Résumé : Il y a d’abord Harrison, qui, adolescent, a échappé à une telle horreur qu’on en a fait un héros de romans. Et puis Stan, sauvé des griffes d’une abomination familiale l’ayant pour partie dévoré vif. Barbara, bien sûr, qui a croisé le chemin du plus infâme des tueurs en série et semble convaincue que ce dernier a gravé sur ses os les motifs d’un secret indicible. La jeune et belle Greta, aussi, qui a fui les mystères d’une révélation eschatologique et pense conserver sur son corps scarifié la clé desdits mystères. Et puis il y a Martin, Martin qui jamais n’enlève ses énormes lunettes noires… Tous participent à un groupe de parole animé par le Dr Jan Sayer. Tous feront face à l’abomination, affronteront le monstre qui sommeille en eux… et découvriront que le monstre en question n’est pas toujours celui qu’on croit…
Edition : Le Bélial’
Mon Avis : J’ai découvert l’auteur initialement à travers une nouvelle, Dead Horse Point, publiée dans un Bifrost, qui m’avait captivé par sa justesse et son propos. Il y a un an je me suis donc laissé tenter par son premier roman publié en France, l’Education de Stony Mayhall, qui a confirmé tout le bien que je pensais des écrits de cet auteur, à travers un récit de zombies qui offrait une chronique sociale réussie et prenante (ma chronique ici). C’est donc sans surprise que, quand j’ai vu qu’un nouvel écrit de l’auteur était publié, il a très rapidement terminé dans ma PAL. A noter qu’on se situe plus ici, selon moi, dans la novella que dans un roman, l’ensemble faisant moins de 190 pages, augmenté d’une interview intéressante de l’auteur qu’il faut obligatoirement avoir lu en dernier sous peine de se faire spoiler. Concernant la couverture, illustrée par Aurélien Police, elle se révèle pour moi très sobre et terriblement efficace.
L’idée initiale de cette histoire se révèle vraiment intéressante et surprenante, prendre cinq personnages qui ont connu et survécu à de terribles tragédies, les mettre ensemble et lancer ainsi une thérapie de groupe. L’auteur décidé ainsi de construire son histoire de façon originale, on ne suit ainsi pas le héros vers la quête, mais plus des héros brisés qui cherche tout simplement à se reconstruire. Cela peut surprendre au début, se demandant ce que va bien pouvoir proposer l’auteur, mais très rapidement on se retrouve emporter par chacun des protagonistes qui se dévoile, principalement aussi quand l’aspect fantastique commence à prendre de l’ampleur et de l’étrangeté au fil des pages. Plus on avance plus on se rend compte de la tension qui s’installe captive, cette lente montée de stress et d’angoisse liée au fait qu’on découvre rapidement que chacun d’entre eux ont vu des monstres que la majorité de la population ne voit pas et ont connu des traumatismes. On se retrouve alors pris dans cette histoire qui oscille de façon terriblement efficace entre horreur, humour décalé et cynique, souffrance psychologique, ouverture et acceptation de soi ou les personnages vont devoir lutter à nouveau contre un mal qui les dépasse.
On est ici loin de la profondeur recherchée dans Stony Mayhall, l’auteur cherchant plus à mettre en avant le côté page-turner et terriblement efficace de son récit et que le format court lui permet, condensant ainsi l’ensemble pour le rendre plus nerveux, percutant et entrainant, mais cela n’empêche pas ce récit de se révéler plus que divertissant. On se rend aussi compte que, d’une certaine façon, ce récit est un peu une sorte d’hommage aux films et à la littérature d’horreurs, décidant ainsi d’écrire une suite en suivant le héros face aux traumatismes qu’il a vécu. Surtout il évite de tomber dans la surenchère, proposant plus une horreur psychologique. La première moitié se révèle ainsi véritablement prenante, chaque personnage se développant un peu plus, dévoilant un passé loin d’être joyeux qui ajoute un aspect légèrement dérangeant à l’ensemble, ce qui colle parfaitement avec le sentiment de frisson que cherche à faire passer l’auteur, qui pose ainsi les prémisses de protagonistes attachants, complexes et fascinants à découvrir. Chaque héros dévoile ainsi des failles, des questionnements, de forces. Sauf que voilà, par la suite j’ai eu l’impression que le soufflé, sans non plus retomber complètement loin de là, avait du mal à continuer à gonfler. C’est bien simple, dès que la chasse aux monstres prend de l’ampleur, l’ensemble reste sympathique, mais ne remplit pas complètement les attentes que j’avais à la lecture des premières pages.
Car finalement ce qui m’a dérangé c’est qu’une fois son image de fond mise parfaitement en place, l’ensemble glisse lentement vers une histoire finalement beaucoup plus traditionnelle de chasse aux monstres. Certes l’auteur s’en sort plus qu’honorablement, jouant efficacement sur la tension et les rebondissements, mais fige un peu tout ce que je trouvais original dans ce récit tel que la thérapie ou encore la lente plongée dans les personnages, leurs traumatismes et leurs guérisons. Car oui, j’étais aussi un peu surpris que la profondeur qui se dévoile des personnages au fil des pages, s’arrête brusquement car il faut accélérer l’intrigue pour pouvoir un dénouement assez rapide, alors qu’il y avait encore, selon moi, beaucoup à dire. Alors après peut-être que je n’ai pas pris ce court roman comme l’aurait souhaité l’auteur en l’écrivant, mais voilà revenir à une « simple » histoire angoissante et d’action après un démarrage tellement original fait que je me suis senti légèrement frustré. Autre point qui peut aussi déranger certains, même si de mon côté j’ai trouvé cela plutôt accrocheur, c’est que, novella oblige, l’auteur reste assez limité en pages, pourtant il développe une intrigue secondaire, que je vous laisse découvrir avec Barbara et le Scrimshander, qui reste totalement ouverte une fois la dernière page tournée. Aucune réponse n’est fournie. Je sais que d’autres écrits existent dans cet univers et que l’auteur n’a pas fini de travailler dessus, donc a voir si on obtient plus de réponses dans d’autres livres, mais cela peut en déranger certains.
Après ne me faites pas non plus dire ce que je n’ai pas dit, Nous allons tous très bien, merci reste un livre que j’ai lu avec plaisir, court, inventif avec des aspects originaux, qui certes n’a pas complètement répondu à mes attentes, mais qui m’a tout de même offert un moment de lecture très agréable et sympathique avec une ambiance sombre et une petite dose de frisson. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi efficace, entrainante et fluide, plongeant ainsi rapidement le lecteur dans son histoire, offrant une narration surprenante, oscillant entre chaque personnage, tout en offrant une voix aux nous du groupe. Je lirai ans soucis d’autres écrits de l’auteur, dont un nouveau roman est déjà annoncé pour 2016, mais qui, par contre, ne devrait pas se situer dans l’univers développé ici.
En Résumé : J’ai passé un agréable moment de lecture avec ce court roman qui, certes, n’a pas complètement répondu à mes attentes, mais qui ne manque pas de se révéler entrainante, percutante et efficace. L’ambiance fantastique qui se développe lentement, se révèle vraiment intéressant, ajoutant une touche d’étrangeté et de mystère à l’ensemble qui colle parfaitement à ce récit qui oscille entre humour, frisson et action. Je trouve juste dommage que tout l’aspect original de l’ensemble, lié à cette thérapie et aux développement de ses personnages brisés en tant que héros, se retrouve figé à la moitié du récit une fois que la chasse aux monstres prend de l’ampleur. Surtout que les personnages ont un énorme potentiel et pouvoir en développer six n’est pas toujours facile. Cela n’empêche pas cette seconde partie de se révéler solide, pleine d’adrénaline et de rebondissements et qui fait qu’on tourne tout de même les pages avec plaisir. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi fluide, entrainante et s’amuse avec la narration offrant une voix à chaque personnages mais aussi au « nous ». Je lirai avec plaisir d’autres écrits de l’auteur en tout cas.
Ma Note : 7/10
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