Résumé : Perdu dans les brumes de l’opium du lotus et du souvenir, Sylvo Sylvain pensait que tout était fini. Il se trompait.
Dans un Panam dévasté par la guerre civile, Pix et Le Bras viennent le tirer de la fumerie où il s’était réfugié car la nouvelle Médiane, celle qui lui est si précieuse, celle qui pourrait sauver la Forêt, a été enlevée. Toujours-Verte a un besoin vital de lui.
Edition : Mnémos
Mon Avis : Il y a un peu plus de six ans maintenant, je découvrais un peu par hasard le premier tome de cette série. En effet j’avais été convaincu de me laisser tenter par ce cycle grâce ma rencontre avec l’auteur aux Imaginales, mais aussi par l’illustration de couverture de ce Rue Farfadet qui attirait le regard. Je suis bien content de m’être laissé tenter car, depuis, aucun des trois tomes publiés ne m’a déçu, m’offrant toujours de bons moments de lecture (chronique du Tome 1, Tome 2, Tome 3). Par conséquent quand j’ai vu que le quatrième et dernier tome de cette série allait être publié et qu’on m’a proposé de le découvrir, je n’ai pas hésité longtemps avant de me laisser tenter. Concernant la couverture, elle change d’illustrateur, cette dernière étant d’Emile Denis là où les trois premières étaient d’Aurélien Police, et même si je la trouve très sympathique elle ne retrouve pas ce côté éthéré et onirique que proposaient les premières. Par contre il risque d’avoir quelques spoilers sur les premiers tomes dans ma chronique.
On plonge dans ce roman quelques semaines à la suite de la fin du second tome, retrouvant Sylvo à Panam. Pour rappel la fin du volume deux nous abandonnait dans la capitale en pleine révolution, Sylvo bouleversé par les derniers évènements, les morts et la révélation sur son passé allait s’enfermer dans une fumerie d’Opium pour plonger dans ses souvenirs et oublier, le troisième tome étant un flashback entier sur son passé. Sauf que la vie ne s’arrête pas, Pixel, son précieux compagnon, va ici le sortir de sa fumerie pour une mission importante qu’il ne peut refuser. Quel plaisir de retrouver Sylvo et ses compagnons dont ce dernier tome m’a offert un très bon moment de lecture. Alors soyons clairs, l’intrigue n’a rien de franchement révolutionnaire dans son fil rouge, une nouvelle enquête qui va emmener nos héros de péripéties en péripéties jusqu’à sa résolution. Pourtant, cela n’empêche pas pour autant de la rendre solide et prenante déjà, dans un premier temps, par la quête de rédemption du héros, mais aussi par les nombreux rebondissements et les nombreuses surprises qu’offre l’auteur dans ce dernier tome. On retrouve ainsi avec plaisir notre détective sylvain et son équipe de choc dans ce qui pourrait être leur dernière grande aventure.
Sauf que voilà ce fil rouge et autant policier que Fantasy, le récit est autant construit, je trouve, comme un polar que comme une quête de Fantasy ce qui, d’une certaine façon je trouve, le rend très intéressants. C’est ce jeu sur les genres qui a fait que je me suis retrouvé à tourner les pages avec envie. Il arrive clairement à donner une patte différente à ce qui est classique. On est clairement dans la quête du héros sauf qu’ici pas obligatoirement de monde à sauver, pas de lutte entre le bien et le mal, juste un besoin de pardon. Par contre, c’est vrai, cette construction rend le tout peut-être un peu linéaire, mais cela n’empêche pas autant l’intrigue de s’avérer accrocheuse. Il faut dire que l’ensemble s’avère maîtrisé et toujours aussi sombre et percutant ce qui fait qu’on se laisse ainsi porter par le récit avec l’envie de savoir comment ils vont s’en sortir. C’est d’ailleurs, pour moi, ce côté sombre voir mélancolique associé à un rythme incisif, vivant et des dialogues dynamiques, plein d’humour et hauts en couleurs qui offre un vrai plus à cette série. Alors certes, on pourrait trouver que l’auteur en fait un peu trop au niveau des incidents qui jalonnent le chemin de nos héros, mais franchement rien de très bloquant ou dérangeant je trouve.
Le premier gros point fort de ce récit vient clairement de l’univers qui nous est proposé. On plonge toujours avec grand plaisir dans ce Panam varié, avec de fortes pointes de Steampunk qui ne laisse pas indifférent. Il faut aussi dire que l’imagination débordante de l’auteur et son travail de description très soigné et dense font qu’il devient rapidement captivant et se révèle très visuel et prenant. Surtout que Panam a bien changé, la révolution en cours laisse des traces sur la ville, la vie et des perturbations aussi bien humaines, magiques et mystiques vont rendre cette Panam limite hostile. Elle qui était si accueillante connait des heures sombres, des bouleversements aussi bien humains que politiques et s’offre même une légère réflexion sociale et sur le changement. On y retrouve aussi toujours cette grande diversité qui la caractérise tant, avec ses nombreux peuples, féériques ou non, dont la cohabitation va être mise à mal par les bouleversements politiques et les privations. Ce quatrième et dernier tome va d’ailleurs nous offrir de nouvelles créatures fantastiques, mais je ne dévoilerai rien pour ne pas vous spoiler. C’est un Panam en pleine survie que l’on découvre, plus sombre, plus violent qui colle parfaitement à la quête du héros de rédemption et d’espoir. On y retrouve aussi toujours régulièrement les clins d’oeil, des références que l’auteur place dans son récit comme dans le noms de rues ou de lieux que l’on croise et qui ne manquent pas de faire sourire. L’aspect magique ne manque pas non plus d’attrait dans sa variété, même si je regretterai peut-être certaines facilités dans son utilisation qui fait parfois un peu penser au Jeu de rôle.
Les personnages sont, pour moi, l’autre point fort du roman, principalement son héros Sylvo Sylvain. Il faut dire que Raphaël Albert nous brosse un héros principal très complexe, loin d’être parfait et dont le troisième tome a dévoilé certains de ses terribles secrets qu’on ne lui pardonnera jamais vraiment, mais qui ne l’empêche pas de se révéler attachant et touchant. C’est vraiment un personnage compliqué à décrire, car il y a un vrai travail mené sur lui et ce quatrième tome arrivait justement après l’impardonnable, notre héros devait se battre pour une rédemption, ou tout du moins montrer qu’il est plus que ce terrible crime. Je dois bien admettre qu’il s’en sort justement bien, évitant d’aller dans un extrême ou dans l’autre, comme vouloir diminuer ce secret, ou de vouloir lui offrir le pardon. Il nous montre ainsi un personnage principal qui, quoiqu’il fasse, aura toujours ce poids, certes mérité, sur les épaules, mais qu’il ne doit pas pour autant arrêter de vivre. Il nous montre un personnage qui ne retrouvera jamais sa vie d’avant, ce qui en est impossible, mais qui doit pourtant avancer et apprendre. L’auteur a franchement réussi à trouver ce juste milieu, cette justesse dans le ton qui fait que le lecteur ne peut pardonner cette faute, mais que Sylvo reste pourtant humain, sympathique et qu’à défaut de lui pardonner l’impossible, il mérite une chance et donne envie de le suivre. Après le soucis d’un personnage aussi « prenant » et développé c’est que les personnages secondaires ont un peu de mal à s’imposer. Cela ne les empêche pas de se révéler intéressants, principalement face à l’évolution de leurs relations en conséquence des derniers évènements et des dernières révélations, mais voilà on aurait aimé parfois qu’ils soient encore plus denses.
Alors après on pourrait reprocher à ce tome de remettre l’action et le côté policier en avant parfois un peu au profit de l’émotion, principalement face à certains personnages secondaires. J’ai aussi noté quelques longueurs, parfois au niveau du travail descriptif des personnages, mais franchement rien de très dérangeant tant j’ai apprécié ce cycle et que cette conclusion que nous propose ce dernier tome s’avère efficace et marquant. La plume de l’auteur s’avère toujours aussi efficace, dense et soignée et elle nous happe à nouveau assez rapidement et facilement dans son univers pour ne plus nous lâcher. Par contre, même si l’auteur fait des rappels, si comme moi vous avez suivi les publications grand format il va parfois faire travailler votre mémoire et même si la mienne est plutôt efficace il m’a fallu parfois la faire travailler fortement pour me rappeler de certains points. Au final même si ce dernier tome a quelques défauts, c’est un adieu efficace et plein d’émotion avec Sylvo, avec un léger sentiment de mélancolie et qui m’a offert un très bon moment. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.
En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce quatrième et dernier tome de ce cycle qui nous propose un récit qui, certes, reprend les codes du polar et de la Fantasy classique, mais qui s’avère solide et efficace, l’auteur arrivant clairement à y apporter sa patte. On se retrouve ainsi à tourner les pages avec plaisir et envie d’en apprendre plus. L’univers est très réussi et captivant à découvrir, ce Panam mélange de Steampunk, où on retrouve un grande diversité d’être fantastiques qui se côtoient. Sauf que dans ce quatrième tome la belle Panam est au plus mal, la révolution est arrivée et des perturbations, aussi bien humaines, magiques et mystiques la rendent hostile. Une Panam sombre, violente et hasardeuse, en plein jeu de pouvoir et de trahison, mais qui fascine toujours autant, porté par la quête de rédemption du héros et d’espoir. Les personnages sont l’autre gros point fort de ce tome, principalement le héros principal qu’est Sylvo, dont on a appris depuis ses terribles secrets et que j’attendais de voir comment il allait évoluer. L’auteur s’en sort très bien évitant de tomber dans la rédemption facile, ou la souffrance inutile et répétitive. Sylvo est toujours ce héros complexe, humain et même s’il est difficile de le pardonner, à l’imaginer retrouver sa vie d’avant, il reste touchant et montre que malgré tout il doit avancer. On ne change pas le passé, on ne fait que tenter de corriger les erreurs commises. Alors certes, on pourrait reprocher certaines longueurs ici ou là, un aspect magique parfois un peu facile, le fait que les personnages secondaires sont parfois en retrait et que le retour au côté polar et action diminue légèrement le côté émotion, mais franchement j’ai passé un très bon moment avec ce tome offrant un adieu émouvant et efficace avec Sylvo. La plume de l’auteur est toujours aussi efficace, dense et soigne et je pense que si vous avez aimé les trois premiers tome vous devriez apprécier cette conclusion. Du moins je l’espère. En tout cas de mon côté je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.
Ma Note : 8/10
Raphaël Albert
Ha ! Ha ! Je savais que je pouvais compter sur toi pour être le premier à chroniquer ce tome 4 ! Je guettais ! Et avec ça, une critique toujours aussi précise et nuancée… Merci, Blackwolf, ravi que tu ais apprécié ta lecture, malgré mon petit faible pour les scènes typées « jeu de rôle » (j’avoue !!).
Au plaisir de te croiser un de ces quatre. Hasta luego ! ( Hé ouais, en plus, j’suis polyglotte…)
BlackWolf
Je l’attendais avec impatience, je n’allais donc pas le louper.
En tout cas merci pour ce cycle que j’ai beaucoup apprécié. Normalement, si tout va bien, on risquerait de se croiser à Sèvres et ainsi pouvoir constater ce talent de polyglotte.
Raphaël Albert
Caramba !! Yé souis perdou !