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Nous allons tous très bien, merci – Daryl Gregory

nous allons tous tres bien merciRésumé : Il y a d’abord Harrison, qui, adolescent, a échappé à une telle horreur qu’on en a fait un héros de romans. Et puis Stan, sauvé des griffes d’une abomination familiale l’ayant pour partie dévoré vif. Barbara, bien sûr, qui a croisé le chemin du plus infâme des tueurs en série et semble convaincue que ce dernier a gravé sur ses os les motifs d’un secret indicible. La jeune et belle Greta, aussi, qui a fui les mystères d’une révélation eschatologique et pense conserver sur son corps scarifié la clé desdits mystères. Et puis il y a Martin, Martin qui jamais n’enlève ses énormes lunettes noires… Tous participent à un groupe de parole animé par le Dr Jan Sayer. Tous feront face à l’abomination, affronteront le monstre qui sommeille en eux… et découvriront que le monstre en question n’est pas toujours celui qu’on croit…

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : J’ai découvert l’auteur initialement à travers une nouvelle, Dead Horse Point, publiée dans un Bifrost, qui m’avait captivé par sa justesse et son propos. Il y a un an je me suis donc laissé tenter par son premier roman publié en France, l’Education de Stony Mayhall, qui a confirmé tout le bien que je pensais des écrits de cet auteur, à travers un récit de zombies qui offrait une chronique sociale réussie et prenante (ma chronique ici). C’est donc sans surprise que, quand j’ai vu qu’un nouvel écrit de l’auteur était publié, il a très rapidement terminé dans ma PAL. A noter qu’on se situe plus ici, selon moi, dans la novella que dans un roman, l’ensemble faisant moins de 190 pages, augmenté d’une interview intéressante de l’auteur qu’il faut obligatoirement avoir lu en dernier sous peine de se faire spoiler. Concernant la couverture, illustrée par Aurélien Police, elle se révèle pour moi très sobre et terriblement efficace.

L’idée initiale de cette histoire se révèle vraiment intéressante et surprenante, prendre cinq personnages qui ont connu et survécu à de terribles tragédies, les mettre ensemble et lancer ainsi une thérapie de groupe. L’auteur décidé ainsi de construire son histoire de façon originale, on ne suit ainsi pas le héros vers la quête, mais plus des héros brisés qui cherche tout simplement à se reconstruire. Cela peut surprendre au début, se demandant ce que va bien pouvoir proposer l’auteur, mais très rapidement on se retrouve emporter par chacun des protagonistes qui se dévoile, principalement aussi quand l’aspect fantastique commence à prendre de l’ampleur et de l’étrangeté au fil des pages. Plus on avance plus on se rend compte de la tension qui s’installe captive, cette lente montée de stress et d’angoisse liée au fait qu’on découvre rapidement que chacun d’entre eux ont vu des monstres que la majorité de la population ne voit pas et ont connu des traumatismes. On se retrouve alors pris dans cette histoire qui oscille de façon terriblement efficace entre horreur, humour décalé et cynique, souffrance psychologique, ouverture et acceptation de soi ou les personnages vont devoir lutter à nouveau contre un mal qui les dépasse.

On est ici loin de la profondeur recherchée dans Stony Mayhall, l’auteur cherchant plus à mettre en avant le côté page-turner et terriblement efficace de son récit et que le format court lui permet, condensant ainsi l’ensemble pour le rendre plus nerveux, percutant et entrainant, mais cela n’empêche pas ce récit de se révéler plus que divertissant. On se rend aussi compte que, d’une certaine façon, ce récit est un peu une sorte d’hommage aux films et à la littérature d’horreurs, décidant ainsi d’écrire une suite en suivant le héros face aux traumatismes qu’il a vécu. Surtout il évite de tomber dans la surenchère, proposant plus une horreur psychologique. La première moitié se révèle ainsi véritablement prenante, chaque personnage se développant un peu plus, dévoilant un passé loin d’être joyeux qui ajoute un aspect légèrement dérangeant à l’ensemble, ce qui colle parfaitement avec le sentiment de frisson que cherche à faire passer l’auteur, qui pose ainsi les prémisses de protagonistes attachants, complexes et fascinants à découvrir. Chaque héros dévoile ainsi des failles, des questionnements, de forces.  Sauf que voilà, par la suite j’ai eu l’impression que le soufflé, sans non plus retomber complètement loin de là, avait du mal à continuer à gonfler. C’est bien simple, dès que la chasse aux monstres prend de l’ampleur, l’ensemble reste sympathique, mais ne remplit pas complètement les attentes que j’avais à la lecture des premières pages.

Car finalement ce qui m’a dérangé c’est qu’une fois son image de fond mise parfaitement en place, l’ensemble glisse lentement vers une histoire finalement beaucoup plus traditionnelle de chasse aux monstres. Certes l’auteur s’en sort plus qu’honorablement, jouant efficacement sur la tension et les rebondissements, mais fige un peu tout ce que je trouvais original dans ce récit tel que la thérapie ou encore la lente plongée dans les personnages, leurs traumatismes et leurs guérisons. Car oui, j’étais aussi un peu surpris que la profondeur qui se dévoile des personnages au fil des pages, s’arrête brusquement car il faut accélérer l’intrigue pour pouvoir un dénouement assez rapide, alors qu’il y avait encore, selon moi, beaucoup à dire. Alors après peut-être que je n’ai pas pris ce court roman comme l’aurait souhaité l’auteur en l’écrivant, mais voilà revenir à une « simple » histoire angoissante et d’action après un démarrage tellement original fait que je me suis senti légèrement frustré. Autre point qui peut aussi déranger certains, même si de mon côté j’ai trouvé cela plutôt accrocheur, c’est que, novella oblige, l’auteur reste assez limité en pages, pourtant il développe une intrigue secondaire, que je vous laisse découvrir avec Barbara et le Scrimshander, qui reste totalement ouverte une fois la dernière page tournée. Aucune réponse n’est fournie. Je sais que d’autres écrits existent dans cet univers et que l’auteur n’a pas fini de travailler dessus, donc a voir si on obtient plus de réponses dans d’autres livres, mais cela peut en déranger certains.

Après ne me faites pas non plus dire ce que je n’ai pas dit, Nous allons tous très bien, merci reste un livre que j’ai lu avec plaisir, court, inventif avec des aspects originaux, qui certes n’a pas complètement répondu à mes attentes, mais qui m’a tout de même offert un moment de lecture très agréable et sympathique avec une ambiance sombre et une petite dose de frisson. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi efficace, entrainante et fluide, plongeant ainsi rapidement le lecteur dans son histoire, offrant une narration surprenante, oscillant entre chaque personnage, tout en offrant une voix aux nous du groupe. Je lirai ans soucis d’autres écrits de l’auteur, dont un nouveau roman est déjà annoncé pour 2016, mais qui, par contre, ne devrait pas se situer dans l’univers développé ici.

En Résumé : J’ai passé un agréable moment de lecture avec ce court roman qui, certes, n’a pas complètement répondu à mes attentes, mais qui ne manque pas de se révéler entrainante, percutante et efficace. L’ambiance fantastique qui se développe lentement, se révèle vraiment intéressant, ajoutant une touche d’étrangeté et de mystère à l’ensemble qui colle parfaitement à ce récit qui oscille entre humour, frisson et action. Je trouve juste dommage que tout l’aspect original de l’ensemble, lié à cette thérapie et aux développement de ses personnages brisés en tant que héros, se retrouve figé à la moitié du récit une fois que la chasse aux monstres prend de l’ampleur. Surtout que les personnages ont un énorme potentiel et pouvoir en développer six n’est pas toujours facile. Cela n’empêche pas cette seconde partie de se révéler solide, pleine d’adrénaline et de rebondissements et qui fait qu’on tourne tout de même les pages avec plaisir. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi fluide, entrainante et s’amuse avec la narration offrant une voix à chaque personnages mais aussi au « nous ». Je lirai avec plaisir d’autres écrits de l’auteur en tout cas.

 

Ma Note : 7/10

 

Autres avis : Just A word, …

Breizh of the Dead – Julien Morgan

breizh of the deadRésumé : Quand Florent rentre en Bretagne pour présenter son petit ami Stéphane à sa famille, il n’aurait pas imaginé que le comité d’accueil serait composé… de morts-vivants ! Un train convoyant des produits toxiques déraille et c’est toute l’Armorique qui défouraille.
Plongés au cœur du chaos, jetés sur les routes aux côtés de quelques survivants, Florent et Stéphane devront faire bien plus que leur coming out s’ils veulent survivre à l’apocalypse zombie. Pourtant, dans ce monde détruit, l’ennemi n’est pas toujours celui que l’on croit.

Edition : Critic

 

Mon Avis : Les éditions CRITIC, pour leurs 5 ans, ont lancé une opération spéciale qui voyait offrir au lecteur ce Breizh of the Dead pour l’achat de deux romans de la maison d’édition. Vu que j’achète régulièrement leurs livres, qu’un roman de zombies ne se refuse jamais vraiment et que la couverture, illustrée par par Xavier Colette, se révélant clairement réussie et alléchante selon moi, c’est donc sans surprises que ce livre a rapidement rejoint ma PAL.

Mais alors au niveau de l’histoire, ça donne quoi pour un livre offert? Bah franchement, ça se lit bien, se révélant sans temps morts, avec de nombreux rebondissements et de nombreuses surprises qui font qu’on ne s’ennuie jamais durant la lecture de ce court roman qui ne se prend pas la tête et ne se soucie pas du superflu. Après il faut être clair on a entre les mains un roman de Zombies très classique, récupérant tous les « clichés » du genre avec l’invasion de zombies, le supermarché, le défouraillage en règle de morts-vivants et une légère pointe cynique sur l’humanité et sa capacité du meilleur comme du pire, où la loi du plus fort montre à quel point le vernis de la civilisation peut vite s’effondrer. Rien de bien neuf sous le soleil, mais cela n’empêche pas à l’auteur de nous offrir quelque chose de solide, de fluide, qui se lit assez facilement et pourra ravir les adptes du genre. Entre action, humour et explosion le rythme du récit se révèle ainsi enlevé, tendu. Alors après, c’est sûr que si vous n’êtes pas fan de ce genre de récit classique, qu’on va appeler « pop-corn », et qui n’est là que pour divertir alors il vaut mieux passer votre chemin, par contre si vous souhaitez découvrir les zombies ce court roman peut servir de poser une base.

L’idée de placer son roman en Bretagne, outre le fait de s’offrir un joli jeu de mot sur le titre du récit, permet aussi d’offrir un dépaysement sympathique, on sent que l’auteur connait bien la région, ce qui m’a aussi permis, ayant vécu quelques années là-bas, de m’y replonger en y reconnaissant ici ou là quelques lieux. La région offre aussi un décor de fond efficace pour ce petit roman post-apocalyptique, principalement dans certaines scènes très explosives que je vous laisse découvrir. Concernant l’aspect zombie, rien de très novateur sous le soleil, mais cela n’empêche pas à l’ensemble de se révéler solide et efficace pour tout ceux qui les apprécient. Je regretterai juste une propension de l’auteur à trop se laisser plonger dans l’envie de tout détailler, d’être ainsi un peu trop pointilleux, je pense principalement quand il se lance dans les descriptions d’armes rencontrées ou encore sur certaines connaissances physico-chimiques des personnages. Cela donne un peu l’impression d’un effet catalogue, voir professoral, qui, je trouve par moment, me laissait perplexe, même si rien de non plus trop bloquant au niveau de la lecture.

Concernant les personnages l’auteur décide de s’offrir une légère variation, nous proposant un couple gay, ce qui apporte un changement assez intéressant sur certains aspects du récit, même si d’un point de vue moteur scénaristique de leur relation on tombe un peu dans les mêmes rebondissements qu’une romance classique. En tout cas je dois bien avouer que notre couple de héros se révèle vif, entrainant et fait que je me suis facilement laissé emporter par leurs aventures et leurs péripéties. Concernant les personnages qui gravitent autour d’eux, ils remplissent finalement parfaitement leurs rôles de protagonistes secondaires, permettant ainsi de faire avancer l’intrigue à travers coup de pouce et révélations, même si parfois ils en font un peu trop, mais je dois bien avouer qu’ils m’ont tout de même paru manquer de profondeur ; c’est dommage car certains possédaient un véritable potentiel.

 La plume de l’auteur se révèle simple, fluide, entrainante, vive et surtout offre des descriptions qui se révèlent très visuelles, limites cinématographiques, ce qui finalement colle parfaitement au récit. Je regretterai par contre deux choses, la première une évolution de l’intrigue un peu linéaire dans sa construction, un peu plus de travail sur les personnages aurait, je pense, permis de contraster ce point, et un léger manque d’émotion que j’ai ressenti face à certains coups de théâtres, voir sacrifices qui sont traités un peu trop rapidement et qui ont ainsi du mal à toucher. Ainsi donc ce Breizh of the Dead remplit son office de façon sympathique, offrant une lecture agréable, certes rien de révolutionnaire ou de marquant, mais un divertissement solide qu’on peut caser entre deux lectures plus denses histoire de se vider un peu la tête.

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce roman de zombies qui certes ne révolutionnera pas le genre, nous offrant une histoire très classique, mais qui se révèle assez solide, sans temps morts et entrainante pour se révéler divertissante. Le fait d’utiliser en toile de fond les paysages bretons colle finalement parfaitement bien et offre aussi certains passages explosifs que je vous laisse découvrir. Concernant les personnages, notre couple de héros ne manque pas d’être percutant, vif ce qui permet de happer rapidement le lecteur. Concernant les personnages secondaires ils remplissent parfaitement leurs rôles au niveau de l’intrigue, mais m’ont paru manquer de profondeur alors que certains possédaient du potentiel. La plume de l’auteur se révèle simple, entrainante, offrant des descriptions très visuelles qui colle parfaitement à l’histoire. Je regretterai par contre une certaine linéarité dans la façon dont avance l’intrigue, et un certain manque d’émotion devant certains retournements de situations. Au final cette lecture devrait plaire au fan du genre, offrant une parenthèse sans prise de tête, pour les autres à vous de vous faire un avis.

 

Ma Note : 6,5/10

 

Autres avis : Cornwall, Lune, Lorhkan, Doris, Noire Planete, Elessar, Chiwi

zombies challenge

Lignes de Vie – Graham Joyce

lignes de vieRésumé : Coventry, durant la Seconde Guerre mondiale.
Une famille de sept soeurs aux vies fondées sur l’amour, la tradition, l’angoisse et l’espoir. Des vies simples et émouvantes auxquelles se mêlent presque imperceptiblement l’étrange et le merveilleux, l’ordinaire et l’extraordinaire. Cassie, la plus jeune des soeurs, a eu un petit garçon de père inconnu et n’a pas eu le courage de le céder à des parents adoptifs.
Il est alors décidé que le petit Frank sera élevé par chacune des soeurs, à tour de rôle. Ainsi l’enfant sera-t-il le témoin privilégié de ces vies aux lignes si différentes, dans les drames et les illusions de l’après-guerre.
Mais Frank est un enfant particulier, doué d’intuitions étonnantes ; comme sa jeune mère, sensible à des signes invisibles ; comme sa grand-mère, parfois visitée par des apparitions lui annonçant l’avenir…
Et au centre de leur histoire, il y a eu la nuit du bombardement de Coventry par la Luftwaffe. Cassie s’est trouvée au coeur de cette nuit d’horreur hallucinée et y a laissé son secret le plus précieux…

Edition : Bragelonne

 

Mon Avis : Graham Joyce fait partie des auteurs dont j’ai découvert quelques-uns de ses textes il y a quelques années, que ce soit sous son nom où sous pseudonyme, et dont le fantastique m’a rapidement accroché. Pourtant, malgré quelques livres de l’auteur dans ma PAL, cela faisait un bon moment que je n’en avait pas lu. J’ai donc décidé de remédier à cela en sortant ce Lignes de Vie qui me tentait depuis un petit moment déjà, que ce soit par son résumé accrocheur et par sa couverture sobre et pourtant efficace.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en me lançant dans ce récit, qui s’annonçait entre récit familial, historique et fantastique et je dois bien avouer, qu’une fois la dernière page tournée, que je n’ai pas du tout été déçu du voyage. On se retrouve ainsi plonger dans une chronique familiale qui va voir la vie de sept soeurs et leur mère bousculée suite à la décision de Cassie, la plus jeune des sœurs, de ne pas abandonner son enfant et de l’élever. Elles vont alors devoir se serrer les coudes, dans une Angleterre en pleine reconstruction au lendemain de la seconde guerre mondiale, surtout que Cassie a parfois des « absences ». C’est ainsi que Franck va grandir, jouant d’une certaine façon le rôle de catalyseur et d’observateur.

J’ai pourtant eu un peu peur au début, j’avais du mal à comprendre où voulait en venir l’auteur et l’impression de me lancer plus dans des petites histoires pas toujours en rapport, mais voilà plus j’avançais dans ce récit, plus je me suis retrouvé happé par chacune des histoires des membres de cette famille. On découvre ainsi un foyer véritablement attachant, avec ses forces et ses faiblesses, dont chaque héroïne se révèle charismatique et possède ses propres pensées, ses propres convictions, ses propres sentiments. Cette fresque familiale, sur près de dix ans, va ainsi dévoiler de puissants liens entre chaque membre, qui oscille entre hauts et bas, mais qui ne baisse jamais les bras et qui ont réussi à me toucher. L’auteur propose une histoire que je considère « vraie », ne cherchant ni la surenchère, ni le trop plein d’émotion, simplement à nous montrer des personnages et une vie assez banale, ce qui n’empêche pas chaque personnage, d’une certaine façon, à se révéler remarquable au quotidien.

Mais le récit ne s’arrête pas simplement à nous présenter une famille fascinante qui fait face, elle développe aussi une image de fond passionnante, celle de l’après guerre à Coventry fortement touché par les bombardements, en pleine reconstruction, qui doit effacer ses blessures, en pleine euphorie, mais avec ses nombreux sujets de discorde, mélange de tradition et de modernisme. On découvre ainsi au fil des pages l’évolution que va connaitre le pays, les populations mais aussi les mœurs avec tous les bouleversements et les réflexions que cela engendre que ce soit aussi bien sur la position de la femme, la maladie principalement psychologique et la médecine, la capacité d’un peuple meurtri à se relever et survivre, ou bien encore sur la politique et tout ce qu’elle peut changer sans s’en rendre compte. Mais surtout ce qui m’a paru ressortir de cette époque c’est un sentiment positif, cette famille soudée, qui fait bloc au moindre soucis, qui arrive toujours à avancer, à se retrouver et, si besoin, se relever ensemble. On aurait pu les penser démoralisés, effondrés et pourtant il se dégage de tous ses personnages un optimisme qu’il transmet au lecteur, l’idée de lendemains meilleurs qu’ils construisent au fil des jours avec magie et patience. Le tout est aussi teinté de nostalgie, une époque révolue ou regarder devant soi se révélait plus bénéfique qu’effrayant.

L’aspect fantastique risque d’en surprendre voir d’en déplaire plus d’un, car finalement il se révèle très discret et surtout l’auteur joue, de façon que j’ai trouvé intéressante, sur sa réalité, son existence. En effet il oscille tout le long du roman entre fantômes, folies, rêves, mythes et imaginations sans jamais fournir de réponses claires et précises. Pourtant je trouve que cela apporte un plus au roman, lui offrant une ambiance doucement étrange qui se dégage de plus en plus au fil de la lecture, où chacun se fera son propre avis sur ces apparitions, surtout qu’elles en deviennent parfois un élément important, principalement avec trois personnages Cassie, Franck et Martha, mais où chacun va les accepter même s’ils ne les comprennent pas. Le décor utilisé par l’auteur, qui est Coventry après, voir même pendant, le Blitz, se révèle à la fois magnifique et dramatique, que ce soit dans la perte comme dans la reconstruction, et offre un cadre adéquat et réussi à l’intrigue, le tout porté par des descriptions simples et prenantes.

Mais voilà le gros point fort vient clairement de la famille Vine qu’on va découvrir au fil des pages, ces sept femmes aux caractères bien trempés, charismatiques, toutes à la personnalité différente les unes des autres, elles permettent ainsi d’offrir un panel assez large qui fait qu’on se retrouve assez facilement, au moins en partie, dans chacune d’entre elle. Même celles qui, aux premiers abords peuvent paraitre austère, se révèlent finalement plus denses et plus soignées que prévu. On découvre ainsi une famille à l’histoire complexe, forte, qui ne se laisse pas abattre, qui se dévoile lentement, et dont on s’attache de plus en plus au fil de la lecture. La caractérisation de chacun d’entre eux s’avère réussie et passionnante, et vu que Franck, l’enfant de Cassie, se trouve, balloter au fil des péripéties chez chacune d’entre elle, on découvre ainsi à chaque rencontre une tranche de vie qu’on savoure avec plaisir et offrant surtout une grande variation de liens, de relations et d’expériences que ce soit aussi bien familiale que d’une vision plus large, comme la vie dans la communauté scientifique ou encore le milieu spiritualiste. Le récit tisse ainsi une famille « banale » et pourtant passionnante.

J’ai par contre été un peu surpris par la plume de l’auteur, qui tend plus vers un style que j’ai trouvé « oral », « parlé », là où j’attendais peut-être quelque chose de plus dense, mais j’ai très vite changé d’avis tant cette façon de conter l’histoire colle finalement parfaitement bien au récit et à la famille rencontrée ; à la fois simple, magique et entrainant. Au final je n’ai pas été déçu de ma lecture qui, malgré un démarrage peut-être légèrement poussif, a réussi à me captiver, offrant une fresque familiale poignante et touchante le tout mâtiné de fantastique discret. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur dont, justement, certains m’attendent dans ma PAL.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre qui nous offre une histoire à la fois chronique familial, historique et le tout teinté de fantastique qui, malgré un début un peu poussif, va se révéler terriblement efficace, touchante, emprunte de magie et de réflexion. La famille Vine, composée de six sœurs et leur mère, offre un panel de personnage hétéroclite, charismatique et dont on s’attache très rapidement et dont on savoure avec rand plaisir chaque tranche de vie qu’on découvre au fil des pages. La ville de Conventry et l’époque d’après guerre offre une image de fond vraiment fascinante à découvrir, entre nostalgie, évolution et modernité, on découvre un pays et surtout une ville qui cherche à avancer. L’aspect fantastique devrait en surprendre plus d’un, se révélant très léger et surtout au bon soin du lecteur de décider s’il est imaginaire ou réel ce qui je trouve apporte un plus, même si cela pourrait bloquer certains lecteurs. La plume de l’auteur m’a d’abord surpris, offrant un style parlé, mais au fil des pages m’a conquis se révélant entrainant et limite conte magique au coin du feu.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Lorhkan, Lelf, Vert, Lune, Ptitetrolle, Lhisbei, joyeux-drille, Cafe-Powell, …

Ganesha, Mémoires de l’Homme-Elephant – Xavier Mauméjean

ganeshaRésumé : Londres, fin du XIXe siècle.
Qui est réellement Joseph Merrick, celui qu’on surnomme « l’Homme-Éléphant » ? Homme ou bête ? Monstre de foire ou curiosité scientifique ? Une simple anomalie de la nature ou… un dieu ?
Lorsqu’il rédige ses Mémoires, il n’a pas trente ans et réside depuis peu à l’hôpital de Whitechapel sous la protection du médecin Frederick Treves. Un refuge qui lui permet d’observer splendeurs et misères de la capitale, et d’enquêter : quatre affaires, autant de saisons dans une année. De leur résolution dépendra peut-être plus que son destin, car « le monde s’efface dans les rêves de l’éléphant… »

Edition : Mnemos
Poche : Helios

 

Mon Avis : Cela fait un moment que j’avais envie de découvrir un roman de Xavier Mauméjean. J’ai bien lu plusieurs de ses nouvelles ainsi qu’un roman écrit à quatre mains, mais je ne m’étais encore jamais laissé tenter par un roman de l’auteur lui-même. C’est donc maintenant chose faite, puisque j’ai fait sortir ce Ganesha, premier roman de l’auteur publié en 2000 et à l’illustration de couverture intrigante, de ma PAL. Il faut dire que le résumé avait de quoi m’intriguer, prenant comme héros central Joseph Merrick, l’Homme-Éléphant, qui m’avait marqué il y a des années avec le film de Lynch.

C’est ainsi que le lecteur se retrouve plongé dans le journal de notre héros, vivant à l’hôpital Whitechapel, se croyant être l’avatar du dieu Ganesha dans ce monde. Il va alors se retrouver ainsi impliqué dans quatre enquêtes qu’il va tenter de résoudre. Le récit est ainsi séparé en quatre parties, chacune associée à une investigation, mais dont l’ensemble est lié au personnage principal de Joseph Merrick. Alors autant être clair d’entrée, certes les scénettes sont construites comme des récits policiers, mais c’est loin d’en être le propos premier, ni même le travail principal de l’auteur. Je pense même que ceux qui se lanceraient dans ce récit en n’y cherchant qu’un thriller pourrait être déçu tant les trois premières intrigues reposent un peu trop sur certaines révélations mystiques et parfois sont facilement devinables. La quatrième, par contre, change de registre, nous plongeant dans un jeu de piste du chat et de la souris intense et tendu, bien porté par un aspect percutant, violent et sombre. Ce qui porte le récit vient donc principalement de ce qui est construit autour, que ce soit à travers le personnage ou encore l’ambiance, qui m’ont captivé.

En effet Xavier Mauméjean propose au final, selon moi, un texte vraiment dense et riche d’un point de vue psychologique, philosophique, mystique et sociétal ce qui offre ainsi une ambiance des plus prenante, fascinante et efficace. J’ai rapidement été happé par cette plongée dans la vie du héros qui se retrouve à soulever de nombreuses questions que ce soit sur la quête d’identité, la folie ou encore le jeu entre la réalité et l’imaginaire qui s’insinue de façon insidieuse, sans jamais s’imposer tant la question de son existence reste ouverte. C’est d’ailleurs aussi là-dessus que le récit joue, laissant le lecteur se faire sa propre idée, décider de la divinité ou de l’humanité de notre héros, de sa capacité à être cet être mystique vénéré par certains ou un simple homme défiguré et consumé par une folie. C’est vraiment dans cette « intimité » qui se crée avec le lecteur, dans ce doute permanent, dans ce questionnement et dans cette ambiance que le récit gagne son intérêt et fait qu’on tourne les pages avec envie d’en apprendre plus, de découvrir plus encore cet Homme-Éléphant et sa vision du monde et de sa vie.

Le travail effectué sur la ville et tout ce qui gravite autour se révèle aussi terriblement réussi, jouant beaucoup sur l’atmosphère du récit. Ce Londres victorien se révèle ainsi fascinant, devenant limite un personnage à part entière, entre misère et richesse, entre monstruosité et lumière, entre foire et théâtre, la ville se révèle complexe et se dévoile lentement au fil du récit. C’est aussi une cité en plein changement, en plein bouleversement, une évolution vers une société beaucoup plus prosaïque, beaucoup plus accès sur le côté scientifique, moderne et réel que sur l’imaginaire. Cela se ressent dans la vision que propose le héros, entre magie et industrie. D’ailleurs le parallèle entre le voyage de notre héros à la campagne et sa vie à la ville en est ainsi la parfaite illustration. Une réflexion intéressante sur le passage vers un monde où les rêves et la magie disparaissent, où Merrick est probablement le dernier représentant de cette culture mystique présent sur terre et dont sa fin amène l’apogée de l’ère industrielle, où l’humanité est peut-être en train de se perdre, tout en offrant quelques petites réflexions sur notre vision du monde d’aujourd’hui. On notera aussi un travail intéressant sur les contes et certaines mythologies qui viennent apporter un plus à l’ensemble.

Concernant les personnages on est rapidement fasciné par la vie du héros, Joseph Merrick, à la fois monstre repoussant et être adulé, il oscille dans un monde qu’il comprend trop facilement et qu’il dépasse. Il y a d’ailleurs, à travers les enquêtes policières, une certaine ressemblance avec un autre enquêteur bien connu selon moi :Sherlock Holmes. Tous les deux se révèlent être des sortes de génie, mais tout aussi torturé, même s’il y a quand même de nombreuses différences entre eux, comme le fait que Merrick gère ses enquêtes de façon très statiques, divines, ce sont ses « associés » qui effectuent la grande partie du travail, tandis que Holmes est plutôt du genre hyperactif, qui se lie difficilement. En tout cas au final on a là un personnage qui se révèle passionnant, attachant et fascinant dans son côté humain comme dans son impression de divinité, tout en offrant des réflexions sur sa difformité et la façon dont elle est traitée. Après le soucis, comme souvent dans les récit à la première personne et très typé journal, vient que les personnages secondaires manquent parfois de consistances, ce qui est légèrement dommage tant certains donnent envie d’en apprendre plus.

La plume de l’auteur se révèle fluide, soignée, travaillée, efficace et nous emporte assez facilement pour peu qu’on s’intéresse à cette représentation de l’Homme-Éléphant. On sent bien qu’il a fortement travaillé son récit et s’est surtout fortement documenté pour retranscrire au mieux son héros et son image de fond qu’est cette Angleterre Victorienne. Je regretterai par contre certains passages que j’ai trouvé par moments, confus, voir une construction du récit parfois anarchique qui me perdait légèrement, mais franchement rien de non plus très bloquant. En tout cas Ganesha fût un très bon moment de lecture avec un récit très dense qui, je trouve, est loin d’avoir dévoilé toutes ses pistes à la première lecture. En tout cas je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur dont justement certains m’attendent dans ma PAL.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui nous plonge à la découverte de Joseph Merrick, l’Homme-Éléphant, à travers quatre enquêtes. Mais c’est surtout la construction au-delà des investigations, qui sont résolus finalement asez facilement, qui font qu’on se retrouve happé par le récit, que ce soit aussi bien dans « l’intimité » lié aux personnages comme dans les nombreux aspects philosophiques, psychologique ou encore sociétal offrant ainsi de nombreuses possibilités de lectures. On oscille tout du long entre de nombreuses hypothèses, mais aussi entre réalité et mysticisme, entre magie et science, qui offre ainsi une ambiance prenante. La ville de Londres joue aussi un rôle capital, une cité en pleine mutation, qui fonce à grands pas vers l’ère industrielle et tout ce que cela peut occasionner comme mutation ; elle en devient ainsi limite un personnage à part entière du récit. L’aspect conte et mythologique se révèle aussi soigné et efficace. Concernant les personnages, le héros Merrick, se révèle soigné, solide, travaillé et attachant, mais comme souvent dans des récits à la première personne éclipse les personnages secondaires, ce qui est dommage tant certains donnent envie d’en apprendre plus. Je regretterai par contre une légère confusion au niveau de certains passages qui me perdaient, mais franchement rien de non plus très bloquant. La plume de l’auteur se révèle soignée, efficace et colle parfaitement à l’ambiance du récit. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur, dont certains justement m’attendent déjà dans ma PAL.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Boudicca, Nelfe, Julien le Naufragé, Efelle, …

The Rook, Au Service Surnaturel de sa Majesté – Daniel O’Malley

the rook, au service surnaturel de sa majesteRésumé : Victime d’une agression, Myfanwy Thomas reprend conscience dans un parc de Londres. Autour d’elle, des hommes en costume portant des gants de latex. Tous sont morts. Situation peu réjouissante, certes, mais il y a pire : Myfanwy ne se souvient plus de rien. Le plus surprenant, c’est qu’elle semble avoir prévu cette amnésie. Elle a sur elle une lettre écrite de sa main lui expliquant qui elle est et ce qu’elle doit faire pour découvrir qui veut l’éliminer.
C’est ainsi que Myfawny rejoint le siège de l’Échiquier, une organisation secrète chargée de combattre les forces surnaturelles qui menacent la Couronne. Au sein de cette version paranormale du MI5 anglais où elle occupe un poste élevé, entourée de surdoués aux pouvoirs plus que spéciaux, la jeune femme va rapidement se retrouver seule, cherchant son chemin dans un univers d’ombres et de menaces.
À présent, il va lui falloir lever le voile sur une conspiration aux proportions inimaginables.

Edition : Super 8
Poche : Pocket

 

Mon Avis : J’ai fais rentré ce livre dans ma PAL il y a plusieurs mois déjà pour cette simple accroche au dos de la couverture qui annonçait un mélange entre X-Files et l’univers de JJ Abrams. Vous allez me dire que je suis faible, oui, sûrement, mais bon le résumé ne manquait pas non plus d’attrait et les quelques chroniques que j’avais vu passé se révélant plus que positives, j’avais envie de le découvrir. Mais comme tout bon livre qui vient rejoindre une pile à lire gigantesque, il a commencé à jouer à cache-cache avec moi au point qu’il a fallu que je remarque sa sortie en poche pour que je sorte mon chapeau et mon fouet pour l’extirper de ce monstre qui est ma PAL. Concernant l’aspect graphique de la couverture, je la trouve sympathique et qui colle plutôt bien à l’intrigue.

Une chose est sûre avec ce roman, c’est qu’on plonge directement dans l’action puisque qu’on se retrouve à suivre l’héroïne, Myfanwy Thomas, qui se réveille au milieu d’un parc entouré de cadavre, ayant perdu la mémoire et possédant, comme fil conducteur, des lettres laissées là par son ancienne personnalité. Elle va alors découvrir qu’elle n’est pas une Anglaise comme les autres, qu’elle possède des pouvoirs surnaturels et qu’elle travaille pour une organisation gouvernementale secrète. Elle n’est pas au bout de ses surprises. Une fois la dernière page tournée je dois bien avouer que l’histoire se révèle très efficace, certes classique sur le fond avec l’amnésie et l’ennemi qui cherche à éliminer l’héroïne, mais dont l’auteur arrive à clairement donner vie et ainsi faire que le lecteur tourne les pages avec plaisir et envie d’en apprendre plus. Cela s’avère efficace, plein d’adrénaline, porté par un rythme tendu et entrainant, et surtout l’auteur y ajoute une bonne dose d’humour et d’ironie qui apportent un véritable plus à l’ensemble, offrant  ainsi un peu de légèreté. L’intrigue, très Fantasy urbaine, s’amuse au chat et à la souris avec nous, amenant ainsi de nombreux rebondissements et de nombreuses surprises, sans jamais non plus trop tomber dans l’extrême, ce que je craignais à un moment avec l’arrivée des greffeurs, mais que l’auteur arrive à éviter habilement.

L’univers qui nous est présenté à travers ce récit se révèle solide, soigné, et réussi, mais surtout très visuel, limite cinématographique. Ce n’est pas la première fois qu’est utilisé le thème de la société secrète surnaturelle luttant contre les invasions mystérieuses, mais voilà là où l’ensemble gagne en intérêt c’est finalement dans la façon dont elle est présentée et représentée, à la fois pleine de tension et de surprises, tout en y a joutant une bonne couche d’humour anglais, qui fait qu’on se révèle finalement captivé et happé. L’auteur prend le parti de rester sérieux tout en ne se prenant pas la tête et ça marche. Concernant le côté surnaturel il possède une imagination débordante, ce qui offre de nombreux aspects intéressants, que ce soit dans les pouvoirs comme dans les « manifestations », et permet de nombreuses bizarreries qui s’intègrent parfaitement dans l’histoire. Concernant les jeux de pouvoir, l’ensemble possède clairement une bonne base anglaise, ainsi que son flegme, ce qui permet d’offrir un ensemble plus que solide, de plus l’idée de la guerre entre deux pays, que je vous laisse découvrir, se révèle délirante et pourtant intéressante. J’avoue que j’attendais peut-être par contre un peu plus de la ville de Londre, qu’on retrouve souvent en urban Fantasy, mais ici elle se révèle finalement très limitée. Ce n’est en rien gênant, loin de là, et ça permet à l’auteur de se consacrer pleinement aux nombreux fils d’intrigues du récit.

Concernant les personnages, il faut bien avouer que tout dépend de l’accroche que chacun va avoir avec l’héroïne, mais j’avoue m’être assez facilement attaché à elle, se révélant être charismatique, pleine d’entrain, d’humour, de répartie, mais surtout l’auteur a décidé d’en faire une héroïne lambda, certes avec du pouvoir, mais tout en évitant de la rendre trop parfaite. Elle est aussi ouvertement critique, râleuse et effrayée, avec cette capacité exceptionnelle de passer de la chef de guerre sans pitié à la jeune fille perdue, ce qui la rend encore plus accrocheuse selon moi. Mais surtout on découvre deux Myfanwy, celle des lettres qui était beaucoup plus gratte-papier qui vit dans son coin en ne s’intéressant qu’à ses bilans et évitant tout contact avec le terrain, et la nouvelle Myfanwy qui, un peu par la force des choses, va devoir prendre son destin en main, parfois de façon violente, et se battre pour avancer. Je regrette par contre que l’aspect amnésie soit traité avec si peu de contrecoup envers l’héroïne, même si c’est vrai les évènements font que tout va vite pour elle. Concernant les personnages secondaires, ils subissent un peu la conséquence d’avoir une héroïne « imposante », ils ont un peu de mal à se développer. Alors certes ils apportent une touche d’humour et de folie, permettant de faire aussi avancer de façon intéressante l’intrigue, mais m’ont paru manquer un peu de profondeur, même si quelques-uns arrivent à s’en sortir honorablement.

Alors après tout n’est pas non plus parfait, la narration fait qu’on alterne entre les éléments présents et les lettres de l’ancienne Myfanwy pour expliquer sa vie à la nouvelle, mais voilà l’ensemble possède quand même quelques longueurs, principalement dans les lettres à mon goût, voir même des dialogues qui prennent trop leur temps. Franchement le livre aurait pu avoir une bonne soixantaine de pages en moins que cela n’aurait dérangé en rien la lecture. Surtout que par effet inverse j’ai trouvé que la conclusion avait été traitée un chouïa trop rapidement à mon goût. Après ce ne sont que quelques petits défauts, qui n’élèvent en rien le côté entraînant et efficace de cette lecture.

La plume de l’auteur se révèle pleine d’humour, efficace et captivante, même si par moment j’ai trouvé que les dialogues se révélaient un peu trop familier, surtout dans une organisation aussi hiérarchisée que la Checquy. Au final pour un premier tome et un premier roman, j’ai passé un très bon moment de lecture avec cette histoire de Fantasy urbaine percutante et sans temps morts. Une suite est normalement en cours d’écriture et devrait être publiée, en VO, en 2016 et je la lirai avec plaisir, même si (pour ce qui que cela intéresse) ce premier tome peut suffisamment se suffire à lui-même.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre qui nous propose de découvrir une histoire de Fantasy Urbaine efficace, pleine de surprises et de rebondissements et avec une bonne dose d’humour. On se retrouve à tourner les pages facilement pour en apprendre plus. L’intrigue peut paraître classique, mais pourtant l’auteur s’en sort très bien, le tout à travers un rythme tendu. L’univers qui est construit au fil des pages se révèle très visuel et efficace, bien porté par l’imagination de l’auteur offrant quelques originalités dans les pouvoirs et quelques bizarreries qui s’intègrent parfaitement à son monde. Myfanwy, l’héroïne, s’avère rapidement attachante, nous présentant un personnage charismatique, plein d’entrain et d’humour, évitant de tomber dans la perfection, avec ses forces et ses faiblesses. J’ai juste eu un peu de mal sur la rapidité avec la quelle elle négocie son amnésie, mais rien de bien bloquant. Concernant les personnages secondaires, ils ne sont pas mauvais mais paraissent éclipsé par l’héroïne principale. Je regrette par contre quelques longueurs dans le récit, ainsi qu’une conclusion peut être un chouïa trop rapide, mais rien de bien bloquant. La plume de l’auteur se révèle simple, percutante, efficace et captivante, plongeant rapidement le lecteur. Une suite est annoncée pour 2016 et je la lirai avec grand plaisir.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Lune, Gruz, Phooka, Well-read-kid, Zina, …

Les Groseilles de Novembre (Chronique de quelques détraquements dans la contrée des Kratts) – Andrus Kivirähk

les groseilles de novembreRésumé : Nous voici immergés dans la vie quotidienne d’un village au Moyen-Âge où tout pourrait sembler normal et où, très vite, plus rien ne l’est. Les seigneurs sont dupés par leurs serfs, des démons maraudent, des vaches magiques paissent sur les rivages, les morts reviennent, le diable tient ses comptes, une sorcière prépare ses filtres dans la forêt et, partout, chaque jour, les jeux de l’amour et du désir tirent les ficelles de la vie.

Edition : Le Tripode

 

Mon Avis : Le premier roman d’Andrus Kivirähk publié en France (mais qui finalement était loin d’être son premier) m’avait offert un excellent moment de lecture à travers une histoire détonante, pleine d’humour et de cynisme et offrant de nombreuses réflexions intelligentes (ma chronique ici). C’est donc sans surprise que, quand je me suis rendu compte qu’un nouveau roman de l’auteur était sorti, je l’ai fait rapidement rentrer dans ma PAL. Il faut aussi avouer que la couverture, illustrée par Denis Dubois, se révèle de nouveau, selon moi, magnifique nous offrant une vision de plus pittoresque et légère du Kratt.

Qu’est-ce qu’un Kratt alors me direz-vous? C’est bien simple il s’agit d’un objet créé de bric et de broc et auquel les Estoniens fournissent une âme négociée avec le diable. Déjanté? oui et c’est le but. C’est donc à la découverte d’un village d’Estonie, sous domination Allemande, que nous fait découvrir l’auteur, à la rencontre de ses habitants tous plus barrés les uns que les autres. Car oui de nouveau la grande force du récit vient de l’humour, souvent noir et cynique, qui nous est proposé tout au long de l’histoire. On ne peut pas s’empêcher de sourire, voir de rire devant les innombrables aventures et péripéties que vont rencontrer les membres de ce village que ce soit à travers leurs trahisons, leurs mensonges et leurs mauvaises actions. C’est loufoque, c’est timbré, et pourtant cela n’empêche pas au récit d’offrir une histoire qui s’avère cohérente et efficace qui, comme son précédent roman va offrir de nombreux aspects efficaces et offrir aussi de nombreuses réflexions bien menées et intelligentes.

L’auteur nous propose ainsi de nombreux axes réflexions sur la longue période qu’a connu l’Estonie sous le joug des Allemands, arrivant à la dédramatiser par l’humour et dévoilant de nouveau, comme dans son précédent roman, une critique mordante sur les nombreuses influences que cela a du avoir sur la population ; entre pertes et gains. Car comme chacun de ses récits il parait y avoir une morale à tirer de tout cela. Ici on se retrouve à se poser alors de nombreuses questions que ce soit sur ces villageois soumis et qui pourtant roulent leur maître régulièrement dans la farine, mais aussi sur la religion entre rites païens et influence de plus en plus grandissante de l’Église, sur l’amour et les relations hommes femmes, sur le sentiment que c’est souvent meilleur chez les autres, ou bien encore sur la façon dont la population de ce village oscille lentement entre l' »ancien » et le « nouveau » pour finalement se perdre et perdre aussi un peu de ce qu’il était, de son identité. Il y a donc au-delà de ce récit humoristique un véritable travail de fond cherchant à faire réfléchir le lecteur sur des aspects souvent très vastes et qui sont traités de façon souvent efficaces.

Ce qui est toujours intéressant, c’est de découvrir l’imagination débordante que propose l’auteur dans son univers qui paraît souvent sans limite, mélange de légende, de réalité et de magie et qui ne manque pas de surprendre et de captiver. Un univers à la fois complètement déjanté et pourtant solide et passionnant à découvrir. Un monde à la fois sombre, où la mort est familière, où les maladies et les épidémies sont bien présentes et pourtant qui donne envie de le découvrir plus en profondeur, d’en apprendre plus. Entre Kratts, sorts, sorcière et remède complètement loufoques tout donne à l’ensemble quelque chose d’attachant et de complexe. Concernant les personnages que l’on rencontre au fil des pages, on découvre un panel vraiment large de protagonistes tous à la fois appréciables et détestables dans leur façon d’avancer, de débattre ou de voir la vie. Ils sont ainsi loin de tout manichéisme et surtout la vie leur rappelle rapidement que de toute façon, bon ou mauvais, on peut tomber à tout instant. Des héros hauts en couleurs, au bagou plus que percutant et qui sont solides, cohérents et captivants à découvrir au fil de leurs différentes aventures, même s’il est un peu compliqué de s’attacher à eux tant ils sont nombreux, mais bon rien de non plus bien gênant.

Et pourtant j’avoue avoir moins accroché à ce roman qu’au précédent de l’auteur. Pour resituer le contexte il faut savoir que L’Homme qui Savait la Langue des Serpents a connu sa première publication en 2007 tandis que ce roman a été initialement publié en 2000, et cela se ressent clairement que ce soit dans la façon de présenter les choses, comme dans l’aspect percutant du récit comme dans l’équilibre de l’ensemble, on sent que l’auteur a gagné en maîtrise au fil des années. Je ne vais pas dire que ce roman est mauvais ou qu’il s’agit d’un brouillon, loin de là, car ce récit offre un bon moment de lecture avec de nombreux aspects intéressants, mais voilà je ne pouvais m’empêcher de le comparer à son précédent roman, tant il y a des similitudes, et c’est dommage. Si Les Groseilles de Novembre avait été publié avant je pense que je l’aurai un peu plus savourer, même si je le dis et je le répète il n’est pas mauvais et offre tout de même un bon moment de lecture. Je regrette aussi une conclusion qui m’a paru un peu trop barré à mon goût, même si, sans spoiler, elle possède un quelque chose de réfléchi et parfois un humour un tout petit peu limite à mon goût .

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi efficace, pleine d’humour et d’ironie, plongeant facilement le lecteur dans cet univers loufoque et à l’imagination débordante qui donne envie d’y plonger et de le découvrir. Au final j’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui confirme les qualités de l’auteur à offrir des récits remplis d’humour noir et intelligents. Je lirai sans soucis et avec plaisir d’autre de ses écrits.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui nous plonge de nouveau dans une Estonie passée et imaginaire qui se révèle déjanté et dont l’imagination foisonnante de l’auteur, qui oscille entre magie et moyen-âge, s’avère vraiment passionnante à découvrir. Mais ce roman n’oublie pas non plus de nous faire réfléchir, que ce soit sur les notions de changements liés à la chute du pays sous le giron des allemands qui va profondément bouleverser les traditions du pays, mais aussi sur d’autres aspects comme la religion, la notion d’amour, de mort voir la dualité du « passé » contre le « progrès ». On découvre aussi tout au long du roman un panel de personnages qui se révèlent hauts en couleurs, à la verve efficace et percutante et qui nous plongent dans des situations toutes les plus loufoques les unes des autres. Mais voilà il est difficile de ne pas comparer ce livre avec le prédécesseur de l’auteur publie en France et là, clairement, il est quand même un cran en dessous se révélant moins incisif et moins touchant. De plus j’avoue que la conclusion, sans se révéler mauvaise, ne m’a pas complètement convaincu pour autant et parfois l’humour m’a paru un peu limite. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi efficace, entrainante et bourrée d’humour noir  et je lirai sans soucis d’autres de ses écrits.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Philemont, …

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