Résumé : Autour de la cité de Samarante sur laquelle veillent six tours mystérieuses, s’étend l’aliène, une étendue sauvage, aride, inhospitalière. C’est par là que la guerre viendra, il n’y a pas d’autre accès. Au cœur de la ville vivent Cinabre, une préfigurée aux pouvoirs effrayants, bientôt poursuivie par les tueurs de l’Endocène, et Triple A, qui rêve d’escalader les tours. C’est vers eux, sans le savoir, que se dirige Oshagan, le grand guerrier, porteur de la plus puissante des armes, une forme de guerre disparue depuis mille ans. Quand-ces trois êtres entreront en collision, alors trembleront les Tours de Samarante.
Edition : Denoël Lunes d’Encre
Poche : Folio SF
Mon Avis : Il m’arrive à certains moment de regarder ma PAL et d’y trouver des livres qui y végètent depuis des années, au point parfois limite de se fossiliser sur place. Cela peut venir de plusieurs raisons, manque de temps, livres que je garde sous le coude, car non transportable, l’attrait de la nouveauté ou bien encore tout simplement un manque de motivation. J’ai donc décidé d’essayer, sur le long terme, de leur offrir une plus rande chance, surtout que bon ils ont une bonne raison d’être dans ma PAL. C’est d’ailleurs le cas de ce roman de Norbert Merjagnan, Les Tours de Samarante, premier tome d’un cycle qui traîne dans ma bibliothèque depuis quelques années déjà et qui m’avait attiré suite à des retours positifs et intrigants. Ajouté à cela couverture, illustrée par Manchu, que je trouve vraiment superbe et attire le regard, je ne pouvais que craquer.
Ce roman va ainsi nous faire partager le destin de trois personnages, complètement différents, tous gravitant autour de la mystérieuse ville de Samarante et ses tours. Entre vengeance, survie, complots et quête, ils vont chacun d’entre eux se retrouver plonger au milieu d’aventures et de trahisons qui vont complètement les dépasser. Je dois bien avouer que je ressors de ma lecture de ce premier tome un peu circonspect, pas complètement convaincu, mais intrigué par des aspects franchement intéressants maîtrisés par l’auteur. Première chose qui marque dès qu’on plonge dans ce récit, c’est le style de l’auteur qui se démarque franchement. On sent que Norbert Merjagnan propose une vraie recherche stylistique à travers son roman et que ça fonctionne plus que bien. Alors certes, par moment, principalement dans les trois premiers chapitres cela donne aussi une impression de vouloir trop en faire, un sentiment guindé, mais au fil des pages cela disparait, proposant alors une très belle plume, dense et soignée qui ne laisse pas indifférent. Par moment, c’est vrai, on sent l’effet premier roman, avec une proportion à trop pousser certains dialogues, voir certaines descriptions, mais rien de trop dérangeant tant elle possède un côté envoutant et happant qui font qu’on se laisse un minimum emporter par le récit, nous offrant des images superbes, vivantes et séduisantes.
Au niveau de l’univers, l’auteur ne révolutionne clairement pas le genre, nous proposant un monde un peu post-apocalyptique, où les villes sont devenues les refuges des peuples, où les technologies ont énormément évolué entre réseau, ville connecté entièrement, réseau, clone et modifications génétiques, avec une religion un peu étrange. On y retrouve aussi un aspect géopolitique avec grandes familles, jeux de pouvoir et ordres qui gèrent la ville, le tout mâtiné d’un peu de cyberpunk qui apporte un plus à l’ensemble. Par contre il faut le savoir, l’auteur ne nous plonge pas dans un univers balisé avec de longs passages de présentations. On peut alors se sentir perdu au début, mais il va se dévoiler au fil des pages en fonction des révélations et des éléments que l’on découvre, donc si vous n’appréciez pas ce genre d’univers cela risque de vous bloquer. Il y a ainsi un vrai travail du lecteur pour créer l’image de fond présenté au fil du récit. Même si l’ensemble peut paraitre n’avoir rien de révolutionnaire, il s’avère pourtant, je trouve, assez solide pour offrir un minimum d’intérêt. Pourtant, j’ai trouvé que ce que cherche à construire l’auteur a un peu de mal à aussi complètement s’imposer au lecteur, j’ai eu l’impression qu’il y avait énormément d’idées, mais le tout en peu de pages, ce qui donne l’impression qu’une grande partie des aspects qui sont présentés, n’est qu’à peine esquissée. Pareil concernant tout ce qui tourne autour de la politique, où certaines révélations, trahisons et manipulations qui m’ont paru manquer de profondeur et donner l’impression de tomber un peu comme un cheveu sur la soupe.
Concernant les personnages que l’on découvre au fil des pages, j’avoue que je suis un peu nuancé au niveau de mes impressions. Cinabre ressort vraiment du lot selon moi, proposant une héroïne étrange, préfigurée clonée et modifiée qui se dévoile au fil des pages, s’avérant battante, sensible et développant des idées intéressantes, principalement concernant ses capacités. Triple A, je suis un peu plus mitigé, j’ai trouvé le personnages intéressant dans une sorte de quête de liberté, fasciné par les mystérieuses tour de la ville jusqu’au point de se perdre, au caractère fougueux incisif, mais voilà je l’ai trouvé un peu en retrait de l’intrigue. Il devrait prendre de l’importance dans la suite je pense, mais là c’est un peu frustrant. Oshagan par contre a eu du mal à vraiment me fasciner, archétype du héros trahi qui cherche vengeance, il tombe au fil des pages dans une caricature de héros invincible que rien ne peut arrêter ni vraiment faire tomber tant il prend des coups et parait pourtant toujours en pleine forme. C’est rapidement frustrant. Les personnages secondaires ne sont pas mauvais, même si je trouve que sur certains points ils manquent un peu de profondeur, ne servant finalement qu’à faire avancer l’intrigue là où certains auraient mérité plus je trouve.
Je noterai juste un point qui m’a principalement dérangé au niveau de ce roman, c’est l’intrigue en elle-même. Elle parait convenue et même à ce niveau là elle repose énormément sur des deus ex machina, des personnages dont on n’a jamais entendu parler mais qui ont l’information qu’il faut, ou encore des coïncidences tellement énormes qu’elles ont du mal à s’avérer logique et franchement entraînante. C’est là que se pose la question de savoir ce qu’on cherche dans un roman, la forme ou bien le fond, j’avoue que moi j’ai besoin d’un minimum des deux pour me sentir transporter et là c’est un peu trop bancal. Au final un roman avec énormément de potentiel, mais qui est, je trouve, mal géré pour moi au niveau de la construction du récit et de ses rebondissements. Je pense que je lirai un jour la suite, principalement pour la très belle plume de l’auteur, en espérant que l’intrigue soit un peu plus soignée.
En Résumé : Je ressors de ma lecture avec un sentiment plutôt mitigé concernant cette lecture. La première chose qui marque pourtant le lecteur c’est la plume de l’auteur qui, certes, offre quelques erreurs de premier roman, mais s’avère franchement dense, soignée et très belle offrant ainsi au lecteur des images travaillées et vives. C’est le gros point fort du roman. Concernant l’univers, il ne révolutionne pas le genre offrant un univers que je qualifierai de post-apo avec une légère touche de cyberpunk, offrant ainsi de nombreux aspects intéressants que ce soit sur la technologie, la ville comme la politique. Peut-être même d’ailleurs un peu trop, ce qui donne une légère impression bordélique dans les idées qu’il développe pour ce monde. Les personnages je suis plutôt circonspect, j’ai bien accroché à Cinabre, un peu moins à Triple A qui m’a paru un peu en retrait de l’intrigue et pas vraiment à Oshagan qui tombe dans la caricature du héros invincible. Les personnages secondaires sont efficaces, même si j’aurai aimé que certains soient plus travaillés. Mais le point principal qui m’a dérangé c’est l’intrigue en elle-même qui m’a paru trop convenue, et reposant trop sur des deus ex machina et des coïncidences un peu trop facile. Se soulève alors la question de savoir ce qu’on cherche dans un roman forme, ou fond, moi j’ai besoin d’un minimum des deux. Je lirai un jour la suite car l’ensemble possède un beau potentiel rien que par le style proposé, même si je n’en ferai pas obligatoirement une priorité.
Ma Note : 6/10
Fnitter
Il retourne dans les profondeurs de ma PAL alors…
BlackWolf
Après si tu apprecies les belles plumes tu peux peut-être te laisser tenter. Après j’ai appris que le troisième tome n’était pas encore sorti non plus.