Résumé : Earth is reeling from the revelation of a coming alien invasion — four centuries in the future. The aliens’ human collaborators have been defeated but the presence of the sophons, the subatomic particles that allow Trisolaris instant access to all human information, means that Earth’s defense plans are exposed to the enemy. Only the human mind remains a secret.
This is the motivation for the Wallfacer Project, a daring plan that grants four men enormous resources to design secret strategies hidden through deceit and misdirection from Earth and Trisolaris alike. Three of the Wallfacers are influential statesmen and scientists but the fourth is a total unknown. Luo Ji, an unambitious Chinese astronomer and sociologist, is baffled by his new status.
Edition : Tor Books
Poche : Head of Zeus
Mon Avis : On touche au but de mon mini challenge concernant les Hugo Awards 2017. En effet il ne me reste plus que deux chroniques à vous proposer, les deux derniers tomes du cycle de Cixin Liun. Après un premier tome qui m’avait offert un très bon moment de lecture, offrant une intrigue efficace et des aspects SF intelligents (ma chronique ici), je me suis plongé avec grand plaisir dans ce second tome en me demandant ce qu’allait bien pouvoir proposer l’auteur. Concernant la couverture, je la trouve très réussie et efficace. J’ai lu ce roman en Anglais traduit du Chinois par Joel Martinsen. Par contre, je ne peux pas chroniquer ce second tome sans spoiler le premier (qui d’après ce que j’ai cru comprendre était déjà dévoilé dans le résumé du premier tome en VF donc ne lisez pas le résumé du Problème à Trois Corps), par conséquent ne lisez pas cette chronique si vous n’avez pas lu le premier tome.
On plonge dans ce roman quelques années après la révélation de la fin du tome précédant, nous apprenant qu’un invasion alien était encours. Les Trisolariens ont ainsi fait infiltrer notre planète par les Sophons, nous espionnant et nous empêchant certaines avancés scientifique, pour leur permettre d’envahir la Terre d’ici 400 ans le temps de faire le voyage. Pour contrer cela le projet Wallfacer est mis en place, se reposant sur l’esprit et le secret, et quatre personnes sont choisies pour essayer de trouver une solution. Luo Ji fait parti de ses hommes et il se demande bien pourquoi, vu qu’il n’a rien d’un grand stratège, ni d’un politicien, ni d’un génie. J’avoue une fois la dernière page tournée j’ai passé de nouveau un très bon moment de lecture avec ce second tome. L’intrigue se déroule sur plus de 200 ans et offre un véritable jeu « du chat et de la souris » entre l’Humanité et les Trisolariens. Cette narration sur le long terme est possible grâce au fait que les héros sont régulièrement en hibernation. On plonge ainsi ici dans un roman très sombre, l’annonce de cette invasion va amener de nombreux questionnements, de nombreuses peurs concernant l’avenir et de ce qu’on va y trouver, mais offre aussi des comportements complètement différents selon chacun. Le pire c’est qu’il s’agit d’une peur lente et insidieuse, 400 ans à attendre, ce qui, je trouve, est bien retranscrit dans le roman avec cette lente montée en tension. On ressent ainsi clairement ces changements de visions et d’actes en fonction des dernières révélations et des dernières prouesses technologiques, oscillant régulièrement entre défaitisme et espoir.
L’auteur nous propose ici une narration assez déstructurée où l’on se retrouve à suivre différents héros, que ce soit les « élus » du projet Wallfacer, mais aussi le militaire Zhang Baihai, ce qui offre un développement du récit assez lent, jouant sur les mystères, mais qui pour moi est plutôt maîtrisé et vaut le coup quand les révélations et les surprises commencent à se dévoiler. Certes certains trouveront le démarrage peut-être trop lent. Je pense aussi que quelques pages en moins aurait pu être intéressant, mais cela n’empêche pas cette construction de s’avérer efficace, jouant pleinement sur les tensions et se révélant percutante et entraînante à travers des rebondissements et des révélations captivantes. Mais le roman est aussi très intéressant et passionnant dans les idées qu’il développe. Alors certes, certaines ont déjà été traitées dans d’autres romans, mais cela n’empêche pas l’auteur de nous offrir des réflexions solides, cohérentes et construites efficacement. Que ce soit sur la notion de politique qui va énormément évoluer sur toute la durée du roman, la notion d’économie et d’environnement, mais aussi sur l’aspect technologique et architectural, ou bien encore sur des questions plus intimes comme par exemple jusqu’où est-ont prêt à aller pour gagner, jusqu’où peut-on pousser notre moral, j’ai trouvé ce second tome encore plus intéressant. Il y a un vrai travail de fond sur ce qu’est possible de faire l’Homme en bien comme en mal. L’auteur s’offre même une explication sur le paradoxe de Fermi qui ne laisse pas indifférente et que j’ai trouvé plausible et efficace, même s’il y a de quoi débattre. L’évolution de l’humanité est aussi très intéressante, la façon dont elle va devoir avancer face à cette menace et comment elle va réagir m’a paru logique, sensée et même si elle est parfois amenée de façon succincte et rapide elle ne manque pas d’attrait.
Le fait de pouvoir développer son roman sur plus de 200 ans permet ainsi à l’auteur de nous offrir une vision futuriste intéressante, solide et que j’ai trouvé efficace. Alors certes, il ne révolutionne pas non plus pour autant tout l’aspect technologique, et ce n’est franchement pas ce que je lui demande, mais il nous offre une vision franchement fascinante et impressionnante, donnant envie d’en apprendre plus, d’en découvre plus. C’est d’ailleurs très intéressant la façon dont l’auteur montre le côté rassurant, sûre de la technologie, alors que ce n’est pas toujours le cas et à quel point on peut en dernier recours devenir fanatique. C’est un futur qui offre de nombreuses possibilités et dont l’immensité développée dans ce tome offre un vrai plus à l’ensemble. L’auteur n’oublie pas pour autant de nous offrir un récit où la science est aussi mise en avant. On entre avec ce tome dans un aspect scientifique plus spéculatif que le premier tome, permettant à Cixin Liu de montrer un travail d’imagination qui s’avère au fil des pages très prenant, soigné, prenant et très visuel, porté par des descriptions qui font que les concepts scientifiques sur lesquels ils reposent deviennent accessibles. Comme pour le premier tome, certes on est dans de la Hard Science, mais qu’on pourrait qualifier d’abordable, du moins je l’espère ayant un petit bagage scientifique derrière moi, il n’est pas toujours facile de pouvoir faire ce genre de constatation. Bon après si vous n’accrochez pas à ce genre de travail scientifique, je ne suis pas sûr que vous accrochiez plus à ce cycle.
Concernant les personnages j’avoue que les héros principaux m’ont plus accroché dans l’ensemble, principalement d’un point de vue émotionnel, que ceux du premier tome. Certes on a toujours l’impression qu’il y a un léger filtre entre eux et le lecteur, mais cela se ressent moins que le précédent. Cela vient du fait que j’ai trouvé Luo Ji plus intéressant à suivre et qui surtout s’avère plus important, à mon avis, que Yang Miao. Il offre ainsi une évolution plus intéressante, car ses actes ont une répercussion visible sur l’avenir de la Terre. On peut ne pas l’apprécier, principalement dans ses choix en début de roman, mais on le comprend. Il offre aussi un aspect émotionnel plus prenant, principalement dans sa quête de lien au début du récit. Je suis par contre un peu déçu qu’on n’ait plus une héroïne comme Ye Wenjie qui offrait un vrai plus au premier tome. J’ai trouvé l’évolution de Shi Qiang très intéressante et, même s’il a toujours un peu ce sixième sens trop parfait du premier tome, il offre un personnage qui ne manque pas d’attrait. J’ai aussi bien accroché avec le personnage de Zhang Baihai, même s’il faut attendre avant de le comprendre complètement. En revanche à nouveaux l’auteur offre à ce tome le même défaut que dans le premier, les personnages secondaires n’ont d’intérêt que pour l’intrigue et se révèlent même parfois facilement oubliables alors qu’ils auraient pu offrir plus. C’est dommage, comme par exemple Zhuang Yan. Outre le fait qu’elle apparait un peu facilement, elle ne donne l’impression d’être présente que pour faire évoluer Luo Ji ce qui est regrettable, car je pense qu’elle aurait pu offrir tellement plus, surtout quand on peut voir l’intensité et la profondeur que Cixin Liu peut proposer a certains passages, comme par exemple dans l’espace.
Après tout n’est pas non plus parfait dans ce roman, certaines longueurs se font ressentir ici ou là et par moment l’auteur a du mal à s’arrêter, ce qui rend certains passages un peu trop verbeux je trouve. Ensuite, le fait d’écrire un roman sur plus de 200 ans offre parfois des ellipses temporelles qui se révèlent légèrement frustrantes. Enfin, et je ne saurais dire si c’est dû à la traduction où à l’auteur, mais j’ai trouvé la plume un chouïa moins prenante, la faute par exemple à certains dialogues qui m’ont donné l’impression d’être un peu insipides. Après, malgré ces défauts, cela n’enlève en rien des qualités de ce second tome qui offre un récit efficace et intelligent sur l’Humanité et la façon dont elle peut gérer la catastrophe qui arrive. J’ai passé un très bon moment avec ce livre que j’ai trouvé tout aussi prenant que le précédent, il était donc logique que je me lance dans sa suite avec grand plaisir.
Il est à noter que ce second tome sera publié en VF chez Actes Sud sous le titre La Forêt Sombre en Octobre 2017.
En Résumé : J’ai de nouveau passé un très bon moment de lecture avec le second tome de cette trilogie qui, après les révélations de la fin du premier tome, offre un récit efficace et très intéressant sur la notion de peur et de premier contact. La narration déstructurée permet clairement à l’auteur de jouer avec le lecteur, offrant certes un rythme assez lent, mais qui est plutôt bien maîtrisé, montant en tension au fil des pages pour offrir un dernier tiers intense et pleine de surprises. Le fait de construire sur plus de 200 ans permet ainsi à Cixin Liu de développer un avenir intéressant à découvrir et assez envoutant et dépaysant. L’auteur se repose toujours sur des concepts scientifiques et spécule dessus pour nous offrir une imagination débordante et pleine d’idées, tout en restant sur un récit de Hard SF abordable. Le point fort du roman vient clairement des idées qu’il soulève et des réflexions qu’il propose que ce soit sur le futur, sur l’aspect politique et économique, sur ce que l’homme est capable de faire ou bien encore sur la notion de technologie. Concernant les personnages j’ai bien accroché aux héros que sont Luo Ji, Shi Qiang ou bien encore Zhang Baihai, de plus ils m’ont paru légèrement plus prenant et attachant émotionnellement que dans le tome précédent. En revanche l’auteur n’arrive toujours pas à offrir de personnages secondaires franchement intéressants, on sent qu’ils ne sont que là pour faire avancer l’intrigue. Après je regretterai aussi certaines longueurs ainsi que parfois un côté un peu verbeux, ensuite certaines ellipses temporelles frustrantes et enfin un style qui m’a paru par moment légèrement moins accrocheur. Cela n’enlève en rien les qualités de ce roman intelligent et que j’ai trouvé prenant.
Ma Note :8/10
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