Résumé : Depuis des décennies, Pornarina ensanglante secrètement l’Europe. Les rares à connaître son existence – les pornarinologues – l’ont surnommée la-prostituée-à-tête-de-cheval. Elle serait coupable de dizaines d’homicides.
À plus de quatre-vingt-dix ans, le Dr Blažek est un tératologue renommé. Il vit dans un château fort avec sa fille adoptive : Antonie, vingt-quatre ans. La jeune contorsionniste assiste le docteur dans sa traque obsessionnelle de Pornarina, mais s’éloigne bientôt de son père adoptif, rebutée par l’esprit communément pervers des pornarinologues.
Trouvera-t-elle son salut dans la mystérieuse figure de la-prostituée-à-tête-de-cheval?
Edition : Denoël Lunes d’Encre
Mon Avis : Je me suis laissé tenter par ce roman, en premier lieu par sa couverture, illustrée par Aurélien Police, que je trouve franchement superbe offrant une impression étrange et dérangeante qui donne clairement envie de découvrir le récit. Ensuite je dois bien admettre que je me laisse assez facilement convaincre par les livres de la collection de Lunes d’Encre de chez Denoël qui, même si parfois je suis passé à côté de certains, propose une belle sélection de livre qui s’avère plus qu’intéressante. Enfin le côté fantastique sombre a toujours le don de m’attirer et de me donner envie de plonger dedans, c’était donc sans surprises que ce roman ait terminé rapidement dans ma PAL.
On découvre ainsi dès les premières pages le Dr Blažek, sommité dans l’étude des anomalies et des monstres. Il est lui-même le seul enfant de sœurs siamoise et a été bercé depuis son enfance dans ce milieu. Depuis quelques années, il s’est lancé dans la plus grande quête de sa vie : retrouver Pornarina, la prostituée à tête de cheval qui tue ses proies en les émasculant. Pour l’aider il peut compter sur Antonie, une jeune contorsionniste qu’il a adopté et élevé comme sa fille, mais aussi pour en faire son bras droit, son arme dans sa quête. Alors de mon côté, je dois bien admettre que je n’ai pas franchement accroché à ce roman. Il y a bien quelque-chose d’intéressant, d’unique qui s’en dégage, un travail sur le freak et l’étrange, avec en fond des idées qui ne manquent pas d’être un minimum intéressante, mais voilà au final je n’ai jamais complètement réussi à entrer dans ce roman. Je pense qu’on est clairement dans le roman qui va diviser le lecteur, soit on accroche et on se laisse porter par ce qui est construit, soit comme moi on n’arrive jamais à entrer dedans et on tourne les pages en espérant un sursaut qui fera qu’on va être happé, mais qui ne viendra jamais. C’est assez étrange, car pourtant je pensais être le public de ce genre de roman au vue des références proposés, j’espérais accrocher, mais je pense que je n’avais pas les mêmes attentes que ce qui est proposé dans Pornarina.
A travers ce livre l’auteur nous montre pourtant sa passion pour le côté sombre et étrange que ce soit dans les références qu’on retrouve à droite à gauche comme à Hannibal Lecter, Dracula, Frankenstein ou encore une Famille Adams mais le côté comédie en moins, et d’autres encore. Il montre clairement qu’il aime l’imaginaire et cherche ici au fil des pages à lui rendre hommage, mais principalement à l’imaginaire Freaks et gothique. Il y a aussi ce côté un peu étrange, mystique liée à cette quête de Pornarina, ce côté sombre et sanglant qui est clairement mis en avant, mais aussi cette impression d’un monde en train de changer. Au fil des pages on se rend compte d’une sorte de fin, de justement la disparition de ce côté fantastique dévoré par un monde plus scientifique, plus terre à terre. On le voit au niveau de la société de Pornarinologue qui voit son milieu changer, avec l’arrivée de chercheurs plus jeune, mais aussi plus concrets, moins rêveurs. On est aussi clairement dans le roman initiatique, à travers le portrait d’Antonie dont l’enquête va complètement bouleverser sa vie. Elle va ainsi devoir évoluer faire des choix qui vont peu à peu la faire grandir. Elle va ainsi devoir quitter le cocon qu’était sa vie avec le Dr Blažek, devenir son arme, et par la même occasion se rendre compte de l’horreur du monde. Elle qui a pourtant toujours vécu autour d’étrangetés va se rendre compte que cela ne l’avait pas préparé à ce qui peut se cacher en chaque personne.
Il y a aussi plusieurs réflexions intéressantes qui sont soulevées dans ce roman. Que ce soit sur la notion de sexisme, sur la position de la femme qu’on découvre à travers Antonie seule héroïne du roman, de la notion de quête et d’obsession sur la notion de folie, de famille, d’amour, ou bien encore sur la notion de sexualité. L’auteur brasse ainsi de nombreuses questions, certaines de façon assez pertinentes et d’autres qui viennent se noyer dans une impression confuse de trop vouloir en faire. Alors après tous ces arguments, vous devez vous demander ce que j’ai trouvé comme défaut à ce roman. Le premier vient clairement de l’ambiance, oui l’auteur est un féru du gothique, de l’étrange, du bizarre et du morbide sauf que, mis à part quelques passages, je n’ai jamais clairement ressenti cette ambiance. J’ai un peu l’impression d’avoir le même soucis avec les films d’horreur qui considèrent que pour faire peur doivent aller de plus en plus dans le visuel voir même offrir des litres de sang, alors que non parfois des non-dits ou un travail sur le ressenti et les sentiments s’avèrent, pour ma part, plus prenant et plus stressant. C’est pareil ici, l’auteur offre des scènes très visuelles, mais qui, pour ma part, n’ont paru être que de simples images dans laquelle il manque un souffle de vie et c’est dommage car cela m’aurai permis d’entrer un peu plus dans ce récit. Ensuite autre point, je n’ai jamais réussi à m’attacher aux personnages que ce soit aussi bien par le côté émotionnel que par leurs quêtes et leurs questionnements. Pourtant il y avait le potentiel pour et Antonie ne laisse pas indifférent, mais voilà il manquait un je ne sais quoi qui me les aurait rendus plus marquant.
Un autre point vient clairement de l’intrigue qui n’a jamais réussi à m’entraîner, à me captiver. Il faut dire que d’intrigue il n’y a en n’a pas franchement, certes dans le premier tiers on a l’impression de plonger dans un Thriller avec la quête de Pornarina, mais très vite on se rend que non elle n’est que secondaire, voir même quasi inutile. Pornarina n’est finalement juste là que pour amener les personnages que l’on croise tout du long à dévoiler le pire d’eux-mêmes. Ils donnent ainsi l’impression, à travers cette quête, à se dévoiler complètement et à obliger Antonie à devoir trouver sa voie. Après, comme je l’ai dit, on se retrouve alors plus dans un roman initiatique, sauf que même-là j’ai eu du mal à complètement entrer dedans, l’auteur en faisant trop à mon goût avec des scènes qui apportent peu, ce qui fait que le récit s’essouffle au fil des pages, n’arrivant jamais franchement à trouver cette tension qui aurait pu m’accrocher. On avance ainsi jusqu’à aboutir à une conclusion qui s’avère logique et colle bien au récit, mais m’a juste fait dire « Bon, bah voilà fini ».
Enfin la plume de l’auteur m’a laissé sur un sentiment mitigé, oui je reconnais que Raphaël Eymery aime jouer avec les mots, travaillant son texte. Il le démontre d’ailleurs clairement dans certaines fulgurances, certains passages qui ne laissent pas indifférent, mais qui aussi par moment tombent dans le catalogage qui m’ont complètement déconnecté du récit. Tout cela fait que finalement je ne ressors pas complètement convaincu par ce Pornarina. Peut-être que sur un format novella, plus court et plus incisif, j’aurai pu accrocher. Après, je le dis et je le répète, on est clairement dans un roman à double tranchant, vous pourriez très bien vous retrouver complètement happé par ce roman comme j’ai cru le voir par d’autres lecteurs, ça se joue parfois à quelques détails je reconnais clairement le travail de l’auteur sur son œuvre et son originalité.
En Résumé : J’avoue, je ressors de ma lecture de ce Pornarina avec le sentiment de n’avoir jamais réussi complètement à entrer dedans et à apprécier ma lecture. Pourtant, le roman ne manque pas d’attrait, j’en reconnais ainsi l’originalité proposé par l’auteur, ainsi que sa passion pour le côté étrange, dérangeant, bizarre sanglant et l’hommage qu’il rend à ce genre de récits fantastique. On est dans un récit qui nous montre que le monde change, que l’étrange et le mystique font de plus en plus place au terre à terre. On est clairement dans un roman initiatique où l’héroïne, Antonie, va se rendre compte que le monde est loin d’être idyllique et que, poussé par lui, elle va devoir faire des choix et évoluer, oublier la jeune fille enfermée dans son cocon pour s’imposer. Le roman ne manque pas non plus d’idées, que ce soit sur la position de la femme, le sexisme, l’obsession, la sexualité, qui ne laissent pas indifférent, même si parfois elles sont menées de façon trop confuse je trouve. Sauf que voilà, pour moi, j’ai trouvé que ce récit manquait d’ambiance. Certes visuellement il est étrange et dérangeant, mais il manque à ces images un peu de vie pour qu’elles deviennent plus que de simples images qui marqueront peut-être certains, mais qui de mon côté m’ont laissé de marbre. Ensuite je n’ai jamais réussi à m’accrocher aux personnages, à me laisser porter par eux. Ils leurs manquaient un petit je ne sais quoi. Autre point, l’intrigue démarre bien, mais peu à peu s’essouffle dans des scènes qui paraissent trop longues et ne pas toujours apporter au récit. Enfin, même si je reconnais le travail de plume de Raphaël Eymery, et sa façon de jouer avec les mots, il tombe parfois dans le catalogage qui me déconnectait complètement. C’est dommage, mais maintenant on est dans un livre à double tranchant vous pourriez très bien vous retrouver complètement happé par ce roman, comme j’ai vu chez d’autres lecteurs, pour ma part je suis passé à côté.
Ma Note : 4,5/10
Autres avis : Nicolas Winter, Marie-Juliet, Samuel Ziterman, …
Mariejuliet
Exactement le même sentiment 🙂