Résumé : Le héros de cette histoire est un étudiant en mathématiques, qui vit dans une chambre de bonne d’un quartier similaire au quartier latin parisien. Les rumeurs disent que sa mansarde fut occupée, deux siècles plus tôt, par une vieille femme jugée sorcière par ses contemporains, capable de voyager dans différentes dimensions du réel, et dont l’esprit n’aurait pas tout à fait quitté les lieux. Notre narrateur, à l’esprit aiguisé et fatigué par ses études poussées, fait des rêves de plus en plus étranges.
Perd-il totalement pied ou a-t-il trouvé le chemin, guidé par cette sorcière, vers la contrée des rêves ?
Edition : Le Rue de Sèvres
Mon Avis : Cela fait bien longtemps que je n’ai pas rédigé de chroniques sur mes lectures de bandes dessinées. J’avoue qu’entre les nombreux changements IRL et ma capacité à procrastiner, cette catégorie a un peu disparue de mon blog ce qui est quand même dommage. Il fallait donc remédier à cela, et quoi de mieux qu’une BD proposant de retranscrire une nouvelle de Lovecraft pour cela. Comme vous le savez si vous suivez régulièrement ce blog, Lovecraft fait parti de ses auteurs que j’apprécie énormément, offrant un fantastique soigné et angoissant. Je partais donc avec une légère appréhension de savoir comment allait se passer le passage du texte à la bulle. À noter que j’ai déjà lu la nouvelle dont est tiré cet album et que vous pouvez retrouver ma chronique ici.
On suit ainsi au fil des pages Walter, jeune étudiant en mathématiques et féru d’étrangeté qui loge dans une chambre de bonne ou a vécu, deux siècles plus tôt, une sorcière disparue dans d’étranges circonstances. Des rêves surprenants vont alors le visiter et ses idées sur les mathématiques vont prendre des réflexions complètement différentes. Au final, une fois la dernière page tournée, je dois bien avouer que cette Bande Dessinée réussi clairement son pari. Alors tout n’est pas non plus obligatoirement parfait, mais les auteurs ont clairement réussi a retranscrire l’intérêt de cette nouvelle ainsi que son ambiance. Le scénario a arrive ainsi a garder et retranscrire le meilleur du récit tout en le condensant pour le faire rentrer dans la soixantaine de page de cet album. J’ai ainsi été facilement emporté par cette lente descente dans la folie du narrateur qui ne manque pas de surprendre, de fasciner et de déranger. L’ensemble se révèle maîtrisé proposant d’abord un rythme lent, permettant de mettre en place les différent éléments de l’intrigue que ce soit dans les héros comme dans la mythologie, pour s’accélérer d’un coup quand cette « folie » devient de plus en plus présente et pousse Walter à reconsidérer ses actes.
L’ambiance est aussi plutôt bien retranscrite, on sent bien cette oppression, ce côté sombre qui gagne en ampleur au fil du récit. Ce sentiment d’étrangeté qui s’en dégage et qui vient perturber le lecteur à travers de petits détails comme les ombres ou autre, et qui densifient aussi la tension. La folie du héros gagne ainsi en intensité et emporte le lecteur qui se questionne sur la réalité ou non de ce qu’il vit, et le lecteur ne s’ennuie pas c’est peu de le dire. L’univers développé entre les mondes transversaux, le lien entre les mathématiques et la magie, ou encore ce qui est lié au Necronomicon est bien amené, ne devrait pas perturber ceux qui ne connaissent pas Lovecraft, et utilisé pour rendre de façon efficace l’ensemble plus cohérent. L’ensemble est aussi très bien porté par des dessins, certes qui paraissent aux premiers abords assez classiques dans la représentation, mais qui, je trouve, rendent l’ensemble plus réaliste et plus vivant à travers un crayonné hachuré et un jeu sur les ombres et la lumière plus qu’intéressant. La folie du personnage principal est aussi bien retranscrite, mais là où je trouve que le dessinateur a eu une bonne idée, c’est dans la différenciation entre le monde des rêves et le monde réel. Le fait d’offrir un dessin complètement différent joue à cela et se révèle captivant.
Concernant les personnages Walter se révèle intéressant à découvrir que ce soit à travers son génie ou encore sa folie, on suit ses aventures avec intérêt et un léger frisson, surtout pour ceux qui ne connaîtraient pas la fin. Reste les personnages secondaires où là je suis plus mitigé. La compagne qui sert de point d’ancrage du héros dans le réel est bien construite et remplie parfaitement son rôle, mais que ce soit les voisins ou bien l’ami de Walter, Franck, ils m’ont paru manqué un peu de profondeur et de densité, même si rien de non plus trop gênant. Les deux seuls petits inconvénients que je pourrais souligner concernant cet album viennent que Lovecraft est un auteur à la plume dense, ce qui se retrouve ici à travers une narration bien présente en haut de chaque cas, parfois un peu trop pour une BD, même si rien de non plus trop bloquant. De plus il est parfois compliqué de suivre la narration et les dialogues qui se mélangent. Enfin le second point vient peut-être d’un démarrage un chouïa trop lent, même si là, une fois emporté, on l’oublie rapidement. Au final une bonne petite bande-dessinée qui nous propose de revisiter (voir de découvrir) une nouvelle de Lovecraft de façon efficace, entraînante et légèrement dérangeante.
En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec cette bande dessinée qui propose de revisiter et mettre en image une nouvelle de Lovecraft. Les auteurs ont vraiment réussi à garder l’intérêt de la nouvelle, ainsi que son ambiance, ce qui fait que, malgré peut-être un démarrage un chouïa lent, je me suis retrouvé facilement emporté par le récit. L’intrigue joue ainsi habilement entre réalité et folie pour mieux surprendre le lecteur. L’ambiance est bien retranscrite que ce soit dans son côté angoissant, oppressant, qui gagne en ampleur au fil des pages pour offrir ainsi un final tendu et percutant. L’univers ne manque pas non plus d’attrait et reste accessible même si on ne connaît pas Lovecraft. L’ensemble est ainsi très bien porté par un graphisme qui, certes aux premiers abords peut paraître classique, mais finalement colle parfaitement à l’histoire et offre quelques bonnes idées comme la différence entre rêve et réalité. Le personnage principal se révèle intéressant à suivre dans la gestion de cette folie, mais j’ai trouvé que les personnages secondaires manquaient un peu de profondeur. Un point qui peut se révéler dérangeant vient de la narration qui est parfois très dense, ce qui peut surprendre dans une BD et rend parfois la lecture des dialogues un peu hachée, mais rien de non plus trop dérangeant. Au final un album que j’ai trouvé réussi et efficace.
Ma Note : 7,5/10
Autres avis : Lune, …
Tesra
J’avais bien envie de le lire malgré quelques appréhensions quant à la façon d’adapter Lovecraft – en effet ce n’est pas toujours évident et il paraît qu’il y a entre autres de nombreuses tentatives cinématographiques qui s’y sont joyeusement cassé les dents ! (sûrement à voir avec un grand bol de pop-corn et quelques amis). Ton avis me rassure, le dessin de la couverture me plaisait déjà assez.
BlackWolf
Après le choix La Maison de la sorcière, qui n’est pas le texte le plus marquant de Lovecraft, est je trouve judicieux. En effet on a un peu moins d’attente que si on souhaitait représenter Cthulhu. En tout cas si tu te laisse tenter j’espère que cette BD te plaira tout autant qu’à moi.