Résumé : Les hommes ont disparu depuis si longtemps de la surface de la Terre que la civilisation canine, qui les a remplacés, peine à se les rappeler. Ont-ils véritablement existé ou ne sont-ils qu’une invention des conteurs, une belle histoire que les chiens se racontent à la veillée pour chasser les ténèbres qui menacent d’engloutir leur propre culture ?
Edition : Nouveaux Millénaires
Poche : J’ai Lu
Mon Avis : Demain les Chiens fait partie des romans considérés comme cultes depuis des années et que j’avais très envie de découvrir. Bon comme souvent au vu de ma PAL et mon côté assez changeant ce livre a mis longtemps à rentrer dans ma bibliothèque, puisqu’il a fallu attendre pour cela qu’on me l’offre il y a quelques mois. Il s’agit aussi par la même occasion de découvrir pour la première fois Clifford D. Simak. Concernant la couverture, je la trouve réussie avec son côté un peu étrange. A noter que ce livre à gagner l’International Fantasy Award en 1953 et comporte huit nouvelles.
Imaginez, un monde où les chiens seraient la culture dominante, où les humains auraient complètement disparu et où, au coin d’un feu ,se transmet de génération des contes du passé, de l’Histoire et de l’évolution. Des légendes disparues. Voilà dans quoi va nous plonger l’auteur à travers ces huit textes qui vont dévoiler sur plus de 12000 ans comment l’Homme a décliné au profit des chiens. J’avoue qu’une fois la lecture terminée de ce récit je comprends à la fois le fait que ce texte se soit révélé marquant, mais j’avoue aussi qu’il n’a pas complètement répondu à mes attentes. Le premier intérêt du récit vient clairement dans le chamboulement du point de vue du lecteur. En effet les nouvelles sont racontés comme si elles étaient contées à un peuple chien, ce qui fait que le côté merveilleux, je trouve, s’en trouver inversé. De plus cela développe un sorte de mythe qui est un véritable plus au récit et nous fait réfléchir sur notre importance.
Les premiers textes paraissent ainsi « classiques » mettant en avant des humains, pour peu à peu les voir disparaître. On sent aussi clairement l’époque d’écriture dans les idées qui sont mises en avant avec ce sentiment d’après-guerre. En effet le premier texte a été écrit en 1944, sauf que contrairement à d’autres auteurs Clifford D. Simak annonce la fin de l’humanité non pas par la guerre ou l’apocalypse, mais par la fin des cités, de ce sentiment de promiscuité qui va s’éteindre avec les nouvelles technologies. Les hommes s’essaiment ainsi sur la surface de la Terre au vu de l’éclatement social et de la science qui permet à la faim de cesser sans utiliser de terres arables.
L’intérêt des nouvelles vient aussi de leurs évolutions, en effet l’écriture des textes s’étale de 1944 à 1973 ,ce qui fait que les problématiques évoluent au fil des récits. On sent que le monde change et que l’auteur, d’une certaine façon s’adapte, tout en rendant le tout cohérent et terriblement efficace. Il faut dire qu’il se dégage clairement un sentiment de mélancolie, une certaine nostalgie devant un possible monde qui n’a pas existé. On sent aussi au fil des pages la passion de l’auteur pour la nature, les espaces, le sentiment de liberté, on sent qu’il tend vers plus d’acceptation de la nature. Mais surtout ce qui se révèle plus qu’intéressant dans ce récit ce sont les axes de réflexion qui sont développés que ce soit sur notre société, notre capacité à avancer et évoluer, la fin de la politique avec la fin des villes, la fin de la guerre, la culture, les manipulations génétiques, la robotique et leurs conséquences et d’autres encore.
Il offre ici un panel large d’idées qui ne manquent pas d’attraits, même si je dois bien avouer par moment j’ai eu du mal à voir où voulait aller l’auteur. Soit elles étaient traitées un peu trop simplement, soit elle manquait de profondeur. Mais bon rien de non plus trop bloquant tant les idées présentées continuent en grande partie à raisonner dans notre société actuelle et continue à travailler le lecteur une fois la dernière page fermée. Autre point vraiment intéressant de cette œuvre ce sont les différentes notes d’introduction de chaque texte qui permet ainsi à l’auteur de construire une mythologie autour des chiens vraiment dense et surtout qui donne envie d’en apprendre plus.
Sauf que voilà, malgré ces nombreux points positifs je dois bien avouer que certains aspects m’ont laissé un peu sur ma faim. Certains passages m’ont paru un peu trop traité de façon « jeunesse » comparé au côté adulte du récit, de plus parfois une certaine naïveté se dégage un peu trop des textes, ce qui est parfois légèrement perturbant. Ensuite, on ne peut pas le nier, les personnages manquent clairement de profondeur, étant plus présents pour faire avancer l’intrigue, c’est dommage car les moments d’émotion ressortent plus d’un robot que de l’homme et de plus la famille Webster, qui sert un peu de fil rouge, a du mal ainsi à s’imposer. Autre point qui m’a légèrement dérangé, le fait que l’auteur ne pousse parfois pas assez ses concepts, comme par exemple cette idée de dieu humain qui va offrir l’évolution à des fourmis, qui m’a paru traité trop vite. Enfin dernier point il vient du côté scientifique, qui parait par moment un peu trop magique. Je m’explique, l’auteur parle de grandes avancées scientifiques, mais ne les développe jamais, ils tombent un peu comme par magie, alors cela permet clairement à tout le monde de se laisser emporter par les récit, mais mon côté cartésien et scientifique aurait aimé plus d’explication surtout que certains changements paraissent très compliqués.
La plume de l’auteur se révèle finalement très simple, mais il s’en dégage par moment une certaine poésie, un peu de rêve, même si parfois elle a l’effet inverse aussi, ne servant finalement que d’un point de vue pratique. Alors je ne vais pas le nier, dans l’ensemble j’ai plus qu’apprécié ma lecture qui m’a offert un bon moment. Je pense juste qu’à force d’en avoir entendu parler j’attendais peut-être plus de ce livre qui a aussi l’effet d’avoir, sur certains points, mal vieilli. Je lirai en tout cas avec plaisir d’autres écrits de l’auteur, pour savoir ce qu’il peut proposer d’autre.
En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce livre qui nous propose, à travers huit textes, à imaginer la fin de l’humanité et la montée comme culture dominante, même si par certains aspects il m’a laissé sur ma faim. L’auteur joue ainsi avec le point de vue du lecteur en contant son récit non pas à nous, mais à un peuple chien, offrant ainsi une véritable mythologie et une véritable réflexion dense et percutante. On sent aussi clairement que les textes évoluent avec le temps, ayant été écrit sur plus de trente ans, tout en restant cohérent et intéressant. Une certaine mélancolie se dégage du récit, offrant ainsi une ambiance douce et nostalgique qui fonctionne bien. Mais là où le récit gagne en intérêt c’est dans les idées qu’il développe que ce soit sur la fin de la politique, la fin des villes, la technologie, les mutations, mais aussi sur nous et notre façon d’évoluer, d’avancer. Sauf que voilà certains points m’ont tout de même dérangés, certains aspects traités de façon un peu jeunesse, des points qui m’ont paru amené et conclu de façon trop rapide, parfois un manque de profondeur, mais aussi des idées scientifiques qui ne sont jamais vraiment développé ce qui m’a parfois bloqué. J’ai peut-être un esprit trop cartésien. En tout cas malgré ces aspects, j’ai passé un bon moment de lecture avec ce livre, bien porté par une plume très simple et un minimum entraînante. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.
Ma Note : 7,5/10
Autres avis : Vert, Spocky, Rose, Nymeria, …
Challenge CRAAA 18ème lecture