Résumé : Vingt-sept AnimauxVilles, dont les rues, les dômes et les beffrois sont faits de chair, ont offert à l’humanité le voyage instantané vers les étoiles. À condition bien sûr de payer le tarif exorbitant exigé par le Cartel. Pour les autres, il ne reste qu’à devenir un Astral : un être désincarné qui attend des années que son corps le rejoigne à bord d’un vaisseau d’émigrants.
Closter, artiste en mal de création, traîne au bar des Étoiles Mortes, accompagné de son chat. Il croise Marika, l’Astrale qui se sert du corps des autres pour sauter de ville en ville. L’un court après sa mémoire, l’autre après sa chair. Ensemble, ils vont changer le monde.
Cinq ans plus tard, dans le musée de chair de l’AnimalVille, Closter hante les galeries où sont exposées ses dernières créations. Vorst, l’ancien milicien reconverti en terroriste, est là pour tout faire sauter… Échappera-t-il au piège des œuvres cannibales ?
Edition : Mnémos
Mon Avis : J’ai découvert les AnimauxVilles, il y a maintenant un peu plus d’un an de cela, avec ma lecture d’Étoiles Mourantes, le roman écrit à quatre mains entre Ayerdhal et Jean-Claude Dunyach, qui m’avait offert un très bon moment de lecture, se révélant intelligent et efficace (ma chronique ici). C’est donc sans surprise que ce roman, qui se situe dans le même univers mais bien des années avant chronologiquement et qui peut être lu indépendamment sans soucis, a terminé sa course dans ma PAL au moment de sa sortie. La couverture, illustré par Gilles Francescano, se révèle, selon moi, magnifique. À noter que ce livre est composé de deux récits : Étoiles Mortes et Voleurs de Silence, deux récits qui sont liés par les personnages.
Le récit nous conte l’histoire de Closter, artiste, qui traîne son malêtre et son incapacité à créer de ville en ville, qui va voir sa vie bousculer lorsqu’il va rencontrer Marika, une astrale à la recherche de son corps, qui va se servir de lui comme moyen de transport lors de ses transferts instantanés d’un AnimalVille à l’autre. Je dois bien avouer qu’il m’est difficile de faire ma chronique, j’ai passé un très bon moment avec ce livre, mais il risque d’en surprendre certains. Il s’agit clairement d’un récit complexe, à la fois poétique et magique, mais dont chaque lecteur risque de ne pas avoir le même ressenti, la même compréhension tant le récit joue à demi-mot avec le lecteur, se révélant parfois légèrement labyrinthique, le laissant ainsi se faire sa propre image, son propre entendement. J’avoue avoir plongé avec plaisir dans cette intrigue où les aventures du héros sont ainsi le prétexte à des réflexions philosophiques que j’ai trouvé clairement fascinantes et soignées. Que ce soit d’un point de vue plus intimiste comme sur le statut de l’artiste, la peur de la page blanche, la compréhension de chacun face à l’art, mais aussi sur des sujets plus globaux qui restent encore d’actualité comme l’influence du pouvoir quand il est entre les mains que d’une poignée de personne, le rejet des minorités, la surpopulation, la capacité de l’Homme à exploiter plus qu’à comprendre, la liberté, la capacité de chacun à gérer les relations ou bien encore le parallèle entre ce qui est considéré comme harmonie et chaos. Vous le comprenez ce livre est riche en idées que chacun soulèvera ou pas sans que l’auteur force la main, laissant le lecteur se faire ses propres conclusions, le tout sur un rythme posé, efficace et entrainant. par conséquent si vous cherchez un récit nerveux, sans temps morts, je ne peux que vous conseillez de passer votre chemin.
L’univers mis en avant par l’auteur se révèle toujours aussi soigné, dense et fascinant à découvrir. J’ai retrouvé avec plaisir les AnimauxVilles et leurs descriptions organiques, vivantes, travaillée, et superbes, surtout que vu que le héros se transfert régulièrement de villes en villes cela nous permet de les découvrir plus en détail. Le travail d’imagination de l’auteur est ainsi captivant, offrant au récit un cadre fort, sensuel et qui donne envie d’en découvrir plus, voir même de voyager avec ces AnimauxVilles. Le grand intérêt aussi vient de la découverte plus en profondeur de l’esprit de ses villes, en effet ce récit se déroule bien avant Étoiles Mourantes, si je ne me trompe pas, la relation entre l’homme et cet animal gigantesque n’est pas la même. Elle va ici se retrouver à évoluer au fil des pages, on va ainsi mieux les comprendre ainsi que leurs histoires, leurs passés. L’aspect « politique » se révèle lui aussi intéressant à découvrir, à la fois dans les problématiques qu’il soulève, mais aussi dans ses jeux de pouvoirs qui se dévoilent par à coups et de façon subtils et surprenants, principalement par des extraits de transition entre les chapitres. La condition de chacun offre aussi une certaine complexité supplémentaire à l’ensemble, entre ceux qui sont figés sur leur planète, ceux qui transitent de ville en ville grâce au transfert ou encore les astraux, fantômes qui attendent leurs corps en hibernation dans un vaisseau de transport on découvre ainsi plusieurs classes et par conséquent différents privilèges. Je regrette par contre de ne pas en apprendre plus, principal sur les astraux qui, je pense, aurait mérité plus d’explications, mais rien de bien méchant.
Concernant les personnages, je me suis rapidement attaché aux « trio » de héros dont on suite les aventures. Que ce soit Closter, personnage intriguant, aux nombreuses zones d’ombres, qui va se dévoiler peu à peu au fil des pages et révéler son importance. Un personnage humain, aux sentiments complexes, principalement dans sa relation avec Marika, pleine de non-dits, de retrouvailles manqués, de sensualité et de rejet. L’héroïne se révèle elle aussi très intéressante à découvrir, par son rôle, son importance, son histoire, son charisme, même si parfois je l’ai trouvé légèrement caricatural et j’aurai aimé en savoir plus sur certains points. Alors j’ai parlé de trois héros, il manque ainsi le chat, Ombre, offrant une mignonitude attachante, même si parfois un peu étrange, mais là, après, pas sûr d’être vraiment objectif, je me fais facilement avoir pas un animal mignon. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste, offrant ainsi une vision diversifiée de l’univers et apportant sont lot de surprises.
Alors après certains points m’ont tout de même légèrement dérangés, je pense par exemple au fait que l’auteur joue parfois sur le mystère, l’absence d’explications pour offrir, je pense, plus de liberté aux lecteurs, mais qui, une ou deux fois m’ont légèrement frustrés. Ensuite, je dois bien avouer que Voleurs de Silence m’a un peu moins accroché qu’Etoiles Mortes, l’auteur jouant plus sur son talent de novelliste, principalement dans ces cauchemars qui viennent rompre le duel entre Closter et Vorst, mais dont parfois j’ai eu du mal à en comprendre totalement le lien. Après, je ne nie pas être aussi passé à côté. Cela n’empêche pas non plus ce texte de se révéler intéressant, dans sa dualités, ces deux visions différentes et aussi dans la compréhension différente de l’art selon chacun, mais voilà il m’a un peu moins marqué que le précédent. La plume de l’auteur se révèle ciselé, soignée, dense, poétique et fascinante et j’ai plongé avec plaisir dans ce livre. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.
En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre qui nous offre deux histoire liées entre elle par les personnages. Des récits portés par un rythme lent et poétique, qui offrent ainsi de nombreuses réflexions, qu’elles soient aussi bien intimistes que plus globales, se révélant clairement fascinant à découvrir. Un récit, pour peu qu’on se laisse emporter, qui se révèle magique et intelligent. J’avoue juste avoir un peu moins accroché aux second récit par rapport au premier. L’univers développé continue à nous faire découvrir les AnimauxVilles, qui sont toujours aussi captivants à croiser bien porté par des descriptions superbes et soignées. On découvre aussi un aspect politique et social très intéressants, même si j’avoue je trouve l’aspect des Astrales un peu trop concis selon moi. Les personnages se révèlent attachants, humains avec leurs envies, leurs sentiments. La relation Closter et Marika se révèle vraiment intéressante à découvrir, se révélant complexe et efficace. Je regrette par contre que l’auteur, une ou deux fois, joue un peu trop sur le mystère, ce qui m’a légèrement frustré, même si rien de non plus trop bloquant. La plume de l’auteur se révèle poétique, ciselé, entrainante et terriblement efficace. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.
Ma Note : 8/10
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