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Nom d’un Chien – André Alexis

nom d'un chienRésumé : Tout commence par un pari alcoolisé entre Hermès et Apollon : si les animaux avaient l’intelligence humaine, seraient-ils aussi malheureux que les hommes? Les deux dieux décident alors d’accorder conscience et langage à un groupe de chiens passant la nuit dans une clinique vétérinaire de Toronto. Tout à coup capable d’élaborer des raisonnements plus complexes, la meute se divise : d’un côté les chiens qui refusent de se soumettre à ce nouveau mode de pensée, de l’autre les canidés progressistes qui y adhèrent sans condition. Depuis l’Olympe, les dieux les observent, témoins de leurs tâtonnements dans ce nouveau monde qui s’offre à eux. Car, si Hermès veut l’emporter, au moins un des chiens doit être heureux à la fin de sa vie.

Edition : Denoël (paru le 18-02-2016)
Traduction : Santiago Artozqui

 

Mon Avis : Avant de me lancer dans la lecture de ce récit, je ne connaissais rien d’André Alexis. C’est quand on m’a proposé de découvrir ce roman que j’avoue m’être rapidement laissé tenter, principalement grâce à son résumé accrocheur et la réflexion qu’il pouvait soulever, ainsi qu’au traitement qu’allait donner l’auteur à l’ensemble. Après je dois bien avouer aussi que je trouve l’illustration de couverture très sympathique.

Mais alors que nous raconte ce livre, et bien c’est simple, suite à un pari entre deux dieux grec, Hermès et Apollon. Après une soirée alcoolisée, ils vont offrir l’intelligence à une quinzaine de chien pour essayer de déterminer si ce don va les rendre plus heureux ou pas. On ne peut le nier, le récit possède un petit air de La Ferme des Animaux de Georges Orwell, cherchant ainsi à faire réfléchir le lecteur et à le faire philosopher sur de nombreuses notions. Je dois bien avouer que l’auteur s’en sort pas trop mal de ce point de vue ; on se retrouve ainsi à se poser de nombreuses questions sur l’intelligence, l’influence qu’elle a sur notre bonheur, mais aussi sur le langage, la capacité que nous avons à parler clairement tout en échouant à nous comprendre, car nous ne possédons pas obligatoirement les mêmes règles d’analyse, ou bien encore aussi sur les animaux en général, la façon dont on pose le regard sur eux, une certaine supériorité qui se dégage de nous, mais aussi sur ce qui fait la complexité de l’humanité. C’est finalement une critique et une réflexion sur nous-mêmes qui ressort de ce récit. On sent l’auteur clairement à l’aise sur cet aspect, ne forçant ainsi jamais la main au lecteur, mettant plus ainsi en avant avec la vie de plusieurs de ses chiens les contradictions qui apparaissent qu’elles soient aussi bien sociologiques, théologiques, liées au pouvoir ou bien encore à la connaissance. Chacun se retrouve ainsi à se faire son propre avis, et j’avoue que, une fois la dernière page tournée, je continue à cogiter, même si parfois l’auteur se permet d’utiliser des raccourcis qui m’ont paru un peu faciles.

Malgré le travail fin et soigné sur le message, j’ai trouvé que la construction du récit desservait la lecture. Pourtant l’ensemble démarre bien, avec ces chiens qui vont se découvrir de nouvelles habilités, de nouvelles compétences avec toutes les conséquences que cela peut occasionner. Le premier chapitre monte ainsi légèrement en tension, chacun se forgeant une personnalité, entre ceux qui cherchent à développer et travailler cette intelligence, comme Prince le chien poète, et ceux qui la considèrent comme mauvaise et néfaste pour leurs vies. Il se dégage même un petit côté Sa Majesté des Mouches dans l’ambiance délétère qui apparait sur quelques pages et l’affrontement inévitable. Sauf que voilà, à la fin du premier chapitre j’ai su qu’un aspect du récit allait vite me frustrer : le Deus Ex Machina. Et attention je ne parle pas de celui qu’on retrouve parfois dans les romans, qui sert à facilement débloquer une situation un peu coincée, non, là je parle du Deus Ex Machina au sens le plus littéral du terme, c’est-à-dire l’intervention des dieux.

Car oui, l’auteur a certes beaucoup de chose à dire sur le fond, mais pour éviter de se prendre la tête à chercher une cohérence dans la forme autant faire intervenir un dieu pour diriger son récit comme il en a envie. Un chien important sur qui j’ai encore de nombreux points à développer doit mourir? bah attends un dieu apparait et le sauve. Un chien se lie de trop à une famille humaine et y trouve trop de bonheur? Attends un dieu va trouver ça gênant et va faire « exploser » cette famille. Certains lecteurs ne seront pas dérangés par l’idée, vu que les réflexions sous-jacentes sons plus que solides, mais moi j’avoue ça m’a frustré, me donnant plus l’impression d’être forcé que de me laisser happer. J’apprécie que la logique de l’univers construit soit un minimum respecté, car sinon à partir de là autant écrire un simple essai philosophique. Je regrette aussi que certains personnages, comme Atticus au potentiel énorme, soit peu développés ce qui le rend parfois caricatural.

Après, cela n’empêche pas non plus le récit d’avoir des moments très plaisants et réussis, je pense principalement au premier chapitre dont j’ai parlé et que j’ai trouvé terriblement efficace. Ou bien encore tous les passages qui concernent la relation entre Majnoun avec Nira et Miguel qui se révèlent touchants, captivants et soignés, principalement dans la façon dont se construit cette relation, même si, c’est vrai, parfois l’auteur use de quelques facilités mal amenées, mais franchement rien de non plus trop bloquant.  C’est d’ailleurs l’un des éléments importants du récit, permettant de développer l’interaction entre les chiens intelligents et les humains, et c’est dommage que les changements de règles réguliers selon le bon plaisir de l’auteur viennent rendre sa conclusion moins percutante, même si je trouve qu’il se rattrape sur la fin. Autre passage intéressant, tout ce qui concerne Prince, le chien poète, qui je trouve offre une fraicheur au récit là où la vie des autres chiens est peut-être plus sombre et plus complexe, sa vision de la vie et de son don est vraiment attrayante. La vie de ces chiens qui va évoluer au fil des pages ne manque pas non plus de se révéler remplie d’émotions allant de la joie à la tristesse qui font qu’on s’attache ainsi un minimum à eux.

La plume de l’auteur se révèle simple et entrainante, même si parfois un peu trop solennelle, rendant ainsi le travail de fond compréhensible et accessible. Au final je ne ressors pas complètement convaincu de ce récit, dans l’ensemble il me laisse un sentiment positif, principalement par le travail de réflexion, mais voilà avec les nombreux deus ex machina que met en place l’auteur pour faire avancer son livre j’ai plus eu l’impression d’être forcé à suivre sa pensée plutôt que de me laisser emporter ce qui est légèrement dommage.

En Résumé : Je ressors de ma lecture pas complètement convaincu, même si l’ensemble reste sympathique. On se laisse ainsi captiver par les nombreuses réflexions que l’auteur développe sur ces chiens a qui on donne l’intelligence, que ce soit sur les problèmes que cela va engendrer, sur l’importance du langage ou encore sur nous-même. Mais j’ai trouvé que l’auteur, dans la construction de son récit, abusait des Deus Ex Machina au bon plaisir de l’auteur ce qui me donnait  l’impression de suivre le chemin qu’il voulait plutôt que me laisser emporter. Je reprocherai aussi certaines facilités et certains personnages qui manquent de profondeur. Après ce livre possède aussi des passages intéressants, tout le travail sur la relation entre Majnoun, Nira et Miguel ou bien aussi Prince le poète et l’ensemble est porté par une plume simple et entrainante, même si parfois un peu trop solennelle. Au final un contact philosophique qui, sur le fond, m’a fait réfléchir, mais qui sur la forme m’a légèrement frustré.

 

Ma Note : 6,5/10

Dragon – Thomas Day

dragonRésumé : Bangkok. Demain.
Le régime politique vient de changer.
Le dérèglement climatique global a enfanté une mousson qui n’en finit plus.
Dans la mégapole thaïlandaise pour partie inondée, un assassin implacable s’attaque à la facette la plus sordide du tourisme sexuel. Pour le lieutenant Tannhäuser Ruedpokanon, chargé de mettre fin aux agissements de ce qui semble bien être un tueur en série, la chasse à l’homme peut commencer. Mais celui que la presse appelle Dragon, en référence à la carte de visite qu’il laisse sur chacune de ses victimes, est-il seulement un homme ?

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : Les éditions du Bélial’ ont décidé, en ce début d’année 2016, de mettre en avant le récit court à travers une nouvelle collection : Une Heure-Lumière. Ce format faisant partie des lectures que j’affectionne, comme vous vous en doutez si vous suivez ce blog, j’avoue avoir été rapidement intrigué par les premiers textes qui ont été annoncés par la maison d’édition. Ajouter à cela un aspect maquette et graphisme que je trouve franchement superbe, et un résumé accrocheur, il n’a donc pas fallu longtemps pour que ce petit livre termine sa course dans ma PAL.

On plonge ainsi avec ce court récit dans la ville de Bangkok, où un tueur en série c’est lancé dans l’élimination du tourisme sexuel sur enfant. Pour éviter une mauvaise publicité de son pays, le Général Wongkrachang décider de mettre le lieutenant Tann Ruedpokanon sur la traque de cet assassin qui fait un peu trop parler de lui. L’intrigue parait aux premiers abords  classique, ce que je ne nie pas, mais il ne faut pas s’arrêter au résumé, car là n’est pas le point central du récit, même si l’aspect polar noir se suffit à lui-même pour offrir un récit tendu et efficace. Dragon est un texte qui a surtout pour but de prendre aux tripes, de réveiller le lecteur à grands coup, lui ouvrir les yeux sur un problème : la prostitution enfantine. L’auteur nous offre ainsi ici un texte qui se révèle percutant que ce soit, comme je l’ai dit, sur le fond, mais aussi dans la forme que ce soit dans la construction du récit monté dans le désordre, ce qui permet ainsi d’offrir un rythme accrocheur et une narration énergique, mais aussi dans l’utilisation de la violence, d’une certaine brutalité, qui lui évite de tomber dans une certaine consensualité et bien mettre le lecteur devant la réalité des faits. Surtout que l’auteur cherche nullement la violence gratuite, il ne veut pas choquer ou vouloir plonger son récit dans l’extrême, car même si l’ensemble pourra se révéler dur pour certains lecteurs, il a son utilité dans la fureur qui est dévoilée et montrée. La traque en elle-même se révèle aussi intéressante, bien menée, offrant de nombreux rebondissements et de nombreuses surprises, porté par un duel qui ne manque pas d’intérêt et de charisme.

Le format court apporte aussi un véritable plus au récit, en effet je pense que dans un format plus long le récit aurai clairement perdu en intensité et dans son côté incisif et marquant. Ce Bangkok futuriste que nous dévoile l’auteur en image de fond ne manque pas non plus d’attrait, offrant ainsi une ville poisseuse, humide, clivée, où tout est fait pour contenter le touriste, oubliant un peu les autres au point de limite noyer une partie de la ville. Une ville mélange d’ombre et de lumière. C’est aussi un endroit où l’ont peut tout trouver dès qu’on cherche un peu, sans aucune limite. Entre corruption, jeux de pouvoir, trahisons et mensonge cette cité offre ainsi une ambiance sombre, déroutante, limite sauvage dès qu’on sort des sentiers battus, qui colle dès les premières pages au lecteur, bien porta par un travail de description visuel terriblement efficace. L’autre aspect intéressant vient de la légère notion de fantastique qui commence à se développer au fil des pages et dont je ne dirai rien, de peur de trop en dévoiler, mais qui ajoute une dose de mystère intéressante à l’ensemble du récit. Une touche de fantastique qui, selon moi, colle d’ailleurs parfaitement bien à ce pays et à l’intrigue.

Comme je l’ai dit le duel entre Tann et le Dragon se révèle prenant, il faut bien l’admettre, principalement grâce à des personnages qui ne manquent pas de se révéler captivants. Je ne dirai pas que je me suis obligatoirement attaché à eux, mais cela ne les a pas empêché d’être passionnants à découvrir dans leurs complexités, leurs humanités et leurs besoins. Ils ne sont pas là que pour faire avancer l’intrigue, ils possèdent ainsi une voix propre, principalement l’inspecteur Trann qui vient nous faire réfléchir sur la notion de genre, lui qui est attiré par les « Ladyboys » à la recherche de l’amour parfait, mais aussi dans sa quête d’une place dans ce mode, de liberté. Il offre ainsi un protagoniste proche de chacun, avec ses doutes, ses soucis, qui a du mal à reconnaitre le monde qui l’entoure, à s’y imposer tel qu’il est vraiment, mais qui va trouver finalement sa voix dans cette quête. Dragon n’est pas en reste non plus, offrant un tueur, certes classique, mais qui soulève une question de moralité concernant sa quête : Faut-il arrêter un assassin de monstres? Chacun y fera son propre avis. Les personnages secondaires se révèlent efficaces, même si le format court, forcément, empêche de les développer complètement, offrant rebondissements et surprises.

Alors après on pourrait regretter une certaine linéarité dans l’ensemble qui fait que la fin devient finalement prévisible, mais franchement ce n’est qu’un détail tant l’ensemble réussi son coup de nous secouer et de nous faire poser de nombreuses questions, pas toujours aisées. La plume de l’auteur se révèle ainsi vive, entrainante, incisive et nous happe dès le début du texte pour ne plus nous lâcher avant la fin, laissant le lecteur en parti lessivé, chamboulé. Une très bonne nouvelle pour ouvrir une collection qui me tente énormément.

En Résumé : Dragon est au final un court récit qui ne m’a pas laissé indifférent. Au-delà de son intrigue qui peut paraitre classique, il offre un récit percutant, tentant de secouer le lecteur sur un sujet bien particulier qu’est la prostitution d’enfants. L’auteur nous offre un récit tendu, entrainant ou la violence sourde sans no plus chercher à trop en faire ou à tomber dans l’extrême. Chaque scène, chaque passage se révèle ainsi avoir son importance dans le message qui est mis en avant. Cette  ville de Bangkok futuriste se révèle ainsi un décor parfait, se révélant ambigu, entre ombre et lumière, offrant ainsi une ambiance sombre et poisseuse. Les personnages sont captivants à découvrir, principalement dans le duel qui oppose l’inspecteur Tann, héros ambigu, et le Dragon où chacun va se révéler. Alors après on pourrait regretter une certaine linéarité dans le récit, ce qui rend la fin prévisible, mais rien de très marquant ou dérangeant tant l’ensemble a réussi à me captiver et à me lessiver, porté par une plume vive, entrainante et incisive.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : L’ours inculte, Cornwall, Efelle, Boudicca, Just A World, …

CRAAA

Challenge CRAAA 9ème lecture

Je Suis la Reine – Anna Starobinets

je suis la reineRésumé : Tous les enfants s’inventent des règles à respecter. Mais pour Sacha, transgresser les Règles pourrait avoir de terribles conséquences. Lorsque Dima monte dans le train, il est loin de se douter qu’il va retrouver sa famille – une famille qu’il n’a jamais vue. Oublier une soupe dans un réfrigérateur peut avoir des répercussions inattendues. Que s’est-il vraiment passé ce chaud dimanche d’août pour que Maxime, huit ans, change au point d’affirmer à sa mère : «Je suis la reine»? Il y a quelque chose d’étrange chez Yacha, ce matin, mais quoi? Est-ce vraiment son cœur qui s’est arrêté de battre?

Edition : Mirobole
Poche : Folio SF

 

Mon Avis : Ce livre, j’en entends parler depuis un petit moment déjà. Il faut bien avouer qu’un recueil de nouvelles fantastiques a aussi toujours le don de m’attirer, surtout qu’il s’agit d’un genre qui a, je trouve, de plus en plus de mal à se faire publier. Pourtant il a fallu attendre sa sortie en poche pour que je me laisse enfin tenter et fasse rentrer ce livre dans ma PAL. Manque de temps, d’espace et surtout j’attendais les premiers retours pour savoir à quoi m’en tenir. Une fois rassuré, même si je manque toujours de temps et d’espace, je me suis rapidement laissé tenter par ce livre. Concernant la couverture, illustrée par Bastien Lecouffe-Deharme, je la trouve réussie. Il est à noter que ce recueil contient six nouvelles de l’auteur.

Les Règles : Ce texte se base sur une idée toute simple, les règles qu’un enfant se fixe sans lesquelles le monde ne tournerait plus si bien pour lui. Qui ne s’est d’ailleurs jamais lancé dans ce genre de règle de marcher un carreau sur deux, d’avancer selon une contrainte bien précise ou encore par exemple considérer que tel élément doit être obligatoirement rangé de cette façon sous peine de voir des catastrophes? C’est sur cette idée que l’auteur nous fait découvrir un enfant dont les règles tendent vers les TOC. Un texte court, incisif, percutant et surtout lentement insidieux et dérangeant, offrant ainsi un fantastique léger, qui joue avec la folie et qui se révèle terriblement accrocheur. Vérité ou jeu de l’esprit, le lecteur se fait sa propre idée, mais surtout se retrouve emporté par ce récit à la conclusion glaçante.

La Famille : Cette nouvelle nous offre aussi ici un récit qui peut paraitre classique, avec un homme qui va voir sa vie se déconstruire et prendre une tournure qu’il ne pensait pas voir, se retrouvant marier, et surtout qu’il va finalement relativiser. Sauf que voilà l’auteur rend l’ensemble clairement fascinant à suivre avec cette ambiance déroutante, perturbante, parfois légèrement angoissante, jouant de nouveau entre folie et fantastique, réalité et imagination, où chacun se laisse emporter, se faisant sa propre idée. Elle y ajoute aussi une légère pointe d’humour, d’absurde et de cynisme qui apporte un plus à l’ensemble, déroutant un peu plus de façon positive le lecteur. De nouveau un texte réussi et efficace, même si je l’ai trouvé légèrement moins réussi que le premier par un sentiment légèrement « brouillon » dans sa construction.

J’Attends : Cette fois on quitte un peu le fantastique angoissant, pour quelque chose de plus léger, un fantastique où l’humour se retrouve bien présent, mélangé toujours à cet aspect de folie qui se développe lentement au fil des pages. On découvre ainsi un homme qui va laisser une soupe par inadvertance se transformer dans son frigo en quelque-chose qui va changer sa vie. Un très court texte poisseux, déroutant, surprenant, qui certes, j’ai trouvé qu’il possédait un avait de déjà-vu, mais qui se révèle au final solide et efficace.

Je Suis la Reine : On plonge ici dans le gros morceau de cette anthologie avec le texte qui a donné son nom au recueil. De nouveau l’auteur joue ainsi avec le lecteur, nous plongeant dans le quotidien d’une mère divorcée de jumeau, Maxime et sa soeur Vika, qui va voir son fils sombrer dans une sorte de folie douce, de rejet et de solitude. Je me suis rapidement retrouvé happé par ce texte qui, finalement, traite de problème clairement d’actualité, comme celle de famille décomposée ou encore l’adolescence, en y ajoutant une bonne couche de fantastique, étrange, surprenant, perturbante, offrant ainsi une ambiance assez sombre qui monte en tension au fil de l’avancée du récit. L’angoisse de cette mère ne laisse pas le lecteur indifférent tant elle se révèle palpable, incompréhensible et tellement réaliste. Le dernier tiers va ainsi proposer une réponse, une conclusion, que j’ai trouvé efficace et surprenante malgré les nombreux indices. L’ensemble est aussi porté par des personnages humains et soignés, des protagonistes comme vous et moi avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs doutes et leurs questionnements qui cherchent à vivre une vie normale et offre un travail de fond travaillé. Une belle réussite tant j’ai tourné les pages avec envie d’en apprendre plus concernant cette nouvelle qui devient de plus en plus sombre, plongeant dans l’horreur de façon prenante et captivante plus on avance dans le récit.

L’Agent : Cette nouvelle nous plonge finalement dans la vie d’un agent, une personne tout ce qu’il y a de plus banale, qui mettent en place et font respecter des scénario de vie, de vengeance ou autre. Un texte qui va se révèle vraiment captivant, porté par une ambiance froide et le tout porté par une narration détachée qui fait qu’on se retrouve encore plus intrigué par cet agent, ce qu’il propose et sur tous les mystères qui entourent cette société et son but. Surtout on y retrouve cet aspect de jeu avec le lecteur, entre réalité et imaginaire. Un texte étrange, à la fois intriguant et déroutant par son personnage principal, la place qu’il prend et les révélations qui vont survenir. Une nouvelle de nouveau réussie, même si je reste légèrement frustré de la conclusion qui m’a paru manqué de complexité. Mais bon rien de dérangeant.

L’Eternité selon Yacha : La dernière nouvelle du recueil nous plonge ainsi à la découverte de Yasha qui un jour constate que son coeur ne bat plus et va, par conséquent, être déclaré mort alors qu’il continue à exister. On se retrouve ainsi embarquer dans une nouvelle qui prend le parti pris de l’absurde, offrant au lecteur de nombreuses scènes pleines d’humour noir et de cynisme, et qui au fil des pages va changer ; l’émotion et la pitié lié à ce personnage qui se retrouve complètement perdu prenant le pas sur l’absurdité de la situation, tout en restant cohérent et efficace. Le travail psychologique de son personnage joue beaucoup dans l’intérêt qu’on porte au récit, dans sa façon de sombrer lentement dans une folie devant une telle situation et ses conséquences. Autre point intéressant, la conclusion que j’ai trouvé réussie par son côté surprenant.

 

Au final ce qui transparait à travers ces six textes c’est la façon dont l’auteur travaille sur des situations souvent réels, des maux et des folies qui existent, du quotidien, et à y insuffler une légère dose de fantastique, de dérangeant, de sombre, d’horreur pour facilement happer le lecteur à travers des textes qui se révèle dans l’ensemble maîtrisé, percutant, déroutant et surprenant. Il faut dire aussi que la plume de l’auteur, possédant ce je ne sais quoi de poétique et de troublant joue énormément à la réussite de la construction de ces textes. Les personnages ne sont pas non plus en reste, chacune se révélant attachant, touchant à sa façon, que ce soit dans sa folie comme dans son incompréhension de ce qui arrive. Cela n’empêche pas non plus parfois de traiter de chaque sujet comme la famille, l’adolescence, le couple ou encore par exemple la vie et la mort, le tout avec justesse. Alors certes on pourrait reprocher un certain aspect « classique » aux récit que nous propose l’auteur, mais franchement rien de bien dérangeant tant Anna Starobinets s’en sort parfaitement bien, offrant des textes réussis et captivants. En tout cas de quoi me donner envie de lire d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce recueil de six nouvelles qui nous propose des récits, mélange à la fois complexe et réussi de fantastique, de psychologie,  d’émotion et de personnages denses. L’univers fantastique qui se développe à chaque texte, certes reste très classique, mais se révèle solide, efficace et parfaitement maîtrisé par l’auteur. Surtout chaque texte possède sa propre voix, son propre style, sa propre construction ce qui évite clairement les longueurs et permet au lecteur de se plonger avec un plaisir renouvelé dans chacune d’entre elle. Alors après, c’est vrai que un ou deux textes possèdent quelques légers défauts, mais franchement rien de non plus dérangeant tant j’ai été emporté par ce mélange d’aspect dérangeant, étrange et parfois très sombre, où l’humour noir et le cynisme ne sont pas non plus en reste. Il faut aussi bien dire que l’ensemble est très bien porté par une plume qui se révèle accrocheuse, dérangeante et d’une certaine façon poétique et humaine. En tout cas je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

Ma Note : 8/10

Autres avis : Lelf, Cornwall, Cachou, …

CRAAA

Challenge CRAAA 5ème lecture

Lucifer Box Tome 1, Le Club Vesuvius – Mark Gatiss

le club vesuviusRésumé : Portraitiste de talent, dandy, bel esprit, mauvais garçon… et le plus irrésistible des agents secrets de Sa Majesté. Lorsque les meilleurs scientifiques du royaume sont mystérieusement assassinés, Lucifer se lance dans une enquête trépidante, des clubs de gentlemen londoniens aux bas-fonds volcaniques de Naples, tout en déterminant la façon la plus seyante de porter un œillet blanc à sa boutonnière. Une immersion étourdissante dans les arcanes d’un ordre occulte aux pratiques décadentes – et de ses secrets les plus sulfureux.

Edition : Bragelonne

 

Mon Avis : J’avoue que je me suis laissé tenter par ce roman pour la simple et bonne raison que l’auteur est Mark Gatiss. Pour situer un peu cette personne, pour ceux qui ne le connaitrait pas, il est Mycroft dans la série Sherlock Holmes ainsi que son co-créateur et son co-producteur, il a aussi écrit des épisodes de Doctor Who, des livres, et y a même joué quelques rôles. Deux séries que je suis assidûment. J’étais donc assez curieux de savoir ce qu’il allait bien pouvoir nous proposer en tant qu’auteur. Bon, je ne vais pas le nier non plus, je pense que je me serai tout de même penché sur ce livre, publié lors du mois du cuivre de Bragelonne, qui se révèle un magnifique objet et possède une couverture, illustrée par Noëmie Chevalier, que je trouve vraiment joli et des illustrations intérieures qui apportent un plus.

Une chose est sûre les premières pages démarrent sur les chapeaux de roues, il faut dire que le personnage de Lucifer Box se révèle quand même fascinant par son côté irrévérencieux, dandy, imbu de lui même et de son talent d’artiste. Il nous happe ainsi dans son histoire tant le début est nerveux, cynique, sans concession et efficace. Puis on découvre qu’en fait notre héros est un agent secret et qu’il se retrouve à devoir enquêter sur la mort mystérieuse de brillants savants. Et à partir de là, je dois bien avouer que le soufflé retombe un peu, car sans non plus se révéler mauvais, je n’ai pas non plus été complètement embarqué par le récit. L’intrigue repose sur des meurtres mystérieux qui aurait franchement mérité un peu plus d’aspect dramatique, plus d’intensité et surtout plus de complexité. Car c’est un peu finalement le gros soucis que je reproche à l’intrigue, elle parait par certains moments caricaturale, trop simpliste parfois dans sa résolution et repose un peu trop sur quelques deus ex machina frustrants. Alors certes, l’auteur compense cela par une débauche d’énergie et un personnage totalement décalé et impertinent, mais bon ça a du mal à complètement compensé les lacunes de l’enquête.

Cela n’empêche pas ce roman d’offrir quelques surprises et quelques bons rebondissements, offrant un complot qui ne manque pas non plus d’attrait, mais voilà parfois un peu de difficulté est toujours bienvenue. Pareil concernant l’ambiance « légère » et pleine d’humour que cherche à mettre en avant l’auteur, j’ai qu’à moitié accroché. Alors après l’humour comme je l’ai déjà dit, ça dépend vraiment de chacun, mais là, certains aspects certes m’ont fait sourire, mais certains passages m’ont paru tellement éculé qu’ils perdaient de leurs charmes. Par contre on sent bien la douce ironie du super agent qui doit sauver le monde face au méchant psychopathe, l’auteur s’amuse clairement à retourner les codes de roman d’agent secret et le fait clairement ressentir au lecteur.

Concernant l’univers, déjà on va être clair, Bragelonne a proposé ce roman dans son mois du cuivre, on pouvait donc espérer du Steampunk, ce qui n’est pas tout à fait le cas. Certes on se retrouve bien plongé durant la période de l’Angleterre Victorienne, que ce soit dans les décors comme dans la façon de s’habiller, par contre on ne retrouve pas l’apparition prématurée de technologies futuristes ou différentes comme on pourrait s’y attendre. Au final on a plus un roman d’espionnage oscillant entre Londres et Naples à ce qui parait être l’époque du 19ème siècle, ce qui change quand même un peu la donne et pourrait surprendre quelques lecteurs qui chercheraient un roman Steampunk. Si on en revient à un polar, le Londres Brumeux qui nous est proposé offre un cadre assez intéressant pour les aventures de notre héros, et l’aspect décalé permet de s’y intéresser un minimum facilement. Je regretterai par contre un certain manque de profondeur, je ne sais pas trop comment le définir, mais même si le background n’est pas non plus mauvais, je ne l’ai pas non plus trouvé énormément palpable comma pu l’être la ville de Londres dans d’autres romans. En gros il ne sert finalement que de simple image de fond, sans en chercher plus, alors qu’il se dégage un certain potentiel.

Concernant les personnages c’est peut-être là que tout risque de se jouer avec le lecteur. En effet le héros principal qu’est Lucifer est construit de telle façon pour, on va dire, s’imposer, éclipser les autres points ainsi que leurs lacunes. L’auteur construit ainsi un véritable personnage sans véritable morale, charismatique, percutant par ses visions et ses prises de positions. On sent clairement l’influence d’Oscar Wilde dans l’image de ce Dandy, auquel on a ajouté une grosse pincée de James Bond et une légère pincée d’irrévérence et d’humour, sauf que voilà, le personnage a bien réussi à m’intéresser, mais ne m’a pas non plus attaché ou fasciné et cela pour deux raisons. La première vient que j’ai trouvé que le héros finalement cabotinait de trop, c’est purement personnel mais là ou certains trouveront sûrement ça drôle et différent, j’ai simplement eu l’impression que parfois il en faisait des tonnes pour pas grand-chose. Le second point vient que finalement, et cela se ressent sur l’ensemble des personnages, ils manquent quand même un peu de profondeur. Qui est Lucifer Box? C’est un dandy libertin, agent secret et mauvais garçon, voilà c’est tout. Quid de ses sentiments, de ses envies, de sa vie, de son passé de ses émotions? Il faudra peut-être attendre la suite pour en apprendre plus, mais je trouve cela dommage.

La plume de l’auteur se révèle énergique, simple et assez efficace, on ne peut pas nier que l’ensemble possède un certains punch qui fait qu’on se laisse tout de même un minimum emporter par le récit malgré sa simplicité. Je ne nie pas que mettre ce livre en série ne manquerait pas non plus d’attrait et surtout permettrait de rendre l’ensemble plus « intense », masquant par la même occasion certaines lacunes ressenties, mais voilà je n’attends pas obligatoirement les même choses d’un roman que d’un épisode d’une série télé. Cela ne veut pas dire que l’ensemble est mauvais, il reste divertissant, mais voilà j’avoue que j’en espérais quand même plus. La suite, si jamais elle est publiée, ne fera pas parti de mes priorités de lectures je pense, même si, un jour je pourrai me laisser tenter tout de même pour voir si l’auteur fait évoluer son personnage principal.

En Résumé : Je ressors de ma lecture avec un sentiment mitigé, certes l’ensemble se lit assez facilement possédant une énergie telle qu’on s’intérese aux aventures du héros, mais voilà j’en attendais plus. L’intrigue, déjà, m’a paru un peu trop simpliste, voir par moment caricaturale, avec quelques deus ex machina frustrants. Certes elle reste fun et entrainante et surtout possède un côté décalé et cynique intéressant, mais cela n’arrive pas à cacher complètement les lacunes de l’histoire à mon goût. L’univers, déjà pour clarifier les choses, n’est pas stempunk, ensuite même s’il reste plaisant, je trouve que son potentiel n’est pas assez exploité à mon goût. Concernant les personnages, soit on s’accroche totalement à Lucifer Box et on oublie le reste, soit comme moi on n’est pas complètement fasciné par le personnage. Oh attention il est charismatique, sans morale et percutant, mais voilà j’apprécie les personnages avec un minimum de profondeur et là j’avoue que les protagonistes du roman en manque. La plume de l’auteur se révèle simple, assez efficace et entrainante. La suite ne fait pas parti de mes priorités, même si pourquoi pas un jour me laisser tenter pour savoir comment l’auteur fait évoluer son héros.

 

Ma note : 6/10

Le Jour où les Zombies ont Dévoré le Père Noël – S.G. Browne

le jour ou les zombies ont devore le pere noelRésumé : Pauvre Andy Warner. L’ex-star contestataire des morts-vivants a passé une année entière soumis à des tests expérimentaux dans un laboratoire de recherches sur les zombies dans l’Oregon. Heureusement, un miracle se produit : à quelques jours de Noël, il parvient à s’échapper et fausse compagnie à ses poursuivants en enfilant un costume de Santa Claus. Le déguisement parfait… À deux réserves près : des collègues de décomposition le reconnaissent et exigent de lui qu’il soit leur chef ; et une adorable fillette solitaire le suit partout, convaincue qu’il est vraiment le père Noël… Une comédie horriblement délicieuse à lire sous le sapin.

Edition : Mirobole

 

Mon Avis : Il y a un peu moins d’un an je me suis laissé tenter par les premières aventures du zombie contestataire Andy, dans Comment j’ai Cuisiné mon Père, ma Mère… et retrouvé l’amour, qui, malgré quelques légères longueurs, m’avait offert un bon moment de lecture fun, agréable et plus que divertissant. C’est donc avec plaisir et envie d’en savoir plus sur Andy que je me suis laissé tenter par cette suite, surtout que la période s’y prête bien, Halloween venant de s’achever et les préparatifs de noël étant en cours, quoi de mieux qu’une lecture avec zombies et père noël pour cette période de l’année. Je ne reviendrai pas sur l’esthétique du livre et sa couverture tant les éditions Mirobole donnent vraiment envie de collectionner leurs livres. A noter qu’il peut être lu de façon indépendante.

On retrouve donc notre cher Andy, enfermé dans un laboratoire d’essai, jouant les cobayes, forcé à de nombreuses expériences depuis presque un an. Un jour un membre du SPZ, la Société Protectrice des Zombies, va le délivrer lui et ses compagnons de cellules, mais seul Andy va réussir à s’enfuir. Il va alors décider de sauver ses compatriotes ; problème il est seul déguisé en père noël avec juste une petite fille qui lui demande de réaliser son voeu le plus cher. Clairement quand j’ai entamé ma lecture le résumé annonçait la couleur, cela va être, comme le premier tome, totalement barré, avec une bonne dose d’humour noir et de cynisme, sauf que voilà une fois ce premier tome refermé je dois bien avouer que, sans être déçu, je n’ai pas non plus été autant emballé que le roman précédent.

Franchement entre Deus Ex Machina, facilités et simplicité, l’intrigue m’a paru sans véritable rebondissements tant l’ensemble me paraissait prévisible et l’auteur me donnait plus l’impression d’offrir un « happy-end », certes dans une certaine limite, à son héros préféré. Un peu comme s’il s’était trop accroché à lui et ne pouvait pas le laisser au milieu des soucis du premier tome, alors il lui a écrit un conte qui se termine bien. Sauf que voilà le roman est très, très court, à peine un peu plus de 200 pages, et par conséquent la densité n’est pas obligatoirement au rendez-vous, allant à l’essentiel sans parfois prendre le temps de donner quelques détails voir quelques explications ce qui peut se révéler frustrant voir légèrement enfantin pour les personnages. Il faut dire que je me suis légèrement fait avoir par la version française, car la VO est claire au niveau du titre du roman I Saw Zombies Eating Santa Claus: A Breathers Christmas Carol, il s’agit purement et simplement d’un conte de noël avec toutes les facilités et la magie que peut inclure ce genre de récit, toute la candeur qui peut s’en dégager, pourtant je ne l’ai jamais pris comme tel, m’attendant toujours à y retrouver la profondeur, la critique et les messages sous-jacents du premier. Certaines réflexions sont certes toujours présentes, mais un peu comme l’ensemble du récit elles restent en surface.

Alors attention, ne me faites pas dire non plus ce que je n’ai pas dit, l’ensemble n’est pas non plus complètement mauvais, on y retrouve toujours cette bonne dose d’humour, d’ironie et de décalage qui caractérise notre héros avec sa verve et sa narration toujours aussi entrainante et énergique. L’auteur n’oublie pas non plus qu’il est dans un roman de zombies, jouant ainsi de façon efficace sur les genres entre la magie et la pureté de noël, et le côté sombre, violent et sanglant que peut proposer les morts-vivants, surtout des zombies qui savent qui peuvent rester éternellement jeune en mangeant du respirant. On ne s’ennuie ainsi jamais vraiment, tournant les pages avec un minimum de facilité pour voir ce que va proposer l’auteur. Le côté zombie, qui a gardé son esprit, permet ainsi toujours a l’auteur d’offrir un travail intéressant sur l’univers et son développement, principalement sur la vision de notre société. Mais voilà, niveau divertissement l’auteur remplit pleinement son rôle avec cette histoire, mais mes attentes se révélaient un peu plus poussées et c’est ce qui a joué sur mon ressenti mitigé.

Concernant les personnages la narration varie, ne restant pas obligatoirement toujours sur Andy, mais nous faisant découvrir aussi deux autres protagonistes. C’est une bonne idée je trouve, permettant ainsi d’être au plus près des différents héros, des émotions de chacun, tout en ayant des idées et des points de vues différents. Sauf que voilà autant Andy arrive clairement à toucher le lecteur, principalement dans sa relation avec Annie, qui joue de façon efficace, sans trop tomber dans le mélo, sur les émotions du héros toujours, d’une certaine façon, à la recherche d’une vie normale, autant le troisième personnage m’a plutôt laissé de marbre. Son rôle de gardienne de zombie avec une dose d’humanité est tellement téléphoné et le roman tellement court qu’on tombe un peu trop dans la caricature, ce qui est dommage. Concernant les personnages secondaires l’auteur nous offre, certes de façon succinte, mais plutôt efficace, des personnages complètement décalés et barrés, avec même le retour de certains du premier tome.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi simple, fluide, efficace, entrainante et on ne peut pas lui enlever sa capacité à nous emporter dans les aventures du zombie Andy. Certes je ressors légèrement mitigé de ma lecture, mais je ne peux clairement pas dire que je me suis ennuyé pour autant. Par contre, je ne sais pas si l’auteur a prévu d’écrire une suite encore ou non, mais il va falloir faire attention, car l’humour présent dans ce récit tombe un peu dans la répétition par rapport au premier tome, même si rien de non plus très bloquant ici, mais pourrait perdre de sa saveur dans une troisième tome.

En Résumé : J’avoue que je ressors de ma lecture de cette suite des aventures de Andy le zombie contestataire, avec un léger sentiment mitigé. Ce n’est pas une mauvaise histoire, l’humour et le divertissement sont toujours bien présents et se révèlent très sympathique. L’auteur joue de façon efficace sur le parallèle entre la magie et la pureté de noël et le côté sombre, violent et sanglant lié aux zombies. Sauf que voilà ce récit est très court, ce qui fait qu’on y retrouve pas la même densité que dans le premier tome, mais surtout l’auteur m’a paru un peu trop tomber dans la facilité, la simplicité et abuse légèrement de Deus Ex Machina à certains moments. Concernant les personnages autant Andy et Annie se révèlent vraiment intéressant, principalement dans l’émotion qu’ils arrivent à distiller, autant l’autre héroïne présentée m’a paru manquer d’intérêt se révélant un peu trop caricaturale pour vraiment s’imposer. Les personnages secondaires, malgré un certain manque parfois de profondeur, offrent une brochette de protagonistes décalés et entrainants. La plume de l’auteur se révèle simple, fluide et entrainante, nous plongeant finalement avec un minimum de facilité dans ces aventures. Au final si j’avais pris ce livre pour ce qu’il est, un simple conte de noël, et non rechercher ce que j’avais trouvé au premier tome, mon avis aurait été différent je pense.

 

Ma Note : 6/10

 

Autres avis : Lune, Cornwall, Mariejuliet, Nelfe, AcrO, …

zombies challenge

Les Neiges de L’Eternel – Claire Krust

les neiges de l'eternelRésumé : Dans un Japon féodal fantasmé, cinq personnages racontent à leur manière la déchéance d’une famille noble. Cinq récits brutaux qui voient éclore le désespoir d’une jeune fille, la folie d’un fantôme centenaire, les rêves d’une jolie courtisane, l’intrépidité d’un garçon inconscient et le désir de liberté d’un guérisseur.
Le tout sous l’égide de l’hiver qui s’en revient encore.

Edition : ActuSF

 

Mon Avis : Qui dit septembre, dit rentrée et qui dit rentrée chez les indés de l’imaginaire, dit rentrée de la Fantasy avec la publication de nouveaux roman et surtout de nouveaux auteurs. Bon après se faire une rentrée comme la littérature blanche, l’idée se discute, mais en tout cas je n’allais pas la manquer. Je démarre donc cette rentrée avec les éditions ActuSF et ce roman, Les Neiges de L’Eternel, dont la couverture, illustrée par JungShan Chang, se révèle réussie et a vraiment réussi à m’envouter. Ajouter à cela un quatrième de couverture intrigant, ce livre a donc rapidement terminé dans ma PAL, puis entre mes mains.

L’auteur nous propose ici de découvrir, à travers cinq récits, l’histoire d’une famille noble sur plusieurs générations et de nous faire découvrir un Japon imaginaire, où le fantastique n’est jamais loin. Alors autant le dire tout de suite, si vous cherchez un récit nerveux, ou le plein d’action, passez votre chemin. Claire Krust nous proposant ainsi plus de découvrir ici des récits intimistes, profond, soignés, au rythme assez lent, où chaque personnage va devoir évoluer pour avancer, mais qui, par sa poésie et par la magie qui s’en dégage arrive à happer le lecteur assez facilement. Chaque texte va ainsi posséder sa propre histoire, sa propre vie, et peut être lu indépendamment les uns des autres pour, une fois terminé, nous offrir une fresque assez dense et fascinante de cette famille de Noble, sa chute, sa malédiction, mais aussi ses fantômes et plus précisément concernant deux de ses membres ; Yuki et son frère et sur près de quatre générations. On pourrait se sentir un peu frustré de traiter une période aussi grande en si peu de textes, mais finalement non, la majorité des questions y trouvent leurs réponses et l’ensemble se révèle vraiment cohérent et complet. Certes il reste encore des aspects à découvrir, peut-être pourquoi pas à travers d’autres écrits, mais ces cinq textes se suffisent à eux-mêmes pour offrir un livre efficace. La construction peut clairement avoir son importance, les nouvelles étant agencée de telle façon, et avec précision, qu’elles permettent de mieux jouer avec le lecteur, d’amener les informations avec un peu plus de surprise, chaque texte apportant des informations sur les autres. L’ambiance qui est posée joue aussi un rôle important, j’ai trouvé, dans la lecture qui malgré son côté froid, profond, limite mystérieux, possède quelque chose d’immersif, de dense, voire même de touchant.

Concernant l’univers qui se dévoile au fil des pages, on sent très rapidement que l’auteur est fan du Japon, au point de nous offrir ici une contrée, proche, de ce que je connais du vrai, mais totalement imaginaire et ça marche. On est vraiment fasciné par la découverte du monde qui se dévoile, par petite touche au fil du récit qu’on les savoure. Il faut aussi bien avouer qu’elle ne laisse rien au hasard, puisque le travail effectué se révèle vraiment dense et bien porté par des descriptions denses, soignées et pointilleuses, que ce soit dans les coutumes, l’honneur, les vêtements, les lieux etc…. Le moindre petit détail permet ainsi de rendre ce monde plus palpable, plus vivant et fait qu’on se sent transporter, sans jamais se sentir ennuyé. Certes on tourne un peu sur les mêmes lieux au fil des textes, mais franchement ça ne dérange en rien la lecture. Ce Japon en devient ainsi limite un personnage à part entière qu’on a envie de découvrir de plus en plus à chaque nouvelle. L’aspect imaginaire vient alors apporter un plus à l’ensemble, se révélant, d’une certaine façon, léger et assez discret, même si on y trouve la présence de fantôme où de dons de dieux que je vous laisse découvrir, qui vient s’intégrer ainsi parfaitement au récit. L’hiver, qui se révèle finalement une saison importante, offre aussi une touche supplémentaire au récit, à la fois froid et attirant, le choix de la saison n’est pas anodin, car chaque texte est aussi là pour nous rappeler que la vie peut aussi se révéler cruelle, où le danger et la maladie sont présents, que tout n’est pas que joie et fins heureuses, par conséquent quoi de mieux que l’hiver. Attention l’ensemble est loin d’être sombre, il se révèle plutôt mélancolique, un peu comme un conte.

Concernant les personnages ils se révèlent soignés, intéressants à découvrir que ce soit dans leurs évolutions, comme dans leurs façon de voir ou de réfléchir. Chacun d’entre eux possède ainsi sa propre personnalité, loin de tout manichéisme, avec leurs forces et leurs faiblesses ce qui fait qu’on se retrouve assez rapidement à s’intéresser à eux, voir même à s’y attacher. Il est difficile de parler de chacun d’eux sans trop spoiler, mais en tout cas leurs aventures, leurs peines, leurs joies font que finalement on tourne les pages en espérant continuer à en apprendre plus sur eux, à les comprendre. Alors parfois, c’est vrai, l’auteur en fait un peu trop, ou certains personnages sont un peu stéréotypés, mais franchement rien de non plus très gênant, tant finalement chacun d’entre eux arrivera, d’une façon ou d’une autre, à concerner le lecteur, à l’intéresser.

Je regretterai juste, outre quelques phrases que j’ai trouvé mal construites, mais qui, pour un premier roman sont facilement pardonnable tant le style et la plume sont soignés, poétiques, entrainants, le fait que certains aspects soit un peu trop prévisibles. Rien de trop bloquant ou dérangeant, mais voilà, voir la fin d’une nouvelle arriver trop vite reste toujours légèrement dommage. J’ai aussi  noté quelques petites longueurs et enfin, j’ai trouvé que la dernière nouvelle du livre était plus faible que les autres, je ne sais pas, un léger manque de profondeur, de spontanéité qui fait qu’elle m’a moins accroché, moins marqué. Attention elle n’est pas non plus mauvaise pour autant, juste qu’elle ne possède pas, selon moi la même force que les quatre autres. Franchement rien de non plus frustrant. Au final ce premier roman de Claire Krust se révèle une belle surprise, qui nous plonge rapide et facilement dans ces contes, pour peu qu’on apprécie ce genre de récit, et je lirai sans soucis d’autres de ses écrits.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman, qui est le premier publié de l’auteur, et qui s’est révélé entrainant, efficace et poétique. Alors, certes, si vous cherchez le côté nerveux et plein d’action passez votre chemin, les cinq récits qui nous sont proposés ici mettant plus en avant le côté humain, intimiste, nous proposant un intrigue fil rouge qui tourne autour d’une famille de nobles, où chaque nouvelle possède sa propre voix à travers différents personnages qui se révèlent uniques, soignés, avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs façon de voir et dont chaque aventure va les faire évoluer de façon vraiment intéressantes. L’univers construit au fil des pages se révèle vraiment dense, travaillé et on sent bien que l’auteur est une grande admiratrice du Japon, nous proposant un univers imaginaire qui devient limite un personnage qu’on cherche à découvrir, où l’hiver a une grande importance. L’imaginaire se révèle léger et apporte un véritable plus à l’ensemble, sans non plus trop s’imposer, par petites touches. Je regretterai juste, outre quelques phrases mal construite qui n’est en rien gênant surtout quand on sait qu’il s’agit d’un premier roman et que la plume de l’auteur se révèle vraiment soignée et poétique, certains aspects qui m’ont paru trop prévisible, quelques petites longueurs ainsi qu’une cinquième nouvelle qui m’a paru légèrement en-dessous des autres. Mais bon rien de non plus bloquant tant Claire Krust, à travers ce premier livre, s’impose comme une auteur à suivre et dont je lirai d’autres écrits avec plaisir.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Melisende, Iluze, joyeux-drille, …

CRAAA

Challenge CRAAA 4ème lecture

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