Résumé : À peine revenue, la paix fragile est menacée sur la station Athoek, mise en péril par la découverte d’un individu qui ne devrait même pas exister — un ancillaire d’un vaisseau censé avoir disparu de l’espace du Radch depuis des millénaires — , mais aussi par l’arrivée d’un nouveau traducteur des étranges Presgers, et surtout par celle, imminente et lourdement armée, d’Anaander Mianaai, l’autorité suprême de l’empire en guerre contre elle-même, qui pourrait bien entraîner le Radch tout entier dans une guerre civile comme il n’en a jamais connu.
Edition : J’ai Lu Nouveaux Millénaires
Mon Avis : Il y a un an maintenant, je me suis lancé dans le premier tome de ce cycle de Science-Fiction multi-primé, proposant une histoire de vengeance et d’Intelligence Artificielle très sympathique (ma chronique ici). Le second tome, dans un autre genre, m’avait offert aussi un très agréable moment de lecture, offrant plus de jeux de pouvoirs et de manipulations (ma chronique là). Alors certes, même si les deux premiers tomes n’avaient pas révolutionné le genre, un décalage se faisant aussi ressentir entre la qualité de l’oeuvre et la multitude de prix reçu, j’avais tout de même bien accroché à ce cycle au point de rapidement me laisser tenter par le troisième et dernier tome. Concernant la couverture, elle reste dans les mêmes tons que les tomes précédents et je la trouve sympathique.
Alors, je vais commencer cette chronique par un constat, un coup de gueule peut-être aussi, j’aimerai revenir sur le travail d’édition du livre, ou plus précisément la traduction. Je considère mon blog un peu comme un partage, pourquoi pas aussi parfois une aide à la découverte pour ceux qui passent. Je ne dis pas que mes chroniques ont une influence dans l’achat ou non d’un livre, mais je pense qu’elle peut apporter quelque-fois une petite aide à la décision. Tout du moins je l’espère. Sauf que là je me retrouve bien embêté, car je considère que le cycle du Radch est une lecture sympathique et pourrait plaire à certains lecteurs, même si loin d’être parfaite, mais que la traduction ainsi le travail d’édition et de relecture font que ce troisième tome fut, d’une certaine façon, le plus laborieux à lire. Phrases sans sujet ou bien coupé en deux avec un point au milieu, répétitions ou bien encore des passages qui manquent de fluidité tout à l’air de montrer un projet a deadline serré qu’il a fallu rendre dans les temps. Certes, pour avoir fait des recherches, en VO ce type de passages passent beaucoup mieux, le français étant moins elliptique il va alors demander une syntaxe différente. Pourtant je ne suis absolument pas à cheval sur ce genre de points, mais là j’ai été obligé parfois de relire certains passages pour les comprendre ce qui est dommage et hache le rythme. Je ne reviens pas par contre sur les pronoms, il fallait de toute façon faire un choix. Mais fermons la parenthèse et parlons du livre.
Ce troisième nous tome nous plonge ainsi directement après la fin du précédent, la station Athoek, après de nombreux jeux de pouvoirs, connait une période un peu plus calme. Brecq est loin d’en avoir pour autant terminer, une partie de la Maître du Radch, Anaander Mianaai, souhaite la voir morte et de nombreux mystères entourent encore la porte fantôme. Une fois la dernière page tournée, je dois bien avouer que j’ai trouvé ce troisième tome sympathique et plus que divertissant, même si je reviendrais sur certains points qui m’ont un peu dérangé. Déjà commençons par un point, est-ce que l’auteur arrive à conclure son cycle concernant tout ce qu’elle a ouvert? Oui et non. Oui l’auteur répond clairement à toutes les questions qu’elle a soulevée, l’importance des Presger, la guerre qui se déclare dans le Radch ou bien encore ce qui gravite autour de la Justice de Toren, mais elle n’offre pas une réponse définitive. Loin de là. J’avoue j’aime bien ce genre d’idée, comme quoi la fin n’est finalement jamais la fin, que le voyage continue par le lecteur, prenant ainsi plus d’importance dans les réflexions qu’il soulève que dans les réponses qu’il apporte. Puis bon, une guerre ne pouvait clairement pas démarrer et s’achever en trois tomes. Maintenant cela possède aussi un côté frustrant, car certaines questions soulevées restent sur certains points trop ouvertes. Un peu comme s’il s’agissait d’une simple introduction. De plus, la conclusion amène aussi de nouvelles questions. Cela pourrait d’ailleurs en bloquer certains, car il faut apprécier les fins ouvertes qui laissent la part belle à l’imagination du lecteur sur comment peuvent évoluer les choses. Moi, d’une certaine façon j’y ai trouvé mon compte, même si je ne le nie pas j’ai tout de même été légèrement frustré de ne pas avoir certaines réponses.
L’univers développé dans ce troisième tome gagne, je trouve, en profondeur et sans non plus révolutionner le genre s’avère toujours aussi solide. Les relations avec les autres races, comme les Presgers, prennent un peu plus d’ampleur et le traité dont on parle depuis le premier tome se dévoile offrant une complexité supplémentaire. Cela offre ainsi une vision politique un peu plus étoffée où le Radch n’est pas obligatoirement la plus grande puissance qui soit face à certaines autres « races », Presger en tête. Cela vient aussi ajouter une certain densité dans l’aspect politique et géopolitique du récit. L’auteur continue aussi à développer sa ligne sur les IA, soulevant ainsi, selon moi, de façon solide la notion d’identité, d’existence et ce qui fait la frontière entre machine et conscient. Certes c’est du classique, mais j’ai trouvé que l’auteur s’en sortait bien et y apportait une petite touche personnelle en y ajoutant aussi, en fond, cette question de genre. Ce sont finalement les grandes questions du roman, et même si l’auteur n’offre peut-être pas la même puissance de réflexion que d’autres, elle s’en sort plutôt bien. Elle se permet aussi de traiter la différence de façon solide, montrant que malgré l’impression d’un empire uni sous une seule bannière, cela ne s’est pas fait sans contrainte et « l’assimilation » est loin d’être parfaites ; tout le monde n’étant pas Radchaï aux yeux de tous. Le côté civilisation en prend donc un coup et n’est pas non plus par moment sans rappeler notre société. Alors c’est vrai, parfois l’ensemble est un peu stéréotypé ou légèrement simpliste, mais rien de bien dérangeant. Là où par contre je trouve ce monde intéressant, c’est que l’auteur nous offre vraiment un traitement humain, même si sur certains aspects ça se retourne contre le récit, mais j’y reviendrai.
Concernant le rythme, cette trilogie ne cherche clairement pas à nous offrir une histoire nerveuse et sans temps morts, prenant plutôt son temps pour bien poser les différents messages qui sont passés ainsi que l’univers et les personnages. Cela n’a pas empêché les deux premiers tomes d’avoir un côté nerveux et aventureux. Concernant ce troisième tome, je l’ai d’ailleurs trouvé un peu plus nerveux que les précédents, le conflit étant maintenant lancé, ce qui rend plutôt fluide si on excepte les soucis de traduction qui hache un peu la lecture je trouve et certaines répétitions ici ou là. Concernant les personnages ils s’avèrent intéressant à découvrir, principalement dans leurs doutes, leurs envies, leurs visions. C’est un peu, je trouve, ce qui fait qu’on se laisse porter par le récit, et l’un des points forts du récit, ce panel large de personnages ayant des personnalités hétéroclites et s’avérant profondément humains. Que ce soit Brecq dans sa quête mais aussi dans la vision qu’il a du monde, Seivarden qui doit se réhabituer à cette nouvelle vie avec ses doutes et ses faiblesses, ou encore certains personnages assez « croustillants » comme le traducteur Presger un peu dérangé et effrayant. L’auteur offre ainsi une certaine diversité, montrant que tout le monde est différent et tout le monde a ses propres problèmes et ses propres façon d’évoluer et d’avancer. Sauf que voilà, je l’ai dit, le côté humain mis en avant a aussi ici ses défauts, en effet l’auteur donne parfois l’impression de s’attarder sur des informations que j’ai trouvé très secondaires. L’exemple le plus frappant vient de l’accrochage entre Seivarden et Ekalu qui prend une certaine ampleur pas toujours utile au récit. Certes, cela montre la complexité des relations, mais cela méritait-il d’être autant développé? Je ne suis pas sûr. De plus il est traité de façon trop analytique là où une touche émotionnelle aurait peut-être rendu l’accrochage plus intéressant.
Je regretterai aussi certaines facilités dans la conclusion mise en place par l’auteur. Une impression que tout se goupille un peu trop parfaitement, ainsi que des plans de dernières minutes qui réussissent un peu trop simplement et tombent à point nommer, même si j’ai trouvé la fin intéressante dans son idée de tout miser sur la discussion et la négociation. Par contre la fin s’avère intéressante dans ce qu’elle ouvre, mais je ne dirai rien pour ne pas spoiler. La plume de l’auteur s’avère toujours simple, efficace et assez entrainante et, même si j’ai trouvé ce troisième tome un chouïa en dessous des précédents, il s’avère très sympathique à découvrir et à lire. Toutes les questions n’ont pas obligatoirement de réponses, mais dans l’ensemble je trouve que cette trilogie se conclut pas trop mal, même si c’est vrai elle est loin d’être le cycle marquant qu’on espérait en voyant les nombreux prix remportés. J’ai cru comprendre que l’auteur allait continuer à écrire dans le même univers, à voir, je me laisserai sûrement tenter.
En Résumé :J’ai passé un sympathique moment de lecture avec le troisième et dernier tome de ce cycle. Les intrigues misent en place gagnent en profondeur et légèrement en intensité et l’ensemble des réponses soulevées trouvent une fin intéressante, même si de nombreux point restent ouverts. L’auteur considère ainsi que le voyage a plus d’importance et qu’il est impossible d’offrir toutes les réponses, laissant le lecteur se faire son propre avis, ce qui pourrait en déranger certains. L’univers mis en place continu à se développer, à se densifier et même s’il ne révolutionne en rien le genre il s’avère solide et surtout met en avant l’humain. Car oui la grande force du récit vient ainsi de ses personnages, de leurs diversités, chacun d’entre eux s’avérant unique dans ses envies, ses évolutions, ses doutes, offrant ainsi une vraie profondeur à chaque protagoniste. Je regretterai juste peut-être certaines évolutions de relations trop analytiques et un peu longue mais franchement rien de gênant. Les questions soulevés par l’auteur se révèlent intéressante, tournant principalement sur l’identité, la notion de personne. Je noterai par contre aussi certaines facilités ou simplicités ainsi quelques répétitions, mais pour moi le principal soucis vient du travail d’édition et de la traduction. En effet elle rend la lecture hachée et il m’est difficile de conseiller ce livre, alors que je l’ai trouvé très sympathique, sauf si vous le lisez en VO.
Ma Note : 7/10 (6/10 si je prends en compte la traduction)
Fnitter
Faut encore que je lise le 2… 🙂