Edition : Le Bélial’
Mon Avis : Cet été je continue ma lecture de différents magazines avec ma plongée dans le dernier Bifrost en date, consacré à Poul Anderson. Alors je l’avoue, honte à moi, j’ai depuis plusieurs mois deux livres de l’auteur qui traînent dans ma PAL et que je n’ai toujours pas ouvert. D’où l’intérêt finalement de ce Bifrost qui pourrait me donner envie justement de les sortir et les découvrir. Concernant la couverture, illustrée par Philippe Caza, je la trouve très réussie. À noter que ce magazine comporte quatre nouvelles, deux de Poul Anderson, une de Jean-Marc Ligny et une de Ken Liu.
Tout Voyage S’arrête de Poul Anderson : Pour un premier texte que je découvre de l’auteur je l’ai trouvé très intéressant, nous plongeant à la découverte d’un homme, télépathe, qui se croit seul sur terre. L’auteur nous propose alors une vision de l’humanité vraiment cynique et entrainante à travers ce personnage qui doit survivre en entendant les pensées des autres qui ne sont pas toujours roses. On découvre surtout un héros incompris, solitaire qui cherche à avancer comme il peut dans ce monde, espérant y trouver son bonheur. Et justement son bonheur il va peut-être le trouver. Un texte que j’ai trouvé plutôt réussi, reflet d’une société complexe aux nombreux secrets, mais donc certains points m’ont quand même dérangé. Je pense à cette romance sans surprise, un peu facile, malgré c’est vrai une réflexion intéressante sur leur fusion, ou encore à certains passages surprenants comme ce prêtre à l’esprit parfait et calme, mais là je suis peut-être trop cynique de mon côté. De plus le texte a un peu vieilli, mais là rien de dérangeant. Une belle entrée en matière de l’auteur.
Real Life 3.0 de Jean-Marc Ligny : Concernant cette nouvelle je dois bien avouer que j’ai trouvé l’auteur pas complètement inspiré et le récit un peu bancal. Le texte en soit n’est pas mauvais, partant sur le postulat des google glass qui ont défrayé la chronique il y a peu, et imaginant un futur on ne vivrait plus que par cela, faussant ainsi obligatoirement notre vision du monde. Le héros va alors se retrouver à bêta-test la version 3.0, qui va se révéler complètement différente de ce qu’il attendait. Les idées sont là nous amenant à se poser des questions sur notre vision du monde à travers le prisme de la technologie, ce qu’elle nous apporte, nous éloignant finalement un peu de la nature, des autres et de notre planète. Mais voilà j’ai trouvé que l’ensemble ne restait qu’en surface, la romance lancée par l’auteur manque d’attrait et surtout l’ensemble à du mal à complètement marquer le lecteur. Le texte n’est pas mauvais non plus, mais il reste un simple divertissement vite lu, vite oublié là où il y aurait pu avoir plus je pense.
Faits pour être Ensemble de Ken Liu : Il s’agit pour moi du premier texte que je lis de l’auteur, malgré le fait que je possède quelques nouvelles de lui dans d’autres magazines qui attendent d’être lus. Je dois bien avouer que ce récit m’a donné clairement envie de les découvrir. Cette nouvelle nous plonge dans un monde futuriste ou Centilion (mélange de google (logique me direz-vous vu le nom de la société imaginaire), facebook et siri) gère complètement la vie des gens. On découvre Sai, accro à cette technologie, comme la majorité de la population, et sa voisine Jenny qui, elle, la rejette. Alors clairement, l’auteur ne révolutionne pas le genre, on retrouve même un petit air de 1984 remis au goût du jour dans ce texte, mais l’ensemble a très bien fonctionné avec moi. Certes certaines réflexions sur Centilion sont un peu faciles, comme celle du clivage qui aurait mérité plus de développement selon moi, mais elles m’ont marqué et surtout évite l’aspect diabolisation. La rencontre finale se révèle aussi prenante, nous montrant comment laisse parfois des pans complets de notre vie gérés par la technologie. Mon seul regret vient de la conclusion, l’auteur a fait un choix pour terminer son récit et j’avoue j’ai que moyennement accroché, peut-être un peu trop facile et légèrement en contradiction avec ce qu’il construit. Cela n’empêche pas ce texte de se révéler très efficace.
In Memoriam de Poul Anderson : Second texte de l’auteur et c’est sûrement celui que j’ai préféré et aussi, pour moi, le meilleur texte de ce magazine. L’auteur nous offre ici une nouvelle sur la fin de l’humanité et de la Terre. Le parallèle fait dans la présentation avec la nouvelle d’Andrevon est logique, même si je trouve que le deux ne traite pas le sujet de la même façon, Andrevon s’intéressant à la fin de l’Homme et comment la nature retrouve ses droits, là où ici Anderson, lui, traite clairement de la fin de notre univers, construisant grâce à une imagination fertile et passionnante une évolution possible de la vie sur terre sur les prochains milliards d’années jusqu’à l’effondrement du soleil. Un texte à la fois magnifique par les possibilités qu’il dévoile, porté par des descriptions fascinantes, mais aussi oppressant, nous rappelant à quel point notre place n’est qu’infime dans cet univers que ce soit par notre taille ou par notre temps sur la planète. Le tout est bien porté par une plume entrainante et soignée. Il ne me reste plus qu’à sortir les livres de l’auteur de ma PAL.
Concernant le reste du magazine j’ai trouvé la préface à la fois sombre et réfléchie sur la SF, la vision de notre monde et pourquoi pas une SF qui apporterait des idées de solution. On y retrouve aussi comme d’habitude le cahier des critiques à la fois de livres et de magazine. Je n’ai que moyennement accroché au dossier de Maitre Doc’Stolze, m’attendant à quelque chose d’autre sur le roman feuilleton qu’un simple comparatif entre deux livres. Paroles de libraire m’a donné envie de visiter la librairie Galaxys-Bis à Strasbourg. Puis vient le dossier consacré à Poul Anderson que j’ai trouvé très complet, détaillé et prenant, dévoilant un auteur complexe aux idées qui lui ont valu d’être pendant un temps rejeté par les éditions françaises. Le cahier scientifique sur Godzilla est toujours aussi captivant à découvrir. Au final un Bifrost efficace qui a pleinement rempli son rôle de me donner envie de découvrir la bibliographie de Poul Anderson ; Le Bélial’ annonce d’ailleurs plusieurs publications dans les mois à venir.
Ma Note : 7,5/10 (Note ne reposant que sur les nouvelles)