Les Dieux Sauvages Tome 2, Le Verrou du Fleuve – Lionel Davoust

Résumé : L’armée démoniaque, mi-chair mi-machine, du dieu Aska est aux portes de Loered, la ville sur laquelle repose la défense et la stabilité du royaume – le Verrou du Fleuve.
Le Verrou doit tenir, ou la Rhovelle est perdue. Mériane, à la tête de maigres renforts, compte bien honorer sa propre prophétie et libérer la ville. Mais quand les hommes se mêlent de contrarier les Dieux, elle en est réduite à limiter les dégâts.
Face au désespoir qui s’installe, elle incarne le seul espoir du peuple, et l’instinct de survie fait taire, pour un temps, les dissensions. Pour autant, les manigances politiques se poursuivent en coulisses, et la guerre commence à peine que certains préparent déjà l’après.
Mais sur la route du Verrou du Fleuve, son mythe s’écrira avant tout dans le sang, la terreur et la peine.

Edition : Critic

 

Mon Avis : Il y a un peu moins d’un an maintenant, je me suis lancé dans le premier tome de ce cycle situant dans (pour moi en tout cas) l’excellente création de l’auteur : Évanégyre. J’avoue, depuis ma découverte de cet univers avec La Volonté du Dragon, j’adore y replonger dedans à travers les différents textes proposés, surtout qu’il a toujours sur apporter une large diversité, aussi bien dans les personnages que dans les intrigues, à son monde le tout sur un éventail temporel assez large ce qui lui permet de brasser différents genres et différents aspects visuels. Cette fois Lionel Davoust c’est lancé dans un gros morceau, puisqu’après les nouvelles et novella, puis un roman il a décidé de prolonger Évanégyre avec un cycle complet qui vient, d’une certaine façon, revisiter le mythe de Jeanne D’Arc. Après un premier tome très réussi, j’avais donc hâte de savoir ce qu’il allait nous proposer dans cette suite. Concernant la couverture, illustrée par Alain Brion, je la trouve très jolie. Je soulignerai par contre un soucis d’édition, en effet de nombreux espaces paraissent avoir été « oublié », ce qui fait que parfois des mots sont collés les uns aux autres, pas assez pour que ce soit bloquant de mon côté, mais assez pour que ça se remarque et se révèle légèrement frustrant.

On plonge directement après les évènements du premier tome qui a vu Mériane, la messagère du ciel, commencer à s’imposer et gagner en légitimité suite à la bataille de Doélic. Sauf que le chemin est encore long et pénible et l’armée du dieu Aska ne lui laisse pas de répit essayant de faire tomber Loered, le verrou du fleuve, symbole du royaume qui n’a encore jamais été conquis. De plus, même si elle a gagné en légitimité, Mériane est toujours considérée comme une hérétique et une sorcière pour l’Eglise, très patriarcale, et une partie de la population. Le combat ne fait que commencer et, dans tous les cas, le Verrou ne doit pas tomber. C’est avec grand plaisir que j’ai replongé dans le royaume de Rhovelle et retrouvé nos héros dans une guerre « divine » qui s’annonce de plus en plus compliquée et sanglante. L’auteur maîtrise très bien son histoire et on se retrouve ainsi très rapidement emporté par ce jeu d’échec qui voit chaque camp mettre en place ses pions pour tenter de prendre l’ascendant. Le récit s’avère ainsi complexe, empli de jeux de pouvoirs, de manipulations et de trahisons et surtout, maintenant que le premier tome a posé les bases, gagne aussi en tension et en action. La Guerre est déclarée et ce tome ne va pas manquer de quelques escarmouches et batailles épiques. J’ai ainsi passé à nouveau un très bon moment de lecture avec ce second tome même si, j’y reviendrai, un point m’a légèrement frustré. Un récit maîtrisé, entraînant, qui a fait que je me suis retrouvé à tourner les pages avec l’envie d’en apprendre plus.

Concernant l’univers il continue à se développer au fil de ce tome et à gagner en densité. Comme on l’avait vu dans le volume précédent Évanégyre a bien changé, le royaume de la technologie laissant place à un monde plus médiéval, plus âpre et religieux. C’est cette dualité qui est justement au centre de la guerre, le dieu Aska cherchant à remettre en avant les avantages de la technologie la ou Weir repose sur la foi et la capacité des hommes à se dépasser pour une cause. On découvre ainsi que chaque camp possède ses qualités et ses inconvénients, chaque religion amène sa folie, mais aussi ses bonnes idées et même si l’armée d’Aska est composée de « monstruosités », c’est loin d’être aussi binaire que l’on pourrait croire. Alors, bien entendu, ces deux religions ne s’arrêtent pas à cela non plus, offrant un peu plus de complexité, et soulevant aussi par la même occasion de nombreuses réflexions aussi bien sur la science et les avancées technologiques avec tout ce que cela peut entraîner comme contraintes, ou bien la ferveur religieuse, ses aspect figés et son côté un peu sectaire. Concernant l’aspect politique, là par contre on stagne un peu, il faut dire que temporellement on avance finalement très peu dans ce tome, mais cela n’empêche pas certaines manipulations à se mettre en place, certains jeux de pouvoirs de se créer, pas toujours pour aider à gagner la guerre, mais pour obtenir la meilleure position possible pour l’après. Au final un univers qui gagne en solidité, mais garde encore de nombreux mystères et de nombreuses questions à répondre.

En ce qui concerne les personnages, le principal intérêt de ce tome vient quand même de l’évolution, dans un premier temps, de la relation entre Mériane et le dieu Weir, et ensuite de l’évolution du regard et des relations des personnages qui gravitent justement autour de la messagère du ciel. C’est elle qui amène ainsi le plus de réflexions, mais qui aussi évolue le plus dans ce tome, ayant passé un cap de la jeune fille vivant dans la forêt a, de plus en plus, une élue de Dieu. C’est une évolution maîtrisée, intéressante, avec toujours ce conflit permanent entre un Dieu qui se soucie peu des autres et ne cherche que la victoire et une héroïne humaine, qui pense aux autres. Les rapports qu’elle a avec ceux qui gravitent autour d’elle changent aussi, obligatoirement, avec son statut et c’est intéressant à suivre. L’auteur continue aussi à nous offrir différents points de vues efficaces, qui vivent cette guerre de façon différentes, avec leurs buts, leurs envies et surtout leurs façon de voir l’avenir. Après, j’avoue, certains ont tout de même eu du mal à vraiment m’emporter dans ce tome, donnant surtout l’impression de préparer la suite sans apporter grand-chose à l’instant T, et d’autres ne m’ont pas paru apporter énormément, n’étant là que pour amener un point de vue spécifique avant de disparaitre. Alors rien de non plus trop bloquant ou dérangeant, mais je trouve que certains personnages comme Chunsène et sa compagne de route qui ont une importance aurait peut-être mérité d’être un peu plus présent.

Ma légère frustration concernant cette lecture vient finalement du fait que ce second tome n’en est pas vraiment un. L’auteur l’avait annoncé (mais j’avoue je n’avais pas suivi), ce second tome étant plus « imposant » que prévu il a été décidé, pour éviter de publier un pavé, de le couper en deux. Sauf que voilà, cela se ressent, car même si le récit est bien maîtrisé, même je suis toujours captivé par ce que propose l’intrigue, une fois la dernière page tournée on a quand même l’impression de ne  pas avoir beaucoup avancé et surtout d’avoir eu entre les mains une introduction à un nouveau tome, certes très bonne, mais qui tout de même se ressent. Ensuite j’ai aussi trouvé que certains passages étaient parfois un peu long. Alors attention, cela ne bloque en rien la lecture et c’est toujours aussi passionnant, pour moi, de plonger dans un morceau de l’univers d’Évanégyre surtout que Lionel Davoust propose un vrai travail de fond et diversifié sur son univers, mais voilà écrire un cycle amène des contraintes et, là on le sent tout de même un minimum. Cela ne m’empêchera en rien d’attendre avec impatience et de lire la suite de ce cycle pour savoir comment Mérianne va gérer ses nouvelles obligations et surtout lever le voile sur certains mystères intrigants. L’ensemble est en tout cas toujours porté par une plume soignée, captivante et vivante.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec le second tome de ce cycle qui décide de revisiter le mythe de Jeanne D’Arc et de s’inscrire dans l’univers de l’auteur : Évanégyre. J’ai replongé facilement et avec plaisir dans ce récit qui s’avère maîtrisé et, maintenant que l’introduction est posée, vient nous offrir une lecture plus tendue avec son lot d’escarmouches et de batailles épiques tout en ne manquant pas de proposer, réflexions, manipulations et jeux de pouvoir. L’univers est toujours aussi intéressant à découvrir, principalement dans cette dualité entre les deux dieux qui est beaucoup plus complexe que l’on croit. L’aspect politique stagne un peu, mais cela ne l’empêche pas de commencer à mettre en place des rouages complexes pour la suite. Les personnages et leurs évolutions ne manquent pas non plus d’attraits, même si certains points de vues paraissent ne rien apporter à l’instant et d’autres m’ont paru, parfois, un peu superflu là où d’autres auraient, selon moi, mérité plus de développement. Ma principale frustration concernant ce livre vient du fait que, comme le second tome de ce cycle étant très denses, il a été décidé de le couper en deux (passant la série d’une trilogie à une tétralogie) et cela se ressent dans l’impression de ne finalement pas avoir beaucoup avancé et d’avoir eu entre les mains une introduction aux éléments importants du second tome. J’ai aussi ressenti certaines longueurs ici ou là. Alors rien de trop bloquant, c’est toujours aussi captivant de replonger dans cet univers et les aventures de Mériane restent prenantes, bien portées par une plume fluide, soignée et entraînante, mais, pour ma part, ça se sent un minimum. Je lirai le troisième tome avec plaisir en tout cas.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Dup, Cedric Jeanneret, …

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  1. Je me suis lancé aussi et on se rejoint. 🙂

  2. Il faudrait déjà que je lise le 1er !

  3. Je viens de le finir. J’ai à peu près le peine sentiment que toi. C’est une très bonne lecture qui aurait pu être allégée de quelques pages et qui une fois finie te laisse une drôle d’impression: à la fois ça n’a pas vraiment avancé et l’envie de lire la suite très vite.

    • C’est un peu ça un sentiment de n’avoir avancer que d’un tout petit pas alors qu’on espérait plus, heureusement la suite sort cette année.

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