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La Ménagerie de Papier – Ken Liu

la menagerie de papierRésumé : « Elle plaque la feuille sur la table, face vierge exposée, et la plie. Intrigué, j’arrête de pleurer pour l’observer. Ma mère retourne le papier et le plie de nouveau, avant de le border, de le plisser, de le rouler et de le tordre jusqu’à ce qu’il disparaisse entre ses mains en coupe. Puis elle porte ce petit paquet à sa bouche et y souffle comme dans un ballon.
“Kan, dit-elle. Laohu.” Elle pose les mains sur la table, puis elle les écarte.
Un tigre se dresse là, gros comme deux poings réunis. Son pelage arbore le motif du papier, sucres d’orge rouges et sapins de Noël sur fond blanc.
J’effleure ce qu’a créé Maman. Sa queue bat et il se jette, joueur, sur mon doigt… »

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : De Ken Liu j’avais précédemment lu deux nouvelles, Faits pour être Ensemble qui était initialement publié dans le Bifrost consacré à Poul Anderson et Mono no Aware qui était initialement publié dans le Galaxie(s) n°25. À travers ces deux textes, l’auteur a réussi à me convaincre d’en découvrir plus de sa bibliographie, offrant des récits soignés, humains et intelligents. C’est donc sans surprise, quand j’ai appris qu’une recueil de nouvelles de l’auteur était publié, que je l’ai rapidement fait entrer dans ma PAL. Il faut dire aussi que la couverture, illustrée par Aurélien Police, se révèle magnifique et donne tout autant envie de le lire. Ce livre est ainsi composé de 19 nouvelles, dont les deux déjà lu.

Renaissance : Ce texte nous dévoile un avenir où l’humanité, après une guerre sanglante avec une race alien, vit maintenant en quasi symbiose avec elle. Une nouvelle que j’ai trouvé très réussi, nous offrant une réflexions efficace sur le travail et l’importance que l’on donne à la mémoire, mais aussi sur l’influence qu’elle peut avoir sur notre façon d’évoluer et d’avancer. Un véritable travail de fond sur ce qui, finalement nous définit, bien porté par un héros efficace et travaillé. Je trouve juste légèrement dommage que l’ensemble soit finalement un peu trop, par moment, prévisible, mais rien de bien bloquant non plus.

Avant et après : Ce très court texte se révèle être un véritable travail stylistique, puisque l’ensemble est écrit en une seule phrase, mais qui surtout arrive à ne pas alourdir le récit, voir ennuyer ou perdre le lecteur. Le travail de fond, en à peine deux pages se révèle aussi vraiment intéressant et soigné, mais je vous laisse le découvrir pour éviter de trop spoiler.

Les Algorithmes de l’amour : Cette nouvelle nous fait suivre Elena, qui est créatrice de poupées réalistes et avec un processeur leur permettant d’interagir et d’apprendre. Je préfère ne pas trop en dévoiler pour éviter de trop vous spoiler, mais l’auteur offre ici un texte vraiment réussi, premièrement à travers son travail de réflexion sur la conscience, voir l’intelligence, mais aussi sur notre réalité. Le sens point bien du travail de construction des personnages. En effet les héros se révèlent ici profondément humains, touchants et poignants, à travers les nombreux drames qui vont survenir et qui ne laissent pas le lecteur indifférent. Une nouvelle passionnante, émouvante et d’une grande justesse.

Nova Verba, Mundus Novus : Une nouvelle qui nous fait suivre une expédition en ballon qui va se rendre compte que le monde est plat, posé sur dos d’éléphants, eux-mêmes sur la carapace d’une tortue (référence à Terry Pratchett) et qui vont descendre puis remonter. On y retrouve les réflexions de l’auteur sur ce qui nous caractérise, avec cette fois en ligne de mire le langage, mais voilà j’ai trouvé le texte peut-être un peu trop court pour vraiment réussir à m’emporter. Les idées sont là, mais je ne sais pas j’avais l’impression qu’il manquait un petit quelque chose. Cela reste tout de même très sympathique à lire.

Faits pour être ensemble : J’avais déjà chronique cette nouvelle ici. Cette nouvelle lecture ne change pas mon point de vue, que ce soit dans ses qualités comme ses défauts.

Emily vous répond : Cette courte nouvelle décide de traiter de la possibilité d’effacer la mémoire, le tout à travers un échange type courrier des lecteurs de certains magazines. Une idée traitée avec un cynisme qui se révèle efficace et percutante, et même si les arguments sont légèrement simplistes elle a parfaitement fonctionné avec moi.

Trajectoire : Cette nouvelle nous fait découvrir la vie d’une jeune femme au parcours chaotique dans un monde en pleine évolution technologique et qui découvre l’immortalité. Un texte percutant et efficace, pas tant par l’aspect technologique, mais plutôt par son côté profond et humain, offrant au lecteur une réflexion ouverte sur la vie, entre ses hauts et ses bas, ses envies et ses pertes. Un texte touchant, bien porté par une héroïne attachante, avec ses forces et ses faiblesses, le tout porté par une plume que j’ai trouvé ici sensible et poétique.

Le Golem au GMS : On retrouve ici une nouvelle un peu plus légère puisqu’on découvre Rebecca, qui est un jour est contacté par Dieu pour une mission capitale, fabriquer un Golem pour attraper 150 rats. Un texte qui m’a fait rire du début à la fin avec une histoire, certes un peu linéaire, mais qui se révèle percutante, pleine d’entrain, mais aussi de finesse à travers les nombreuses réflexions qu’on dévoile que ce soit aussi bien sur la religion comme sur la famille et son importance. Un divertissement réussi qui offre un moment de détente bienvenu au milieu du recueil.

La Peste : Cette nouvelle nous fait suivre la rencontre entre un homme et une jeune fille contaminée dans un monde qui est complètement bouleversé. Un texte sympathique, qui cherche à nous faire réfléchir sur la capacité de communiquer, mais surtout de se comprendre, nous montrant que parfois les drames peuvent simplement survenir d’un manque de tolérance et d’explication. Sauf que voilà même si le texte se laisse lire et se révèle divertissant il m’a paru un peu trop classique dans sa construction.

L’Erreur d’un seul bit : Peut-être le texte qui m’a le moins accroché du recueil, pas qu’il soit mauvais, mais comparé aux autres textes de ce livre il m’a paru clairement un cran en dessous. Sur le fond les idées sont là, cherchant à nous ouvrir une réflexion sur la religion, la foi, le bonheur et la liberté, mais sur la forme j’ai trouvé l’ensemble brouillon avec un démarrage un peu « bordélique », puis une alternance pas toujours percutante. On y retrouve pourtant la qualité de style de l’auteur, mais voilà, je ne sais pas, je n’ai pas complètement réussi à accrocher.

La Ménagerie de papier : Au contraire du texte précédent, cette nouvelle fait partie de celle qui m’a le plus touchée, nous dévoilant la vie de Jack, jeune sino-américain, fils d’une mère dont son père est tombé amoureux sur catalogue et qui en grandissant va se rendre compte de sa différence et la rejeter pour s’intégrer. Un texte vraiment poignant qui fait réfléchir le lecteur aussi bien sur l’adolescence, des difficultés liées au regard des autres quand on grandit, mais aussi sur l’acceptation et le racisme. La plume de l’auteur colle parfaitement bien au texte pour happer le lecteur dès la première, offrant une touche de fantastique des plus originale. Une excellente nouvelle.

Le Livre chez diverses espèces : Un texte vraiment agréable à lire, qui n’est peut-être pas le plus marquant du recueil, mais qui se révèle tout de même efficace, l’auteur offrant ici un large panel sur différents peuples aliens et leurs relations avec le livre. On découvre ainsi une réflexion efficace sur l’importance de la communication à travers le livre et cela quel que soit le format et la façon de l’écrire. On notera aussi, je trouve, une imagination débordante de l’auteur à travers les nombreuses descriptions.

Le Journal intime : Cette nouvelle nous fait rencontrer une femme qui va commencer à ne plus pouvoir lire après avoir eu le journal intime de son mari entre les mains ; les mots s’échappant à chaque fois qu’elle cherche à le faire. De nouveau un texte qui se révèle efficace et abouti, avec comme axe de réflexion la communication, celle entre un mari et une femme qui après des années ne paraissent plus se comprendre, ni vivre pleinement leur couple, le tout à travers une lente plongée dans la folie des plus tendue et captivante.

L’Oracle : Cette nouvelle nous fait découvrir une technologie qui permet de voir, de façon très aléatoire, un moment arbitraire de son avenir. Certes le thème de pouvoir voir l’avenir est connu, mais je trouve que l’auteur s’en sort très bien, nous offrant un texte prenant et qui nous fait réfléchir sur la vie, sa spontanéité et surtout le besoin de la vivre pleinement, sans s’enfermer dans une vision d’avenir qui pourrait se révéler bloquante. De nouveau les personnages sortent du lot, sonnant juste et se révélant soignés, humains.

La Plaideuse : Cette nouvelle nous plonge dans une Chine du passé, où une jeune femme décide de reprendre le rôle de plaideuse laissé vacant suite à la mort de son père, pour sauver une servante accusée de meurtre. Franchement concernant le texte il n’y a pas grand-chose à souligner, l’ensemble est maîtrisée, offrant une enquête policière courte et soignée, mais voilà l’ensemble m’a paru rester très convenu et sans surprises ce qui est dommage je trouve.

Le Peuple de Pélé : Un texte qui nous plonge en pleine conquête spatiale avec l’arrivée d’un vaisseau colonisateur humain sur la planète de Pelé. Un texte surprenant qui cherche à nous offrir des réflexions sur la vie tout en nous offrant un contexte politique des plus fascinant puisqu’il y a un décalage de 28 ans entre les deux planètes. À partir de là comment pleinement obéir à des ordres qui ont plusieurs années. Comme je l’ai on réfléchit aussi sur le principe de la vie puisque la révélation sur le peuple de Pelé va se révéler captivante, même si c’est vrai déjà traité aussi dans d’autres textes d’autres auteurs. Au final un texte bien rythmé et qui offre un très bon moment de lecture

Mono no aware : J’ai déjà chroniqué cette nouvelle lors de ma lecture d’un Galaxie(s) et dont vous pouvez retrouver ma chronique ici.

La Forme de la pensée : Cette nouvelle nous dévoile le premier contact entre des humains et une race extra-terrestre qui n’est pas sans rappeler certaines colonisations de notre passé, dévoilant une incapacité à communiquer et à se comprendre face à la différence et l’incompréhension. Un texte qui  nous montre aussi l’importance du passé et de l’Histoire dans sa façon de voir la vie et les changements. Il s’agit aussi clairement d’un texte d’espoir et de sentiments qui a clairement réussi à me happer.

Les Vagues : Avec ce texte l’auteur reprendre l’idée déjà développé dans Trajectoire concernant l’immortalité, mais le tout traité de façon complètement différente en offrant ainsi une réflexion plus importante sur par exemple notre évolution, ou encore notre capacité à accepter le changement, sur fond de mythes et de légendes sur la création. L’auteur n’oublie pas pour autant le côté humain qui est toujours présent et efficace. Un très joli texte qui ne manque pas d’attrait et d’intérêt.

Ce recueil de nouvelles confirme tout le bien que je pensais de Ken Liu et me donne clairement envie de découvrir d’autres de ses textes, voir pourquoi pas de ses romans. Ce qui marque, je trouve, c’est sa capacité à ne pas se figer dans un genre tout en offrant des histoires qui se révèlent profondément humaines et sensibles, n’oubliant pas pour autant de faire réfléchir le lecteur et d’offrir un background solide, soigné jusque dans les moindres détails, le tout parfois en quelques pages à peine. Alors certes, tous les textes ne m’ont pas touché de la même façon et un ou deux m’ont même paru un cran en dessous, mais franchement rien de dérangeant tant j’ai apprécié la lecture de ce livre.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce recueil de 19 nouvelles qui nous propose de découvrir des textes soignés et percutants qui font réfléchir, le tout à travers des personnages sensibles, touchants et dans un background qui se révèle travaillé. Alors certes, toutes les histoires ne sont peut-être pas au même niveau, mais cela n’enlève en rien des nombreuses qualités que possède ce recueil et que je ne peux que conseiller de lire, si vous appréciez les Nouvelles, surtout que l’auteur ne reste jamais figé dans un seul genre, ce qui permet de varier clairement les univers. En tout cas de mon côté je lirai sans soucis d’autres écrits de Ken Liu et pourquoi pas un de ses romans.

 

Ma Note : 8,5/10

 

Autres avis : Dup,

Galaxie(s) n°25

galaxies 25Edition : Galaxies

 

 

 

 

 

Mon Avis : Je continue ma découverte des revues consacrées à l’imaginaire et, après avoir bien entamé les Bifrost et débuter la nouvelle édition de Fiction, je me lance cette fois dans les Galaxie(s). J’avoue que ce magazine je ne le connais pas vraiment, malgré le fait d’en avoir entendu parler à droite à gauche. J’ai donc décidé de faire rentrer quelques numéros dans ma PAL pour pouvoir me faire un avis plus complet. À noter que ce numéro fête aussi les 60 ans de Galaxie (toutes éditions confondues) et offre un dossier consacré à Pierre Stolze dont j’avoue ne connaitre que sa rubrique dans Bifrost. Ce numéro comporte cinq nouvelles d’auteurs différents.

L’Enfant qui S’avance vers Nous de Gulzar Joby : Je ne connaissais pas l’auteur avant de lire cette nouvelle, ce fût donc une première découverte. J’avoue, une fois le récit terminé je suis loin d’être convaincu. L’auteur nous propose ici pourtant de traiter d’un sujet intéressant qu’est la mère porteuse, dans un futur où la scission des classes sociales atteint un haut niveau et où les technologies ont énormément évolué et se révèlent limite invasives. clairement les idées sont là que ce soit sur l’exploitation des pauvres, de la recherche de l’enfant parfait, l’ingérence des parents, ou encore de la surutilisation de technologies le tout dans un monde qui parait post-apocalyptique. Dommage que le reste ne suit pas, l’auteur nous proposant des personnages tellement froids et peu consistants qu’on ne s’accroche jamais vraiment à eux, certaines scènes n’apportent rien à l’histoire, le style de l’auteur m’a paru manqué de force et d’intérêt, novice, se cherchant encore et voulant trop en faire et le chapitre de conclusion, pour moi, est de trop. J’ai l’impression d’être passé à côté, dommage.

L’Erreur de Rosa Montero : Tout comme la nouvelle précédente je ne connaissais rien de l’auteur avant de me lancer dans la lecture de ce texte. On retrouve ici une nouvelle à chute, cherchant à emmener le lecteur vers une conclusion qui doit normalement le surprendre, le tout dans un univers futuriste totalement automatisé, où les machines ont pris une importance démesurée. Mais que se passe-t-il quand un soucis apparait? Une nouvelle que j’ai trouvé agréable et divertissante, mais qui a du mal à être plus que cela. Il faut dire que la conclusion, malgré quelques axes de réflexions classiques et efficaces, n’a justement pas vraiment rempli son rôle de me surprendre. De plus, il ne faut pas le nier, cette nouvelle en soit n’a rien de révolutionnaire, une impression de déjà-vu m’est resté tout le long de ma lecture. Cela ne l’empêche pas d’être plutôt bien écrite et efficace à découvrir. Je la classe dans la fameux, vite lu, bien apprécié, vite oublié.

Mono no Aware de Ken Liu : J’ai découvert mon premier texte de Ken Liu dans le dernier Bifrost, consacré à Poul Anderson, qui m’a offert un bon moment de lecture. J’avais donc hâte de savoir ce qu’allait bien proposer l’auteur ici. Cette nouvelle nous plonge dans un avenir où une météorite va bientôt percuter la terre et où la population cherche à fuir. Je n’en dévoile pas plus sous peine de trop spoiler, mais pour moi il s’agit du meilleur texte du recueil par son aspect poignant, humain, porté par des personnages désabusés, plein d’espoirs et d’envies d’un futur meilleur tout en cherchant à ne pas oublier le passé. L’auteur nous offre aussi un avenir très contemporain où, malgré toutes les évolutions technologiques, l’Homme restera toujours fidèle à lui-même ce qui est en total contradiction avec la nationalité japonaise du héros; qui recherche la cohésion au point de tout perdre. La fin a beau être logique, elle a réussi à me toucher. Je regrette juste par contre l’aspect un peu caricatural lié à la nationalité du héros, comme si le japon se limitait au Go, à ses kanjis et ses mangas. Mais rien de non plus trop dérangeant. Un très joli texte.

Vaisseau Sœur d’Aliette De Bodard : J’ai lu plusieurs écrits de l’auteur et pour le moment j’avoue que je n’ai jamais été déçu. J’attends d’ailleurs la suite du cycle Les Chroniques Aztèques depuis plusieurs mois maintenant avec impatience. Cette nouvelle nous plonge au milieu d’une famille où un frère et une sœur s’entredéchirent depuis la naissance de cette dernière dont l’accouchement a affaibli leur mère. Sauf que sa sœur n’est pas n’importe qui, elle est l’IA d’un vaisseau spatial avec tout ce que cela implique. Une nouvelle que j’ai trouvé réussi, touchante, sur les éléments de la famille, les bouleversements qu’elle peut connaitre avec l’arrivée d’un nouvel élément. L’ensemble gagne aussi en profondeur et en intérêt avec le background que construit l’auteur, que ce soit aussi bien dans cet avenir futuriste où les IA sont misent au monde naturellement mais aussi dans tout cet aspect culturel et traditionnel qui vient du Vietnam. Un texte profond, entrainant, avec une conclusion efficace.

Taï Chi Chuan à Tchernobyl-sur-Moselle  de Pierre Stolze : Cette nouvelle est la première que je découvre de l’auteur et, j’avoue, je l’ai trouvé très sympathique. L’auteur place son récit à Thionville, ville que je connais bien, dans un futur proche suite à une catastrophe nucléaire qui a vidé les lieux. Pourtant quelque chose détruit les technologies envoyées là-bas. Mis à part la catastrophe qui m’a paru basé sur des aspects un peu facile, même si se basant sur des faits concrets, le reste m’a paru efficace. Ce récit offre au lecteur une réflexion intéressante sur notre monde, l’environnement et les risques qu’il encourt même certains aspects m’ont paru simple, comme celle sur les scientifiques. Un texte nerveux, qui se lit rapidement et se révèle vraiment divertissant avec une conclusion qui offre de l’espoir pour l’avenir même si ce n’est pas gagné. Les personnages se révèlent intrigant et leurs développements réussis. J’ai bien envie de découvrir d’autres écrits de l’auteur maintenant.

 

Le reste du magazine nous propose un long entretien avec Pierre Stolze qui s’est révélé très intéressant, même si je n’ai pas toujours le même point de vue que lui, et qui m’a donné envie de découvrir un peu plus sa bibliographie, même si je pense que certains de ses écrits me paraissent trop barrés pour moi à première vue. Le principe du Projet équateur, travail de l’auteur sur la vision qu’il a de son passé et de son avenir d’écrivain, est intriguant et prenant. On retrouve un article, peut-être un peu court, sur les 60 ans de Galaxie (toutes formules confondues), un article pour nous faire découvrir ou redécouvrir Noëlle Roger, ainsi que le traditionnel cahier critique qu’on retrouve dans tous les magazines. Au final une première plongée intéressante dans cette revue, il ne me reste plus qu’à découvrir les autres qui attendent dans ma PAL.

 

Ma Note : 7/10 (Note ne reposant que sur les nouvelles)

Bifrost n°75 – Spécial Poul Anderson

bifrost 75 poul andersonEdition : Le Bélial’

 

 

 

 

 

Mon Avis : Cet été je continue ma lecture de différents magazines avec ma plongée dans le dernier Bifrost en date, consacré à Poul Anderson. Alors je l’avoue, honte à moi, j’ai depuis plusieurs mois deux livres de l’auteur qui traînent dans ma PAL et que je n’ai toujours pas ouvert. D’où l’intérêt finalement de ce Bifrost qui pourrait me donner envie justement de les sortir et les découvrir. Concernant la couverture, illustrée par Philippe Caza, je la trouve très réussie. À noter que ce magazine comporte quatre nouvelles, deux de Poul Anderson, une de Jean-Marc Ligny et une de Ken Liu.

Tout Voyage S’arrête  de Poul Anderson : Pour un premier texte que je découvre de l’auteur je l’ai trouvé très intéressant, nous plongeant à la découverte d’un homme, télépathe, qui se croit seul sur terre. L’auteur nous propose alors une vision de l’humanité vraiment cynique et entrainante à travers ce personnage qui doit survivre en entendant les pensées des autres qui ne sont pas toujours roses. On découvre surtout un héros incompris, solitaire qui cherche à avancer comme il peut dans ce monde, espérant y trouver son bonheur. Et justement son bonheur il va peut-être le trouver. Un texte que j’ai trouvé plutôt réussi, reflet d’une société complexe aux nombreux secrets, mais donc certains points m’ont quand même dérangé. Je pense à cette romance sans surprise, un peu facile, malgré c’est vrai une réflexion intéressante sur leur fusion, ou encore à certains passages surprenants comme ce prêtre à l’esprit parfait et calme, mais là je suis peut-être trop cynique de mon côté. De plus le texte a un peu vieilli, mais là rien de dérangeant. Une belle entrée en matière de l’auteur.

Real Life 3.0 de Jean-Marc Ligny : Concernant cette nouvelle je dois bien avouer que j’ai trouvé l’auteur pas complètement inspiré et le récit un peu bancal. Le texte en soit n’est pas mauvais, partant sur le postulat des google glass qui ont défrayé la chronique il y a peu, et imaginant un futur on ne vivrait plus que par cela, faussant ainsi obligatoirement notre vision du monde. Le héros va alors se retrouver à bêta-test la version 3.0, qui va se révéler complètement différente de ce qu’il attendait. Les idées sont là nous amenant à se poser des questions sur notre vision du monde à travers le prisme de la technologie, ce qu’elle nous apporte, nous éloignant finalement un peu de la nature, des autres et de notre planète. Mais voilà j’ai trouvé que l’ensemble ne restait qu’en surface, la romance lancée par l’auteur manque d’attrait et surtout l’ensemble à du mal à complètement marquer le lecteur. Le texte n’est pas mauvais non plus, mais il reste un simple divertissement vite lu, vite oublié là où il y aurait pu avoir plus je pense.

Faits pour être Ensemble de Ken Liu : Il s’agit pour moi du premier texte que je lis de l’auteur, malgré le fait que je possède quelques nouvelles de lui dans d’autres magazines qui attendent d’être lus. Je dois bien avouer que ce récit m’a donné clairement envie de les découvrir. Cette nouvelle nous plonge dans un monde futuriste ou Centilion (mélange de google (logique me direz-vous vu le nom de la société imaginaire), facebook et siri) gère complètement la vie des gens. On découvre Sai, accro à cette technologie, comme la majorité de la population, et sa voisine Jenny qui, elle, la rejette. Alors clairement, l’auteur ne révolutionne pas le genre, on retrouve même un petit air de 1984 remis au goût du jour dans ce texte, mais l’ensemble a très bien fonctionné avec moi. Certes certaines réflexions sur Centilion sont un peu faciles, comme celle du clivage qui aurait mérité plus de développement selon moi, mais elles m’ont marqué et surtout évite l’aspect diabolisation. La rencontre finale se révèle aussi prenante, nous montrant comment laisse parfois des pans complets de notre vie gérés par la technologie. Mon seul regret vient de la conclusion, l’auteur a fait un choix pour terminer son récit et j’avoue j’ai que moyennement accroché, peut-être un peu trop facile et légèrement en contradiction avec ce qu’il construit. Cela n’empêche pas ce texte de se révéler très efficace.

In Memoriam de Poul Anderson : Second texte de l’auteur et c’est sûrement celui que j’ai préféré et aussi, pour moi, le meilleur texte de ce magazine. L’auteur nous offre ici une nouvelle sur la fin de l’humanité et de la Terre. Le parallèle fait dans la présentation avec la nouvelle d’Andrevon est logique, même si je trouve que le deux ne traite pas le sujet de la même façon, Andrevon s’intéressant à la fin de l’Homme et comment la nature retrouve ses droits, là où ici Anderson, lui, traite clairement de la fin de notre univers, construisant grâce à une imagination fertile et passionnante une évolution possible de la vie sur terre sur les prochains milliards d’années jusqu’à l’effondrement du soleil. Un texte à la fois magnifique par les possibilités qu’il dévoile, porté par des descriptions fascinantes, mais aussi oppressant, nous rappelant à quel point notre place n’est qu’infime dans cet univers que ce soit par notre taille ou par notre temps sur la planète. Le tout est bien porté par une plume entrainante et soignée. Il ne me reste plus qu’à sortir les livres de l’auteur de ma PAL.

 

Concernant le reste du magazine j’ai trouvé la préface à la fois sombre et réfléchie sur la SF, la vision de notre monde et pourquoi pas une SF qui apporterait des idées de solution. On y retrouve aussi comme d’habitude le cahier des critiques à la fois de livres et de magazine. Je n’ai que moyennement accroché au dossier de Maitre Doc’Stolze, m’attendant à quelque chose d’autre sur le roman feuilleton qu’un simple comparatif entre deux livres. Paroles de libraire m’a donné envie de visiter la librairie Galaxys-Bis à Strasbourg. Puis vient le dossier consacré à Poul Anderson que j’ai trouvé très complet, détaillé et prenant, dévoilant un auteur complexe aux idées qui lui ont valu d’être pendant un temps rejeté par les éditions françaises. Le cahier scientifique sur Godzilla est toujours aussi captivant à découvrir. Au final un Bifrost efficace qui a pleinement rempli son rôle de me donner envie de découvrir la bibliographie de Poul Anderson ; Le Bélial’ annonce d’ailleurs plusieurs publications dans les mois à venir.

 

Ma Note : 7,5/10 (Note ne reposant que sur les nouvelles)

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