Résumé : Le souvenir, tout à la fois vivace et diffus, d’une lecture d’enfance qui l’a profondément marquée conduit une jeune femme jusqu’à la maison forestière où un écrivain reconnu fait retraite. Mais leur rencontre, loin de mettre un terme à sa quête, va l’entraîner vers bien d’autres mystères.
Ceux de la Grande Forêt qui couvre tout le pays. Ceux de la somptueuse et fuyante Folie Millescande. Ceux de l’énigmatique et évanescent Domaine. Cependant, elle la mettra également sur la piste des trois personnages qui depuis des années hantent sa mémoire…
Edition : Les Moutons Électriques
Mon avis : J’avoue qu’avant de me lancer dans la lecture de ce livre je ne connaissais pas Jacques Baudou, qui d’ailleurs était plus connu pour ses essais et ses nouvelles puisqu’il s’agit ici de son premier roman publié. En effet ce roman a surtout terminé dans ma PAL principalement par la couverture, illustrée par Melchior Ascaride, dont je lui trouve un petit air enchanteur, ainsi que par le résumé qui se révélait vraiment accrocheur. Il ne faut aussi oublier d’ajouter que ce livre est un très bel objet, couverture rigide, jaquette, illustrations intérieures, de quoi donner encore plus envie de le faire entrer dans ma PAL et de le découvrir.
On se retrouve donc plongé dès la première page dans un univers fantastique, où l’on suit une jeune femme qui part dans la forêt retrouver un écrivain pour exorciser les souvenirs d’une bande dessinée qui l’ont marqué durant son enfance et qu’elle a retrouvée dans le dernier roman de l’écrivain. Elle va alors découvrir que parfois certains mystères sont loin d’être des fictions. Je parle de fantastique mais l’auteur cherche clairement à nous offrir ici un conte, une légende de fantômes qui ne manque pas, à travers une ambiance légèrement magique, féerique et mystique, de happer assez rapidement le lecteur. L’ensemble est clairement maîtrisé, certes assez linéaire, plongeant lentement au fil du récit dans l’étrange et le chimérique et qui ne manque pas de se révéler plus que solide et efficace. On est ainsi rapidement attiré par la quête de cette héroïne et son besoin de comprendre les nombreux mystères qui entourent ses souvenirs de jeunesses. Si vous cherchez un récit énergique et bourré d’adrénaline vous pouvez donc passer votre chemin. On est vraiment ici dans un roman où l’ambiance qui se dégage joue énormément dans l’intérêt qu’on va porter à l’histoire, si on n’arrive pas vraiment à la ressentir on risque alors de passer à côté.
Il faut dire que l’univers qui est développé ici joue beaucoup à cela, principalement la forêt qui nous dévoile ses mystères, ses secrets et sa féerie tout au long des aventures de nos héros. Alors certes ce n’est pas la première fois que la forêt est utilisée en tant que telle dans d’autres écrits, mais l’auteur arrive vraiment à lui offrir quelque chose d’envoûtant, d’attirant et d’enivrant, que ce soit principalement dans les légendes qui viennent peu à peu se greffer autour comme aux innombrables histoires qui sont contées la concernant. Cette immense zone boisée donne ainsi l’impression de prendre vie devant nos yeux de façon surprenante et fascinante. Une forêt qui est d’ailleurs finalement loin d’avoir révéler tous ses secrets. On sent aussi un amour de l’auteur pour ce genre d’histoires, de récit et de contes tant les références, qu’elles soient dans l’intrigue ou dans les en-têtes de chapitres, sont nombreuses et apportent véritablement un plus à l’ensemble, lui offrant de nombreuses ramifications qui donnent envie d’en apprendre plus et pourquoi pas découvrir ou redécouvrir des œuvres qui se retrouvent cités.
Et pourtant malgré les nombreux points captivants que j’ai trouvé au récit le livre a eu du mal a être plus qu »une lecture agréable et offrant un bon divertissement, la faute a plusieurs aspects qui auraient, selon moi, pu être traités différemment. Déjà premier point j’ai finalement trouvé que l’histoire, malgré ses qualités, manquait un peu de profondeur et surtout paraissait quelquefois à peine travaillée, comme si on avait entre les mains une introduction à quelque chose de beaucoup plus grand. De plus les résolutions d’énigmes m’ont paru trop facile. Alors certes c’est souvent le cas avec les contes qui jouent plus sur la magie et le voyage que la réponse, mais il y a une différence entre simple et enfantine, surtout quand on y rajoute un deus ex machina qui facilite encore plus le tout. Ensuite j’ai trouvé que les personnages principaux manquaient un peu de background, que ce soit l’écrivain ou la touriste, leurs histoires auraient mérité d’être légèrement densifié, car parfois j’avais l’impression que les personnages secondaires paraissaient plus complexes qu’eux. Enfin l’auteur effectue un choix d’explication pour conclure son histoire qui accroche ou pas, moi j’avoue être ressorti du dernier chapitre songeur et me demandant s’il apporte vraiment quelque chose au récit, après à chacun de se faire un avis. Tous les points que je viens de soulever ne sont finalement en rien bloquants, mais font qu’au lieu d’avoir une magnifique histoire j’ai eu entre les mains une histoire simplement sympathique et plaisante.
La plume de l’auteur est aussi un point fort du récit, se révélant vraiment soignée, poétique, entraînante, oscillant de façon efficace et fluide entre fantastique, mystère et réalité. Parfois il cherche à en faire un peu trop, comme cette récupération de la dernière phrase d’un chapitre pour la ramener en tête du chapitre suivant, ou encore l’impression qu’il veut trop bien faire, mais ce n’est que broutille tant l’ensemble est très bien écrit et nous plonge facilement dans cette forêt. Tout n’est pas parfait dans ce livre, mais je ressors tout de même de cette lecture avec un sentiment agréable et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.
En Résumé : une fois la dernière page tournée je dois bien vouer que, même si tout n’est pas parfait, j’ai passé un sympathique moment avec ce livre qui m’a offert un agréable divertissement. L’histoire nous replonge ainsi facilement dans les contes avec cette histoire de fantôme avec son lot de mystères et de secrets. L’ambiance est l’un des gros points forts du récit, bien porté par la découverte de cette forêt féerique, pleine de folklore et de magie ce qui la rend ainsi vivante et captivante. Je regrette par contre que l’ensemble soit parfois un peu trop simple donnant l’impression de tenir entre les mains une introduction, un certain manque de profondeur des personnages principaux et une conclusion finale dont je ne sois pas sûr qu’elle apporte beaucoup au récit, mais franchement rien de non plus bloquant tant l’ensemble se laisse lire, mais qui l’empêche de se révéler plus qu’une lecture plaisante. La plume de l’auteur se révèle vraiment soignée, poétique et travaillée et même si parfois il cherche à trop en faire, elle nous plonge facilement dans son récit et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur. À noter aussi la très belle édition proposée par Les Moutons Électriques.
Ma Note :
Autres avis : Cornwall, …
Comment j’ai Cuisiné mon Père, ma Mère… et retrouvé l’amour – S.G. Browne
de BlackWolf
On 29 décembre 2014
dans Fantastique
Résumé : Andy vit en paria depuis sa résurrection spontanée après un accident de voiture. Ce nouveau zombie n’a pour morne horizon que le cellier familial, où il cuve les grands crus de son père, et ses réunions mensuelles aux Morts-Vivants Anonymes.
Mais lorsqu’un zombie solitaire l’initie aux bienfaits régénérateurs de la chair humaine, Andy décide de lutter pour ses droits civiques. Débute alors un voyage improbable qui le mènera de la morgue au rôle très médiatisé de porte-parole de la cause zombie, en passant par des séjours à la SPA reconvertie dans l’accueil de zombies fugueurs et aux plateaux d’Oprah Winfrey.
Edition : Mirobole Editions
Poche : Folio SF
Mon Avis : Ce livre j’en entends parlé depuis un long moment déjà, c’est bien simple depuis sa sortie qui remonte a plus d’un an maintenant. Pourtant, je ne sais pas trop pourquoi, il n’a jamais réussi à terminer dans ma PAL, la faute peut-être à un titre à rallonge qui me laisse toujours songeur et la peur de trop tomber dans une romance. Il a fallu attendre de nombreux avis, plus que positifs, pour que je décide à le faire entrer dans ma bibliothèque. À noter aussi l’aspect esthétique du livre, qu’on retrouve sur tous les livres de chez Mirobole et qui, j’avoue, se révèle réussi, à travers une couverture souvent assez simple aux premiers abords et qui pourtant offre bien plus et plonge clairement dans le récit.
On se retrouve ainsi à suivre Andy, héros rejeté et détesté par quasiment tout le monde pour la simple raison qu’il est un zombie. Il passe ainsi ses journées enfermé dans la cave de ses parents, qui ne le supportent plus vraiment dans son nouvel état, et a pour seul loisir une thérapie de groupe avec d’autres zombies. L’intérêt du roman vient ici principalement du fait que l’auteur a décidé de mettre comme narrateur principal un zombie : Andy. Un peu comme c’était le cas dans L’Education de Stony Mayhall cela permet ainsi d’être au plus proche du héros, de mieux le comprendre et ainsi de mieux imaginer ce qu’il traverse, ce qu’il ressent et ce qu’il vit. Sauf qu’ici les classiques du roman de zombies sont complètement bouleversés, loin du monstre mangeur d’homme, devenant presque humain. Alors certes on n’est pas du tout dans le roman d’action, bourré d’adrénaline et de morsure, mais plus dans un roman qui cherche à dévoiler et apporter un message, mais tout de même avec une bonne touche d’horreur et aussi d’humour. Car oui l’humour noir et le cynisme sont une des grandes réussites du récit, de nombreuses scènes m’ont fait sourire, voir réussi à me faire rire. Attention on est pas dans de l’humour potache, qui cherche à faire « mourir de rire » son lecteur, mais plus dans un humour plutôt discret, qui vient ici apaiser le côté sombre et parfois sanglant du récit ; qui vient apporter une touche de détente dans un roman intelligent.
Car oui, le second point fort du récit vient dans le message que cherche à faire passer l’auteur, un message de tolérance sur le rejet des autres. Les zombies étant devenu la nouvelle minorité qu’on peut haïr librement, vu qu’en plus ils sont morts qui s’en plaindra et qui s’en souciera, le quotidien de notre héros se révèle ainsi rempli de brimade, de haine et de violence, simplement parce qu’il est différent et que, d’une certaine façon, il effraie les vivants et devient ainsi un défouloir pour tous les maux qui existent. Mais c’est aussi plus que cela, il s’agit d’une véritable critique sociale sur ce qui pousse les gens à entrer dans des moules qui sont prédéfinies, même si cela les rend déprimés et qu’ils doivent suivre des thérapies pas toujours adéquates, ainsi qu’une critique acerbe des médias qui font et défont la vérité au bon vouloir des audiences. Un véritable travail est aussi fait sur le mal-être des personnages, qui ne se sentent ni compris, ni acceptés. Une philosophie diffuse, au fil des pages, qui se révèle vraiment soignée et réfléchie. Concernant l’univers que développe l’auteur autour des zombies il se révèle assez sympathique, démarrant de façon classique pour mieux arriver à nous surprendre au cours de la lecture et de l’évolution des héros. Après je regrette peut-être juste quelques libertés que l’auteur s’offre dans la représentation du zombie ainsi qu’un manque, parfois, de réponses, mais rien de non plus trop dérangeant ou bloquant.
Concernant les personnages, le fait d’être au plus près d’Andy, qui est le narrateur du récit, fait qu’on s’attache assez facilement à lui dès le début, avec ses problèmes, son besoin d’être apprécié et aimé et sa recherche d’une vie normale ; il arrive vraiment à nous toucher. On découvre aussi avec lui de nombreux autres zombies, principalement ceux de son groupe de thérapie, qui vont ainsi lui offrir de nombreuses aventures, mais aussi des nombreuses situations des plus déroutantes et cocasses. Mais voilà la narration à la première personne a aussi son inconvénient, on s’accroche moins facilement aux autres personnages rencontrés, surtout quand il y en a plusieurs et c’est vraiment dommage, car j’ai ainsi eu du mal à vraiment m’émouvoir à ce qui peut arriver à certains des amis d’Andy, un peu comme si, consacré qu’à lui, j’avais un peu de mal à m’intéresser aux autres. De plus les personnages secondaires manquent aussi, parfois, d’un peu de consistance. Alors attention rien de non plus perturbant, ou qui peut freiner la lecture, tant ils arrivent par leur énergie à nous donner envie d’en lire plus.
Pourtant tout n’est pas non plus parfait dans ce roman, autant le premier tiers m’a passionné par son aspect original, plein d’humour et de mordant, le troisième tiers m’a lui happé par ses aventures, ses rebondissements et ses surprises, autant l’entre-deux m’a paru moins entrainant, perdant un peu de sa saveur, me donnant un peu l’impression que l’auteur tourne en rond autant dans ses réflexions que dans ses aventures. Cela n’empêche pas cette seconde partie de se laisser lire, mais j’ai trouvé qu’elle n’avait pas la même force que les autres, peut-être que quelques pages en moins aurait pu apporter un plus. Autre point qui s’est fait ressentir, l’auteur s’offre quelques répétitions qui, au bout d’un moment, perdent de leur intérêt, principalement dans l’humour comme par exemple cette phrase qui revient régulièrement « Si vous n’avez jamais … , alors vous ne pouvez pas comprendre » qui, à force de la lire, devient lassante je trouve.
La plume de l’auteur se révèle simple, efficace et entrainante ce qui fait qu’on tourne les pages avec envie d’en apprendre plus, nous plongeant ainsi dans un récit possédant une bonne dose d’humour et d’horreur et qui surtout fait réfléchir sur notre société. Au final j’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman, certes avec quelques défauts, mais qui m’a donné envie de lire les prochaines aventures d’Andy dans Le Jour où les zombies ont dévoré le Père Noël.
En Résumé : J’ai donc passé un bon moment de lecture avec ce roman qui nous plonge dans l’univers d’Andy, zombie de son état, qui doit faire face au rejet et à la haine des autres. L’auteur nous offre ainsi une véritable critique sociale soignée et réfléchie sur l’acceptation des autres et sur notre société, le tout sur fond d’horreur, et avec une dose d’humour qui évite ainsi de trop sombrer dans le noir et le déprimant, offrant ainsi une légèreté bienvenue. L’univers zombies se révèle assez efficace, même si je reproche certaines libertés que se prend parfois l’auteur, mais rien de bien gênant. Concernant les personnages on s’attache très rapidement à Andy, à son calvaire et sa mélancolie qu’il traine, mais j’ai eu un peu plus de mal à vraiment m’attacher aux autres protagonistes qui offrent, certes, de nombreuses aventures, mais dont la narration à la première personne tend parfois un voile sur leurs émotions selon moi. Mon seul regret concernant ce récit vient d’un essoufflement vers le milieu, l’auteur donnant l’impression de tourner un peu en rond avant de se relancer dans une troisième partie efficace. La plume de l’auteur se révèle simple, efficace et entrainante. Je lirai en tout cas la suite des aventures d’Andy avec plaisir.
Ma Note : 7,5/10
Autres avis : Cornwall, Lelf, Mariejuliet, Jae-Lou, Dup, Zina, Joyeux-drille, …