Résumé : Et si l’origine du plus grand lac de la région de Cologne avait un rapport avec une prophétie réalisée en 1341 ? Et si cette même année, le chevalier de Kosigan avait réveillé des forces qui le dépassent ? Et si le destin de sa postérité se jouait cinq siècles plus tard dans la cave voûtée d’un bistrot parisien ? Et si les secrets révélés dans ce livre étaient dangereux ? Et qu’en les découvrant, vous deveniez complice…
Edition : Mnémos
Mon Avis : Il y a environ trois ans maintenant, je me suis lancé dans la lecture de ce cycle sur le Bâtard de Kosigan qui offrait un récit à la fois haletant et énergique, mais qui proposait aussi une Fantasy historique intéressante avec la réécriture de l’Histoire à la sauce féérique (chronique Tome 1, Tome 2, Tome 3). J’attendais ainsi ce quatrième tome avec impatience, car autant les deux premiers livres offraient chacun une histoire du bâtard avec une conclusion (certes ouverte sur d’autres points), autant la troisième intrigue, devant son ampleur, a été coupée en deux pour répondre aux contraintes éditoriales. Concernant la couverture, illustrée par Emile Denis, je la trouve très sympathique mais, désolé, elle offre selon moi trop d’indices.
Pour ce quatrième tome on retrouve donc notre héros au point où on l’avait laissé à la fin du troisième tome, mal en point prisonnier des Sorcières. Bien entendu notre héros n’est pas sans ressources, jouant comme à son habitude double voir triple jeu pour s’en sortir. Sauf que cette fois, c’est un peu l’avenir du monde qui est en jeu avec ce testament d’involution qui pourrait offrir à celui qui le réalise des pouvoirs hors du commun. Notre héros va donc devoir la jouer finement. J’avais hâte de découvrir ce quatrième tome qui vient terminer le premier cycle du Bâtard de Kosigan, mais que dire une fois la dernière page tournée. Oui j’y ai trouvé ce que j’étais venu chercher à travers cette conclusion qui se révèle très intéressante dans ce qu’elle offre et aussi dans ce qu’elle soulève pour la suite, mais j’y reviendrai. Maintenant le principal défaut de ce roman vient de la seconde question que je me posais, ce troisième arc du cycle méritait-il d’être coupé en deux ? Pour ma part je répondrais que peut-être, mais pas dans cette forme là.
Alors oui, je pense qu’il y a tellement d’informations dans cette troisième partie de la vie du Bâtard, beaucoup de fils d’intrigues qui s’entrecroisent, que 400 pages n’auraient pas suffit. Maintenant, 800 pages j’ai trouvé que cela faisait de trop. Cela se ressent principalement dans le premier tiers de ce roman où j’ai eu l’impression de ne pas avancer, que l’auteur, principalement sur l’intrigue du 14ème siècle, tirait en longueur et multipliait les personnages pour remplir un peu plus son récit. Le second tiers est plus prenant, mais encore quelques passages qui ne m’ont pas paru apporter grand chose restent présents. Certes le fil rouge sur le descendant est en contrepartie un peu plus accrocheuse, mais là aussi elle m’a paru longuette à démarrer et surtout repose sur des surprises parfois trop prévisibles.
C’est, je trouve, un peu dommage, car pour moi le Bâtard de Kosigan repose justement sur ce côté énergique, effréné, ce héros un peu à la James Bond qui ne cherche pas vraiment la finesse, mais évolue selon une technique explosive, sans finesse, mais réalisée avec classe. C’est en grande partie ce qui rendait l’ensemble accrocheur. Le fait de tirer l’intrigue en longueur a donc pour effet, je trouve, d’accentuer ainsi les défauts, surtout que bon multiplier les narrateurs fait qu’on a du mal à s’accrocher voir même à s’intéresser à ses nouveaux protagonistes. Ensuite, autre point que j’ai constaté dans ce troisième arc et qui m’a un peu moins accroché que les précédents, c’est la façon dont le chevalier de Kosigan gère ses problématiques. Comme je le disais il est un peu James Bond, je lisais aussi il y a peu sur le blog de Xapur la comparaison qu’il en faisait avec Bruce Willis. Je suis assez d’accord le héros ne cherche jamais la subtilité, il a besoin que ce soit marquant, il faut qu’il y ait ce côté où il prend des coups pour mieux se relever et gagner à la fin. Sauf que là encore au vu de l’augmentation du récit cela se ressent de trop ce côté je fonce dans le tas sans chercher à réfléchir, parfois tombant dans un piège identique au précédent, mais ça va permettre de bouger les choses. Oui ça fait avancer les choses, trop souvent ça donne l’impression qu’en fait il ne maîtrise rien, pire c’est un peu un mauvais tacticien tant il fait les mêmes erreurs.
Maintenant attention, soyons clairs, je sais que mon introduction pourrait laisser paraitre l’idée que je n’ai pas accroché à ce roman. C’est faux, loin de là. Je l’ai trouvé très agréable à lire et à découvrir et on y retrouve aussi de nombreux point forts, je trouve juste qu’il aurait pu être encore plus marquant. Déjà dans la construction de l’univers, l’intérêt amené par cette Fantasy historique efficace et de la façon dont Fabien Cerutti réécrit l’Histoire, en mélangeant efficacement aspect féérique et évènements d’époque, est prenant et réussi. On découvre ainsi une Histoire un peu parallèle de l’Europe à l’époque, avant d’être réécrite pour la faire disparaitre, où cohabite les êtres mystiques avec les humains. Il arrive ainsi à rendre l’ensemble cohérent, logique et surtout entraînant, qui offre une toile de fond rafraichissante qui donne vraiment envie d’en apprendre plus. Alors, j’avoue, j’attendais peut-être un peu plus concernant le triptyque inquisition sorcière, et empire germanique concernant jeux de pouvoirs et manipulations, mais dans l’ensemble cela reste solide, très intéressant à découvrir et à suivre. Dans le dernier tiers on en apprend plus aussi sur l’aspect magique, avec ce Testament d’Involution qui vient apporter quelque-chose de nouveau et qui ne manque pas d’attrait à cet univers. Une ouverture qui donne envie aussi d’en découvrir plus sur les conséquences, pourquoi pas dans d’autres romans.
Concernant les personnages, Le Bâtard est toujours aussi intéressant à suivre à travers les mystères qui tournent autour de sa personne, mais aussi pour son côté percutant, charismatique et audacieux . Alors certes, pour ma part, je l’ai dit je trouve qu’il fait trop héros de films par moment, tombeur de toutes ses dames, qui n’arrête pas de prendre des coups et s’en sort toujours, mais voilà d’un certain côté ça fait aussi parti de son charme. De plus, la gouaille qu’il développe tout du long, ainsi que son côté énergique font que je me suis à nouveau rapidement attaché à lui. Ce qui est dommage c’est qu’au vu de la multiplication des personnages et points de vues, là où j’espérais voir certains personnages secondaires développés, comme les sorcières Stein ou encore l’Inquisiteur, ils m’ont paru finalement rester un peu trop en surface à mon goût. Attention ça ne veut pas dire qu’ils sont plats ou vides, mais voilà j’attendais peut-être un peu plus de complexité et de profondeur. Enfin le dernier point intéressant, pour moi, vient clairement du dernier tiers du roman, là où toutes les révélations se font. Oui, toutes les conclusions amenées, la façon dont les pièces commencent à se mettre en place, ce que cela amène dans l’histoire et le monde crée par l’auteur s’avère efficace, captivant, percutant et prenant. J’ai ainsi trouvé la fin très bonne dans la redistribution des cartes qu’elle amène, mais je ne vais pas trop en dire pour éviter de vous spoiler. En tout cas j’attends de voir comment l’auteur va s’en sortir par la suite avec ses autres romans dans l’univers.
Au final c’est dommage que les longueurs que j’ai ressenti dans la première moitié du roman atténue un peu mon ressenti face à cette très bonne conclusion. Franchement je dirai que sur les deux romans que composent cette conclusion et dans l’état on aurait pu retirer entre 150 à 200 pages sans que cela dérange franchement la lecture, rendant même le récit plus prenant et percutant je dirai. Maintenant ce n’est que mon avis. Je regretterai aussi quelques facilités à certains moments, ainsi qu’une petite simplicité dans la façon dont l’auteur gère le tout dernier chapitre, celui sur l’époque du 20ème siècle où les héros expliquent pourquoi ils ne savent pas encore l’ensemble de l’histoire du Bâtard, mais bon là rien de bien méchant. Au final la lecture de ce dernier tome du cycle de Kosigan s’est révélée tout de même agréable et très sympathique, avec un dernier tiers haletant et efficace, bien portée par une plume entraînante et vivante. Je lirai avec plaisir les autres romans de l’auteur histoire de voir ce qu’il va proposer.
En Résumé : Je ressors de ma lecture de ce quatrième tome qui vient clôturer le troisième arc narratif sur Le bâtard de Kosigan agréable et très sympathique, même certains points m’ont quand même dérangé. Le premier point fort vient toujours de l’univers que construit l’auteur, la façon dont il réécrit l’Histoire tout en y ajoutant un aspect féérique. Ce mélange d’Homme et d’êtres de légendes qui cohabitent plus ou moins facilement, dépayse reposant sur une construction efficace et qui donne envie d’en apprendre plus. Le personnage du Bâtard est toujours très intéressant à suivre, se révélant énergique, charismatique, avec une gouaille ravageuse. Certes, parfois il me dérange dans son côté héros de film qui prend plein de coup, fait tomber toutes ses dames et se relève toujours pour s’en sortir, mais d’une certaine façon cela fait partie du côté un peu « classe » du personnage et je comprends que ça plaise. Je regrette par contre que certains personnages secondaires ne soient pas plus développés. Le dernier tiers du roman vaut, pour moi, la lecture de ce roman par son côté énergique, ce qu’il dévoile, les éléments qu’il offre, la conclusion qu’il propose et ce que cela ouvre. Maintenant, selon moi, le gros point faible vient des longueurs qui apparaissent dans ce tome, principalement dans le premier tiers qui m’a paru trop stagné à travers une multiplication de point de vues et de personnages qui ne m’ont pas toujours paru apporter grand-chose. C’est le soucis que je reproche principalement à ce troisième arc, oui il offre plus que nécessaire pour tenir sur un volume, mais deux tomes de près de 400 pages c’était trop. Autre point, quelques simplicités et facilités qui se font parfois ressentir ici ou là. Alors pas de quoi empêcher ce roman d’être agréable, mais je trouve qu’il aurait pu, selon moi, être encore meilleur. La plume de l’auteur est efficace, fluide et percutante et je lirai avec plaisir les autres romans de l’auteur pour savoir comment il va faire évoluer son univers.
Ma Note : 7/10
Autres avis : Celindanae, Fantasy à la carte, …
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