Résumé : Hongrie, octobre 1604.
Issue d’une glorieuse lignée princière, Erzébeth Bathory, la belle veuve du comte Nadasdy régit d’une main de fer ses domaines. Après des années de silence, Cadevrius Lecorpus réapparaît. Il ramène avec lui Anna, une fascinante sorcière dont Erzébeth tombe follement amoureuse. La magie démoniaque de l’obscurité s’abat bientôt sur la région et, jusqu’à la Cour de Vienne, on s’émeut de la disparition de nombreuses jeunes filles. Tandis que la comtesse s’abandonne aux terribles délices des rituels régénérateurs, cinq mercenaires d’élite sont chargés de confondre celle que l’on suspecte d’activités sataniques.
Edition : Eclipse
Mon Avis : De Patrick McSpare je n’ai lu que sa série qu’il a écrite en collaboration avec Olivier Peru : Les Hauts Conteurs, qui se révélait certes classique, mais terriblement efficace et entrainante, assez en tout cas pour me donner envie de découvrir d’autres écrits de l’auteur. Donc quand j’ai vu il y a quelques mois qu’il publiait un roman adulte fantastique sur la comtesse Bathory, proposant un résumé intrigant ainsi qu’une couverture, illustrée par Marc Simonetti, que je trouve vraiment réussie, il n’a donc pas mis longtemps avant de rejoindre ma bibliothèque.
Et pourtant une fois la dernière page tournée j’avoue que je suis déçu, ayant eu énormément de mal à vraiment accrocher à cette histoire. Il faut dire que dès le départ j’ai eu pas mal de difficultés à accrocher à la comtesse qui en est le personnage principal. Elle est historiquement considérée comme une noble intelligente à la poigne de fer, violente avec les personnes de basses extractions dès qu’elle est contrariée, mais sous la plume de l’auteur j’ai eu l’impression d’avoir une enfant gâtée, chouineuse dès que quelque chose ne lui va pas et qui utilise de la violence pour un tout ou un rien sans aucune logique ce qui fait qu’il était compliqué de s’attacher à elle. De plus l’héroïne se révèle très sombre, donc pour éviter de trop la détester, elle se révèle être en proie au doute ayant peur de la damnation éternelle. Bon, si on excepte le fait qu’elle soit une femme adultère, ce qui à l’époque, niveau damnation, devait quand même peser son poids, l’entendre dire après avoir déjà tuée deux jeunes filles pour boire leur sang et rester jeune, qu’elle a peur pour son âme car elle a autorisé la torture d’une jeune fille pour avoir encore plus de pouvoir, j’avoue l’argument tombe quand même à plat. Là où j’attendais plus de profondeur dans ce personnage je me suis retrouvé avec une caricature de la comtesse dont la transcription de son humanité par ses moments de doutes ne marche jamais vraiment la faute à des arguments creux.
Le problème vient aussi que tous les personnages manquent clairement de profondeurs et, outre le fait qu’ils soient très manichéens dans leurs actions et leurs évolutions, ils se révèlent aussi trop clichés à mon goût voir même ne servent à rien comme par exemple le Puritain. Entre Cadevrius le puissant sorcier qui cherche à faire venir l’Antéchrist, mais dont on ne sait pas trop pourquoi ni quel est son but et qui, finalement, ne sert que comme « méchant très très méchant », Anna la soit-disant puissante nécromancienne qui a autant de profondeur que l’épaisseur d’une feuille et qui ne sert clairement que pour des scènes de sexes, ou bien encore la bande de mercenaires qui cherche à faire tomber la Comtesse mais qui se révèlent un peu trop caricaturaux à mon goût et qui manquent clairement de logique et d’intelligence aucun personnage n’a vraiment réussi à me captiver.
Car oui, un des autres soucis du récit vient aussi des rebondissements qui reposent un peu trop sur le manque d’intelligence flagrant des protagonistes. Je pense justement à cette bande de mercenaire qui possède des bons plans pour capturer la comtesse, mais se font avoir comme des bleus. Cela vient, je pense, du fait que l’auteur a l’habitude d’écrire du jeunesse donc un personnage fondamentalement « bon » ne peut faire des choses mauvaises sauf cas extrême. Donc quand on se lance dans un guet-apens ou en face ils sont le double on ne cherche donc pas à éliminer l’escorte, ou à minima une partie, pour asseoir sa domination et prendre l’ascendant qu’on a pas faute à l’infériorité numérique, non, on leur demande simplement de se mettre sur le côté en attendant bien gentiment qu’on kidnappe leur comtesse tout en espérant qu’ils ne tenteront rien pour l’empêcher au moindre soucis. Mouais. Donc si je n’accroche pas vraiment aux personnages et que les rebondissements manquent clairement de finesse, j’avoue j’ai eu un peu de mal à vraiment rentrer dans l’intrigue qui, elle aussi, se révèle un peu simpliste et linéaire à mon goût. Dommage pourtant car le côté aventure est bien présent est plutôt efficace.
Concernant l’univers fantastique que cherche à mettre en place l’auteur, en soit, il n’est pas mauvais, mais n’a rien non plus d’exceptionnel et tombe parfois un peu dans la caricature. On se retrouve surtout dans une dualité classique entre les partisans de Dieu, et ceux du diable, avec tous les clichés du genre allant de la messe noire avec le sang au crucifix purificateur qui empêche la magie des satanistes, mais voilà l’ensemble manque tout de même de finesse et il faut par moment ne pas trop demander d’explications et savoir accepter. La tension et l’ambiance angoissée qu’il cherche à faire monter au fil des pages a eu du mal à prendre avec moi, le tout tournant simplement autour du gore et du sexe, mais qui ne suffisent pas à vraiment créer ce climat oppressant. L’auteur cherche aussi à densifier son intrigue en y mettant un peu de politique, la Comtesse de Bathory étant une des rares femmes de l’époque à avoir gouverner sa région, il y avait donc normalement de quoi faire et pourtant là encore l’auteur ne fait que rester en surface et donne l’impression que tout l’aspect géopolitique ne sert à pas grand chose tant aucun des personnages n’a l’air d’y avoir une influence. Cet aspect ne parait donc au final ne rien apporter à l’histoire mis à part montrer que l’auteur s’est renseigné sur le sujet. C’est dommage.
Pourtant tout n’a pas non plus été mauvais dans ma lecture, il est clair que l’auteur sait apporter du rythme à son récit et sait décrire des scènes d’action vivantes et un minimum entrainantes. De plus j’ai été surpris par une révélation et je me suis même retrouvé emporter par le récit qui devient plus fluide à partir de ce moment-là, dommage qu’elle n’arrive qu’aux alentours de la page 250 sur un roman de 370 pages. Par contre au moment de la conclusion l’auteur cherche trop a en faire et une des révélations finale dévoilée à la Comtesse sur le véritable pouvoir de Cadevrius se révèle tellement tordue qu’elle contredit près de la moitié du roman sans apporter aucune preuve et les explications avancées deviennent obsolètes deux lignes plus tard. Cela donne l’impression que l’auteur lui-même s’embrouille ce qui est dommage car je rentrais enfin complètement dans le récit. La conclusion m’a aussi parue un peu trop lourde, l’auteur cherchant à apporter son lot de révélations, mais voilà trop de révélations tuent les révélations et au bout d’un moment cela manque de cohérence.
La plume de l’auteur se révèle vraiment simple et énergique, mais je trouve qu’elle en fait un peu trop au niveau des dialogues, cherchant à y apposer un vernis d’époque qui ne marche pas vraiment et offrant même par moments certaines constructions de phrases qui ne sonnent pas toujours très bien à la lecture. Dans l’ensemble je ressors plutôt déçu de cette lecture, il y a de bonnes idées et l’auteur sait construire un récit énergique, mais l’ensemble manque de finesse se révélant trop simpliste, manichéen et binaire ce qui fait que je n’ai pas accroché. Dommage.
En Résumé : Je ressors plutôt déçu, je l’avoue, de ma lecture. L’histoire pourtant se révélait prometteuse mais l’ensemble manque, selon moi, clairement de profondeur et de densité, l’auteur ne restant souvent qu’à la surface des choses. Les rebondissements manquent aussi clairement de cohérences et de logiques. L’ambiance fantastique que cherche à mettre en place l’auteur se révèle un peu trop clichée et surtout repose sur ces scènes sanglantes et de sexe qui ont du mal à vraiment rendre l’ensemble angoissant. Quant à l’aspect historique, il est à peine esquissé et a du mal à s’intégrer au récit. Les personnages, outre leurs manichéismes et leurs simplicités, ne m’ont jamais accrochés ; la Comtesse Bathory me faisant plus penser à une enfant gâtée qu’autre chose, les mercenaires manquant d’intelligences et certains personnages donnent même l’impression de ne servir à rien. Il m’a fallu attendre les 2/3 du roman pour que je sois un minimum happé dans le récit qui devient enfin fluide même si la conclusion repose sur une explication trop brouillonne qui se contredit tout le deux lignes et sur une accumulation un peu trop importante de révélations finales. La plume de l’auteur se révèle pourtant simple et efficace mais en fais trop dans les dialogues. Au final je ne pense pas être le bon lecteur pour ce roman ayant du mal à vraiment se révéler adulte et surtout manquant clairement de profondeur à mon goût.
Ma Note : 4/10