Résumé : Malorie élève ses enfants de la seule façon possible: barricadés chez eux. Dehors, il y a un danger terrible, sans nom. S’ils s’aventurent à l’extérieur, ce sera les yeux bandés pour rester en vie.
S’ils ôtent leurs bandeaux, ils se donneront la mort avec une violence inouïe. Malorie a deux solutions: rester cachée avec ses enfants, isolée, ou bien entamer un terrifiant périple jusqu’au fleuve dans une tentative désespérée, presque vaine, pour rejoindre une hypothétique colonie de survivants. La maison est calme.
Les portes sont verrouillées, les rideaux sont tirés, les matelas cloués aux fenêtres. Les enfants dorment dans la chambre de l’autre côté du couloir. Mais bientôt, elle devra les réveiller et leur bander les yeux. Aujourd’hui, ils doivent quitter la maison et jouer le tout pour le tout.
Edition : Orbit
Mon Avis : Le premier point vraiment important avec ce livre c’est finalement d’apprendre qu’Orbit existe toujours et surtout que la maison d’édition publie. J’exagère un peu, mais il faut bien avouer que niveau communication depuis plusieurs mois c’est le calme plat. Les fans de Sanderson continuent d’ailleurs de s’en mordre les doigts à attendre la sortie de La Voie des Rois. C’est bien simple pour entendre parler de Bird Box il vaut mieux éviter le site d’Orbit sous peine de ne quasiment rien trouver. J’avoue je suis taquin, mettons-nous plutôt à parler du livre alors car, finalement, le résumé ne manque pas d’intérêt et la couverture possède un petit quelque chose d’attrayant qui donne envie de le découvrir.
L’histoire nous propose, ici, de suivre deux lignes temporelles, la première est celle post-apocalyptique ou le monde s’est écroulé face à l’apparition de monstres dont on ne sait rien, mis à part que dès que quelqu’un en voit une il devient fou au point de tuer n’importe qui aux alentours puis se suicider. Les population se retrouvent donc obligés de survivre les yeux bandés et d’éviter toutes intrusions chez eux sans de nombreuses procédures de vérification. Malorie a survécu pendant quatre ans dans une maison avec ses deux enfants et décide de tout quitter à la recherche d’un groupe de survivants ; son dernier espoir. À côté de cela l’auteur développe une ligne de flashback liés à l’héroïne qui nous dévoile le monde juste avant l’apocalypse, sa lente descente dans la folie et la fin de la civilisation. Sur le papier il y avait de quoi me plaire et m’offrir une histoire des plus stressantes, entrainantes et pourtant au final je dois bien avouer que je n’ai pas complètement été convaincu. L’ensemble reste agréable à lire, offre un bon divertissement angoissant, mais il n’a pas répondu à toutes mes attentes.
L’idée de base se révèle pourtant clairement originale : imaginer un monde où on devrait tous se passer de la vue, qui est quand même le sens sur lequel se repose le plus l’Homme, sous peine de mourir. Cela offre donc de nombreuses possibilités. D’ailleurs l’auteur en profite de façon percutante pour nous offrir une montée en tension haletante au fil des pages, passant d’un monde tel qu’on le connait vers un huis-clos, certes classique dans ce genre de livres, mais efficace de survivants dans une maison. Il s’amuse alors avec le lecteur, jouant sur son imagination et ses frayeurs les plus profondes liés au fait que sans la vue on se retrouve dans le noir, simplement guidé par ses autres sens souvent moins développés. Mais voilà, comment savoir que ce qu’on entend, ce que l’on sent ou ce qu’on touche se révèle être vraiment ce que l’on pense ? C’est justement avec l’inconscient du lecteur que l’intrigue joue, ne définissant jamais de façon claire la menace, quand chaque bruit, chaque mouvement peut finalement amener l’horreur. on se retrouve alors happé, tendu par ce qui peut arriver et donc on attend le dénouement pour reprendre notre souffle tout en sachant que le prochain chapitre apportera son lot de stress et de malaise. C’est vraiment le gros point fort du récit, cette capacité à offrir des passages qui jouent sur les peurs les plus primales du lecteur et qui, je pense, en fera frissonner plus d’un, au lit, avec juste une lampe de chevet avant d’aller se coucher.
Mais voilà ce livre ne cherche pas qu’à nous faire peur il offre aussi une réflexion, classique dans ce genre de romans, mais efficace et bien traitée, sur cette humanité qui s’effondre dévoilant ainsi le pire, comme le meilleur, chez les uns et les autres. Chacun se retrouve à faire des choix, guidé par ses craintes. Le monde post-apocalyptique qu’il trace au fil des pages offre son lot de mystères, laissant la part belle à l’esprit du lecteur pour le deviner, l’imaginer, car comment décrire un monde qu’on ne voit pas et qu’on ne doit surtout pas regarder sous peine de mourir. Cette liberté du lecteur, qu’on retrouve sur pas mal d’aspects, pourra peut-être en surprendre plus d’un, mais j’ai trouvé que cela apportait un véritable plus. Parfois à trop vouloir définir les monstres ou l’univers l’ensemble perd alors de son côté angoissant. Ici, chacun s’imagine ce qu’il veut et chacun voit les atrocités qu’il a envie de voir. Alors attention, l’auteur ne laisse pas le lecteur tout faire, certaines scènes très visuelles apportent leur lot de frissons et d’abomination.
Alors qu’est ce qui m’a dérangé au final dans ce livre, me demanderez-vous? C’est bien simple j’ai trouvé que les deux lignes temporelles n’avaient pas le même intérêt. Autant celle liée aux flashbacks, qui nous dévoile cette humanité qui plonge dans la folie et dans les pires actions, se révèle passionnante et stressante autant celle où Malorie tentant de retrouver un groupe de survivants a eu du mal à complètement me passionner. Dès le début j’avoue j’ai bloqué sur un point, peut-être idiot, mais qui m’a perturbé : remonter 30km de rivière avec une barque, avec deux enfants qui ne savent pas nager et le tout les yeux bandés. On oublie donc facilement tout ce qui est débit, courant et fond du lit de la rivière qui sont autant d’éléments qui peuvent vous renverser voir vous couler. Alors après discussion je peux comprendre que par survie on se lance dans des plans désespérés, mais pour un plan qu’elle travaille depuis des années j’ai trouvé cela bancal. Mais bon ce n’est qu’un point, car finalement ce qui m’a le plus dérangé avec cette ligne d’intrigue c’est qu’au final, il ne se passe pas grand chose. L’ensemble est linéaire et parait tellement facile qu’il en perd une grande partie de son côté aventure et donc de son intérêt. Un peu plus de rebondissements vraiment surprenants auraient apporté un plus je pense.
Ensuite un des autres aspects qui m’a laissé mitigé ce sont les personnages. Comme je l’ai déjà dit ils arrivent vraiment bien à retransmettre au lecteur leurs peurs et leurs angoisses, là dessus aucun souci. Le huis-clos qui nait quand ils se retrouvent à plusieurs enfermés dans la maison leur offre aussi des moments de doute et de réflexion, sur leurs relations avec les autres et les choix à faire, intéressants. Le problème vient plutôt du moment où l’auteur cherche à leur offrir des sentiments, principalement le sentiment d’amour, d’amitié, qui, je trouve, ne transparait jamais. C’est bien simple la relation entre Malorie et Tom ne m’a jamais paru cohérente, ni attachante. Concernant la relation de l’héroïne avec ses enfants, là, cela m’a paru encore plus frappant. On sent que l’auteur a lu La Route, reprenant l’idée d’éviter les noms, le monde n’ayant pas obligatoirement d’avenir, un nom n’apporte donc rien. Mais contrairement à McCarthy qui offrait une certaine sensibilité et de l’émotion à travers les non-dits entre le père et le fils, ici je n’ai jamais rien ressenti. L’héroïne donne même l’impression de les garder auprès d’elle plus pour leurs ouïes plus développées que la sienne qu’autre chose, tant elle ne leur offre jamais un seul minuscule compliment ou même l’impression de les aimer. Pire vu qu’elle a un garçon et une fille elle se doit de les différencier, donc elle les appelle Garçon et Fille. Franchement elle aurait pu les appeler Fer à Repasser et Motoculteur ça aurait été pareil. C’est dommage je trouve.
Concernant la plume de l’auteur malgré le fait qu’il ait un peu de mal avec les passages un peu plus émotionnels, elle se révèle finalement fluide, entrainante et sait surtout offrir des scènes effrayantes et pleines de tourments. La conclusion qui est offerte se révèle plutôt efficace, avec quelques révélations intéressantes et ce malgré une certaine facilité. Elle laisse aussi de nombreuses portes ouvertes soit pour revenir dans l’univers, soit pourquoi pas laisser libre court à l’imagination du lecteur. Au final la lecture s’est révélée sympathique remplissant parfaitement son rôle de livre angoissant, mais voilà j’ai trouvé dommage que niveau émotion ce soit le calme plat, quelques défauts ici ou là empêchant d’offrir plus qu’un simple divertissement et laissant un léger sentiment d’incomplet. En tout cas si l’auteur revient dans son monde, je le lirai tout de même avec plaisir histoire d’en apprendre plus.
En Résumé : J’ai passé un moment de lecture sympathique avec ce livre qui se révèle effrayant par certains aspects mais qui n’a pas non plus réussi à totalement me convaincre. L’auteur construit deux lignes d’intrigue une au moment de l’apocalypse et une quatre ans après, et autant la première m’a happé, autant j’ai trouvé la seconde très linéaire et sans véritable surprise. L’ensemble se révèle pourtant angoissant, jouant avec les peurs les plus enfouies du lecteur, lui retirant la vue pour s’amuser avec ses autres sens. L’univers post-apo ne manque pas d’intérêt et laisse souvent la possibilité à la personne qui lit de se faire son propre avis, sa propre vision. Mais voilà là où le roman pêche, selon moi, c’est quand l’auteur cherche à créer des liens entre les personnages. Que ce soit la relation de Malorie avec Tom ou avec ses enfants je n’ai jamais rien ressenti. Pire j’ai même trouvé qu’elle donnait plus l’impression de considérer ses gosses comme de simples objets. La conclusion se révèle assez agréable, malgré quelques facilités, mais laisse de nombreux points en suspens pour, pourquoi pas, y revenir dans un autre récit. La plume de l’auteur se révèle simple, fluide et entrainante malgré sa difficulté à offrir de l’émotion. En tout cas si l’auteur écrit une suite je serai curieux de la lire pour voir vers quoi il va aller.
Ma Note : 6,5/10