Résumé : Rand al’Thor se résigne peu à peu à son sort : il est le Dragon Réincarné, que ça lui plaise ou non, et il devra honorer son rendez-vous avec le Ténébreux – une sanglante affaire de gloire, d’honneur et de salut du monde.
Totalement dépassé par ses nouveaux pouvoirs, il décide alors de laisser ses amis derrière lui et de partir seul pour Tear, la fabuleuse cité où l’attend Callandor, l’épée légendaire qu’il est censé brandir lors de l’Ultime Bataille. C’est là que les fils du destin se noueront une fois pour toutes…
Edition : Bragelonne
Mon Avis : Il y a quelques temps maintenant, je me suis enfin lancé dans la lecture de ce cycle de La Roue du Temps. En effet après plusieurs péripéties éditoriales, Bragelonne a récupéré il y a peu le projet et décider de les éditer en suivant le découpage original, proposant par la même occasion une nouvelle traduction. Je n’allais donc pas passer à côté de la possibilité d’enfin lire ce cycle, dont je n’avais lu que quelques tomes en poche. Après deux premiers volumes (Chronique du Tome 1, Tome 2) m’ayant offert de très bons moments de lecture, je me demandais quelles péripéties allaient bien rencontrer nos héros dans ce troisième tome et surtout j’attendais de voir comment allaient évoluer les personnages. À noter la couverture, dans la lignée des tomes précédents se révélant sobre et agréable.
Lors des deux premiers tome Rand avait fuit son destin, mais depuis la fin du second volume il a du faire face a la vérité, il sait canaliser le Saidin. Moiraine le déclare même comme le Dragon Réincarné et l’emmène se cacher dans des montagnes le temps de savoir quoi faire. Rand exaspéré d’attendre et de ne rien savoir, décide de suivre ses rêves et de fuir à la poursuite de l’épée mythique de Callandor. Concernant ce troisième tome, il confirme un peu ce que j’entrevoyais dans les deux premiers tomes. Il est efficace et remplit parfaitement son rôle, moi qui aime les univers vastes et denses je suis plus que servi, mais quelques points vont régulièrement me laisser perplexe. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas accroché, j’ai passé un bon moment avec ce troisième tome, mais voilà comme tout récit il a ses défauts. Alors déjà je vais faire mon rappel habituel avec cette série, La Roue du Temps est un très long cycle qui est très classique dans ce qu’il construit d’un point de vue High Fantasy avec cette lutte entre le bien et le mal. Ensuite, c’est clairement un Livre-Univers où l’auteur prend vraiment son temps à construire tout ce qui fait son monde et qui plaira aux lecteurs qui aiment s’y perdre. Si vous ne vous reconnaissez pas dans cette description ou que par exemple vous préférez les récits sans temps morts, alors j’aurai du mal à vous conseiller ce cycle.
Déjà le premier point qui, je trouve, apporte quelque-chose de nouveau dans ce troisième Tome, vient de la Narration. Rand disparait ainsi grandement de ce troisième tome pour laisser la place à ses différents compagnons, alors que finalement il est toujours le héros central de l’intrigue. Cela permet ainsi à l’auteur de jouer avec le lecteur, d’offrir une certaine ambiguïté sur Rand, de se poser des questions sur lui. Est-il en train de sombrer dans la folie? Va-t-il finalement mener cette lutte à sa perte? Ou bien est-il vraiment guider par la Roue du Temps et son statu de Ta’veren ? Cela amène ainsi une certaine tension au récit, accentué encore par les intrigues secondaires concernant les aes sedai de l’Ajah noire ou encore les aspects politiques qui se resserrent, voyant le monde changer. On est toujours globalement dans une lutte entre le bien et le mal, mais cela n’empêche pas les différents personnages de se révéler complexes et de montrer que parfois la frontière entre un camp ou l’auteur repose sur de nombreux facteurs et peut varier dans un sens comme dans l’autre. L’auteur maîtrise plutôt bien le rythme de son récit, amenant révélations et rebondissements de tel façon qu’on tourne les pages avec un minimum d’envie d’en apprendre plus, même si parfois il en fait un peu trop mais j’y reviendrai. Dans tous les cas un troisième tome à l’intrigue intéressante, efficace et qui ne manque pas d’attrait.
Bien entendu, comme je l’ai dit le gros point fort vient clairement de l’univers que construit l’auteur tout le long de son cycle. On plonge ainsi dans un monde dont on sent qu’il est maîtrisé, se révélant dense, au détail près et paraissant immense. Pour tout ceux qui apprécient la Fantasy pour cette capacité à dépayser son lectorat, Robert Jordan s’en sort plus que bien que ce soit d’un point de vue social, politique, jeux de pouvoirs, magie ou bien encore mœurs et coutumes. Chaque ville visité, chaque région découverte offre ainsi quelque-chose de différent, d’accrocheur. Cela a beau être le troisième tome, la magie de la découverte étant ainsi passé, et pourtant je plonge avec toujours autant de plaisir dans cet univers et j’y replongerai avec envie tant il me donne l’impression de voyager et de voir de nouvelles choses. Alors après ce troisième tome apporte certes tout de même moins de nouveautés que les deux premiers, on y retrouve certains lieux déjà visité, mais cela ne lui enlève en rien son intérêt. Autre point intéressant on en apprend aussi un peu plus sur les systèmes de magie, mais aussi sur l’intrigue fil rouge, les réprouvés et autres. Je regretterai juste une chose, l’univers est dense, certes, mais parfois il l’est un peu trop. Certaines longueurs se font parfois ressentir ici ou là. Oui j’aime quand un auteur prend son temps pour développer son monde, mais pas au point de me donner la description du pied de la table de la petite pièce au fond qui sert à rien. Je caricature un peu mes propos, ça ne va pas à ce point-là, mais par moment il en faisait clairement trop même si ce n’est en rien trop bloquant.
Concernant les personnages là on entre un peu plus dans les griefs que j’ai eu avec ce tome. J’ai ainsi eu pour schématiser trois niveaux d’appréciations différentes selon les personnages rencontrés. Concernant Rand et Perrin, les passages qui tournent autour d’eux sont vraiment intéressants à suivre. Certes Rand, comme je l’ai dit, est peu présent, mais on sent le personnage évoluer doucement. Avoir un tel fardeau sur les épaules n’est pas gratuit ni facile à supporter. Perrin est le plus intéressant à découvrir dans ce tome, il est celui qui se remet vraiment en question suite aux évènements du second tome et à sa particularité. Il essaie de rester droit dans ses principes, ce qui n’est pas toujours facile. Vient ensuite Mat, qui n’est pas un mauvais personnage, mais qui par certains points m’a par moment donner envie de le secouer. Lui aussi évolue et doit faire face aux conséquences liées à la dague qu’il a pris dans les tomes précédents. Lui aussi doit avancer et évoluer et malgré son attitude hautaine, dévoile qu’il possède du cœur. Sa relation avec Thom apporte aussi un plus à son fil d’intrigue. Par contre ce qui m’a un peu dérangé c’est sa désinvolture, il a quand même participé durant les deux premiers tome à la grande bataille, Rand est le dragon réincarné, il a failli mourir, pourtant il continue à réagir comme un adolescent boudeur qui sait tout sur tout et mieux que tout le monde. Après j’ai confiance, je pense qu’il va évoluer.
Vient enfin la dernière catégorie de personnages composé d’Egwene, Nynaeve et Elayne. Comment dire, j’ai eu plus du mal avec elles. Dans le dernier tiers elles s’avèrent pourtant intéressantes à suivre, mais bon sang ce que j’ai eu du mal avec toute la partie Aes Sedai. Surtout celle où elles doivent débusquer l’Ajah Noire qui en devenait répétitif. Les voir se plaindre toutes le 2 pages et répéter à tout va que telle sœur pourrait être une ennemie, celle-ci aussi, puis celle-là qui sait et celle-là … c’est bon on a compris toute personne est potentiellement un ennemi pas besoin d’en faire une histoire à chaque fois que tu croises quelqu’un. Pareil concernant leurs manies qui se réitèrent de trop. Ensuite elles ont aussi ce côté je sais tout mieux que tout le monde qui, a force à eu le don de m’ennuyer. Alors on pourrait croire que je n’ai pas du tout apprécier ces héroïnes, alors que c’est faux elles restent intéressantes dans ce qu’elles apportent à l’intrigue et aussi dans tout ce qui concerna la magie, juste elle me donne l’impression de ne pas évoluer ce qui est légèrement dommage. Enfin deux points plus généraux que j’avais déjà soulevé, toutes les femmes sont bien entendu magnifiques, aucune n’ayant la moindre petite imperfection, ensuite l’auteur en fait parfois un peu trop sur certaines généralités caricaturales, principalement dans la vision qu’à chaque genre vis-à-vis de l’autre, qui à force de se voir seriner lasse le lecteur.
Alors attention, comme je l’ai dit, malgré les derniers points que j’ai soulevé, j’ai passé un agréable moment avec ce troisième tome qui offre une high Fantasy classique et efficace. Il est aussi compliqué de résumer un tel volume en quelques mots. Je comprends clairement qu’il soit considérer comme une œuvre majeure par beaucoup et lecteurs car, même si moi personnellement je suis loin de le considérer comme un chef d’œuvre, j’en reconnais ses qualités et sa capacité à nous faire voyager à la découverte de ce monde et à nous happer un minimum dans cette lutte pleines d’aventures. Certes tout n’est pas parfait mais cela ne m’empêchera pas de lire la suite de ce cycle toujours bien porté par une plume que je trouve soignée, efficace, vivante et entraînante qui finalement a réussit à me plonger facilement dans son récit.
En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec le troisième tome de cette qui, même s’il a commencé à montrer ses limites sur certains points, offre une histoire efficace et intéressante. Le point intéressant de ce tome vient du changement dans la narration où Rand, le héros, disparait en grande partie au profit de ses amis. Cela permet ainsi à l’auteur de jouer avec le lecteur et à se poser des questions sur la santé du héros et sa possible folie. Le point fort de ce genre de cycle vient aussi clairement de l’univers qui est mis en place qui se révèle extrêmement dense. L’auteur construit un monde au moindre détail prés, où chacun peut venir se perdre et se dépayser et qui évolue sans cesse. Le revers de la médaille c’est que, même moi qui apprécie énormément ce genre d’univers j’ai trouvé qu’il en faisait trop. Concernant les personnages, j’ai énormément accroché à Rand et Perrin qui évoluent et doivent faire face aux derniers bouleversements, j’ai un peu moins accroché à Mat qui, sans être mauvais, sa désinvolture me tapait sur le système et enfin je n’ai que moyennement accroché aux personnages féminins, principalement dans la partie dans la tour Aes Sedai. Pour moi une impression de ne pas avancer, de se répéter avec des héroïnes qui savent tout mieux que tout le monde et aux manies, à force, agaçantes. Je regretterai aussi le fait que toutes les héroïnes sont bien entendu magnifique et sans défauts physiques ou sur certaines généralités caricaturales qu’on trouve limite à chaque chapitre. Au final un troisième tome bien porté par une plume soignée et efficace qui m’a offert un bon moment de lecture et je continuerai le cycle sans soucis.
Ma Note : 7,5/10
Torene
J’ai découvert la Roue du Temps avec ce tome avec l’ancien découpage et l’ancienne traduction, et c’était déjà il y a 17 ans !
Pour ma part, jusqu’aux Feux du Ciel (tome 5 du nouveau découpage), c’est de « l’introduction » (oui c’est un peu long comme introduction XD), mais à partir du tome 6, c’est vraiment les vrais problèmes qui commencent 🙂
De toute façon, un récit aussi long, il faut forcément quelques longueurs. Et certains personnages, jusqu’à la fin je n’y ai pas accroché car pour moi, ils n’avaient pas évolué (Elayne pour ne cite qu’elle), et d’autres j’ai eu de bonnes surprises, comme pour Mat, mais il a pris son temps le coquin !
Néanmoins, il est vrai que la multiplication des intrigues et la richesse de ce tout peuvent perdre le lecteur. D’avoir eu les tomes au fur et à mesure avec du temps pour digérer chacun ou relire les précédents pour mieux se les approprier a dû bien m’aider dans mon appréciation 🙂
En tout cas, je te souhaite bonne continuation dans cette magnifique saga 🙂
BlackWolf
Disons que je en me suis pas lancé plus tôt dans ce cycle justement à cause de tous ces soucis de découpage et d’édition. Là je me suis lancé car le découpage respecte la VO et surtout parce-que j’espère que l’éditeur pourra aller jusqu’au bout du cycle. En tout cas c’est ce qu’il annonce.
Concernant l’histoire si elle reste au niveau des trois premiers tomes, même si je sais qu’il restera des défauts je devrais y trouver mon compte. De plus je ne me fixe pas un rythme de lecture trop lourd, il y a facilement quelques mois entre ma lecture de chaque tome.
Merci pour ton commentaire en tout cas.
Torene
Oui c’est vrai que lorsqu’on a la possibilité d’avoir à choisir mieux vaut les nouvelles éditions (ils ont quand même réussi à sortir Nouveau Printemps traduit, alors que j’ai dû pendant longtemps me contenter de mon tome importé des USA… )
Et puis, comme tous les tomes sont sortis en VO pour le coup, ils ont la fin du livre et n’ont plus d’excuses pour ne pas les sortir comme il faut 🙂 en respectant les couvertures des éditions anglaises pour le coup (sobre et classe)
(en fait, j’ai tous les poches depuis leur sortie et pocket avait la « bonne » idée de changer ses collections entre chaque double-tome… Donc j’ai au moins 5 à 6 présentations de livre de la saga différente…)
Au moins, si là, ils savent où ils en sont, tant mieux. Mon seul regret restera le terme de « Lige » qui disparaît avec la nouvelle traduction.
Quant à l’histoire, oui, pas de soucis, elle comble amplement tous ceux qui aiment la High Fantasy et tous les clins d’oeil aux classiques (que ce soit de SF ou de Fantasy, ou d’histoires et légendes d’ailleurs !), et on ne peut dire que merci à Robert Jordan d’avoir pris son temps pour expliquer dans ces 5 tomes d’introductions tous les différents aspects de son monde 🙂