Résumé : Le passé est un molosse qui vous poursuit à travers champs et collines, tenaillé par une faim dévorante, vous pistant jusqu’à ce que, une nuit, vous l’entendiez gratter à la porte. Le mal ne meurt jamais ; il sommeille.
Parlez-en à Minerva, à Micah et à Ebenezer, chasseurs de primes, mercenaires dans l’âme mais aux dons inégaux. La première fois qu’ils font équipe, en 1966, c’est pour retrouver un enfant qui a été enlevé par une secte obscure œuvrant au Nouveau-Mexique, dans un endroit nommé Little Heaven. C’est là que le révérend Amos, qui reçoit ses ordres de Dieu directement, rassemble ses fidèles pour un culte des plus sombres.
Quinze ans plus tard, la fille de Micah est enlevée, et le trio devra s’armer pour le débarquement de l’Enfer à Little Heaven.
Edition : Denoël Sueurs Froides (Publie le 01-11-2018)
Traduction : Eric Fontaine
Mon Avis : Avant de me lancer dans la lecture de ce roman, j’avoue, je ne connaissais pas Nick Cutter et je n’avais rien lu de lui. Déjà, pour être précis, Nick Cutter est un pseudonyme utilisé par l’auteur canadien Craig Davidson qui est, je pense, surtout connu en France pour son livre Un Goût de Rouille et d’Os qui a été adapté au cinéma par Jacques Audiard avec Marion Cotillard sous le titre De Rouille et d’os. Il y a quelques années, sous le même pseudonyme, l’auteur avait publié le roman Troupe 52 qui m’avait un temps tenté mais que, finalement, je n’ai jamais fait entrer dans ma PAL qui en devient de plus en plus insaisissable. Ainsi, quand on m’a proposé de découvrir ce nouveau roman, j’avoue je me suis laissé tenter pour enfin découvrir cet auteur, puis en période d’halloween une lecture pleine de frissons fait toujours du bien.
Ce roman va nous faire découvrir Micah qui voit sa fille se faire « enlevée » de façon, on va dire, étrange. Il décide alors de retrouver deux de ses anciens compagnons, Minerva et Ebenezer, car il sait très bien ce qui lui arrive. Tout cela est lié aux évènements qui sont survenus à Little Heaven bien des années plus tôt, des épreuves qui ont clairement marqué nos héros et les ont transformés. Pour libérer la fille de Micah ils vont devoir y retourner, combattre leurs peurs et bien plus que cela. Une fois la dernière page tournée je dois bien admettre que j’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman. Je ne dis pas que l’auteur révolutionne le genre et certains points m’ont légèrement dérangé, mais dans l’ensemble il a vraiment réussi à trouver une voix qui lui est propre et à offrir quelque-chose d’intéressant, d’entraînant et de très divertissant avec ce livre. L’intrigue paraît ainsi assez classique, avec cet élément insondable que l’on découvre assez rapidement, cette forêt étrange, ainsi que cette secte, auquel vient s’ajouter des hors la loi, des chasseurs de prime et des fusillades. Pour autant, même si l’histoire ne révolutionne pas vraiment le genre, elle s’avère très solide, bien porté par un rythme efficace et entraînant, qui monte en tension au fil des pages et n’empêche pas d’offrir quelques bonnes surprises.
L’histoire joue aussi clairement avec le lecteur, oscillant entre flashbacks, qui nous expliquent ce qui est arrivé à Little Heaven, et le présent du récit avec nos héros désabusés, qui se lancent dans une quête qui parait impossible. Cette construction permet ainsi de livrer les révélations de façon maîtrisée tout en maintenant l’intérêt du lecteur à travers les nombreux secrets qui se dévoilent petit à petit. C’est sur le mystères et leurs réponses que joue en partie l’intrigue. Alors, je ne vais pas le nier, certaines révélations sont très prévisibles, ce qui les rend moins marquantes, mais j’en ai trouvé d’autres très efficaces. Nick Cutter est comparé à Stephen King dans le quatrième de couverture et je comprends pourquoi dans sa façon de voir le fantastique d’horreur, dans sa façon de construire le récit et d’y intégrer ses éléments angoissants, de finalement jouer sur les peurs, même s’ils ont aussi leurs différences en tant qu’auteurs dans la vision du genre. Ce n’est ainsi pas un simple copié-collé de Stephen King. Maintenant je trouve que Cutter a aussi récupéré un des défauts du Stephen King récent, mais j’y reviendrai.
Je trouve que l’élément intéressant du roman vient clairement de l’ambiance qui est construite, que ce soit aussi bien dans son atmosphère que dans son côté très visuel. Il y a franchement quelque-chose d’oppressant, d’angoissant qui se dégage au fil du récit, un sentiment d’horreur qui se cache et va peu à peu se dévoiler et surprendre. Cela se ressent principalement dans le travail de description efficace de l’auteur, que ce soit au niveau des lieux mais aussi des éléments étranges rencontré, mais aussi à travers le non-dits et tous ces éléments non visuels qui viennent amener une tension et un sentiment de crainte au lecteur. D’ailleurs je trouve que l’auteur trouve un juste milieu entre des passages plutôt glauques et graphiques et des passages justement plus d’ambiance, évitant ainsi de trop tomber dans le visuel gratuit et sanglant qui m’aurait vite ennuyé. Là où il vient apporter sa petite touche, on va dire, c’est dans cet aspect plus western affiché du récit avec notre trio de héros qui ne sont pas non plus des enfants de choeur. Cela amène par conséquent son lot de scènes d’action et de fusillades qui offrent par moments un décalage assez explosif au récit, tout en ne gênant jamais franchement le côté angoissant. La toile de fond est aussi intéressante dans les lieux que l’on découvre et qui viennent coller parfaitement au récit avec cette ambivalence entre découverte et sentiment d’oppression. Le travail sur la secte religieuse ne manque pas non plus d’attrait, même si finalement très classique dans ce glissement dans la folie, mais qui apporte je trouve un plus au récit.
Concernant les personnages, je dois bien admettre que nos trois héros sont plutôt intéressants à découvrir que ce soit dans le travail sur leurs backgrounds, mais aussi dans leurs interactions. Certes ce ne sont pas les héros les plus complexes que j’ai rencontre, mais ils fonctionnent bien dans le récit. On se retrouve ainsi avec un trio de personnages impossibles, improbables, mais qui pourtant paraissent complémentaires. Ainsi il y a un minimum de travail de fond sur chacun d’entre eux que ce soit Micah personnage solide, qui sait qu’il a fait des choses pas très jolies dans sa vie, mais qui pourtant continue à avancer avec une morale qui lui est propre, Ebenezer qui est l’un des meilleurs dans son métier d’assassin mais qui pourtant se questionne au fond de lui ou bien encore Minerva dans sa quête de vengeance. Là où je les trouve intéressant c’est surtout dans les liens qui les unissent, la façon dont ils évoluent face à ce qu’ils vont découvrir, mais aussi entre eux. Là où par contre j’ai moins accroché c’est dans leur côté parfois trop calmes, froids, méthodiques comme si rien ne les touchaient. Je comprends que ce sont des assassins, qu’ils ont du vécu, mais quand même le raccourci est un peu facile. Concernant les personnages secondaires il y en a de très efficaces, comme le « gourou » de la secte qui a son côté flippant, et d’autres qui m’ont paru un peu trop stéréotypés comme l’héroïne qui va embaucher Micah pour aller sauver son neveu, qui m’a paru très classique au point parfois d’être trop prévisible et, limite, caricaturale. Je reste aussi toujours circonspect des personnages qui ne sont là qu’un chapitre, qu’on développe simplement pour amener un chapitre, certes angoissant, mais qui disparaissent dans la foulée. Parfois ça fonctionne bien, et parfois ça me laisse complètement indifférent.
Maintenant, et je reviens sur ce que j’ai dit un peu plus haut, j’ai trouvé que Nick Cutter avait aussi récupéré un défaut du Stephen King récent, sa capacité à écrire des pavés sans que tout soit toujours nécessaire. Le roman fait ainsi presque 600 pages, pourtant je suis sûr qu’avec 80 voir 100 pages de moins il aurait été encore plus percutant, tant parfois on tombe dans un rythme de routine avec quelques longueurs qui ne sont pas toujours utiles. J’ai aussi trouvé par moment que le récit n’arrivait pas à trouver toujours son juste milieu entre angoisse et action, même si de ce côté là rien de trop bloquant. Autres point, c’est la présence d’une ou deux facilités dans le récit ainsi que quelques simplicités. Enfin il y a un aspect, mais qui est plus personnel, j’aime le côté angoissant qui joue sur l’ambiance, mais à partir du moment ou l’élément fantastique, démoniaque prend forme, je trouve que cela enlève un peu de l’horreur. Un peu comme si le fait de le décrire lui enlevait une partie de son aspect monstrueux. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre et c’est un point clairement personnel. Certes ça ne gâche en rien la lecture de ce roman, mais voilà ça a un peu joué sur mon ressenti. Au final, même si ce roman a ses défauts, j’ai quand même passé un bon moment de lecture, le tout bien porté par une plume simple et efficace. Je me laisserai bien tenter par d’autres écrits de l’auteur dans le même genre.
En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman de fantastique angoissant qui nous plonge dans Little Heaven et ses secrets. L’intrigue, sans non plus trop révolutionner le genre, s’avère solide et efficace. Elle joue clairement avec le lecteur avec des flashbacks qui permet d’amener les révélations au compte goutte et de façon maîtrisée. Ainsi, plus on avance plus la tension monte et plus les mystères se dévoilent. Le point fort du livre vient clairement, je trouve, de son ambiance, jouant à la fois sur un aspect très visuel et un peu glauque, mais aussi sur un travail sur l’atmosphère offrant un climat à la fois oppressant et angoissant qui s’épaissit au fur et à mesure de la lecture. Concernant les personnages, sans non plus se révéler les héros les plus complexes qui soit, j’ai trouvé le trio de protagonistes solide et intéressant, principalement dans la façon dont ils évoluent et dans leurs interactions. En ce qui concerne les personnages secondaires il y en a de très efficaces, comme le « gourou » de la secte, et d’autres que j’ai trouvé plus caricaturaux, comme l’héroïne qui vient embaucher nos héros pour sauver son neveu. Dans le quatrième de couverture on parle de Stephen King comme référence, ce que je trouve plutôt vrai dans une certaine vision qu’ils ont du genre et dans la construction de l’intrigue. Pour autant les deux auteurs ont leurs propres voix. Maintenant je trouve aussi que Nick Cutter a récupéré un défaut du Stephen King récent, ça capacité à parfois trop en faire. Le livre, sur ses 600 pages, aurait ainsi pu avoir 80 voir 100 pages de moins ce qui l’aurait rendu encore plus percutant. J’ai aussi trouvé une ou deux facilités vois quelques simplicités ici ou là. Enfin, d’un point de vue tout personnel, donner un visage à l’horreur qui se cache a fait que j’ai trouvé le récit un peu moins angoissant. Maintenant, même si tout n’est pas parfait, j’ai bien apprécié ma lecture que j’ai trouvé entraînante et intéressante, bien porté par une plume simple et efficace et je me laisserai bien tenter par d’autres écrits de l’auteur dans le même genre.
Ma Note : 7,5/10
Babitty Lapina
Ce livre a l’air vraiment sympa ! Cela faisait un moment que je cherchais un bon thriller et celui-ci me tente carrément. Merci pour la découverte 😀
BlackWolf
Merci pour ton commentaire, j’espère que le livre te plaira autant qu’à moi.
Bonne lecture !
Zina
Je ne connaissais pas non plus cet auteur, mais ce titre à l’air tentant.
BlackWolf
Je l’ai trouvé très sympathique, puis en période d’Halloween ça fonctionne bien ^^
Lutin82
Ca c’est un truc qui pourrait le faire avec moi!!!
Merci! 😉
BlackWolf
Si jamais tu le lis j’espère qu’il te plaira.
Lutin82
Mais, il fera vite partie de ma PAL…