Résumé : Le Prince d’Ombria agonise, et déjà sa cruelle tante Domina Pearl, surnommée la Perle Noire, intrigue pour s’emparer du pouvoir. L’héritier du trône de la cité n’est encore qu’un enfant incapable de gouverner, et son cousin un bâtard méprisé, qui passe son temps à peindre les rues de la cité décadente. Personne ne semble en mesure de s’opposer aux ambitions de la puissante Perle Noire…
Mais au-dessous des ruelles de la cité s’étend une cité enfouie, un reflet spectral peuplé par les fantômes d’Ombria. C’est le royaume de la sorcière Faey et de sa création, Mag, une jeune fille aux trait parfaits que Faey a sculptés dans la cire. L’allégeance de Faey est incertaine, et Mag est fascinée par le neveu batard du prince… Quelque part entre ombre et lumière, leurs destins s’assembleront comme les pièces d’un puzzle magique où se jouera le sort d’Ombria.
Edition : Mnémos
Poche : Points
Mon Avis : Depuis quelques temps j’avoue avoir un peu de mal à complètement m’emballer pour les dernières nouveautés en Fantasy, sauf quelques exceptions. J’ai donc décidé de fouiller un peu dans ma PAL pour en sortir un des nombreux romans qui trainent, et qui pourrait me convaincre. J’ai donc décidé d’en sortir Les Fantômes d’Ombria, primé au World Fantasy Award et dont les quelques avis que j’ai vu passer à l’époque me donnait très envie de le découvrir. En plus s’agissant d’un one-shot j’évite ainsi de me lancer dans la lecture d’un nouveau cycle. Il faut aussi noter la couverture, illustrée par Julien Delval, que je trouve accrocheuse et réussie.
Et je dois bien avouer que je suis au final bien content de mon choix tant j’ai été emporté. On plonge ici dans un récit qui, aux premiers abords, peut paraitre classique avec la mort d’un prince, une régente ambitieuse et calculatrice qui prend le pouvoir, l’ancienne maîtresse mise à la rue, un héritier trop jeune pour s’imposer et un bâtard qui se perd entre le besoin de sauver Ombria et sauver le prince héritier. Sauf que voilà ce roman ne s’arrête pas qu’à une simple lutte de pouvoir, il a vraiment réussi à me happer dès la première page offrant une histoire, certes possédant un rythme assez lent, mais qui s’avère terriblement accrocheuse, nous offrant des intrigues, des sous-intrigues et des tragédies qui apparaissent passionnantes et qui, plus on avance dans le récit, plus elles offrent au lecteur de nombreux aspects originaux dans la façon dont l’auteur les imbriquent et dévoilent ses révélations. Ici pas vraiment non plus d’action effrénée, de violence ou de batailles, ce n’est pas le but du récit, jouant plus de façon terriblement efficace sur les mystères et les secrets, mais cela n’empêche pas le récit de se révéler finalement sombre, où la souffrance et le désespoir règne. Un des intérêt du roman vient d’ailleurs d’offrir de nombreux fils complexes et étranges tout en évitant de se perdre dans un monde trop grand, se concentrant sur la simple ville d’Ombria.
Il faut bien avouer aussi qu’Ombria n’est pas n’importe quelle ville et qu’elle offre ainsi un univers qui est, selon moi, l’une des grandes forces du récit, se révélant à la fois magique, poétique, dérangeante et fantomatique. Elle possède ainsi une double lecture tout du long, lumineuse et obscure, vivante et fantomatique, la ville d’en haut et la ville souterraine ; elle intrigue dès les premières pages, elle fascine, même dans des passages plus angoissants. Une aura de magie, de bizarrerie des plus fascinante ce dégage de ce monde où la magie existe et a son importance, mais surprend le lecteur par son originalité ; cette étrangeté joue d’ailleurs énormément, donc si vous n’appréciez pas ce genre d’univers il vaut mieux passer votre chemin. La première découverte de cette ville vient de la fuite de la maitresse du château qui a vraiment réussi à me happer par son côté spectral, oppressant, perturbant et qui pourtant, au fil des pages, va nous révéler une ville qui devient un personnage important du récit et qui donne clairement envie d’en apprendre plus. La politique reste aussi bien présente, la mort du Prince va amener de nombreux bouleversements dans une ville résignée, qui a peur et qui souffre. L’avenir d’Ombria est ainsi en jeu, mais pas que du point de vue politique, et je vous laisserai deviner pourquoi pour ne pas trop spoiler, et va ainsi offrir de nombreuses surprises et de nombreuses révélations. Le tout est parfaitement porté par des descriptions qui, en quelques lignes à peine, arrivent facilement à rendre ce monde vivant, palpable et lui offre surtout cette aura de poésie et de magie. L’auteur ne se perd jamais dans de longues descriptions et pourtant elle arrive à offrir à son monde une grande densité et une complexité qui se révèlent passionnants, envoutants jouant ainsi avec l’imagination du lecteur.
Concernant les personnages il y en a finalement peu, ce qui va se révéler une très bonne chose, permettant ainsi de développer chacun d’entre eux pour les rendre attachants, passionnants à découvrir dans leurs envies et leurs mystères, tout en se révélant complexes et travaillés et qui évoluent au fil des aventures. J’avoue avoir eu une préférence pour Mag poupée de cire de Faey la sorcière, personnage étrange qui va découvrir sa véritable nature et son importance au fil du récit ainsi que Duncan le bâtard qui se retrouve au milieu de luttes de pouvoir et dont il va devoir faire des choix pas toujours faciles. Cela ne veut pas dire que les autres personnages sont moins bon, loin de là, l’auteur arrive vraiment à nous offrir un casting haut de gamme que ce soit Lydea l’ancienne maîtresse qui a connu le firmament et va redécouvrir la misère de la ville, Domina la régente qui est loin d’être ce que l’on croit et qui cache de nombreux secrets ou encore Kyel petit prince, pion dans un jeu qui le dépasse et dont il ne comprend pas grand-chose, chacun se révèle à sa façon intéressant à découvrir et à croiser. Mais surtout ils ne se laissent pas non plus écraser par la ville, ils arrivent eux aussi à sortir du lot, à s’imposer, où chacun dévoile doucement son jeu.
La plume de l’auteur se révèle vraiment superbe, poétique, fascinante, jouant entre réalité, étrangeté et envoûtement tout en nous dévoilant un univers sombre et fascinant pour mieux nous happer, le tout à travers un rythme pourtant lent qui offre ainsi une certaine mélancolie qui colle parfaitement à l’histoire. Elle joue ainsi avec le lecteur, où les réponses ne sont pas données facilement et où la conclusion, à la fois ouverte et offrant une fin au récit, permettra à chacun de se faire son avis. J’aurai peut-être juste un tout petit regret concernant certains aspects de l’intrigue qui manquent légèrement de profondeur et de développements, mais je ne fais que pinailler tant j’ai été séduit par ce récit. Je lirai sans soucis et avec grand plaisir d’autres écrits de l’auteur et, justement, Mnémos a réédité il y a peu en intégrale Cygne de l’auteur que je pense faire rentrer très prochainement dans ma PAL.
En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous offre une histoire qui, aux premiers abords peut paraitre classique, mais offre une histoire, au rythme lent et prenant, qui se révèle soignée, pleine de poésie et de magie, ou viennent se mélanger les fils de l’intrigue pour mieux surprendre le lecteur. L’univers développé tout au long du roman, se reposant sur cette ville d’Ombria pleine de mystères, se révèle un des gros points forts du roman jouant sur une certaine dualité et sur un aspect d’étrangeté qui m’a fasciné à travers de nombreux aspects que j’ai trouvé originaux. Les personnages ne sont pas si nombreux que cela, mais gagnent ainsi en profondeurs, se révélant soigné, travaillant et passionnants à découvrir le long de leurs aventures et de leurs rencontres. La plume de l’auteur se révèle soigné, poétique, entrainante, bien porté par des descriptions laissant la part belle à l’imagination tout en se montrant vivante et palpable. Je regretterai peut-être juste que certains aspects m’ont paru manquer de développement, mais rien de bien bloquant. Je lirai sans soucis et avec grand plaisir d’autres écrits de l’auteur.
Ma Note : 8,5/10
La tête dans les livres
En lisant le résumé, je me suis dit que ça avait vraiment l’air classique mais tu me donnes bien envie de le découvrir! Je me le note 🙂
BlackWolf
Il y a bien certains aspects classiques, mais il arrive vraiment à trouver sa propre voix et si les récit poétique ne te dérangent pas alors je te le conseille.