 ans, ce qui est dérangeant car cela crée une sorte de décalage qui frappe à chaque fois qu’on rappelait son âge. Ensuite l’ensemble des personnages traînent un aspect désabusé, subissant plus les différents évènements qu’à chercher à les modifier, ceci vient bien entendu du monde totalitaire, mais voilà même les révolutionnaires m’ont paru parfois amorphes dans leurs actions et leurs envies. Ce ne sont que de petits points, vraiment loin d’être bloquants.
Par contre quelques points m’ont un peu plus dérangés, déjà le rythme, comme je l’ai dit il est très lent, mais voilà parfois certains passages m’ont aussi paru un peu traîné en longueur, passant parfois un peu trop de temps sur certaines descriptions et répétitions, rien de non plus dérangeant surtout quand on sait que c’est un premier roman. Non là où je suis un peu plus frustré c’est l’absence totale de surprises, certes l’histoire ne cherche pas du tout l’aspect épique aux multiples rebondissements, plutôt le roman imaginatif et onirique, mais les quelques aspects qui doivent surprendre le lecteur ou bien offrir des retournements de situations sont tombés à plats vu que je les avais deviné bien avant, soit parce que l’auteur attend trop longtemps avant de faire sa révélation, soit elle apporte trop d’indice. Alors attention, ça n’empêche pas du tout de se laisser porter par cette histoire et son univers mélancolique et captivant, juste que ça offre un ensemble trop linéaire et parfois un peu long.
Le plume de l’auteur se révèle vraiment poétique, dense et soignée nous plongeant avec facilitée dans son histoire débordante d’imagination et dans son monde onirique et éclatant. Alors certes, parfois elle cherche à un peu trop en faire, principalement dans l’utilisation des métaphores au niveau des descriptions et quelques longueurs se font ressentir, surtout vers la fin où elle ralentit son intrigue pour développer son monde, mais voilà pour un premier roman on sent que l’auteur possède son propre style et une vraie maturité. Reste maintenant à voir si la suite est du même niveau, car oui je lirai la suite de ce cycle sans soucis en espérant peut-être un peu plus de frémissements et de surprises dans l’intrigue.
En Résumé : J’ai passé un vraiment bon moment de lecture avec ce premier tome qui nous offre une histoire vraiment plaisante à lire, certes sur un rythme lent, mais qui permet à l’auteur de construire quelque chose de riche et d’efficace. L’univers est l’une des grandes force de ce récit, se révélant riche, soigné et vraiment captivant et magnifique dans un monde où l’art est banni. Les personnages se révèlent soignés et intéressants même si je trouve l’héroïne trop mature et certains personnages un peu trop attentistes, mais rien de vraiment gênant. Certes parfois certaines longueurs se font sentir et l’ensemble manque de surprises, le lecteur devinant trop facilement les choses, mais pour un premier roman l’auteur s’en sort bien. La plume se révèle vraiment onirique, poétique et riche nous plongeant facilement dans ce monde riche d’une beauté qui mérite d’être découvert même si parfois elle abuse un peu des métaphores. Je lirai la suite sans soucis.
Ma Note : 7,5/10