Résumé : C’est le printemps en Styrie. Et avec le printemps, vient la guerre.
La guerre est un enfer, mais c’est aussi un gagne-pain pour certains, comme Monza Murcatto, la plus célèbre et redoutée des mercenaires au service du grand-duc Orso. Ses victoires l’ont rendue très populaire… trop, même, au goût de ses employeurs. Trahie, jetée du haut d’une montagne et laissée pour morte, Monza se voit offrir en guise de récompense un corps brisé et une insatiable soif de vengeance.
Quoi qu’il lui en coûte, sept hommes devront mourir.
Elle aura pour alliés un soûlard des moins fiables, le plus fourbe des empoisonneurs, un meurtrier obsédé par les nombres et un barbare décidé à se racheter une conscience.
C’est le printemps en Styrie. Et avec le printemps, vient la vengeance.
Edition : Bragelonne
Mon Avis : Joe Abercrombie fait partie de ces auteurs qui ont réussi à me captiver dès leur première trilogie, en effet l’auteur nous avait offert avec La Première Loi un cycle efficace, entrainant le tout rempli de cynisme, d’humour noir et porté par des personnages vraiment complexes et humains (Chronique du Tome 1, Tome 2, Tome 3). Pendant un moment je me suis longuement demandé si je n’allais pas lire les autres romans de l’auteur en VO tant aucune nouvelle ne paraissait, puis Bragelonne a annoncé la sortie de ce roman. En tout cas le livre en lui-même est magnifique, je trouve, avec sa couverture reliée, son illustration sublime et sa carte sur le dos de la couverture vraiment jolie, mais qui dit bel objet, dit un certain prix, 30€, pour acquérir ce livre, que je trouve peut être un peu cher. À noter qu’il s’agit d’un One-Shot qui se situe quelques années après La Première Loi et qui peut être lu indépendamment.
Concernant ce roman je dois bien avouer que j’ai passé un excellent moment de lecture, un livre vraiment nerveux et efficace, mais avant d’entrer plus en détail j’aimerai juste revenir sur un point qui m’a dérangé dans ma lecture et qui n’a rien à voir avec l’histoire. En effet j’ai eu quelques soucis avec la traduction, pas qu’elle soit mauvaise, elle manque juste de cohérence avec la première trilogie, principalement sur des expressions ou des noms de personnages qui changent (Frisson devant Shivers et Neuf Doigts devenant le Neuf Sanglant), ce qui perturbe quand même quelque peut la lecture. Au final on s’y fait mais bon c’est toujours un peu dérangeant au début.
Pour entrer dans ce livre il faut imaginer l’histoire de Kill Bill dans un univers de fantasy vraiment sombre et cynique. Vous commencerez seulement alors à imaginer ce que va nous proposer l’auteur. Il est parti d’une histoire de vengeance, certes classique je ne vais pas le nier, mais construit une intrigue vraiment solide, beaucoup plus complexe qu’on pourrait l’imaginer et qui va rapidement se révéler passionnante. Le lecteur se retrouve happé dès le prologue qui se révèle percutant, sanglant et sans temps morts, un prologue qui annonce clairement la couleur et donc la tension et le rythme ne vont jamais vraiment baisser au fur et à mesure de la lecture. L’auteur sait vraiment jouer avec le lecteur, sachant relancer son intérêt régulièrement en amenant toujours aux bons moments les trahisons, rebondissements et surprises ce qui fait qu’on ne ressent jamais de coup de mou ou autre, même si cela n’empêche pas certaines révélations de posséder quelques grosses ficelles, mais rien de dérangeant tant on se retrouve emporté par ce récit nerveux et efficace.
Mais la grande force de l’auteur est vraiment de vouloir s’amuser avec les codes de la fantasy, de les réutiliser pour les pervertir, le tout avec une pointe de cynisme et d’ironie qui risque d’en surprendre plus d’un. En effet l’auteur nous offrant un véritable roman de Dark Fantasy, certains lecteurs ne devraient pas accrocher, donc si vous cherchez un roman avec une certaine noblesse, une bataille ayant un but et une logique ou autre passez votre chemin, car ici il n’y a aucune logique, la mort ne tombe pas toujours sur la personne qui le mérite le plus et n’a souvent rien d’honorable, un roman où il n’y a pas de véritables gagnants ou perdants et où chacun cherche plus à assouvir ses envies; une histoire qui tord facilement le coup aux « clichés ».
Concernant l’univers il se révèle solide et, pour ceux qui ont déjà lu la première trilogie, on retrouve avec plaisir ce monde. On part ici à la découverte de la Styrie qui avait déjà joué un certain rôle dans la Première Loi, une région qui possède son charme, surtout dans la guerre. Alors, bien sûr le fait de passer d’une vengeance à l’autre on se sent parfois un peu frustré par le fait de changer de région, d’endroit ce qui permet, certes, de découvrir pleinement ce pays, mais aussi de passer peu de temps dans chaque endroit. Rien de bien gênant. L’auteur continue en ligne de fond de développer ce conflit entre la banque et le prophète qui se révèle toujours intéressant et continue titiller l’esprit du lecteur qui aimerait vraiment en savoir plus. L’aspect politique se révèle aussi fascinant possédant son lot de manipulations et surtout se révèle plein d’humour noir entre lâches et conquérants. La magie se révèle aussi présente et ne manque pas d’intérêt. Un univers qui donne envie d’être découvert, mais que j’aurais aimé peut être un peu plus détaillé.
Concernant les personnages ils sont vraiment le point fort du roman, car l’auteur sait vraiment nous offrir des personnages vraiment intenses, complexes et soignés qui sont loin d’être bons ou mauvais, chaque personnage se révélant ambigu et feront tout pour aboutir à leurs envies et leurs besoins. Et pourtant on arrive à s’attacher et à se passionner pour chacun de ces personnages, ils se révèlent vraiment improbables et fascinants, nous montrant que la vie n’est faite que de choix. Le tout est porté par des dialogues vraiment maîtrisés, percutants et plein d’humour noir qui jouent énormément dans la construction des personnages qui nous sont montrés comme cyniques et désabusés, mais se révèlent plus profonds que cela. L’auteur nous offre clairement une palette de personnages tous plus hétéroclites les uns que les autres qu’on aimerait détester (et qu’on détesterait sûrement si on les rencontrait) mais qu’on adore découvrir dans un tel roman, mais que surtout l’auteur sait faire évoluer au fil des pages de façon passionnante et surprenante, ce qui fait qu’à la fin du roman le personnage est différent de ce qu’il est au début.
La plume de l’auteur est toujours aussi vive, cynique, percutante et sanglante et nous plonge ainsi dans une histoire, certes à la fin plus ou moins connue, mais qui se révèle vraiment passionnante, pleine de rebondissements pour aboutir à une conclusion vraiment efficace et qui devrait en surprendre plus d’un. Ce one-shot se révèle tendu du début à la fin et m’a fait vraiment passer un très bon moment de lecture malgré peut être parfois l’utilisation une ou deux fois d’un langage obscène de façon un peu trop inutile. Vivement le prochaine roman de l’auteur.
En résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous offre une histoire de vengeance, certes classique et à la fin qu’on devine, mais qui pourtant va se révéler vraiment passionnante, sans temps morts ni longueurs et parfaitement maîtrisée par l’auteur, nous offrant trahisons, rebondissements et des surprises jusqu’à la conclusion. L’univers se révèle solide même si le fait de changer régulièrement de lieux frustre un peu le lecteur, mais le tout est compensé par une politique efficace et captivante et par d’autres aspects vraiment intéressants. Les personnages sont vraiment soignés, complexes, complètement ambigus et pourtant on s’accroche et on s’intéresse à eux et à leurs histoires et leurs évolutions. Des personnages humains qui doivent faire des choix et qui sont portés pars des dialogues vraiment savoureux, percutants et remplis d’humour noir. La plume de l’auteur se révèle vive, efficace et pleine d’ironie. Voilà un roman de Dark Fantasy qui tord vraiment le cou aux codes de la fantasy et qui ne plaira sûrement pas à tout le monde, tant il n’y a aucun héroïsme ou autre, mais juste des hommes égoïstes qui cherchent à faire aboutir leurs ambitions personnelles, et pourtant moi j’ai adoré et trouvé cela rafraichissant.
Ma Note : 9/10