Résumé : It was not common to awaken in a cloning vat streaked with drying blood.
At least, Maria Arena had never experienced it. She had no memory of how she died. That was also new; before, when she had awakened as a new clone, her first memory was of how she died.
Maria’s vat was in the front of six vats, each one holding the clone of a crew member of the starship Dormire, each clone waiting for its previous incarnation to die so it could awaken. And Maria wasn’t the only one to die recently…
Edition : Orbit
Mon Avis : L’année dernière, profitant du fait que j’allais participer à ma première WorldCon à Helsinki, je m’étais lancé le défi de lire l’ensemble des romans nominés au prix Hugo 2017. Au final ce mini challenge c’était révélé très intéressant d’un point de vue personnel, me permettant ainsi de me lancer encore plus dans la lecture en Anglais et aussi de découvrir d’autres auteurs et récits pas obligatoirement encore traduit en France. J’ai donc décidé cette année de relancer mon défi, avec cette fois quand même moins de livres à lire. Vous pouvez retrouver les nominés ici, tout en sachant que j’ai déjà lu le roman de N.K Jemisin et celui de Yoon Ha Lee. Il me reste donc quatre livres à lire, et le premier qui a fini entre mes mains est ce Six Wakes, un récit de science-fiction à huis clos sur fond de mystère à résoudre pour retrouver un meurtrier. Concernant la couverture, j’avoue je ne suis pas obligatoirement super fan.
Ce récit nous plonge dans le vaisseau le Dormire, qui en envoyée à destination d’un planète habitable dans le système de Tau Ceti pour tenter de la coloniser. Le vaisseau est ainsi dirigé par six membres d’équipages, six anciens criminels qui verront leurs casiers effacés une fois arrivés et qui doivent transporter les êtres humains choisis pour fonder cette colonie, qui se trouvent dans les cales en sommeil profond. C’est un très long voyage, mais dans ce futur la technologie de clonage a trouvé son apogée et une fois mort on peut lancer un clone de sa personne et lui encoder les souvenirs de son prédécesseurs. Sauf que voilà 25 ans après le démarrage de cette mission tout va foirer, les clones des membres d’équipage vont se réveiller sans souvenir des 25 dernières années, l’ancien équipage a été assassiné, l’IA, sorte de responsable suprême a été piratée. Le coupable ne peut être qu’un des six membres de l’équipage, mais comment faire pour le découvrir quand personne ne se souvient de rien et qui dit qu’il ne va pas recommencer.
Présenté comme cela j’avoue le roman se révélait intéressant, un peu comme un roman policier, un mystère en chambre close à la Agatha Christie, puisqu’on se situe dans l’espace, mais qui diffère avec cette notion de clonage qui fait que ce ne sont pas des intervenant extérieurs qui vont devoir enquêter, mais les clones des gens qui sont morts. Cela offre obligatoirement une tension supplémentaire ainsi qu’une notion d’angoisse de ne pas connaître le meurtrier, pire de pouvoir l’être soi-même et qui vient normalement se rajouter au récit selon moi. Cela fonctionne très bien au démarrage du récit qui offre d’ailleurs une scène d’ouverture très efficace, stressante et percutante qui colle parfaitement à l’effet recherché. Sauf que voilà, la suite ne tiendra pas les promesses de ce début et, au final, plus j’avançais moins j’accrochais au récit. Au final ce fût une lecture qui m’a laissé plus de déception que de bons côtés, mais je pense aussi que je n’étais pas obligatoirement le public cible. En effet je pense que ce roman accrochera plus un public qui cherche un récit plein de mystère avec de la tension, des affrontements, une certaine électricité qui se dégage de l’enquête au profit de tout le reste. Car oui, pour moi, le seul point fort vient de cette ambiance qui se dégage, ainsi qu’une enquête qui pousse le lecteur à se questionner. Quoique pour ce dernier point je dois avouer que j’avais résolu la première partie du mystère dans le premier tiers et trouver l’assassin avant le dernier tiers du livre.
Concernant l’univers, Mur Lafferty annonce clairement à la fin du livre qu’elle a écrit ce roman en se basant sur l’idée d’un jeu vidéo qui se situait dans un vaisseau avec une baie de clonage. Franchement c’est exactement cela, elle a créé un monde qui ne cherche aucunement une logique un tant soit peu scientifique, mais simplement mettre en avant des idées cool ou fun. Si encore ce n’était que des vaisseaux qui changent de trajectoire comme par magie, cela ne serait en rien frustrant, mais la moindre petite technologie parait n’être là que pour faciliter le récit comme par exemple cette machine qui fait la nourriture ou autre. Certains me dirons que c’est de la « light » SF, principalement là pour un côté plus fun, pourquoi pas, sauf que là on se rend rapidement compte que le but n’est même pas d’être cohérent, mais simplement d’être objet cool du récit. Cela donne l’impression que l’autrice pose ses idées sans chercher à comprendre si elles sont cohérentes et s’intègre dans la logique de ce monde.
Viens ensuite la toile de fond, qui là aussi m’a laissé perplexe. Ce qui est dommage c’est que l’autrice aurait pu, voir dû, travailler dessus, car à ce stade j’ai du mal à comprendre la vie sur Terre avant le départ de ce vaisseau. Certes on a des grandes lignes esquissées, mais c’est trop peu, surtout que cela influence les personnages et leur mission. Autre point, des soucis de logique me sont apparus régulièrement et qui ne trouvent jamais de réponses. À quel moment des gens se sont dit tiens on va envoyer une part de l’humanité en stase dans un vaisseau dirigé par six anciens criminels. Six criminels, qui plus est, qui ne se rencontrent que quand ils rentrent dans le vaisseau, n’ont jamais un tant soit peu travaillé ensemble pour créer une quelconque cohésion d’équipe. Six personnes qui ont juste subis des tests psychologiques pou vérifier leur cohésion les uns avec les autres. Ouah. Je veux dire à quel moment les gens se sont dit « ah ouais excellent idée, investissons des milliards dans un tel projet ». Le soucis c’est que cette absence d’univers complexe diminue l’impact des questionnement que propose ce récit sur le clonage, la notion d’immortalité, d’âme et tous l’aspect criminel que cela engendre. C’est dommage car les questions sont pas inintéressantes, mais sans background pour les raccorder, sans complexité il ne reste que de vagues réflexions loin d’être percutantes. Après, je ne doute pas que cela pourrait fonctionner pour des lecteurs qui ne cherchent que le côté distraction dans un roman, mais ce n’est pas mon cas.
Alors oui, je sais, le roman est surtout un récit de mystère à découvrir et aussi une réflexion sur l’évolution de l’humanité et le clonage. J’ai déjà traité de l’aspect réflexion, tout dépendra de chacun, maintenant le mystère. Cette série de meurtres à élucider qui est le fil rouge principal du récit. Le soucis de ce dernier vient qu’au final il est très vite éventé, tout du moins les flashback nous permettent de deviner très rapidement qui tire les ficelles dans l’ombre. Reste donc à savoir qui est le meurtrier et là même si les indices sont plus confus pour maintenir la question, la narration m’a fait assez rapidement sortir un coupable du lot qui s’est révélé exact. Reste donc le pourquoi qui, là, oui n’est pas obligatoirement facilement devinable, mais qui finalement n’a que peu d’importance tant l’ensemble manque finalement de percussion pour vraiment se révéler captivant. A la dernière page je me suis dis tout cela pour ça.
Il faut dire aussi que les personnages n’aident pas non plus, tant ils se révèlent plats et sans saveurs. Ils alignent conneries sur conneries et paraissent surtout régulièrement surjoués dans leurs caractérisations. On se demande même d’ailleurs comment « la première série » de l’équipage a pu survivre 25 ans. Il sont portés par des dialogues que j’ai trouvé majoritairement creux et par une construction à base de flashback qui parait n’avoir aucune cohérence que d’aligner des scènes les unes après les autres. Au milieu de tout cela se retrouve une IA qui parait coder avec les pieds, qui peut se faire hacker par n’importe qui, qui normalement est un peu l’équivalent d’un « dieu », pour ne pas le laisser le pouvoir dans les mains de six criminels, mais qui finalement ne sert à rien sauf dans la conclusion.
D’ailleurs parlons-en de cette conclusion, je ne parle de la résolution du fil rouge, j’en ai assez parlé, mais d’un point bien spécifique dont je ne peux pas parler pour spoiler mais que, si vous lisez le livre, vous reconnaîtrez. Ça parle de clonage. C’est cette révélation qui permet à la toute fin de relancer la conclusion. Franchement dans le genre énorme facilité improbable on ne peut pas faire mieux, cela en devenait aberrant. Pour ma part elle m’a, à elle seule, empêchée de pouvoir mieux apprécier la conclusion. Je ne sais même pas si on peut parler de Deus Ex Machina tant ça m’a paru capillotracté. Concernant la plume pas grand-chose à en dire elle est n’a rien de marquant, s’avérant simple, incisive, dommage de ne pas avoir plus travailler les dialogues. Alors après tout dépendra de quel genre de lecteur vous êtes, vous avez envie cet été d’un livre de plage qui ne vous fera pas trop réfléchir, qui offre un mystère, et que la logique scientifique et autre vous importe peu, alors peut-être que vous accrocherez plus que moi. Pour ma part je suis finalement passé à côté de ce récit.
En Résumé : Je ressors de ma lecture de ce Six Wakes plus déçu que vraiment emporté. Le récit se construit comme un mystère en huis clos dans l’espace avec des clones, qui s’annonçait prometteur, mais je pense que j’avais trop d’attentes le concernant. L’univers ,construit par Mur Lafferty m’a ainsi paru manquer clairement de consistance, de logique et de profondeur pour vraiment permettre au récit de se révéler cohérent, surtout quand, je trouve, une petite notion politique s’insinue dans l’intrigue. L’autrice dit avoir construit son récit après avoir joué à un jeu vidéo et cela se ressent, cherchant plutôt l’aspect fun de son imagination, sauf que même là j’ai trouvé que ça s’intégrait mal. Franchement rien que cette mission repose sur des bases tellement bancales que cela en devient limite aberrant. Concernant les personnages je n’ai jamais réussi à accrocher à eux, je les ai trouvé plats, sans saveur, porté par des dialogues creux. L’aspect réflexion a du mal à prendre de l’ampleur, alors qu’il y a matière avec cette notion de clonage, mais vu que je n’ai pas trouvé que l’univers était cohérent il m’a paru finalement ne rester qu’à la surface de la surface. Concernant le fil rouge, ce fameux mystère, j’avais deviné 90% de l’ensemble à la moitié du livre et, franchement, à la fin quand tout a été dévoilé, je me suis dis tout ça pour ça. Concernant la conclusion j’ai même trouvé une facilité tellement énorme, un point tellement improbable qu’il m’a déconnecté du livre. Alors après, si vous cherchez surtout le divertissement, un livre de plage sans prise de tête et sans envie de réfléchir il vous plaira peut-être, pour ma part ce ne fût pas le cas.
Ma Note : 3,5/10
Laisser un commentaire