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Testament Tome 2, Alouettes – Jeanne-A Debats

alouettesRésumé : Je m’appelle Agnès, et je suis orpheline. Ah ! Et sorcière, aussi. Mon oncle m’a engagée dans son étude notariale. Ne croyez pas que le job soit ennuyeux, en fait, ce serait plutôt le contraire. En ce moment, tout l’AlterMonde est en émoi à cause d’une épidémie de Roméo et Juliette. Imaginez : des zombies tombant amoureux de licornes, des vampires roucoulant avec des kitsune, des sirènes jurant un amour éternel à des garous. Et tout ce beau monde défile dans notre étude pour se passer la bague au doigt. Mais la situation commence à sérieusement agacer les hautes autorités.
Et comme l’AlterMonde n’est pas Vérone, à nous de faire en sorte que cette fois l’histoire ne se termine pas dans un bain de sang…

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : Fin 2014, l’auteur sortait le premier tome d’un cycle de Fantasy Urbaine dans le même univers que celui de Métaphysique du Vampire dont on en retrouvait le héros, Navarre, mais plus comme un personnage secondaire ; Agnès étant l’héroïne de cette trilogie. Ce premier tome m’avait ainsi offert un excellent moment de lecture, que ce soit dans son histoire entraînante, ses personnages efficaces et attachants ainsi que dans son ton et son humour plus que mordant. C’est donc sans surprise que je me suis rapidement laissé tenter par ce second tome avec l’envie d’en apprendre plus sur notre héroïne et concernant les questions qui sont restées ouvertes dans le tome précédent. À noter la couverture, illustrée par Damien Worm, que je trouve très sympathique. Il est possible, je pense, de lire ce second tome sans avoir lu le premier, mais ce serait dommage je trouve.

On plonge ainsi trois ans après la fin du premier tome, Agnès a clairement du mal à se remettre des terribles évènements qui l’ont marqué dans L’Héritière et  elle commence seulement peu à peu à reprendre pied. C’est là que le destin a décidé de jouer un vilain tour, en effet une vague de Roméo et Juliette se précipite dans l’étude notariale pour demander à se marier. Ajoutez à cela la recherche d’un objet antique disparu, mais des plus surprenants et notre héroïne va avoir des semaines bien chargées. Dès la première page je me suis ainsi retrouvé assez rapidement happé par ce récit qui ouvre avec un premier chapitre surprenant, mais qui nous ramène directement en terrain connu. On y retrouve ainsi avec plaisir le quotidien d’Agnès, un peu comme une vieille amie qu’on a un peu perdu de vue. L’intrigue pourrait paraître classique aux premiers abords, avec cette variation sur le thème de Roméo & Juliette, mais l’auteur arrive clairement à offrir quelque-chose de différent, principalement à travers un ton qui se veut toujours aussi décalé, percutant et plein d’humour. L’histoire alterne ainsi avec réussite entre scène d’action ou de tension, avec des scènes plus de développement. On y retrouve aussi au gré des pages de nombreuses références littéraires, ainsi que de nombreux clins d’oeil envers la littérature, qu’elle soit de l’imaginaire ou non, et pas que. La construction de l’intrigue se fait un peu de la même façon que le premier tome, avec un rythme qui monte lentement au fil des pages pour aboutir à une conclusion qu’on va dire explosive.

Mais là n’est pas l’intérêt principal du roman finalement, certes l’histoire se révèle entrainante et offre même quelques scènes épiques, mais c’est plus ici l’évolution de l’héroïne qui m’a franchement intéressé. Ce tome peut ainsi être considéré comme un tome de transition, pas dans le récit, mais pour Agnès. Elle n’est ainsi plus vraiment la jeune fille enfermée chez-elle qui a peur du monde, elle a découvert que le monde extérieur n’était pas que fantômes et souffrances pour elle, qu’il y a quelque chose de bénéfique à profiter de la vie même si elle offre des coups durs. Elle a commencé à s’ouvrir aux autres, à gagner en tempérament et s’affirme de plus en plus. Elle est devenue ainsi une autre femme et continue à évoluer, à « éclore » d’une certaine façon. Certes, les évènements du premier tome l’ont éprouvé, mais elle montre qu’elle est capable de se relever. C’est ce côté clairement humain, à fleur de peau, avec ses forces et ses faiblesses qui rendent l’héroïne intéressante à suivre et attachante. En effet malgré son pied dans un monde « fantastique » cela ne l’empêche pas d’avoir finalement une vie comme tout le monde, avec ses réflexions et ses tracas. Concernant les personnages qui gravitent autour d’elle, ils ne sont pas non plus en reste, que ce soit ceux du premier tome qui continuent à se densifier comme Géraud par petites révélations ou encore Navarre, mais aussi dans les nouveaux protagonistes qui viennent un peu dépoussiérer certains mythes tout en offrant des personnages secondaires qui ne sont pas toujours là que pour faire avancer l’intrigue tant certains nous donnent envie d’en apprendre plus sur eux. Entre les immortels toujours jeunes et les jeunes trop posés dans leurs têtes, le récit nous offre un large panel de personnages des plus coloré, ravageur et efficace.

Concernant l’univers qui est développé au fil du récit il se révèle toujours aussi accrocheur et captivant. La ville de Paris se révèle toujours aussi intéressante comme décor, mais cette fois elle devient plus sombre, dévoilant une histoire par toujours joyeuse. Surtout l’auteur fait résonner des évènements contemporains dans son univers futuriste de façon intéressante sans se révéler lourd ou ennuyeux. Autour de la ville elle continue aussi à travailler son AlterMonde que ce soit à travers les différents clans où on se retrouve à quitter le classique Loup-garou, vampire pour quelque-chose de beaucoup plus large avec Kitsune, Faune ou encore le Destin. Une vraie mythologie dense, complexe et qui pourtant ne manque pas de cohérence et d’attrait. Un univers plus que solide qui donne encore envie d’en découvrir plus et d’y plonger à nouveau. Là-dessus l’auteur n’oublie pas pour autant de chercher à nous faire réfléchir, offrant ainsi de nombreux sujets de réflexions que ce soit sur la position de la femme, notre société, la jeunesse ou bien encore la sexualité. Car oui le plaisir prend dans ce tome, on va dire, une grande importance, se retrouvant même d’une certaine façon au centre de l’intrigue, mais je vous laisse vous rendre compte pourquoi. Ne fuyez pas, certes il y a du sexe dans ce récit, mais il ne ne s’agit pas de sexe pour du sexe, outre que, comme je l’ai dit il sert l’intrigue, il permet aussi de faire avancer et réfléchir les personnages, car après tout, la vie sans amour dans tous les sens du terme serait ennuyeuse, non ?

Alors après, je regretterai peut-être juste une proportion un peu trop importante à mon goût de biologie dans les explications qui m’a paru parfois même légèrement répétitive ainsi qu’une conclusion un peu calqué sur la même résolution que celle du premier tome, mais franchement rien de franchement bloquant tant je me suis bien amusé avec ce second tome qui ne manque pas non plus d’action et de révélations. La plume de l’auteur se révèle efficace, soignée et joue beaucoup à la fluidité du roman arrivant à transformer des passages qui auraient pu m’ennuyer en quelque chose d’accrocheur à travers un ton décalé et percutant. Je lirai le troisième tome des aventures d’Agnès avec grand plaisir, surtout que certaines questions continuent à se développer en fond sur les origines de l’héroïne dont j’ai hâte de voir ce qui va être proposé.

En Résumé : J’ai de nouveau passé un très bon moment de lecture avec ce second tome qui offre de nouveau une intrigue, efficace, alternant de façon entraînante action et scènes de réflexions tout en revisitant le thème de Roméo & Juliette de façon percutante et avec humour. Mais voilà, malgré l’intrigue intéressante, le principal intérêt vient, selon moi, d’Agnès, de son évolution depuis le premier tome abandonnant de plus en plus l’héroïne cloitrée qui rejette le monde. Elle a gagné en tempérament. Un personnage vraiment humain et attachant qui, malgré son pied dans un monde fantastique, démontre qu’elle a une vie comme les autres avec ses tracas et ses bonheurs. Les personnages qui gravitent autour d’elle ne manquent pas non plus d’attrait, que ce soit ceux qu’on retrouve du premier tome comme les nouveaux. L’univers développé par l’auteur continue à se densifier au fil des pages avec en toile de fond la ville de Paris, se révélant d’ailleurs plus sombre et faisant aussi échos à des évènements actuels. Autre point intéressant les nombreuses réflexions que l’auteur soulève et qui ne laissent pas le lecteur indifférent. Après, je regretterai peut-être un aspect biologique trop détaillé et parfois légèrement répétitif, voir une fin qui reprend certains des mécanismes de résolution du premier tome, mais franchement rien de dérangeant tant finalement j’ai été happé par le récit. La plume de l’auteur s’avère captivante, fluide et vivante et je lirai avec plaisir le dernier tome des aventures d’Agnès, surtout que certaines questions ouvertes ont continué à se développer.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Mariejuliet, Boudicca, joyeux-drille, …

Le Club des Punks contre l’Apocalypse Zombie – Karim Berrouka

le-club-des-punks-contre-l-apocalypse-zombieRésumé : Paris n’est plus que ruines.
Et le prix de la cervelle fraîche s’envole.
Heureusement, il reste des punks.
Et des bières.
Et des acides.
Et un groupe électrogène pour jouer du Discharge.
Le Club des punks va pouvoir survivre à l’Apocalypse.
Enfin, si en plus des zombies, les gros cons n’étaient pas aussi de sortie…

Il est grand temps que l’anarchie remette de l’ordre dans le chaos !

Edition : ActuSF

 

Mon Avis : De Karim Berrouka, j’ai lu sa nouvelle qui avait été publiée dans l’anthologie Lancelot (ma chronique ici), ainsi que son roman Fées, Weed & Guillotines (ma chronique ), qui m’avaient chacun offert un bon moment de lecture à la fois plein d’humour barré et d’énergie. Il est donc logique que je me sois laissé facilement tenter par son dernier roman publié, qui a décidé de revisiter à sa façon le mythe du zombie. On notera la couverture, illustrée par Diego Tripodi, qui a le chic pour nous mettre directement dans l’ambiance.

On se retrouve ainsi à suivre un groupe de punks qui squatte une ancienne fabrique de vitraux, le collectif 25, luttant chacun à leur façon contre certaines idéologies. Sauf que voilà, en cette nuit de juin tout va basculer, les zombies vont apparaitre. L’idée même de mélanger le concept de Punks et de zombies à quelque chose d’intéressant, entre le no futur rebelle, sauvage et l’apocalypse mangeur de cervelles, il y a de quoi offrir des idées originales ce qu’il faut bien admettre le récit offre justement.  Je me suis ainsi rapidement retrouver happé par les aventures que vont vivre cette bande de keupons. Il faut dire aussi que le début se révèle terriblement efficace, que ce soit dans l’introduction de l’apocalypse qui est du pur délire, comme à travers la façon dont vont la vivre chacun des héros, entre survie et rêves les plus fous. L’ensemble se révèle ainsi clairement barré et surtout possède une énergie communicative qui fait qu’on se laisse ainsi facilement emporter, tant par le délire proposé que par les péripéties qu’ils vont rencontrer. Chaque page  fait sourire le lecteur, que ce soit dans la façon dont l’auteur met en avant sa vision de cette fin du monde, mais aussi dans chacun des personnages. Pour bien rentrer dans ce livre il faut par contre oublier une partie de la logique, mais j’y reviendrai plus tard.

Le point le plus intéressant du récit, autre que l’aspect déconne, vient clairement des personnages. Dire qu’on sort des héros classiques de ce genre de récit est un euphémisme, on est loin ainsi des survivants apeurés qui fuient pour survivre ou des militaires baraqués, et la façon dont chacun des personnages principaux va « gérer » cette apocalypse va se révéler vraiment intéressante, percutante et frénétique. Surtout que bon, libéré de la société, de ses règles, il y a de quoi parfois s’épanouir au mépris de la plus grand logique. L’intérêt principal vient principalement que l’auteur a réussi à nous offrir des personnages complexes, humains, avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs combats et leurs envies. Il offre ainsi une diversité qui, d’une certaine façon, ne tombe jamais dans la caricature et permet ainsi d’amener quelque chose de plus dense et de plus travaillé. On est loin de l’image que se font la plupart des gens du mouvement punk, offrant ainsi au final des gens comme vous et moi à la vision simplement et fortement différente de la vision générale du monde. Alors parfois on tombe un peu trop dans certains stéréotypes, mais rien de non plus trop gênant. Par contre, je regrette un léger manque d’émotion, principalement dans certaines scènes dont je ne dirai rien pour ne pas spoiler, mais qui paraissent un peu « surjouées » ce qui fait qu’on se doute qu’il y a quelque chose de plus.

Concernant l’univers, d’un point de vue zombie on reste dans le classique et le solide, avec les morts qui reviennent à la vie, avec  la grande force et l’effet de masse, et toutes les faiblesses qu’on connait. L’auteur s’offre bien une originalité avec la musique, que je vous laisse découvrir, mais qui par moment m’a paru offrir un peu trop de facilités.. Non, l’intérêt vient principalement quand l’auteur profite de cette apocalypse pour y glisser une réflexion sur notre société et principalement sur le capitalisme qui amène la « mort » de notre société à travers exacerbation de l’individualité de chacun ou encore par notre consumérisme outrancier. J’évite de trop en dire, car certaines analogies liées aux zombies sont vraiment délirantes. Le parallèle se révèle ainsi efficace, percutant et ne laisse pas indifférent, même si c’est vrai on tombe parfois un peu trop dans le binaire avec les gentils d’un côté, les méchants de l’autre et les moutons au milieu. Sauf que voilà cette « caricature » accentuée permet surtout d’exacerber le message qui est transmis, à le rendre plus marquant, pousser le lecteur d’une certaine façon à se sentir troubler, déranger, pour mieux se poser des questions. Ça ne marche pas toujours selon moi, tant parfois l’auteur en fait trop, et tombe dans un message trop simpliste, ce qui fait qu’il passe moins, mais dans l’ensemble ça reste efficace.

Autre point fort du récit, toute la culture punk, révolutionnaire, qui est mise en avant tout au long du récit. Je ne suis pas familier du milieu, mais on sent que Karim Berrouka, lui-même chanteur dans un groupe de punk, en est imprégné et nous la fait partager que ce soit dans la musique, les titres de chaque chapitre ou dans les grandes figures. Il arrive surtout à lier les deux univers pour nous le partager sans se révéler trop lourd ou ennuyeux. Enfin dernier point concernant l’univers, il vient de l’aspect mystique, car oui l’auteur y a ajouté une touche de religion et de vision, tout en gardant toujours cet esprit acerbe et critique. J’avoue je suis resté un peu perplexe, parfois je trouvais que ça n’apportait pas grand chose, mais au final je l’ai trouvé intéressant face à la conclusion qu’il va proposer. En effet la fin est le point d’orgue, cette façon de retourner la situation de façon cynique, je l’ai trouvé réussie et efficace.

Sauf que voilà malgré toutes les qualités que possède ce roman et son esprit complètement barré, certains points m’ont un peu dérangé. Déjà je trouve qu’au niveau du rythme après une première partie plus qu’efficace, l’ensemble s’essouffle doucement, un peu comme si l’auteur tirait un peu trop l’intrigue en longueur ce qui se ressent au milieu du récit, avant de repartir de plus belle. Ensuite, j’ai eu un peu de mal avec la construction du récit, certes c’est énergique, mais l’utilisation récurrente des flashback m’a légèrement frustré, nous faisant vivre des scènes déjà passées qui ne méritaient peut-être pas autant de développement. Enfin j’ai trouvé un peu dommage certains Deus Ex Machina qui finalement servent un peu trop l’intrigue, comme je l’ai dit plus haut il faut parfois oublier la logique et je n’ai pas toujours réussi. Au final cela n’empêche pas non plus ce récit de se révéler très  sympathique et divertissant. La plume de l’auteur se révèle efficace, entraînante et simple, plongeant finalement assez facilement le lecteur dans son délire, offrant ainsi quelques sourires et quelques rires.  Si vous aimez les romans barrés, la révolution, le no future ou encore les zombies, alors pourquoi ne vous laisseriez-vous pas tenter?

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce roman qui nous propose de découvrir l’apocalypse zombie à travers un groupe de Punks. Le récit démarre fort, se révélant énergique et surtout offre un pur délire qui nous fait sourire régulièrement, voir même rire. Les personnages sortent clairement des carcans de ce genre de récit, mais surtout l’auteur offre des personnages humains, loin des caricatures et de l’image que peut se faire le grand public des punks ce qui les rend attachants. Je regretterais peut-être juste un léger manque d’émotion par moment. L’univers zombie se révèle classique, ce qui ne l’empêche pas de s’avérer solide et entraînant avec cette originalité concernant la musique qui possède quand même ses limites. C’est surtout concernant toute la culture punk qu’on sent toute la passion de l’auteur ; qu’il cherche à nous faire partager. Il n’oublie pas non plus de chercher à nous faire réfléchir sur notre société, certes parfois de façon frontale, parfois tombant trop dans la caricature, mais dans l’ensemble c’est efficace. Alors après, je reprocherais tout de même un certain essoufflement vers le milieu du récit, une utilisation un peu trop systématique des flashbacks ou encore un peu trop de Deus Ex Machina. Cela n’empêche pas l’ensemble de se révéler plus que divertissant, mais l’empêche de se révéler vraiment marquant. Le tout est porté par une plume simple, efficace et captivante.

 

Ma Note: 7/10

 

Autres avis : L’Ours Inculte, …

Mr. Shivers – Robert Jackson Bennett

mr shiversRésumé : Etats-Unis, époque de la grande dépression.
Par milliers, les gens quittent leur foyer, à la recherche d’une meilleure vie. Mais Marcus Connelly n’en fait pas partie. Lui ne désire qu’une chose : la vengeance. Passager clandestin des chemins de fer, le vagabond couvert de cicatrices qui a tué la petite fille de Connelly rôde dans les campements de ceux qui ont tout perdu. Nul ne connaît son identité mais tout le monde connaît son nom : Mr Shivers.
C’est l’histoire d’une Amérique hantée par la mort et le désespoir. Un monde dans lequel un homme doit affronter une sombre vérité et répondre à une question : jusqu’où peut-on aller pour obtenir satisfaction ?

Edition : Eclipse

 

Mon Avis : Ce livre, cela fait un long moment qu’il traîne dans ma PAL. C’est bien simple, il s’agit même d’un livre de la première édition d’Eclipse avant son rachat par Panini, avec le marque-page détachable à l’intérieur de la couverture, ce qui remonte bien à quelques années. J’avoue le côté fantastique et historique sur la grande dépression m’avait initialement attiré, puis, comme souvent, il est allé se cacher au fond de ma PAL et a attendu de longs mois avant que je lui laisse sa chance.

Connelly est un homme qui a connu l’horreur, il a perdu sa fille assassinée par un mystérieux vagabond. Avide de vengeance, il décide alors de partir lui-aussi sur les routes pour espérer y retrouver l’assassin et lui faire payer. Il va ainsi se lancer dans une quête qui ne va pas le laisser indemne. Je dois bien avouer que j’ai plutôt apprécié ce livre qui s’est révélé clairement sympathique dans ce qu’il propose comme message, mais aussi dans l’image de fond qu’il dévoile. Sauf que voilà, je dois bien avouer, le roman est quand même un peu laborieux à démarrer. L’auteur décide ainsi de construire son récit comme un Thriller, un peu à la Joe R. Lansdale, cherchant à nous offrir un roman noir dans cette quête de vengeance et de « justice », sauf que voilà l’auteur a un peu de mal à vraiment maîtriser cette chasse à l’homme, manquant un peu de peps. L’auteur n’a aussi pas obligatoirement la puissance de certains autres écrivains, ce qui fait que son aspect thriller parait manquer un peu de puissance, certains passages se révéler redondants et aussi traîner légèrement en longueur. Il faut attendre la première rencontre entre notre héros et Mr. Shivers, avec l’introduction lente d’une dosse de fantastique pour que le récit y gagne un second souffle qui, je trouve, va le rendre plus intéressant.

Le principal intérêt, je trouve, du roman, vient principalement de l’image de fond que construit l’auteur au niveau de son univers. Je pense bien entendu en premier lieu de l’image de la grande dépression qui est mise en avant. Cette migration de tout un pays à la recherche d’un endroit meilleur, d’un endroit où il y a du travail. Mais surtout ce qui est décrit va plus loin que cette simple période sombre de l’histoire US, on sent ainsi les prémices d’un bouleversement qui va complètement changer le monde, quelque chose de plus sombre qui se révèle en arrière-plan. Cela se ressent surtout dans la rencontre finale entre nos deux protagonistes, à travers la métaphore liée à la mort et cette idée de renaissance que j’ai trouvé vraiment intéressante et percutante. L’auteur nous rappelle aussi ainsi que la souffrance, la faim, l’exil sont partout, qu’on peut les retrouver partout, tant il arrive à rendre son image de fond universelle. Alors certes, cette idée a déjà été traitée de nombreuses fois, dont justement par Lansdale, mais je trouve que Bennett s’en sort très bien avec quelques idées originales. L’aspect fantastique qui prend de plus en plus d’ampleur en approchant de la fin, apporte en plus quelque chose de vraiment intéressant et troublant, mettant ainsi en place une ambiance qui s’assombrit au fil des pages, se révélant légèrement dérangeante, ce qui apporte un plus à l’ensemble. L’auteur m’a paru ainsi mieux gérer cette dose de surnaturel que l’intensité de son Thriller, ce qui est un peu frustrant tant l’ensemble aurait pu y gagner.

Concernant les personnages, je dois bien avouer que je reste légèrement circonspect. Ils ne sont en soit pas mauvais, servant de façon efficace l’intrigue, apportant ainsi révélations, surprises et rebondissements, avec aussi  leurs certitudes et leurs doutes, ce qui les fait avancer ou reculer. Sauf que voilà ils manquent clairement de profondeurs. De plus ils paraissent dans la grande majorité interchangeables. L’auteur aurait vraiment dû, je pense, leur offrir plus de profondeur sur leurs histoires, leurs passés, car mis à part un ou deux qui sortent un peu du lot, les autres paraissent un peu fade et même certains vite oubliés. L’émotion reste tout de même présent, mais plus dans un élément d’ensemble lié à cette grande crise que connaît les USA et permet ainsi de toucher et faire réfléchir le lecteur, mais elle aurait pu je pense gagner en puissance avec un personnage plus profond et attachant. Surtout que ce genre de crise n’est jamais très loin, il ne faut pas se le cacher. Au final seul nos deux héros sortent un peu du lot, que ce soit Connelly par son ambiguïté et son désir de vengeance à tout prix, et Mr. Shivers, véritable visage du mal qui va finalement se révéler plus mystérieux et énigmatique qu’on le pense, mais plus dans leur duel qui se révèle vraiment intéressant et tendu.

La plume de l’auteur se révèle je trouve âpre, simple, entraînante, incisive et vivante collant parfaitement à l’ambiance mise en place, que ce soit dans l’époque comme dans l’aspect fantastique. Au final ce livre s’est révélé offrir une lecture assez agréable, avec ses défauts et ses faiblesses, proposant un conte sombre à la conclusion surprenante. Je me laisserai, pourquoi pas, tenter par un autre roman de l’auteur pour voir comment sa plume évolue.

Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture à travers ce roman qui nous dévoile la quête de vengeance de Connelly suite à la mort de sa fille, mais qui va au final dévoiler un message plus profond. Alors certes, l’aspect Thriller n’est pas des plus abouti dans un premier temps, se révélant par moment même un peu long, mais une fois l’aspect fantastique qui se met en place l’ensemble, selon moi, gagne en intensité. La grande dépression US en toile de fond est l’un des points forts du roman, je trouve, nous plongeant de façon vraiment efficace dans cette crise qui va bouleverser le monde, le tout avec une légère dose de surnaturelle qui offre une conclusion des plus surprenante et apporte un véritable plus au récit. Les personnages, par contre, son un peu le point faible du récit, se révélant interchangeable et parfois fades, même s’ils font évoluer l’intrigue de façon efficace. Seul Connely et Shivers se dégagent, même si c’est plus dans leur duel que dans leur profondeur. Cela n’empêche pas l’ensemble de se révéler divertissant, mais je trouve aurait pu en gagner encore plus d’intérêt et de qualité. La plume de l’auteur se révèle simple, incisive et entraînante, ce qui fais que je me suis tout de même laissé emporter à travers ce roman. Je me laisserai, pourquoi pas, tenter par un autre roman de l’auteur car je trouve qu’il a du potentiel.

 

Ma Note : 7/10

 

Autres avis : Zina, Lily Tigre, Madoka, …

Les Evangiles Ecarlates – Clive Barker

les evangiles ecarlatesRésumé : On attendait depuis près de vingt ans le retour des deux personnages les plus célèbres de Clive Barker : Pinhead et Harry D’Amour.
Un rendez-vous annoncé dans un ouvrage devenu mythique que des millions d’admirateurs n’osaient plus espérer.
Ce livre, le voici.
Un final grandiose qui oppose le fameux détective du surnaturel Harry D’Amour et le Prêtre de l’Enfer, immortel et sadomasochiste – Pinhead pour les intimes. La conclusion de l’histoire qui commença dans Hellraiser avec la découverte d’une étrange boîte, un cube-puzzle réputé ouvrir un portail sur l’enfer lui-même…

Edition : Bragelonne

 

Mon Avis : J’avoue, j’aime beaucoup ce que fait Clive Barker, principalement pour tout ce qui tourne autour du frisson et de l’horreur, même s’il m’arrive parfois d’être déçu comme lors de ma lecture de Jakabok. Après il faut aussi dire je n’ai pas encore lu son cycle jeunesse, Abarat, dont le premier tome m’attend dans ma PAL. Ma première découverte fût justement avec le personnage de Pinhead à travers le film, puis la novellisation, de Hellraiser. Je connais moins Harry D’Amour, même si je l’ai croisé dans une ou deux nouvelles dont je trouvais l’aspect Urban Fantasy sombre et violent intéressant. C’est donc sans surprise que je me suis rapidement laissé tenter dans ce qui est annoncé comme étant leurs dernières aventures.

Après, le soucis avec ce genre d’affrontement entre deux personnalités connues, vient souvent des attentes du lecteur. J’avoue que je ne me lançais pas dans cette lecture avec d’attentes particulières, mais plus dans la découverte. Cela a fait que je me suis ainsi retrouvé facilement porter par ce récit qui se révélait énergique, percutant avec son lot de frissons, de violence et de sang. alors après il ne faut pas non plus le nier, malgré que je n’avais aucune attentes particulières, j’ai quand même eu l’impression de ne pas avoir le meilleur Barker entre les mains. Alors attention, l’ensemble est loin d’être mauvais, je l’ai même trouvé vraiment sympathique dans ce qu’il construit et on sent aussi clairement qu’il « aime » ces personnages, leur offrant un final qui ne manque pas d’attrait, entrainant et plutôt réussi avec une conclusion intéressante. Il faut dire qu’il démarre fort, avec une première partie qui ne va pas manquer de percussion et d’horreur, le tout avec une certaine aridité, dégageant un certain plaisir pervers face à la souffrance, et qui met directement le lecteur dans le bain et rappelle à quel point notre cher Cénobite n’est pas, selon moi, l’un des monstres récurrents les plus effrayant pour rien. On retrouve ici avec force et intérêt cette ambigüité qui tourne autour de la violence, liée au plaisir. Ce que j’ai par contre trouvé dommage, c’est que tout ce travail sur l’horreur m’a paru moins »profond » que ce que j’avais découvert dans d’autres de ces écrits, parfois même un peu gratuit. On se retrouve ici quelque chose de plus brute, de plus graphique, de plus froid. Cela offre, c’est vrai une vision différente, mais m’a légèrement frustré comme si l’auteur avait peur de vraiment se laisser aller ou comme s’il ne voulait pas perdre la tension du récit.

Le grand intérêt du roman vient bien entendu de la rencontre entre Harry D’Amour et Pinhead. Comme je l’ai dit, Clive Barker aime ses personnages et cela se ressent dans leurs constructions tout le long du récit. On n’est clairement pas sur une confrontation, même si les deux personnages sont opposés, l’un représentant l’enfer, l’autre se révélant plus humain avec une certaine moralité et de bonté, mais plus dans un « lien » qui va relier les deux personnages tout du long de ces aventures. J’ai ainsi adoré retrouver le cénobite, son côté froid, énigmatique, méticuleux, intelligent et carnassier, son plaisir de faire souffrir, certes on ne le comprend pas toujours, vu qu’on est clairement moins présent dans sa tête que d’autres héros, mais c’est mieux ainsi. En effet rendre plus profond ce personnage avec des sentiments ou des émotions aurait eu le risque de lui enlever ce qui fait sa force : sa monstruosité. Alors attention je ne parle pas d’adorer ou de mettre sur un piédestal un monstre, mais plus d’apprécier le personnage pour ce qu’il est, un croquemitaine, dévoilant le côté sombre et offrant de quoi bien frissonner. De l’autre côté j’ai découvert plus en profondeur Harry D’amour et sa bande de rejetés, de mal aimés, qui ont clairement réussi à m’accrocher. Je me suis attaché à eux, principalement à leurs différences, leurs faiblesses qui transparaissent comme des blessures ouvertes. Surtout que l’auteur a clairement le chic pour nous proposer un groupe hétéroclite, humain et vivant. J’en suis même sorti légèrement frustré tant parfois l’ensemble m’a paru seulement survolé et aurait mérité plus de développement.

On se retrouve ici dans un univers assez classique dans les grandes lignes, avec ce qu’on pourrait considérer comme une binaire lutte entre le bien et le mal, sauf que voilà l’auteur, à défaut de clairement la révolutionner l’idée, décide d’offrir quelque chose de différent. De duel il y en aura un, certes pas entre Pinhead et D’Amour, mais un combat plus biblique dont je ne dévoilerai rien pour éviter de vous spoiler. Le principal intérêt de cet univers vient par contre dans la plongée en enfer, le héros devant suivre Pinhead dans son monde, et sa découverte au fil des pages. De nouveau un aspect très visuel qui percute, se révélant étrange, angoissant même si certains aspects auraient mérité d’être plus soignés. L’aspect magie qui est l’un des éléments importants du récit, sans se révéler révolutionnaire, s’avère solide avec une mention spéciale aux tatouages dont j’ai trouvé le principe vraiment intéressant.

Alors après, tout n’est pas non plus parfait dans ce roman, l’ensemble se révélant un peu linéaire à mon gout. C’est percutant et incisif, mais on voit les choses arriver en avance, de même j’ai eu l’impression que le voyage de D’amour et ses amis m’a paru un peu trop facile, on ne s’inquiète jamais vraiment pour eux. Ensuite certains passages m’ont paru traité trop rapidement, là ou au contraire un ou deux aspects m’ont paru de trop. Enfin dernier point, comme je l’ai déjà dit ce n’est clairement pas le meilleur roman de l’auteur, on n’y retrouve pas complètement l’impact qu’on retrouvait dans ces anciens écrits. Maintenant soyons clair, oui ce livre n’est pas exempt de défauts, mais il a réussi à me divertir, voir à certains moments à me toucher, se révélant sympathique, bien porté par une plume simple efficace et très visuelle.

En Résumé : J’ai passé un agréable moment de lecture avec ce roman proposant LA rencontre en Pinhead et Harry D’Amour. Alors certes ce n’est pas le meilleur roman de l’auteur, ne retrouvant pas obligatoirement la profondeur que peut mettre l’auteur derrière l’horreur, mais il se révèle percutant et entrainant. L’intérêt principal du récit vient clairement de la rencontre entre ses deux figures habituelles de l’auteur, surtout que l’auteur nous brosses des personnages réussis et terriblement efficace que ce soit dans le frisson avec le Cénobite et attachants avec D’Amour et sa bande. L’univers, se révélant classique dans sa lutte entre le bien et le mal, mais l’auteur offre quelque chose de solide avec un traitement légèrement différent de ce qu’on pouvait attendre, évitant ainsi la bataille finale entre les deux héros. Cela n’empêche pas une belle bataille que je vous laisse découvrir. La plume se révèle simple, efficace et entrainante. Alors après comme je l’ai tout n’est pas non plus parfait, l’ensemble se révélant linéaire, de plus on a du mal a vraiment s’inquiéter pour Harry et ses amis, mais voilà même si c’est loin d’être le roman le plus réussi de l’auteur il a marché avec moi, se révélant sympathique.

 

Ma Note : 7/10

Seuls – Mathias Moucha

seulsRésumé : Mathieu pensait faire un aller-retour express en République tchèque : le temps de régler les affaires de son grand-père, tout juste décédé, et peut-être de boire une bière dans une province typique de Prague avec son frère, son neveu et un ami. Mais à peine a-t-il mis le pied dans le village sinistre de ses ancêtres que l’escapade tourne au cauchemar. De la Bohême profonde aux vieilles rues de Prague, de l’antique Sumer à la Vienne impériale, des Cathares aux armées nazies, Mathieu suivra un chemin jalonné d’épouvantables découvertes. Un voyage avec pour compagnon la peur, la mort et une vieille paire de lunettes.

Edition : Snark

 

Mon Avis : Seuls fait partie des romans qui traînent dans ma liseuse depuis un certain temps déjà. Il y est entré lors de l’une des opérations de promotion que proposait Bragelonne. Vu que, depuis quelques jours j’ai ressorti ma liseuse, j’ai décidé de l’en faire sortir et de me faire un avis sur ce court roman dont les échos que j’avais eu se révélaient plutôt positifs. A noter une couverture qui joue sur le côté intriguant et mystérieux et qui donne, je trouve, envie d’en apprendre plus.

 L’auteur décidé ici de nous emmener en République Tchèque où l’on suit Mathieu, qui vient pour gérer le décès d’un grand-père qu’il n’a à peine connu avec son frère, son neveu et un ami. Perdu dans un petit village à trier les affaires de la maison du grand-père des évènements étranges et fantastiques vont alors survenir et des drames vont se produire. Bon, je dois bien avouer qu’une fois la dernière page tournée, je suis loin d’être convaincu par ce récit. Il m’a paru, d’une certaine façon, pas vraiment abouti dans tout ce que cherchait à mettre en place et en avant l’auteur. Déjà commençons par ce que j’ai trouvé être le point fort du récit, la capacité du récit à nous plonger en République Tchèque, à vraiment nous y intégrer, à nous donner envie, d’une certaine façon de la découvrir, que ce soit par son étrangeté, sa dualité entre ruralité et modernité, son histoire ou encore tout l’aspect architectural et historique offre vraiment quelque chose de solide et donne limite envie d’aller visiter le pays. On sent d’ailleurs que l’auteur soit connait bien le pays, soit s’est fortement renseigné et pose l’ensemble par petite touche comme des spécialités locales, des lieux à découvrir ou encore commencer les dialogues avec des locaux en tchèque avant de passer en français, même si j’ai trouvé que ce dernier point avait ses limites et se révélait lassant, même si rien de non plus bloquant.

L’auteur décide de construire son récit en deux parties, une première partie qui se veut fantastique dans la plus pure tradition de l’étrangeté et de la peur, puis une seconde partie qui se veut plus thriller, course poursuite. Sauf que voilà la mayonnaise n’a jamais pris avec moi. La partie fantastique qui aurait dû se révéler angoissante, stressante à souhait, jouant sur ce sentiment de peur, de mort et de frisson n’est jamais présent. Je ne l’ai jamais ressenti pour la simple et bonne raison que l’auteur va trop vite ce qui empêche l’ambiance et la complexité cherchée de se développer. L’exemple le plus flagrant qui me vient à l’esprit vient des morts qui surviennent dans l’histoire. Des personnages importants décèdent suite à des évènement inexplicables et pourtant on ne ressent rien, que ce soit aussi bien le lecteur que les héros. Ni chagrin, ni haine, ni peur ne ressort car la mort est quasiment relégué au second plan, voir limite oublié quelques pages plus loin pour aller vite dans l’intrigue. Alors l’auteur cherche bien à placer des scènes qui cherchent à émouvoir le lecteur, à montrer que ces pertes touchent nos héros, sauf qu’elles ne durent que quelques lignes sans véritables impacts et surtout détonnent face à certains choix pris après dans le récit. La partie thriller, elle, par contre, m’a fait gagner un peu d’intérêt au récit principalement parce que l’intrigue s’emballe, offrant un rythme plus tendu et effréné avec course poursuite et fusillade, qui fait qu’on tourne les pages avec envie d’en apprendre plus. Dommage que l’intrigue penche alors vers la série B, cherchant peut-être un peu trop le mélange et le sensationnel dont je ne dévoilerai rien pour éviter de spoiler, mais oubliant un peu de densifier le tout. Il faut aussi dire que le roman est court.

Concernant les personnages, ils ont du mal à vraiment se révéler marquant. Niveau avancé de l’intrigue ils remplissent parfaitement leurs rôles, apportant ainsi de nombreuses révélations et de nombreux rebondissements. Sauf que voilà, au final, je n’ai jamais réussi à m’attacher à l’un d’entre eux. Ils m’ont ainsi paru de manquer de profondeur, mais aussi principalement d’émotions, de sentiments. On rejoint un peu le point que j’avais soulevé plus tôt, on ne plonge jamais vraiment profondément dans les personnages principaux, dans leurs psychés, ce qui les motivent, les touchent. Pourtant il se passe énormément de chose, mais voilà le récit préfère se consacrer sur l’action et l’intensité et j’ai trouvé cela dommage car il y avait matière à plus. C’est un choix, certains y accrocheront sûrement plus que moi, mais j’avoue que pour ce genre de récit où les émotions aident à la mise en place de l’ambiance, j’aime que l’ensemble soit un peu plus fouillé. Dommage aussi que certains personnages secondaires, tombent un peu dans la caricature.

La plume de l’auteur n’a rien de très marquant, mais se révèle somme toute simple et efficace, principalement dans la seconde partie, ce qui fait que sur la fin je me suis un peu plus senti emporté par ce récit. Au final, je ne peux pas dire que cette lecture a été complètement mauvaise, certains aspects arrivent à se révéler intéressants, mais il est loin de répondre aux attentes que j’avais en le commençant. Je ressors donc légèrement déçu, même si je ne doute pas que ce récit plaira plus à ceux qui apprécient les histoires nerveuses qui vont vite et offrent de nombreux rebondissements.

En Résumé : Finalement je ressors de ma lecture de ce court roman pas vraiment convaincu. Il y a pourtant des points positifs qui se dégage comme l’immersion du lecteur en République Tchèque qui donne envie d’en découvrir plus ou encore une seconde partie énergique qui fait qu’on tourne les pages. Mais voilà j’ai trouvé que le manque d’émotion et le besoin d’aller trop vite dans le récit bloquait la mise en place d’une ambiance plus propice à ce récit fantastique. Comme si les drames et les morts n’avaient que peu d’importance. Ajouter à cela des personnages principaux, certes qui remplissent leurs rôles de faire avancer l’histoire, mais qui manquent de sentiments et des personnages secondaires un peu caricaturaux, j’avoue avoir été frustré. La plume de l’auteur, sans se révéler exceptionnelle, est simple et entrainant et je ne doute pas que ce livre plaira à ceux qui cherchent quelque chose de nerveux et qui va très vite, mais pour moi je pense qu’un travail plus profond m’aurai plus accroché.

 

Ma Note : 5/10

Les Décharnés, Une Lueur au Crépuscule – Paul Clément

les decharnesRésumé : Une journée de juin comme une autre en Provence. Blessé à la cheville, Patrick, un agriculteur de la région, asocial et vieillissant, ne souhaite qu’une chose : se remettre au plus vite pour retrouver la monotonie de sa vie, rythmée par un travail acharné.
Mais le monde bascule dans l’horreur lorsque les automobilistes, coincés dans un embouteillage non loin de chez lui, se transforment soudain en fous assoiffés de sang… de sang humain. S’il veut survivre, Patrick doit non seulement faire face à ces démons qui frappent à sa porte mais aussi à ceux, plus sournois, qui l’assaillent intérieurement. Et si cette petite fille, qu’il prend sous son aile, parvenait à le ramener, lui, vieux loup solitaire, dans le monde des vivants ?

Edition : Auto-Edition

 

Mon Avis : On ne va pas le cacher, depuis quelques années la mode est aux zombies, que ce soit aussi bien au cinéma qu’en librairie, il est revenu en force. Voir même un peu trop parfois à mon goût. Pourtant j’aime bien le roman de zombie, alors pas tant le monstre en lui-même qui n’a rien de non plus exceptionnel, mais plutôt tout ce qu’il permet de soulever comme questions que ce soit sur la société comme sur nous-mêmes. Il m’arrive donc de me laisser attraper par un roman de zombie et le dévorer (oui il m’arrive de faire des jeux de mots pourris, vous allez devoir vivre avec). Par conséquent quand l’auteur, que vous connaissez peut-être sous le pseudo de Squeletor rédacteur en chef du site my zombie culture, m’a proposé de découvrir son livre j’avoue que je me suis rapidement laissé tenté, surtout que les quelques avis que j’avais vu passer se révélaient plus que positifs.

Les Décharnés nous plonge ainsi en Provence où Patrick, agriculteur de profession, profite d’un peu de repos pour se moquer des citadins coincés dans les embouteillages sur une route en plein milieu de son champ. Toutefois, tout va basculer pour lui quand, suite à plusieurs incidents, les morts vont se relever. Patrick n’a alors qu’une seul idée en tête survivre. Alors clairement dis comme ça, ce n’est pas non plus le pitch le plus original qui soit concernant les zombies, mais voilà c’est parfois dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Paul Clement connait ainsi trop bien ses bases sur les zombies pour tomber dans l’écueil et il vient nous offrir un récit solide et terriblement efficace qui se lit avec plaisir. Il faut dire que l’ensemble démarre fort, dès le premier chapitre on sent que l’histoire va se révéler rythmer, entrainante et on se retrouve rapidement happé par cette survie, cette fuite en avant. J’ai eu un peu peur au début car, après ce premier chapitre percutant, l’ensemble retombait un peu, j’avais peur que le soufflé s’effondre dans une langueur et une lenteur un peu trop descriptive, introspective et contemplative, mais une fois la ferme quittée le rythme du récit s’emballe de plus belle pour ne plus jamais vraiment retomber. La découverte d’autres survivants vient aussi exacerber cette tension, principalement face à la notion de morale qui va bien entendu en prendre un coup. Je me suis ainsi retrouvé à tourner les pages avec envie d’en apprendre plus, alternant action et scènes plus intimistes au fil du récit, pour aboutir à un final réussi et saisissant évitant le happy-end facile.

Concernant l’aspect sur les zombies, il reste finalement très classique. De toute façon, il est quand même difficile de pouvoir tout de même renouveler le zombie dans ses caractéristiques vous me direz. Cela ne l’empêche pas pour autant de se révéler solide et d’offrir de bons moments de frissons et angoissants à travers quelques scènes efficaces et bien menées. L’image de fond qu’est la Provence apporte un intérêt au récit, premièrement par le fait que l’auteur a décidé d’éviter les grandes villes, comme on peut le retrouver régulièrement dans d’autres écrits, et ensuite aussi d’apporter du soleil au récit. Cela crée pour moi un parallèle intéressant et cynique entre une certaine luminosité du décor et le côté plus sombre des zombies et de l’apocalypse. On y retrouve aussi quelques réflexions intéressantes que ce soit sur notre société, le côté égoïste de chacun, ou bien encore sur la notion d’amour, de famille, mais aussi sur la capacité à l’homme d’aller de la douceur à la haine et la violence. Les descriptions arrivent à retranscrire de façon réussie et fluide cette horreur sans non plus tomber dans le gratuit. Au final sans révolutionner non plus le genre et sans non plus trop chercher à en faire, l’univers se révèle réussi et garde une bonne dose de mystère, comme par exemple la cause de l’épidémie, ce qui est une bonne chose, permettant au récit de se consacrer pleinement à la survie de nos deux héros.

Concernant les personnages, je dois bien avouer que le début est assez troublant Patrick est un véritable anti-héros, solitaire qui déteste tout le monde et qui ne veut rien d’autre que rester seul et en paix. Il apparait donc légèrement antipathique, mais voilà il va croiser le chemin de la petite Emma et va devoir changer. C’est d’ailleurs cette relation entre le vieil agriculteur et la petite fille qui est, je trouve, la grande force du récit, permettant ainsi d’apporter sentiments et émotions, mais tout en restant sobre et réaliste. Patrick ne quitte ainsi pas son rôle de « vieux con » bourré de cynisme comme par magie, mais progressivement, dévoilant aussi par la même occasion un personnage plus torturé et blessé qu’il ne laissait paraitre aux premiers abords. D’ailleurs j’ai trouvé le parallèle très intéressant entre Patrick, qui va peu à peu retrouver goût à la vie, et la mort semble être partout. La seconde partie va développer l’interaction entre nos deux héros et un groupe, avec tout ce que cela peut engendrer comme conséquences. On découvre ainsi d’autres protagonistes qui se révèlent efficaces, mais qui auraient mérités pour certains, je pense, un peu plus de profondeur, principalement pour des personnages comme Karim ou encore, dans une moindre mesure Gisèle. Karim car il a une véritable importance dans le récit, mais que certaines de ses actions restent parfois nébuleuses et Gisèle qui m’a paru caricatural alors qu’elle possède un petit potentiel de réflexion dans sa vision du « groupe », sa capacité à s’aveugler, même si cela ne dérange en rien la lecture.

La plume de l’auteur se révèle travaillée, entrainante, on sent qu’il cherche à soigner son récit, ce qui permet à l’histoire de se révéler fluide, entrainante et efficace. Alors après quelques légers défauts se font quand même ressentir, comme par exemple l’impression que quelquesfois l’auteur cherche à trop en faire, premier roman oblige, cherchant trop la phrase parfaite ou bien tombant dans la métaphore de trop, même si rien de non plus trop bloquant, ensuite, outre les quelques légères longueurs dans le passage de transition entre la ferme et la fuite des héros, j’ai aussi constaté une ou deux facilités ainsi qu’un flashback que j’ai trouvé légèrement mal amené. Rien de non plus trop méchant ou frustrant. Au final l’auteur nous offre ici un récit de zombies qui ne manque pas d’intérêt, se révélant efficace, solide et entrainant qui, je pense, pourrait plaire aussi bien aux habitués du zombies qu’à ceux qui souhaiteraient les découvrir.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui, certes, nous propose une intrigue qui, aux premiers abords, peut paraitre classique avec cette quête de survie de Patrick et la petite Emma, mais se révèle solide et entrainante. Le rythme, mis à part une légère perte de vitesse après le premier chapitre, se révèle haletant, entrainant et efficace, alternant efficacement action, nervosité et scènes plus intimes et de réflexions. L’univers ne manque pas d’être solide, offrant des scènes bien angoissantes et des réflexions sur l’Homme et notre façon de réagir classiques mais bien menés et intéressantes. Les personnages sont l’un des points forts du récit, principalement par la relation entre Patrick et Emma, son évolution au fil des pages qui va amener notre héros à changer et se révéler. J’aurai par contre souhaiter que certains personnages secondaires soient plus développés. La plume de l’auteur se révèle travaillée et entrainante, même si parfois, premier roman oblige, il cherche à trop en faire. Alors après quelques légers défauts se font sentir, comme quelques facilités ici ou là, ou bien encore un flashback mal amené, mais franchement rien de dérangeant tant ce roman de zombie remplit parfaitement son rôle et se révèle plaisant à lire et à découvrir au fil des pages, aboutissant à une conclusion réussie et percutante.

 

Ma Note : 7,5/10

 

zombies challenge

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