Résumé : Tous mes biens pour un peu de temps » disait la reine Elisabeth I à la veille de sa mort. Le temps est notre ressource la plus précieuse. Qui n’a jamais rêvé de pouvoir l’arrêter ?
Olgann, le champion de ski, le peut, lui. Il stoppe les chronomètres en course pour gagner. Le premier cas de dopage par le temps. Une mécanique bien huilée jusqu’à ce que d’autres se mettent à l’imiter. Si chacun arrête le temps à sa guise, le monde ne risque-t-il pas de sombrer dans le chaos ?
Le temps nous instruit, nous soigne parfois, mais il finit toujours par nous tuer. Sale temps.
Edition : Rivière Blanche
Mon Avis : Bon, j’avoue je ne me suis pas laissé tenter par ce roman un peu sur un coup de tête. Quelques critiques sur le net ont commencé à me donner envie de le découvrir, puis ma rencontre avec l’auteur lors du dernier Salon Fantastique de Paris a fini de me convaincre de tenter ma chance avec ce livre. Concernant la couverture, illustrée par Jean-Félix Lyon, j’avoue elle ne me laisse pas un souvenir marquant, un peu trop 3D de synthèse à mon goût.
Ce roman va nous amener à suivre la quête de Céraline, jeune femme vivant dans un monde parallèle, qui se voit plonger dans des phases de sommeils inexpliquées de plus en plus longues ce qui lui gâche sa vie. Elle va alors apprendre qu’on lui vole son temps, que sur une autre planète quelqu’un peut figer le temps et gagner des heures supplémentaires. Sauf que voilà, durant son enquête rien ne va se passer comme prévu. Une fois la dernière page tournée, je dois pourtant avouer que je ne suis pas complètement convaincu par ce roman. Il n’est pas non plus mauvais, loin de là, mais il m’a paru ne pas remplir les attentes que je pouvais avoir le concernant. Je ressors donc de ma lecture avec un sentiment légèrement mitigé, certes l’ensemble possède du potentiel, mais je dirais qu’il manque au final de profondeur et densité pour franchement me happer. Trop court me vient directement en tête pour le définir.
Déjà commençons pas les points forts du livre. Ce qui surprend dès la première page c’est le style de l’auteur, il tend vers la Blanche (ce n’est pas un a priori juste une constatation) offrant une écriture épurée, hachée, qui va direct à l’essentiel par des phrases courtes, percutantes. Sauf que voilà j’ai trouvé que cela permettait au récit de gagner en intensité, en tension, on se retrouve ainsi rapidement happé par les évènements qui s’enchaînent de façon rapide et marquantes et joue aussi de façon intéressante sur cette ambiance parfois dérangeant et tendue. Après cela a aussi un effet frustrant sur un point en particulier, mais j’y reviendrai un peu plus tard dans ma chronique.
L’autre point que j’ai trouvé très intéressant vient des nombreuses idées que propose l’auteur tout le long de son récit. On sent clairement que d’une, l’auteur possède une imagination débordante, et de deux qu’elle souhaite à travers ce roman à nous faire réfléchir. Que ce soit sur la notion du temps, notre façon de le gérer, de vouloir aller trop vite sans prendre le temps de pleinement profiter de la vie, voir de se poser. En effet, à travers trois univers parallèle elle nous offre ainsi plusieurs visions tournant autour de la gestion du « temps » et j’avoue qu’il y a de quoi se poser des questions et réfléchir, principalement sur les défauts et les perversités de notre société, de notre façon de vivre et de consommer sans se soucier de rien ni des autres. Comme si on brûlait notre vie par tous les bouts. Elle soulève aussi des réflexions sur le pouvoir, la notion de bonheur, de famille, d’argent, sur la vision qu’on a des autres, sur la position de la femme, ou bien encore sur l’égoïsme. L’auteur a des choses à dire, et même si parfois c’est fait de façon très simpliste ils ne laissent pas indifférent. La conclusion se révèle efficace aussi, principalement dans ses révélations et ses surprises.
Malgré ces points positifs, j’attendais plus de ce roman qui me parait manquer de complexité, de densité et d’explications sur certains points. Si je prends par exemple l’univers, il y a là aussi quelque-chose de foisonnant que ce soit dans la notion temporelle, de multivers, mythologique ou bien encore technologique. Sauf que, en contrepartie, il y a aussi quelque chose de frustrant, car les idées développées reposent régulièrement sur une absence d’explications et parfois de facilité. Je pense à l’exemple des anciens qui paraissent savoir énormément de choses, sans qu’on ne comprenne vraiment comment ni pourquoi, ou bien encore le passage où tout le monde découvre la possibilité de figer le temps sans trop savoir comment cela a pu fuiter et sur quoi repose cela, malgré quelques tentatives d’explications abscons en fin de roman. Et ce genre de passage se retrouve assez souvent. C’est finalement là le soucis pour moi, il a du potentiel, mais est trop survolé à mon goût pour arriver à me captiver complètement. Alors après si cela ne vous dérange pas, vous devriez plus accrocher que moi, mais de mon côté cela a le don de me laisser perplexe.
Concernant les personnages, on se retrouve un peu dans les mêmes défauts et les mêmes qualités que ce dont j’ai parlé précédemment. Les héros ne manquent pas de profondeur, il y a un bon travail de l’auteur pour les rendre consistants et crédibles, chacun ayant une personnalité propre. Que ce soit Céraline dans son amour et sa quête d’avoir une vie, Olgann antihéros complètement ambigu qui abuse de son pouvoir ou bien encore Mira femme de son époque, obligée de tout gérer entre la famille et le travail, mais qui manque de temps. Franchement j’ai un vrai intérêt pour les personnages, sauf que voilà le roman va trop vite, ce qui fait que leurs actions ont des conséquences qui sont, soit à peine survolées, soit traité trop rapidement à mon goût. Je vais prendre l’exemple de ce qui arrive dans le monde de Céraline j’ai trouvé que ça manquait de puissance pour me toucher, ou bien encore les actes d’Olgann qui paraissent mal amenés et qui manquent de répercussions. Ensuite la plume de l’auteur, comme j’en ai parlé plus haut, par son côté haché a le contrecoup de jouer sur l’émotion des protagonistes. En effet j’ai eu l’impression de suivre leurs aventures avec un voile, ce qui fait que je n’ai jamais réussi à complètement m’attacher à eux.
Au final je ne nie pas les qualités de Sale Temps qui possède un fort potentiel que ce soit dans ses héros, son univers et ses réflexions, mais voilà j’aurai aimé que l’ensemble soit plus dense, plus travaillé, un peu moins survolé sur certains aspects, car là je n’ai pas été totalement convaincu, même si l’ensemble à des qualités. A voir avec un prochain roman, pourquoi pas.
En Résumé : Au final je ressors de ma lecture pas complètement convaincu. Le roman possède un certain potentiel, il offre aussi une intrigue qui se révèle efficace et haletante, bien porté par un style court, haché et percutant. L’univers ne manque ni d’imagination ni de réflexions que ce soit sur notre façon de gérer le « temps », sur notre société, notre façon de vivre, notre égoïsme, sur la position de la femme ou bien encore sur notre vision des autres. Certes c’est parfois un peu simpliste, mais ça ne laisse pas indifférent. Le soucis c’est que certains points de l’univers ou encore d’éléments moteurs de l’intrigue ne sont pas ou peu développé ce qui est frustrant. Concernant les personnages, l’auteur nous offre des héros soignés, intéressants à suivre, mais de nouveau ils sont traité trop rapidement que ce soit dans les conséquences de leurs actes comme dans leurs évolutions. De plus le style donne aussi l’impression qu’on suit l’ensemble à travers un voile, ce qui fait qu’on a du mal à complètement s’attacher à eux. Au final un roman à fort potentiel, avec des aspects intéressantsv mais qui m’a paru trop court, ce qui fait que certains points sont traites trop rapidement à mon goût. A voir avec un prochain roman, pourquoi pas.
Ma Note : 5,5/10
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