Résumé : Sept cents ans après la victoire d’Hitler, le Saint Empire germanique a soumis la moitié du monde à l’idéologie nazie. La nouvelle société, empreinte de mythologie et d’ignorance, repose sur une stricte hiérarchie : les chevaliers et les nazis en occupent le sommet, tandis que les étrangers servent de main d’œuvre servile et les femmes, uniquement destinées à la perpétuation de la race, sont réduites à l’état animal. Lorsqu’Alfred, mécanicien anglais en pèlerinage en Allemagne, est impliqué dans une rixe, il est conduit devant le chevalier von Hess, gouverneur du comté. Séduit par sa personnalité, von Hess ne tarde pas à lui révéler un secret qui le bouleverse. Mais la connaissance a un prix : celui du sang.
Edition : Piranha
Mon Avis : Je continue un peu, non pas un challenge, mais plus un travail, de sortir des romans qui trainent depuis un certain temps dans ma PAL. C’est le cas de ce roman Swastika Night, qui traine dans ma bibliothèque depuis bien deux ans maintenant je pense. Pourtant, à l’époque j’étais très motivé pour le lire rapidement ; un roman inédit présenté par l’éditeur comme l’une des premières mise en garde contre le Nazisme et le comparant, du point de vue des idées, à 1984 ou Le Meilleur des Mondes, ça donnait envie. Après comme toujours avec ma PAL qui possède une vie propre, il est finalement rester en attente plus longtemps que prévu. Concernant la couverture, elle colle bien au récit.
Ce roman nous plonge 700 ans après la montée au pouvoir d’Hitler. On se retrouve dans un monde dominé par deux grandes puissances, l’Allemagne d’un côté et le Japon de l’autre. Dans le Saint Empire Germanique, le nazisme est ainsi devenue une religion, le christianisme est mis au ban de la société et les femmes, considérées comme impures, ont été rabaissées au rang d’esclave, ne servant qu’à perpétuer la population. Sauf que voilà une problématique apparait, il y a énormément plus de naissances de garçons que de filles, ce qui, à force, ne peut que mener à la fin de la civilisation. Alors je dois bien admettre, une fois ma lecture terminée, que je n’ai pas trouvé ce roman très intéressant, ni très réussi et que j’ai plus été frustré qu’autre chose tant il n’a jamais répondu à mes attentes. Heureusement qu’il est plutôt court, environ 250 pages, sinon je pense que j’aurai qu’à un moment j’aurais abandonné.
C’est vrai, je ne lui enlève pas son statut de précurseur. Quand il est publié en 1937, le monde est encore dans l’idée que l’on peut négocier avec Adolf Hitler, que la guerre est évitable, donc un roman prenant à contre-pied cette idée, obligatoirement, se démarque et ne manque pas de se révéler en partie visionnaire. Reste que le récit en lui-même paraît lourd et bâclé. En me promenant sur Wikipédia j’ai appris que, selon son mari, l’autrice écrivait ses romans en six semaines et, autant le dire tout de suite, cela se ressent énormément. Je ne doute pas que des auteurs peuvent écrire des chef d’oeuvres en quelques semaines, mais ça me parait assez rare quand même. J’ai ainsi eu l’impression que ce livre est encore discuté aujourd’hui plus pour statut de récit précurseur, annonciateur, que pour ses qualités, même si, attention, il y a quand même des points qui ne manquent pas d’attraits.
Concernant l’univers futuriste que nous présente l’autrice, j’avoue j’ai surtout eu l’impression d’une toile de fond bancale et un peu vide, plus qu’une véritable envie de nous présenter quelque-chose de soigné et de cohérent. On se retrouve ainsi avec un Saint Empire Germanique qui recouvre l’Europe la Russie et bien plus, mais qui après 700 ans n’a toujours assimilé aucun Pays. Ainsi la France, l’Angleterre, la Russie etc.. existent encore, même s’ils sont sous domination Allemande, mais les frontières sont encore là, comme si c’était logique. L’aspect religieux en lui-même, le remplacement de toute religion par le Nazisme avec Hitler en dieu, est intéressante sur le papier mais n’est finalement qu’esquissé ici et n’apporte pas grand-chose au récit tant l’idée des écrits qui peuvent être manipulés, parait mal amenée et grossière. L’aspect social est intéressant à travers certains points, la place dans la société de chacun et surtout plus largement de l’Homme et de la Femme, mais manque de profondeur et de travail. Je ne parle même pas de l’aspect politique tant il paraît inexistant, on comprend vaguement la hiérarchie, mais rien de plus sur comment l’avenir fonctionne politiquement. Au final le gros soucis de cette toile de fond c’est qu’elle ne paraît régulièrement qu’esquissé, comme si l’autrice allait revenir dessus et la développer plus tard. Il y a bien une ou deux idées intéressantes, mais trop peu pour me donner l’impression d’un univers réaliste.
Pour les personnages, on tourne principalement autour de trois héros, le chevalier von Hess, Alfred le mécanicien Anglais et Hermann. Le soucis c’est qu’ils sont tous les trois des caricatures, entre Alfred le révolutionnaire qui cherche à changer le monde, Hermann le benêt et Von Hess la raison et ils n’arrivent jamais à s’extirper, pour moi, de cette représentation, à offrir plus. Je comprends pourtant l’idée, ce besoin par idéologie d’avoir des gens comme Hermann qu’on maintient dans l’ignorance, dont on limite les connaissances, sauf qu’ici Hermann n’a strictement aucune autre utilité que de présenter von Hess et Alfred ce qui fait, qu’après cet évènement, on a l’impression de traîner le personnage inutilement jusqu’à la fin. Alfred, lui aurait pu être plus intéressant dans son aspect rébellion, s’il n’était pas si maladroit dans sa construction. Comment un personnage qui, limite, crie haut et fort au premier mec venu qu’il veut faire tomber l’empire, peut avoir autant de liberté. Seul von Hess dans son côté un peu blasé, s’en sort un minimum, mais il manque trop de profondeur ne servant finalement que de révélation. Au final les personnages n’ont d’autres rôles qu’amener les idées, sauf que c’est fait sans logique et avec la finesse d’un éléphant dans une cristallerie j’ai trouvé.
Après, c’est vrai, Swastika Night est le genre de livre qui cherche à se démarquer, justement, par ses idées plus que sa capacité à romancer, il existe de nombreux récits de ce genre-là. Sauf que voilà, à nouveau, ici ce qui se détache des idées présentées ici, c’est qu’elles sont très souvent mal traitées, amenées de façon trop simpliste, ou m’ont paru lourdes et ennuyeuses. Tout ce qui a attrait ainsi au fachisme et à la représentation de ce futur avec son pouvoir totalitaire n’a aucune finesse, manque d’une minimum de profondeur et de travail, et surtout parait bancal devenant, pour moi, finalement inintéressant. Je suis peut-être aussi biaisé par le fait d’avoir découvert ce roman en 2018, si je l’avais lu en 1937 je l’aurais peut-être trouvé novateur. L’accroche de l’éditeur le compare à 1984 et Le Meilleur des Mondes, sauf que ces deux romans m’ont paru offrir un travail plus dense et soigné, même si la comparaison parait compliquée vu que non écrit à la même époque. Il y a par contre un aspect où l’autrice offre quelque-chose de plutôt efficace, je trouve, c’est sur la représentation de la femme, la notion de féminisme, de domination patriarcal en poussant l’idéologie très loin. Cette représentation a un côté qui fait froid dans le dos, qui fait aussi réfléchir, même si de nouveau ça manque un peu de complexité et de travail.
Autre soucis avec ce roman l’abus extrême de dialogues. Franchement il y a limite 100 pages, mis à part les repas et une peu de promenade dans le champ ce n’est que du dialogue. L’autrice oublie complètement le « show, don’t tell » au profit de passages de discussion d’une longueur qui aboutissent parfois à l’ennui. Ajouter à cela une intrigue dont on ne comprend pas bien l’utilité autre que de vouloir soutenir les idées, une impression d’un récit qui s’enlise dans une construction qui n’avance pas et le tout porté par un style qui a du mal à se dégager et vous comprendrez que je me sois ennuyé avec ce livre. Alors après ça peut aussi venir de moi, j’ai vu que de nombreux autres lecteurs ont été plus marqués par ce roman voir par les idées et thématiques qu’il soulève que moi, de mon côté, même si tout n’est pas mauvais, il y a eu beaucoup trop de défauts pour qu’il arrive à me convaincre.
En Résumé : J’avoue je ne ressors pas complètement convaincu de ma lecture de ce Swastika Night qui m’a paru manquer de profondeur, de soin et de finesse. Alors, je ne lui enlève pas son côté récit précurseur face à la montée du nazisme, ce récit ayant été écrit en 1937, mais voilà le reste m’a paru manquer de consistance. L’univers qui nous est présenté parait ainsi en parti incohérent et surtout n’offre qu’une toile de fond minimaliste au récit. Les personnages sont majoritairemnt des clichés qui m’ont donné l’impression d’être exagérés, mais surtout manquent de soin pour qu’on puisse vraiment s’intéresser à eux. Alors, c’est vrai, il s’agit d’un récit d’idées et non d’une histoire romancée, mais même au niveau des réflexions je ne suis qu’en partie convaincu. En effet tout ce qui concerne la notion de pouvoir, de domination, de fachisme, de totalitarisme manque finalement de profondeur, de travail et reste trop léger. Pour moi seul la thématique sur la position de la femme dans la société, sur la notion patriarcale et de domination poussée à l’extrême m’q paru un peu intéressante, même si un peu plus de profondeur aurait été encore plus percutant. L’abus de dialogue dans la construction du récit a aussi été un frein à la lecture. Au final j’ai lu que l’autricce écrivait ses romans en 6 semaines et c’est un peu l’impression que j’ai eu, une envie de partager des idées, mais une réalisation trop expéditive. Dommage.
Ma Note : 3,5/10
Mypianocanta
Ouhla ! tu n’y vas pas de main morte … et en même temps je trouve ce que tu dis suffisamment intéressant pour me demander si j’ai toujours envie de lire ce livre. Je l’ai en effet vu encensé pour son côté précurseur mais peu lu d’avis sur ce qu’il est réellement. Alors merci pour cette franchise, je verrai si il recroise mon chemin ce que j’en fais 😉
BlackWolf
Après globalement les autres retours sont bons, voir très bons. Remettre le livre dans son contexte en 1937, je pense, lui donne un aspect novateur et intelligent. Mais voilà moi quand je lis un livre, surtout un qui tend vers l’essai, il doit obligatoirement me pousser à réfléchir, hors ici mis à part le sujet du féminisme qui est glaçant le reste m’a paru manqué de soin.
Après peut-être que si tu as d’autres attentes il pourra te marquer plus que moi.
Mariejuliet
J’ai vérifié, il n’est pas dans ma wish-list, ouf 😉
BlackWolf
Te voilà sauvé ^^
Bon après d’autres ont aimé, il a donc trouvé son public.
Le chien critique
Même si les raisons en sont parfois différentes, ce livre avait failli me tomber des mains aussi. Je les pris comme une satire, donc l’univers simplifié ne m’a pas trop dérangé. Par contre, le long dialogue érudit en deuxième partie m’a tué.
Comme tu le dis, ok pour l’intérêt historique, mais en terme de roman, c’est une catastrophe
BlackWolf
Ah toi aussi tu as failli « balancer » le roman quand ils se mettent tous autour d’une table pour discuter pendant plus de la moitié du bouquin ^^
Lutin82
Tu confirmes mes craintes concernant ce roman. Cela fait un bon moment que je suis tentée, mais chaque fois, j’ai du mal à franchir le pas. Je finirai pas le lire, un jour, mais sans grande attente, si ce n’est de découvrir cette vision de 1937.
BlackWolf
Franchement j’aurai du mal à le conseiller, même si certains ont l’air de l’avoir apprécié.
Si tu le lis n’hésite pas à venir me dire ce que tu en as pensé.