Résumé : Tokyo, été 1947. Dans une salle de bains fermée à clef, on retrouve les membres d’une femme assassinée. Son buste – lequel était recouvert d’un magnifique irezumi, ce célèbre tatouage intégral pratiqué par les yakuzas qui transforme tout corps en œuvre d’art vivante – a disparu. Le cadavre est découvert par deux admirateurs de la victime : un professeur collectionneur de peaux tatouées et le naïf et amoureux Kenzô Matsushita. La police a deux autres meurtres sur les bras : le frère de la première victime, dont le corps était lui aussi recouvert d’un irezumi, retrouvé mort et écorché, et l’amant jaloux de la jeune femme, tué d’une balle dans la tête. Frustré par leur incapacité à résoudre ces affaires, Matsushita appelle à la rescousse Kyôsuke Kamisu, dit «le Génie». Seul ce surdoué charismatique et élégant peut démasquer le psychopathe arracheur de tatouages.
Edition : Denoël Sueurs Froides (parution le 03/10/2016)
Traduction : Mathilde Tamae-Bouhon
Mon Avis : Comme vous le savez si vous suivez régulièrement ce blog, parfois j’aime me laisser tenter par un roman plus Thriller/Policier, genre que j’ai pas mal dévoré durant mon adolescence, puis un peu laissé de côté n’y retrouvant plus trop l’intérêt premier que j’y cherchais. Cela ne m’empêche pas d’en prendre un de temps en temps et de le découvrir avec plaisir, ce qui est le cas d’Irezumi. Quand on m’a proposé de découvrir ce livre, je me suis rapidement laissé tenter par l’envie de découvrir un polar Japonais, mais aussi par un résumé accrocheur. Ajouter à cela une illustration de couverture intrigante, j’avais donc hâte de découvrir ce qu’allait proposer l’auteur. A noter que ce roman a initialement été publié au Japon en 1948.
On se retrouve ainsi plonger dans une Tokyo d’après guerre. Le pays tente de se reconstruire doucement. Kinue Nomura qui possède un Irezumi, un tatouage couvrant des larges parties du corps voir la totalité, va être amenée à participer à un tournoi récompensant le meilleur tatouage. Quelques jours après elle va être retrouvée morte, démembrée, son buste contenant son tatouage volé et le tout dans une pièce fermée de l’intérieur. L’auteur nous propose ainsi un récit dans la plus pure tradition du policier à la Agatha Christie ou Sir Arthur Conan Doyle, qui met ainsi en avant plus le mystère du crime que ce que peuvent proposer les Thriller actuel qui cherchent peut-être plus à offrir une plongée dans la société actuelle avec tous ses travers et ses souffrances. Il faut le savoir, car selon vous attentes vous pourriez risquer d’être déçu. Moi les deux thèmes me plaisent bien, j’aime autant plonger dans un mystère à résoudre, que dans une tentative d’explication de la noirceur de ce monde. Alors après l’auteur a pourtant décidé de ne pas non plus offrir qu’un simple policier classique cité comme plus haut, lui offrant aussi une ambiance sombre, légèrement sanglante qui, d’une certaine façon, lui permet d’éviter ce côté trop désuet qui pourrait pourtant transparaitre. En effet la violence des crimes ne manque pas, d’une certaine façon, de détonner par rapport à la façon dont est présenté le mystère. De plus, ce roman reste, malgré qu’il ait été écrit il y a plus de 60 ans, très contemporain dans son écriture ce qui finalement le rend facilement accessible je trouve.
Concernant le mystère en lui-même, le récit nous offre quelque-chose de solide avec un meurtre en chambre close, qui va au fil des pages soulever de nombreuses questions et amener quelques suspects. Alors après tout n’est pas parfait, mais j’y reviendrai plus tard. Le récit est ainsi bien maîtrisé, entre phase de questionnements et des phases plus nerveuses qui vont amener de nouveaux éléments dans l’enquête. On tourne ainsi les pages avec un minimum de facilité et d’envie d’en apprendre plus sur ce meurtre et aussi sur les mystères qu’il soulève et sa résolution. Les personnages ne sont pas mauvais, s’avérant efficaces et solides dans leurs réflexions sur l’affaire mais aussi dans la façon de la faire avancer et évoluer, mais ils sont très typés « Policier ». Ce que j’entends par là c’est qu’ils sont construits et ne vivent quasiment que pour l’affaire ce qui a pour conséquence au final de donner l’impression qu’ils manquent de profondeur.
Cela joue obligatoirement un minimum sur l’empathie que l’on peut ressentir pour eux et cela les rend aussi un peu lisses voir un peu trop archétypaux, même si rien de non plus trop bloquant. Seul le docteur Tatouage sort du lot j’ai trouvé. Cela pourra sûrement en déranger certains qui apprécient de voir les personnages autant bosser sur l’affaire que d’offrir un travail de fond sur eux-même ainsi que sur la société. Concernant l’image de fond développé autour de l’intrigue, l’auteur nous plonge dans un Japon d’après guerre intéressant, que ce soit dans les conséquences que cela occasionne pour la population et le pays comme dans la façon dont chacun la gère. Cela aurait tout de même mérité peut-être un peu plus de densité, ne restant finalement qu’en surface. Autre point intéressant l’Irezumi et l’importance du tatouage dans le pays. En effet il a longtemps été tabou au Japon ou considéré comme un élément synonyme de mauvaises fréquentations, voir les liant au crime ou aux yakuzas. L’auteur lui offre ainsi une certaine beauté, tout en proposant une réflexion intéressante sur l’art et la culture du tatouage et la façon dont il est perçu, qui continue de raisonner un minimum avec notre société actuelle.
Pourtant quelque chose m’a tout de même dérangé avec ce roman et c’est un peu au final le risque de tout roman policier. En effet j’avais découvert une bonne partie du mystère à la moitié du roman. Gênant? pas complètement car, même si j’en connaissais l’assassin, il restait a découvrir la méthodologie utilisée pour tenter ce crime parfait, la façon dont les assassins vont être trouvés et aussi les mobiles. Maintenant cela s’est par contre révélé frustrant sur la fin quand l’auteur m’a paru un peu tirer en longueur dans son explication et ses révélations. Ensuite, l’auteur en a aussi peut-être fait un peu trop avec ce personnage qui arrive dans les dernières pages, considéré comme un génie et qui résout tout en limite quelques jours rien que grâce à son esprit brillant. Ce n’est pas illogique en soit, mais dans la façon dont s’est présenté, j’ai trouvé cela un peu « too much » on va dire et précipité. Au final j’ai tout de même passé un agréable moment de lecture avec ce roman policier qui, même s’il est loin d’être parfait, s’est révélé divertissant et entrainant bien porté par une plume simple et efficace et j’avoue je pourrai me laisser tenter par d’autres des mystères qu’il pourrait proposer.
En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce roman qui nous propose de découvrir un policier à l’ancienne. Ce que j’entends par là c’est que l’ensemble du récit repose sur le mystère de l’assassinat et, contrairement aux thrillers actuels, ne cherche pas obligatoirement à offrir un point de vue et une réflexion sur notre société. L’ensemble est bien mené, poussant le lecteur à se poser des questions et à tourner les pages avec l’envie d’en apprendre plus sur ce mystérieux assassinat ains que dans les énigmes qu’il soulève. l’image de fond de ce Japon d’après guerre s’avère intéressante à découvrir, même si, je trouve, qu’elle aurait pu être plus dense, ne restant finalement qu’en surface. Autre point intéressant, l’irezumi, ce tatouage qui est mis en avant, dévoilant finalement une certaine beauté et une certaine étrangeté. Les personnages ne sont pas mauvais, offrant une construction solide au fil des pages que ce soit dans leurs réflexions et leurs façon d’avancer, mais ne sont construits que pour l’enquête donnant ainsi l’impression de manquer un peu de profondeur. Rien de très bloquant, mais cela pourra en déranger certains. Je regretterai par contre, ce qui est le risque de chaque roman policier, d’avoir deviné une grande partie du mystère dès la moitié du roman. Cela n’est pas complètement gênant, car il restait des questions en suspens et j’avais envie de savoir comment les héros allaient faire pour résoudre l’énigme, mais c’est un peu frustrant. Principalement sur la fin quand l’auteur prend un peu trop son temps à vouloir révéler la vérité en tentant de jouer avec le lecteur. Je regrette aussi l’apparition d’un personnage surdoué, qui m’a paru mal amené. Au final, un roman plus que divertissant bien porté par une plume simple et efficace.
Ma Note : 7/10
lutin82
Le titre et l’image éveillent la curiosité. Je suis une fan du Japon, et je vais noter que c’est un bon roman. Comme toi, j’aurais été intéressée par une description du Japon d’après guerre poussée.
Merci
BlackWolf
L’auteur préfère clairement se consacrer sur son mystère et sur le monde du tatouage, c’est un peu frustrant. Après ça se laisse lire et c’est un roman plus que divertissant si on apprécie le genre.